mercredi 30 juillet 2008 - par ÇaDérange

L’OCDE n’aime pas les biocarburants

Les biocarburants sont soudain apparus, il y a maintenant quelques années, comme une des solutions à la pénurie qui se rapproche des carburants et à la lutte contre le réchauffement climatique. Grâce, dans ce dernier cas, à une argumentation spécieuse dite "de la terre à la roue" qui permet de soustraire des émissions de CO2 du moteur, le CO2 absorbé par la plante durant sa croissance sous le prétexte que la période pendant laquelle se passait la croissance de la plante jusqu’à sa consommation comme carburant était annuelle. Car, en ce qui concerne les émissions brutes de CO2 émises par les biocarburants lors de leur combustion, elles sont rigoureusement identiques à puissance émise égale à celle d’un carburant pétrolier.

Lorsque l’on consomme un carburant d’origine pétrolière, on remet finalement en circulation dans l’atmosphère du carbone qui y a été emprisonné, il y a des millions d’années. C’est également vrai d’ailleurs pour toute combustion de charbon, de tourbe ou de lignite ou encore de gaz.

L’histoire ne dit pas non plus si, lorsque l’on effectue ce calcul d’émission de CO2 "de la terre à la roue", on tient compte du CO2 qui aurait été piégé par toute autre culture qu’une culture "à biocarburants". En fait ce calcul ne tient que si les végétaux utilisés pour produire ces biocarburants l’ont été sur des terres en jachère. C’est la raison peut-être pour laquelle l’OCDE dans un rapport sur les biocarburants qui vient de paraître s’étonne du peu d’impact de leur utilisation, maintenant assez répandue, sur les émissions globale de CO2 qu’elle estime à moins de 1 % de diminution...

Canalblog078 L’OCDE a donc refait dans son rapport le calcul réél de l’efficacité environnementale des biocarburants des différents types connus en tenant compte de toute l’énergie consommée pour les produire, de celle utilisée par les tracteurs et les équipements qui sont utilisés pour les planter, les traiter et les ramasser à celles nécessaires pour transformer les végétaux en éthanol (moteur à essence) ou en ester d’huile végétale pour le gazole des moteurs diesels.

Les résultats ci-contre montrent que seul l’éthanol issu de la culture de la canne à sucre est efficace à 80 %, c’est-à-dire ne consomme pour sa production que 20 % de l’énergie qu’il rend lors de sa combustion dans un moteur. Tous les autres biocarburants produits à partir de cultures de blé, de maïs, de betterave ou de colza ou de tournesol consomment pour leur culture et leur transformation en carburant entre 40 et 60 % de l’énergie qu’ils restituent dans les moteurs !

Pourquoi cet avantage pour la canne à sucre ? Parce que la coupe de la canne à sucre est toujours assurée manuellement et à pas cher et que la paille des cannes, la bagasse, est utilisée comme combustible dans le processus de distillation de l’alcool alors que les processus dans les pays développés sont infiniment plus mécanisés donc coûteux en énergie.

C’est dire que ce n’est pas brillant comme efficacité environnementale. Si vous rajoutez à cette efficacité discutable le fait qu’il faut investir lourdement pour les produire (Cf. les véritables unités de raffinage que vous pouvez trouver dans les campagnes pour les produire), que vous utilisez des surfaces arables qui seraient autrement utilisées pour la nourriture humaine et que toute cette production est fortement subventionnée, vous croyez rêver.

Ces éléments étaient évidents dès le départ pour tout scientifique et étaient même connus à quelques pourcentages près. Pourquoi alors nous sommes-nous lancés tête baissée dans ces cultures pour découvrir aujourd’hui qu’elles n’apportent pas grand-chose à la lutte contre le réchauffement climatique ? Une combinaison du lobby agricole qui a sauté sur un débouché prometteur pour notre agriculture en recherche de revenus, de la pression des ONG écologistes qui comme chacun sait soutiennent des positions sur les principes sans jamais faire les calculs de ce que ça coûte et de ce que ça rapporte, du relais des médias qui nous offrent toujours ce que nous voulons entendre parce que ça fait vendre et bien sûr à cause du besoin de nos hommes politiques de montrer qu’il font des choses importantes et dans le vent pour les populations. Le défaut de la cuirasse bien connu de la démocratie...

Que va-t-il se passer maintenant ? On va poursuivre sur les biocarburants, mais à plus petite vitesse, avec bien moins de subventions et en passant aux biocarburants de seconde génération, ceux qui ont un rendement semblable à celui de l’éthanol de canne à sucre. Et on va enfin se décider à subventionner les actions qui sont susceptibles d’apporter le maximum d’économie à coût raisonnable, mais qui sont bien moins "glamour" et médiatiques que les biocarburants... l’amélioration de l’habitat ancien bien sûr.



