vendredi 16 février 2007 - par Pierre R. Chantelois

Mieux vaut grandir aux Pays-Bas qu’en Grande-Bretagne

La ville dont le prince est un enfant se situe-t-elle au Nord ou au Sud ? Mieux vaut s’appeler Theo que James selon l’UNICEF, titre Libération. Pour sa part, 20minutes.fr titre : Les Petits Français sont mal barrés. Nos enfants sont bien plus heureux que la moyenne. Mais moins instruits, titre la Tribune de Genève. Donc, par un raisonnement étriqué, faut-il conclure que Théo vit bien au nord et que James vit moins bien au sud. Résultat : mieux vaut grandir aux Pays-Bas qu’en Grande-Bretagne ou aux Etats-Unis, n’hésite pas à constater La Tribune de Genève. Ce rapport fait des heureux là où il est louangeur et des malheureux, là où il est dévastateur. C’est selon. Le gouvernement britannique a élevé une protestation contre le rapport du Centre de recherche Innocenti de l’Unicef sur le bien-être des enfants dans les pays de l’OCDE, regrettant en particulier qu’il n’ait pas pris en compte les progrès enregistrés au Royaume-Uni en matière d’éducation, de santé et de niveau de vie. Noté.

Attention, toutefois. L’analyse du rapport met en lumière des choix éditoriaux de l’auteur qui vit de ce côté-ci de l’Amérique. Pour vous faire un jugement personnel, le rapport peut être téléchargé - en français - en cliquant sur le lien à la fin de cette rubrique.

Introduction

Selon un rapport publié par le Centre de recherche Innocenti de l’Unicef sur le bien-être des enfants dans les pays de l’OCDE, les enfants néerlandais et suédois sont ceux qui vivent le mieux, tandis que les petits Américains et Britanniques sont derniers à ce palmarès. Ces deux pays affichent de très mauvais résultats pour cinq des six critères de classement. Les meilleures notes des États-Unis se trouvent dans le domaine de l’éducation. A tout prendre, il vaut mieux être un enfant aux Pays-Bas plutôt qu’au Royaume-Uni ou aux États-Unis. Les enfants des Pays-Bas sont globalement les plus heureux. Les pays européens sont en tête du classement général pour le bien-être des enfants. Quatre pays de l’Europe du Nord - soit les Pays-Bas, la Suède, le Danemark et la Finlande - occupent les quatre premières places du tableau d’honneur. À l’autre bout, les pays les plus riches font pâle figure : l’Allemagne n’est que 11e, le Canada 12e, la France 16e, les États-Unis 20e et le Royaume-Uni 21e. En ce qui concerne le bien-être scolaire des enfants, la France est au 21e rang sur 24 pays.

Dans le classement des 21 pays les plus développés, le Royaume-Uni arrive bon dernier quand il s’agit du bonheur des 11-15 ans. 16,2% des enfants y vivent dans la pauvreté (18e place du classement). Le Royaume-Uni est le pays où les jeunes sont les moins satisfaits de leur famille et de leurs amis (21e place). 43% seulement trouvent par exemple leurs proches « gentils et serviables », contre plus de 80% au Portugal et en Suisse. Plus d’un tiers des jeunes de 15 ans (35,3%) n’ont d’autre ambition que de trouver un métier sans qualification. Et si l’on regarde leur comportement (alcool, cannabis, bagarres et grossesses d’adolescentes), le Royaume-Uni est encore le pire des 21 pays étudiés. À 15 ans, 38% des jeunes ont déjà eu des relations sexuelles et 32% ont déjà été saouls. 44% disent s’être battus dans les 12 derniers mois.

Si les enfants des pays industrialisés bénéficient de niveaux de santé et de sécurité sans précédent, il reste encore des efforts à faire dans le domaine de la pauvreté. Les données recueillies depuis 2000 montrent que la situation financière des familles s’est dégradée dans 17 pays de l’OCDE sur 24. Le taux de pauvreté des enfants reste en outre supérieur à 15% au Portugal, en Espagne, en Italie, aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Irlande. La France, plutôt en bas du tableau général, se place bien pour la santé et la sécurité mais obtient une très mauvaise note pour l’éducation, les enfants ne s’y sentent pas très heureux.

