mardi 3 février 2009 - par La diagonale

La crise économique en Asie

Quel est l’avenir économique des pays asiatiques ?

Les pays asiatiques seront les plus touchés par la crise économique. Leurs économies dépendent beaucoup trop des exportations vers les économies de l’Europe et des Etats-Unis pour ne pas subir de plein fouet la crise actuelle. Le Japon, au mois de décembre, a eu une baisse de 35% de ses exportations par rapport à l’année dernière. La Chine connaît une grave crise économique et sociale que reflètent mal les données officielles communiquées par le régime officiel. Certains parient sur un renversement du régime communiuste. En Thaïlande, les banques demandent des prêts d’urgence au gouvernement. Les déséquilibres permanents des balances courantes des pays asiatiques, qui génèrent un transfert massif d’argent vers les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, est une des causes de l’extension de la crise financière dans la sphère de l’économie réelle.

Les indices économiques sont désastreux. Le PIB du Japon a baissé de 10% au quatrième trimestre (à un rythme annualisé), Singapour de 17%, et la Corée du Sud 21%. En même temps, les exportations ont chuté de 21% en Décembre pour la Chine, 45% pour le Vietnam en Janvier. Les importations chutent à des vitesses encore plus importantes. La demande intérieure est en chute libre. Après avoir poussé leurs pays à s’intégrer à l’économie mondiale en tant qu’exportateurs de biens de basse ou haute technologie, ces pays se trouvent sans coopération intra-régionale susceptible de contrecarrer la baisse de la demande en Europe et aux Etats-Unis.

Les déséquilibres mondiaux suscités par les économies asiatiques expliquent en partie la crise économique actuelle. Les gouvernements de ces pays achetaient une part importante des réserves du Trésor Américain avec leur balance courante (balance commerciale + des services + des transferts courants + des revenus) positive. Le sort du dollar était entre leurs mains. Leurs populations avaient un taux d’épargne élevé (mais pas aussi élevé que le taux d’épargne français, ndlr) qu’ils plaçaient dans l’économie américaine. Ceci a entraîné une spéculation sur l’immobilier aux Etats-Unis, augmenté le prix des obligations émises par le gouvernement, et a fait baisser les taux d’intérêt de long terme aux Etats-Unis (la fameuse « énigme » - conundrum -de Greenspan). La cause profonde de la crise n’est pas tant le lucre ou la financiarisation du monde, mais un déséquilibre mondial – les obligations du trésor britannique ou américain qui financent les retraites des fermiers du Guangdong . La cause ? Les habitants de pays pauvres préfèrent placer leur argent là où il est le plus sur, plutôt que dans leur propre pays.

Que faire maintenant ? De nombreux pays asiatiques sont face à un dilemme : continuer ce modèle exportateur ou utiliser leurs ressources pour favoriser la relance par la consommation domestique. Ils en ont les moyens. Ils devraient alors favoriser une consommation locale, donc de baisser leur taux d’épargne et leurs exportations.

Le Japon n’a pas suivi cette stratégie lorsqu’il en avait le choix. Face à une crise pendant toutes les années 1990, le Japon a retrouvé une croissance stable grâce à l’augmentation de ses exportations vers la Chine. Aujourd’hui, c’est le pays le plus touché par la crise : la demande nationale est pauvre. Les chefs d’entreprise supplient le gouvernement de racheter du yen pour le faire baisser à un taux de change plus favorable, qui leur permettrait de mieux exporter.

La Chine pourrait prendre une voie différente, en acceptant d’augmenter la valeur de sa monnaie ; cela réduirait ses exportations, mais permettrait à sa population d’acheter plus facilement des produits étrangers. En baissant son taux d’épargne, elle mettrait fin à un déséquilibre financier mondial.

Après Weber qui montra que l’épargne est la condition initiale du capitalisme, voici venu le temps de « l’épargne qui amena la fin du capitalisme ».




