mercredi 5 décembre 2012 - par moizaussi

Qui veut la peau d’Alcatel-Lucent ?

Le jeudi 29 novembre 2012, le Comité Central d’Entreprise de la principale société française du groupe Alcatel-Lucent a été informé du détail des suppressions d’emplois annoncées en octobre. Pour Alcatel-Lucent France (ALF), c’est 934 emplois, dont 365 dans la R&D, qui vont être supprimés, sur un total de 1353 en France.

Au premier abord, cette nouvelle vague de licenciement peut être vue comme le énième épisode d’un groupe qui peine depuis 20 ans à s’adapter à l’évolution du monde des télécoms. Pourtant, cette fois-ci, il semble bien qu’il s’agit d’une autre histoire qui s’engage.

Une brève histoire du passé récent d’Alcatel-Lucent

Depuis sa privatisation au milieu des années 1990, Alcatel puis Alcatel-Lucent traine une longue série d’échecs et d’erreurs stratégiques Le positionnement en « pure player » télécom juste avant l’éclatement de la bulle internet a été accompagné de la vente de pépites : Alstom, Saft, Nexans, qui sont autant de sociétés qui performent bien mieux que leur maison mère historique.

La conversion d’une société de téléphonie au monde Internet s’est faite au prix fort, les achats à prix faramineux de startups vides de contenu (PacketEngine par exemple) se sont succédé. Heureusement, dans le lot, certains de ses achats ont porté leur fruit : Genesys revendu en 2011, et Timetra qui est devenu la division la plus rentable du groupe multinational. C’est justement un des enjeux des mouvements actuels.

En 2006, la société Alcatel fusionne avec Lucent, issue d’AT&T et détenteur des prestigieux Bell Labs, laboratoires d’où sont sortis 6 prix Nobel, le transistor, les capteurs CCD, etc., et qui se repose sur ses lauriers passés.

En fait d’une fusion, c’est bel et bien le rachat par le français de la société américaine, qui pèse deux fois moins lourd, et qui est couverte de dettes. Ces engagements, en particulier envers les fonds de retraite de ses employés, continueront à peser sur les comptes d’Alcatel-Lucent pendant de nombreuses années.

En procédant à cette opération, la société se positionne sur le marché américain, vu comme un eldorado, en particulier pour le mobile, les USA étant alors en retard sur l’Europe.

Lors de la fusion, un grand ménage est fait et une comparaison des produits équivalents est réalisée. Dans la plupart des cas ce sont les produits ex-Lucent qui sont gardés, même lorsque l’équivalent de l’ex-Alcatel se vend mieux.

A la même époque Alcatel-Lucent reprend, sous la pression d’un de ses clients qui souhaite une continuité dans la maintenance de ses équipements, la division mobile 3G de Nortel en grand difficulté.

En 2009, Nortel dépose le bilan et Motorola cède sa division d’équipement réseau à Nokia Siemens Networks. A ce moment, Alcatel-Lucent devient le dernier équipementier que l’on peut qualifier en partie d’Américain.

 

Et c’est là que tout s’accélère.

 

En 2010, Alcatel-Lucent remporte un marché de 4 milliards dollars pour équiper l’opérateur américain Verizon en LTE, technologie 4G sur laquelle Alcatel-Lucent a décidé de jouer le tout pour le tout, après ses échecs répétés en 3G.

Ce contrat va repositionner Alcatel-Lucent comme un des acteurs majeurs du monde des télécoms, alors que la concurrence chinoise menée par Huawei à la fois sur les prix et la qualité croissante se fait dévastatrice. L’agressivité de Huawei va jusqu’à remplacer un tiers des équipements mobiles d’un opérateur français pour … rien ; ou proposer des contrats de câble sous-marin pour un euro.

Comme la plupart des groupes occidentaux, Alcatel-Lucent a succombé depuis longtemps à l’appel de l’extrême orient. Pour faire face à son extrême complication, le groupe n’avait que des idées simples : l’appétit d’un marché de plus d’un milliard d’habitants.

Rien n’a été négligé pour s’implanter sur ce marché : une Joint Venture en majorité d’une voix, des transferts de technologie constants.

Au final le marché chinois représente de 15% à 20% des ventes du groupe, et un tiers des effectifs, mais sans qu’aucun profit réalisé difficilement dans cette région ne puisse être utilisé ailleurs qu’en Chine. Ils appartiennent à la joint venture, qui reste sous contrôle des autorités locales. Au surplus, le turn over des employés dépasse de beaucoup les normes occidentales. Ce sont donc des salariés formés qui partent à la concurrence, avec formation et information sous le bras, une fois devenus productifs.

