mardi 6 janvier 2009 - par Michel Santi

Prisonniers des bulles

Les moins de quarante ans ne se souviendront pas de la série britannique culte des années 60, Le Prisonnier, où une bulle gigantesque poursuivait frénétiquement Patrick Mac Goohan...Notre monde se retrouve pourtant dans une situation similaire aujourd’hui : nous sommes toutes et tous otages des bulles !

Ne sachant plus où placer leurs liquidités suite à la crise du crédit, les investisseurs du monde entier se ruent à présent sur les Bons du Trésor Américains, ceux à 3 mois ayant ainsi offert une rentabilité négative en ce mois de Décembre pour la première fois depuis...1929. Le 9 Décembre, la Trésorerie US a vendu 30 milliards de Dollars d’obligations ayant une durée de vie de 4 semaines à un taux de 0% et le 24 Décembre les Bons du Trésor US à 10 ans offraient un rendement de 2.18% comparé au taux de 4.08% offert il y a 6 mois...Cette ruée apocalyptique vers les obligations d’Etat Américaines reflète parfaitement la panique de l’investisseur global à la recherche d’un placement sûr suite à l’effondrement des bourses, à la dégringolade du marché immobilier et aux multiples plans de sauvetage de banques ayant perdu au total plus de 1’000 milliards de Dollars !

Cependant, cette ferveur de placement vers le papier valeur US semble présider à la création d’une nouvelle bulle d’autant plus pernicieuse que ces investissements offrent des rendements nuls. Tout rendement sur investissement se doit d’être jaugé à l’aune du risque sous jacent à cet investissement : A risque élevé, rentabilité élevée...Or l’investisseur planétaire accepte aujourd’hui une rentabilité nulle pour des obligations Américaines dont la valeur intrinsèque risque de s’effondrer à tout moment dès lors que le marché se rendra compte que l’Etat Fédéral US ne peut indéfiniment faire fonctionner la planche à billets qui ne cesse d’inonder banques, secteur automobile et économie en général...Plus prosaïquement, ces obligations pourraient se dévaloriser d’une part en cas du prévisible retour de l’inflation entraînée par les flots de liquidités qui se déversent sur les marchés ou d’autre part si le billet vert venait à dégringoler substantiellement.

De fait, l’implosion de cette bulle au sein même du marché des Bons du Trésor Américains serait en soi un évènement spectaculaire et dramatique affectant des millions d’investisseurs, les plus fragiles étant bien-sûr les retraités ayant jusqu’à présent considéré le placement en Bons du Trésor Américains comme l’investissement sécuritaire par excellence. Une implosion de ce marché nuirait de surcroît irrémédiablement à une crédibilité US déjà fort entamée, principalement auprès des investisseurs étrangers - propriétaires de la moitié de ces Bons du Trésor - qui continuent à financer les déficits US en dépit de taux proches du zéro !

Il va de soi que la perte de cette stature internationale dont bénéficient les Bons Américains mettrait sérieusement en péril le Dollar en sa qualité de première monnaie de réserve mondiale. Dans cette hypothèse, la seule parade des autorités US serait de remonter les taux d’intérêts afin d’attirer des capitaux avec les conséquences fâcheuses que l’on imagine sur la croissance...Pour autant, faut-il céder à la panique ? Pas forcément si l’on se fie à l’exemple Japonais qui indique clairement que la bulle pourrait ne pas imploser avant plusieurs années.

En attendant, les obligations d’Etat Américaines restent donc aux yeux d’une multitude d’investisseurs - plus préoccupés de la préservation de leurs capitaux que de sa rentabilité - comme une destination de choix même si ces investisseurs assument le risque de maintenir leurs placements dans un marché qui s’est clairement transformé en bulle spéculative ces derniers mois...

