mercredi 22 juillet 2015 - par Laurent Herblay

Ce que la Grèce dit du démontage de l’euro

La séquence qui s’est achevée est paradoxale. D’une part, le mythe de l’irrévocabilité de la monnaie unique a été détruit par ceux qui sont sensés la défendre. Mais de l’autre, la Grèce, placée devant le choix de rester dans l’euro ou de mettre fin à sa tutelle austéritaire, a choisi le premier

 
Une possibilité largement sous-estimée
 
En fait, les raisons du choix de la Grèce sont complexes. Comme je l’ai détaillé il y a une semaine, on peut y voir des raisons psychologiques profondes, qui tiennent au rapport du pays à l’Europe, et à la proximité de la Turquie. Et il en fallait des raisons puissantes pour qu’une telle proportion de députés Syriza choisisse de soutenir un texte pourtant totalement contraire aux promesses de leur récente campagne électorale et qui était encore pire que le texte que les Grecs avaient rejeté il y a quelques jours. Cela doit nous amener à nous interroger sur les raisons qui font que des sociétés persistent autant dans l’erreur. Et il sera trop facile de seulement incriminer les médias (après tout, les citoyens savent voter contre eux) ou les mensonges du camp que nous dénonçons. Nous avons une part de responsabilité.
 
Car dans l’absolu, nous avons tous les ingrédients pour démonter leurs arguments. Le projet européen, tel qu’il est conçu aujourd’hui, est complètement en échec. Il ne produit ni puissance, ni croissance. Il affaiblit les démocraties, quand il ne les nie pas. Et la monnaie unique est critiquée par la majorité des économistes : pas moins de 9 « prix Nobel d’économie », de gauche comme de droite, ont dénoncé cette construction et bon nombre affirment que la solution serait la sortie de la Grèce, notamment Krugman et Stiglitz. Et toutes les études sur les fins d’union monétaire, fréquentes au 20ème siècle, démontrent que le démontage d’une monnaie unique est quelque chose de parfaitement connu, dont les troubles sont courts, et qui permettent aux pays ainsi libérés de retrouver rapidement la croissance.
 
Une idée qui en sort temporairement affaiblie
 
Et même si je persiste à penser que les Grecs font une erreur cruelle depuis plus de cinq ans, à refuser de sortir de cette union monétaire monstrueuse, je crains que, dans un premier temps, cette séquence de six mois ne contribue à affaiblir la position de ceux qui plaident pour une telle issue. Cela vaut pour la gauche alternative, de Podemos au Front de Gauche, qui se retrouve à soutenir un parti qui a largement renoncé à son programme pour rester dans l’euro. Il lui sera difficile d’être crédible quand elle promettra de mener des politiques différentes, étant donné que les peuples européens savent désormais qu’elle est prête à jeter aux poubelles ses promesses sociales au nom de ses rêves européens et internationalistes. La gauche dite radicale s’est révélée n’être qu’une variante de la social-démocratie.
 
Mais on peut aussi penser que les autres partis favorables à la sortie de l’euro vont en pâtir, notamment le FN, qui gagne une sacrée épine dans le pied pour 2017, qui pourrait profondément en affecter le résultat. Tous les opposants à l’euro vont affronter l’argument que quitter l’euro serait pire qu’y rester, affirmation pourtant effarante au vu des 5 dernières années en Grèce et des études sur les fins d’unions monétaires. Mais le fait que les Grecs et Syriza aient préféré rester dans l’euro sera un argument de plus pour contrer ceux qui défendent le démontage de la monnaie unique en soutenant que si les Grecs sont prêts à tous ces sacrifices pour y rester, cela doit en valoir le coût. La crise Grecque est malheureusement, à date, un argument de plus pour ceux qui disent qu’il n’y a pas d’alternative.
 

Bien sûr, plus tard, avec une Grèce qui continuera à aller mal et avec une dette encore plus insupportable, l’option d’une sortie de l’euro pourrait devenir la voie de la raison. Mais dans les prochains mois, voire quelques années, l’idée risque d’affronter des vents contraires encore plus forts.



