samedi 9 mars 2019 - par Clark Kent

Brexit : beaucoup de bruit pour rien

“Much Ado About Nothing” est une comédie de William Shakespeare publiée en 1600 qui joue sur le contraste entre deux couples d’amoureux : le couple romantique, Claudio et Héro, et leur contrepartie comique, Bénédict et Béatrice. Les tribulations des couples Merkel-Macron et May-Corbyn seraient-elles un remake de cette farce vieille de plus de 400 ans ?

Alors que Mme May n'a pas exclu un troisième "vote significatif " si les députés refusaient d’entériner l’accord qu’elle a signé, à trois semaines de la sortie prévue de l'UE, M. Corbyn a déclaré que le Premier Ministre devait admettre qu’une nouvelle défaite devant le parlement "représenterait un échec sans précédent dans l'histoire politique britannique".

M. Corbyn a de nouveau insisté sur le fait que les propositions moins strictes du Labour concernant le Brexit pourraient permettre de parvenir à un accord, tant à Westminster qu'à Bruxelles, à la suite de ses "discussions avec Michel Barnier " mais il a également insisté sur le fait que les travaillistes n'étaient pas « obsédés » par le Brexit, contrairement aux autres partis, soulignant que la pauvreté et le changement climatique étaient les questions qui importaient vraiment :

« On n'entend pas beaucoup parler des enfants qui arrivent affamés à l'école ou de la façon dont les enseignants d'une crèche ont dû prendre des dispositions pour que Tesco et Greggs donnent leurs invendus pour pouvoir nourrir les enfants. »

Et : « La destruction de notre climat est fondamentalement un problème de classe. Ce sont les communautés ouvrières qui souffrent de la pire pollution et de la pire qualité d’air. Ce sont les gens de la classe ouvrière qui perdent leur emploi lorsque les ressources s'épuisent. Et ce sont les gens de la classe ouvrière qui seront laissés pour compte alors que les riches échapperont à l'élévation du niveau de la mer."

Il a toutefois fait allusion au soutien à une initiative de référendum « pour éviter un désastre » : « Nous sommes en faveur d'un vote général. Nous allons proposer pour notre plan B. »

Il a ensuite promis aux députés de voter pour opposer son veto à un Brexit sans accord et, après cela, de voter pour le retarder en prolongeant le processus de l' article 50 au-delà du 29 mars.

Si le parlement rejette toutes les options la semaine prochaine, cela pourrait laisser une marge de manoeuvre au premier ministre pour valider l’accord passé, en particulier si l'alternative est un long délai imposé par Bruxelles qui reviendrait à maintenir les choses en place telles qu’elles étaient jusqu’à maintenant.

Pour reprendre le titre de l’article, il semblerait qu’il s’agisse plutôt d’un vaudeville dans lequel le spectateur a du mal à discerner lequel des protagonistes porte la plus belle paire de cornes.



28 réactions


  • jacques 9 mars 2019 11:47

    Très bien votre article,je me demande parfois si ce n’est pas un « feuilleton » organisé pour faire croire que....


    • Clark Kent Arthur S 9 mars 2019 12:44

      @jacques

      Merci.
      Souvent, se poser une question amène déjà une partie de la réponse.
      Dans une telle hypothèse, les cocus ne seraient pas sur la scène, mais dans la salle, et pour continuer à citer William : « 

      All the world’s a stage »

  • Francis, agnotologue JL 9 mars 2019 14:00

    ’’ il semblerait qu’il s’agisse plutôt d’un vaudeville dans lequel le spectateur a du mal à discerner lequel des protagonistes porte la plus belle paire de cornes.’’

     

     Je dirais plutôt : il semblerait qu’il s’agisse plutôt d’un vaudeville dans lequel le spectateur a du mal à discerner lequel des protagonistes veut lui faire porter la plus belle paire de cornes.


    • Clark Kent Arthur S 9 mars 2019 14:33

      @JL

      oui, c’est bien le sens de la réponse que j’ai faite à la réaction de Jacques, ci-dessus.


    • Francis, agnotologue JL 9 mars 2019 14:42

      @Arthur S
       
      en précisant que le spectateur est en l’occurrence un protagoniste à part entière, cela va de soi.