11 réactions


  • Polemikvictor Polemikvictor 30 juillet 2008 12:17

    Pourquoi ce titre ?
    Comme l’OCDE vous n’aimez pas non plus les bio carburants ( on parle des bio carburants actuels, pas des recherches en cours ) et votre article le rappelle avec raison.

    Ils sont nés de l’alliance bizarre s’il en est, des ONG écolos et des lobbies agricoles, l’un cherchant du pouvoir, l’autre des subvensions. Résultas un gachis de plus et du temps perdu à la recherche du mythe des énergies renouvelables.

    Dans le passé les ONG écolos s’étaient associées aux industriels pour pousser à l’incinération des déchets ménagers, ce qui à permis de contaminer des régions entière avec des Dioxines avec la meme stratégie politique.

    Leur position actuelle contre l’incinération n’excuse pas leur comportement, surtout qu’a l’époque le contenu des poubelles était encore moins que maintenant apte à l’incinération du fait des bouteilles PVC.

    On retrouve le meme comportement avec les bio carburants.
     


  • enzoM enzoM 30 juillet 2008 12:18

    Bjr,

    Je ne crois pas en une "pénurie" de produits pétroliers et dérivés, des réserves il y en a et suffisament.  Le problème est qu’il coûtera de plus en plus cher pour aller le chercher.  (et là c’est peut-être tant mieux, et c’est ce qui fera en tous cas je l’espère changer la société)
    On aura toujours besoiin du pétrole et ses dérivés, mais les produits finals de celui-ci seront mieux utilisés, et à de plus justes fins j’espère.
    Cette situation, (flambée des prix sur le fuel), engendrera nécessairement les nouvelles énergies plus "propres" de surcroit.  Et là nous n’aurons qu’à nous féliciter que nos écolos sont apparus un jour.
    (Dans mon logement "social", ils vont mettre des panneaux solaires sur toute la toiture !)
    Nous avons plein d’énergie à exploiter sans "déranger" la nature : solaire, le vent, la mer (les marées), etc, etc, ...   Alors plus vite on y sera, ben au mieux on se portera, en tous sens.  Malheureusement nous sommes dans la période de transition, que l’on paie "cash".  Attendons, .....


  • HELIOS HELIOS 30 juillet 2008 12:20

    Votre presentation est certe interressante, mais comporte un raccourci inacceptable parceque partisan.

    Vous laissez supposer que le "biodiesel" c’est a dire les huiles vegetales sont au même rang dans l’empreinte ecologique que l"ethanol", hors c’est faux

    Je ne m’etendrais pas sur la substitution de la cible des produits cultivés (nouriture/carburant) parceque cela n’a pas d’impact dans la demonstration.

    Donc pour obtenir de l’ethanol, vous cultivez la plante, avec des engrais, puis vous la distillez (apport d’energie important, installation complexe majoritairement proprietaire des grands groupes) et enfin vous la distribuez, sur de vastes zones. Les dechets, hormis pour la cannes a sucres, ne semblent pas utilisables. Les lieux de cultures sont concentrés dans des zones propices.

    Pour obtenir du biodiesel immediatement utilisable, vous cultivez la plante, avec des engrais, puis vous la pressez et vous la filtrez (apport d’energie dérisoir pour la presse, installation simple disponibles partout et "cooperativisables", comme pour le vin, distribution locale). Les dechets servent d’engrais limitant ainsi l’usage de leurs variantes chimiques. la culture accepte de faibles surface et se réparti pratiquement partout.

    Aujourd’hui nous trouvons dans les pompes de l’ethanol 85 mais nous ne trouvons pas de pompe biodiesel. En effet les grands groupe petrolier voeint tres mal l’arriveé de myriades de petits producteurs dans leur business. L’etat a le pmeme problème car taxer a la source les petrolier est facile, taxer la quantité de petits agriculteurs est nettement plus difficile.

    La logique voudrait que nous favorisions le biodiesel, mais les lobbies economique et fiscaux voytent a l’unanimité l’ethanol.

    Et l’OCDE dans tout ça ? difficile de dire si elle a peur des petroliers, des crises alimentaires ou tout simplement si elle reflete les positions gouvernementales de ses membres... ou un peu tout a la fois. En tout cas, elle peut parler, cela ne modifie pas grand chose, faire le plein chez son voisin agriculteur reste interdit en France, preuve que la planete passe bien apres de nombreux intérêts et integrismes.


