samedi 16 février 2013 - par Joseph GUYON

Raison et déraison du mariage homo

Ça y est : la loi autorisant le-mariage-et -l'adoption-pour-tous est votée. Mais on ne sait jamais... Toujours vigilant, le Nouvel Obs garde en ligne son manifeste : "Pour nous c'est oui". Ceux qui ne le savaient pas encore peuvent y lire que les arguments des "antis" ne sont pas fondés en raison.

Et ceux des signataires ? 

« Pour nous c’est oui ! » Des « citoyens hétéros ou gays » (1) clament à la face du monde un fiat au « mariage pour tous », dans un manifeste lancé par le Nouvel Obs. (http://tempsreel.nouvelobs.com/mariage-gay-lesbienne/20130108.OBS4745/manifeste-au-mariage-pour-tous-nous-disons-oui.html)

À cette occasion, ils croient devoir affirmer que « les craintes et les critiques suscitées par ce projet n’ont pas de base rationnelle » et y opposent leurs arguments à ce qu’ils appellent la « propagande déversée par les opposants à la réforme ».

Sous-entendu : eux-mêmes, ainsi que plus généralement les partisans de la réforme, sont plus rationnels.

On est en droit de l’espérer car, sur ce critère, on ne saurait être trop exigeant. L’institution du mariage fondé sur la différence des sexes existe depuis des siècles et fonde l’ordre familial et social dans notre civilisation. Pour y renoncer, il faut avoir de bonnes et solides raisons. Sagesse éprouvée, quoique oubliée souvent : il ne « faut toucher (aux lois) que d’une main tremblante », selon la formule de Montesquieu (Lettres persanes, CXXIX, (http://visualiseur.bnf.fr/Visualiseur?Destination=Gallica&O=NUMM-101473).

Aussi, ces raisons se doivent d’être aveuglantes de rationalité et propres à emporter l’adhésion de tout entendement, pour peu qu’il s’y exerce honnêtement. Le fait qu’elles furent inaperçues par les meilleurs esprits pendant des millénaires ne doit pas nous décourager : c’est peut-être de leur part faute d’avoir eu l’idée d’y penser.

Il est temps de réparer cet oubli.

Dès un premier et rapide survol du texte, l’œil est griffé, au bas de la page, par une curieuse référence aux préférences sexuelles des signataires (« nous, citoyens hétéros ou gays »). Elle ne paraît pas de bon augure pour les droits de la raison. L’homo-rationalité ou l’héro-rationalité n’ont pas plus de sens que les raisons masculine ou féminine. Les forces de l’esprit, cela est communément admis, tendent à élever l’homme au-dessus de ses pulsions et de ses phantasmes. Pour le dire plus crûment : le siège de la pensée rationnelle se trouve davantage dans la tête que dans le slip. Mais passons, et supposons que cette formule rassembleuse ne soit destinée qu’à désamorcer toute accusation de communautarisme homo. 

Quels sont, donc, les arguments avancés dans le manifeste ? Nous en lisons principalement trois.

1. « Un mouvement historique d’émancipation a réduit, étape par étape, les discriminations légales dont ils (les homosexuels) souffraient. Il est temps d’abolir la dernière d’entre elles : leur exclusion du mariage civil. »

C’est l’argument de la non-discrimination.

Un grand classique, repris encore récemment par un des signataires, Lilian Thuram, lorsque, sans rire, il affirma que « ceux qui refusent le mariage pour tous (…) sont dans la même démarche que ceux qui refusaient l'égalité à des hommes et des femmes parce qu'ils étaient noirs » (http://yagg.com/2012/12/11/pour-lutter-contre-lhomophobie-dans-stades-il-faut-lutter-contre-lhomophobie-dans-la-societe/)

Les dispositions légales actuelles sur le mariage sont-elles discriminantes pour les personnes homosexuelles ?

La réponse est non. Les personnes homosexuelles ont parfaitement le droit de se marier. Elles peuvent convoler avec qui bon leur semble, et ne sont soumises qu’à la contrainte commune à tous les citoyens : épouser une personne de l’autre sexe.

Les « homosexuels sont des hommes et des femmes comme les autres, libres et égaux en droits et en dignité », certes. Ce rappel n’est peut-être pas totalement inutile, autant que peut ne pas l’être l’énoncé d’une vérité évidente pour chacun. Mais il ne troublera aucun familier du Code civil.

Sans doute, la discrimination évoquée se trouve ailleurs. Les homos seraient discriminés en ce que, contrairement aux hétéros, ils ne peuvent se marier selon leur orientation sexuelle, ni « avec la personne qu’il(s) aime(nt) ». C’est parfaitement vrai. Ils ne sont d’ailleurs pas les seuls. Les zoophiles, les pédophiles, et tous les amoureux de leur frère, sœur, fils ou fille, sont dans le même cas. Pour ceux-là, chacun conviendra sans qu’il soit besoin de gloser beaucoup que ce n’est que justice. Pour les homos, cela serait-il injuste ? Peut-être. Mais alors cette injustice doit être démontrée. 

Quoiqu’il en soit, entendons-nous sur la nature de la discrimination que dénoncent les signataires : elle ne concerne nullement les personnes, mais les types de mariages. Ces « citoyens attachés aux valeurs républicaines » se réfèrent à une république très différente de celle qui est issue des principes de 1789. Le fronton sous laquelle cette dernière prospérait arbore l’inscription de l’égalité entre tous les citoyens devant la loi. Et nullement le droit de chacun de bénéficier d’une loi qui s’accorde à ses préférences.

La non-discrimination, l’ « égalité » qu’invoque le manifeste relèvent donc, non du républicanisme, mais du relativisme culturel, de l’indifférence en matière de modèle matrimonial, du renoncement à l’altérité sexuelle comme paradigme commun et fondateur.

Or, à côté de l’affirmation péremptoire du fait que tout-le-monde-a-le-droit-de, l’on cherche encore un argumentaire circonstancié sur les motifs profonds et impérieux qui rendraient souhaitable l’abandon d’un tel paradigme.

Mais peut-être est-ce faute d’avoir suffisamment considéré le « mouvement historique » auquel cet abandon fournit son apothéose : poursuivons notre lecture. 

