jeudi 12 avril 2007 - par PELLEN

La bataille de l’énergie commence et finit à Bruxelles

Quel que soit le résultat des prochaines élections françaises, une volonté communautaire à dominante verdâtre dessine, pour notre Europe, un avenir énergétique susceptible d’inciter certains mouvements associatifs à engager une phase radicalement plus active de la contestation. Leurs responsabilités sociétales devraient logiquement leur en faire obligation.

L’action phare, susceptible d’inaugurer de façon retentissante la confrontation de deux visions de l’Europe énergétique, serait d’attaquer, devant la Cour européenne de justice, le principe de l’obligation d’achat de certaines productions électriques.
Pareille démarche, largement à la portée financière d’une communauté d’intérêts associatifs au moins franco-belge, pourrait être encouragée par des sympathisants suisses et recevoir l’appui de certains syndicats. Elle présente l’énorme avantage de hisser médiatiquement ce débat à son légitime niveau dans la hiérarchie des préoccupations d’avenir.

Un spécialiste du droit européen et des règles du marché ne devrait pas éprouver de grandes difficultés à monter un solide dossier de remise en cause de cette disposition. On voit mal, en effet, comment un marché de l’énergie « réputé libre et sans entrave » peut s’accommoder de l’obligation de consommer les plus chères et les plus instables énergies électrogènes, en considération d’arguments non-économiques, de surcroît largement contestables.
Le but de l’opération ne serait pas tant d’obtenir pleinement gain de cause - prétendre vaincre une ligue politico-industrielle, désormais aussi puissante, relève de la gageure - qu’une contrepartie pour les Européens n’acceptant pas de se voir imposer une surfacturation dont l’origine monopolistique « entendue  » est pourchassée dans tous les autres secteurs marchands du continent. Des commissaires, habituellement très sourcilleux sur la préservation « des intérêts inaliénables du consommateur », devront expliquer pourquoi ils sont si accommodants avec un mélange des genres - économie libérale/économie administrée - pratiqué au gré des convenances politiciennes.

La contrepartie, conforme au principe de subsidiarité, venant aussitôt à l’esprit serait l’acceptation définitive de la coexistence concurrentielle du marché (libre) européen de l’électricité et des marchés nationaux réglementés, dans les pays qui la souhaitent. Même si, dans ces pays, le développement à échelle industrielle de l’éolien et du photovoltaïque ne devait pas s’en trouver immédiatement interrompu, ce développement deviendrait une affaire de politique exclusivement nationale et l’acceptation de son surcoût, dans le prix public du kWh, constamment à la merci du renouvellement de la classe dirigeante... Un renouvellement qui, à terme, ne manquerait pas de se révéler l’expression élective du refus majoritaire de continuer une politique énergétique absurde.

Outre que, pour l’instant, l’éolien et le photovoltaïque ne pèsent pas encore trop lourd dans le prix du kWh français, une telle décision communautaire confèrerait à notre pays un rôle énergétique central et privilégié qui, du jour au lendemain, mettrait nos partenaires au pied du mur, la volonté purement idéologique de leurs ressortissants à l’épreuve des surcoûts économiques et de la dégradation de leur confort.

Nos compatriotes ne doivent surtout pas oublier que, dès le premier juillet prochain, tous les usagers domestiques de l’Hexagone se verront basculés autoritairement sur le marché libre de l’électricité, à la faveur de la première mutation ordinaire : changement de domicile, modification de la puissance souscrite...
Ce dessaisissement non compensé des légitimes dividendes dus à des Français ayant massivement investi dans l’outil industriel produisant l’électricité la plus abondante, la moins polluante et la moins chère d’Europe, s’apparente à une intolérable spoliation. Aujourd’hui, le schéma marchand du continent est à ce point verrouillé que militants, sympathisants ou seulement indifférents à la cause électronucléaire ne peuvent plus désormais que compter sur la conquête procédurale pour s’affranchir d’une législation promulguée à la hâte par un mouvement politique désormais très marginal dans le corps électoral actuellement mobilisé.

Il est donc grand temps de prendre conscience qu’une réelle convergence d’intérêts populaires et associatifs résolument hostiles au ruineux paradigme éolien peut encore être efficacement mise à profit. Pour cela, les intéressés doivent, sans tarder, se départir d’une trop grande discrétion revendicative et manifester haut et fort, par une action spectaculaire, leur totale confiance en leur capacité à influencer la politique nationale et européenne. Prendre ainsi l’initiative d’investir ce terrain médiatique depuis trop longtemps abandonné à un seul protagoniste revient sans conteste au mouvement associatif concerné. Des circonstances historiques sérieuses lui font une obligation morale de fédérer toutes ses structures sur un projet revendicatif spécifique.

L’explication et la pédagogie de masse ne sont jamais aussi efficaces que placées sous les feux d’une actualité contrainte par l’événement. Les actions juridiques de terrain - tant redoutées des multiples convoitises suscitées par l’extravagant gâteau éolien - menées par la fédération « Vent de colère » sont là pour le prouver. Elles prouvent davantage encore qu’un interlocuteur des pouvoirs publics incontournable peut en émerger. Aussi, mesdames et messieurs les dirigeants associatifs concernés, vous revient-il de créer cet événement attendu par beaucoup plus de gens qu’une certaine propagande ne le laisse accroire. La prégnance de certaines perspectives géopolitiques vous confronte à vos responsabilités citoyennes.

