mercredi 5 novembre 2008 - par Mikaël Cabon

Obama : pourquoi il risque de nous décevoir

L’élection du 44e président des Etats-Unis aura permis aux présentateurs des journaux du petit matin en France de ressortir leur dictionnaire d’adjectifs et de superlatifs. Au premier rang desquels, le mot "historique". C’est oublier que toute élection présidentielle américaine appartient à l’Histoire au moins depuis Theodore Roosevelt et l’implication dans les affaires étrangères de la puissance états-unienne. Si l’élection de ce président métis, jeune, 47 ans, charismatique, il n’est qu’à écouter ses discours, est sans doute une bonne chose pour les Etats-Unis après huit années de bushisme, il est à craindre que le florilège d’éloges entendu ici et là en France laisse un goût amer. Voici quelques-unes des raisons qui ne manqueront de faire réagir les lecteurs d’Agoravox :


1. Il est le président des Etats-Unis d’Amérique. Et pas de l’Europe, ne nous en déplaise. Et comme tout président, il se doit en premier lieu de penser à son pays et à ses concitoyens. On peut penser que Barack Obama sur lequel l’emprise de l’idéologie semble faible sera plus ouvert que son prédécesseur à la négociation et à la diplomatie, mais il serait faux de croire qu’il mettra d’autres intérêts que ceux des Etats-Unis en priorité. Les résultats de cette élection américaine, passionnante comme toujours pour ceux qui aiment la politique, ont ouvert en France la foire à la récupération entre les invités politiques des émissions de télévision et de radios. C’est à qui tire le mieux la couverture à lui, « j’étais à Denver (sous-entendu pour la Convention démocrate) alors que d’autres se préparaient à aller à Reims », relate en substance Laurent Wauqiez ; « Non, il n’est pas à l’image du chef de l’UMP, il n’est ni agressif ni narcissique », écrit Pierre Moscovici sur son blog.

2. La crise économico-financière est insoluble à court terme
. La crise financière qui touche les Etats-Unis, et en particulier ses plus vieux bastions industriels, en particulier dans le Nord pour l’industrie automobile, n’est pas terminée. Trois millions d’Américains ont perdu leur habitation dans la crise des subprimes et il faudra du temps pour cicatriser ses plaies. Un retour à la croissance n’est pas prévue avant 2010. C’est d’elle que dépendra la résolution de la crise du capitalisme financier. Avec ou sans Barack Obama. Sauf à ce que ce dernier réinvente un nouveau capitalisme en compagnie de ses confrères dirigeants des nations industrialisées.

3. L’Afghanistan reste une priorité militaire.
L’une des premières choses que fera le président Obama sera de demander aux nations présentes militairement en Afghanistan d’augmenter leurs effectifs. Comme George Bush l’a fait avec succès. En profitant de son état de grâce international, il devrait bénéficier d’envoi de troupes supplémentaires. Si, dans ses discours, Obama indique « qu’il protégera son pays par-dessus tout, et n’enverra les soldats américains qu’avec une mission claire », en Afghanistan il n’en sera pas de même. L’objectif de lutte contre les taliban est louable. Leur régime oppressant représentait une verrue sur l’humanisme universel. Néanmoins, on ne voit pas où cette guerre va s’arrêter. Quels en sont les objectifs précis ? Il meurt plus de soldats alliés dans ce pays qu’en Afghanistan. Pourquoi faire ? Quelle en est la fin ?

4. Nos attentes sont disproportionnées. Sur la chaîne parlementaire, Elisabeth Guigou confiait ce matin son espoir que les Etats-Unis signent le protocole de Kyoto. D’abord on dit « ratifient », pour une ancienne ministre de la Justice c’est bien le moins, car l’accord international de diminution des gaz à effet de serre a été signé par les Etats-Unis, qui proposent une alternative un peu floue, mais pas ratifié par le Sénat américain. 95 voix contre 0 sous Bill Clinton en 1997. Onze années ont passé, et certains élus se sont peut-être convertis à la cause. Mais en l’absence de majorité absolue au Congrès (c’est-à-dire suffisamment de voix, 60 % des sénateurs, 2/3 des représentants), même partisan de l’accord, Obama ne serait pas certain de voir son avis suivi. D’autant que de nombreux Etats industriels souffrent déjà du ralentissement économique (et leur non-adaptation aux nouvelles tendances sociétales). On voit mal, dans ces conditions, les élus de ces Etats accepter un traité qui, à leur sens, va à l’encontre de leurs intérêts.