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Le rapport

Le rapport du Centre de recherche Innocenti de l’Unicef (UNICEF) a fondé son étude sur six domaines précis :

1) Le bien-être matériel

2) La santé et la sécurité

3) L’éducation

4) Les relations avec la famille et les autres enfants

5) Les comportements et les risques

6) La sensation subjective de bien-être.

Le rapport montre que dans les 21 pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) étudiés, des progrès peuvent encore être faits : aucun pays membre ne s’est en effet classé dans les trois premières positions du classement dans chaque domaine. Ce rapport est une première étape dans la surveillance régulière et inclusive du bien-être de l’enfant dans les pays de l’OCDE. Son ampleur reste limitée par le fait que certaines données ne sont pas encore accessibles dans tous les pays. L’étude ne prend pas en compte, faute de données suffisantes, les pays de l’OCDE suivants : Australie, Islande, Japon, Luxembourg, Mexique, Nouvelle-Zélande, République Slovaque, Corée du Sud, Turquie. Les « niveaux donnés de bien-être de l’enfant ne sont pas inévitables mais conditionnés par les politiques  », souligne l’Unicef qui veut faire de son rapport « un guide élémentaire et réaliste d’amélioration possible pour tous les pays de l’OCDE  ».

Que dit en général ce rapport ?

  1. Les enfants des Pays-Bas ont les meilleures conditions de vie, devant les Suédois, les Danois, les Finlandais et les Espagnols. Les enfants suisses précèdent les Norvégiens, les Italiens, les Irlandais et les Belges. Les enfants allemands arrivent au 11e rang du bien-être, devant les Canadiens, les Grecs et les Polonais. Le Canada est au douzième rang.
  2. Pour le bien-être éducationnel, qui tient compte a) du niveau moyen des jeunes à l’âge de 15 ans, b) du pourcentage des jeunes de 15 à 19 ans poursuivant leurs études, c) du pourcentage de jeunes de 15 à 19 ans non engagés dans des études, une formation ou un travail, la Belgique arrive en tête, suivie du Canada. La Suisse se classe 16e et la France est 21e, derrière le Royaume-Uni.
  3. Dans les pays riches, les besoins de base des enfants sont le plus souvent satisfaits mais il subsiste une marge de progression dans le domaine du bien-être de l’enfant. L’un des indicateurs pris en compte pour établir le bien-être éducationnel - le pourcentage d’enfants affirmant qu’il y a au moins 10 livres chez eux - est défavorable à des pays bien classés ailleurs : Pays-Bas 23e sur 24, Belgique 21e, Suisse 20e. La France est quant à elle en 10e et le Canada en 9e positions.
  4. Les jeunes Canadiens (15e), Belges (16e) et Français (18e) situent leur bien-être subjectif à un niveau inférieur à celui suggéré par le rapport.
  5. Les États-Unis obtiennent les plus mauvaises notes dans la catégorie santé et sécurité, qui s’appuie sur les statistiques de mortalité infantile, de poids de naissance, de vaccination et de décès par accident.
  6. Pour les comportements (alimentation équilibrée, prises de risques, expérience de la violence), le Royaume-Uni figure en dernière position, derrière les États-Unis et la Belgique, tandis que la Suisse est 12e et la France 14e sur 21.
  7. La France obtient une mauvaise note dans le domaine de l’exercice physique des enfants et des adolescents, occupant le dernier rang.
  8. Le Royaume-Uni est en queue de peloton pour les relations amicales et familiales, critère basé notamment sur le taux de familles monoparentales et sur le nombre de repas pris en famille plus d’une fois par semaine. Il se classe également dernier pour les comportements et risques, domaine incluant le pourcentage d’enfants qui prennent un petit-déjeuner le matin et qui consomment des fruits régulièrement, ainsi que la proportion d’obèses, de consommateurs de drogues ou d’alcool et de jeunes sexuellement actifs.
  9. La santé et la sécurité, malgré des performances très médiocres, sont les domaines dans lesquels les enfants britanniques sont le moins à plaindre. Les États-Unis remportent leur moins mauvaise appréciation dans le secteur de l’éducation.

Conclusions

« Tous les pays ont des faiblesses qui doivent être abordées », a souligné Marta Santos Pais, directrice du Centre de recherche Innocenti de l’UNICEF. « Il n’y a pas de rapport direct entre le niveau de bien-être des enfants et le PIB par habitant », en conclut l’Unicef. « La République tchèque, par exemple, obtient un bien meilleur classement général que plusieurs pays nettement plus riches dont la France, l’Autriche, les États-Unis et le Royaume-Uni », relève le rapport.

