Journalistes : un peu plus d’audace !
La présidence française de l’Union européenne devrait être l’occasion pour les journalistes d’interpeller les représentants des pays membres sur des sujets qui restent bien tapis dans l’ombre, comme par exemple ceux des paradis fiscaux et de la corruption.
Aux élites de tout bord, j’en appelle à ne pas juger avec mépris une naïveté qui voudrait que les citoyens soient dans leur droit d’attendre que les journalistes qui côtoient le plus les élites affirment leur indépendance en posant des questions citoyennes qui éclaireraient ces zones d’obscurité qui entachent notre monde. Il faudrait qu’ils entendent que le temps des courtisans est devenu de moins en moins supportable et qu’il existe désormais des espaces de liberté qui menacent leur pouvoir. Ainsi puisque les temps changent, que les plus audacieux agissent et manifestent contre les connivences que certains de leurs pairs entretiennent avec les pouvoirs économiques et politiques (rf. Les Nouveaux Chiens de garde, de Serge Halimi, Raisons d’Agir édition). Souhaitons un journalisme qui ose, des rédactions courageuses à l’écoute des citoyens actifs.
Pourquoi ne pas profiter de la présidence française de l’UE pour interpeller dans vos médias nos représentants sur les pressions que l’Union européenne pourrait exercer sur les gouvernements des paradis fiscaux européens ? Ceci afin de faciliter les enquêtes des magistrats dans ces véritables “boîtes noires” de la finance. Voir le triste bilan que fait Denis Robert dix ans après l’Appel de Genève.
http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=14003
Serait-il trop leur demander de questionner nos représentants sur ce qu’ils pensent de l’idée de ne plus voir siéger les principales banques européennes dans ces paradis financiers qui favorisent non seulement le blanchiment, mais, plus problématique et moins connu, le noircissement de l’argent ; soit de générer de l’argent sale à partir d’argent propre, ceci à des fins d’actions criminelles.
La lutte contre la corruption au sein de l’UE devrait être un point majeur de l’action politique ; aussi serait-il des plus salutaires d’interroger nos représentants sur le renforcement des moyens de contrôles qu’ils envisageraient de mettre en place pour rendre les ventes d’armes européennes moins opaques ; car secret de polichinelle tout le monde sait que ce marché donne lieu à des dessous-de-tables et autres pratiques corruptives importantes. La position sur ce sujet de l’Exécutif français, qui s’abritera toujours sur le secret-défense, devrait au moins être questionnée par le contre-pouvoir médiatique. A ce propos remarquons l’information publiée par Le Point sur l’intervention du ministre de la Défense Hervé Morin pour affaiblir l’accusation de M. Pierre Falcone, un grand ami du président angolais José Edouardo, lors du procès de "l’Angolagate" qui s’ouvrira le 6 octobre 2008 http://www.lepoint.fr/actualites-politique/angolagate-la-lettre-qui-change-tout/917/0/260997, information qui jusqu’à ce jour n’a pas été reprise par les grandes chaînes d’info de la télévision. Des journaux télévisés qui ont tous par contre largement communiqué la visite du ministre aux troupes françaises opérant en Afghanistan.
Ce problème qu’est la corruption intéresse l’Union européenne dès l’instant qu’il s’agit de mettre son nez dans les affaires occultes de la Bulgarie ou de la Roumanie ! N’oublions pas l’adage : "Selon que vous serez puissant ou misérable..." (rf. : Revue de presse européenne du 18/07/2008 Eurotopics consacrée à ce sujet).