samedi 21 juin - par Laurent Herblay

Iran : la nouvelle faute d’Israël et de l’Occident

Non content d’occuper illégalement une grande partie de la Palestine, d’affamer sa population, et de tuer directement des milliers de civils, Israël a décidé d’intervenir en Iran il y a quelques jours, en dehors de tout cadre international. La réaction des pays occidentaux à ce nouvel acte bélliqueux démontre à nouveau à quel point ils pratiquent un double standard dans les relations internationales.

 

Loi du plus fort, arbitraire et cynisme intéressé

 L’intervention d’Israël en Iran devrait susciter une condamnation forte de nos dirigeants. Israël se permet de bombarder un pays en dehors de tout cadre international, et on peut être assez suspicieux à l’égard des motivations du Premier ministre israélien, tout aussi autoritaire, brutal qu’extrêmement cynique. Sa coalition était en difficulté, la contestation de sa politique de destruction à Gaza grandit, notamment en Israël, ce qui fait honneur à ce peuple. Pire, son parcours est entaché de nombreux scandales et il semble développer un autoritarisme qui contrevient aux principes d’une bonne démocratie. Bref, on peut se demander si cette offensive ne reprend pas le pratique états-unien des années 1990, où un président pouvait intervenir militairement à l’extérieur à des fins de politique intérieure.

 Certains avaient pointé que les bombardements en Irak de Bill Clinton étaient des distractions utiles pour sortir son administration d’une passe difficile. Et Georges W Bush a trouvé dans les opérations en Afghanistan et en Irak un moyen de donner le change à son opinion après le 11 septembre. A chaque fois, le même mécanisme : le peuple se rassemble plus facilement autour de ses dirigeants lors d’un conflit. Pire, la raison pour laquelle Benyamin Netanyahou justifie les bombardements est la même que celle qui a justifié la seconde intervention en Irak : le développement d’armes interdites. On sait ce qu’il en est advenu : les Etats-Unis avaient sciemment menti en 2003. Et ici, des voix plutôt bien renseignées affirment que l’Iran est loin d’avoir la bombe et qu’il n’y avait pas d’accélération de son programme.

 Bref, on peut très raisonnablement questionner les véritables motivations de cette intervention qui déclenche un conflit majeur dans une région qui n’en a pas besoin, d’autant plus que Benyamin Netanhayou a souvent crié au loup. La réaction quasiment unanime du camp occidental qui se met du côté de l’agresseur pose un grave problème. Menacer un pays qui vient d’être agressé par un autre et annoncer soutenir l’agresseur n’est pas normal. Quel message les dirigeants occidentaux envoient-ils au monde en se comportant de la sorte ? Et que dire du chancelier allemand qui affirme qu’Israël « fait le sale boulot ». Il est tout sauf évident que cette intervention fasse tomber les mollahs. Cela pourrait les renforcer dans un premier temps, le peuple iranien, même ceux qui s’opposent aux mollahs, ne goûtant guère l’interventionnisme occidental. L’Irak, l’Afghanistan et la Libye nous montrent l’impasse de cet interventionnisme.

 Bien sûr, certains brandissent la menace d’un Iran armé de la bombe nucléaire. Bien sûr, qu’une dictature ait accès à une arme si puissante est inquiétant. Mais, on peut aussi constater que l’URSS, puis la Russie, ou la Chine, n’y ont jamais eu recours. Cette bombe, dont l’Iran n’est peut-être pas si proche, a-t-elle des fins offensives, ou défensives, dans un Moyen-Orient où Israël fait régner la loi du plus fort  ? Et cette intervention pourrait au contraire renforcer la détermination de Téhéran à s’en doter pour se mettre à l’abri d’opérations belliqueuses comme celle que Tel Aviv mène aujourd’hui. Ce qui très critiquable ici, c’est qu’Israël a agi seul, peut-être avec le seul accord de Washington, montrant encore au monde le caractère très arbitraire des pays occidentaux qui respectent les règles qu’ils fixent quand bon leur chante… Même si la guerre d’Ukraine a une ampleur incomparable, la critique de la Russie est affaiblie…