2. « Nous les (ces critiques) avons déjà entendues quand le gouvernement Jospin a instauré le pacs en 1999. Treize ans ont passé. Des dizaines de milliers d’enfants vivent dans des familles homoparentales »…

C’est l’argument du fait accompli.

Il est communément utilisé par les zélateurs des changements « sociétaux ». Le fait est : la loi doit s’incliner. Le rôle du législateur n’est pas tant d’affirmer et de défendre des principes, de tracer des limites, que d’accompagner et encadrer les évolutions sociétales. Si, Dieu nous en garde, elle s’appliquait à la sécurité routière, cette logique conclurait de la multiplication des excès de vitesse à la nécessité de modifier le code de la route en augmentant la vitesse autorisée.

C’est l’esprit libéral dans toute sa splendeur. Il a repris à son compte, et avec une efficacité plus redoutable encore, l’injonction marxiste : assez cherché à comprendre le monde, transformons-le ! Le refus de tout principe fondé en raison et de toute vérité autre que pratique. L’adaptation flexible aux évolutions, sans interrogation sur leur valeur intrinsèque.

Ses apôtres sont des pragmatiques et s’honorent de vivre dans un monde ouvert : si l’on interdit, cela se fera (cela se fait déjà) de toute façon. De la même manière que les entreprises à qui l’on impose un droit du travail trop contraignant vont se délocaliser en Chine, les homos iront se marier en Angleterre ou en Espagne, les lesbiennes se faire inséminer en Belgique, et les gays payer des mères porteuses sur la Toile. 

Le fait (contre lequel le politique ne peut jamais rien) crée le droit, tel est l’arrière-plan de l’idéologie libérale progressiste en matière sociétale. Le droit aussi, dès lors bien sûr qu’il va dans le sens de l’Histoire, devient lui-même un fait, auto-justifié et non questionnable. Le pacs a été voté : cela suffit à invalider pour toujours les résistances qu’il suscita et justifie d’aller encore plus loin, dans la même direction.

Dans le placet du Nouvel Obs, le pragmatisme prend l’apparence d’une preuve expérimentale : de la fausseté des craintes exprimées face au projet de loi. Malgré l’existence de nombreuses familles homoparentales, lit-on, « l’institution familiale est toujours bien vivante » et les « fondements de la société occidentale » n’ont en aucune manière été ébranlés.

La famille est bien vivante, sans doute. Mais cela cautionne-t-il toutes les formes qu’elle prend ? La mafia aussi est « bien vivante ».

Quant à l’ébranlement des fondements de la société occidentale, nos signataires n’en aperçoivent aucun signe. Ils sont, à vrai dire, bien les seuls. Tant mieux pour eux. Probablement, pour être perceptible à travers les épaisses murailles de leurs villas, il devrait avoir la fulgurance du feu du ciel sur Sodome et Gomorrhe. Cela ne relève point chez eux de la religiosité primitive. Ces esprits positifs, au contraire, ne croient qu’à ce qui fonctionne. Ils savent peut être que les civilisations, généralement, pourrissent lentement et souvent à leur insu. Mais, prophètes de la postmodernité, ils ont surtout une conscience aigüe de l’accélération de l’histoire. L’Empire romain a mis cinq siècles pour mourir, le Léninisme cinquante : si, au bout de cinq ans d’homoparentalité légalisée, les sociétés libérales et antiracistes n’ont pas été réduites en ruines fumantes, c’est la preuve, non sans doute qu’elles sont indestructibles, mais qu’au moins tout va très bien Madame la Marquise.  

3. « (L’) institution du mariage est solide : son extension aux homosexuels ne saurait la remettre en cause, bien au contraire (…) le Code civil est débarrassé d’une ancienne discrimination. Pour le reste, il est inchangé »

Nous avons bien compris : le mariage-pour-tous n’enlève rien aux conjoints hétéros (de quoi se plaignent-ils ?), il ne fait qu’ajouter un droit aux homos. Pas du moins pour le mariage : que du plus ! Les familialistes que l’on voit défiler contre la loi Taubira devraient plutôt se réjouir de ce que les homos, ouvriers de la dernière heure, viennent grossir leurs rangs. 

Que le mariage survive à sa réforme et même s’en porte mieux, sociologiquement parlant, reste « bien vivant », l’on peut fort bien l’imaginer. Mais cela laisse entière la question : de quel mariage s’agira-t-il ? Les époux hétéros verront-ils leur statut matrimonial inchangé ?

Ici, un peu de logique s’impose.

Première possibilité : le mariage est un genre commun dont la différence spécifique est homo ou hétéro. Dans ce cas, il y a deux espèces de mariages. Et – sauf à dissocier totalement mariage et filiation (ce qui ne semble pas être le présupposé des signataires qui défendent dans le même élan « mariage » et « famille » homos, ni celui d’ailleurs des militant(e)s gays et lesbiennes pour qui la légalisation de la PMA et de la GPA pour les couples de même sexe constituent le corollaire obligé de la loi Taubira) – il y a nécessairement deux espèces de filiations. Une filiation inédite, qui reste à définir, et éventuellement à décliner en sous-espèces : deux papas ; deux mamans ; un papa, un papa bis et une maman ; (voire un papa, un papa bis, une maman ovule et une maman ventre) ; une maman, une maman bis (avec éventuellement deux possibilités : une maman ovule et ventre et une maman purement sociale ou une maman ovule et une maman ventre) et un papa, d’une part. Une filiation hétérosexuée (« un papa et une maman »), fondée sur la dualité égalitaire et l’altérité sexuelle, d’autre part.

Dans cette perspective, effectivement, la famille traditionnelle se verrait préservée. Mais les enfants nés dans les familles homoparentales, eux, seraient assignés à des cartographies familiales expérimentales, dont certaines (si d’aventure elles étaient légalisées), les filiations purement homos, ont toujours été repoussées en dehors du pensable par toute l’humanité connue. Ces enfants-là, à qui l’on imposerait des familles que, par euphémisme, l’on appellera « différentes », bénéficieraient ils d’une égalité de traitement ? Ne seraient-ils pas, en un mot, discriminés ?

La « république » dont les signataires affirment défendre les valeurs devra alors, par ce côté-là aussi, s’éloigner beaucoup de son origine et de ses fondements. La tunique sans couture de la nation une et indivisible cher à nos fondateurs, laissera la place à un deux-pièces, voire à un patchwork.

