Faut-il sauver les banques ou les manchots ?
Pour les banques, c’est déjà décidé. 700 milliards de dollars ont été avancés par l’administration Bush pour sauver les banques. "Un plan massif car le problème est massif" a annoncé GW Bush ce samedi 20 septembre. La Terre qui se réchauffe, par contre, ce n’est pas un problème massif...
Pour les manchots, en revanche, c’est une autre paire de manche. Le WWF tente de mettre en œuvre un plan de sauvetage dénommé "Antartica 2018" pour préserver la dernière réserve inviolée… pour sauver ce qu’il reste à sauver… Alors le WWF fait un appel aux dons aux petits particuliers que nous sommes, en précisant bien que ce don est fiscalement déductible à partir de 30 euros. Fiscalement déductible, ce sera déjà ça en moins qui servira à renflouer des banques irresponsables !
Quand J. Stieglitz, prix Nobel d’économie, parle de socialisation des pertes, ce n’est pas autre chose : c’est la mutuelle, la Caisse d’épargne, les fonds de pensions de tous les citoyens qui volent aux secours des banques ! Citoyens qui sont obligés d’emprunter aux banques avec intérêts pour vivre, se déplacer, s’abriter... Tout le monde rembourse, même les plus pauvres, même ceux qui se retrouvent à la rue suite à la crise. Tout le monde ? Non pas tous, les riches, les patrons de grands groupes ou de grandes multinationales ont des déductions fiscales exorbitantes. Certains ne payent qu’1 % à 2 % d’impôts contre 50 % pour le particulier (Cf. Belgique, pays de grosses légumes sur ploutopia.over-blog.com).
Les caisses de l’Etat sont vides ? Il semblerait que ce ne soit pas pour tout le monde. Après "plus blanc que blanc" dénoncé par Coluche, il y a "plus vide que vide"… A quand la fin du dogme de la "main invisible" (le marché) qui, finalement, vient toujours pleurer chez papa et maman (l’État) ?
700 milliards, c’est 3 000 fois le budget annuel du WWF.
700 milliards, c’est pratiquement deux fois le PIB de la Belgique.
700 milliards, c’est le coût total des ambitieux et hypocrites Objectifs du millénaire pour le développement à atteindre pour 2015 : réduire de moitié la pauvreté dans le monde, réduire de 2/3 le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans, assurer un environnement durable, etc. Bien sûr, l’autre moitié de pauvres et le tiers restant des enfants, ça ne fait pas partie du programme.
700 milliards, c’est plus qu’1 % du PIB mondial évalué dans le rapport Stern pour réduire les émissions de gaz à effets de serre.
Question de priorité…
Les banques qui étouffent le monde avec leurs intérêts et leurs magouilles financières sont graciées et rengraissées.
Pourquoi ?
Parce qu’elles sont totalement acquises aux grands lobbies économiques et financiers. Et parce qu’elles tiennent les cordons de la bourse. Privilège que nous leur avons cédé progressivement un peu partout dans le monde et pour la première fois en 1694 avec la naissance de la Banque d’Angleterre.
Pour la petite histoire : "Saisissant l’occasion d’un besoin d’argent de leur souverain, un groupe de banquiers anglais, en échange d’une avance, obtint de Guillaume III qu’il leur cède le droit régalien de battre monnaie (les autres droits régaliens étant le droit de lever une armée, de rendre la justice, de faire la guerre ou de signer un traité de paix). C’était un privilège ahurissant puisqu’il s’agit de la création de la monnaie nationale ! Mais c’est ainsi qu’est née la Banque d’Angleterre en 1694". [Attac 78 Nord : Incursion dans un domaine trop réservé - pp 6.]
Et pour terminer deux citations qui en disent long (du texte Money As Debt sur le site www.gtmonnaie.be) :
"Celui qui contrôle le volume de la monnaie dans notre pays est maître absolu de toute l’industrie et tout le commerce... et quand vous réalisez que le système entier est très facilement contrôlé, d’une manière ou d’une autre, par une très petite élite de puissants, vous n’aurez pas besoin qu’on vous explique comment les périodes d’inflation et de déflation apparaissent."
— James A. Garfield [1831-1881], président des Etats-Unis, assassiné.
"Le gouvernement devrait créer, émettre, et faire circuler toutes les devises et tous les crédits nécessaires pour satisfaire les dépenses du gouvernement et le pouvoir d’achat des consommateurs. En adoptant ces principes, les contribuables économiseraient d’immenses sommes d’argent en intérêts. Le privilège de créer et d’émettre de la monnaie n’est pas seulement la prérogative suprême du gouvernement, mais c’est aussi sa plus grande opportunité."
— Abraham Lincoln [1809-1865], président des Etats-Unis, assassiné.
Pour aller plus loin, une petite visite sur le site www.GTMONNAIE.be s’impose.
Le NON au traité de Lisbonne (voir ploutopia.over-blog.com) c’est notamment à cause du plein pouvoir donné aux banques sans que les États membres n’aient aucun droit de regard.