Easyjet et sa rentabilité
Le principe d’une compagnie Low Cost est de considérer ses avions comme des bus. Un avion fait une liaison entre deux villes et quand le nombre de réservations augmente, la compagnie ajoute un second avion pour supporter le trafic. Vous avez une fourchette horaire pour le départ de l’avion, mais quoi qu’il arrive il partira avec vous dedans. Il n’y a pas de place réservée. Les familles avec enfants ainsi que les handicapés montent en premier, tous les autres prennent les places restantes. A bord tout est payant sauf l’eau et le personnel de cabine est réduit à la limite des conditions de sécurité. Les avions sont neufs et ne coutent pas cher en carburant ou frais d’entretien. Le coût des frais de bagages et tellement prohibitif qu’il décourage les passagers, ce qui facilite l’embarquement
Ce principe, en étant très réactif, permet de doper l’activité passagers, de réduire les coûts de transport. Il ne faut pas oublier les zones de transit très spartiates qui laissent à penser que tout est optimisé pour faire des économies sur les frais
En Europe, deux compagnies, Ryanair et EasyJet, sont leaders sur ce marché en fort développement. Easyjet avec plus de 14 millions de passagers transportés en 2013, 182 lignes et 18 aéroports desservis, est la seconde compagnie sur le territoire français après Air France-HOP.
La réactivité de cette compagnie a permis d’anticiper les reports de clients dès avant le début du mouvement des pilotes d’Air France. En mettant en place, durant ces deux semaines, d’abord 1000 puis très vite 3000 sièges supplémentaires sur les liaisons Paris-Toulouse, Paris-Nice et Lyon-Toulouse. Easyjet a capté la clientèle Air France. Vu le succès de ses offres, elle s’est même permise le luxe de vendre les places supplémentaires au prix Air France HOP à l’exception des clients fidèles et détenteurs de la carte Easy. L’ouverture de nouveau compte a d’ailleurs fait un bon pendant la période de grève.
Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, la compagnie britannique à bas coût a indiqué vendredi qu’elle pensait désormais dégager un bénéfice annuel avant impôt plus important, compris entre 735 à 742 millions d’euros, contre une fourchette de 695 à 730 millions estimée en juillet, et un bénéfice de 611 millions d’euros en 2013. La grève des pilotes d’Air France s’est traduite par une hausse de 6,4 millions d’euros de son chiffre d’affaires. Il faut pondérer ces 6.4 millions à une économie d’environ 2 millions d’euro imputable à une baisse de la facture carburant payée en Livre dont le taux de change est plus favorable que l’euro.
La grève des pilotes a créé un effet d’aubaine en permettant à easyJet de se faire connaître d’une clientèle business, ce qui apportera un coup d’accélérateur à la stratégie de développement en France. Si le modèle d’easyJet est low cost, son image ne l’est plus. Les actionnaires seront aussi de la fête, puisqu’easyJet n’a cessé de répéter qu’elle verserait à ses actionnaires un dividende ordinaire équivalent à 40% de son bénéfice après impôt pour cet exercice comptable achevé le 30 septembre, contre l’équivalent d’un tiers jusque-là. Il faut aussi rappeler que depuis 2006, Air France n’a pas versé de dividende à ses actionnaires et que pour le premier semestre 2014 elle affiche 123 million d’euro de perte.
Le salaire d’une personne de cabine débutante chez EasyJet est d’environ 2300 euro mensuels contre 1900 chez Air-France (avec beaucoup moins d’heure de travail et des avantages comme les billets gratuits). Le salaire d’un pilote de ligne chez Easy est de 10000 euro, bonus participation et redistribution de dividende non compris (ça monte vite à 13000), contre 15000 pour Air France (avec beaucoup moins d’heures de travail et des avantages comme les billets gratuits). Le turn over chez Easy est de 5% et la moyenne d’âge est plus élevé que la moyenne des pilotes, car pas mal de retraité Air France cumulent leur retraite (qu’ils prennent jeune) et un salaire EasyJet. Cette année EasyJet va embaucher 230 pilotes. Il n’y a pas d’embauche prévue chez Air France.