Choix palestinien - choix israélien : vers quelle polarisation ?
Les jeux sont faits : les Palestiniens ont choisi leurs élus dans une véritable fête démocratique. Les résultats, encore incertains, montrent une percée - victoire ? - du Hamas. Il convient d’examiner ces élections dans la forme et dans le fond.
Pour la forme, ces élections sont une grande claque sur la joue des intello-fascistes anti-américains qui n’ont pas cessé de nous asséner leur litanie antidémocratique. Elles ont prouvé au monde entier que le peuple arabe « est prêt » pour la démocratie. Le Yedihot Aharonot israélien souligne, ce matin, la satisfaction des forces de sécurité israéliennes quant au déroulement des élections. Les craintes de violences et d’attentats se sont révélées vaines. T. Livni, ministre des affaires étrangères, a confirmé qu’aucune plainte n’était arrivée au QG du ministère, mis en place à cette occasion, ni de la part des forces de sécurité ni de celle des observateurs internationaux. Le taux de participation très élevé est aussi un indice de la démocratie, tout comme le ballot des résultats, bien loin des 99% des plébiscites arabes habituels. Mais pour que la démocratie soit entière, il faut, comme le souligne Sami el Soudi, « qu’un parti reconnaisse la victoire d’un autre, matérialisant une autre étape incontournable du processus démocratique » (Métula News Agency, repris par Primo-Europe). D’ailleurs, toujours selon le Yedihot Aharonot, une personnalité du Fatah aurait déclaré qu’Abou Mazen (Mahmud Abbas) devra démissionner si la victoire du Hamas se trouve confirmée.
Pour le fond, quelle est la signification de ces élections ? Les Palestiniens ont fait leur choix, et voté massivement pour un parti extrémiste qui détient une branche armée, prône la destruction totale d’Israël dans sa charte, se voit partie intégrante du Djihad mondial et refuse tout dialogue avec Israël. Ce matin encore, le Hamas a réaffirmé son refus de désarmer et de changer quoi que ce soit dans sa charte. Pour beaucoup, cette extrémisation de la société palestinienne va conduire à la catastrophe. D’autres, plus optimistes, rappellent, comme les médias électroniques israéliens hier, que les élections ont eu lieu sous le signe des problèmes intérieurs palestiniens, l’économie, la corruption, etc. Khaled Abou Toameh, du Jerusalem Post, souligne dans un long article repris par le Wall Street Journal le « besoin de changement » de la société palestinienne, le vote pour le Hamas ne signifiant pas automatiquement un vote pour le « génocide ».
Cette "extrémisation" palestinienne, qui renforcera certainement le pessimisme israélien, aura des conséquences sur les positions israéliennes aux prochaines élections de la Knesset.
Le vote « Hamas » des Palestiniens risque de pousser beaucoup d’Israéliens vers la droite : on assistera à une polarisation de la région, les pôles étant les positions extrémistes des deux camps. Une confrontation sera alors inévitable à court terme.
Dans un autre scénario possible, les Israéliens camperont dans leurs positions centristes, derrière la barrière de sécurité : le gouvernement continuera l’entreprise de Sharon des actions unilatérales. Ce sera une autre forme de polarisation de la région, les pôles étant la perception différente du conflit par les parties, perception israélienne du manque de « partenaire » pour faire la paix tant souhaitée, perception extrémiste, du côté palestinien, et « fuite en avant ».
Le vote palestinien renforce donc l’incertitude caractéristique de la région.
La situation évoluera en fonction des facteurs internes aux deux camps et des faits sur le terrain dans les semaines à venir.
Pour les facteurs internes, citons l’évolution pragmatique du Hamas, la perception de la nouvelle situation par les Israéliens et leur vote aux prochaines élections, et enfin le leadership que saura montrer Olmert. Quant aux faits du terrain, il est certain qu’un attentat en Israël entraînerait une réponse violente et une symétrisation du conflit.