Beaucoup d’États africains reconnaissent deux statuts matrimoniaux, monogame et polygame, mais ils offrent à tous les enfants nés sous leurs lois (au moins) un père et une mère. La République française, elle, ira beaucoup plus loin et poussera le communautarisme jusqu’à créer, au minimum, deux catégories de citoyens, en fonction de leur origine : les homo-filiés et les hétéro-filiés. Une discrimination non pas, celle-là, entre les modèles matrimoniaux, mais entre les personnes. 

Seconde possibilité : Le mariage est une espèce logique exempte de sous espèces. Tous les mariages n’en forment qu’une seule sorte. Il n’y a que le mariage, pour tous, le même. Mais alors, par principe, ce mariage ne se définit plus comme l’union d’un homme et d’une femme, mais comme l’union de deux personnes, indépendamment de leur sexe. Vu du côté de la parentalité, il ne sera plus fondamental d’être mère ou père, l’essentiel sera d’être « parent ». Au détriment de l’identité sexuelle, la neutre « fonction parentale » s’imposera. Et avec elle, les modifications nécessaires dans les documents d’État civil, et dans le Code. Modifications, qui s’appliqueront à tous

Concluons.

Les discours des rabbins, philosophes, juristes, psychanalystes, psycho-sociologues, pédiatres et autres ronchons qui s’opposent à la loi Taubira n’ont pas de « base rationnelle » et ne s’élèvent pas au-dessus de la « propagande »  ? Admettons. (Accordons aussi que le manifeste sponsorisé par les actionnaires du Nouvel Obs ne soit pas de la propagande.)

Reste que l’argumentaire des partisans de la loi ne paraît pas beaucoup mieux fondé.

Le manifeste qui nous intéresse ici, par nature lapidaire, ne saurait dérouler de longues chaînes d’arguments, on le comprend. Mais il a le mérite de résumer fort bien ce que l’on peut lire ailleurs, sous des formes plus développées. 

Cet argumentaire, donc, analysé et éclairci, à quoi se réduit-il ? A ceci :

  1. Un trait relativiste, « mol oreiller » de l’esprit.
  2. Un énoncé libéralo-pragmatiste, ignorant tout principe fondé en raison.
  3. Une affirmation ambiguë qui, dépliée, se révèle soit fausse, soit grosse d’une apologie de la discrimination. 

Une telle indigence n’est pas totalement surprenante de la part (à ne lire que les premières signatures) d’un bouffon de foire, d’un ploutocrate actionnaire potentiel de l’industrie du ventre à louer, d’un animateur publicitaire, d’un écolo-libertaire pseudo provocateur, d’un ricaneur pour temps de cerveau disponible, d’un footballeur reconverti dans le business antiraciste (à côté desquels on s’étonne de ne pas encore apercevoir la crosse de l’habituel benêt mitré des médias) et de beaucoup d’autres dont le jugement, sur ce sujet, n’inspire aucun respect particulier, pas davantage en tous cas que l’opinion du premier passant dans la rue. En revanche, elle ne laisse pas d’étonner sous la plume d’un psychiatre, d’un historien ou d’un philosophe d’honorable volée. Et l’on est tout simplement sidéré de lire au bas de cette profession de foi les signatures prestigieuses des phares de l’anthropologie française.

Auxquels l’on ne saurait reprocher de mal connaître leur sujet : « la différence sexuée et le rôle différent des sexes dans la reproduction », voilà le « butoir ultime de la pensée », explique, par exemple, Françoise Héritier. (Masculin/Féminin. La pensée de la différence, Paris, Odile Jacob, 1996, p. 19.) 

Sans s’interdire toutefois d’affirmer en un autre lieu : « une fois la "barrière mentale" levée, je ne vois pas ce qui empêcherait un couple homosexuel d'avoir les mêmes droits et les mêmes capacités d'élever un enfant. »

(http://www.lexpress.fr/actualite/societe/francoise-heritier-le-droit-a-l-enfant-n-existe-pas_850975.html)

Ici, soudain, une explication se dessine. Nous étions victimes d’une homonymie. La « raison » invoquée par les partisans du mariage-pour-tous n’est pas la raison au sens classique, celle à laquelle croyaient Platon, Maïmonide, Averroès, Thomas d’Aquin, Newton, Einstein et quelques autres (dont Françoise Héritier lorsque, délaissant les plates-formes et les micros citoyens, elle pratique son métier d’anthropologue) : la capacité à penser et décrire le réel, à entrer dans l’intelligence de son ordre. Elle est plutôt cette force dissolvante qui, sur l’injonction d’une idole au double nom - « égalité » et « Histoire » - fait tomber les « barrières mentales », et déconstruit ce que la raison (au sens premier du terme) a cru dévoiler de l’intelligibilité du monde.

Voilà qui éclaire un peu la présence, apparemment incongrue, à la même tribune de grands esprits et, disons, de moins grands : la « raison » égalitaire est l’esprit retourné contre lui-même.

 

 Premiers signataires :