Au même moment, l’avenir du groupe se jouant sur le succès du contrat avec Verizon, un effort sans précédent pour répondre aux besoins de l’opérateur américain est mis en œuvre. La ligne de produit est adaptée à ses besoins propres... et parfois uniques, au détriment d’une conception plus universelle susceptible de répondre à l’ensemble des demandes sur le marché mondial.

Les compétences des ex-Nortel sont mises de côtés, le développement est commencé aux Etats-Unis, puis pour des raisons de coûts déplacé en Chine, puis en raison de retards importants, rapatriés aux USA.

Pendant ce temps, les résultats du groupe continuent de ne pas s’améliorer. Les divisions qui rapportent tirent le groupe hors du rouge. La division IP, issue quasiment exclusivement de la startup Timetra achetée en 2003 par Alcatel pour 1 milliard de dollars, engrange les contrats et place Alcatel-Lucent en numéro deux des fournisseurs de routeur IP. Fort de ce succès, l’autonomie de la division est conservée comme lorsqu’elle n’était qu’une startup, l’ensemble des décisions et développements se faisant en Amérique du Nord.

La division des services rapporte de plus en plus mais les contrats d’infogérance sur lequel Alcatel avait misé son renouveau en milieu des années 2000 sont loin de rapporter ce qui était escompté. Au contraire, ils contribuent aux pertes du groupe.

La division des câbles sous-marins, elle aussi très autonome du fait de la particularité de son métier, continue à rapporter de l’argent au groupe.

Ces résultats ne suffisant pas, Alcatel-Lucent vend une partie de son patrimoine presque chaque année : participation dans Alenia Space qui fabrique des satellites, sociétés de fabrication de pompes à vide et de moteurs électriques, Genesys le numéro 1 des solutions de centre d’appel, fabrication d’antennes.

Avec ces opérations, le groupe arrive à afficher un résultat 2011 positif, ratant de peu l’objectif de rentabilité de 5%, en atteignant 4%.

Le début de la fin d’un monde

L’année 2012 rappelle très durement le passé le plus douloureux d’Alcatel-Lucent. Trimestre après trimestre, les comptes sont dans le rouge, le groupe consommant toujours plus trésorerie, malgré les plans de réductions de besoin de fonds de roulements, ou les suppressions de plusieurs milliers d’emploi.

La crise mondiale est passée par là mais pas seulement. Les technologies optiques sont concurrencées sévèrement par les équipements chinois, les technologies de réseau fixe ne sont plus en croissance, les anciennes technologies mobiles qui étaient très rentables diminuent en volume. Le 4G commence à rapporter, mais la marge est toujours faible. Dans les services, les revenus des contrats de maintenance ne compensent pas les pertes des solutions IMS ou celles d’into-gérance. Les divisions IP et câble sous-marin continuent d’apporter un peu d’air au groupe.

Anecdotique en termes de chiffres, mais révélateur des visées à long terme, en janvier 2012, le centre de recherche Bell Labs France est restructuré en profondeur. L’activité d’un quart des chercheurs est stoppée du jour au lendemain, un sureffectif de 10% est décrété, et on passe d’un quart de responsables de recherche basés en France, à 1 sur 6.

En juin 2012, la valeur de l’action passe sous la barre symbolique de l’euro. En juillet le groupe annonce un plan de réduction d’effectif de 5000 personnes, sur un total de 72 000, spirituellement baptisé « Performance ».

Pour faire face à la situation d’urgence, le groupe ne pouvant continuer à perdre de l’argent à ce même rythme sans se retrouver en faillite à moyen terme, la direction annonce une remise à plat de l’organisation du groupe.

Parmi les changements, la division câble sous-marin et celle d’équipement d’entreprise sont rattachée directement du directeur financier.

Tous les mois à partir de mi septembre, un nouvel échelon de la nouvelle organisation est décliné.

Le fragile équilibre qui perdurait entre Europe et Etats-Unis depuis la fusion avec Lucent vole en éclat. Sur 17 personnes qui dépendaient du Directeur Général, 10 étaient en France, 2 aux US, 2 en Belgique, 2 en Chine, et 1 en Grande-Bretagne. Dorénavant sur 10 personnes, une fois le directeur financier et le responsable de la division réseau installés aux US, il n’y en aura plus que 3 en France et 4 aux Etats-Unis.

Au niveau hiérarchique inférieur, le mouvement est tout aussi clair. Alors qu’un tiers des managers étaient en France et un tiers aux US, on passe maintenant à près de 42% aux US.