Sources : Google

Pour télécharger le rapport



12 réactions


  • LE CHAT LE CHAT 16 février 2007 11:59

    merci pierre pour ton article qui interpèle sur les conséquences du tatchèrisme suivi du blairisme sur les sujets de sa gracieuse majesté ! les enfants britanniques sont les plus pauvres d’Europe !

    les britishs ont voté ultralibéral et ils revivent du dickens , votez Sarko et vous aurez du Zola !


    • cdg (---.---.169.151) 16 février 2007 13:21

      je cite : « la France 16e,... et le Royaume-Uni 21e »

      C est pas brillant pour nous et thatcher n y ai pour rien

      Pour un point sur le rapport c est un peu discuatble. La nourriture n a pas la meme importance pour nous que pour des anglais ou allemand.

      Du coup donner une note basse si les enfants ne mangent pas a table avec leur parents, c est biaiser le rapport

      PS je trouve personnellement terrible qu on ai de + en plus de famille mono parentales, avec des gamins qui se biturrent et qui se bourrent de coca et de chips devant la TV. Mais c est malheureusement probablement ce qui nous attend en france aussi avec l explosion du modele familial classique.

      Le probleme c est l induvidualisme, pas le socialisme ou le liberalisme !


    • LE CHAT LE CHAT 16 février 2007 13:47

      @cdg

      on peut parler aussi de la diversité entre les régions ; par exemple le nord pas de calais d’où je viens a des salaires inférieurs de 17% à la moyenne nationale avec contrairement à ici en provence d’importants frais de chauffage , pourquoi l’ump fait 15% maxi autour de Lens , faut pas chercher plus loin !


    • (---.---.25.115) 16 février 2007 14:50

      A Cdg,

      C’est peut etre un peu facile de prendre le raccourci que tu as choisi sur les familles monoparentales qui seraient soit disant responsables de la mal-bouffe !

      T’as jamais remarqué qu’au MacDo il y a aussi beaucoup de familles « traditionnelles ».

      Perso, je suis issue d’une famille monoparentale et mon frère et moi n’avons manqué de rien (ni amour ni repas « fait maison par maman »).

      Le problème n’est pas la famille monoparentales mais le recul des valeurs parentales qui font que seul ou à deux on a tendance à croire que c’est à l’école que doit se faire toute l’éducation d’un enfant et que par conséquent on ne prend plus le temps de faire des choses en famille. Point barre !

      Par contre je suis d’accord avec toi sur l’individualisme en tant que plaie de la société !

      Salutations


    • cyrkar (---.---.89.20) 17 février 2007 11:12

      Le libéralisme ne serait-il pas une de causes principales de cet individualisme forcené ?

      Ils me paraissent très liés puisque la base du libéralisme veut que chaque homme, présumé égoïste, va tenter de tirer la couverture à lui. Et comme tout le monde tire à lui, la couverture s’équilibre et couvre un peu tout le monde. Mais seulement voilà, la couverture n’a pas encore réussi à couvrir le tiers de la population mondiale. cela ne fonctionne pas car les plus gros tirent plus fort (tendance naturelle du capitalisme à aller vers l’oligopole puis le monopole).

      La somme des intérêts individuels ne fait pas l’intérêt collectif et c’est donc à mon avis ce dernier qui doit primer, mais pas en l’imposant, juste par la conscience que personne, absolument personne, ne peut se passer de son voisin.


    • cdg (---.---.255.82) 18 février 2007 18:07

      peut etre je vais jamais au mac donald. Mais je reconnais que c est bien concu pour attirer les enfants et donc les parents qui ne veulent pas se casser la tete

      Qaudn au famille mono parentales, elle ne sont pas responsables de tout les maux mais c est quand meme un facteur aggravant a mon avis.