Tout comme la bulle qui poursuivait inlassablement le héros de notre série télévisée, il semblerait bien qu’une malédiction similaire touche notre système financier car l’implosion d’une bulle déplace mécaniquement la fièvre spéculative sur un autre instrument ou sur un autre marché qui gonfle alors pour former une autre bulle spéculative ! La bulle actuelle des Bons du Trésor n’étant ainsi que la conséquence directe des bulles l’ayant précédé, à savoir les bulles immobilière, boursière, pétrolière et des matières premières...

C’est ainsi que la Thaïlande fut contrainte d’abandonner l’indexation de sa devise, le Baht, vis-à-vis du Dollar lors de l’implosion de sa bulle spéculative en 1997 induisant une dégringolade de plus de 50% du Baht. Cette crise bien localisée s’étendit progressivement jusqu’à contaminer les autres pays Asiatiques au début de l’année 1998 pour finalement devenir une crise Américaine en Juillet 1998. Quelques mois plus tard, cette crise prend encore une autre dimension dès lors que la Russie déclare ne plus être en mesure d’honorer ses dettes et que le méga fonds LTCM tombe en faillite. L’indice boursier Standard & Poors perdant alors 15% en six semaines et le Nasdaq 30% en mois de trois mois contraignent donc la Réserve Fédérale Américaine à baisser trois fois ses taux d’intérêts en cette fin d’année 1998. En inondant ainsi les marchés de liquidités par la suite, la Fed a certes également eu pour préoccupation d’éviter le fameux bug de l’an 2000 tout en évitant efficacement la récession.

Il n’en reste pas moins que cette politique monétaire très généreuse s’est traduite par la formation de la bulle des valeurs technologiques, le Nasdaq ayant pris 86% en 1999 ! De même, les baisses de taux US et Européennes après l’implosion de la bulle internet en 2000 ont-elles alimenté les bulles subséquentes de l’immobilier et des bourses, l’indice Standard & Poors ayant doublé de valeur en cinq ans depuis son niveau le plus bas atteint en Octobre 2002...jusqu’à l’implosion de la bulle des subprimes ! Lesquels gains sont du reste totalement éradiqués aujourd’hui. Le marché des bons du Trésor Américain - la nouvelle bulle - reste encore un placement sûr pour les investisseurs mondiaux mais pour combien de temps encore ?



34 réactions


  • herve33 6 janvier 2009 09:58

    La bulle des bons du Tresor Américain , d’après europe2020.org éclatera dans les douze mois qui viennent avec de fortes chances pour l’été 2009 .
    Après les plans de relance et la dette qui atteindra des sommets himalayiens , les US annonceront qu’ils ne peuvent plus rembourser qu’une partie de leur dette . 


    • geko 6 janvier 2009 10:20

      "...,les US annonceront qu’ils ne peuvent plus rembourser qu’une partie de leur dette . " Et là les chinois sortiront probablement la boite à gifles !

      Excellent la référence au prisonnier ! Vous parlez de malédiction mais vous démontrez in fine que la spéculation n’a rien de rationnelle et surtout ne sert pas l’économie réelle les bulles étant destinées à exploser ! Là ou vous voyez des investisseurs je ne vois que des joueurs !


    • Polimeris 6 janvier 2009 11:10

      Il y a toujours moyen de faire mieux que le bon du trésor. Surtout, il y a toujours moyen de faire mieux lorsque le marché adopte un comprtement prévisible.

      Prenez, l’eurostoxx 600, jetez 10 fois 6 d100 et vous avez 90% de chance de faire mieux que le bon du trésor américain. Alors imaginez un peu si en plus vous choisissez vous-même vos valeurs !

      Si en plus, vous êtes plus investisseur que spéculateur : $$$
      L’investisseur perd très rarement. Enfin bon, le jour où les joueurs résisteront à l’appat du gain et suivrons les bons conseils (qui se recconnaissent au fait qu’ils sont simples), les poules auront des dents.


  • Vilain petit canard Vilain petit canard 6 janvier 2009 10:04

    La taille des bulles donne la mesure de la cupidité et de l’avidité des opérateurs. A force d’en vouloir de plus en plus et de plus en plus vite, sur le dos des entreprises ou des états, on finit par tuer la monture. 


