mercredi 21 décembre 2005 - par Christian Le Meut

Environnement : le plastique n’est pas toujours fantastique

Quand j’étais enfant, il y a juste une trentaine d’années, j’allais régulièrement chercher de l’eau à la fontaine. Oui, à la fontaine. Je ne parle pas là de la vie de mon arrière-grand-père, mais de la mienne. Il y a avait de l’eau potable à la fontaine du quartier de Saint-Caradec, à Hennebont (Morbihan). En pleine ville donc, l’eau de source était encore potable. J’enfourchais mon vélo avec les bouteilles vides attachées à l’arrière sur mon porte-bagages. Le voyage aller ne posait pas de problème : ça descendait. Mais le retour, c’était autre chose. La côte de la rue du Sel, avec mes bouteilles d’eau remplies, me contraignait à descendre de mon vélo pour le pousser, à pied. Et c’était un peu humiliant... Surtout que, parfois, certaines bouteilles se cassaient la figure : la galère. Beaucoup de monde allait chercher de l’eau à la fontaine de Saint-Caradec, et des femmes y faisaient leur lessive. L’eau a été déclarée non potable quelques années plus tard, mais des femmes continuent d’y laver leur linge...

Une consigne dépassée ?
Quand j’étais enfant encore, nous gardions les bouteilles en verre, bouteilles de vin, de bière, de jus de fruit, de Pschitt, pour aller les porter à la consigne... Tous les commerces alimentaires, petits ou grands, avaient un lieu où l’on pouvait déposer les bouteilles et se les faire rembourser, ou les échanger contre d’autres, pleines. Ainsi les bouteilles en verre étaient réutilisées une multitude de fois. Ce système de consigne a été supprimé rapidement, dans les années 1980. Les grandes surfaces ne devaient pas apprécier de payer des employés et occuper de l’espace pour un service qui ne leur rapportait rien. Virées, donc, les bouteilles en verre, vive le plastique : l’eau sous plastique, les jus de fruits sous plastique, le cidre sous plastique et, pire encore : le vin sous plastique et en briques rectangulaires. Après avoir inventé le poisson carré, notre société avait inventé le vin rectangulaire ! C’était beau le progrès, sans doute...

Une gueule de bois sous plastique !
Oui, mais voilà, trente ans plus tard, la gueule de bois nous guette. Non pas pour avoir trop bu de vin rectangulaire (encore que), mais pour avoir mis du plastique partout. Or, le plastique met 450 ans à se décomposer dans la nature. Seul 17 % du plastique jeté dans nos poubelles est recyclé : une partie est brûlée dans les incinérateurs, ce qui n’est probablement pas très bon pour notre santé, ni pour la nature, vu les produits chimiques qu’il y a dedans. Et comme l’eau du robinet est suspecte, notamment ici, en Bretagne, la consommation d’eau en bouteille s’est développée : 130 litres par an et par habitant en France. 200 euros de dépensés chaque année pour une famille de quatre personnes... Or, l’eau en bouteille est, en moyenne, 600 fois plus chère que l’eau du robinet...

Que faire ? Une association écologiste, Agir pour l’environnement, rappelle qu’on peut interpeller les élus locaux. Le maire de chaque commune doit fournir une eau de qualité potable. Elle l’est, d’ailleurs, potable, dans la plupart des communes, d’après les critères officiels. Mais il reste encore des traces de pesticides, de nitrates et autres joyeusetés qui, même en dessous des normes légales, inquiètent. Si l’eau courante est potable, mieux vaut peut-être, dans certaines régions, diversifier nos sources et boire aussi de l’eau en bouteilles plastique... Sauf que le plastique est également nuisible à l’environnement. Que faire alors ? Agir pour l’environnement vient de lancer une campagne de lettres à destination de fabricants de bouteilles d’eau, Danone et Nestlé notamment, et aussi à destination du ministre du budget et de la ministre de l’écologie.

La déclaration d’impôt... sous papier ?
Aux premiers, Agir pour l’environnement demande d’utiliser moins de plastique, de ne plus produire de petites bouteilles, et de réintroduire le système de consigne et de “contenants réutilisables”, ceux-ci pouvant être en verre ou en plastique. Au ministre du budget, cette association demande de ne plus envoyer les feuilles d’impôts sous des films plastique non biodégradables, c’est un mauvais exemple ; et à la ministre de l’écologie, d’agir pour réduire les emballages à la source, pour réhabiliter la consigne, et pour évaluer l’impact de la dissémination du plastique sur notre santé et notre environnement, etc.

Cette campagne s’appelle donc “Stop le tout plastok !” ; ses organisateurs auraient également pu l’appeler “le plastique, ce n’est pas toujours fantastique”.

Christian Le Meut

Pour en savoir plus sur la campagne “Stop le tout plastok”, contacter Agir pour l’environnement, 97 rue Pelleport, 75020 Paris. site internet : www.agirpourlenvironnement.org



9 réactions


  • Sylvio (---.---.20.130) 21 décembre 2005 19:46

    Il faudrait aussi interdire les sacs plastiques. Aux USA ils ne les ont jamais utilisés, ils ont des sacs en papier (épais) pour faire leur course, pourquoi n’y en a-t-il pas dans nos supermarchés ? Même les sacs « verts » (à Auchan) sont en plastique !

    Heureusement dans quelques départments (dont la Savoie) ils ont devançé le gouvernement en les interdisant des hyper-marchés.

    Enfin il y’a aussi beaucoup de chose à faire sur les emballages inutiles : le marketing conduit souvent à faire par exemple des paquets de biscuits, assemblés par 3 avec un plastiques, contenant pour chacun des biscuits dans des pochettes individuelles en plastiques... Et qui dire des inombrables produits sous blister qui pourraient être présentés sans...