5. Un messie qui n’est pas prophète.
Sur la chaîne ITélévisions, un reportage passait en boucle ce mercredi. Il s’ouvre sur les larmes de Jesse Jackson, compagnon de route de Martin Luther King, et ancien candidat démocrate à l’investiture présidentielle. Puis enchaîne sur le discours de Martin Luther King et établit la comparaison entre Obama et ce dernier. Si tous les deux sont des tribuns, comparaison n’est pas raison. Quand Martin Luther King se fait assassiner en 1968, les Noirs disposent depuis quelques années seulement du droit d’aller à l’université et viennent tout juste d’obtenir le droit de vote. La décennie précédente, il aura fallu la révolte de Rosa Parks pour que la ségrégation cesse, progressivement seulement, dans les transports publics américains. Si filiation il y a entre les deux hommes, elle fait d’Obama l’un des héritiers de King. Si son élection a été possible ce 4 novembre, c’est aussi parce que beaucoup, Noirs et Blancs, se sont battus pour mettre fin à la ségrégation.

Les dictatures de l’émotion et de l’immédiateté sont les principaux ennemis du premier mandat de Barack Obama. Dans un premier temps, tout lui sera permis. Qu’il demande et il sera exaucé. Le second temps sera celui du contrecoup. Où ceux qui ont cru en lui demanderont des comptes. Leur croyance et leur confiance contre un bon retour sur investissement, si possible rapide et sans efforts.





37 réactions


  • philbrasov 5 novembre 2008 13:55

    déjà critiqué......par la gauche qui s’interroge....
    les mêmes du reste qui votaient Obama il ya deux jours.
    En fait toute cette gauche bien pensante, aurait bien vu la victoire de Mc Cain.


    Aumoins ils auraient pu parler :

    - de fraudes éléctorales

    - de racisme ambiant aux USA

    - de pays décadent

    - de contre modèle mondial
    etc etc.....

    Bref, la soupe ordinaire des antiaméricains.........
    Eh oui l’amérique n’est pas à l’image des commentateurs de salon parisiens.





  • ZEN ZEN 5 novembre 2008 13:55

    Désolé de plomber la fête !

    @ L’auteur
    Je crains que vous n’ayiez raison
    La détermination et l’enthousiasme peuvent être là , les faits vont être têtus , car Obama ne pourra pas, s’il l’ose, s’en prendre aux citadelles rentières, financières et industrielles de ce pays, qui depuis Reagan vit à crédit sur le dos de la planète


    • ZEN ZEN 5 novembre 2008 14:02

      Son discours trés engagé à l’AIPAC, sa pêche aux voix chez les évangélistes...
      Son ambigüité sur l’Irak , sa détermination sur l’Afghanistan, guerre déjà virtuellement perdue, etc... ont provoqué pas mal de critiques mal connues ici dans la presse US :

      "Ces dernières semaines, le candidat démocrate est revenu sur plusieurs de ses promesses pour mieux se rapprocher du centre. Une dérive alarmante", estime The New Yok times

      "A gauche, les défenseurs d’Obama se rassurent à l’idée qu’il "fallait qu’il dise ça pour être élu". C’est faux. Après huit ans de Bush, les Américains sont prêts à réévaluer le rôle impérial de leur pays. Obama préfère ignorer cette occasion"(A.C.)________________


      - "Obama : colombe ou faucon ?Comme l’écrit joliment le journaliste Nicholas Lemann, dans le New Yorker, après avoir interrogé les principaux acteurs de l’entourage de politique étrangère du candidat démocrate : « Sa campagne est comme un orchestre symphonique : les cordes jouent la partition de la coopération internationale, les cuivres celle de l’action agressive. Les deux sections jouent toujours ensemble mais, selon les moments, il y en a une qui joue plus fort que l’autre"


  • Antoine Diederick 5 novembre 2008 15:34

    Sur la diplomatie :

    j’ai tjrs trouvé qu’Obama avait plus le profil d’un diplomate que d’un leader national, je pense donc qu’il va initier une nouvelle approche diplomatique qui permettra de meilleures rapport internationaux. L’image us à l’étranger sera sans doute renforcée et ils en ont bien besoin pour se restaurer.


    Irak-Afgha-Iran :

    C’est plus complexe, Obama n’aura pas une grande marge de manoeuvre à mon avis.....

    Economie-crise financière :

    Pourra pas faire grand chose à ce stade, c’est la grande inconnue.....

    programme sociaux  ? relance par les grands travaux d’infrastructures ?


    • ARMINIUS ARMINIUS 9 novembre 2008 11:32

      ...et question diplomatie avec l’Europe, Obama a déja choisi son interlocuteur privilégié : ce sera Angela Merkel, beaucoup plus crédible, pratiquant une critique objective et connaissant beaucoup mieux les tenants et aboutissants
      de la politique russe que notre petit blanc agité ...


  • mikaboom 5 novembre 2008 16:00

     Pourquoi VOUS risquez d’etre décus !

    Vous les anti-ricains primaires.....