    • appoline appoline 6 janvier 2009 13:24

      Vous avez dit les deux mots qui résument le tout : cupidité et avidité. Le pouvoir et l’argent en tiennent beaucoup par les couilles. Faudrait-il émasculé le système pour qu’il revienne à la raison. La réponse est évidente ; oui.


  • Trashon Trashon 6 janvier 2009 10:07

    A l’attention des investisseurs mondiaux :

    Au point ou vous en êtes, soyez fou, investissez dans des entreprises exigez qu’elles payent décemment leurs employés et voyez le miracle se produire...... smiley



  • LE CHAT LE CHAT 6 janvier 2009 10:08
    voilà le véritable
    Responsable
     !  smiley
     

  • thomthom 6 janvier 2009 10:15

    Amortir une bulle du crédit avec une autre bulle de crédit (public cette fois), en voila une idée que elle est bonne !

    C’est sûr qu’ils vont résoudre tous leurs (nos) problèmes avec ca ! 100% de chances que ca... foire...

    Je ne sais pas où les USA nous emmenent, mais ils nous y emmenent et ca ne sent pas bon !


  • pierrot123 6 janvier 2009 10:18

    Et si le monde financier moderne ne pouvait, structurellement, fonctionner que par une succession de bulles, plus ou moins proche du bang final, à l’image, comme l’enseignent les astrophysiciens, des étoiles de nos galaxies ?

    Si c’était là l’essence même de la "Finance" ? ;-((


    • Polimeris 6 janvier 2009 11:30

      Ne confondons pas finance et speculation.
      La finance, ça rate rarement. Un investisseur éclairé voit la crise comme une période noire propice à l’achat.
      La spéculation par contre, se nourrit exclusivement de bulles. On ne peut gagner d’argent qu’à cause de déplacements impromptus par rapport à la valeur réelle d’une action. Donc effectivement : la spéculation fait des bulles.

      Ce que je dit est une évidence comme il en existe peu dans le monde de la bourse.
      J’en prend pour preuve que les financiers font confiance (ou non) à leurs enterprises et que les spéculateurs font confiance (ou non) au marché.

      Problème : l’appat du gain et le détournement des enseignements financiers ont conduit le le monde de la finance à être composé de 75% de spéculateurs...


  • tonton max 6 janvier 2009 10:36

    Si on définit une bulle comme étant un excès, à la hausse ou à la baisse, c’est clair qu’il n’y a quasiment que des bulles en bourse.
    En ce sens, le dernier krach peut être vu comme une bulle baissière où ceux qui ont vendu à temps pour racheter en super-soldes par après ont fait des bénéfs himalayesques.
    Certains experts financiers avaient prédit le krach de septembre-octobre dès le mois de juin.
    En bourse, l’argent ne part pas "en fumée" comme disent les médias financiers ( aussi menteurs que le Paris-Turf pour le Tiercé smiley ), l’argent se déplace, c’est tout ...
    Quand on suit l’évolution de certaines valeurs heure par heure pendant quelques semaines, on voit bien la spéculation à l’oeuvre. Il y a des gens qui peuvent vous faire bouger une cotation de 5% en quelques minutes en jetant sur la table des dizaines de miilions $ + rapidement que je n’ai écrit mon post ici.
    Bref, c’est un hallucinant et gigantesque Casino permanent. Complètement ammoral, bien sûr. Sans foi, ni loi. Du jeu pur et simple.
    Ils ont dit qu’ils allaient réguler ça... je reste très sceptique. Pourtant ça devrait.... car c’est vraiment scandaleux. Car qu’un nabab perde des miilions à Monte-Carlo, ça n’est rien, car il assume ses pertes et ça ne concerne que lui. Mais ici, on joue avec les emplois de gens, on joue avec l’économie réelle...


  • wesson wesson 6 janvier 2009 10:41

    Bonjour l’auteur,

    c’est effectivement une dimension de la finance dont on parle fort peu en ce moment : Elle possède en elle-même une instabilité chronique.