André PELLEN, animateur du Collectif "Vérité Tchernobyl"



7 réactions


  • tvargentine.com lerma 12 avril 2007 10:38

    Nous avons eu l’expérience des élus verts et nous avons tous constatés les idées vraiment obscurantismes et la manière de vouloir imposer des « énergies nouvelles » qui coutent plus chere et qui ne produiront jamais autant qu’une centrale nucléaire.

    Mais,soyons certain qu’au prochain élection ce parti d’opportunistes démago n’existera plus en France et cela sera vraiment une tres tres bonne nouvelle.

    Regardez comment tous ses « elus » verts se sont enrichis avec leurs discours écolos,que cela soit à Paris ou ailleurs dans des travaux qui n’ont fait que revaloriser le patrimoine particulier des plus riches et exclure les cadres moyens des centres ville (je ne parle pas des ouvriers !)avec une flamblée des loyers et du prix au M2

    DEHORS LES VERTS ! smiley

    Remercions Me VOYET de sa candidature,car franchement elle représente bien l’opportunisme démago de son parti


    • PELLEN PELLEN 12 avril 2007 13:10

      Vous ne pouvez imaginer à quel point votre réaction fait plaisir aux Français - bien plus nombreux qu’on ne le croit, mais hélas trop silencieux - que mon article représente. Pour prolonger votre réquisitoire, nos lecteurs doivent savoir que le principal crime perpétré par les Verts, contre la Nation, est certainement d’avoir sabordé un joyau industriel de la technologie française : le surgénérateur SuperPhénix. Les médias traditionnels se garderont bien de vous dire que cette magouille politicienne inqualifiable va se traduire par une perte sèche - une de plus ! - de quelque 20 milliards d’euros pour le consommateur et contribuable. Dans le sillage de Nicolas Hulot, ces mêmes médias se garderont bien de vous dire que les réacteurs de 4ème génération - alibi anti-EPR brandi à tout bout de champ - sont avant-tout 4 surgénérateurs, dont l’un n’est autre que la version améliorée de SuperPhénix. Cet Ariane de l’industrie énergétique française, capable de brûler l’essentiel de ses propres déchets, conférait à notre technologie 20 à 30 ans d’avance sur le reste du monde ; avance génératrice de richesses et d’emplois considérables. Ceux qui vous disent que, dans les temps agités qui s’annoncent, on pourra se passer de nucléaire ne mesurent la portée désastreuse de leur mensonge. Comme ils ne mesurent pas - à commencer par Nicolas Hulot - la portée du mensonge consistant à affirmer que l’accès aux réacteurs de 4ème génération ne nécessite pas le passage par l’EPR. Pour fonctionner, chacun de ces réacteurs-surgénérateurs a besoin d’une charge de quelque 10 tonnes de Plutonium que les réacteurs actuels (à renouveler sous 10 à 15 ans) devront préalablement produire sur deux ou trois décennies. Donc, qui prétend vouloir les « génération4 » doit exiger la construction de l’EPR. Nous sommes quelques-uns à attendre de pied ferme la contestation argumentée de tout ce qui précède. André PELLEN


  • Alexandre88 Alexandre Flet 12 avril 2007 13:07

    Pour Ceux qui veulent bien comprendre le probleme énergetique, il faut lire Jean-Marc Jancovici :

    « Qu’est-ce que l’équation de Kaya ? » http://www.manicore.com/documentation/serre/kaya.html

    « Sans nucléaire on fait comment ? » http://www.manicore.com/documentation/articles/metro_EPR.html

    « Combien plus cher payerions nous les choses avec une taxe carbone ? » http://www.manicore.com/documentation/serre/taxe_C.html

    Un ingenieur qui vous remet les idées en phase avec les chiffres, dans un approche vraiment systémique de notre civilisation.

    à lire... « Le plein s’il vous plaît ! » d’Alain Grandjean et Jean-Marc Jancovici. http://www.manicore.com/documentation/articles/pleinSVP.html En plus de l’explication du danger climatique, du pic petrolier, et de la seule solution qui vaille, la taxe « carbone », Une intéressante « critique du PIB » est argumentée dans le 5e chapitre de ce magistral essai, qui viens de sortir en version poche (Cet essai a été remis entre les mains de SARKOZY et de ROYAL par YANN ARTHUS-BERTRAND... mais ils n’ont pas l’air de l’avoir lu)


  • Shackleton (---.---.166.186) 12 avril 2007 13:53

    Cet article polémique est un peu ridicule du point de vue technique qui n’est absolument pas pris en compte . Les idées c’est bien mais au delà du coté patisan il faut assoir ses idées sur des considérations plus exactes .