    VOUS les branques qui il y a encore 48h criez au complot "neo-con" (on se demande qui est nouveau con dans l’histoire) qui allait truquer les elections.

    Bref, je propose aux bien-pensants francais adeptes de la peste rouge et verte d’arreter de nous polluer la lecture.


  • Mikaël Cabon Mikaël Cabon 5 novembre 2008 16:16

    @mikaboom : Toujours aussi constructif. Tout le monde reconnaît le caractère exceptionnel de cette élection. S’interroger sur ce que va réaliser désormais le président nouvellement élu relève de l’intérêt pour la chose politique et pas de l’anti-américanisme primaire.
    MC


    • Act 5 novembre 2008 18:56

      Parce que vous trouvez votre papier constructif en annonçant d’emblée la déception ? Il y a des ajustements cognitifs à réaliser là ! Nous changeons d’ère si vous ne l’avez pas encore compris. Remarquez vous êtes loin d’être le seul sur Avox. Le seul hic est que vous partagez ce mode de pensée avec les pires réacts tandis que l’ensemble de l’humanité croit le contraire. Mais que valent les idées des peuplades lointaines ?


  • Internaute Internaute 5 novembre 2008 18:31

    J’apprécie ce point de vue un peu plus réaliste que l’hystérie ambiante. Quand on voit que le Kenya et le Congo sont en quasi fête nationale on se dit que le monde marche sur la tête.

    Les médias et les politiques récupèrent à tout va cette élection pour leur grand hymne au métissage obligatoire. Le plus intéressant est de voir les commentateurs officiels considérer que le grand changement positif est l’élection d’un noir. Autrement dit, le prochain bond en avant du phare de la démocratie mondiale devrait être l’élection dune asiatique lesbienne et mère porteuse de profession. Que d’épanchements en perspective au JT de 20 heures ! L’étape suivante sera la nomination d’un mongolien à la tête du Pentagone.

    La vérité me paraît beaucoup plus simple. Aprés 8 ans de Bush, la majorité n’avait qu’un mot à la bouche - Plus jamais çà ! Obama a été élu malgré (et non pas grâce à) ce qu’il soit noir et ceci parceque c’est quand même une bête de scène en politique. En effet, on nous dit que les noirs font 13% de la population. Pour arriver au score qu’il a eu il y a au moins le tiers des blancs qui ont voté pour lui.


    • Act 5 novembre 2008 18:49

      On se demande qui est le mongolien en l’occurrence. La jalousie est vraiment une excellente conseillère


  • ZEN ZEN 5 novembre 2008 19:34

    L’heure est à la récupération...


    • Le péripate Le péripate 5 novembre 2008 19:45

       Ca doit être terrible le monde où vous vivez Zen. Récupération, manipulation... toujours des forces obscures qui agissent, jamais d’élans simples... Enfin, qu’est-ce qui est un naufrage, comme vous aimez dire ?


    • ZEN ZEN 5 novembre 2008 20:53

      des "élans simples" ?

      Ai-je dit que l’élection d’O .ne me réjouissait pas ?
      Ja parle d’instrumentalisation de l’événement par Giscard, Sarko ou d’autres..
      Vous mélangez tout ! Mais lisez-vous les liens ? On se le demande...
      Mauvaise foi ou mauvaises lunettes ?


  • W.Best fonzibrain 5 novembre 2008 20:07

    exellent
    première mondiale
     un hologramme sur un plateau télé http://fr.youtube.com/watch?v=deoOTqT-SMI



    mauvais signe,ou hasard complet,cela veut til dire,c’est du vent,un mirage,ou alors peut etre cela augure t-il une ère encore plus sous le signe de la manipulation ?
    je vais loin,mais c’est quand m^me délirant comme technologie,vu toute les applications possible,genre fausse invasion extraterrestre


    • W.Best fonzibrain 6 novembre 2008 09:53

      et puis peut etre qu’avec 600 millions de dollars,vous, moi,un nain pourrait etre président.

      le système us est définitivement pourri,plus tu as de l’argent plus tu gagnes,comme j’ai entendu hier a la tv,carl rove peut etre content,ce sont ses méthodes qui ont été utilisé

      mac cain faisait pitié avec un budget 3 fois inferieur

      ha oui,les barrière raciale sont tombé,oui dans l’eshtablissement mais le peuple,je sais pas,55% des blanc ont voté pour mac cain,95% de noir pour obama.
      on verra dans 4 ans le nombre de noir en prison
      par contre niveau pub,super coup

      obama jésus qui efface ,absout les péchès des 8 années bushiène,un peu facile pour les centaines de milliers de morts de toute part


  • 3°oeil 5 novembre 2008 20:58

    Obama ou Mc cain c’est du pareil au méme 1+1=1 ,comme en France ou finalement les candidats ayant un bon programme sont écartés au profit de ceux qui soutiennent les lobbys
    http://www.dailymotion.com/video/x6wfqu_spot-de-ralph-nader_news


  • Absurde Absurde 5 novembre 2008 21:46

    Heureusement, l’Histoire ne s’écrit pas selon un continuum logique. Exemple le 9/11, évènement imprévisible dont nous sommes loin d’avoir éprouvé toutes les conséquences. L’élection de Barack Obama n’était pas prévisible il y a un an, elle était seulement envisageable, c’est en cela qu’elle paraît aujourd’hui inespérée. 