    Comme vous le rappelez, des bulles ont éclaté en 1997, 1998, 2000, 2002, ... et chaque éclatement d’une bulle provoque la constitution d’une nouvelle bulle, encore plus grosse.

    Sans oublier que chacun de ces éclatements se traduit dans l’économie réelle par des destructions d’emploi, des pertes de compétitivité, et en définitive contribue à priver le capitalisme de ceux qui le font vivre (c’est à dire de consommateurs solvables...)

    C’est à mon sens bien là qu’il y a quelque chose d’autre à inventer, pour en finir avec cette périodicité des crises, et des destructions sociales qui les accompagnent immanquablement.

    Il doit pouvoir exister une autre configuration du capitalisme qui permette d’éviter cela !


    • Gasty Gasty 6 janvier 2009 11:42

      "Il doit pouvoir exister une autre configuration du capitalisme qui permette d’éviter cela"

      Pourquoi ? Il existe déjà des lois contre le vol organisé, la mafia et ses lieutenant verreux, cambistes , traders, avocats, politiques etc....


    • Gasty Gasty 6 janvier 2009 11:46

      Pourquoi ça ne marche pas ???


    • Polimeris 6 janvier 2009 12:23

      Pourquoi ça marche pas ?

      Attention ! Ce qui suit est suceptible d’imprimer vos mirettes de stupéfaction pendant quelques dizaines de secondes au moins.

      Le bubullisme et la speculationnite sont les symptômes irrévocables de l’échec complet de la recherche du bien commun par une masse humaine dans un envirronement non légiféré mais néanmoins parfaitement égalitaire. L’interet personnel ne rejoint pas le bien commun. La structure actuel des marchés ne permet pas une canalisation intelligente de ses acteurs.
      Mais pourquoi ? Tout simplement parce que l’homme en général n’est pas mûr pour évoluer sans lois.

      En ce moment, le boursicotage est un no man’s land qui par beaucoup d’aspects tient plus de la religion que de la technique.

      Pour éviter de sombrer dans des abîmes de moinsinage sous prétexte d’incompréhension de mes propos (ce qui cacherait mon post alors qu’il peut encore servir), je n’irai guère plus loin dans le raisonnement. Je répeterai juste que nous ne sommes pas pret pour trouver le bien commun par le biai de l’interet personnel. On est, en general, trop bête pour ça.


      Une solution au problème serait de créer une instance d’investissement par région mondiale qui crééraient à elles toutes un chiffre d’affaire K, et de créer une unique instance spéculative gérée par un organisme international dont le chiffre d’affaire ne pourrait en aucun cas dépasser K/10.
      Simple, efficace, mondial.


    • wesson wesson 6 janvier 2009 13:38

      @polimeris,

      je n’aurai pas dit mieux ce que vous dites !

      Et pour tous nos amis qui ne manquent pas de nous stigmatiser comme voulant le retour de mao se dong ou pol pot, avez-vous remarqué que nous ne parlons PAS de la fin du capitalisme, mais d’une reconfiguration différente de celui-çi, qui limiterait fortement la capacité de nuisance des engouements individualistes du profit pour le profit.

      ça devrait être une bonne base de réfléxion pour un meilleur système non ?


  • Gasty Gasty 6 janvier 2009 11:04

    Rejoignez-moi pour que cette journée de protestations. Bullons tous devant notre écran afin de faire valloir nos euh ... afin que.... pour que... ce que de droit ! smiley smiley


  • médy... médy... 6 janvier 2009 11:42

    Ce serait bien si l’on pouvait mettre tous les gros banquiers et autres métiers parasites de l’économie dans la même bulle direction les champs et le travail forcé, comme ça ils apprendraient que les vrais biens se produisent à la sueur du front et sur la base d’un investissement réel, pour ensuite servir une consommation débridée et à crédit pour provoquer la croissance qui ne sert qu’à payer les caprices des puissants.