Jean-Jacques Aillagon, ex-ministre de la Culture ; Christophe Alévêque, humoriste ; Sophia Aram, humoriste ; Ariane Ascaride, actrice ; Roselyne Bachelot, ex-ministre ; Alex Beaupain, chanteur ; Guy Bedos, humoriste ; Nicolas Bedos, humoriste ; Rachid Benzine, islamologue ; Pierre Bergé, homme d’affaires ; Stéphane Bern, animateur ; Laurent Binet, auteur ; Valérie Bonneton, actrice ; Corinne Bouchoux, sénatrice EELV ; Marielle Bousquet, sportive ; Zabou Breitman, réalisatrice ; Cali, chanteur ; Barbara Carlotti, chanteuse ; Isabelle Carré, actrice ; Patrice Chéreau, réalisateur ; Julien Clerc, chanteur ; Stéphane Clerget, pédopsychiatre ; Jean-Paul Cluzel, président du Grand-Palais et de la Réunion des Musées nationaux ; Matali Crasset, designer ; Boris Cyrulnik, psychiatre ; Daphné, chanteuse ; Dave, chanteur ; Kéthévane Davrichewy, auteur ; Josée Dayan, réalisatrice ; François-Xavier Demaison, acteur ; Marie Desplechin, écrivaine ; Diastème, auteur ; Marcial Di Fonzo Bo, comédien ; Lou Doillon, actrice ; Hélène Fillières, actrice et réalisatrice ; Caroline Fourest, éditorialiste ; Christophe Girard, maire PS du 4e arrondissement de Paris ; Maurice Godelier, anthropologue ; La Grande Sophie, chanteuse ; Juliette Gréco, chanteuse ; Serge Hefez, psychiatre ; Françoise Héritier, anthropologue et ethnologue ; Christophe Honoré, réalisateur ; Chantal Jouanno, sénatrice et ex-ministre des Sports ; Juliette, chanteuse ; Bruno Julliard, adjoint aumaire de Paris chargé de la Culture ; L, chanteuse ; Bernard Lavilliers, chanteur ; Benjamin Lazar, metteur en scène ; Noël Mamère, député écologiste ; Bruno Masure, journaliste ; Jacques-Alain Miller,philosophe et psychanalyste ; Judith Miller, philosophe et psychanalyste ; Gaël Morel, acteur, scénariste et réalisateur ; Helena Noguerra, actrice et chanteuse ; Océanerosemarie, humoriste ; Pierre Palmade, humoriste ; Emmanuel Pierrat, avocat et éditeur ; Mazarine Pingeot, auteur ; Claude Ponti, auteur pour enfants ; Bruno Putzulu, acteur ; Olivier Py, metteur en scène ; Franck Riester,député UMP ; Jean-Luc Romero, ex-homme politique ; Pierre Rosanvallon, historien ; Elisabeth Roudinesco, historienne etpsychanalyste ; Marcel Rufo, pédopsychiatre ; Olivia Ruiz, chanteuse ; Laurent Ruquier, animateur ; Céline Sciamma, réalisatrice ; Alex Taylor, journaliste ; Lilian Thuram, ex-footballeur ; Serge Tisseron, psychiatre ; Lewis Trondheim, dessinateur ; Didier Varrod,directeur de la musique sur France Inter...

 



30 réactions


  • Marge 16 février 2013 11:07

    Bravo et merci pour votre article dont la causticité du ton met en avant, avec brio, l’insupportable légèreté des arguments avancés par les adeptes du mariage dit pour tous.

    J’ai particulièrement apprécié ce passage :

    "Quant à l’ébranlement des fondements de la société occidentale, nos signataires n’en aperçoivent aucun signe. Ils sont, à vrai dire, bien les seuls. Tant mieux pour eux.« 

    Il fait pièce à cette attitude condescendante vis-à-vis des »antis« considérés comme des gamins qui finiront bien par se ranger à l’idée »que demain sera forcément mieux qu’aujourd’hui", seul principe qui guide leur raison.

    Bien cordialement,


  • Kookaburra Kookaburra 16 février 2013 11:27

     

    Dans la novlangue du nouvel article 143 du Code Civile : « Le mariage est contracté par deux personnes de sexe différente ou du même sexe. » Il aurait suffit de dire « par deux personnes », mais il fallait marquer la victoire de la théorie du genre.

    Modifier le statut de mariage n’est pas un changement anodin. Toute la connotation traditionnelle, culturelle, spirituelle attachée à la notion de mariage est bouleversée. Cette modification du sens du mot mariage influencera, dans le sens de la « théorie du genre », toutes les générations futures. C’est un véritable endoctrinement idéologique. S’il s’agît d’établir l’égalité des droits, on aurait pu le faire en étendant les droits du pacs ou en créant une union civile. La tolérance, ce n’est pas de supprimer les différences, mais de les reconnaître.


    • cevennevive cevennevive 16 février 2013 13:56

      « La tolérance, ce n’est pas de supprimer les différences, mais de les reconnaître. »

      Quelle belle phrase Kokabourra, et si vraie ! Elle devrait figurer sur tous les frontons des édifices laïques.

      Elle résume à elle seule toute la philosophie sociale et comportementale dont nous devrions nous inspirer.

      Merci et cordialement.


  • voxagora voxagora 16 février 2013 11:48
    Raison pure ? pratique ? constituante ?
    raison divine ? suprême ? éternelle ? infinie ?
    raison naturelle qui s’oppose à la foi ? raison d’être ?
    raison dernière, ou dernière raison ?
    avoir raison en étant dans le vrai ? avoir raison en ayant le dernier mot ?

  • Francis, agnotologue JL 16 février 2013 11:48

    Entièrement d’accord sur la dénonciation réduite en trois points de l’argumentaire des réformistes, à ceci près, vous dites : « Un trait relativiste, « mol oreiller » de l’esprit. » Je suppose qu’il faut lire « très » ?

    Je lisais le Nouvel Obs en 1970. Depuis, je le trouve depuis belle lurette, pire encore que les gazettes de droite de l’époque.

    Ceci dit ;

    Je perçois chez l’auteur, dans cet impeccable texte de dénonciation de l’inanité de cette réforme et de la bêtise de ses promoteurs, une pointe d’esprit de chapelle, j’en veux pour preuve son ultime paragraphe qui se termine par ces mots : ’’la « raison » égalitaire est l’esprit retourné contre lui-même.’’

    Cette sortie confirme ce qu’il convient de comprendre quand l’auteur écrit, je cite : ’’...  l’esprit libéral dans toute sa splendeur. Il a repris à son compte, et avec une efficacité plus redoutable encore, l’injonction marxiste : assez cherché à comprendre le monde, transformons-le ! ’’

    A ce sujet, c’est bien pourtant George Bush qui disait devant un parterre de milliardaires, je cite de mémoire : « Nous n’avons pas à tenir compte de la réalité, la réalité, c’est nous qui la faisons ». Et Bush, ce n’est pas un marxiste !

    Pour conclure ici : la droite libérale, qui n’a rien à dire contre le libéralisme économique, pleurniche dans cette affaire contre les conséquences de ce qu’elle a mis en place et qu’elle adore ; j’ai nommé les inégalités monstrueuses.

    Les inégalités monstrueuses nées du libéralisme économiques sont la cause des monstruosités libérales du libéralisme sociétal.

    C’est bien ce que disent ensemble et de manière posthume Goya et Castoriadis : La pensée libérale est une pensée pour ne pas penser ; une non pensée. Le sommeil de la raison engendre des monstres.