    • Rantanplan Pink Marilyn 9 mars 2019 15:32

      @JL

      Vous suggérez donc l’idée que nous ne vivons plus dans le cadre bien ordonnancé du théâtre élisabéthain nous offrant le spectacle de la comédie politique, mais dans un perpétuel »happening », genre qui se distingue de la performance par le fait qu’il exige la participation active du public qui devient un intervenant ?


    • Francis, agnotologue JL 9 mars 2019 18:50

      @Pink Marilyn
       
       Pas faux, à cela près que nous n’avons à mon avis jamais été dans le théâtre dont vous parlez lequel n’a rien à voir avec la société du spectacle. La nouveauté par rapport à ce qu’en disait Debord c’est l’internet.
       
       Ceci est une révolution !


    • Paul Leleu 9 mars 2019 21:56

      @ Pink Marylin

      irirez vous jusqu’à suggérer que les gilets-jaunes pourraient se retrouver parti-prenante (qu’ils le veuillent ou non) de ce « happening perpétuel » que vous décrivez ? 

      @ JL

      internet est il une révolution ou une confirmation de la « société du spectacle » ???... Le ¼ d’heure de célébrité y atteint des sommets... et les événements des dernières semaines (quoi qu’on en pense par ailleurs) en offrent un saisissant exemple.

      internet n’est pas qu’une virtualité participative... c’est aussi la transfmoration en processus cybernétique de toute la vie humaine dans ses moindres aspects... ce n’est pas un détail... en outre, internet est un outil comlètement centralisé, opaque et féodalo-capitaliste. Câbles trans-océaniques, serveurs, data-centers, noeuds, etc. mais aussi énergie électrique pour alimenter le réseau, et techniques et minerais rares pour construires les outils... Internet est devenu un Capitalisme dans le Capitalisme... Savez-vous que 7 personnes sur Terre détiennent les « clefs d’internet » au nom de l’ICANN ? Allez vous renseigner. C’est présenté de manière anecdotique, mais ça montre bien la structure hyper-centralisée d’internet.


    • Francis, agnotologue JL 10 mars 2019 07:46

      @Paul Leleu
       
       pensez en ce que vous voulez et continuez d’ignorer ce que j’en pense, il n’en restera pas moins vrai que l’internet est une révolution.
       
       


    • Paul Leleu 10 mars 2019 11:33

      @JL

      je ne doute pas qu’internet est une révolution...

      mais je me demande de quelle nature exactement... voilà tout.


  • velosolex velosolex 9 mars 2019 14:38

    Ceux qui croient comprendre le Brexit, est simplement la preuve qu’on leur a mal expliqué !


    • Armand Griffard de la Sourdière Armand Griffard de la Sourdière 11 mars 2019 19:07

      @velosolex

       ha ha !  smiley ce que vous dites ressemble à la citation de Henry Laurens à propos du Liban ( si vous avez compris qqchose au Liban : c’est qu’on vous l’a mal expliqué )
      Mais çà le fait aussi avec le Brexit .....of course  !


  • Mohammed MADJOUR (Dit Arezki MADJOUR) Mohammed MADJOUR 9 mars 2019 16:11

    C’est l’UE qui manipule tout le monde et veut faire payer au Royaume Uni son initiative de l’émancipation ! 

    Bruxelles TERRORISE la première ministre britannique en même temps qu’il veut faire décider les Anglais pour un deuxième vote dans l’espoir de les ramener au bercail de l’hyper-national-socialisme façon de réussir une pierre deux coups : Punir le Royaume Uni durablement et dissuader les autres pays de le suivre... 

    Le peuple français mais aussi tous les peuples d’Europe doivent réagir pour soutenir la sortie de l’Angleterre du gouffre de Bruxelles ...


    • Clark Kent Arthur S 9 mars 2019 16:45

      @Mohammed MADJOUR
      c
      vous aurez sans doute remarqué du’en GB, seul l’Ukip (qui était à l’origine du mouvement) reste partisan du Brexit.
      La frange des conservateurs qui, derrière Boris Johnson, avait pris position pour le Brexit pour piquer des voix à l’extrème droite est favorable à un nouveau référendum
      les travaillistes qui étaient contre le brexit et demandaient un autre référendum n’en demandent plus, préférant le gloubiglouba actuel et en essayant de rafistoler ses propres structures
      la question de la sortie de l’UE dans les pays membres, dont lea France et l’Italie n’est pas utilisée par les politiques pour elle-même, mais en fonction des scores électoraux qu’ils escomptent en prenant telle ou telle positon qui serait pour eux celles de l’électorat qui leur manque, celui qui leur est acquis étant prêt à voter pour eux quelles que soient leurs déclarations qu’ils savent n’être qu’électoralistes.

      et vous, vous vous présentez quelque part ? sinon, quel candidat soutenez-vous ?