Les réductions d’emplois sont également ciblées. L’Europe est concernée à hauteur de 3300 personnes, soit 60% de toutes les réductions, alors qu’elle représente un tiers des effectifs. Certains pays ont le malheur de payer plus que d’autre. C’est le cas de la France par exemple qui, avec 1353 suppressions d’emploi va représenter près du quart de la totalité des réductions dans l’ensemble du monde, alors qu’elle ne représente que 11% des effectifs.

Une étude un peu détaillée de la répartition des métiers montre que cette réduction d’effectif est massive dans certains pays. En effet, les réductions concernent avant tout les services de vente, de support et d’administration. Il faut donc rapporter les chiffres de suppression aux effectifs concernés.

Et là, la France ne subit plus une compression d’une personne sur 7, mais bien d’une sur 5 : 20% des effectifs supprimés dans un seul pays qui supporte un quart de l’ensemble des réductions. Pour la R&D, qui pourtant devait être épargnée selon les dires du Directeur Général, c’est une réduction de 10%.

Seule la Belgique subit une réduction plus importante, puis qu’au plat pays, c’est une personne des services concernés sur trois qui sera remerciée. Le point commun entre la France et la Belgique est d’avoir des lois plus protectrices que la plupart des pays. Les suppressions coûtent de l’argent. Tout ce qui est fait maintenant ne sera plus à faire après.

Durant toute cette période, le cours de l’action subit l’assaut des vendeurs à découvert, Alcatel-Lucent étant la valeur étant le plus « shorté » avec près de 6% du capital. Le cours se traine entre 70 et 90 centimes d’euros, la capitalisation peine à atteindre 2 milliards d’euros. A côté de cela, les 29 000 brevets détenus par Alcatel-Lucent, et issus pour 60% de l’activité d’Alcatel, sont évalués à plus de 5 milliards d’euros.

Le 20 novembre 2012, l’agence Moody’s place la note d’Alcatel-Lucent sous surveillance négative.

Trois jours plus tard, on apprend que la banque Goldman Sachs a été contactée pour refinancer la dette du groupe. Les conditions et les garanties exigées du groupe ne sont pas encore connues.

Entre fiction et réalité

L’impact de la réorganisation sur la situation d’Alcatel-Lucent en France, et plus généralement en Europe, n’est pas encore figé, mais les grandes lignes sont claires.

Avec 1353 emplois supprimés, ce seront environ 35 millions d’euros par an qui manqueront aux caisses des régimes d’assurance chômage et de retraite. En comptant les sous-traitants et prestataires, ce seront près de 1700 emplois supprimés, et 40 millions de manque. Les indemnités chômage des personnes hautement qualifiées risquent de faire largement augmenter ce chiffre.

Les réductions d’emploi ciblant particulièrement les services de vente, il est certain que la part de marché d’Alcatel-Lucent en Europe continuera à se dégrader. Si ce marché est en 2012 sinistré, il est tout aussi vrai que le marché au Etats-Unis va rapidement arriver à saturation, et l’Europe devra être un relais de croissance nécessaire. Comme indiqué précédemment, le marché asiatique et chinois en particulier ont la particularité de ne pas ramener de trésorerie au groupe, quelque soit sa performance sur ces marchés.

Avec 10% de réduction d’effectifs dans la R&D, c’est une nouvelle désorganisation qui s’annonce. Celle-ci va une nouvelle fois affaiblir les capacités des équipes basées en France de fournir les logiciels et équipements attendus.

Pour faire face à ses obligations de remboursement de dette, le groupe devra céder ou mettre en gage les divisions qui peuvent l’être : les câbles sous-marins et la division entreprise, déjà sous la tutelle de la direction financière, qui représentent environ 2000 personnes en France. Le pays n’accueillera alors plus que 5000 personnes, contre 8 500 actuellement.

Vue des Etats-Unis, la situation est tout autre. La division IP y est implantée et est rentable. Alcatel-Lucent est le dernier équipementier à forte composante Américaine, et devient un élément stratégique de souveraineté sur les réseaux de télécom. Pour bien faire et ne laisser aucun doute, les Etats-Unis ont banni les fournisseurs chinois de leurs réseaux au titre de la sécurité nationale.

Pendant ce temps, les ministères concernés annoncent qu’ils veilleront à ce que les suppressions d’effectifs se fassent de la meilleure manière possible. Il semble que là bas on ait accepté voir souhaité qu’Alcatel-Lucent quitte la scène industrielle. La meilleure preuve est le refus d’une manifestation symbolique devant Bercy alors que les sidérurgistes de Gandrange ont eu le droit d’y camper plusieurs jours. Les ingénieurs d’Alcatel-Lucent sont-ils de dangereux terroristes ?

