Le retour des citoyens dans le débat politique et social
Quand de nombreux indices révèlent un retour du citoyen...

Que se passe-t-il dans notre beau pays ? Un vent de révolution
commencerait-il à souffler ? L’irruption d’un mouvement comme celui des
Enfants de Don Quichotte sur la scène médiatique et politique, tout en
refusant que ce soit ces derniers qui mènent la danse, change le ton
d’une campagne présidentielle où seuls les deux favoris donnaient le
rythme. Nouveauté, les responsables du mouvement, de simples citoyens,
annoncent qu’ils ne s’érigent pas en héros des pauvres et qu’ils
vaqueront bientôt à leurs occupations habituelles ; ils ne réclament
rien de nouveau, ils attendent seulement que la loi soit respectée,
comme celle imposant les logements sociaux...
Autre indice, l’inscription massive de nouveaux votants sur les listes
électorales. Cela ne concernant pas que des jeunes comme le montrent un
peu facilement les médias, car leur inscription est automatique dès
leur 18 ans. On voit venir s’inscrire de jeunes adultes, mais également
des plus "vieux" qui n’avaient jamais jugé utile de s’inscrire
jusque-là. Je doute que cela ne s’explique que par les suites des
émeutes de novembre 2005 car même le milieu rural connaît une hausse
des inscriptions.
La proposition de contrôle citoyen par la candidate Ségolène Royal
est-elle arrivée par hasard ? Non, les évolutions sociales n’arrivent
jamais de manière décousues, elles ne sont que le fruit de lignes de
fracture que nous n’apercevons pas toujours du premier coup d’oeil.
Consciemment ou non, la proposition de Ségolène Royal se place dans un
contexte de changement.
Difficile de dater quand commence un changement social. L’émergence des
blogs fait partie du socle de ce changement, cela est évident. La
participation citoyenne devenait accessible à tous et permettait de se
retrouver à plusieurs là où l’on se pensait seul. Le Bondy blog initié
par des journalistes suisses, mais citoyens (joke), repris maintenant
par des jeunes de la ville ; mon puteaux.com, blog d’un citoyen qui se
pose des questions sur la gestion de sa ville... Les candidats et le
monde économique ont compris l’importance du phénomène, mais n’ont
peut-être pas compris ce qu’il y avait réellement derrière. Preuve en
est que les faux blogs (les frogs, des sites à usage de communication
institutionnelle) sont vite éventés. Les médias n’y comprennent
également que peu de choses, continuant à sacrer Loïc Lemeur comme pape
des bloggeurs, alors que son site fait partie des frogs, dans une
tentative ultime de croire qu’ils comprennent ce qui se passe, eux qui
perdent des lecteurs de tous côtés et perdent la révolution numérique.
Cela a-t-il commencé en avril 2002 ? Peut-être, mais la maturation fut
longue alors. La campagne présidentielle, et son lendemain, vont encore
nous réserver de nouvelles surprises, et sûrement de nombreux abus et
tentatives de récupération. Mais il paraît indéniable de voir, non pas
une révolution, mais en tous cas un revival citoyen dans ces petits
indices quand on les additionne. Ce qui en découlera peut changer notre
société. Des propositions de loi arrivent qui, dans un camp comme dans
l’autre, surprennent par leur audace et la remise en question qu’elles supposent. Une
bataille idéologique est en train de se préparer, avec, d’un côté des
idées de gauche très marquées, et de l’autre une tentative du socle
ultralibéral de subsister (alors que ce dernier est déjà quelque peu
entamé par notre constat environnemental). Mais il ne s’agit pas
forcément d’un simple débat gauche/droite, les avis internes de chaque
camp étant plutôt partagés.... A suivre...