  • R.L. 6 janvier 2009 12:20

    Euh, pourquoi les capitalistes prêtent l’argent à l’État américain à un taux de zéro (soit de l’argent perdu avec les divers frais) ?
    Faut-il en conclure qu’ils craignent que les banquiers ne leurs rendent pas s’ils le laissent sur des comptes de celles-ci ?!


    — -
    "Si l’on aspire seulement à doter d’un nombre croissant de biens un nombre croissant d’êtres, sans se soucier de la qualité des êtres ni de celle des biens, alors le capitalisme est la solution parfaite."

    Dávila Nicolás Gómez - Philosophe colombien


    • Polimeris 6 janvier 2009 12:42

      Il y a plusieurs facteurs.

      Celui que tu donnes.
      Un trèèèès léger élan de patriotisme (on parle de sous à des financiers quand même)
      Un effet mouton de panurge ( qui explique bien 20% du phénomène au bas mot)
      Dans tous les manuels de finance, de tous les pays du monde. Dans toutes les notes de cours d’étudiant en économie mondiale ou en finance. Bref, dans la tête de 99% des gens qui conseillent et jouent en bourse, il est écrit en lettre d’or : "Les obligations d’Etats possèdent un risque nul"

      Et c’est vrai. Si vous donnez 100 $ à l’état US, il vous rendra au moins 100 $. Toujours. Quelquesoit le temps que la planche à billets devra fonctionner, ils sortiront les 100 $ !
      Il ne faut pas se leurrer : il est extremement rare de gagner de la richesse effective avec une obligation d’etat. C’est juste un moyen de conserver sa richesse effective dans le temps. Dans le meilleur des cas.

      A cause de l’inertie naturelle des marchés, les plus intelligents se disent qu’ils perdront moins de richesses effectives en achetant des oblig qu’en investissant.
      Je pense que c’est faux, mais c’est un avis purement personnel.

      Mon raisonnement est simple : les prix sont bas en ce moment.
      Quand les oblig d’etat US arriveront à terme (ie : seront remboursés), les gentils américains retourneront sur les marchés. C’est comme un retour de flammes : le vent de la crise a poussé les gens vers les oblig alors que ce sont des joueurs dans l’âme. Ils reviendront avec quelques années de frustrations sur les marchés qui feront un bond à la Tony Parker.


  • pallas 6 janvier 2009 13:17

    le pouvoir est le pouvoir sur d’autres êtres humains. Sur les corps mais surtout sur les esprits. Le pouvoir sur la matière, sur la réalité extérieure, comme vous l’appelez, n’est pas important.

    Nous commandons à la matière, puisque nous commandons à l’esprit. La réalité est à l’intérieur du crâne. Vous apprendrez par degrés.

    Je pourrais laisser le parquet et flotter comme une bulle de savon si je le voulais. Je ne le désire pas parce que le systeme ne le désire pas. Il faut vous débarrasser l’esprit de vos idées du XIXe siècle sur les lois de la nature. Nous faisons les lois de la nature.

    L’obéissance ne suffit pas. Comment, s’il ne souffre pas, peut-on être certain qu’il obéit, non à sa volonté, mais à la vôtre ? Le pouvoir est d’infliger des souffrances et des humiliations. Le pouvoir est de déchirer l’esprit humain en morceaux que l’on rassemble ensuite sous de nouvelles formes que l’on a choisies. Commencez-vous à voir quelle sorte de monde nous créons ? C’est exactement l’opposé des stupides utopies hédonistes qu’avaient imaginées les anciens réformateurs. Un monde de crainte, de trahison, de tourment. Un monde d’écraseurs et d’écrasés, un monde qui, au fur et à mesure qu’il s’affinera, deviendra plus impitoyable. Le progrès dans notre monde sera le progrès vers plus de souffrance. L’ancienne civilisation prétendait être fondée sur l’amour et la justice. La nôtre est fondée sur la haine. Dans notre monde, il n’y aura pas d’autres émotions que la crainte, la rage, le triomphe et l’humiliation. Nous détruirons tout le reste, tout.