Dès lors toutes les hypothèses, y compris les plus dramatiques sont envisageables. L’année 2013 ayant peu de chance de voir un rebond franc de l’économie qui impacterait les investissements dans les télécoms, les comptes vont continuer à se dégrader. En Europe, les équipes de vente ayant été largement réduites, Alcatel-Lucent n’engrangera plus de nouveaux marchés, et devra se séparer des équipes opérationnelles qui auront fini d’installer les équipements issus des précédents contrats. Les succès en Chine continueront à faire grossir la cagnotte de la Joint Venture, et les déploiements aux Etats-Unis continueront à rapporter à peine plus que ce qu’ils coûtent.

Au milieu de l’année, les ventes et prêts suffiront à peine à couvrir les pertes et les dettes dues en janvier 2014 ne pourront pas être remboursées. Le groupe sera alors dans les mains de ses créanciers, la banque Goldman Sachs en premier lieu.

L’analyse sera faite d’autant plus rapidement qu’elle aura déjà été faite. Le groupe se retirera du marché toujours en berne de l’Europe, abandonnant dans les conditions les pires la plupart de 20 à 25 000 employés encore présent. La casse sociale sera sévère. Un scénario à la Nortel ou la société Française, vidée de toute sa valeur, a licencié ses derniers employés aux conditions minimum, sera possible et même probable. Les actifs rentables seront conservés dans un giron américain, le groupe y rapatriant son siège social et y gardera ses clients. Les Etats-Unis gagneront alors un équipementier de nouveau 100% américain qui leur assurera une maîtrise de cet actif décisif pour l’économie moderne que sont les réseaux télécoms.

La branche chinoise pourra indifféremment être conservée dans le périmètre ou placée en propriété chinoise.

 Pour la France, toutes les répercussions ont-elles été vraiment analysées ?

D’un coût pour la communauté de plus de 50 millions par an pour le plan « Performance », en étant optimiste sur le reclassement des personnes sur le départ, on passera à près de 500 millions par an, sous la forme de baisse des cotisations et indemnisations de chômage. Après avoir formé des experts en télécoms et en informatique, la France devra payer leur licenciement et leurs indemnités chômage. Il ne sera pas possible de parler d’employabilité et ou de reconversion : les ingénieurs des grandes écoles étant les plus et mieux formés sur le marché de l’emploi.

D’un point de vue industriel, ce sera une nouvelle filière technique qui sera abandonnée et détruite, au profit exclusif des services associés. Comme pour l’informatique, la France ne sera plus capable de fabriquer ou contrôler le matériel sur lequel une grande partie de son économie repose, augmentant son déficit commercial et sa vulnérabilité. Qui plus est, avec Alcatel-Lucent ce seront près de 30 000 brevets qui seront dans les mains de sociétés étrangères, y compris surement des exploiteurs de brevets. Celles-ci attaqueront sans vergogne toute société voulant innover dans les réseaux, y compris en France. La valeur directe des brevets d’Alcatel-Lucent est de l’ordre de 150 millions. Leur valeur indirecte, issue d’accords de neutralisation avec d’autres possesseurs de brevets, est de l’ordre de 1 milliard d’euros. Une telle valeur qui ne rapportera plus rien à la France et qui pourra être utilisée au détriment des sociétés françaises.

En grande difficulté mais avec de véritables atouts, l’avenir d’Alcatel-Lucent va se jouer dans les prochains mois. Un retour aux profits étant exclu à court terme compte tenu du contexte économique général, il est impératif de trouver une solution rapide pour permettre au groupe de respecter ses engagements financiers. Le recours à la banque Goldman Sachs se situe dans la logique pro-américaine des choix actuels de la direction. Les états de service de la banque ne permettent pas d'espérer qu’il s’agisse d’une stratégie industrielle mais laissent plutôt craindre une opération financière en vue de récupérer les actifs du groupe. Incidemment, cela permettra de former un équipementier 100% US, ce qui ne peut que plaire aux autorités et aux agences de sécurité nationale de ce pays. D’autres options restent possibles pour peu que la France ou l’Europe souhaite garder une filière d’avenir. Le syndicat CFE-GCC rappelle qu'une garantie financière publique permettrait au groupe de maintenir son activité en France. Un investissement minime comparé à l'énorme coût social d'un dépôt de bilan, et qui pourrait rapporter dans un horizon de quelques années, lorsque les investissements en Europe reprendront.

