lundi 24 septembre 2007 - par Yves Rosenbaum

Un autre regard sur la r�bellion touar�gue au Niger

Incarn�e par le Mouvement des Nig�riens pour la justice (MNJ), la r�bellion touar�gue refait surface apr�s quelques ann�es de retour au calme. Le Niger, pays souvent d�sign� comme �tant le plus pauvre du monde, est depuis lors le th��tre d’une escalade permanente du conflit entre les forces arm�es nig�riennes (FAN) et le MNJ. De nombreux facteurs, tant historiques que sociaux ou �conomiques, peuvent expliquer � la fois la r�surgence de la r�bellion touar�gue et son caract�re sp�cifique et inclassable.

Les touaregs sont une ethnie distincte d’environ un million et demi d’individus, r�partie dans cinq diff�rents pays (Mali, Niger, Alg�rie et, dans une moindre mesure, Libye et Burkina Faso). En raison de leur nomadisme et de leur inf�riorit� num�rique dans tous les pays dans lesquels ils sont �tablis ou se d�placent, les « hommes bleus » ont subi une marginalisation �conomique et politique r�currente depuis des d�cennies. Ce rejet a d�j� d�bouch� sur une premi�re r�bellion touar�gue � la fin des ann�es 1980. Le point culminant de cette insurrection se d�roulera entre 1991, date du d�but de la premi�re lutte arm�e symbolis�e par diff�rents mouvements de r�bellion, et le 24 avril 1995, date de la signature d’accords de paix qui devait avoir clos le chapitre.

C’est avant tout le non-respect des clauses de ces accords qui est en question. « La r�surgence du conflit arm� dans le nord du Niger est l’expression de l’�chec de la gestion des accords de paix de 1995, dans ses aspects militaires, �conomiques, sociaux et politiques » (1), selon les conclusions d’une r�union initi�e � Niamey par l’Association nig�rienne de d�fense des droits de l’homme (ANDDH), la plus importante ONG du Niger. Au nombre de ces « d�faillances », figure le retard dans la r�insertion socio-�conomique des ex-rebelles, qui n’a d�marr� que dix ans apr�s les accords, et les promesses non tenues des soci�t�s mini�res locales de recruter des cadres au sein des ex-fronts touaregs. Les autres sources de frustrations recens�es proviennent de la mauvaise gestion des carri�res des ex-rebelles int�gr�s dans l’administration publique, ainsi que de la m�fiance vis-�-vis de ceux qui ont �t� incorpor�s dans l’arm�e d’o� certains ont �t� « r�voqu�s pour des fautes mineures ». En lisant entre les lignes, on per�oit une s�gr�gation latente envers les touaregs, qui se traduit dans d’autres domaines, notamment dans l’acc�s au march� du travail pour les touaregs s�dentaris�s. Quant aux programmes de d�veloppement, dont les fonds sont majoritairement issus de l’aide internationale, ils se concentrent tr�s majoritairement au sud du pays. Le gouvernement nig�rien donne rarement son aval pour la construction de puits ou d’h�pitaux dans la zone touareg, o� la vie quotidienne, coupl�e aux cons�quences d�j� visibles du r�chauffement climatique et de la d�sertification croissante de la r�gion, est de plus en plus difficile.

Cette marginalisation qui touche les touaregs ne provient pas uniquement de leur mode de vie nomade, mais aussi en partie de leur organisation sociale. La fascination qu’exercent souvent les « hommes bleus » chez les Occidentaux occulte une r�alit� bien moins reluisante : l’esclavagisme. Henry Duveyrier, le premier explorateur � avoir �tudi� le comportement social des touaregs l’avait d�j� observ� d�s la fin du XIXe si�cle. Dans la hi�rarchie touar�gue, les membres d’origine noble (les « Imajaghan ») « poss�dent » litt�ralement des esclaves, qui leur « appartiennent » au sens propre. Le ch�timent est souvent la r�ponse � la d�sob�issance ou � la tentative de fuite. Bien que l’on observe un l�ger recul des cas d’esclavagisme chez les touaregs, notamment au contact de la s�dentarisation, cette « fracture sociale » tr�s ancienne est toujours fermement ancr�e dans les esprits nig�riens. Les touaregs sont encore et toujours per�us par la majorit� des autres ethnies nig�riennes comme les « ma�tres ».

