mardi 16 octobre 2018 - par William Kergroach

Papouasie occidentale, génocide à l’indonésienne

Les Papous de la partie ouest de la Nouvelle Guinée se font quotidiennement massacrer par l'occupant indonésien. On dénombre 500 000 morts depuis l'occupation du territoire par les troupes de Jakarta. Mais, ce ne sont, il est vrai, que des tribus "primitives".

L'ONU se tait, British Petroleum exploite le gaz, l'Américain Rio Tinto y exploite la plus grosse mine d'or du monde, une des principales sources de revenu de l'Indonésie.

Washington, Jakarta et Londres veillent donc à ce que rien ne sorte. Vous n'en entendrez donc jamais parler.

Cela fait 47 ans que l’Indonésie a envahi la Papouasie occidentale, 47 ans que les Papous y sont violés, torturés, tués en masse. On parle de 500 000 morts. Personne n’est au courant, l’ONU et Washington y veillent.

 

L’Indonésie est un monstre démographique qui s’étend sur plus de 17 000 îles et compte 263 millions de musulmans. C’est le quatrième pays le plus peuplé au monde.

Sa colonie de Papouasie occidentale, la partie ouest de l’île de Nouvelle Guinée, colonie hollandaise jusqu’en 1961, est habitée par moins d’un millions de tribus « primitives » qui vivent dans la forêt pluviale depuis la nuit des temps. Ces Papous, de race mélanésienne, ont été christianisés par les missionnaires, ils peuvent mourir.

 

En 1961, les Hollandais organisent leur départ de leur colonie de l’Irian Jaya, en Nouvelle Guinée. Alors que les Papous occidentaux commencent à choisir des représentants pour former leur Conseil de Nouvelle Guinée, choisissent leur drapeau, le Morning Star, leur hymne national et un nouveau nom pour le territoire, les troupes indonésiennes envahissent la Papouasie occidentale

Après l’accord de New York obtenu en 1962, le Bolivien Fernando Ortiz-Sanz est envoyé en Indonésie par l’ONU pour superviser l’organisation d’élections libres destinées à garantir au peuple mélanésien son droit à l’auto-détermination. Il comprend vite qu’il ne pourra rien faire. Pour Jakarta, il n’y a qu’un seul vote acceptable : l’intégration immédiate de la Papouasie occidentale à l’Indonésie.

En 1969, les Papous sont intégrés de force à la république d’Indonésie, après un semblant de vote truqué. La communauté internationale s’empresse de célébrer la « décision » des Papous. Sur fond d’intérêts financiers, on choisit d’ignorer un génocide.

 

Les États-Unis sont déterminés à ne pas froisser l’Indonésie, face au camp communiste, dans le contexte de leur guerre au Vietnam. Ils vont plus loin et, sous les ordre du président Nixon, livrent des hélicoptères d'attaque et d’autres équipements pour détruire des centaines de villages et jeter les Papous dans la brousse pour qu’ils y meurent de faim. Du côté des Britanniques, British Aerospace vend ses avions de combat Bae Hawk, qui « conviennent si bien à l'attaque au sol », à Suharto. L’ambassadeur britannique Sutherland écrit de Jakarta à Londres qu’il n’imagine pas mettre en péril les relations économiques et politiques avec l'Indonésie sur une question de principe impliquant un nombre relativement restreint de peuples « très primitifs... »

 

500 000 Papous ont disparu subitement des statistiques, un chiffre comparable aux 500 000 « communistes » éliminés par le régime de Suharto dans les années 60. C’est la méthode indonésienne pour régler ses problèmes.

Pour L’ONU, la question reste un différend interne. Toutes les alertes sur la condition des population papoues sont systématiquement ignorées par l’Assemblée générale. La politique de migration indonésienne en Papouasie occidentale fait maintenant des Papous une minorité dans leur pays. Hisser le drapeau « Morning Star » est puni de 15 ans de prison, des contraceptifs sont injectés aux femmes papoues, qu’elles soient consentantes ou non, et, dans les villages reculés, les soldats indonésiens tirent sur les Papous à vue.