32 réactions


  • Aristide Aristide 22 juillet 2015 11:28
    C’est bizarre cette tendance à vouloir que les faits suivent ses fantasmatiques prévisions. Pierre DAC :
    Les prévisions sont difficiles, surtout lorsqu’elles concernent l’avenir.

    • Pierre JC Allard Pierre JC Allard 24 juillet 2015 05:43

      @Aristide

      C’est que la présentation de la problématique de la dette grecque est en elle même une arnaque !

      Depuis qu’il y a des dettes publiques, l’objectif n’a jamais été de les rembourser... sinon par un nouvel emprunt. Une dette confortable est un besoin ESSENTIEL pour une économie capitaliste, procurant une rentabilité assurée pour l’épargne.


      Parler ici de "remboursement’, c’est donc s’assurer qu’on ne réglera PAS la crise. La SEULE façon de regler la crise grecque serait de consolider la dette, de lui imputer un taux d’intéret réaliste dont on exigera ensuite la paiement sans concessions... mais de laisser à la Grece le choix de rembourser le capital à son entière discrétion. C’EST CE QUE FONT TOUS LES AUTRES PAYS DEPUIS TOUJOURS, ne payant une vieille dette qu’en en contractant une nouvelle.

       

      C’est l’inflation qui réduit la dette publique en valeur réelle... si jamais son veut la réduire. Rien d’autre. Faire l’impasse sur cette solution pour la Grèce - comme si elle n’était pas la plus usitée ! - est d’une totale mauvaise foi .... et montre que cette crise a été fabriquée et est entretenue de toutes pièces


      Pierre JC Allard


    • Traroth Traroth 24 juillet 2015 14:24

      @Aristide : Franchement, pour prédire que les choses vont empirer terriblement pour la Grèce tant que cet « accord » sera appliqué, pas la peine d’avoir une boule de cristal. C’est simplement l’évidence des mêmes causes produisant les mêmes conséquences et des mêmes plans d’austérité engendrant la même misère et le même malheur chez les Grecs !


  • Ruut Ruut 22 juillet 2015 14:45

    Tant que le pays est dépendant de ses importations pour ses ressources vitales, sortir de l’Euro est presque un suicide.


    • Captain Marlo Fifi Brind_acier 22 juillet 2015 20:09

      @Ruut
      Plus un pays garde une monnaie inadaptée à son économie, (en l’occurrence, l’euro-mark, bien trop élevé), moins il pourra exporter, et sera obligé d’importer de toute façon, ce qu’il ne produit pas. .
      « La tragédie de l’euro ».


    • zozoter 22 juillet 2015 20:39

      @Ruut
       Il est évident que c’est l’inverse. Continuer avec un € fort, c’est çà le suicide.

      Les Grecs doivent acheter de l’huile d’olive turques, elle est quand mêmes raide celle là.
      Remarquez que la France ne peux plus avoir une agriculture rentable.
      Nous étions une puissance agricole et ce depuis 1500 ans (une paille) et à ce jour nous importons du lait/porc/ allemand parce que nous avons une monnaie adaptée à l’Allemagne pas à la France.
      Ou bien, nos agriculteurs/éleveurs sont des banques et des feignasses qui pourraient se remuer un peu plus. Passez devant et allez dire çà à Saint Pol de Léon sur les barrages organisés par la FNSEA (aux ordres de Bruxelles)

      Vive la France (et y a du boulot)

    • escoe 22 juillet 2015 23:08

      @zozoter
      L’Algérie achète bien du concentré de tomates puisqu’elle n’a plus d’usine pour en faire. Elle est raide aussi celle là.


    • zozoter 23 juillet 2015 07:26

      @escoe

      Certain, et y paraît même qu’au Zimbabwe le lait concentré vient d’Afrique du Sud.

      Il me semble que le sujet était la Grèce !

    • bakerstreet bakerstreet 23 juillet 2015 13:50

      @zozoter
       Allez donc expliquer ça aux grecs....Sand doute qu’ils sont énervant ces types !