 Mais surtout, je crois qu’Israël fait fausse route depuis très longtemps, sur la Palestine, et la question de sa sécurité. Bien sûr, le pays vit sous la menace existentielle de pays qui veulent le détruire. Mais les excès d’Israël nourrissent cette menace existentielle, qu’un comportement équilibré, comme respectueux, du peuple palestinien et du droit international pourrait dégonfler. Pire, à force d’appliquer la loi du plus fort dans la région, parce qu’Israël est de facto le plus fort militairement, ses dirigeants créent des précédents à sens unique : le plus fort peut imposer les abus qu’il souhaite à plus faible que lui, sans que la communauté internationale ne cherche véritablement à freiner ses excès. Que se passerait-il si, un jour, Israël n’était plus le plus fort dans la région ? Comment serait-il possible de défendre Israël d’une force devenue plus grande que lui ? Qui pourrait lui faire entendre raison ? Uniquement ceux qui auront vraiment pesé pour faire stopper les trop nombreux abus d’Israël depuis des décennies, en Palestine, et en Iran.

 Encore une fois, Israël fait fausse route en Iran. Et même si la réaction de nos dirigeants a fini par se modérer, la réaction des dirigeants occidentaux est calamiteuse. Elle fournit une nouvelle raison au reste du monde de vouloir sortir de cet ordre brutal et arbitraire. Bien sûr, c’est un régime brutal et arbitraire qui était visé, mais ce n’est pas en le traitant ainsi que nous servirons nos idéaux humanistes et démocratiques.



10 réactions


  • chapoutier 21 juin 10:01

    vous écrivez : "Bien sûr, certains brandissent la menace d’un Iran armé de la bombe nucléaire. Bien sûr, qu’une dictature ait accès à une arme si puissante est inquiétant. Mais, on peut aussi constater que l’URSS, puis la Russie, ou la Chine, n’y ont jamais eu recours". donc , seules les « démocraties » celles dirigées par macron par exemple, devraient être autorisées à posséder l’arme atomique, d’après-vous. Votre texte, que j’approuve par ailleurs, fait ressortir néanmoins ce double standard que vous dénoncez à juste titre, mais que vous appliquez également. 


  • xana 21 juin 10:24

    L’auteur n’a pas écrit qu’il estime que les soi-disant « démocraties » devraient être autorisées à posséder (et à user au besoin) l’arme atomique, bien au contraire.

    Il constate que si les pays du camp d’en face la possèdent, elles ont eu le bon sens de ne jamais l’utiliser, alors que les soi-disant « démocraties » les ont utilisées contre des populations entières et sans autre utilité que de menacer leurs futurs adversaires.

    Il est heureux que la Russie et la Chine aient rapidement développé ces armes à leur tour, car il n’est pas difficile de deviner que l’Occident aurait profité de cet avantage momentané pour asservir sans le moindre scrupule les autres pays.

    Désormais, l’armement occidental n’est plus une garantie d’impunité, et il est heureux que le camp d’en face aie été capable de le surpasser à la fois en qualité et en nombre : Le seul risque reste désormais le suicide occidental par dépit.

    Mais cela ne durera pas longtemps, car l’Occident s’enfonce dans la récession et ne pourra pas maintenir longtemps la terreur qu’il inspirait.


  • xana 21 juin 11:27

    @ Chapoutier

    Les moinssages stupides ne sont pas de mon fait, car par principe je ne les utilise jamais.

    Ce genre de réaction anonyme vient de pauvres gus incapables d’argumenter.

    Ca fait penser aux billets anonymes adressés à la Gestapo : Les collaborateurs n’ont pas disparu à la Libération...