 

La malédiction des Papous de l’Irian Jaya, une des populations les plus pauvres du monde, est la richesse de leur sol. Les fabuleuses ressources naturelles en gaz, or et cuivre sont exploitées par British Petroleum et la société minière Freeport-McMoRan, basée à Phoenix, qui exploite la plus grande mine de cuivre et d’or du monde, appelée Grasberg. Freeport travaille pour le compte de l’américain RioTinto, dont Henry Kissinger est membre du conseil d’administration.

La mine Freeport, à Mimika, est, à elle seule, l’une des plus grandes sources de revenus de l’Indonésie. La sécurité de la mine est d’ailleurs assurée directement par l’armée indonésienne, tout comme la baie de Beru-Bintuni, dans l’ouest de la Papouasie, exploitée par British Petroleum.

Si la Papouasie occidentale obtenait l’indépendance, il serait peu probable que l’américain Rio Tinto et la British Petroleum voient leurs contrats reconduits par les Papous redevenus libres. L'Armée de libération papoue souhaite expressément mettre fin aux activités de ces sociétés étrangères qui exploitent les ressources de la Papouasie.Voilà pourquoi les Britanniques et les Américains, en particulier, continuent de s’opposer obstinément à toute publicité sur ce qui se passe en Papouasie occidentale.

 

Le 4 novembre 2018, la Nouvelle Calédonie va voter pour ou contre son indépendance vis à vis de la France. Le 15 juin 2019, l’île de Bougainville, va voter pour ou contre son indépendance vis à vis de la Papouasie Nouvelle Guinée. Le Mouvement de libération unifiée pour la Papouasie occidentale (ULMWP), aimerait rejoindre le mouvement et obtenir sa libération de la tutelle indonésienne, donner une chance à la nation mélanésienne d’entrer dans l’histoire. Ses chances d’y parvenir sont à peu près nulles. Malgré le soutien de plus de 70% de la population de la Papouasie occidentale, l’ONU vient de rejeter la candidature de la Papouasie occidentale à son Comité de la décolonisation.

 



11 réactions


  • Montdragon Montdragon 16 octobre 2018 10:59
    la Nouvelle Calédonie va voter pour ou contre son indépendance vis à vis de la France.

    Do you speak english ami kanak ? L’ami zoreilles est parti avec sa famille, le wallos à Wallis et le caldoche tente sa chance en Australie.
    Comment, plus de touristes japonais ? Mais pourquoi donc ?

    Fini les pétards place des cocotiers et le kava, ami kanak, maintenant tonton SAM va te faire trimer, ah oui ça change hein, on aurait du te prévenir.



  • Dom66 Dom66 16 octobre 2018 11:23

    Salut l’auteur, pour votre article...histoire bien triste ces Papous n’ont aucune chance….helas.


    « L’Indonésie est un monstre démographique qui s’étend sur plus de 17 000 îles et compte 263 millions de musulmans »


    J’ai entendu dire que les musulmans étaient pacifiques du à leurs religions !! me suis-je fais berné ??



    500 000 Papous en moins et nos médias n’en parlent pas ??, pourtant ils sont impartiales, ils nous parlent des Rohingyas


    « une des populations les plus pauvres du monde, est la richesse de leur sol. Les fabuleuses ressources naturelles en gaz, or et cuivre »


    Là vous avez tout compris, pas besoin d’aller plus loin, surtout que les Papous n’ont aucune possibilité d’informer le monde !


    • V_Parlier V_Parlier 16 octobre 2018 19:06

      @Dom66
      Et oui, pour la Birmanie ils nous ont fait un cirque (d’ailleurs très discutable) alors qu’ici les musulmans sont de l’autre côté, donc il ne faut pas en parler. (Et bien sûr, les intérêts US, ça c’est sacré....).


    • Dom66 Dom66 16 octobre 2018 20:33

      @V_Parlier


      C’est tout a fait ça


  • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 16 octobre 2018 12:07

    Merci d’ en parler ...