       Mettez leur un distributeur de billets vide sur le bord de la route, et voilà nos révolutionnaires qui pilent devant, ramenés au principe d’amendes et de réalité, comme si cette foutue boite était un radar.
      Forcément victimes ?...Voir...De gabegie en détournement et exonérations, les grecs portent leur propre responsabilité dans ce qu’il leur arrive. Même les plus honnêtes d’entre eux le reconnaissent. La Grèce s’est transformée à la fois en pays colonisé, et en pays colonial, important tout, même les tomates et les poivrons de chine, et comptant sur la BCE pour toujours s’en sortir, d’ardoise en ardoise impayée...On croit rêver. 
      Il ne suffit pas de voter pour la fin de l’austérité, pour la richesse, pour que coule naturellement des robinets. Sinon, c’est simple, tous les pays feraient de même, voteraient « pour la fin de l’austérité »....C’est une blague cette histoire. Relire Pinocchio en servirait certains....C’est vrai la Grèce n’aurait jamais du entrer dans l’UE ; son système économique n’était tout simplement pas compatible. Par contre, fidèle à elle même, elle a su déplacer ses pions d’une façon matoise pour tricher, et entrer aux forceps. 
      Maintenant que le réel est revenu comme le principe de gravitation, on observe qu’il n’existe que de mauvaises solutions. Les grecs en dehors de leurs cris de leur hystérie improductive ont avalé ce « non » ridicule, dernière pantalonnade dérisoire, improductive, qui a bien failli les éjecter du système. Ce qu’ils ne voulaient manifestement pas. Ce n’est plus de l’économie, c’est de la psychiatrie. 

    • bakerstreet bakerstreet 23 juillet 2015 14:00

      @zozoter
      Vrai...Remarquons que nos médias reprennent ce cliché totalement faux : Les agriculteurs nourrissent la France. 

      En fait nous sommes totalement dépendant des marchés extérieurs. 
      Pas plus de trois ou quatre jours d’avance en cas de pénurie. l’immense majorité de la production agricole est orientée vers l’exportation, avec d’immenses territoires réservés à la production ( maïs par exemple) réservée à la nourriture animale, en se foutant totalement des conséquences écologiques ( nitrates, engrais, appauvrissement en eau)

    • joletaxi 23 juillet 2015 14:23

      @bakerstreet

      faut peut-être arrêter un jour de nous servir à toutes occasions les mêmes daubes

      nitrates:faites une petite recherche, vous trouverez facilement que les normes imposées n’ont aucune justification sanitaire, juste, un hochet pour la secte.
      au passage cela nous coûte un pont, mais si c’est au service de Gaia
      engrais:en quoi les apports en engrais sont un problème ? il fut un temps où on allait même les chercher à la voile, avec tous les risques inhérents, au Chili, pourtant c’était bien avant Monsanto
      appauvrissement en eau:n’importe quoi, il n’y a pas de problème de ressource en eau, mais juste une question de gestion, choisir entre des renoncules, ou laisser crever ses cultures.
      Le plus comique dans votre commentaire, c’est que vous ne citez pas les pesticides,ni les OGM
      tiens à ce propos,Monsanto a de la concurrence, faudra que la secte mette sa liste de « criminels » à jour

      http://www.levif.be/actualite/sciences/des-chercheurs-ont-mis-au-point-un-riz-ogm-tres-nourrissant-et-peu-polluant/article-normal-406829.html

      mais à quoi bon, on est sur avox, et vous nous réciterez votre litanie à la prochaine occasion

      et on paie pour voire des derviches tourneurs, alors qu’ils officient en permanence ici


    • chantecler chantecler 23 juillet 2015 16:40

      @bakerstreet

      « La Grèce »ça ne veut rien dire :

      80 % des Grecs y perdent probablement , mais les plus nantis 10 ou 20 %, les plus riches , les moins ou les non imposés , qui font l’opinion et qui souhaitent le retour des politiciens corrompus , qui écrasent la population mais dont ils tirent parti , préfèrent l’euro et le retour au statu quo ante ...

      Mais partout en Europe et dans le monde c’est pareil :

      Il n’y a pas une France mais des Français .

      Des qui s’en tirent très bien , à travers des boulots très rémunérés justifiés ou non, ou à travers toutes les combines spéculatives , ou de rentes , et d’autres qui s’appauvrissent , ne trouvent plus de travail , mais qui même majoritaires , n’ont que peu de poids (dans les médias ) et si facile à manipuler en leur faisant croire au père noël en les culpabilisant :« travaillez 60 heures pas semaines pour 1200 € brut et tout va s’arranger ! ».