    • Joseph GUYON Joseph GUYON 18 février 2013 10:55

      Cher ou chère JL,


      Merci pour vos commentaires. 
      Dans l’expression « raison égalitaire », je ne me positionnais nullement du côté des libéraux et contre les « égalitaires » socialistes ou socialisants. (Pour ne rien vous cacher, je suis favorable à un revenu maximum légal, parmi d’autres mesures implacables contre la ploutocratie.)  « Égalitaire », sous ma plume, est à comprendre comme ceci : ce qui abrase toutes les différences et les hiérarchies, même les plus légitimes, et renonce à les penser. Dans le monde libéral, tout se vaut, puisque tout est mesuré par un critère unique : l’argent (ou, ce qui revient au même, l’efficacité). Il y a certes du plus et du moins (une Porsche vaut plus qu’une Lada), mais jamais qualitativement, encore moins ontologiquement, seulement quantitativement.
      Cette « pensée pour ne pas penser », ce « sommeil de la raison », selon vos excellentes formules, s’accompagne d’un fantasme de toute puissance. La volonté prend toute la place que laisse la raison. Et elle devient ivre. Yes we can ! 
      C’est en cela, je le suggérais, que le libéralisme reprend l’ambition, revendiquée au départ par une praxis classée à gauche, de l’auto-construction de l’homme, dans une indépendance envers tout donné. Castoriadis (cela me donne l’envie d’aller le lire, merci !) l’avait bien vu : c’est toute la démence du libéralisme contemporain. Horreur merveilleusement formulée par la saillie aussi bête que méchante de monsieur Bush. 
               Bien à vous. 

    • Mmarvinbear Mmarvinbear 18 février 2013 13:03

      Tu rejetteras donc ton fils ou ta fille quand tu le(la) verra embrasser son(sa) meilleur(e) ami(e) de même sexe ?


  • epicure 16 février 2013 18:53

    « La réponse est non. Les personnes homosexuelles ont parfaitement le droit de se marier. Elles peuvent convoler avec qui bon leur semble, et ne sont soumises qu’à la contrainte commune à tous les citoyens : épouser une personne de l’autre sexe. »

    argument bidon qui se contredit.

    Soit on peut convolert avec qui on veut, soit on ne peut épouser qu’une personne de l’autre sexe.

    Mais dans le cas des homos ce n’est pas la personne qu’ils veulent.

    DOnc c’est un argument me nso nger basé sur une contradiction.

    Comment être pris au sérieux quanfd on poise des arguments d’une nullité pareille.


    • Joseph GUYON Joseph GUYON 18 février 2013 11:24

      Cher Epicure, 


      D’abord permettez moi de vous féliciter pour votre pseudo, qui rend hommage à un grand moraliste.

      Quant à votre remarque, je vous réponds ceci : 

      En écrivant que les personnes homosexuelles ont le droit de « convoler avec qui bon leur semble », je n’indiquais pas une liberté sans limite, laquelle n’est accordée à personne. La suite de la phrase ( « ne sont soumises qu’à la contrainte commune à tous les citoyens : épouser une personne de l’autre sexe ») situait précisément cette liberté dans un cadre. 
      J’entends bien, cher Épicure, que la plupart des personnes homosexuelles, sans doute, ne trouvent pas dans le cadre de la loi actuelle, l’objet de leurs voeux. (Je suis également conscient de l’ampleur de la tâche qui fut celle d’ Épicure, votre homonyme, de déployer une sagesse du bonheur dans la limitation volontaire des plaisirs.) 
      Mais fait que leur inclination s’y satisfasse difficilement n’ invalide pas pour autant cette loi.
      Mon propos, sans doute maladroitement exprimé (mais non mensonger), était précisément de pointer que la loi n’a pas vocation à faire plaisir à tout le monde, mais à poser les bornes d’un monde commun, viable. 

      Bien à vous.  



    • Joseph GUYON Joseph GUYON 18 février 2013 15:23
      Je corrige une faute de frappe qui s’est invitée dans le commentaire de votre commentaire :

      « Mais fait que leur inclination s’y satisfasse difficilement » : il fallait évidemment lire : « Mais le fait que (...) »

       Bien cordialement...



  • paulau 16 février 2013 20:19

    A ceux qui soutiennent qu’un couple n’est pas formé d’un mâle et d’une femelle, je rappelle que l’on sait, depuis George Orwell, que, pour installer la dictature de la pensée, on commence par la confusion du vocabulaire. Comment vous plaindrez-vous, demain, quand, dans une animalerie, on vous aura vendu un couple de serins composé de deux mâles ?


    • epicure 17 février 2013 02:55

      Nous ne sommes pas des animeaux dirigés uniqument par des instincts, mais des êtres pensants et capable de décisions autonomes. Les couples humains ne se forment pas uniqument dans un but reproductif.

      Donc ta comparaison avec des serins est nulle et sans intértêt.

       


    • Francis, agnotologue JL 17 février 2013 09:55

      Tout à fait Paulau,

      avec cette confusion, le verbe accoupler n’a plus de sens.

      On accouple deux complémentaires ; on apparie deux semblables. Un appariement n’est pas un accouplement.

      Le mariage civil est Le sacrement de l’accouplement ; il ne devrait jamais concerner l’union de deux semblables.


    • Francis, agnotologue JL 17 février 2013 10:04

      En vérité, le mariage homosexuel est une trahison contre les athées et agnostiques, et un cadeau royal fait aux croyants pour qui seul le mariage religieux est le vrai sacrement.

      La gauche trahit réellement ses enfants.

      L’oligarchie s’orienterait vers la mise en œuvre systématique de la politique du choc qu’elle ne s’y prendrait pas autrement ! La preuve ? Nous avons élu Hollande pour protester contre les aberrations sarkozienne ; et voilà que les médias oligarchiques préparent le retour de Sarkozy pour protester contre les horreurs hollandiennes.

      Le pas du patineur vers un abime kafkaïen de non sens : un pas à droite, un pas à gauche, mais toujours vers le même but : l’asservissement du peuple et l’anéantissement de la raison.