� ces facteurs se rajoutent un autre aspect sociologique : le r�le habituellement d�volu � l’homme dans le couple touareg. La famille touar�gue tourne en effet autour d’un matriarcat (2) qui se traduit notamment dans leurs c�l�bres tenues vestimentaires. Alors que les femmes sont orn�es de leurs plus beaux atours et laissent para�tre ouvertement leur beaut�, chose rare dans les soci�t�s musulmanes, les hommes sont eux couverts de la t�te au pied, ne laissant appara�tre que leurs yeux. Face � cette emprise f�minine au sein du couple, les hommes se sont rabattus sur le r�le du guerrier. Ce r�le social d�volu aux hommes chez les touaregs permet de mieux comprendre ce qui les pousse si « naturellement » � l’insurrection et � la guerre. Malgr� cela, leur r�bellion se distingue de toutes les autres par son humanisme et son code d’honneur. � l’instar des r�gles de chevalerie qui anim�rent l’Occident pendant plusieurs si�cles, ils disposent d’un code d’honneur assez similaire, qu’ils ne transgressent que tr�s rarement, m�me en �tat de guerre. La bravoure n’a � leurs yeux d’�gale que la loyaut� et le respect de la parole donn�e. Ces grands principes se sont � chaque fois traduits dans les faits. Jamais les civils n’ont �t� vis�s, le MNJ concentrant ses attaques uniquement sur les b�timents militaires ou gouvernementaux. Les militaires qui ont �t� faits prisonniers ont �t� constamment bien trait�s, sans le moindre recours � la torture et au meurtre. Ces derni�res semaines, le MNJ a plusieurs fois autoris� des corridors humanitaires (3) pour que la Croix-Rouge puisse intervenir. Enfin, le mouvement a encore r�cemment proc�d� � la lib�ration de plusieurs soldats captur�s en signe de leur attachement aux r�gles de la guerre et en conformit� avec les droits humains (4).

Malgr� ces �vidences, le pr�sident nig�rien Mamadou Tandja refuse de reconna�tre la r�bellion touar�gue en l’assimilant en d�pit du bon sens � des « bandits arm�s ». Pour mieux saisir l’inflexibilit� pr�sidentielle, il est n�cessaire d’insister sur une autre particularit� de la r�bellion touar�gue, qui la distingue de la grande majorit� des autres pr�sentes en Afrique : son aspect id�ologique. Le site officiel du MNJ (5) confirme que le mouvement pr�sente toute une panoplie de revendications politiques et sociales, d�taill�es dans son « Programme des revendications du MNJ » (6). Les principaux axes de ces revendications sont une meilleure insertion politico-�conomique de la r�gion d’Agadez et une meilleure redistribution des richesses pour les couches sociales les plus d�favoris�es. Plus emb�tant pour le pouvoir nig�rien, le MNJ cible tr�s pr�cis�ment le pr�sident Tandja et les hauts grad�s de l’arm�e, les accusant ni plus ni moins de d�tournements massifs et de corruption. Au-del� de ces affirmations inv�rifi�es dont on laissera au MNJ la responsabilit�, une autre pomme de discorde entre les deux protagonistes est, elle, av�r�e : l’assassinat du pr�sident Ibrahim Bar� Mainassara en 1999 par un coup d’�tat militaire, dont les auteurs sont aujourd’hui au sommet du pouvoir. Le MNJ, qui r�clame l’ouverture d’un proc�s �quitable, tient au demeurant une position similaire � celle d’Amnesty International, qui dans un r�cent rapport a d�nonc� le « sacre de l’impunit� » au Niger (7).