      Mon oeil !

      Si l’Allemagne par exemple nous impose ses lois c’est en grande partie pour payer les rentes de ses retraités , surtout par les fonds de pension , qui dépendent des investissements juteux , mais pas que .


    • Pierre JC Allard Pierre JC Allard 24 juillet 2015 05:55

      @Ruut

      C’est un suicide pour tout petit pays de ne sas faire ce que lui impose un consensus des grands.. La chance de survie des petits pays repose sur les dissensions et rivaiités entre les grandes puissances. Si les BRICS jugent que le moment est venu....d’affronter la domination des financiers anglo-saxons la crise grecque se terminera instantanément. .... mais c’est a Moscou et Beijing que cette décision peut se prendre, pas à Athenes...

      PJCA

  • mario mario 22 juillet 2015 14:56

    @Mais on peut aussi penser que les autres partis favorables à la sortie de l’euro vont en pâtir, notamment le FN «  »@

    Excellente remarque, c’est sans doute pour cela que la gauche et particulièrement le FG fonçe tete baissé pour l’euro et sa «  »zone«  » 
    Un beau pronostic !
    A moins que vous ne voulait tuer dame le pen......de rire !


  • R_o_n_r_o_n 22 juillet 2015 15:26

    Bonjour à tous

    Perso je trouve ça intéressant. 
    Si j’ai bien compris l’auteur, politiquement, en Europe, les gens feront moins confiance aux partis classiques, droite, gauche et centre, et moins confiance aux extrêmes droite et gauche, à cause de l’Europe et de l’euro. 
    Tout ça se tient très bien, bien sûr, mais ils vont voter pour qui les gens ? Ils n’iront plus voter ? 
    Sans préjuger de la vérité, j’ai tendance à être d’accord avec Mario, en effet les scores des partis d’extrême-droite vont grimper dans les pays du sud, comme c’est le cas actuellement dans les pays du nord de l’Europe. Avec l’idée du gouvernement européen qui fait son chemin, on va se retrouver avec une Europe gouvernée par une élite déconnectée de la réalité (ce qu’elle est déjà), en train d’essayer de créer une union avec un gouvernement central pour des pays dont les administrateurs et les électeurs locaux seront d’extrême-droite, qui rejetteront l’Europe et ce qu’elle représente... Un beau bordel... 
    Ils voulaient avoir un gouvernement européen, pour mieux asseoir la dictature capitaliste et racketter les peuples, ils vont se retrouver avec un continent entier ingouvernable et ingérable, sauf par une dictature plus terrible encore... Tout ça ne présage rien de bon pour l’avenir. 



    • malitourne malitourne 22 juillet 2015 15:29

      @R_o_n_r_o_n
      Raison de plus pour que la France sorte de cette pétaudière. Article 50 vite !


    • mario mario 22 juillet 2015 16:11

      @R_o_n_r_o_n
      Je ne suis pas un oiseau noir, ni un chat de mauvaise augure encore moins monsieur lune ....
      mais je pense simplement que cela finira mal ,tres mal .


    • HELIOS HELIOS 23 juillet 2015 16:18

      @mario
      ... cela dépends de ce qu’on appelle « finir mal » !

      est-ce qu’on peut considérer que la guerre de sécession américaine est une mauvaise fin... par exemple ?

  • alinea alinea 22 juillet 2015 17:10

    Démonter une monnaie unique est quelque chose de connu ? Mais quelle monnaie un unique ?
    Comment peut-on parfaitement connaître quelque chose qui n’a jamais existé ?
    Oui, certains ont faits des plans sur la comète, chiffres en main, mais ce ne sont que perspectives !!


    • joletaxi 22 juillet 2015 18:00

      @alinea

      ouf, on comprend déjà mieux, l’experte en tout y compris en finance a donné son avis, on se garderait bien d’ajouter quoi que ce soit.