      à part Asselineau, les positions des autres par rapport à l’UE ne sont ps très claires, à part les PS et LREM qui sont franchement pour


    • Zolko Zolko 9 mars 2019 17:10

      @Mohammed MADJOUR : « C’est l’UE qui manipule tout le monde »
       
      êtes-vous certain de vos sources : ce ne sont pas plutôt les Francs-Maçons ? ou le lobby Juif ? Ou la CIA ? ou Poutine ?


    • Mohammed MADJOUR (Dit Arezki MADJOUR) Mohammed MADJOUR 9 mars 2019 18:48

      @Arthur S

      Moi ? Je propose aux Français et aux peuples d’Europe de ne pas se rendre aux urnes de la trahison !


    • Paul Leleu 9 mars 2019 22:01

      @Mohammed MADJOUR

      Salvini, Orban, Le Pen... ne proposent pas de sortir de l’Euro, de l’UE ni de l’OTAN...

      ils ont rejoint la coalition dirigée par l’agent américain Steeve Bannon, financé par la banque Morgan-Stanley et le Hedge Fund Robert Mercer.

      Leur but est de mettre en place la « Face B » du système, un « capitalisme populiste »... un peu comme ce que fait Trump... qui met en place des populistes comme Bolsonaro au Brésil ou Guaido au Venezuela...

      Dans cette stratégie la manipulation de masse sur internet (média idéalement populiste mais techniquement hyper centralisé) est partie prenante, comme l’a montré l’affaire Cambridge analytica...


    • Clark Kent Arthur S 10 mars 2019 07:50

      @Paul Leleu

      merci pour cet éclairage utile


    • Clark Kent Arthur S 10 mars 2019 07:52

      @Paul Leleu

      Lien pour illustrer vos propos


    • Rantanplan Pink Marilyn 10 mars 2019 08:08

      @Paul Leleu

      Il faut faire attention au mot « populisme » dont le sens varie selon celui qui l’utilise, mais aussi selon celui qui l’entend, ce qui additionne deux confusions. La presse l’utilise souvent comme synonyme de démagogie, d’électoralisme et d’opportunisme, mais vous semblez en faire une sorte de « fascisme doux » à faux nez.

      Il est vrai que, souvent, le terme « populisme » est utilisé pour dénoncer les démagogues qui mobilisent les plus fragiles en flattant des « bas instincts » bien connus comme le nationalisme, la xénophobie, ou le racisme, ce qui déclenche les vieux réflexes sécuritaires.

      Seulement voilà, si on est toujours le « populiste » de quelqu’un, personne ne se déclare « populiste ». En fait, ce terme est utilisé dans un sens péjoratif par ses opposants et en particulier les classes dirigeantes ou les politiciens au pouvoir, pour amalgamer et critiquer tous les « archaïsmes » et freins au développement de leur politique qu’ils pensent détecter parmi le peuple. Cet usage n’est pas le vôtre, mais comment l’interlocuteur peut-il le deviner ?


    • Francis, agnotologue JL 10 mars 2019 08:32

      @Paul Leleu
      et les autres,
       
      les Américains s’en foutent de l’UE : ce qu’ils veulent c’est que ça ne marche pas.
       
      Un coup ils disent vouloir construire l’UE, et aussitôt tout ce qui grouille grenouille et scribouille aux pouvoirx s’écrie europ, europ, europ ! en sautant comme des cabris !
       
      Le coup d’après ils poussent les peuples à rejeter cette UE de merdre, et aussitôt tout ce qui grouille grenouille et scribouille dans les oppositions s’écrie grexit, brexit, frexit ! en sautant comme des cabris !