    • Polemikvictor Polemikvictor 30 juillet 2008 12:52

      En parlant raccourci : "Pour obtenir du biodiesel immediatement utilisable, vous cultivez la plante, avec des engrais, puis vous la pressez et vous la filtrez"

      La réalité est un peu différente  :" vous cultivez la plante vous n’en prenez que la graine dont vous en extrayez l’huile" . Tous le reste on espere en faire quelque chose et en attendant quand on fait le bilan CO2 on prend en compte que la part de l’huile contenue dans la graine et pas le bilan CO2 global 

       Voir les pubs Total dans la presse sur le sujet il y a une astérique qui y renvoie .
      Ils appellent cela , je cite de mémoire : la méthode des allocations proportionnelles.


    • HELIOS HELIOS 30 juillet 2008 16:13

      Merci PolemikVictor de m’avoir lu. (il me plait votre pseudo, il est rafraichissant...)

      J’ai quand même indiqué : "Les dechets servent d’engrais limitant ainsi l’usage de leurs variantes chimiques"... si si, c’est la suite de la phrase. je reconnais que les agriculteurs n’utilisent pas forcement cette methode. Toutefois, il reste, comme pour le mout de raisin, l’option distillation qui permet d’obtenir... de l’ethanol !!!

      Globalement l’empreinte ecologique du biodiesel et fortement favorable. sur un cycle annuel (si pas de stock pour une conso decalée) le solde Carbone est même positif puisque ce qui est brulé n’est pas la totalité de la culture, les dechets retournant à la terre.


    • Polemikvictor Polemikvictor 30 juillet 2008 19:00

      Les de"chetsv servent d’engrais, je l’avais lu, c’est une façon positive de dire qu’on ne sait pas quoi en faire. dans tous les cas latotalité de la production de GES doit etre affectée au biocarburant


  • Annie 30 juillet 2008 12:21

    La commission européenne n’a-t-elle pas fixé la cible de 10 % de carburants d’origine végétale d’ici à 2020 ?


  • 30 juillet 2008 16:35

     Biocarburant ou carburant on ne choisit pas entre la peste et le choléra !

    Je suis toujours sidéré par les personnes qui présentent les biocarburants comme étant la solution au problème de la réponse aux changements climatiques. Quand on brûle une mole d’éthanol de 46grammes nous avons deux moles de CO2 soit 88g. Quand on brule une mole d’essence (globalement en première approximatiion équivalente à une mole d’octane soit C7 H 16 c’est à dire 100 grammes nous avons 8 moles de CO2 soit 7 x 44 g= 308 grammes . On sait que les pouvoirs calorifques sont supérieurs pour l’essence par rapport à l’éthanol de d’au moins 20 % . 1g d’éthanol donne 2 grammes de CO2 . 1 g d’essence donne 2,8g de CO2 qu’il faut minorer par le rapport des PCS qui est de 1,2 soit 2,8/1,2 : soit 2,3 grammes. Où est donc l’avantage décisif de l’éthanol à peine 15 % .
    D’autre part quand on pense aux perturbations crées par le soutien des prix américains à la fabrication de l’éthanol et au détournement de la matière première (ma¨s ou blé) avec comme conséquence la famine, est ce que le jeu en vaut la chandelle ? Tout ceci pour "nourrir" des 4x4 energivores. Conduire d’une façon ostentatoire ou nourrir les damnés de la terre , il nous faut choisir. Jean Ziegler a bien raison de parler à propos de la famine de crimes contre l’humanité. Assurément ce ne sont pas des agro-carburants mais des nécro-carburants !! 
    Pr. C.E. Chitour
    [email protected]


  • Francis, agnotologue JL 31 juillet 2008 10:02

    Bonjour, j’aimerais rebondir sur ce passage : ""Lorsque l’on consomme un carburant d’origine pétrolière, on remet finalement en circulation dans l’atmosphère du carbone qui y a été emprisonné, il y a des millions d’années. C’est également vrai d’ailleurs pour toute combustion de charbon, de tourbe ou de lignite ou encore de gaz.""

    Il y a des millions d’années, il y avait donc tout ce CO2 dans l’atmosphère ? Si la Terre a agi avec sagesse en piégeant et enfouissant ce CO2 dans ses entrailles afin pourquoi pas, de se rendre hospitalière pour l’humanité, je doute qu’elle l’ait fait pour que nous remettions en circulation tout ce CO2 ! C’est pourtant hélas, ce que nous avons fait. Les conséquences risquent d’être dramatiques.

    Dans les calculs concernant les rendements énergétiques des agro-carburants, l’on ne voit jamais apparaître le bilan concernant l’impact de la déforestation sur le bilan de la photosynthèse mondiale. Il me semble que la priorité des priorités devrait être de préserver voire augmenter les capacités de photosynthèse de la planète.