    Elle est célébrée partout, ce qui n’était jamais arrivé auparavant. Jamais une élection locale n’avait engendré de liesse planétaire. C’est que cette élection est lourde de sens, elle nous parle, peut-être plus directement à nous Français, dont une majorité d’électeurs a confié l’an passé les rênes du pouvoir à un sinistre succédané de GW Bush. 

    A qui parle-t-elle en particulier, chez nous, cette élection de Barack Obama ? Aux jeunes des cités, aux jeunes d’origine africaine et maghrebine, aux jeunes tout court, aux Antillais, aux Comoriens, aux émigrés et fils d’émigrés, jeunes et moins jeunes, aux métis, aux petites gens, à un peuple de gauche orphelin d’une véritable alternative à gauche. A tous ceux en fait qui doutent sérieusement du principe d’égalité des chances dont nos apôtres des valeurs républicaines nous rabattent les oreilles à longueur de palabres. 

    Cela me donne à penser que le phénomène Obama, s’il devait connaître un destin positif (pourquoi en douter systématiquement, comme le font certains ?), pourrait avoir de sacrées implications dans notre petite vasouille politicarde franco-française, et a fortiori en Europe. 


  • Jean-paul 5 novembre 2008 22:14

    yes we can .Bravo Obama.Que d’emotion.
    Un noir president des USA .
    Imaginons un seul instant un noir president en France ,non la France n’est pas prete .Juste prete pour donner des conseils aux autres .
    Vive les USA !!!!


    • Jean-paul 5 novembre 2008 22:17

      Quant a la reaction des lecteurs gauchistes grincheux moroses aigris frustres d’Agoravox .
      On s’en tape !!! !!!!!!!
      Champagne .


    • Charles Bwele Charles Bwele 6 novembre 2008 13:25

      @ Léon,

      Primo
      Opérant souvent en Amérique du nord, je vous explique un détail plutôt méconnu des Européens. Aux US, octavon/quarteron/métis = Noir. Quand on est Noir ou Métis, croyez-moi j’en sais qq chose, dur de choper un cab à NY ou LA à fortiori aux heures nocturnes. Heureusement, ce phénomène diminue avec les années - car les mentalités évoluent - mais reste encore bien réel, d’autant plus que de plus en plus de cab drivers sont eux-même colorés. Les plus prompts à s’identifier comme noirs sont les métis eux-mêmes... Car, ils éprouveront autant de difficultés qu’un noir à trouver un logement dans un quartier blanc.

      Dans le quartier noir et dans la communauté noire, ils sont bcp plus tranquilles car ne faisant l’objet d’aucune attention particulière.

      Secundo
      Pour ma part, je suis nul au basket mais largement meilleur en natation, je pense me mouvoir plutôt bien en party ou en night-club, mon oreille est plutôt pop-rock et musiques électroniques, je fais du design multimédia et du consulting IT/technostratégique... Ai-je selon vous le profil typique d’un Noir ? Au fait, peut-on réduire le profil d’un individu de X appartenance ethnique à partir de qq caractéristiques certes réelles mais bien superficielles ?

      Exemple : un Blanc appréciant le rap et la musique africaine user de tels arguments pour définir son appartenance ethnique ?

      Pour ma part, je ne vous perçois guère comme un blanc ou vert - idem pour mes proches - mais comme un individu rédigeant/commentant sur AV.

      Amicalement smiley


    • Charles Bwele Charles Bwele 6 novembre 2008 13:34

      Achtung Léon : j’ironise autant que vous  smiley

      Pour être plus sérieux, l’espoir presque démesuré suscité par BO provient du fait que les US avaient d’un baume au coeur après huit ans de bushisme. Heureusement, son discours de nouveau président fut d’une lucidité remarquable, il a pigé qu’il portait trop d’espoir et a essayé d’amenuiser les flammes.