    • Clark Kent Arthur S 10 mars 2019 09:21

      @JL

      « Les Américains » ne sont pas un « noumène »philosophique cohérent, pas plus qu’une classe sociale, ni même un super lobby conscient de ses intérêts et capable construire une stratégie à long terme. 
      Si la domination de l’« empire américain » dans la géopolitique depuis la fin de la seconde guerre mondiale est un fait historique, cette domination ne s’est pas faite d’une manière linéaire, mais a connu de soubresauts. D’autre part, elle est le fait de la classe sociale dominante américaine qui oscille entre tentation fascisante (Ford, famille Bush), mauvaise conscience des chrétiens de gauche (Clinton, Obama, Kennedy) et mafias (état profond, NRA, Trump, CIA).
      Quel que soit le claan au pouvoir, le territoire géographique de l’Europe est pour les dirigeants américain assimilable à ce qu’était l’AOF et l’AEF pour la FRance entre 1850 et 1950 : un élément important de l’empire colonial à dominante commerciale géré par un outil militaire efficace : l’OTAN.
      « Les Américains » ne s’en fichent pas de l’Europe, mais leurs dirigeants n’ont pas les mêmes points de vues sur la pertinence des structures à mettre en place pour préserver les intérêts de la classe patricienne : une UE à laquelle on délgue une représentation en contre-partie d’une contribution aux activités commerciales de la maison mère, ou des petits toyaumes bananiers dont on peut plus facilement corrompre les souverains.


    • Francis, agnotologue JL 10 mars 2019 09:47

      @Arthur S
       
      j’ai dit les Américains comme d’autres disent « Washington ».
       
      Je note que dans la suite de votre com, vous ne dites pas autre chose que moi mais avec vos mots et davantage de précisions, je vous l’accorde.


    • Clark Kent Arthur S 10 mars 2019 10:38

      @JL

      Les précisions ne sont jamais superflues.

      Au congrès de Vienne, en1814, Metternich avait demandé de reporter l’ouverture des travaux d’un mois. Talleyrand a alors demandé qu’il soit précisé que l’ouverture du congrès "sera(it) faite conformément aux principes du droit public".

      Vexé, le prince Von Hardenberg, a objecté : "Non, monsieur, le droit public, c’est inutile. Pourquoi dire que nous opérons selon le droit public ? Cela va sans dire."

      "Si cela va sans dire, cela ira encore mieux en le disant", a répliqué Talleyrand.


    • Francis, agnotologue JL 10 mars 2019 11:02

      @Arthur S
       dont acte.


    • Paul Leleu 10 mars 2019 11:49

      @Pink Marilyn @ JL et les autres

      je n’utilise pas le mot populiste ici de manière positive ou négative... c’est juste un moyen d’ouvrir la conversation. Et de faire part de certains de mes questionnements, par rapport à une nouvelle polarisation du champ politique.

      Le Capitalisme use de longue date du « populisme »... il s’en sert notamment pour détruire les « vieux archaïsmes »... la France réduite à la torture en Algérie, l’Eglise réduite à l’Inquisition et à la pédophilie, l’Art classique réduit à des stucs ringards et risibles, la fidélité en amour réduit à une utopie asexuée, la sobriété réduite à la tristesse, la prudence réduite au refus de jouir sans entrave, le rafinement réduit à l’émoussement des sens... que sais-je encore ?

      des empires comme celui de Gérard Mulliez ou celui de Mark Zuckerberg, fonctionnent objectivement sur une dynamique populiste... BFM et Hanouna aussi... Marlboro aussi... Le dire ce n’est pas condamner par principe toute dynamique populiste... c’est juste m’interroger objectivement sur l’outil populiste et ses usages


    • kirios 11 mars 2019 09:52

      @Arthur S
      sauf que le vote , ce ne sont pas les partis mais le peuple qui l’a exprimé !
      la communauté européenne exerce une insultante pression sur la Grande Bretagne , sur l’ Italie , car elle a peur , et pour cela elle peut compter sur les partis traditionnels ; espérons que les peuples garderont leur lucidité et que cette pieuvre puante se dissoudra dans le néant .


  • leypanou 10 mars 2019 17:47

    les travaillistes n’étaient pas « obsédés » par le Brexit, contrairement aux autres partis, soulignant que la pauvreté et le changement climatique étaient les questions qui importaient vraiment 

     : cela prouve que Labour n’est qu’un parti de centre gauche, un peu comme LFI en France ou même le PS-EELV.

    Je ne vois pas vraiment comment on peut concilier la lutte contre la pauvreté et la concurrence de tout le monde contre le monde (dans chaque pays et entre pays), mais cela est une spécialité que les pseudo-progressistes savent bien maîtriser.

    Quant au prétendu changement climatique, c’est une tout autre affaire qui mériterait un autre débat et dont la prétendue lutte contre a affecté tous les cerveaux.


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