  • Jean-Paul Foscarvel Jean-Paul Foscarvel 21 juin 17:13

    Pour les suprématistes, les anglo-saxons, Israël, il n’y a pas de droit international.
    Comme les capitalistes traitaient les prolétaires de contre-homme (voir là-dessus Critique de la raison dialectique, de J-P Sartre, voir aussi comment la famine en Irlande a été organisée par les Anglais), les nations anglo-saxonnes traitent celles qui leur sont défavorable de contre-États.
    Israël est là-dessus cohérent, puisqu’il traite les Palestiniens comme de contre-hommes et l’Iran comme un contre-État.
    Le même mépris et la même absence fondamentale de droits s’applique aux deux.
    Un contre-État, n’a pas de légitimité, ni aucun droit, toute activité de sa part est suspecte et interdite, par contre, on peut tout lui faire. Le bombarder, l’envahir, tuer ses dirigeants, commettre des actes terroristes, exterminer sa population, voir l’atomiser. Le but étant d’en faire un État failli, ou vassal. Le droit international ne s’applique pas.
    Comme les anglo-saxons et Israël considèrent comme contre-État tous ceux qui ne sont pas des vassaux, auxquels on dicte la politique intérieure et extérieure, cela signifie que pour les anglo-saxons, le droit international se résume à l’usage sans limite de la force. En ce sens, ce sont les dignes héritiers de l’Allemagne nazie. Le mot « démocratie » servant de paravent commode justifiant toutes les turpitudes.
    Autrefois, un vernis subsistait encore, mais désormais, leur cynisme les fait se découvrir comme hors de toute retenue.
    Seul leur effondrement total et intégral pourra nous faire aboutir à une période moins belliqueuse.
    En ce moment, le vrai État promulguant le droit international raisonné et raisonnable est la Chine, qui dit clairement qu’il n’est pas possible qu’Israël ait la bombe atomique et l’interdise à ses voisins et qu’il s’agit bien d’une agression de la part d’Israël contre un État souverain (voir https://www.youtube.com/watch?v=b_wnVDRLmmc). Ceci ne signifie pas qu’il n’y a pas de problème en Chine, mais que leur vision du droit international est plus respectueuse des droits légitimes de chaque État.
    Sur le plan moral, l’Occident compulsif a d’ores et déjà perdu.


  • Eric F Eric F 21 juin 17:53

    Oui, enfin, bon, on reproche tout et son contraire.

    Dans un autre article, il est reproché aux pays occidentaux d’être des couards en laissant Israël faire, je cite, le sale boulot. 

    Ici, il est reproché aux même pays de soutenir (verbalement) Israël. Ceci dit, hormis une déclaration intempestive du chancelier germanique, les dirigeants européens sont majoritairement pour un cessez le feu et un accord négocié, à quoi s’oppose évidemment Israël ...et Trump un jour sur deux.


    • Dudule 21 juin 21:17

      @Eric F

      Il me semble quand même, au début de l’affaire de l’attaque d’Israël contre l’Iran, avoir entendu notre glorieux et ultra compétant ministre étranger aux affaires exprimer que le soutient inconditionnel de la France à Israël allait de soit, avant que l’on escamote vite fait ces paroles intempestives.

      Où sont Védrine et Villepin ? Quelle déchéance depuis Sarkouiile le traitre, et les traitres qui l’ont suivi.


  • xana 21 juin 18:16

    Les politiciens Occidentaux sont vendus, mais à l’heure actuelle ils ne savent plus à qui ils doivent se vendre pour survivre.

    Oui, ils sont effrayés par les dimensions du massacre que les dirigeants Israéliens veulent obtenir, mais c’est surtout qu’ils craignent pour leur tête s’iuls vont trop loin ou pas assez. Les seuls qui ont vraiment des couilles sont ceux qui, depuis plusieurs années, veulent se séparer du destion occidental. 

    Rendons hommage à ces gens courageux que les médias traitent d’extrêmistes parce qu’ils ne sont pas va-t’en guerre. Et préparons nos couteaux car il va bientôt y avoir des défections dans les rangs des soi-disant « démocrates ». Ne les laissons pas échappe, même si la plupart ont déjà des avions privés pour les conduire sur leurs îles privées. Dépistons-les, où qu’ils aient préparé leur cachette. Et faisons en sorte de les extrader et de les faire pendre : Aucune loi ne doit protéger un gouverment traître contre la peine de mort...


  • MacGregor affirme qu’environ un tiers de Tel-Aviv, centre économique et culturel d’Israël, a été endommagé ou partiellement détruit. Selon lui, les frappes menées par les groupes pro-iraniens ont touché à la fois des infrastructures civiles et des installations militaires clés. Afin de protéger ses forces armées de nouvelles pertes, Israël, selon l’expert, a été contraint d’évacuer une grande partie de ses avions de combat vers des bases aériennes à Chypre. Cette décision, selon MacGregor, témoigne de graves problèmes dans la stratégie de défense du pays et de l’incapacité de Tsahal à contrer efficacement la menace croissante.


  • https://odysee.com/@STRATPOL:d/2433comp:7

    Bulletin STRATPOL N°243. Israël vs Iran, retrait US, Bunker Macron. 19.06.2025.


  • xenozoid xenozoid 21 juin 19:46

     Encore une fois, Israël fait fausse route

     comme tu le dis, après , israel n’est pas seul a se planter,et d’ailleur sans les autres, elle n’aurait pas fait fausse route, depuis qu’elle n’aurait pas existée


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