    • COLRE COLRE 17 février 2013 12:27

      G. Orwell, la dictature de la pensée, la confusion du vocabulaire, gnani gnana…
      Je vous propose le dictionnaire de référence (le Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales). À « accoupler », on retrouve des signatures comme celles de Maupassant, Balzac, Chateaubriand, Zola… Mais peut-être sont-ce des écrivains mineurs qui connaissent mal la langue française à la différence de messieurs paulau et JL, et de tant d’autres sur AV…


      A.- Réunir par couple(s) en vue d’une fonction ou d’un résultat communs
      • Une file de voitures chargées de foin s’en venaient, traînées par des vaches accouplées deux par deux. (G. de Maupassant)
      • chaque forçat est accouplé à un autre (toujours un vieux et un jeune ensemble) par une chaîne. (H. de Balzac)
      • M. de Talleyrand, qui d’abord eût été content de n’être pas accouplé à M. Fouché, sentant que celui-ci était inévitable, donna les mains au projet ;... (F.-R. de Chateaubriand),
      • Perrault en avait entrevu les effets, lorsqu’en accouplant deux à deux les colonnes du péristyle du Louvre, il leur donna un demi-module de plus. (.-H. Bernardin de Saint-Pierre)
      • Déjà les six pièces étaient braquées, espacées largement, accouplées en trois sections que des lieutenants commandaient,(É. Zola)
      • Il est composé d’un moteur universel (...) accouplé à une génératrice de courant continu...(Catalogue d’instruments de laboratoire),1932, p. 141.
      • Le fait d’accoupler et d’accorder des cordes soit à l’unisson ou l’octave,
      • il était impossible, vu la lourdeur de la mécanique [de l’orgue] d’accoupler plus de deux claviers à la fois. 


      Et alors, le plus drôle : 

      B.−Apparier en vue de la reproduction…

      … c’est la reproduction qui est un appariement !… smiley


    • Francis, agnotologue JL 17 février 2013 12:39

      Bah !

      Licences poétiques pour désigner des regroupements de choses, voir pléonasmes redondants (!) comme « des vaches accouplées deux par deux »,

      il va de soi que dans les textes littéraires, pour éviter les redites, on utilise des synonymes.

      Ceci dit, à part l’e pléonasme pour faire joli des vache, la plupart des autres exemples font état de deux ’différents’ et toujours dans l’optique d’un résultat attendu. Il est où, le résultat attendu de l’accouplement de deux êtres vivants sinon la procréation ?

      Par ailleurs, il ne faut pas confondre accoupler et s’accoupler qui a pour tout le monde une connotation génétique.


    • COLRE COLRE 17 février 2013 12:58

      Aaah… impayable JL… smiley Pourquoi se débattre dans ses contradictions quand la réalité lexicale et sémantique de notre belle langue est exprimée par les meilleurs dictionnaires et les plus grands écrivains ?

      Vous êtes d’une belle mauvaise foi, ça fait plaisir de la voir s’étaler dans toute sa splendeur en qques lignes… 


    • Francis, agnotologue JL 17 février 2013 13:20

      Colre,

      je vous savais bête, mais là je ne suis pas déçu.

      Vous avez écrit vous même, je cite : ’’Accoupler = A.- Réunir par couple(s) en vue d’une fonction ou d’un résultat communs (...) B.−Apparier en vue de la reproduction…’’.

      Vous avez besoin d’une explication de texte : En aucun cas on ne peut tirer de cette définition B que la reproduction est un appariement. Vous confondez ’’apparier’’ et « apparier en vue de la reproduction’’ ! Les mots n’ont aucun sens pour vous semble-t-il.

      Par ailleurs, la définition B n’est qu’un cas particulier de la définition A : réunir par couple en vue d’un résultat. En B, le résultat attendu est précisé.

      Et je vous repose la question : il est où le résultat attendu de l’accouplement d’homosexuels ? A cette question, il n’y a pas de réponse autre que »aucun résultat attendu".

      En revanche, à la question : quel est le résultat attendu du sacrement de l’union des homosexuels, là il y a un flot de réponse, mais que votre mauvaise foi vous empêche de lire objectivement.

      Et le plus comique c’est que c’est vous qui parlez à mon encotre de mauvaise foi.

      Colre, nous nous sommes plusieurs foi rencontré , et la conclusion est toujours la même : de toute évidence l’un de nous deux est un crétin ou un activiste pour de mauvaises cause..



    • COLRE COLRE 17 février 2013 15:54

      J’adore quand vous me jugez « bête », JL… smiley continuez. C’est rassurant pour tous ceux que vous entortillez ici dans vos arguties filandreuses et les blessures de votre amour-propre fragile… 


    • Francis, agnotologue JL 17 février 2013 16:47

      Colre,

      c’est lequel de nous deux sinon celui qui a dérapé le premier qui s’est senti blessé dans son amour propre ?

      Relisez notre échange, vous êtes venu me chercher noise, je vous ai répondu posément, et dès votre première réponse, bingo  ! je cite : « impayable JL ... Vous êtes d’une belle mauvaise foi » ! 

      D’autant que j’ai prouvé largement que j’avais raison. D’ailleurs, comme je l’ai dit, avec vous ça finit toujours pareil, vous êtes incapable de soutenir un débat d’idées. Je me demande pourquoi je réponds encore à vos provocations imbéciles, irrespectueuses et récurrentes.

      Votre façon de dire j’adore illustrée d’un rire jaune ne trompe personne.


  • Marge 17 février 2013 21:53

    "Les mariages ont été pendant des siècles des mariages arrangés, et cela du haut en bas de l’échelle sociale. C’est bien pourquoi l’amour courtois est un amour hors mariage, présenté avec précaution comme purement spirituel.« 

    Ce n’est pas tout à fait exact. L’amour courtois ou »fin amor" s’adresse surtout aux cadets des familles de nobles qui ne peuvent se marier puisque seuls les aînés héritent du patrimoine familial. Cet amour spirituel présenté hors mariage servait donc à tenter de calmer leurs ardeurs en leur faisant sublimer leurs pulsions sexuelles.

    Quant à l’amour présenté de nos jours comme la raison première du mariage, il y a beaucoup à en dire...

    Il me semble que c’est d’abord un contrat qui énonce et garantit les droits de la famille fondée par le couple marié. Cette union se trouve ainsi instituée et dépasse donc la situation de départ, c’est -à dire la rencontre entre un homme et une femme.

    Faire reposer cette institution sur l’amour et par conséquent ses aléas (voyez le nombre de divorces) me semble donc être le meilleur moyen de ruiner ses bases.


  • Mmarvinbear Mmarvinbear 18 février 2013 13:10

    La réponse est non. Les personnes homosexuelles ont parfaitement le droit de se marier. Elles peuvent convoler avec qui bon leur semble, et ne sont soumises qu’à la contrainte commune à tous les citoyens : épouser une personne de l’autre sexe.


