Mieux vaut grandir aux Pays-Bas qu’en Grande-Bretagne
La ville dont le prince est un enfant se situe-t-elle au Nord ou au Sud ? Mieux vaut s’appeler Theo que James selon l’UNICEF, titre Libération. Pour sa part, 20minutes.fr titre : Les Petits Français sont mal barrés. Nos enfants sont bien plus heureux que la moyenne. Mais moins instruits, titre la Tribune de Genève. Donc, par un raisonnement étriqué, faut-il conclure que Théo vit bien au nord et que James vit moins bien au sud. Résultat : mieux vaut grandir aux Pays-Bas qu’en Grande-Bretagne ou aux Etats-Unis, n’hésite pas à constater La Tribune de Genève. Ce rapport fait des heureux là où il est louangeur et des malheureux, là où il est dévastateur. C’est selon. Le gouvernement britannique a élevé une protestation contre le rapport du Centre de recherche Innocenti de l’Unicef sur le bien-être des enfants dans les pays de l’OCDE, regrettant en particulier qu’il n’ait pas pris en compte les progrès enregistrés au Royaume-Uni en matière d’éducation, de santé et de niveau de vie. Noté.
Attention, toutefois. L’analyse du rapport met en lumière des choix éditoriaux de l’auteur qui vit de ce côté-ci de l’Amérique. Pour vous faire un jugement personnel, le rapport peut être téléchargé - en français - en cliquant sur le lien à la fin de cette rubrique.

Introduction
Selon un rapport publié par le Centre de recherche Innocenti de l’Unicef sur le bien-être des enfants dans les pays de l’OCDE, les enfants néerlandais et suédois sont ceux qui vivent le mieux, tandis que les petits Américains et Britanniques sont derniers à ce palmarès. Ces deux pays affichent de très mauvais résultats pour cinq des six critères de classement. Les meilleures notes des États-Unis se trouvent dans le domaine de l’éducation. A tout prendre, il vaut mieux être un enfant aux Pays-Bas plutôt qu’au Royaume-Uni ou aux États-Unis. Les enfants des Pays-Bas sont globalement les plus heureux. Les pays européens sont en tête du classement général pour le bien-être des enfants. Quatre pays de l’Europe du Nord - soit les Pays-Bas, la Suède, le Danemark et la Finlande - occupent les quatre premières places du tableau d’honneur. À l’autre bout, les pays les plus riches font pâle figure : l’Allemagne n’est que 11e, le Canada 12e, la France 16e, les États-Unis 20e et le Royaume-Uni 21e. En ce qui concerne le bien-être scolaire des enfants, la France est au 21e rang sur 24 pays.
Dans le classement des 21 pays les plus développés, le Royaume-Uni arrive bon dernier quand il s’agit du bonheur des 11-15 ans. 16,2% des enfants y vivent dans la pauvreté (18e place du classement). Le Royaume-Uni est le pays où les jeunes sont les moins satisfaits de leur famille et de leurs amis (21e place). 43% seulement trouvent par exemple leurs proches « gentils et serviables », contre plus de 80% au Portugal et en Suisse. Plus d’un tiers des jeunes de 15 ans (35,3%) n’ont d’autre ambition que de trouver un métier sans qualification. Et si l’on regarde leur comportement (alcool, cannabis, bagarres et grossesses d’adolescentes), le Royaume-Uni est encore le pire des 21 pays étudiés. À 15 ans, 38% des jeunes ont déjà eu des relations sexuelles et 32% ont déjà été saouls. 44% disent s’être battus dans les 12 derniers mois.
Si les enfants des pays industrialisés bénéficient de niveaux de santé et de sécurité sans précédent, il reste encore des efforts à faire dans le domaine de la pauvreté. Les données recueillies depuis 2000 montrent que la situation financière des familles s’est dégradée dans 17 pays de l’OCDE sur 24. Le taux de pauvreté des enfants reste en outre supérieur à 15% au Portugal, en Espagne, en Italie, aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Irlande. La France, plutôt en bas du tableau général, se place bien pour la santé et la sécurité mais obtient une très mauvaise note pour l’éducation, les enfants ne s’y sentent pas très heureux.
_________________________________
Le rapport
Le rapport du Centre de recherche Innocenti de l’Unicef (UNICEF) a fondé son étude sur six domaines précis :
1)
Le bien-être
matériel
2)
La santé et
la sécurité
3)
L’éducation
4)
Les
relations avec la famille et les autres enfants
5)
Les
comportements et les risques
6)
La sensation
subjective de bien-être.