    Bref y’a du boulot...


    • christian (---.---.63.81) 21 décembre 2005 20:53

      Les sacs durables et réutilisables se développent, heureusement, mais vous avez raison, de ce côté là aussi il y a du boulot ! A nous aussi, consommateurs, de remettre en cause nos habitudes, notamment en emportant des sacs ou paniers avec nous quand nous allons faire nos courses. Kenavo - Christian


    • Gimmygimmycheak (---.---.189.44) 22 décembre 2005 00:09

      Juste pour préciser que les sacs en papier ce n’est pas ce qu’il y a de plus écologique si l’on regarde l’état de la forêt amazonienne... Alors le modèle américain à ce niveau est aussi contestable que le notre...


  • Emile Red (---.---.79.28) 22 décembre 2005 12:42

    Il serait tellement simple de supprimer les sacs plastiques par des caddies à caisses empilables et consignées, je ne comprends pas pourquoi personne n’y pense.

    Facilité d’emploi, pratique et au cout minimum, un caddy plat et à l’entrée dans le super marché vous prenez des caisses (ou ramenez les votres contre un bon de sortie).

    Elles ne seraient facturées qu’une seule fois, elles permettraient un transport plus aisé d’une quantité de marchandise plus importante.

    Pliables elles resteraient dans le fond du coffre de la voiture et offriraient un pré-tri pour le déchargement.

    Enfin on peut réver....


    • Christian (---.---.171.228) 22 décembre 2005 13:32

      Les idées ne manquent pas, peut-être un peu la volonté du côté des grands distributeurs... Et de certains consommateurs. Nous avons été trop habitués à cette société du gaspillage, trop conditionnés, mais il y a des moyens, petits et grands, d’en sortir. Christian


  • Hervé Vauld (---.---.75.175) 26 décembre 2005 19:15

    Les plastiques n’ont pas que des inconvénients. leur légèreté économise beaucoup de pétrole pour le transport. Et les plastiques ne consomment que 4% du pétrole et nos bagnoles 25%. Alors ce n’est pas stop au plastok mais stop à la bagnole qu’il faudrait écrire. Mais là les intérêts personnels sont sans doute plus puissants....


    • (---.---.50.215) 27 décembre 2005 22:19

      Stop à la bagnole, stop au plastok : c’est un mode de vie d’ensemble à revoir, évidemment. Moins consommer d’essence, de plastiques, développer les transports en commun, les transports non polluants comme, simplement, la marche... Mais la voiture est, pour beaucoup, un symbole de « liberté » effectivement, et il est peut-être plus facile de faire admettre l’intérêt de la consigne pour les bouteilles, que celui de moins prendre son véhicule... Christian Le Meut


  • Aedan Aedan 9 février 2006 11:20

    Ce système de consignes m’était bien inconnu, merci à l’auteur pour cela. Une telle réutilisation des objets est tout bonnement un modèle de vie auquel nous avons été trop tôt séparés. Le problème du sac plastique est plus lié à des habitudes, et à un train train quotidien que nous n’avons pas la volonté de changer, dire « je n’ai pas besoin de sacs » dans un supermarché n’est pas devenu un réflexe (quand ils sont en plastique).

    Le sac en papier ouvre la voie à d’autres problèmes mais réellement moindre que ceux liés aux sacs plastiques. Et il y a encore les sacs de toiles.

    Il est regrettable que le gaspillage soit devenu une seconde nature dans un pays tel que le nôtre.


  • Becalm (---.---.221.146) 18 mai 2006 17:10

    Dans le domaine des poncifs et des contre vérités, le plastique est le grand gagnant auprès des apprentis protecteurs de la planète. Le plastique est aussi utile ! Savez-vous que :
    - 80% des sacs de caisses sont réutilisés comme sacs poubelles. En les supprimant, on supprime le coût qu’ils représentent pour la grande distribution (comme Leclerc). Les gens achètent donc des sacs poubelles pour les remplacer : ils coûtent plus chers, contiennent plus de matière plastique et apportent un revenu supplémentaire aux distributeurs ! (Leclerc...).
    - Quand au sacs qui sont supposés réutilisables, ils sont consignés, donc achetés, parce que rapportés qu’à 15%. Le fait qu’ils soient fabriqués en Chine n’intéresse que les protecteurs de l’emploi, pas de ceux de la planète. Enfin, certains d’entre eux sont vraiment très difficile à détruire (en polypropylène).
    - la plastique est fait de carbone et d’hydrogène, les éléments les plus répandus sur la planète. S’il brûle, il ne dégage aucun rejet nocif. C’est même un excellent carburant, qui diminue la quantité de fuel : il a les mêmes propriétés énergétiques que le fuel (les cimenteries adorent le plastique !). S’il y a rejets nocifs, cela provient des autres produits avec lesquels il brûle.
    - le plastique se dégrade toujours à l’air, au soleil, à la lumière, à la chaleur, à l’eau. C’est une question de quelques mois. S’il est stocké à l’abri de toutes ces influences, alors il peut durer 400 ans. Comme pratiquement tous les autres matériaux.
    - si on supprime le plastique dans l’agriculture, par exemple, on diminue les rendements des éleveurs et des maraîchers de 60% ! On augmente le coût des production, l’impact sur l’environnement (le plastique limite la consommation d’eau, d’engrais et de produits phytosanitaires), la dépendance vis à vis de l’étranger moins soucieux d’environnement(encore !)et la destruction d’emploi dans l’agriculture...

    Il faut donc raison garder et rester raisonnable dans sa critique contre le plastique, comme dans l’utilisation du plasttique !


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