Un renversement d’alliance est-il possible ?
L’Europe de l’Atlantique à l’Oural nous disait le Général de Gaulle. Rêve probablement utopique, mais réalisable à terme, du moins sans la Grande-Bretagne. Pourquoi ne pas commencer par un axe Paris-Moscou ? Quand De Gaulle s’exprimait, nous étions encore en pleine Guerre Froide, les troupes américaines d’occupation avaient été remerciées en 1966 et les soviétiques dirigeaient d’une main de fer un empire, sinon hostile, du moins menaçant pour les nations occidentales. L’Union Soviétique est morte et la Russie nouvelle n’a aucune intention belliqueuse vis-à-vis des Etats européens de l’Ouest et encore moins d’annexion. Certes, la Russie de Poutine et Medvedev n’est pas la démocratie dont nous rêvons, c’est le moins que l’on puisse dire. Mais notre allié américain est-il vraiment respectueux des droits de l’homme, des libertés et des autres nations ? On peut franchement en douter au regard des dernières interventions armées des Etats-Unis dans le monde et des inégalités sociales qui frappe ce pays. Alors, sans devenir l’ennemi des Etats-Unis, il serait peut-être temps de se poser la question d’un changement d’alliance. Un rapprochement avec la Russie permettrait des retombées économiques et commerciales bénéfiques pour les deux pays, sans pour autant accepter la présence de troupes russes basées sur notre territoire. Seules des manœuvres conjointes seraient acceptables, en particulier en Méditerranée, avec passage de la marine russe à Toulon, comme au temps de Nicolas II. La France pourrait ainsi prendre position à l’ONU contre le déploiement de missiles américains en Europe de l’est et dans le Caucase afin de desserrer l’étau et l’encerclement de la Russie voulu par le gouvernement américain contre tout bon sens. La Russie n’a pas du tout l’intention d’envahir la Pologne et encore moins l’Allemagne, nous ne sommes plus au temps de Staline. Elle peut tout au plus avoir des problèmes avec ses anciennes républiques pour des questions économiques, mais surtout de protection des minorités russophones souvent marginalisées comme dans les pays Baltes, en Ukraine, en Moldavie (Transnistrie) au Caucase et en Asie Centrale.
La France a tout à gagner en signant un partenariat multipolaire avec la Russie, basé sur des échanges commerciaux, en particulier le gaz, sur des transferts de technologie réciproques, des échanges culturels et universitaires.
Politiquement, sans s’aligner de façon féale sur la politique étrangère des Russes dans les meetings internationaux, une position commune entre Paris et Moscou pourrait être prise sur de nombreux sujets et conflits internationaux :
- Reconnaissance d’Israël et d’un Etat Palestinien viable aux frontières reconnues, avec neutralité totale dans le conflit. La France se doit de protéger ses ressortissants de confession juive sur son territoire, ce qu’elle doit à chaque citoyen sans discrimination, ainsi que les diplomates israéliens en poste, mais n’a aucune raison de considérer Israël comme une nation amie (ni ennemie d’ailleurs) et encore moins comme un allié. La Russie montre sur ce conflit une attitude nettement plus nuancée que l’ex Union Soviétique.
http://www.affaires-strategiques.info/spip.php?article644
- Les Etats-Unis restent un partenaire économique et commercial, mais aucune alliance militaire, même de type logistique n’est souhaitable avec ce pays. Cela prendra du temps, surtout du fait de la crise. La France n’a pas les moyens de s’équiper en gros porteurs, nous l’avons constaté lors des derniers conflits où transport et logistique ont été assurés par les Américains. Le retour en 2009 de la France dans le commandement intégré de l’Otan est une trahison de Sarkozy qui a dû faire s’étouffer plus d’un ancien gaulliste.
- Les Russes ne veulent pas la guerre, ils ne peuvent se le permettre à la fois pour des raisons économiques, mais aussi démographiques. Mais ils sont capables d’intervenir de façon ponctuelle, n’étant pas pieds et poings par des contraintes démocratiques comme les pays occidentaux. Une démocratie ne peut plus désormais gagner une guerre offensive hors de son territoire. En cas de menace contre la France (pas contre Israël ou les Etats-Unis, cela ne nous concerne pas), les Russes en tant qu’alliés pourraient faire comprendre à quelque nation qui nous montrerait de l’hostilité évidente, qu’elle est là et prête à intervenir en cas de geste inconsidéré.