    Nous écrasons déjà les habitudes de pensée qui ont survécu à la Révolution. Nous avons coupé les liens entre l’enfant et les parents, entre l’homme et l’homme, entre l’homme et la femme. Personne n’ose plus se fier à une femme, un enfant ou un ami. Mais plus tard, il n’y aura ni femme ni ami. Les enfants seront à leur naissance enlevés aux mères, comme on enlève leurs œufs aux poules. L’instinct sexuel sera extirpé. La procréation sera une formalité annuelle, comme le renouvellement de la carte d’alimentation. Nous abolirons l’orgasme. Nos neurologistes y travaillent actuellement.

    Il n’y aura plus de rire que le rire de triomphe provoqué par la défaite d’un ennemi. Il n’y aura ni art, ni littérature, ni science. Quand nous serons tout-puissants, nous n’aurons plus besoin de science. Il n’y aura aucune distinction entre la beauté et la laideur. Il n’y aura ni curiosité, ni joie de vivre. Tous les plaisirs de l’émulation seront détruits. Mais il y aura toujours, n’oubliez pas cela, il y aura l’ivresse toujours croissante du pouvoir, qui s’affinera de plus en plus. Il y aura toujours, à chaque instant, le frisson de la victoire, la sensation de piétiner un ennemi impuissant. Si vous désirez une image de l’avenir, imaginez une botte piétinant un visage humain... éternellement. 


    • hunter hunter 11 janvier 2009 13:36

      Pallas

      Trop fort votre commentaire, est-ce qu’il vous reste un petit peu du truc que vous avez pris avant d’écrire, parce que j’en veux bien un peu pour tester ? Ca se présente sous quelle forme ? cachet , truc à méfu ?
      vous habitez Paris ?

       smiley

      H /


  • John Lloyds John Lloyds 6 janvier 2009 14:01

    Actuellement, le mot d’ordre est DE SE BARRER des bons du trésor amériacain


  • alberto alberto 6 janvier 2009 14:57

    Ceci dit, se mettre à la place des retraités ou bientôt retraités américains (mais aussi anglais) qui sont loin d’être tous des nababs, dont les pensions ont fondues comme les bulles qui les portaient : ne sachant plus où placer leurs petites économies ils se retournent vers ce qu’on leur a toujours appris, les bons du trésors sont avec Dieu ce qui restera quand tout aura été emporté par la tempête !

    Il reste à voir si les réductions d’impôts prévues par Obama pourront éviter les troubles sociaux prévisibles dans certaines régions industrialisées ?

    Merci, M. Santi pour tous vos articles.

    Bien à vous.


  • Daniel Roux Daniel R 6 janvier 2009 19:31

    La masse monétaire US sans correspondance réelle avec une équivalence matérielle est de le même nature que la mousse produite par du savon dissout dans l’eau et vigoureusement agitée.

    C’est la matière qui constitue les bulles. Les activistes exerçant sur les marchés financiers ont aspiré une énorme quantité de cette mousse. Ils la brassent, cherchant à la faire gonfler plus encore, toujours plus.

    Pourquoi investir dans la recherche, dans une production réelle nécessitant des investissements importants sur plusieurs années avec une rentabilité ridicule de quelques pourcents alors que l’on peut gagner plusieurs dizaines de pourcents en quelques heures sur un marché dérivé ? Quite parfois à manipuler les cours.

    Alors on crée une bulle. Les gogos s’y précipitent et la font gonfler au delà du raisonable. Les manipulateurs se retirent encore plus riches qu’avant et la bulle éclate.

    Qu’elle sera la prochaine bulle ?

    Le pétrole et le gaz ? Une petite guerre médiatique ou réelle si nécessaire, pour faire mousser. Cela a déjà été fait récemment mais ça marche toujours.