Le rapport montre que dans les 21 pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) étudiés, des progrès peuvent encore être faits : aucun pays membre ne s’est en effet classé dans les trois premières positions du classement dans chaque domaine. Ce rapport est une première étape dans la surveillance régulière et inclusive du bien-être de l’enfant dans les pays de l’OCDE. Son ampleur reste limitée par le fait que certaines données ne sont pas encore accessibles dans tous les pays. L’étude ne prend pas en compte, faute de données suffisantes, les pays de l’OCDE suivants : Australie, Islande, Japon, Luxembourg, Mexique, Nouvelle-Zélande, République Slovaque, Corée du Sud, Turquie. Les « niveaux donnés de bien-être de l’enfant ne sont pas inévitables mais conditionnés par les politiques », souligne l’Unicef qui veut faire de son rapport « un guide élémentaire et réaliste d’amélioration possible pour tous les pays de l’OCDE ».
- Les enfants des Pays-Bas ont les meilleures conditions de vie, devant les Suédois, les Danois, les Finlandais et les Espagnols. Les enfants suisses précèdent les Norvégiens, les Italiens, les Irlandais et les Belges. Les enfants allemands arrivent au 11e rang du bien-être, devant les Canadiens, les Grecs et les Polonais. Le Canada est au douzième rang.
- Pour le bien-être éducationnel, qui tient compte a) du niveau moyen des jeunes à l’âge de 15 ans, b) du pourcentage des jeunes de 15 à 19 ans poursuivant leurs études, c) du pourcentage de jeunes de 15 à 19 ans non engagés dans des études, une formation ou un travail, la Belgique arrive en tête, suivie du Canada. La Suisse se classe 16e et la France est 21e, derrière le Royaume-Uni.
- Dans les pays riches, les besoins de base des enfants sont le plus souvent satisfaits mais il subsiste une marge de progression dans le domaine du bien-être de l’enfant. L’un des indicateurs pris en compte pour établir le bien-être éducationnel - le pourcentage d’enfants affirmant qu’il y a au moins 10 livres chez eux - est défavorable à des pays bien classés ailleurs : Pays-Bas 23e sur 24, Belgique 21e, Suisse 20e. La France est quant à elle en 10e et le Canada en 9e positions.
- Les jeunes Canadiens (15e), Belges (16e) et Français (18e) situent leur bien-être subjectif à un niveau inférieur à celui suggéré par le rapport.
- Les États-Unis obtiennent les plus mauvaises notes dans la catégorie santé et sécurité, qui s’appuie sur les statistiques de mortalité infantile, de poids de naissance, de vaccination et de décès par accident.
- Pour les comportements (alimentation équilibrée, prises de risques, expérience de la violence), le Royaume-Uni figure en dernière position, derrière les États-Unis et la Belgique, tandis que la Suisse est 12e et la France 14e sur 21.
- La France obtient une mauvaise note dans le domaine de l’exercice physique des enfants et des adolescents, occupant le dernier rang.
- Le Royaume-Uni est en queue de peloton pour les relations amicales et familiales, critère basé notamment sur le taux de familles monoparentales et sur le nombre de repas pris en famille plus d’une fois par semaine. Il se classe également dernier pour les comportements et risques, domaine incluant le pourcentage d’enfants qui prennent un petit-déjeuner le matin et qui consomment des fruits régulièrement, ainsi que la proportion d’obèses, de consommateurs de drogues ou d’alcool et de jeunes sexuellement actifs.
- La santé et la sécurité, malgré des performances très médiocres, sont les domaines dans lesquels les enfants britanniques sont le moins à plaindre. Les États-Unis remportent leur moins mauvaise appréciation dans le secteur de l’éducation.
Conclusions
« Tous les pays ont des faiblesses qui doivent être abordées », a souligné Marta Santos Pais, directrice du Centre de recherche Innocenti de l’UNICEF. « Il n’y a pas de rapport direct entre le niveau de bien-être des enfants et le PIB par habitant », en conclut l’Unicef. « La République tchèque, par exemple, obtient un bien meilleur classement général que plusieurs pays nettement plus riches dont la France, l’Autriche, les États-Unis et le Royaume-Uni », relève le rapport.
Sources : Google
Pour télécharger le rapport