samedi 10 septembre 2011 - par hommelibre

Drogues : la Grèce dépénalise

Le gouvernement grec a décidé mardi de dépénaliser toutes les drogues. La détention en petite quantité et la consommation ne seront plus poursuivies pénalement. La Grèce, qui avait une loi des plus dure, fait donc un virage à 180°.

RapportDrogue.pngLe consommateur risquait en effet jusqu’à 5 ans de prison.

Le trafic reste un délit sanctionné d’une peine de prison pouvant aller jusqu’à 10 ans.

Le gouvernement doit encore préciser quelle quantité sera considérée comme « petite ». Par cette décision il suit la recommandation du rapport de la Commission mondiale sur les politiques de la drogue. Cette commission est composée de personnalité politiques de différents pays, de représentants de l’ONU et d’intellectuels. L’ancienne présidente de la Confédération Helvétique Ruth Dreifuss en a fait partie, ainsi entre autres que Kofi Annan et Richard Branson.

La Comission a rendu un rapport en juin 2011. Ce rapport constate l'échec total des politiques de répression contre la drogue. Il recommande la dépénalisation de la consommation.

Il préconise que les gouvernements étudient la mise en place d'une légalisation - donc pas seulement une dépénalisation. Le but étant explicitement de casser le pouvoir financier des grands trafics et de préserver la santé en contrôlant la qualité.

Il recommande aussi que les petits revendeurs ne soient pas pénalisés, car eux-mêmes sont ou peuvent être sous la menace de plus gros trafiquants. Il insiste également sur la prévention auprès en particulier de la jeunesse. Il propose enfin d'accentuer la répression sur les grands trafics.


On pourrait même aller plus loin dans la réflexion juridique. L'Etat et la loi doivent réprimer le crime. C'est normal et indispensable. Mais fumer du cannabis ou se piquer à l'héroïne ne sont pas des crimes. Ce sont des "vices", ils n'engagent que soi et sa santé. Tant d'une personne ayant fumé ou bu n'oblige pas les autres à faire de même et ne prend pas sa voiture, il n'y a pas de crime. En voulant pénaliser un vice, l'Etat se fait juge moral de la vie privée. Ce qui n'est pas son rôle. Il se trompe de combat. La pénalisation des drogues est donc un abus juridique. Pour donner une comparaison, on peut comprendre que l'Etat interdise le tabac dans les lieux publics fermés, mais il serait abusif qu'il interdise aux citoyens de fumer chez eux.

Il est de plus a-logique de laisser se shooter aux anti-dépresserus ou à l'alcool, et par aux autres drogues.


Il est aujourd’hui largement reconnu que la prohibition est un échec. Elle pose plus de problème qu’elle n’en résout. Elle aggrave la criminalité liée aux drogues, nourrit des mafias, encourage la production de qualités douteuses, et ne freine pas du tout la consommation. La prohibition est un mal pour la santé publique et un non-sens économique au vu des millions jetés par la fenêtre pour rien.

Il est temps que les politiciens fassent preuve d’audace. L’objectif doit être non seulement la dépénalisation, mais la légalisation encadrée, avec contrôle de l’Etat qui gèrera la vente et les recettes et organisera la prévention et les soins aux personnes dépendantes des drogues dures.

Il ne sert à rien de s’offusquer à cette idée. S'offusquer est inefficace. Les politiciens devraient avoir le courage de le reconnaître. La Commission le dit d'ailleurs clairement : "Il faut briser le tabou du débat et de la réforme. Il est temps maintenant d'agir." Il faut traiter cette question rationnellement.

Mais la rationalité n’est pas la chose la plus valorisée à notre époque.



12 réactions


  • asterix asterix 10 septembre 2011 10:44

    Bien sûr que la prohibition est un échec. Mais une telle loi plus encore ! Elle aboutit à laisser le champ libre au trafic, pas autre chose.
    Une vraie politique de la drogue serait de dépénaliser la consommation ET confier la vente à des organismes d’état. Une partie du bénef’ pour la sécurité sociale, l’autre pour des campagnes d’information constantes sur les dangers de la came. Montrez à un petit jeune les dégâts causés sur son semblable qui s’est laissé aller à l’héro, la coke, les amphettes, l’excès de shitt....
    Montrez, bordel de merde !!!
    La position grecque s’apparente à la démission pure et simple.


  • Scual 10 septembre 2011 12:18

    Alors la Grèce a décidé de se lancer dans le trafic de drogue pour rembourser ?

    C’est pas bête il nous empoisonneront avec puisqu’on les empoisonne avec la dette. Bien joué.

    En plus ils doivent se débarrasser de 9 fonctionnaires sur 10. Alors il va bien falloir tolérer 90 % de délits pour lesquels il n’y aura plus de policiers disponibles. Il font d’une pierre deux coups.