      @+


    • Absurde Absurde 6 novembre 2008 17:51

      Pour aller dans votre sens, Charles, je suis Blanc-latino (origines provençales-italiennes pour être tout à fait précis) et depuis que je suis en âge d’apprécier la musique j’adore la soul. J’en suis venu par la suite à ses dérivés, rap, hip-hop, trip-hop, j’apprécie beaucoup la breakdance (même si je ne pratique pas) et il y a quelques années je me suis mis à faire de la soul tendance old school (Philly Sound) sur mon ordinateur. Aujourd’hui j’ai mon profil sur plusieurs sites de musique où des gens de tous les âges, de tous les milieux, de toutes les couleurs et de tous les métissages possibles écoutent ma musique et la téléchargent... Noirs compris, sans se préoccuper de ce que le zig qui est derrière le groove, les percus et les orchestrations n’est pas afro-américain (selon la terminologie politiquement correcte en vigueur chez nos cousins d’outre-Atlantique). Par contre je n’aime ni le foot ni l’alcool ni la pétanque ni le rock... dont on pourrait dire vite fait, comme d’aucuns, qu’ils appartiennent à la culture blanche. Vous avez raison de rappeler qu’on n’a pas à réduire quelqu’un aux supposées qualités et vertus de sa culture d’appartenance. Combien de fois ai-je entendu de braves gens intelligentes et cultivées affirmer que les meilleurs chefs d’orchestres, violonistes et hommes d’affaire sont juifs, que les noirs sont très doués pour l’athlétisme et la danse, et les blancs, eh bien, les blancs... et là ils s’arrêtaient net. Parce qu’ils étaient eux-même des blancs et qu’en tant que tels, s’ils pouvaient aisément juger des particularismes qu’ils prêtaient aux juifs et aux noirs, ils n’étaient ni juifs ni noirs pour juger des particularismes que ceux-ci prêtent aux blancs. Car le raisonnement inverse peut être valable. Il est affaire d’ignorance, ou du moins de non-vécu. Si vous avez grandi dans un milieu cosmopolite, vous voyez les choses différemment. 

      Pour en revenir à l’Obamania planétaire, car le phénomène est planétaire, ce qui en soi est inédit, elle peut s’expliquer, selon moi, non seulement parce que Barack Obama est Noir, parce qu’il a l’air sympa, qu’il vient du ghetto, en somme qu’il ressemble à un soul man plus qu’à un politicien, mais surtout parce qu’il représente un condensé des métissages du Sud, il est afro-américain, ses origines sont indonésiennes, musulmanes, il porte un second prénom arabe... bref, ce peut être ce côté citoyen de l’autre monde, sorte de porte-parole du Sud, d’icone du tiers-monde, qui joue dans ce phénomène inédit de popularité. 

      Le problème est qu’Obama n’est pas un soul man. Il est un politicien. Et c’est peut-être là que le beau rêve, pour beaucoup, achoppera à des réalités pas très glamour. Car jusqu’à plus ample informé, aux Etats-Unis comme en Europe, dans un contexte de mondialisation néolibérale, ce ne sont pas les politiciens qui mènent le jeu, et la démocratie n’est que poudre aux yeux. 


  • Hieronymus Hieronymus 6 novembre 2008 02:00

    @ l’auteur
    de tous les articles publies ce jour par Avox et faisant etat d’une sorte d’Obamania
    le votre est a peu pres le seul disposant d’un veritable contenu et permettant un questionnement interessant, sur les points que vous soulevez (1 a 5) je souscris a vos analyses sauf sur le point 3 L’Afghanistan reste une priorité militaire.
    il serait plus juste d’ecrire L’Irak reste une priorité militaire. car c’est de loin le plus gros merdier, l’Afghanistan est un theatre d’operations secondaire en comparaison, pays plus isole, moins peuple et surtout bcp moins strategique (pas de petrole).

    J’aurais vu comme autres points de discussions (necessitant des analyses ulterieures)
    6. Fin de la malediction Bushienne des elections americaines
    je dois dire que meme si tous les sondages donnaient Obama vainqueur depuis des semaines, jusqu’a ce que cette nuit on annonce que la Pennsylvanie et l’Ohio ont ete remportes par les Democrates, je n’osais y croire, j’avais trop en memoire la grossiere triche de 2000 sur la Floride et celle plus discrete en 2004 sur certains etats cles qui avait permis la reelection de Bush, cette fois ci les resultats ont sembles conformes aux sondages a la difference de 2004 ou Kerry partait favori  a peu pres comme Obama apres quoi les machines a voter ont sans doute falsifie les resultats pour donner la victoire a Bush ..
    Il faudra ds les prochaines semaines reetudier de maniere approfondie les ecarts "sondage sortie des urnes" et "resultats publies" lors du vote de 2004 en le comparant aux actuels ecarts lors de cette election s’il y en a de significatifs : normalement ceux-ci ne doivent pas exceder 1% sinon fraude probable !
    Conclusion : Diebold se devait donc d’aider seulement Bush et pas les autres republicains (pas copains entre eux) ?
    7. Quelle est la part d’irreversibilite ds les degats de l’administration Bushienne ?
    ou en d’autres termes, jusqu’ou les Democrates pourront ils remonter la pente face au desastre ?
    Les 8 annees de presidence W resteront (mais pour l’admettre il faudra du temps) comme 8 annees de cauchemar ds l’histoire des USA marquees par une veritable entreprise satanique de derive vers un pouvoir totalitaire..
    D’abord en commencant tres fort grace au 11/9 (comme les nazis avec l’incendie du Reichstag) il faut un pretexte justifiant la prise de moyens d’exception, et en continuant sur cette pente du mensonge ignoble (ADM) pour declencher 2 guerres douteuses qui continuent a faire des centaines de milliers de morts, la politique etrangere de cette administration a ete la plus criminelle de toute la planete depuis des decennies, "les USA phare de la Liberte" cela semble bien termine !
    Sur le plan interieur politique laxiste, egoiste a tout va, cynique et demagogique, marquee par une absence totale de scrupules et une allegeance envers les privilegies !
    Anti politique d’environnement, mepris de l’avenir de la planete !