      Vous avez eut de la chance mais j ai un parfait exemple oppose a citer. Un de mes voisin a divorce, la mere a eut la garde des 2 enfants (comme dans 95 % des cas). Elle ne s en ai jamais occupe de sorte que c est la grande soeur (de 12-13 ans (on etait a l ecole ensemble) qui s occupait de son petit frere). Resultat : le petit frere est devenu un petit delinquant et est mort en consommant de la drogue (il devait avoir 17-18 ans a sa mort). C est evidement pas guaranti, mais si son pere s en serait occupe, il aurait peut etre eut un autre sort


  • mortimer (---.---.17.234) 16 février 2007 17:30

    Excellent ! les vertus du libéralisme anglo saxon !! ET DIRE QUE CERTAINS CHEZ NOUS EN FRANCE N ONT D YEUX QUE POUR LE BLAIRISME à droite comme à gauche !! NAVRANT MESSIEURS ET MESDAMES NS&SR


  • Yann (---.---.85.183) 16 février 2007 18:04

    Pourquoi croyez vous que la France est envahie par des Anglais ? Merci pour cet article interessant et instructif. C’est tout de même assez rare pour être souligné..


    • Gilles (---.---.61.93) 17 février 2007 10:19

      Tiens donc ! Et pourtant il y a énormément plus de français vivant en Grande Bretagne que de britanniques « envahissant » la France.

      Bon, se sont les travailleurs français qui vont de l’autre coté de la Manche pour bosser et plutôt les retraités qui viennent chez nous (soleil, bouffe et vie moins chère)

      Notez aussi que les Hollandais « envahissent » aussi la France. Pourtant ils emblent plus heureux que les anglais.....


  • benalgue (---.---.139.175) 17 février 2007 19:08

    les enfants vivent mals et j’ai pas besoin de rapport pour me le confirmer... y à qu’à voir...c’est quoi la vie d’un mome ? c’est d’aller à l’école minimum 6 heures par jour...sans compter la garderie le matin le soir et la cantine...cartable lourd comme un cheval mort...rythme de travail lourd plus devoir à la maison...l’école est l’environnement prioritaire des enfants et elles sont moches surchagées d’enfants et de travail...si bien que toutes les six semaines nos enfants ont besoin de vacance...mais les parents ne peuvent pas s’en occuper ils travaillent alors rebelotte la vie cadrée dans les centres de loisirs avec trop d’enfants et ambiance quasi scolaire... chaque fois qu’un enfant de moin de 10 ou 12 ans veut sortir il est tributaire de ses parents pour se depenser au petit sqare du coin on les sorts comme si on sortait nos clebs et si c’est trop pour les parents se sortir l’enfant est cloisonné chez lui en cage comme un hamster...alors oui mille fois oui les enfants vivent mals...


    • cdg (---.---.255.82) 18 février 2007 18:20

      les vacances toutes les 6 semaise c est pas parce que les enfants sont fatigues, c est pour les profs smiley

      Personnellement, j ai subit les cartables lourd, les ecoles moches et les cours « epuisants » sans m en porter plus mal (et ca m a pas marque)

      Par contre je reconnais que les enfants maintenant on une vie bien pire qu a mon epoque (fin 60 debut 70). J ai grandi dans un petit village ou on pouvait jouer dehors, pas dans une ville ou c est impossible ou trop dangereux. J ai jamais eu de playstation (ca existait pas) et on regardait quasiment jamais la TV. On nous laissait pas dans des garderies le matin et le soir car nos meres ne travaillaient pas (ou au moins on avait de la famille qui socucpait de nous) Maintenant les enfants sont stresses du matin au soir (qui a envie d avoir un fils rmiste ?) et pousse dans une logique de consommation a outrance (certes ca existait a l epoque, on comparait nos jouets ou velos mais aucun gamin n avait des nike a 100 € !) Les parents sont plus riches qu avant mais il ne consacrent a leurs enfant moins de temps. (parents plus riche en general, il y a bien sur des cas particuliers. Mais le standard est maintenat 2 voitures, tel portable pour parenst et enfants, chaine hi fi. Mes parents a l epoque n avaient meme pas un tel fixe !)

      De quoi a besoin un gosse, d € ou d attention ? qu on lui donne ce qu il reclame pour avoir la paix en rentrant du travail ou de lui expliquer pourquoi il ne l aura pas


  • Ambroise (---.---.44.26) 24 février 2007 11:53

    LA phrase la + importante du rapport de l’UNICEF (a mes yeux) est la suivante :

    « Toutes les familles, dans les pays de l’OCDE de nos jours, sont conscientes de ce que le monde de l’enfance est revu et corrigé par des forces dont le but n’est pas forcément le bien-être supérieur de l’enfant. »


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