- La Chine n’est pas belliqueuse, deux guerres contre le Tibet (pas de quoi crier au fait d’armes) et une contre le Vietnam (qui s’est plutôt mal passée). Elle peut tout au plus récupérer Taiwan, mais le fera probablement de façon légale comme pour Hong-Kong. Par contre la démocratisation peut se traduire par une forte reprise de la natalité et de ce fait créer un problème d’espace vital avec le risque d’invasion de la Mongolie (tout le monde s’en fout) mais surtout de le Sibérie orientale. Voir l’article de Courrier International de novembre 2009. http://toutsurlachine.blogspot.com/2009/12/special-magazine-far-east-quand-la.html
Un jeu à trois USA-Chine-Russie (et pourquoi pas à quatre en y incluant la France), les quatre pays disposant de l’arme nucléaire ne peut que calmer le jeu en rééquilibrant les forces en présence. L’alliance franco-russe (avec l’appui de quelques autres pays européens) renforcerait l’équilibre des forces, évitant ainsi la guerre ou du moins en en minimisant les risques. On passerait ainsi à une sorte de guerre tiède, avec quelques escarmouches, sans réel danger de conflit nucléaire. La coopération militaire franco-russe existe, mais elle est encore à l’état embryonnaire.
- Les échanges commerciaux, financiers et technologiques avec la Russie que ce soit en aéronautique ou en transport ferroviaire pour ne citer que deux exemples, ne peuvent qu’être bénéfiques aux deux états, créer de l’emploi et des exportations pour notre pays. Le soi-disant réchauffement climatique, s’il s’avère, va ouvrir une nouvelle voie maritime et permettre l’exploitation minière de l’Arctique.
http://www.lecerclepolaire.com/articles_archives/lasserre_nord_ouest.html
Deux domaines que nous maitrisons par nos chantiers navals et nos compagnies minières et pétrolières. Cela ne plaira pas aux écolos, mais peut faire rentrer énormément d’argent dans les caisses. Ce partenariat existe, il ne demande qu’à être renforcé :
http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/pays-zones-geo/russie/la-france-et-la-russie/
- Enfin, cela peut paraitre anecdotique, mais la Russie subit une forte surmortalité de ses hommes qui ont une espérance de vie inférieure à 60 ans, 13 ou 14 ans de moins que les femmes. Au lieu que des étrangers fortunés viennent s’acheter une épouse ou une concubine sur catalogue et la ramener en France (en Allemagne ou aux Etats-Unis) comme cela se pratique actuellement par le biais d’agences matrimoniales et contribuer ainsi au dépeuplement, le gouvernement russe pourrait proposer des avantages fiscaux et des aides à l’installation pour tout Français qui épouse une Russe à condition de résider en permanence dans le pays. Les enfants issus de ces unions seraient Russes, iraient à l’école russe et apprendraient les coutumes du pays, ce qui empêcherait l’acculturation et la substitution ethnique de la population actuellement en déficit de mâles. Sur la surmortalité masculine, consulter le rapport 2009 de l’IFRI :
www.ifri.org/downloads/ifridemographievichnevskifrjuin09.pdf
Il y a beaucoup plus d’avantages que d’inconvénients à se rapprocher de la Russie. Les droits de l’homme seront à la longue respectés et la corruption sera canalisée. La Russie est un pays moderne, ayant un potentiel de développement énorme. La Russie n’est plus au temps de Boris Eltsine, du ridicule et des humiliations, ce temps-là est du passé. Des accords économiques et commerciaux sont indispensables, une alliance militaire n’est pas une hérésie, sans pour autant devenir un pays satellite. Et puis, soyons pragmatiques, en échange de quelques votes de soutien aux Nations-Unies, la Russie pourrait très bien, dans certains cas ciblés, poursuivre nos ennemis « jusque dans les chiottes ». Ce n’est pas inutile quelquefois.
Qu’en disent les candidats à l’élection présidentielle ?