    Un cauchemar de 8 ans, est il possible d’en sortir ? de faire marche arriere ? Ou est ce que les mauvaises graines semees par les neo-cons (W n’etant qu’un clown) n’ont elles pas deja produites des plantes qu’il serait desormais impossible d’arracher ? Quelle est la marge de manoeuvre d’un Obama ds tout ce desastre deja bien avance ? On sait qu’il lui est impossible de remettre lui meme en cause les plus gros crimes de l’administration precedente (bien que Kroutchev l’ait fait pour Staline 3 ans apres sa disparition).

    Je ne suis que tres moyennement rassure, j’ai bien peur qu’a un certain niveau il ne soit deja trop tard pour enrayer un processus quasi-diabolique amorce du temps des Bush ..


    • Christoff_M Christoff_M 6 novembre 2008 03:48

       certains amis pensent que l’election est un peu trop facile et belle pour etre aussi simple...

      pourquoi avoir mis un vieux vétéran et sorti Palin comme un pom pom girl au dernier moment, n’y a t il personne de compétent chez les républicains modérés !!

      autre solution on laisse passer largement avec une campagne biaisée un Obama flamboyant pour lui faire encaisser les saloperies à retardement laissées partout par Bush partout, économie, guerres, pollution...

      Obama n’est pas responsable, mais s’il promet trop s’il tombe dans le panneau du pouvoir et de la démagogie, il portera assez vite un grand chapeau, pour le grand plaisir des républicains qui auront vite fait de changer de discours après une crise ou tout le monde parlait d’unité de patrie, de manière tres théatrale...

      N’oubliez pas que la crise démarra avec une somme de 17milliards bloquée sciemment par des concurrents de Leman Brothers... bizarre crise américaine qui se déclenche tout à coup au moment ou les américains républicains savient qu’ils perdraient les elections...


    • michel michel 6 novembre 2008 08:12

       Ce qui est (probablement) vrai pour les republicains, l’est (surement) pour les democrates... 
       


  • Charles Bwele Charles Bwele 6 novembre 2008 11:03

    @ L’auteur,
    @ Agoravoxiens,

    Barack Obama ne sera investi que dans un peu plus de deux mois que déjà on lui prête tous les maux, on s’en méfie, on le conspue... En partie à juste titre car il défendra d’abord des intérêts américains tout comme le font Sarkozy, Brown, Merkel, Jintao ou Medvedev pour leurs nations respectives.

    Ces oiseaux de mauvais augure sont les mêmes qui insistaient particulièrement sur le racisme féroce et latent de l’Américain moyen, sur son incapacité voire son refus congénital à élire un Noir. Mais Oncle Sam, qui a plus d’un lapin dans son chapeau, inflige une leçon de pragmatisme et d’humanité, notamment à bien des Cassandre agoravoxiens patentés... Qui refusent obstinément d’analyser l’impact historique de ce 4 nov 2008, qui sans pour autant changer le monde d’un coup de baguette magique, est porteuse d’espoir pour les mentalités et pas seulement en Amérique.

    L’ayant déjà mentionné dans un autre article, nous aurons l’occasion de juger l’administration Obama sur pièce dans les 4-8 ans à venir. Et je serais aussi attentif et critique envers son administration comme je l’ai été envers ses prédécesseurs et leurs homologues des autres nations. En attendant, le fantôme souriant et bienveillant de Martin Luther King peut enfin véritablement rejoindre les cieux... Ne boudons pas notre plaisir

    Amicalement




    • Mikaël Cabon Mikaël Cabon 9 novembre 2008 21:35

      Bonsoir

      cette élection est exceptionnelle pour beaucoup de personnes et fait naître des espoirs considérables. Elle appartient déjà à l’histoire et sans bouder mon plaisir, je m’interroge sur les conséquences de ces espoirs à bien des égards déraisonnables. 