Le foss� qui s�pare les deux parties protagonistes s’explique �galement par le soutien logistique dont dispose les rebelles. Depuis les premiers accrochages, la r�bellion a syst�matiquement mis en difficult� les FAN. Attaques �clairs, replis strat�giques organis�s, raids : toutes les actions du MNJ ont �t� d’une redoutable efficacit�. L’explication de cette r�ussite trouve en bonne partie sa source en Libye. Les touaregs qui fuirent le premier conflit trouv�rent refuge et soutien chez Mouammar Kadhafi. Outre la sympathie probable qu’il �prouve pour eux - rappelons que l’int�ress� est d‘origine b�douine - le dirigeant libyen y a vu l’occasion de renforcer son influence r�gionale, en plus de pouvoir disposer d’un corps de soutien qui pourrait s’av�rer tr�s utile le jour de la transmission de pouvoir � sa descendance. Les r�fugi�s et dissidents touaregs ont �t� majoritairement form�s dans des camps d’entra�nement libyens. En plus de leur connaissance du terrain, les « sauvages du d�sert » savent d�sormais aussi utiliser les 4x4, les kalachnikovs et les roquettes. Face � cette force de frappe qui a conduit l’arm�e r�guli�re � quelques d�convenues m�morables en juin (8), le pr�sident Tandja a choisi d’�viter l’affrontement direct, lui « pr�f�rant » les arrestations arbitraires de civils, dont certaines se sont sold�es par des « disparitions ». Comme � l’accoutum�e, c’est la population civile qui p�tit en premier d’un conflit.

Les touaregs du Niger craignent � raison pour leur avenir. Au climat actuel d’ins�curit� et � la difficult� de p�renniser leur mode de vie se rajoute la malchance d’�tre n� sur des terres riches en mati�res premi�res (en l’occurrence l’uranium qu’exploite Areva dans la r�gion d’Arlit). Ce destin n’est pas sans en rappeler d’autres. La lutte pacifique des Bushmen pour revenir sur leurs terres riches en diamants (9), les r�bellions des Ijaws dans le delta du Niger riche en p�trole (10) et bien d’autres encore s’inscrivent plus globalement dans les difficult�s qu’�prouvent les ethnies « originelles » � garder le contr�le de leurs terres ancestrales. Par sa vertu suppos�e dans la lutte contre le r�chauffement climatique et sa place essentielle dans la course aux armements qui se poursuit, l’uranium est plus que jamais une denr�e pris�e qui suscite toutes les convoitises. Entre besoins �nerg�tiques et ma�trise strat�gique, la France, la Chine, la Libye et le pouvoir nig�rien se disputent �prement le pr�cieux minerai. Nul doute que face � ces puissants int�r�ts, ceux des touaregs risquent fort de ne pas faire le poids

(1). http://fr.allafrica.com/stories/200708310009.html (2) http://www.cbf.fr/article_leger.php3?id_article=804 (3) http://www.rfi.fr/francais/actu/articles/092/article_55189.asp (4) http://fr.allafrica.com/stories/200709190174.html (5) http://m-n-j.blogspot.com (6) http://m-n-j.blogspot.com/2007_04_15_archive.html (lire le post en milieu de page pour acc�der au Programme du MNJ) (7) http://www.apanews.net/apa.php?page=show_article&id_article=25241 (8) http://www.rfi.fr/francais/actu/articles/090/article_53181.asp (9) http://www.rfi.fr/actufr/articles/084/article_48171.asp (10) http://geopolis.over-blog.net/article-7064660-6.html

21 r�actions

Pierre R. - Montr�al 24 septembre 2007 11:25

Yves

Merci d’avoir port� � notre connaissance la situation des Touaregs qui ne fait pas l’actualit� quotidienne, il va sans dire.

a) Semble-t-il qu’il ne fait pas bon �tre correspondant et s’int�resser � la cause des Touaregs : Moussa Kaka, de RFI, est poursuivi pour »atteinte � la s�ret� de l’Etat« en raison de ses liens pr�sum�s avec les rebelles touaregs. La Soci�t� des journalistes de RFI a d�nonc� »des m�thodes d’intimidation et de censure qui ne disent par leur nom« . En m�me temps que le journaliste, un homme d’affaires d’origine touareg vient d’�tre �galement arr�t�. Motif de cette vague d’arrestations : »atteinte � la s�ret� de l’Etat et connivence avec l’ennemi".

b) Voici le commentaire tr�s int�ressant de Mahorou KANAZOE, Le Faso.Net : � Il ne reste plus donc � Mamadou Tandja qu’� d�signer les rebelles touaregs par ce vocable fourre-tout de � terroristes �, pour que la pilule passe. Aucun pays, surtout pas les Etats-Unis, ne viendra lui faire des r�primandes pour cela. Ainsi commencent les d�rives dictatoriales �.