    • Patrick Samba Patrick Samba 16 octobre 2018 13:02
      Pareil.

      « L’ONU vient de rejeter la candidature de la Papouasie occidentale à son Comité de la décolonisation » : on aimerait en savoir plus. Dans un prochain article ?

    • Hervé Hum Hervé Hum 17 octobre 2018 13:30

      @Cadoudal



      votre commentaire, confirme parfaitement le mien, le souci des syndicats dits « de gauche » d’après guerre, n’a jamais été la lutte des classes entre travailleur et patronat, mais contre les autres travailleurs, où elle ne se plaint seulement du fait que le patronat utilise cette lutte entre travailleur à son profit, avec le soutient actif des syndicats de « gauche ».

      Une impasse donc, que la situation actuelle illustre parfaitement, mais il ne faut surtout pas leur dire et à vous en premier, qu’ils sont des idiots utiles.

      merci !

  • Paul Leleu 16 octobre 2018 20:11

    le génocide contre les communistes indonésiens en 1965 concerne plusieurs centaines de millers de vicitmes. On parle de 1,5 millions de morts, par l’action coordonée des agents islamo-capitalistes. 


    Une page impolitiquement correcte, et bien oubliée. 

    Oui. L’Indonésie, comme nombre de pays musulmans possédait un des plus importants partis communistes au monde. La CIA s’est associée aux islamistes pour détruire ces mouvements, et soumettre les peuples de culture musulmane. 

  • Jonas 17 octobre 2018 09:53

    A l’auteur 


    Merci a vous pour cet article intéressant qui traite de cette Indonésie«   musulmane » qui depuis son indépendance s’est spécialisée dans les massacres.
    Il n’y avait pas que les Etats-Unis , qui ont aidé l’Indonésie , l’URSS était un grand alliée de ce pays également, qui était soi-disant , neutre, anticolonialiste et anti-impériialiste voir ( Bandoung). 

     Ce pays de la religion de « Paix ,d’amour et de tolérance » a une spécialité ,  les massacres dont l’ONU est complice a cause de la domination de cet organisme par les pays musulmans et leurs acolytes africains. L’ONU est silencieuse sur l’occupation de Chypre nord par la Turquie , ou celle du Sahara occidental par le Maroc. Aucune résolution ou projet de résolution n’est présenté lors des sessions de l’ONU, concernant ces pays, qui sont comme hasard , le premier musulman non arabe et le second musulman/arabe. 

    Voici quelques exploits de l’Indonésie dont la religion est celle de la  Paix, d’amour et de tolérance" : 

    1) Massacre dans les années 1965/1966 de plus de 800 000 personnes soupçonnées d’être des communistes. ( Les communistes ont été massacrés dans tous les pays a domination musulmane. Une fois l’indépendance obtenue, jamais un parti communiste n’a pu exister et tolérer. Voir le parti communiste iranien le Toudeh , dès l’accession de Khomeyni. 
    2) L’invasion et la domination du Timor oriental pendant plus de 25 ans avec plus de 100 000 à 120 000 morts , jusqu’à que ce pays ait recouvré son indépendance. 
    3) Le massacre à huis clos des papous que vous soulevez avec raison faisant 500 000 morts pour l’instant. 
    4) Il faut aussi rappeler que l’islamisme a été , aidé, financé et encouragé , par Soeharto, juste après son premier pèlerinage à la Mecque et son alignement sur le wahhabisme. 

    Depuis des décennies , des chrétiens , sont molestés , persécutés et leurs lieux de prières incendiés sans que l’Occident adepte du mistigri des droits de homme ne réagisse. 



  • wpjo 28 novembre 2020 19:12

    Quand un pays adopte le chariah comme principe de sa législation, il associe de facto religion et politique. Et les observateurs ont donc forcément raison d’associer leurs génocides (pluriel) à la religion. Je reprends donc « l’Indonésie (...) compte 263 millions de musulmans  » et je prétends que cette phrase a bien sa place dans le contexte de l’article.


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