    Et si son peuple pouvait se défoncer la gueule plutôt que faire la révolution, ça aiderait le régime fasciste...


  • citoyen du monde citoyen du monde 10 septembre 2011 12:37
    • Le principe même de la drogue est de créer chez le sujet une accoutumance. En conséquence, une désintoxication ne passera en aucun cas par une condamnation et un emprisonnement. Quel est le coût d’un toxicomane emprisonné ? En est-il pour autant désintoxiqué à sa sortie ? La dépénalisation est un premier pas vers l’accompagnement thérapeutique des malades.
    • De surcroît, je tiens à rappeler que l’alcool et le tabac, bien que légales, sont des drogues à parts entières. Pourquoi accorder un traitement de faveur à cetaines drogues et pas à d’autres. Je suis convaincu qu’une partie de ceux qui vivent du trafic de stupéfiant pourrait, par la dépénalisation, en vivre en toute légalité (= avoir un travail, payer des impôts)
    • Rappelons que la dépénalisation des drogues entrainera une chute des profits des mafias du milieu, limitant ainsi la fuite des capitaux vers les paradis fiscaux).
    • Bien entendu, cette campagne de dépénalisation devra s’accompagner d’une sensibilisation des plus jeunes (de préférence avant les premières expériences...avant l’adolescence ?) au danger de l’ensemble des psychotropes : j’y entends également l’alcool, le tabac, et les anti-déresseurs.

  • Daniel D. Daniel D. 10 septembre 2011 13:08

    La légalisation des drogues dites « douces » par la Grece lui permettrait de créer des emplois réels avec la production/distribution et lui donnerais des lieu privilégiés pour sa partie prévention, contact direct avec les gens souhaitant de l’aide et autres pour ces drogues et les autres plus fortes/nuisibles/complexes/etc...

    La masse financière la plus importante reste celle générée par le cannabis, malgré la hausse de certaines autres substances. La récupérer pour l’État signifierais entre autre ces 3 choses :
    -remise dans le système normal d’une partie de la population, création d’emploi, de consommation
    -économies diverses et ré attribution d’affectation sur des affaires plus sensibles, d’où meilleure efficacité
    -prévention de la santé de ses jeunes (barrière d’age pour les « transgresseurs »), recrédibilisation par la mise a niveau de la loi avec le réel (ça fume partout, c’est maintenant connu...)

    La seule dépénalisation ne résoudras rien pour l’ensemble du pays, mais épargneras peut être plus les consommateurs (dépénalisé n’empêche pas de mettre des amendes, confisquer, etc)
    Ça seras par contre l’explosion du trafic, vu qu’il n’y as aucun autre moyen de s’en sortir la-bas, et ca me semble donc dangereux si c’est mal fait, ou mal encadré.

    Selon ce qu’ils veulent réellement faire et comment ils le feront, ça peut être bien ou pas, l’avenir nous le diras, et ca iras vite, vu la situation de ce pays !

    Cordialement,
    Daniel.


  • foufouille foufouille 10 septembre 2011 13:18

    pas demain la veille chez nous


  • Carida 10 septembre 2011 14:33

    Avec ou sans loi, les gens consomment. Donc autant en profiter un peu en légalisant, c’est toujours ça de gagné pour rembourser la dette.
    Enfin on voit à quel point le gouvernement grec est désespéré.


  • nenecologue nenecologue 10 septembre 2011 16:01

    la légalisation des drogues douces est LA situation pour briser les reins de la mafia .
    En plus la mafia ne pourra plus payer tous les petits branleurs « teneurs de murs » et ils devront se bouger les fesses pour trouver un boulot !

    Regardez l’exemple du portugal : ca marche !


  • hommelibre hommelibre 10 septembre 2011 16:04

    Bien d’accord que la dépénalisation n’est pas suffisante, et comporte le risque de stimuler le trafic. L’étape suivante, comme dit par plusieurs, est la légalisation encadrée, gestion et vente par l’Etat, avec financement de la prévention grâce aux recettes.

    Donc en route pour la légalisation. Mais en France... qui aura le courage ? Pourtant ils peuvent maintenant s’appuyer sur le rapport de la Commission mondiale.


  • Ganesha Ganesha 11 septembre 2011 10:06

    Bravo pour la Grèce et bravo pour cet article !

    On se demande combien de décennies il faudra encore à la France pour adopter une attitude pragmatique et raisonnable...

    Certes, ce trafic a l’avantage de procurer des emplois en banlieue, et on a dit que les émeutes de 2005 faisaient suite à une campagne de répression un peu trop agressive de notre police nationale...

    Mais cela ne ferait pas de mal que tout cela se passe un peu plus au grand jour...


    Ce qui est le plus toxique et ce qui rend addictif le « joint » de cannabis, c’est le tabac qui lui est mélangé !


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