Pierre R.

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Pierre R. - Montr�al 24 septembre 2007 11:25

Yves

Merci d’avoir port� � notre connaissance la situation des Touaregs qui ne fait pas l’actualit� quotidienne, il va sans dire.

a) Semble-t-il qu’il ne fait pas bon �tre correspondant et s’int�resser � la cause des Touaregs : Moussa Kaka, de RFI, est poursuivi pour »atteinte � la s�ret� de l’Etat« en raison de ses liens pr�sum�s avec les rebelles touaregs. La Soci�t� des journalistes de RFI a d�nonc� »des m�thodes d’intimidation et de censure qui ne disent par leur nom« . En m�me temps que le journaliste, un homme d’affaires d’origine touareg vient d’�tre �galement arr�t�. Motif de cette vague d’arrestations : »atteinte � la s�ret� de l’Etat et connivence avec l’ennemi".

b) Voici le commentaire tr�s int�ressant de Mahorou KANAZOE, Le Faso.Net : � Il ne reste plus donc � Mamadou Tandja qu’� d�signer les rebelles touaregs par ce vocable fourre-tout de � terroristes �, pour que la pilule passe. Aucun pays, surtout pas les Etats-Unis, ne viendra lui faire des r�primandes pour cela. Ainsi commencent les d�rives dictatoriales �.

Pierre R.

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- Pierre R. - Montr�al 24 septembre 2007 11:26
  
  Yves
  
  D�sol�. Souci de manipulations informatiques.
  
  Merci d’avoir port� � notre connaissance la situation des Touaregs qui ne fait pas l’actualit� quotidienne, il va sans dire.
  
  a) Semble-t-il qu’il ne fait pas bon �tre correspondant et s’int�resser � la cause des Touaregs : Moussa Kaka, de RFI, est poursuivi pour « atteinte � la s�ret� de l’Etat » en raison de ses liens pr�sum�s avec les rebelles touaregs. La Soci�t� des journalistes de RFI a d�nonc� « des m�thodes d’intimidation et de censure qui ne disent par leur nom ». En m�me temps que le journaliste, un homme d’affaires d’origine touareg vient d’�tre �galement arr�t�. Motif de cette vague d’arrestations : « atteinte � la s�ret� de l’Etat et connivence avec l’ennemi ».
  
  b) Voici le commentaire tr�s int�ressant de Mahorou KANAZOE, Le Faso.Net : � Il ne reste plus donc � Mamadou Tandja qu’� d�signer les rebelles touaregs par ce vocable fourre-tout de � terroristes �, pour que la pilule passe. Aucun pays, surtout pas les Etats-Unis, ne viendra lui faire des r�primandes pour cela. Ainsi commencent les d�rives dictatoriales �.
  
  Pierre R.
  
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- Yves Rosenbaum 24 septembre 2007 11:39
  
  Bjr Pierre et merci pour ta contribution
  
  J’ai effectivement pris connaissance de la m�saventure qui est arriv� au correspondant de RFI. Ce n’est pas la premi�re atteinte � la libert� d’expression au Niger malheureusement. La tactique consistant � se d�barasser de personnalit�s g�nantes en les inculpant sous pr�texte « d’atteinte � la s�ret� de l’Etat » est vieille comme le monde. Les US ne font-ils pas la m�me chose ?
  
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Fran�ois-Xavier Pr�vot, Marcheur-Photographe 24 septembre 2007 12:00

Bonjour, Yves et merci pour votre article.

On ne conna�tra jamais vraiment les v�ritables raisons de l’accident d’avion qui a co�t� la vie � Mano Dayak, chef de la rebellion touareg des ann�es 1990...

(Je vous conseille d’ailleurs la lecture de son livre le plus connu, intitul� : « Je suis n� avec du sable dans les yeux »)

Accident ? Assassinat ?

En tous cas, sa mort venait « � point nomm� », en pleine guerre touar�gue, guerre qui, selon les touaregs eux-m�mes que j’ai rencontr� plusieurs fois en Alg�rie et au Mali, n’a engendr� � l’�poque ni « gagnants », ni « perdants »...

Un gigantesque Monument de la Paix a m�me �t� �rig� � Tombouctou, au nord du Mali, en 1995, monument devant lequel l’arm�e et les touaregs ont � l’�poque d�pos� les armes.

