Arte existe, mais pour qui ? Est-il possible de revenir à une télévision culturelle et populaire ?
Est-il possible de changer la télévision ? De créer des programmes qui intéressent les citoyens ? D’accepter les débats de société sans parti pris ? D’informer avec objectivité ? De divertir sans humilier ?

Oui, c’est tout à fait possible à mon sens. Encore faut-il ne pas partir sur le modèle d’Arte, chaîne dite culturelle mais qui ne s’adresse qu’à des élites, et notamment aux nostalgiques de la Seconde Guerre mondiale ou à ses victimes. Je n’ai jamais rencontré quelqu’un qui regardait Arte avec enthousiasme, que ce soit en France ou en Allemagne. Et comble du cynisme, le directeur de la chaîne lui-même revendiquait récemment cet élitisme lors d’une interview sur Europe 1. Il est satisfait de ne s’adresser qu’à 2 ou 3% de téléspectateurs (et encore en France, car en Allemagne la chaîne atteint péniblement 1% ! Et il n’est pas garanti que ce ne soient pas des expatriés français !). Ce directeur est coopté par le pouvoir en place, le peuple ne le choisit pas.
S’il s’agissait d’une chaîne privée à péage, peu importe, mais ce qui est aggravant ici, c’est qu’il s’agit de l’argent de nos impôts ! Or la culture populaire existe ! C’est même le peuple qui est la raison d’être de la culture, il ne faut pas l’oublier ! En considérant par exemple le théâtre comme la préhistoire de la télévision, des auteurs comme Shakespeare ou Molière ont joué certes devant les cours royales, mais aussi pour le peuple. Et celui-ci comprenait parfaitement le sens des pièces de théâtre qui étaient truffées d’ironie. Ainsi les scènes comiques ou tragiques n’oubliaient aucune catégorie sociale.
On objectera que le peuple demande à entendre des injures et à voir du sang et du sexe. Mais y a-t-il une scène obscène ou violente dans les pièces de Molière ou de Shakespeare ? Aucune, bien sûr. Les crimes sont suggérés, les amours poétisées. Et tout ceci dans un langage simple et accessible, sans grossièreté. Non, ce n’est pas en rajoutant des injures à tour de bras dans les scripts, ou des actrices aux seins nus, que l’on rend un film "populaire". Agir ainsi, c’est insulter le peuple, le rabaisser plus bas que terre.
Il est possible de créer des programmes qui intéressent les citoyens, mais pour cela il faut accepter les débats de sociétés sans parti pris, informer avec objectivité et divertir sans humilier. Donc, oui à une télévision culturelle et populaire, faite par des gens issus du peuple et jugés par lui.