15 réactions


  • Laurent_K 3 février 2009 14:09

    Bonjour,

    Pourriez-vous indiquer d’où viennent vos chiffre pour l’évolution des PIB ? Ils diffèrent de ce que je lis sur le sujet. Ainsi pour Singapour, j’ai -3,7% au quatrième trimestre 2008 et non -17% (heureusement !) . Pour le Japon, je trouve - 0,5% sur Q4 et -3,4% pour la Corée du sud.

    Cordialement


    • faxtronic faxtronic 3 février 2009 15:59

      L auteur a precise, rythme annualise, ca ad en consideration que Q1=Q2=Q3=Q4 si je ne m abuse. neamoins nous serions curieux des chiffres


    • La diagonale NicolasC 3 février 2009 17:03

      Oui, c’est en rythme annualisé !

      Mes sources sont : The Economist (est-il disponible dans les bibiothèques municipales ?) page 101 (indicateurs économiques)

      Soit : - Une contraction de 3.7% du PIB de Singapoure et de 3.4% du PIB de la Corée du Sud sur seulement 4 mois (c’est énorme)

      - Pour le Japon, les données Q4 n’ont pas encore été publiées par le gouvernement (on a -0.5% sur Q3)

      - En rythme annualisé (encore d’après The Economist page 101, ca fait -16.9% et -20.8% en rythme annualisé). Si on fait le calcul soi-même, on retombe par sur ses pates.
      Par exemple, pour Singapoure :
      1 - ( 1- 0.037 ) ^ 4 = 13.99%. J’imagine que ces chiffres doivent être ajusté au variation saisonnales ( pour refléter le fait qu’il y a normalement plus d’exportations en Nov-Dec que le reste de l’année)


  • François M. 3 février 2009 17:27

    Les “experts” de la finance et la majorité des économistes vous diront que personne n’a vu venir cette crise, que personne ne pouvait la prédire. Un beau sac de mensonges. Ça fait des années que les gros joueurs ont retiré leurs billes du marché, mis à l’abri leurs avoirs. Ils vous regardent en riant dans leur barbe avec votre air surpris et effrayé, vous qui êtes laissés derrière pour porter le fardeau des pertes, avec les poches vides. Cette crise a été volontairement engendrée pour le plus grand profit des riches possédants de cette planète. On vous plonge dans un état de chaos et de désespoir, on vous effraie. Ensuite, tels des vampires, ils viennent vous dire qu’il faut sauver ce système fractionnaire bancaire. Aux États-Unis, ils ont poussé l’affaire jusqu’à menacer les congressistes d’écroulement total de l’économie et de loi martiale dans le pays. Comme de fait, rien de tout cela ne se produisit après que le plan de sauvetage fut accepté (ils sont quand même chanceux d’avoir eu le droit de voter, ici au Canada, cela a été fait sans débat tant au Parlement que dans les médias, personne n’a été informé ni consulté !). Par contre, la moitié de l’argent sera secrètement distribuée aux copains de Wall Street et aux banques centrales de l’Angleterre et de la Chine, pour ne nommer que celles-ci.

    Problème-réaction-solution.

    SOURCE


    • La diagonale NicolasC 3 février 2009 17:36

      "Ça fait des années que les gros joueurs ont retiré leurs billes du marché."

      C’est faux.

      Le flux net d’argent dans les hedge funds (les fonds spéculatifs reservés aux riches) a été positif pendant 20 ans (1987 à 2007), et les hedge funds ont perdu en moyenne 18% l’année dernière. Comme elles ont des périodes de lock-in (interdiction de retirer les fonds placés) allant jusqu’à 2 ans, et certaines ayant interdites les retraits d’argent, la baisse des actions, des obligations et des matières premières spéculatives frappe beaucoup des riches et très riches de manière directe.


    • François M. 4 février 2009 08:36

      Vous parlez de l’argent sur papier qui n’existe pas. Ils n’ont rien perdu là ! Leurs billes, c’était leur argent investi à Wall Street. Ils ont liquidé leurs positions et ont acheté de l’or par exemple, ou ont stationné leur argent dans des paradis fiscaux. Ne soyez pas dupes !