Voil� encore une minorit� menac�e de plus, et pourtant, � l’origine peuple berb�re, probablement en provenance de Libye (lire « l’Emeraude des Garamanthes », de Th�odore Monod, entre autres), ils �taient l� des centaines, des milliers d’ann�es avant les arabes, les fran�ais et les chinois...

Leur �criture, le « Tifinagh » (la langue orale, principalement transmise par les m�res � leurs enfants, est le Tamasheq), remonterait au moins entre 4-5.000 ans avant J.C.

Quelques unes de mes photos du Sahara et de touaregs d’Alg�rie et du Mali :

http://www.fx-images.com/fr/thumbs.php?FolioID=33&ID_menu=smenu2&stat=1

Fraternellement,

Fran�ois-Xavier Pr�vot, Marcheur-Photographe Marseille.

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- Yves Rosenbaum 24 septembre 2007 14:27
  
  Bjr Fran�ois-Xavier
  
  J’ai �t� faire un tour sur votre site, vos photos sont un vrai r�gal pour les yeux ! Je ne peux que vous souhaiter de pers�verer dans cette voie
  
  Cordialement
  
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Makan 24 septembre 2007 13:18

@ L’auteur

« Les touaregs sont encore et toujours per�us par la majorit� des autres ethnies nig�riennes comme les � ma�tres �. »

Faux.

Les Touaregs ont des esclaves noirs, les Bellas, qui forment une sorte de caste au sein de la soci�t� touar�gue. Les autres ethnies ne les consid�rent pas du tout comme des « ma�tres ».

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- Fran�ois-Xavier Pr�vot, Marcheur-Photographe 24 septembre 2007 14:35
  
  (� Makan)
  
  Bonjour, Makan, et merci pour cette pr�cision importante sur les « bella »...
  
  J’ai march� 10 jours r�cemment avec un touareg dans la « brousse » malienne (le Sahara), � l’ouest de Tombouctou, et mon guide Touareg, Mahmadou, s’�tait adjoint pour l’occasion les services d’un jeune homme noir de 14 ans (Omar), un « ancien » bella, para�t-il, pour nous accompagner dans notre p�riple et surtout pour effectuer, comme « au bon vieux temps » des tribus touaregs, les basses besognes : m�nage, vaisselle, �pluchures des l�gumes, soins des chameaux, etc.
  
  Je dirais m�me plus, histoire d’enfoncer le clou et de « d�sid�aliser », « d�sacraliser » un peu certains groupes de touaregs (touaregs en g�n�ral que beaucoup de touristes occidentales adorent d’ailleurs pour leur regard de braise et leur d�marche souvent - trop ? - travaill�e), le « Touareg Nouveau est arriv� » :
  
  « avant », et depuis toujours, les touaregs ont pratiqu� « l’Art » de la « razzia », autrement dit de tomber « � bras raccourcis » sur tout ce qui bouge dans le d�sert, pour piller les caravanes du Sahara, quitte � violer et m�me tuer ceux qui �taient l’objet de ces razzias.
  
  Aujourd’hui, le « Touareg Nouveau » de la « Nouvelle Razzia » est �quip� de v�hicules 4x4 Turbo, qui peuvent rouler jusqu’� 200 km/h sur les pistes (plus rapides que les v�hicules de l’arm�e, donc), 4x4 lui-m�me �quip� de mitrailleuses lourdes fix�es � l’arri�re du v�hicule, le tout sur un territoire, le Sahara , grand comme � peu pr�s 20 fois la France...
  
  « Au mieux », ces touaregs-l� s’adonnent sans retenue aux « joies » du traffic d’armes, de cigarettes de contrebandes, etc.
  
  Leur « cibles » favorites ?
  
  Les allemenands, en g�n�ral, venus d’Allemagne avec leurs propres v�hicules tout �quip�s (souvent des camions), qui ne consomment que peu ou pas sur place (adieu le tourisme), allemands qui, parfois, n’h�sitent pas non plus � voler les sites arch�ologiques touaregs, les tombes touaregs, et m�me � d�truire les peintures et gravures rupestres touaregs, en en faisant des moulages pour ramener chez eux, en Allemagne...
  