    Si vous aviez vécu ici en France au XVè siècle, vous n’auriez pas pu vous marier avec une femme vivant sur la terre d’un seigneur voisin sans avoir le consentement des deux nobles.

    Si vous aviez vécu dans certains Etats américains du XIXè siècle, il était hors de question pour vous d’épouser la femme noire qui vivait à coté de chez vous. Et le KKK vous aurait réglé votre compte si vous aviez touché à une Fille Blanche.

    Si vous aviez vécu en Allemagne dans les années 40, l’idée même d’épouser une juive vous aurait conduit direct à Dachau ( ou au camp le plus proche ) pour Trahison envers la Race.

    Rendez service au monde : asseyez-vous et regardez vos vieilles croyances crever. Cela nous fera des vacances.

    • Joseph GUYON Joseph GUYON 18 février 2013 15:41

      Mmarvinbear,


      Je suis prêt à m’asseoir et à regarder. Mais ce faisant, je m’autoriserai à continuer à penser, si vous le voulez bien.

      Que voulez vous dire par les exemples que vous proposez ?
      Qu’ils révèlent l’injustice de certaines législations sur le mariage ? Dans ce cas, je ne peux qu’être d’accord avec vous. 

      Il me paraît que le mariage entre un homme et une femme, quels que soient leurs différences - de race ou autre - ne devrait pas avoir besoin de l’autorisation de quiconque. Là d’ailleurs gît toute la puissance libératrice de la révolution du mariage monogame, égalitaire et par consentement mutuel, promu essentiellement (mais pas seulement) par le christianisme

      L’union des différences, dans la liberté, c’est justement cela le mariage, me semble t-il. 

      Bien cordialement...

    • Joseph GUYON Joseph GUYON 18 février 2013 16:28

      Vous aviez bien sûr corrigé ma faute d’orthographe : « quelles que soient leurs différences » (et non « quels que soient (...) »


    • Mmarvinbear Mmarvinbear 18 février 2013 18:47

      L’union des différences, dans la liberté, c’est justement cela le mariage, me semble t-il. 


      Comme le mariage gay est l’union de deux personnes différentes, il n’y a donc aucun problème de définition.
      ^^

      Il faut aussi rappeler que le mariage n’est PAS une institution de la Chrétienté. Ce n’est pas avant le XIIIè siècle que le mariage devienne un sacrement. Les unions étaient d’ordre privé avant cela. 

      Ce qui n’a pas changé en revanche, c’est le regard détourné des prêtres et des évêques qui unissaient une jeune comtesse de 15 ans, évidemment consentante à épouser un vicomte de 50...

      Pour les premiers Chrétiens, seule était louable la chasteté. Le mariage était un moindre mal. Citons ce mot de Saint Paul : « ceux qui brûlent doivent se marier » pour connaitre l’image du couple et de la famille aux yeux des théologiens. 

      Même au XIXè siècle, le mariage était avant tout une convention sociale, destinée à donner à un homme une descendance légitime afin de lui transmettre son patrimoine et son nom. Les bâtards n’avaient aucun droit ! Point d’amour dans ces unions. Les passions étaient assouvies avec forces danseuses et actrices, forces musiciens ou répétiteurs attitrés (selon les sexes et les disponibilités). Il fallait faire juste preuve de discrétion (surtout pour mesdames).

      On le voit : le caractère unique, unitaire et temporel de la position de l’Eglise sur la mariage est totalement fausse. La position des intégristes actuels ne se base sur rien, sinon leurs craintes irraisonnées, leur hargne et leur haine profonde pour tout ce qui n’est pas eux.



  • Joseph GUYON Joseph GUYON 19 février 2013 09:58

    Mmarvinbear,


    Votre propos - « seule était louable la chasteté » - mérite d’être nuancé : le mariage fut très longtemps considéré par l’Église, non comme un moindre mal, mais comme un moindre bien
    Le mariage était bon, la chasteté pour Dieu était meilleure. 

    Que le mariage et l’union charnelle fussent bons, il n’en pouvait être autrement, à moins de brûler une bonne partie de la Bible, voire la totalité. Ce que, heureusement pour nous, les théologiens et les papes se sont gardé de faire : l’on peut encore lire la Genèse, le Quantique des quantiques, le prophète Osée, parmi d’autres cris de joie devant la beauté de l’amour humain. 
    Au nom de cet enseignement, d’ailleurs, furent combattues pied à pied moult hérésies dualistes qui méprisaient la chair, le corps et la sexualité.

    La théorie du gender est la dernière en date. Comme vous le dites très bien « le mariage gay est l’union de deux personnes différentes », mais non de deux sexes différents. Le sexe ne fait donc pas, dans cette perspective, partie de l’identité profonde de la personne. On retrouve ici la tendance dualiste, à séparer le corps de l’âme, la matière de l’esprit. 

    La question de l’ordre social et de ses systèmes de domination est autre. Je vous rejoins sans hésiter dans votre dénonciation du mariage bourgeois et, plus généralement, des mariages arrangés pour raisons sociales, politiques, ou patrimoniales.

    Le fait que l’ institution cléricale ait plus ou moins toléré, voire cautionné, ces pratiques ne touchent en rien à l’anthropologie judéo-chrétienne.

    J’ajoute pour terminer mon propos (provisoirement j’espère, mon cher Mmarvinbear !) que la différence des sexes et la filiation hétéro-sexuée, défendues avec force par le judéo-christianisme, ne lui appartiennent pas en propre : elle sont reconnues comme des évidences par toutes les sociétés connues (ce qui n’est pas le cas, bien entendu, de la monogamie indissoluble).

    Bien à vous, cher contradicteur. 





    • Mmarvinbear Mmarvinbear 19 février 2013 11:52

      Le problème numéro un de la Bible est que ce texte n’existe pas.


      L’ ancien testament n’ est qu’une copie et une mise à jour d’écrits beaucoup plus anciens, consignés à la gloire de Dieux mésopotamiens et akkadiens qui ont servi à créer le Dieu Juif, puis par la suite Jésus et le reste de la clique. C’est la raison pour laquelle il n’existe aucun fil conducteur dans ce texte.