    • sale bête 7 janvier 2009 09:16

      votre description est exacte,
      bien, bien secouer pour obtenir le maximum de bulles ...

      pour donner aux lecteurs une idée de la mousse produite, je republie un post envoyé sur un autre article :



      dans le monde diplomatique de novembre les vrais chiffres donnent le tournis :

      page 20 article "Ce qui se resolvait hier par la guerre"

      graphique : économie de production et économie financière : le grand écart


      en moyenne PAR JOUR en 2007 et en milliards de $

      échanges commerciaux (achat/vente de matière première, produits finis ... etc) : 20

      échanges boursiers : 150

      PIB mondial : 160

      marchés des changes monétaires : 1300
      (vous avez bien lu, 8 fois le PIB quotidien)

      échanges sur le marché des produits dérivés : 3500
      (donc + ou - 1 millions de milliards par an et + de 20 fois le PIB mondial / jour)

      (sources : FMI, Banque mondiale, OMS, cnuced, WFE)


      les chiffres brut sur le marché des dérivés sont disponibles
      sur le site de la World Federation of Exchange

      http://www.world-exchanges.org



  • Thierry LEITZ 6 janvier 2009 23:26

    Si les millionaires (et plus) qui ne savent que faire de leurs liquidités payaient les impôts dont ils ont organisé l’évasion année après année avec la complicité des politiques, cela permettrait de financer sérieusement tous les programmes socio-économiques servant au bien public sans reporter sur nos enfants le poids d’une dette dont les seuls intérêts vont absorber 1/5 du produit fiscal en l’occurence, au beau pays des Lumières...

    Vive l’impôt utile, progressif et mondialisé tant qu’à faire !


  • Marc Bruxman 7 janvier 2009 00:20

    Bravo pour cet article. Effectivement la bulle de la dette publique est hors de proportion. Les US viennent d’annoncer que leur déficit annuel sera d’un trillion. Oui 1000 milliards soit plus de 150 Kerviels chaque année ! ! !

    Si la bulle internet vous avait amusé, la bulle de l’immobillier vous avait distrait, préparez vous pour le grand spectacle ! La bulle de la dette publique américaine ! La sous couvert que l’état c’est sur, on a atteint des niveaux de folie jamais vus. Mais alors qu’un Kerviel€ avait choqué les marchés financiers en Janvier 2008, les 150 Kerviels$ de l’état US semblent ne choquer personne. 

    Un endettement supérieur à un certain pourcentage des revenus est toxique que l’on soit un particulier, une entreprise ou un état. Il n’y a pas vraiment de différence. Pour un particulier, on considére qu’au dela de 33% d’endettement par rapport au revenu on est en zone rouge. Pour un état comme la France, 66% et on va continuer à s’endetter. Le jour ou la situation va se retourner, cela va être un désastre et les français découvriront que l’on aurait mieux fait de faire les réformes avant... Parce que la même les plus libéraux seront horrifiés par la destruction immédiate de tout ce qui fesait l’état. 


    • hunter hunter 11 janvier 2009 13:44

      @ Marc B

      J’aime bien l’introduction de votre unité de mesure, le "Kerviel", et comme vous évoquez la bulle immobilière, vous vous souvenez qu’il y a un peu plus de deux ans, on parlait d’une unité de mesure, le "Gaymard", avec 1 "Gaymard"=600m².
      D’après votre calcul, le "Kerviel" est à 6,66 milliards d’euro, mais c’était pas plutôt 4,7 miliards non ?
      C’est qu’il faut être précis en matière d’unités de mesure non ?

       smiley

      H /


    • zelectron zelectron 11 janvier 2009 16:47

      ce devrait être le "Boutin" car c’est lui qui qui a pissé dans sa culotte et par précipitation fait perdre à sa propre banque tant d’argent

      exemple :
      kiloBoutin
      megaBoutin
      terraBoutin
      etc...


  • Michel Santi Michel Santi 15 janvier 2009 13:33

    Bonjour chez vous Patrick, vous vous êtes bel et bien évadés maintenant. 


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