  « Traverser le Mali » en photos (dans le d�sert malien, avec Mahmadou et Omar, le gentil "bella, donc) :
  
  http://www.fx-images.com/fr/thumbs.php?FolioID=17&ID_menu=smenu2&stat=1
  
  Fran�ois-Xavier Pr�vot, Marcheur-Photographe
  
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- Yves Rosenbaum 24 septembre 2007 14:54
  
  @ Makan
  
  Effectivement, les bellas, aussi surnomm�s « griots » forment une ethnie bien sp�cifique. J’avoue avoir volontairement �vit� cette pr�cision pour ne pas alourdir les informations (d�j� nombreuses) contenues dans l’article. J’aurais sans doute d� pour �viter toute confusion.
  
  « les autres ethnies ne les consid�rent pas du tout comme des ma�tres ». Pas comme « leurs ma�tres » certainement, mais la perception ext�rieure des touaregs par les autres ethnies nig�riennes comme �tant les « dominants » est plus �tendue qu’on ne l’imagine
  
  Merci pour la correction
  
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- Makan 24 septembre 2007 15:53
  
  @ L’auteur « Effectivement, les bellas, aussi surnomm�s »griots« forment une ethnie bien sp�cifique. »
  
  L� encore, vous fa�tes une erreur. Les griots ne sont pas des bellas pas plus que les bellas ne sont des griots.
  
  Les griots sont des castes dans les ethnies du Sud (principalement au Mali et en Guin�e mais aussi un peu partout en Afrique de l’Ouest) et ne sont pas esclaves. Ils consid�r�s comme les ma�tres de la parole, des chanteurs-musiciens, d�tenteurs de l’histoire (sous forme orale) des familles de l’ethnie � laquelle ils appartiennent. Rien � voir avec les Bellas.
  
  Les ethnies du Sud sont g�n�ralement organis�es en trois couches sociales : les nobles (autrefois guerriers mais aujourd’hui agriculteurs, �leveurs ou p�cheurs), les hommes de castes (griots, forgerons etc.) et les (d�sormais anciens) esclaves
  
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- Yves Rosenbaum 24 septembre 2007 19:42
  
  @ Makan
  
  Malgr� que j’eus davantage souhait� un d�bat sur le fonds plut�t que sur la forme , j’ai pris soin de v�rifier votre information aupr�s de mon �pouse et de Wikipedia. J’ai effectivement m�lang� les genres (mea culpa), les bellas ne sont pas des griots. Au demeurant, la hi�rarchie sociale des touaregs est encore plus complexe que ce que j’appr�hendais.
  
  Nous avons donc :
  
  les touaregs d’origine nobles (Imajaghan) qui sont les seuls � poss�der des esclaves
  
  Les tribus vassales, les Imrad
  
  les hommes de caste, comme vous l’avez signal� : les griots, les forgerons, mais aussi les bellas (plut�t r�pandus au Mali) et les Bouzou (plut�t r�pandus au Niger)
  
  les esclaves, les Iklan
  
  Amiti� et fraternit�
  
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- Fran�ois-Xavier Pr�vot, Marcheur-Photographe 24 septembre 2007 20:32
  
  c’est gentil d’avoir « zapp� » mon commentaire, Yves...
  
  Et moi qui croyait que, hormis votre femme et votre Wikip�dia, mon t�moignage vous aurait sinon (peut-�tre) inform�, du moins (un peu) int�ress�, sic...
  
  Etes vous all� (Marcher, la seule fa�on) dans le Sahara ?
  
  Tiens, rien que pour �a , je retourne dans le Sahara une sixi�me fois, en Mauritanie, le pays de Th�dore (Monod).
  
  Allez, yala, yala, et fissa, fissa...
  
  Fran�ois-Xavier Pr�vot, Marcheur-Photographe.
  
  « Il vaut mieux allumer une bougie que maudire l’obscurit� ». Proverbe chinois.
  
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- Yves Rosenbaum 24 septembre 2007 22:28
  
  @ Fran�ois-Xavier
  
  D�sol� pour le « zappage », j’ai pass� il est vrai un certain temps � remettre dans l’ordre dans mes infos au sujet de mon approximation relev�e par Makan
  
  Vos divers commentaires m’ont en tout cas apport� deux �l�ments que je m�connaissais, � savoir les « d�tournements arch�ologiques » allemands et l’anciennet� du tifinagh. A ce sujet d’ailleurs, les avis divergent (vieilles querelles d’arch�ologues... ), Gabriel Camps datant par exemple le tifinagh d’environ 7 si�cles avant J-C.
  