La peau de l’ours Alcatel-Lucent est à saisir. Le premier arrivé ramassera la mise.

 



6 réactions


  • alberto alberto 5 décembre 2012 13:39

    La décennie (1995/2006) sous gouvernance Tchuruk a été fatale à Alcatel ...et ses actionnaires !

    Et what about Tchuruk ?

    5,6 M€ de parachute doré, merci tout va bien...


  • raymond 5 décembre 2012 17:13

    Très bon article bien construit et documenté, merci à vous


  • francoyv francoyv 5 décembre 2012 17:46

    Pour un universitaire on peut dire que vous avez les pieds sur terre et savez bien décrire les heurs et malheurs d’un ex grand groupe industriel ; ça fait froid dans le dos hélas.

    Notez quand même que Alstom a connu elle aussi d’énormes difficultés (vente des chantiers navals de St Nazaire, mévente injuste du TGV à l’export, absence de volonté de développer réellement le fret train en France, ...) et ne constitue en aucun cas un fleuron du point de vue de la finance


  • freedom2000 freedom2000 9 décembre 2012 11:35

    Posté par : grelon le 16/11/2012 10:49

    Et si ce harcèlement de la part des hedge funds sur le titre Alcatel et qui ressemble à une véritable cabale avait une finalité :

    OPA de la part d’un prédateur caché dans l’ombre ?

     

    J’ai lu que Bouygues à la fin des années 80 avait orchestré avec une bande de societés amies une baisse énorme sur le titre du Grand magasin Les 3 quartiers avant de lancer ensuite une OPA sur la société...pour ensuite licencier tout le personnel, tout raser et en faire un immeuble de luxe. (cf La Samaritaine)

     

    Et au début des années 2000, le Pdg de Transiciel lui-même qui avait balancé sciemment une mauvaise nouvelle provoquant la dégringolade du titre de 12 euros à.... 2,80 avant de faire l’objet d’une OPA à 15 e de la part de Cap Gemini ... deux mois plus tard !... et on apprendra que le Pdg avait durant cete période racheté massivement pour son compte personnel.... j’y étais et avais subi des grosses pertes pour avoir revendu quasi au plus bas, faute de pouvoir couvrir le SRD..

     

    Maintenant imaginez qu’un prédateur ait demandé à ses amis gérants de HF de provoquer la baisse du titre Alcatel de 2 euros à 0.8 , il aura suffit de vader (vendre à découvert) dans une proportion de 400 millions d’euros. (mais quelles économies réalisées IN FINE ! )

     

    Avec un dernier cours de 0,80 e et avec des actionnaires et autres gérants de fonds désespérés, notre prédateur jusqu’ici tapi dans l’ombre va annoncer une OPA à 1,5 e !...

    Des actionnaires alors bien heureux d’apporter leurs titres.

     

    Avec un cours coté de 2 euros, il lui aurait fallu alors proposer peut-être 4 euros pour convaincre les actionnaires....

     

    Le capital d’Alu est si dilué qu’une prime de 80% sur le dernier cours serait trop bienvenu (alors qu’un actionnaire majoritaire peut exiger parfois une prime de 300 ou 500% sur le dernier cours pour lâcher les rênes de la société)

     

    Car ce harcèlement sur le titre Alcatel qui n’a pourtant qu’une dette NETTE dérisoire de 80 millions et des analystes de lui prédire la faillite à l’horizon de 2015, c’est vraiment du n’importe quoi (Alcatel peut emprunter ENCORE auprès des banques ou vendre ses brevets...)

     

    que pensez vous de cette hypothèse ?


    • moizaussi 10 décembre 2012 11:21

      Je ne suis pas complotiste dans l’âme, constatant chaque jour que les « grandes décisions » se font dans un état d’impréparation et d’improvisation sidérant.
      Je doute donc fort qu’il y ait une manipulation derrière les cours, mais bien plus l’emballement d’un système.
      Bien sur, rien n’est à exclure.

      Je crois d’autant moins à une OPA qu’une société qui la ferait devrait expliquer une stratégie industrielle, difficile dans le contexte, ou bien être vue comme complétement hostile, avec démantèlement à la clef. Ce dernier deviendrait évident et l’émoi serait grand.

      C’est bien là que réside le danger actuel : le démantèlement non dit, discret, par petites touches, jusqu’à ce qu’il ne soit plus possible de revenir en arrière, et qu’une seule solution ne deviennet possible.


  • zelectron zelectron 9 décembre 2012 15:14

    Tchuruk a été un fossoyeur, à ce titre il n’aurait jamais du recevoir de parachute doré...


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