    • Captain Marlo Fifi Brind_acier 22 juillet 2015 20:06

      @alinea
      Jacques Sapir et Philippe Murer ont longuement planché sur la question.
      « Les scénarri de sortie de l’ euro ». on peut télécharger le document.


      Murer explique en 15 minutes les avantages pour la France.
      « Il y a une vie après l’euro ».

    • zozoter 22 juillet 2015 20:51

      @alinea

      En 1919, un Empire (Autriche-Hongrie) est mort. il avait une monnaie impériale.
      Les Tchécoslovaques ont inventé une monnaie bien adaptée à leurs besoins. Ce fût un succès

      Pour faire court, sortir de l’€ est facile (si tu cours plus vite (pour toi et ta famille) que les bastos des assassins européistes)
      C’est construire une monnaie nationale nouvelle bien ficelée qui pose problèmes. Varoufakis saurait faire cela, pas moi, c’est pour cela que je laisse s’exprimer des spécialistes, Sapir, Asselineau, Lordon etc. Et c’est Varoufakis qui c’est fait virer, pas la crapule trotskyste Tsipras. Tu m’étonnes.

  • BA 22 juillet 2015 17:36

    Dans l’Union Européenne, il n’y a pas que la Grèce.

    Neuf pays de l’Union Européenne sont en faillite.

    La Grèce, l’Italie, le Portugal, la Belgique, l’Irlande, Chypre, l’Espagne, la France, le Royaume-Uni sont en faillite.

    Chiffres Eurostat publiés le mercredi 22 juillet 2015 :

    1- Médaille d’or  : Grèce. Dette publique de 301,527 milliards d’euros, soit 168,8 % du PIB.

    2- Médaille d’argent : Italie. Dette publique de 2184,492 milliards d’euros, soit 135,1 % du PIB.

    3- Médaille de bronze : Portugal. Dette publique de 225,924 milliards d’euros, soit 129,6 % du PIB.

    4- Belgique : dette publique de 447,843 milliards d’euros, soit 111 % du PIB.

    5- Irlande : dette publique de 203,624 milliards d’euros, soit 109,7 % du PIB.

    6- Chypre : dette publique de 18,700 milliards d’euros, soit 106,8 % du PIB.

    7- Espagne : dette publique de 1046,192 milliards d’euros, soit 98 % du PIB.

    8- France : dette publique de 2089,361 milliards d’euros, soit 97,5 % du PIB.

    9- Royaume-Uni : dette publique de 1600,020 milliards de livres sterling, soit 88,5 % du PIB.

    http://ec.europa.eu/eurostat/documents/2995521/6923267/2-22072015-AP-FR.pdf/864a048a-c5dd-4eed-a381-c79c8b24ef0b


    • joletaxi 22 juillet 2015 18:10

      @BA

      déficit des USA oups, je ne m’y retrouve pas avec les trillions, zillions etc de $

      l’important, ce n’est pas d’être endetté, c’est de pouvoir boucler ses fins de mois, y compris en trouvant des prêteurs.
      Et comme on emprunte, pour certains à 0 %, et même à taux négatifs pour les premiers de la classe, où est le problème.

      Par contre, la crise grecque aura été salutaire dans le sens où, on aura vu la représentation démocratique des pays européens (oui je sais, c’est une dictature blablabla) prendre à bras le corps un problème important, et prendre des décisions de commun accord.
      Ceci est un cinglant échec pour tous les marchands de snakeoil qui à longueur d’articles et de commentaires rêvent de démanteler l’Europe
      Et des gens comme <Podemos ont tout de suite dit qu’il n’y avait aucune ressemblance entre les problèmes grecs et espagnols.
      Les paris d’extrême droite en sont pour leurs frais, et ceux de la gauche... bah tout le monde s’en foutait depuis belle lurette


  • zygzornifle zygzornifle 22 juillet 2015 19:10

    Bruxelles se fiche et contrefiche de ce que dit la Grèce pourvu qu’elle reste dans l’EU et qu’elle crève avec ..... L’EU c’est comme la mafia on ne peut la quitter sans se faire flinguer .....