  Pour ce qui est des m�thodes pillardes des touaregs, les agissements de la r�bellion malienne aux ordres d’Ibrahim Ag Bahanga tentent � accr�diter votre exp�rience. Par contre, le MNJ semble se distancier de ses pratiques, que ce soit dans ses actes ou dans ses d�clarations :
  
  http://www.rfi.fr/francais/actu/articles/092/article_55811.asp
  
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- Makan 25 septembre 2007 13:52
  
  @Fran�ois-Xavier Pr�vot
  
  J’ai oubli� de vous dire que je trouve vos photos sublimes.
  
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kayen 24 septembre 2007 19:51

Globalement d’accord avec l’article. Je suis tout de m�me �tonn� : sous-entendre le fait qu’une soci�t� matriarcale ne puisse conduire les hommes qu’a faire la guerre !. L’organisation guerri�re des Touaregs depuis des mill�naires est plut�t cons�cutive � leur environnement hostile. Leurs fr�res Berb�res luttent �galement pour leur survie Kabyles, Rifains, Chleus... Proto-habitant, leur v�ritable probl�me �tant la reconnaissance de leur identit� dans un monde arabophone.

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- Yves Rosenbaum 24 septembre 2007 22:39
  
  Bjr Kayen,
  
  Tout-�-fait d’accord avec votre rajoute « L’organisation guerri�re des Touaregs depuis des mill�naires est plut�t cons�cutive � leur environnement hostile. »
  
  « Leurs fr�res Berb�res luttent �galement pour leur survie Kabyles, Rifains, Chleus... Proto-habitant, leur v�ritable probl�me �tant la reconnaissance de leur identit� dans un monde arabophone. » Et oui, le probl�me de la reconnaissance de l’identit� berb�re est un probl�me qui, comme leur mode de vie, d�passe les fronti�res et s’observe dans tous les pays o� ils se trouvent ...
  
  Une derni�re question, Kayen : « proto-habitant » : � qui/quoi faites-vous allusion ?
  
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- Pelmato 25 septembre 2007 12:32
  
  Oui les kabyles se reconnaissent assez volontier dans l’id�ntit� Touareg... dailleurs les Touareg sont une branche des berb�res non ? Le tamazigh (langue des kabyles) d�coule bien du Tifinagh... ? Je crois. Les Touareg ont bien subis l’�tablissement des fronti�res entre les differents pays d’Afrique. Les Touareg ne se reconnaissent pas plus dans l’identit� arabophone que les kabyles... Ils sont oppr�ss� de la m�me fa�on. On ne reconnait ni leur origine ni leur culture et sont trait� souvent en v�ritable pariat de la soci�t�. Mais a mon sens ils sont aussi une force d�mocratique des pays musulman. En Alg�rie ils soutiennent le RCD (Rassemblement pour la Culture et la d�mocratie) et sont plus rigoureux sur la propret� des �lections. Il pratique la religion seinement (et sans oppresser ou confiner la femme) et c’est aussi ce qui d�route leur confr�re Arabe. La v�rit� de l’Islam et la d�mocratie me parait bien �tre dans le desert.
  
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kayen 25 septembre 2007 14:33

Proto dans le sens premier.

Ulysse mag n� mai-juin 2007 consacre un dossier sur les peuples Berb�res, peuples identitairement non reconnus d’o� sources de conflits.

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- Yves Rosenbaum 25 septembre 2007 14:48
  
  Merci pour l’info, Kayen, je tenterai de me le procurer
  
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- Yves Rosenbaum 7 octobre 2007 11:52
  
  C’est s�r, �a valait la peine d’attendre deux semaines pour poster un commentaire si pertinent et tellement en rapport avec mon article :-0
  
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alpha issa (---.---.181.179) 2 janvier 2008 16:58

Bjr Yves

permettez moi de r�agir sur par rapport article « Un autre regard sur le r�bellion touareg au Niger », d’ou mon premier constat est de voir que vous avez men� certes des investigations et je pourrais m�me dire que j’appr�cie votre travail d’information, mais certains passages de vos �crits resultent de l’imaginaire ou bien du mythe que de la r�alit�.