      MC


  • fantomas 6 novembre 2008 11:06

    @ M CHRISTOFF_M

    Quoi Monsieur Obama et les démocrates ne sont pas au courant de la sitation économique ???

    Non sérieusement, vous pensez ce que vous écrivez ? Qu’elle honnêteté intellectuelle !

    Vous faîtes sans doute partie de la grosse majorité d’Agoravoxiens qui vouait aux gémonies le peuple américains, il n’y a pas plus de deux jour de cela et leur trouve toutes les vertus depuis le 5/11 au matin.


  • Ricky972 6 novembre 2008 11:20

    Voici pourquoi Obama risque fort bien de décevoir le monde, dont les Etats-Unis en particulier.

    Obama suscite beaucoup, BEAUCOUP TROP, d’espoirs. La chute n’en sera que plus rude. Attention, je ne dis pas qu’Obama ne fera pas ses deux mandats. Je dis juste que, si on est objectif, on s’abstient de toute obamania.

    Si je dis cela, ce n’est pas parce que je n’aime pas Obama. Bien au contraire. Simplement, si on analyse vraiment la situation, on frise la panique. D’ailleurs, la Bourse de New York vient de terminer à plus de 5% de perte... Bizarre, non ?

    D’abord, Obama se révèle être un faux-cul total. Il dit qu’il est opposé au mariage homosexuel mais il s’oppose à tout référendum destiné à inscrire dans la Constitution cette interdiction. Plus grave, alors que, pour lui, chaque Etat est libre de fixer les règles sur ce sujet, il s’est opposé au référendum en Californie sur ce sujet. Bizarre comme position, non ? Je comprends qu’il soit opposé à l’inscription dans la Constitution américaine mais il n’a pas son mot à dire sur la Constitution des Etats. Il doit d’autant plus s’inquiéter que les électeurs californiens lui ont infligé un camouflet terrible : ils viennent d’approuver à un peu plus de 50% l’inscription dans leur Constitution de cette interdiction... Pourtant, la Californie est censé être à 80% au moins démocrate...

    Ensuite, la victoire n’est pas si massive que cela. Certes, au niveau des Etats, oui. Mais au niveau des voix nationales, on tourne autour de 52-53%. C’est une belle victoire mais c’est pas le raz-de-marée national annoncé.

    Mieux, Obama n’est élu que par la crise. Sans la crise, McCain serait Président. McCain n’a pas su géré l’arrivée de la crise, il a mal agi et Obama en a profité. Mais rappelons, qu’avant cette crise, McCain était devant... Si la situation économique avait été convenable avec une croissance comme en France et un chômage stable, il y aurait eu beaucoup de pleurs dans le monde aujourd’hui. A méditer là dessus.

    Bush n’est pas stupide. Les démocrates ayant remporté les élections intermédiaires de 2006 et la crise se profilant, il a laissé filer les déficit au point que la situation n’est plus tenable. De fait, Obama se retrouve pieds et poings liés. D’abord, parce que les Républicains ne le laisseront jamais baisser les crédits de la Défense, de la Sécurité intérieure et de la Sécurité nationale en général. II faudra donc trouver l’argent autre part. Il sortira d’Irak ? Bien. Laissera-t-il alors le pays dans le chaos ? Personne n’y croit vraiment. De toute manière, le déficit budgétaire est si abyssal que l’argent de la guerre ne suffira absolument pas. Il ne restera alors plus à Obama, comme l’avait d’ailleurs fait Clinton, à augmenter les impôts. Ce dont tous les économistes américains s’accordent à dire qu’il sera obligé de faire. Bref, il fera le sale boulot et prendra d’autant plus de retard sur l’éducation, la santé... On voit les difficultés de Sarkozy avec le budget en déficit en France alors imaginez Obama...

    Pendant ce temps, les Républicains trouveront un leader, se réformeront pour être plus social, renforceront leur conservatisme social... On pourrait ainsi voir les Républicains venir défendre les classes moyennes comme l’UMP est venu les prendres au PS en France... Compte-tenu de la colossale désillusion qu’infligera Obama aux Américains tant il ne peut qu’échouer globalement avec la situation qu’il trouve, les futures victoires républicaines s’annoncent d’un effet destructeur pour les Démocrates. Cette élection me rappelle 1981 en France. La droite était complètement perdue. Mitterand a appliqué son programme mais avec les déficits, il n’a pu faire que de la rigueur. Obama n’y échappera pas. Or, on sait dans quelle situation se trouve aujourd’hui les socialistes français : 1995, 2002 et 2007 perdues et 2012 ne s’annonce pas franchement bien...

