lundi 12 novembre 2012 - par Résistance

À propos de trois cailloux

En fait, ils sont cinq… ou huit. Ce sont des îles inhabitées. Ce sont les îles Diaoyu. De beaux esprits ricanent qu’on puisse se battre pour des bouts de terre où il n’y a personne. Et les mêmes s’insurgent des sentiments nationalistes que le peuple chinois met à affirmer sa souveraineté sur ces îles. « Mais que c’est réactionnaire tout ça », nous disent-ils.

Aucun pays au monde n’accepte que des parties de son territoire soient ambitionnées par d’autres, mais les populations peuvent être plus ou moins mobilisées. En Chine, le souvenir est encore vif des « guerres de l’opium  », où des traités inégaux, imposés par l’Occident au 19ème siècle, ont conduit au dépeçage du pays. Quant au Japon, le souvenir est non moins vif, puisqu’il envahit la Chine au début des années 30, et imposa au peuple chinois une longue et douloureuse guerre de libération nationale.

Aussi le sujet est-il fort sensible en Chine, et la population tout à fait déterminée, derrière son gouvernement, à maintenir sa souveraineté sur ces territoires, même inhabités. C’est une question de principe.

Mais au-delà du principe, il y a un réel intérêt économique et stratégique, puisque le droit international accorde une zone économique exclusive jusqu’à 200 miles nautiques (370 kilomètres) au large des côtes. C’est comme ça que la France se trouve être le deuxième domaine maritime du monde (un peu après les États-Unis) grâce à ses possessions dispersées dans les océans du monde. De plus, la Chine aimerait sans doute avoir une petite sortie sécurisée vers la haute mer. L’espace maritime chinois est un peu enfermé à l’est par la Corée du Sud et le Japon, et à l’ouest (la route de l’Afrique) par l’Indonésie et la Malaisie. Tout ceci n’est pas négligeable.

Les îles Diaoyu sont incontestablement chinoises. En recherchant Diaoyu Dao sur Google Earth, on voit que ces îles sont sur le plateau continental chinois. Alors les Japonais s’appuient sur un argument typiquement impérialiste : «  nous sommes propriétaires de ces îles, on les a achetées  ». C’est l’argument des sionistes : « nous avons acheté les terres palestiniennes  ». C’était la pratique des colons étasuniens qui ont « acheté » des terres au Mexique. La propriété que peut avoir un État sur une terre étrangère ne lui donne aucune souveraineté sur cette propriété. Par exemple, la France est propriétaire de la Villa Médicis à Rome (sept hectares quand même), mais elle n’y a aucune souveraineté, et sa propriété s’exerce dans le cadre du droit italien. L’exception à cette règle (ce qui montre qu’il y a bien une règle) est l’extra territorialité diplomatique.

La Chine est parfaitement légitime à affirmer son droit sur les îles Diaoyu, et les ricanements médiatiques ne changeront rien à l’affaire.

D.R.

http://www.resistance-politique.fr/article-a-propos-de-trois-cailloux-112307678.html



9 réactions


  • Montagnais .. FRIDA Montagnais 12 novembre 2012 11:11

    ..On voit pas bien où vous voulez en venir.


    Ou plutôt, si.

  • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 12 novembre 2012 11:35

    Une politique excitante serait de rapprocher les nippons de la Chine !
    (ok ,elle est vieille ,je sors !)


  • Jean J. MOUROT Jean J. MOUROT 12 novembre 2012 13:43

    Au moins, sur ces îles, le prolétariat n’est pas exploité !


  • Spip Spip 12 novembre 2012 15:44

    Ces cailloux n’ont effectivement d’intérêt que par leurs zones des 200 miles et ce qui s’y trouve (droits de pêche, hydrocarbures et minerais potentiels). Mais ce n’est pas un problème isolé, c’est inclus dans une politique plus large : l’affirmation d’une réelle présence chinoise en Mer de Chine.


    Jusqu’ici, les Chinois étaient des nains politiques sur cette zone. La faute à une Marine obsolète, incapable de peser en cas de besoin. C’est en train de changer. L’achat du porte-avions, ex Varyag, aux Ukrainiens est le premier pas d’une modernisation en cours, avec des budgets en hausse à un moment où ils sont plutôt en baisse un peu partout ailleurs.


    Pour le moment, ce porte-avion n’est, au mieux, qu’un navire-école qu’on verra peut-être se déplacer sur zone mais symboliquement, il n’est pas opérationnel. D’après les experts, il leur faudra dix ans pour constituer une task-force comparable à ce qu’ont les US. Mais peut-être iront-ils plus vite... ?


  • Spip Spip 12 novembre 2012 17:12

    Rassurez-vous, ils l’ont rebaptisé. C’est maintenant le Shi-Lang, du nom de l’amiral mandchou qui a conquis Taïwan en 1681, symbole pour symbole...


    Cette commande de la marine soviétique, restée sur les bras des Ukrainiens après l’effondrement du Mur a une histoire curieuse. D’abord racheté en 2000 par un homme d’affaire chinois de Macao pour en faire un casino flottant (ça sentait quand même un peu l’arnaque) il a finalement été pris en compte par la Marine.


    Il fallait qu’il passe par le canal de Suez et les traités internationaux y interdisent le transit de porte-avions, mais subtilité juridique : le Varyag n’est pas un porte-avions avec catapultes) mais un porte-aéronefs (sans catapultes mais avec tremplin ce qui limite ses possibilités). Il est donc passé. Par ailleurs, des rumeurs font état de la construction de deux porte-avions made in China à l’arsenal de Shanghaï.


    Et, histoire d’animer un peu la région, les Russe ont revendu un bâtiment de la même classe à l’Inde...



  • reprendrelamain reprendrelamain 12 novembre 2012 19:10

    Ca rappelle les Malouines et on sait comment Margaret Thatcher a exploiter cette guerre…


  • ELCHETORIX 12 novembre 2012 20:58

    Bonsoir l’auteur
    excellent article !
    Le droit de la nation est supérieur à l’expropriation par la propriété même avec un acte d’achat sauf pour l’ALASKA et la LOUISIANE .Encore qu ’ il y aurait à discuter pour ces deux « états », à mon avis l’ ALASKA devrait revenir de plein droit à la FEDERATION DE LA RUSSIE .
    RA .


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