vendredi 30 janvier 2009 - par
Poutine répond du tac au tac sur les TIC
Le Premier Ministre de la Russie, Vladimir Poutine, est un adepte de la virilité corporelle exposée médiatiquement comme du langage musclé. Principalement destinées au public Russe, ces démonstrations restent peu perceptibles en général lors des mondanités internationales tant l’homme a rapidement appris à présenter une autre faconde plus encline à respecter la façade honorable (voire hypocrite) de tels rendez-vous. Or, durant le symposium annuel de Davos en Suisse se déroulant actuellement du 28 janvier au 1er février, l’homme a tenu à faire respecter son pays par une saillie particulièrement incisive lors d’une séance de questions faisant suite à son intervention à la tribune.
C’est lors de la demande par Michael Dell, le responsable de la célèbre marque en matériel informatique éponyme, quant à ce que l’on pouvait faire pour aider la Russie dans le domaine des technologies de l’information (souvent désignées par l’acronyme TIC) que le Premier Ministre Russe partit rapidement sur une réponse cinglante, donnant en français la teneur suivante : « Nous n’avons pas besoin d’aide. Nous ne sommes pas des invalides. Nous n’avons pas des capacités mentales limitées » [1]. La suite étant du même acabit puisqu’il vanta la haute qualification scientifique des programmeurs nationaux reconnus comme faisant partie du gratin mondial, insistant sur la complexité du génie logiciel. Perfide allusion au fait qu’assembler des PC, le cœur de métier de Dell, ne serait en rien comparable à créer des programmes. Michael Dell dut se sentir bien seul dans son siège et heureux de laisser la place à Carlos Ghosn pour la question suivante.
Le reste de la réponse porta sur le programme Russie Electronique qui continue d’être mené pour que les infrastructures en matière de TIC progressent sur tout le territoire Russe d’où une volonté d’équiper chaque école Russe en connexion Internet et qu’il faut dans le même temps améliorer les partenariats internationaux dans cette sphère d’activité.
Il ne faudrait pas pour autant réduire l’intervention à Davos de Vladimir Poutine à cette seule réplique, puisqu’ayant aussi évoqué la mauvaise gestion de la crise mondiale, les errements du libéralisme effréné, la dissociation finance et économie réelle (un thème récurrent dans sa bouche depuis de nombreux mois) tout en remettant en cause la suprématie de la devise dollar comme monnaie d’échange internationale (insistant sur la création d’un panier de devises de réserve). Il se fit en outre le chantre d’une démilitarisation du globe en exposant que la course aux armements ne serait en rien une réponse aux défis contemporains [2] et que l’unilatéralisme des Etats-Unis n’a pour le moment amené en rien une amélioration du contexte international [3]. J’invite les anglophones (malheureusement aucune version française disponible) à se rendre sur le site de Russia Today pour prendre connaissance du texte de son intervention, ici.
Le passage en question (traduction en Anglais) :
[1] Cette phrase étant sujette à caution pour ma part bien qu’aperçue à quelques reprises dans la presse Anglo-saxonne comme Française et traduite comme « We don’t have limited mental capacity / Nous n’avons pas des capacités mentales limitées ». Or à titre personnel je n’ai pu particulièrement bien saisir le passage en question dans la version disponible en anglais, masqué justement par la traduction en léger différé, ce qui fait que je ne suis pas tout à fait convaincu de la bonne retranscription du message. D’autant plus qu’en écoutant cette version originale je suis bien plus dubitatif sur la portée de cette traduction à la volée car ne reconnaissant pas tous les propos tenus en anglais à ce moment précis. Au final, cela n’enlève rien au fond du propos de Vladimir Poutine qui consista à défendre la capacité de son pays à se doter d’infrastructures technologiques modernes et contribuera peut-être même à ajouter de l’épaisseur à la légende du personnage.
[2] A ce titre, le déploiement des missiles Iskander-M censés répondre au fameux « bouclier » anti-missile Américain a été suspendu en guise de bonne volonté et d’ouverture avec la nouvelle administration de la Maison Blanche. Dans la foulée, le Premier Ministre Polonais, Donald Tusk, a salué un geste positif tout en lançant une invitation à son homologue Russe, soulagement d’autant plus aisé à appréhender que son pays serait placé en première ligne des cibles potentielles en accueillant d’Amérique les fameux missiles intercepteurs. Cf article de RIA Novosti en date du 29/01/2009.
[3] "Nous voudrions que les questions clés de la vie internationale ne soient pas résolues sur la base de décisions unilatérales adoptées dans un centre unique, mais que soit rétabli le mécanisme de consensus collectif dans le cadre du droit international", a dit le premier ministre russe. Source : RIA Novosti
[2] A ce titre, le déploiement des missiles Iskander-M censés répondre au fameux « bouclier » anti-missile Américain a été suspendu en guise de bonne volonté et d’ouverture avec la nouvelle administration de la Maison Blanche. Dans la foulée, le Premier Ministre Polonais, Donald Tusk, a salué un geste positif tout en lançant une invitation à son homologue Russe, soulagement d’autant plus aisé à appréhender que son pays serait placé en première ligne des cibles potentielles en accueillant d’Amérique les fameux missiles intercepteurs. Cf article de RIA Novosti en date du 29/01/2009.
[3] "Nous voudrions que les questions clés de la vie internationale ne soient pas résolues sur la base de décisions unilatérales adoptées dans un centre unique, mais que soit rétabli le mécanisme de consensus collectif dans le cadre du droit international", a dit le premier ministre russe. Source : RIA Novosti