  • bumpdat 3 février 2009 22:49

    Vous insinuez que les chinois, entre autres, ont délibérément investi leurs réserves dans les économies occidentales...
    Vous pensez sérieusement que c’est un choix délibéré ? Moi je suis persuadé que ça faisait partie du marché !
    Ils ont bénéficié d’une industrialisation et d’un développement ultra rapide, c’est pour cela qu’ils ont accepté la mondialisation, mais en contre partie ils devaient accepter d’être réglé dans des monnaies étrangères (principalement le dollar) et de réinvestir ces sommes colossales dans nos économies... Vu les montants engagés, il était fort prévisible qu’à terme ces déséquilibres allaient entrainer une crise d’une ampleur inédite, qu’on ne peut que constater aujourd’hui.

    Personnellement, quand je vois les politiques conduites ces dernières années, leurs abberations et leurs résultats, totalement à l’encontre de l’intérêt des citoyens et surtout des travailleurs, je suis persuadé que tout a été soigneusement prémédité et qu’on nous prépare le grand gouvernement économique mondial (économique car c’est absolument tout ce qui compte pour nos élites) et que les supertransnationales, bras armés des oligarques archimilliardaires, vont pouvoir se partager le monde ou se livrer une guerre sans merci, c’est au choix...

    Une fois que tous les états du monde ne pourront plus faire face à leur dettes, qu’ils vendront des pans entiers de leur patrimoine pour une bouchée de pain, que leurs dirigeants seront totalement discrédités, qui pourra s’y opposer ? Quand on voit la vision court-termiste de notre président, ses petits arrangements à peine masqués, son acharnement à lancer la France dans des réformes qui la pousse vers un modèle désuet et contre-productif... Je suis sûr qu’il dirige la France comme s’il n’avait pas besoin d’être réélu en 2012 !


    • La diagonale NicolasC 4 février 2009 00:35

      Vous insinuez que les chinois, entre autres, ont délibérément investi leurs réserves dans les économies occidentales...
      Vous pensez sérieusement que c’est un choix délibéré ?

      Oui, tout à fait.

      Par contre, le paysan du Guanduong ou le professeur de classe de Chengdu n’a pas envoyé ses renmibi par la poste pour les placer en bons du Trésor américains. Ils ont placé leur argent dans leur banque locale (chinoise surement, car l’implantation de banques étrangères en Chine est très controlée), qui ensuite a investi dans un mélange d’actions et d’obligations. Un nombre important de ces obligations sont des bons du Trésor britannique et américain.


  • Le péripate Le péripate 4 février 2009 01:18

     Il faut insister sur le fait que le yuan reminbi est réglementé, par les autorités chinoises directement, et indirectement par les autorités des autres pays qui ne condamnent pas cette réglementation. Parce que la Chine achète avec ses réserves de change nos bons du Trésor, nous aidant dans nos politiques budgétaires déficitaires et suicidaires. Donnant donnant. La preuve en est que lorsque la monnaie chinoise a pu varier, de 2005 à 2007, elle s’est appréciée de plus de 20%. La retenir en dessous du prix du marché finance nos déficits.
    Sans compter les politiques inflationnistes maquillées de nos banques centrales.

    Rétablir la convertibilité or des monnaies obligerait à plus de discipline. Mais adieu les politiques faciles.

    A part ça, je trouverai amusant que cette crise fasse chuter le communisme chinois. Ce serait une conséquence heureuse et inattendue.


  • Marc Blanchard Marc Blanchard 4 février 2009 07:42

    Je rejoins complétement le post de François M.

    Cette crise est soigneusement organisée et voulue !

    Les principales victimes de cette crise sont essentiellement asiatiques (surtout en Inde) et Sovietiques. Pendant ce temps des gens comme John Paulson (ou Paul Johnson je sais plus), gérant de fonds spéculatifs aux US voit son patrimoine gonfler de 18 milliards de dollars en quelques mois de crise.