  • Olivier Perriet Olivier Perriet 23 juillet 2015 10:01

    Bonjour,
    l’article passe (à mon avis) sous silence que :

    la Grèce a profité d’une monnaie unique forte sans rapport avec son économie (d’où l’endettement pervers). Elle a aussi bénéficié des subventions de l’UE. L’attachement viscéral de Tsipras et des Grecs à l’euro n’est pas que idéologique, contrairement à la gauche française. C’est le point aveugle de la France j’ai l’impression : on ne veut pas voir que chaque pays joue perso dans l’affaire.

    la Grèce avait le pistolet sur la tempe après le refus de Tsipras de sortir de l’euro. La BCE a refusé d’avancer de l’argent aux banques grecques, entraînant leur fermeture ; le pays est resté interdit bancaire pendant 2 semaines. Voilà ce qui arrive quand on a délégué sa souveraineté monétaire...

    la Grèce n’était pas, dans ces conditions, vraiment bien placée pour imposer ses vues à tous les autres (euphémisme...)

    Je ne crois pas dans ces conditions que l’affaire grecque soit une épine dans le pied des partis « souverainistes », plutôt que ça renforce considérablement leurs analyses...


    • Traroth Traroth 24 juillet 2015 14:34

      @Olivier Perriet : La Grèce a « profité » d’une monnaie forte ? L’euro fort a plombé l’économie grecque en sapant ses exportations, oui !


      Depuis 2004, l’essentiel des aides va aux pays de l’est, je vous signale.

    • Olivier Perriet Olivier Perriet 24 juillet 2015 15:43

      C’est du moins ce que j’ai lu un peu partout :
      une monnaie forte sans plus de rapport avec l’économie réelle grecque lui a permis de vivre dans l’abondance, mais à crédit.
      D’où, j’imagine, cette attirance pour l’euro, ce que ne veulent pas voir la plupart de nos commentateurs, même, et c’est surprenant, les plus « souverainistes » :

      dans l’affaire, chaque pays joue personnel, les gvnt grecs comme les gouvernements allemands.


  • parousnik 23 juillet 2015 12:26

    Dans ses célèbres conférences, l’historien Henry Guillemin, nous rappelait une phrase, datant de 1897, de Maurice Barrès, maître à penser de la droite nationaliste française, : « la première condition de la paix sociale est que les pauvres aient le sentiment de leur impuissance. » Ce paradigme éclaire le résultat des négociations menées par Alexis Tsipras. Les citoyens furent appelés par leur premier ministre, à se prononcer, à travers un référendum, contre les propositions de l’UE qui furent rejetées par 61% des votants. A la suite, Tsipras accepte un accord encore plus défavorable pour les populations grecques. De plus, tout en se soumettant au dictat de l’UE, il déclare : « je ne crois pas à cet accord. C’est un mauvais accord pour la Grèce et pour l’Europe, mais j’ai dû le signer pour éviter une catastrophe »

    Double pensée

    Tsipras développe ici une procédure de double pensée qui consiste à annuler un énoncé en même temps qu’il est prononcé, tout en maintenant ce qui a été préalablement donné à entendre. Ainsi, le citoyen doit avoir la capacité d’accepter des éléments qui s’opposent, sans relever la contradiction existante. Il possède alors deux visions incompatibles. .Énoncer en même temps une chose et son contraire, produit une désintégration de la conscience. Il n’est plus possible de percevoir et d’analyser la réalité. Dans l’incapacité de mettre l’émotion à distance, on ne peut plus qu’éprouver le réel, lui être soumis et non le penser et de l’organiser. .

    Le déni de l’opposition entre les deux propositions empêche toute représentation. Cette procédure est nommée clivage par la psychanalyse. Elle interdit tout jugement et entraîne une indifférenciation des éléments de la réalité. La dé-construction de la faculté de symboliser empêche la formation d’une mémoire et s’oppose ainsi à la constitution d’un nous. Nous transformant en monades, le discours a alors un effet de pétrification face à la toute puissance des institutions européennes et enferme dans la psychose : aucune autre politique n’est possible.

    George Orwell a déjà décrit dans 1984, le dispositif de « double pensée » qui consiste à «  retenir simultanément deux opinions qui s’annulent, alors qu’on les sait contradictoires et croire à toutes deux. » Il avait déjà identifié ces « principes de l’asservissement  » qui destituent l’individu de toute capacité de résistance, qui ont pour fonction d’effacer chez le sujet « tout souvenir de l’existence d’un désir possible de résistance »

    Primauté de l’image.