  • thomthom 31 juillet 2008 17:05

    mouai ! une belle foirade les biocarburants...
    on affame une partie de la planete
    on en appauvrit une autre moitié
    tout ca pour finalement polluer presque autant qu’aujourd’hui....voire peut etre plus dans certains cas.

    Bien vu !

    et maintenant, on nous fait miroiter des biocarburants de 2eme génération, soit-disant moins nocifs socialement parce qu’ils utiliseraient les "déchets" de la production agricile (tiges...) et pas nécessairement la partie "nouriciere" (graines...), qui pourrait continuer à etre utilisée pour l’alimentation.
    mais c’est oublier que dans un processus de production convenablement optimisé, aucun déchet n’est pardu : les déchets servent à faire d el’engrai dont l’énergie sert à la récolte suivante.... si ces déchets sont canibalisés par l’inductire des bio-carburants, et bien il faudra utiliser plus d’engrais chimiques, couteux, poluants et dont la production est consommatrice d’énergie.

    Seule solution : développer des bio-carburants qui, tout en nécessitant peu d’énergie pour le production, n’utilisent que des surfaces agricoles inutilisables pour de la production alimentaire. par exemple :

    - jatropha sur les sols trop pauvres

    - algues au fond de la mer (la France possede la 2eme zone d’explitation exclusive marine la plus étendue au monde, apres les USA.... peut etre serait-il temps de commencer à l’EXPLOITER pour de bon, plutot que de la piller betement comme on le fait aujourd’hui)... en plus, on est en train de laisser la mer se faire coloniser par des algues qui pullulent à cause des apport de notre pollution.... ca serait sympa d’etre capable de les exploiter comme bio-carburants... de maniere tres simplifiée, ca reviendrait à faire rouler nos voitures avec nos déchets.... voila un concept que il est motivant !


  • titi titi 3 août 2008 19:40

    @l’auteur,

    Vous dénoncez le bilan écologique des biocarburants mais vous le comparez à quoi ?
    Fabriquer des bio carburants consomme de l’énergie !! Quel scoop !
    Extraire du pétrole, le raffiner, le transporter jusqu’à nos réservoirs a aussi un cout écologique.
    Mais vous ne nous indiquez pas le bilan global "du puit à la roue" des autres carburants !!
    Vous comparez le bilan global au bilan de la combustion.
    Or ce bilan du "puit à la roue" il est largement en faveur des bio carburants (l’ADEME a réalisé plusieurs étudesen ce sens).
    Il est d’autant plus favorable que :

    - Les bio carburants ont un meilleur bilan CO2 mais aussi pour les autres polluants

    - Le pétrole cher rend rentable l’exploitation du pétrole difficile d’extraction (voir pétrole bitumeux du Canada) au bilan écologique catastrophique.

    Les bio carburants présentent un avantage de taille : ils ne nécessitent que des modifications mineures du parc existant et des installations de distribution existantes. ce n’est pas le cas de l’hydrogène ou d’autres sources d’énergie qui nécessitent le renouvellement du parc auto ou du moins des adaptations lourdes et du réseau de distribution. Or celà aussi a un impact écologique.

    Le vrai problème des bio carburants c’est la transformation des sols en particulier des forêts et des tourbières qui emprisonnent beaucoup plus de co2 que ne le font les cultures.
    Question : combien d’hectars en France servent à la production de l’alimentation des vaches, qui produisent le lait, qui finit dans le caniveau pour cause de respect des quotas laitiers ?

    Concernant la crise alimentaire, vous oubliez un peu facilement le role des politiques agricoles des pays du Nord dans ce désastre.
    En 2001, vous, moi, chacune des personnes visitant ce site a dépensé 281 dollars par ses impots pour organiser le dumping des prix agricoles. Dumping qui a entrainé la disparition des agricultures des pays pauvres.
    Les prix agricoles étaient donc artificiellement bas.
    Maintenant qu’ils retrouvent leur "vrai niveau" il faut se poser la question de la réaffectation des ces 281 dollars.
    Les bio carburants ne sont que le révélateur des erreurs passées. Ils ne sont pas la cause du désastre.

    Ceci dit il est bien évident que les bio carburant ne remplaceront pas le pétrole : les surfaces cultivées ne le permettront pas, mais ils sont un facteur politique dans le jeu mondial.
    Les bio carburants permettent la diversification des sources d’approvisionnement. celà veut dire moins de tension et moins de conflit.

    Petite considération personnelle : je préfère que les euros que je passe dans le réservoir de mon auto aille dans les poches d’un paysan plutot que dans celle d’Abdallah I ou de Kadhafi.


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