    Bref, au lendemain de cette élection américaine "historique", avec le recul, il fait vraiment bon d’être Républicains, tant l’avenir s’annonce prospère pour eux.


  • michel michel 6 novembre 2008 11:58

     Il n’est pas exclus qu’Obama ne cherche pas à résoudre les problemes dont vous parlez. Je m’explique.
     Obama pourrait préférrer la transformation, le développement de nouvelles solutions et non pas une
     approche technique consistant pour l’essentiel à resoudre les problemes resultant des
     solutions retenues précedemment, cette logique suicidaire du maintien des equilibres.
     C’est le seul moyen de transformer ces problemes, les changer, surtout qu’ils sont reputés sans
     solution. En substance, batir un projet... la maniere dont il a par exemple laisser le "peuple americain"
     faire sa propre campagne est pleine de promesses smiley

     Pourquoi le pourrait-il ? il entre à la maison blanche sans les stigmates de 20 ans d’ascension 
     politique et ses compromissions. Il est d"une génération qui a pu jugé depuis l’adolescence d’une
     politique qui herite d’un autre siecle, il a la capacité psychologique de donner aux autres le pouvoir
     de vouloir transformer les choses et il n ’est pas seul.

     Le monde n’est au final que ce que nous en faisons.
     
     
     
     


  • canardQuantique 6 novembre 2008 23:04

    Un peu de distraction...

    http://vioxx.labrute.fr


  • Bergame Bergame 8 novembre 2008 12:01

    Bien entendu qu’Obama va décevoir. A peine élu, il faut lire le nombre de commentaires et d’articles qui prétendent prendre le parti de la raison voire de la maturité politique (!) et mettre en garde les pauvres hères si prompts à l’adoration. Et ils ont raison, qui plus est ! Le cynique a toujours raison de dire que les espoirs seront déçus, le cynique a toujours raison de dire que le pire est pour demain, vient toujours un moment où, de toutes façons, il a raison. S’il y a une chose qui est certaine, c’est qu’on va tous crever.
    Bien entendu donc qu’Obama décevra les espoirs placés en lui, ces espoirs sont tellement divers. Mais à mon sens, ce n’est pas le plus important. Le plus important, c’est que des millions de gens y croient de par le monde. On nous répète tellement depuis 25-30 ans qu’il ne faut avoir aucun espoir, que l’espoir est toujours déçu, qu’il est même dangereux selon trop fameuse rhétorique de l’effet pervers, qu’il est la matrice naïve d’où sortent les furies totalitaires et destructrices, que c’en devient presque étonnant, mais rassurant, de voir que, pourtant, malgré tout, l’espoir est toujours là et qu’il lui suffit d’une étincelle pour s’embraser de nouveau. Ce n’est pas tellement que là où il y a de la vie, il y a de l’espoir, c’est que là où il y a de l’espoir, il y a de la vie. Ce que signifie l’"obamania", c’est que nous ne sommes pas encore tous morts.


  • Rackham le rouge Rackham le rouge 8 novembre 2008 12:04

    Article lucide et bien détaillé, un bon rappel à la réalité en pleine période d’euphorie médiatique obamaniaque.

    Les fortes contraintes, internes et externes, laissent en effet peu de marges de manoeuve au nouvel élu ; lequel n’a jamais annoncé de projets de changements en profondeur du système, comme avait pu le faire en d’autres temps un FD Roosevelt.

    Au delà des belles images emphatiques et consensuelles de liesse "united colors", dans les rues des grandes villes US ; il faut lire, dans le sursaut de participation (10 à 15% en plus par rapport aux élections précédentes) qui a propulsé Obama à la Maison Blanche, un appel au secours, un cri d’angoisse, de la part de millions d’hommes et de femmes qui ont peur pour leur emploi, leur logement, la prise en charge de leurs frais de santé, l’avenir de leurs enfants....

    Et cet appel au secours, saura t’il y répondre ? Le pourra t’il ? Le voudra t’il ? J’en doute fortement.




  • Mikaël Cabon Mikaël Cabon 9 novembre 2008 21:30

    Et pour rire un peu aussi, voici une vidéo assez drôle

    MC


  • moebius 9 novembre 2008 22:45

    si vous ne vouliasses pas etre déçu par votre candidat il fallusse que vous votassiez pour Mac cain et si vous n’eussiez pas envi etre décu par Mac Cain il fallasse que vous eusstiez votassié pour son concurrasse..mais n’estres vous pas François ? auquel cas point n’asviez la légitimité de vostassier pour vos cousins les asmérindiens


    • moebius 9 novembre 2008 22:49

      adonc ! amis vous prenez votre berlu pour une lanterne magicienne et ces milles feux vous font paraistre les choses pour ce qu’elle ne sont pas


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