    Après avoir contesté les petites production d’électricité EDF constate qu’elle permettent de stabiliser le réseau . A par quelques farfelus partisans et exités personne ne dit que l’éolien ou le solaire va remplacer le nucléaire . Mais il existe des considérations techniques que vous ignorez : plus de 60% de l’énergie produite dans une grande centrale (nucléaire , fuel, gaz) est perdue en chaleur lors de son transport . Par ailleurs un courant de bonne qualité cyclique (Hertz)est nécessaire et obligatoire . Quelques pourcents d’énergie produite localement peuvent être très utile et palier à des défauts et des pertes occasinnelles etc.

    Les partisants exessifs braient comme des cabris pendant que d’autres travaillent et s’instruisent . Bonne journée devant votre comptoir en hurlant avec les verts de vents de colère et divers autres exités incompétents .


    • PELLEN PELLEN 12 avril 2007 20:55

      La plus élémentaire mesure de prudence permettant d’éviter de s’exposer au ridicule devant nombre de ses compatriotes est de s’enquérir de la qualité professionnelle de son contradicteur et, surtout, d’éviter de se répandre en grotesques considérations aux prétentions scientifiques. Il se trouve que je suis l’auteur d’une étude technique très spécifique sur l’influence de la production éolienne sur le réseau électrique national et, surtout, sur la conduite du système « production-consommation » européen. Je vous engage à la consulter sur le site de l’association « SAUVONS LE CLIMAT », au lien http://www.sauvonsleclimat.org/, en sélectionnant la rubrique « DOCUMENTS » puis le thème « LES SOURCES D’ENERGIES »... Mais je ne suis pas sûr que vous y comprendrez grand chose. André PELLEN


  • Cassandre (---.---.18.96) 12 avril 2007 14:17

    Grosse confusion entre les pertes du transport (2,5% de la consommations sur le réseau français, voir p.ex. http://www.techno-science.net/?onglet=glossaire&definition=6745) et la part d’énergie primaire dissipée en chaleur du fait du rendement modeste (aux environs de 33 %) d’une centrale thermique (nucléaire ou à flamme), thermodynamique oblige.


  • PELLEN PELLEN 30 mai 2009 11:38

     André Pellen informe ses lecteurs de la parution, le 28 mai 2009, de son dernier ouvrage, « La solidarité n’est qu’affaire de lucidité et de discipline sociales », aux Éditions Edilivre Aparis (1).

    L’idée d’une civilisation planétaire cohérente – à défaut de fraternelle – demeure plus que jamais une vue de l’esprit. Même si d’aucuns veulent encore croire que les conséquences logiques de la crise actuelle sonnent le glas de l’ère prédatrice de l’économie mondiale, le caractère intrinsèque des conflits d’intérêts qui, depuis la nuit des temps, jalonnent l’histoire des sociétés animales de disettes et d’affrontements meurtriers n’est, une fois de plus, que trop souligné. Non seulement le vivant cognitif n’échappe pas à ce tropisme, mais rien n’indique qu’il soit un jour capable de juguler son puissant instinct d’appropriation au nom d’une idée supérieure de l’Humanité. N’en déplaise aux disciples de Vernadski, l’entendement humain s’accommode parfaitement d’une mentalité primaire de l’homo sapiens, immuable depuis l’origine de sa socialisation.

    Les héros de cette fresque contemporaine en tirent la conclusion que la garantie d’un niveau de vie élémentaire ne peut désormais plus reposer que sur la capacité des ressortissants nationaux à veiller eux-mêmes sur leur intérêt collectif, quitte à composer avec les préceptes politiques et les règles du jeu économique en vigueur. Ainsi, du choix sélectif des comportements grégaires à celui des biens de consommation, une intelligence sociale inédite découvre-t-elle le vrai périmètre d’un humanisme débarrassé de l’hypocrisie et de la démagogie du discours théologique. Elle révèle que la solidarité universelle est un leurre idéologique auquel la conscience ordinaire du concept caritatif reste indifférente. Elle a surtout fini par décomplexer ceux qui qualifient de funeste irresponsabilité le fait d’en appeler à la conscience de citoyen du Monde pour structurer une vie nationale.

    Plus que leurs enfants, les seniors d’aujourd’hui s’identifieront à ces deux existences emportées par la tourmente sociale, dont le caractère chaotique fut assez commun au siècle dernier. Les joies, chagrins et émotions intimes structurant leurs vies affectives n’en transcendent pas moins les générations, y compris cette exaltation toute historique, tirée de leur aventure, rapidement muée en une poignante désillusion. Fidèle à la vérité établie des faits, la relation d’un des évènements ayant inspiré cette fiction ne craint pas d’y décliner l’identité réelle des protagonistes ; celle des responsables du sabordage du surgénérateur Superphénix, victime sacrificielle de la conquête du pouvoir, en 1997. Témoin de son temps, parmi les moins austères, le roman reste le plus sûr moyen de faire mieux connaître cette trahison préméditée de l’intérêt national, au plan économique comme au plan écologique.

    (1) Accessible dès maintenant sur le site des Éditions Edilivre, au lien http://www.edilivre.com/doc/12...Disponible dans 45 jours auprès des partenaires traditionnels – Amazon, Alapage… – et sur le réseau DILICOM des libraires.


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