    La capitulation ne remet pas en cause l’image du premier ministre : « on ne peut pas me reprocher de ne m’être pas battu. Je me suis battu jusqu’où personne ne s’est battu.. » Cependant, l’on sort d’une politique d’affrontement pour occuper une place de victime. L’iconographie produite par l’idéologie victimaire. possède deux faces, à la fois l’image du héros, celui qui s’est battu plus que tout autre, et celle de la victime. Ainsi, la mère d’Alexis, Aristi Tsipras, 73 ans, raconte à l’hebdomadaire people Parapolitika  : ”dernièrement Alexis ne mange plus, ne dort plus, mais il n’a pas le choix, il a une dette envers le peuple qui lui a fait confiance“. Son épouse ajoute : “Je ne le vois plus que rarement. Il va de l’aéroport au Parlement. Il n’a pas le temps de voir ses propres enfants, comment pourrait-il me voir moi ?” . Tout se réduit à la souffrance de la «  belle âme », celle d’un ‘homme politique fidèle, mais blessé.

    L’enjeu de l’affrontement se déplace de l’opposition entre des forces sociales au conflit intérieur du premier ministre. Les populations sont ainsi dépossédées de la matérialité de leur résistance au profit de la sauvegarde de l’image de leur premier ministre. Or, ce dernier s’est totalement plié aux exigences des créanciers et accepté toutes les surenchères de ces derniers.

    L’austérité comme seule politique possible.

    La « politique d’austérité » imposée au pays a déjà, en cinq ans, fait baisser de 25% à 30%, selon les différentes estimations, le PNB du pays et d’avantage le niveau de vie de la grande majorité de la population, les hauts revenus ayant été peu touchés par les mesures prises. Le plan imposé ne peut qu’accentuer cette tendance : austérité accrue et augmentation relative de la dette. La Grèce ne pourra pas faire face à ses engagements, ce qui impliquera une nouvelle intervention extérieure. La sortie de la Grèce de la zone euro pourrait être simplement reportée. De plus, la Grèce perd l’essentiel de ce qui lui restait de souveraineté nationale, car elle doit se conformer à des mécanismes de coupes automatiques de ses dépenses et soumettre ses réformes au bon vouloir des institutions européennes. Où se situe la « catastrophe », dans un nouvel affaiblissement rapide et programmé du pays ou dans une sortie de l’Euro permettant un défaut sur la dette et ainsi une possibilité de relance de l’activité économique ?

    Propager un sentiment d’impuissance dans l’ensemble de l’UE.

    L’attaque contre le désir de résistance des populations prend tout son sens, non seulement en Grèce, mais aussi au niveau de l’UE. Tsipras a voulu croire que ce qu’il considérait comme tabou : un « Grexit » induisant un démantèlement de la zone euro, l’était également pour ses interlocuteurs. Or, pour les dirigeants de l’UE et principalement pour l’Allemagne, la construction européenne est destinée à disparaître dans le futur grand marché transatlantique. L’attitude de l’Allemagne qui, aussi bien au niveau de la lutte contre la fraude fiscale que celui de l’attaque contre l’euro, a fourni un appui à l’offensive étasunienne. Cette volonté de mettre la zone euro en difficulté est confirmée par le refus réitéré de diminuer la dette grecque. Cette attitude est cohérente avec l’engagement privilégié de cet Etat européen dans la mise en place d’une union économique avec les Etats-Unis. La dissolution de l’UE dans cette zone politique et économique ne peut se faire qu’au prix d’un important recul du niveau de vie et des libertés en Europe. Les populations de l’UE devront consentir au démantèlement de leurs acquis. L’expérience grecque conduisant à un sentiment d’impuissance face à ces politiques dévastatrices révèle alors son enjeu.

    Jean-Claude Paye


  • zygzornifle zygzornifle 24 juillet 2015 09:50

    Dans l’europe l’Allemagne est la verrue mère et les autres membres les verrues filles.....


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