En effet pour le d�cor actuelle , vous �tes un peu sur la ligne , mais vous �xaggerer en parlant de marginalisation des touareg dans la vie socio-�conomique, alors que ce domaine leur est totalement acquis , d’ailleurs faites un tour au Niger , la majorit� de la petite industrie existante leur appartient (Laiterie,brasseries , hotels, soci�t�s de transport , ect....) .

sachez qu’au Niger les touaregs toute tendance confondues r�presente presque 8 % de la population , et ils sont totalement int�gr�s , socialement , dans l’administration , les services , la garde republicaine , presque tous les �ch�lons de l’�tat.

Dans vos �crits , vous enoncez les touaregs comme les « MAITRES » l� vous derapez ! maitres de qui ? des noirs ? non , je vous conseille beaucoup plus de discernement et de recherche sur l’histoire de nos peuples avant de publier de telles articles.

Vous parlez d’ethnies « originelles » sur les terres ancestrales , mais alors l� , vous meconnaissez mal , l� tr�s mal notre histoire , ou bien l’histoire du peuplement de l’AIR Agadez.

Explique-moi , pourquoi le sultan des touaregs (sultan d’agadez ) est un noir, de descendance noir depuis le 15� si�cle ?

qui �taient les premiers habitants de la contr�e ? comment on ’t’ils co-habit�s ?

quelles sont les autres peuplades de du sahara que vous refusiez d’enoncer comme les Toubous , les peulhs, adrawas(gens d’ader), sont’ils des communaut�s � n�gliger ? des communaut�s sans importance � votre avis ?

Vous evoquez des termes de « code d’honneur » ? �a ce des termes pour vous , autres �urop�ens passion�e de mythe , la r�alit� est que d�s les temps anciens ce peuple a toujours v�cut de« razzia » ou vol , ou bien pillage des villages s�dendataires et autres caravannes commerciales .

Je ne dis pas tout cela , pour etre contre les touaregs ,non jamais , mais que vous soyez impartiale , lucide dans vos r�dactions .

Dans cette histoire de r�bellion , beaucoup choses ne sont pas claires du tout . ces r�bellions naissent en meme temps au Niger et au Mali , par les m�mes hommes form�s et financ� par la lybie. des mines pos�es par �i par l� , pour tuer civils innocents et militaires, ran�onner des voyageurs , , r�clamer un f�deralisme , partage �quitable des richesses , et plusieurs choses, etc .......

Pourquoi ? tout cela ?

Mon pays a toujours �t� un pays de paix , ou toutes les communaut�s vivent en paix et en harmonie avec les m�me droits et libert�s pour tous et partout au Niger.

Cependant depuis une ann�e , le Niger et le Mali sont otage d’une bande de conspirateurs form�s � tripoli et dans les garnisons militaires � sebha(province sud-lybie), d’autres �l�ments envoy�s en europe , liant des relations avec certains m�dias europ�ens pour une couverture m�diatique mesongere et exag�r� de nos pays respectifs , dans le seul but de victimiser le peuple touareg(et pas les autres ethnies de race noire toubou et peulh , pourtant vivant tous dans la m�me zone du Nord, diaboliser les �tats et leurs composantes ).

Pour vraiment comprendre la crise en cours , les causes , les auteurs , les acteurs et surtout les beneficiaires de cette situation ?

Pourquoi ; le NIGER , leMALI ??? , pourquoi pas de r�volte ou bien de r�bellion

touareg en ALGERIE ? en LYBIE ?

Nos pays sont fragiles �conomiquement , pourtant nous sommes de �tats d�mocratiques, plus ouverts , plus d’ouvertures d’expression ,combien de ministres touaregs , professeurs , dirigeants , m�decins , avocats , entrepreneurs, officiers , etc..... sont ils au NIGER , au MALI ?

Combien sont’ils en ALGERIE , en LYBIE ?

Que Dieu prot�ge Nos pays et Nos peuples des agissements de KADDAFHI, pardon du guide lybien KADDAFHI et de ses fourberies.

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Un autre regard sur la r�bellion touar�gue au Niger

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