    Les familles Rockefeller ou Rothshild (2 des maîtres du monde) voient elles leurs banques ou leur fortune vaciller ? Bien au contraire, ils achétent à tour de bras les affaiblis. Ils ont d’ailleurs déjà doppé leurs fortunes entre 1929 et 1935 alors que tout le monde se ramassait.

    C’est facile de gagner au loto quand on connait les numéros à l’avance.

    Georges Bush, une des plus grosses fortunes des USA (grâce aux financements de l’Allemagne Nazie par son grand père et par la vente d’arme à l’heure actuelle) a t’il laissé des plumes financièrement ?

    @ l’auteur : Cessez de croire tout ce que l’on vous raconte à l’école. Votre instruction est basée sur ce que l’on veut que vous sachiez et surtout de penser en sorte de servir les puissants. Vos sources sont issues de journaux économiques US ou français détenus par les puissants de la finance. De même que votre programme d’éducation est soigneusement organisé.



  • pepin2pomme 4 février 2009 11:22

    Il me semble que les chinois disposent d’une arme plus puissante qu’une bombe atomique. Que se passera-t-il si ils décidaient du jour au lendemain de liquider tous leurs bons du trésor américain ?
    Le dollar s’effondrerait, entrainant dans son sillage les autres monnaies occidentales. Conséquences : la crise jusque là financière deviendrait monétaire, et toucherait aussi "les petites gens".
    Je n’ose penser aux émeutes que cela induira, s’il faudra payer sa baguette d’abord 10 euros, puis 100, puis 1000.
    Habituellement, on répond que ce scénario n’est pas réaliste, car les chinois ont autant à perdre que les occidentaux, c’est un scénario perdant-perdant (comme la bombe d’ailleurs).
    Mais, en prenant cette éventualité comme une hypothèse, pensez-vous que c’est possible ?

    A+


  • manusan 4 février 2009 12:12

    résidant en Chine depuis 6 ans, je remarque plusieurs points :

    La demande en Chine est faible. Le pays étant économiquement pauvre, l’essentiel des dépenses vont dans la nourriture, le logement et l’épargne santé (sytème très privatisé donc besoin d’un épargne de secours). Le panier moyen à Carrefour et Walmart est de 8-10 euro au centre des capitales régionales (grande ville + 5 milions d’habitant) et 5 euro dans les agglomérations premiére ceinture. l’année derniére l’ensemble des chinois ayant un peu d’économie ont tout perdu en bourse (+ de 100 millions de PEA) la vente d’auto s’en ai ressenti avant septembre 2008.

    Heureusement pour le pays les réserves via le plan de relance de 3000 milliard de yuan, vont permettre au pays de rester sous perfusion pendant 2 ans, la moitié partira en corruption l’autre en crédits d’entreprise déficitaire à l’est (on parle de micro-crédit) et chantier à l’ouest (pour occuper les chomeurs de retour au pays).

    La question : est ce que la Chine va créer une demande intérieur ? comme le dit l’auteur, il faudrait commencer par remonter la monnaie. Lisez les infos, ce n’est pas l’objectif gouvernemental, loin de là.

    La stratégie est simple, avec les réserves on patiente en attendant la reprise, et ensuite on fait comme d’habiture. On ne change pas une recettes qui marche.

    Oui mais, si les US, l’Europe et le Japon se lance dans une politique protectioniste plus vite que prévue que va t’il se passer ? les US ne pouvant plus soutenir la production chinoise, ça se joue en Europe premier client de la Chine, attendons de voir la visite d’Obama et l’élection allemande.





  • dom y loulou dom 4 février 2009 12:33

    on perdrait trop facilement de vue les fauteurs de troubles et du coup ils déchargent leur responsabilité sur les autres, dont l’asie... mais voilà qui va nous raviver la mémoire.

    http://www.youtube.com/watch?v=tqJN3c7eFsM&eurl=http://www.editions-xenia.com/actuel/files/category-parutions.html


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