      Le NT, lui, est issu en grande partie d’une secte juive qui voulait renouer aux fondamentaux de la religion juive, ce qui a bien entendu provoqué l’ire des autorités de l’époque, forcément corrompues selon elles. il n’y a rien de nouveau sous le soleil, et je trouve aberrant de se baser sur une règle écrite pour une société agro-pastorale du proche-orient pour édicter une règle de vie.

      Votre dénonciation du mariage arrangé occulte la responsabilité première de l’ Eglise qui a laissé faire cela des siècles durant. Ce n’est pas la faute uniquement de la vision patriarcale des choses. Pourquoi des dizaines de papes ont-ils fermé les yeux sur cela à moins qu’ils n’en tirent avantage ?

      Vous voulez dédouaner le JD de cet état de fait, mais la société juive traditionnelle était à la base de tout cela. C’est l’ Eglise qui a encouragé plus ou moins directement les sociétés occidentales à se conformer aux écrits bibliques, non seulement en ce qui concerne la foi, mais aussi la société. L’ éviction des femmes, leur mise sous tutelle totale se fait sous l’autorité des papes et sous la justification de la Bible.

      Le mariage n’est plus désormais une question d’héritage et de filiation sociale, c’est une union basée sur des sentiments réciproques, et refuser cette union à deux personnes de même sexe, c’est nier ce sentiment. 



  • Joseph GUYON Joseph GUYON 23 février 2013 10:05


    Mmarvinbear,

    Comme tous les faits de culture, la religion reflète nécessairement l’état de la société où elle s’épanouit : il n’y aucun doute là-dessus. La question est de savoir si elle n’est que cela, se réduit à une superstructure au sens étroitement marxiste, ou si elle contient aussi un élément d’universel. 

    Par exemple, le judaïsme fut la religion de bergers palestiniens, certes. Mais de cela faut-il conclure que les textes bibliques n’ont rien à dire aux citadins mondialisés, bien que ces derniers partagent avec les sujets du roi Salomon, que je sache, la même humanité. 

     

    En tout cas, si le christianisme, comme vous le regrettez, s’est imposé aux sociétés occidentales, c’est précisément parce qu’il n’en était pas le pur produit. Il portait une parole autre qui a dérangé le monde tel qu’il était. Pour le mieux ou le pire : à chacun d’en juger.

     

    Quant à l’ « éviction des femmes, leur mise sous tutelle totale », il y aurait quelques nuances historiques à y apporter. Hildegarde de Bigen prêchant aux papes, Jeanne d’Arc, la marchande parisienne qui (au XIIIème siècle) jouit du plus gros chiffre d’affaire de la cité, l’amour courtois, etc, ne prouvent pas, c’est vrai, que les sexes fussent considérés comme égaux, mais invitent tout de même à hésiter avant de parler d’ « exclusion » et de « mise sous tutelle totale »

     

    Sur la Bible elle-même : elle contient, vous avez parfaitement raison, des passages clairement misogynes, et d’autres qui se font l’écho de la hiérarchie en vigueur au Moyen-Orient ancien. Ces textes ont été utilisés ensuite dans le sens qui arrangeait les sociétés patriarcales.

     

    Mais la Bible recèle aussi des textes fondateurs de l’égale dignité des hommes et des femmes. Le fameux « il n’y a plus ni homme, ni femme » (dans le Christ) de Paul et le récit de la création (Genèse) de l’humain « homme et femme » sans hiérarchie – Ève tirée du côté d’Adam (et non de la cuisse, ni du pied) en étant un symbole très parlant.

    L’on pourrait aussi évoquer les figures héroïques d’Esther, de Judith et d’autres qui ne sont pas décrites comme des bécassines ni des bobonnes derrière leurs fourneaux. Sans parler, bien sûr, de la fameuse Marie, couronnée d’étoiles et habillée de soleil (Apocalypse de Jean), élevée au-dessus des anges, dont le « oui » souverainement libre permit de sauver le monde. Ce qui n’est pas tout à fait négligeable, vous me l’accorderez.

     

    Me paraît intéressant le fait que les accents misogynes ou inégalitaires de certains textes ne le sont pas davantage que ce que l’on peut trouver dans d’autres écrits contemporains ou antérieurs, alors que les professions de foi égalitaires, elles, sont – à ma connaissance – inédites. Et sont aussi - dans un monde où, comme le montre fort bien Françoise Héritier, l’infériorisation des femmes s’impose universellement - je trouve, révolutionnaire. 

     


  • Joseph GUYON Joseph GUYON 23 février 2013 10:07

    Mmarvinbear,


    Suite de ma logorrhée...

    Comme vous le dites très justement, la Bible est une compilation de textes antérieurs. (Merci pour l’info sur les dieux mésopotamiens et akkadiens !) Une compilation, toutefois, retravaillée, réécrite et réinterprétée.

    L’extraordinaire, justement, est que ce bric-à-brac improbable de poésies, de codes juridiques, d’épopées, de chroniques, de proverbes, de contes, de mythes, de prophéties et d’apocalypses, rédigées à des époques et des lieux divers, puisse – malgré tout – avoir un sens, et tracer les contours d’un certain rapport de l’homme à lui-même, à autrui et à la transcendance.

    Des contours en tout cas suffisamment identifiables et originaux pour que l’on puisse s’y opposer, et les critiquer. Ce qui n’a jamais manqué et ne manquera jamais, rassurez-vous.

     

    Mais, diable, je réalise soudain que je suis en train d’alimenter l’éternelle polémique, typiquement française, entre le bouffeur de curés et le calotin de service, dont nous sommes l’un et l’autre - ne trouvez-vous pas ? - des exemplaires magnifiques.

     

    Cette sympathique querelle est cependant hors de propos dans le débat qui nous a réunis au départ, dont le sujet était, je vous le rappelle, le mariage pour tous. J’en suis d’ailleurs le premier responsable : c’est bien moi qui vous ai tendu une perche trop facile à attraper sur le judéo-christianisme.

     

    Hors sujet, en effet, car si le christianisme a pu être précieux pour transformer les rapports entre les sexes, en y enfonçant (si j’ose dire) le coin de la liberté et de l’égalité, il est finalement fort peu utile, et quoiqu’il en soit nullement indispensable pour défendre la filiation hétérosexuée.

     

    Vous êtes dans le vrai : le mariage en Occident est né en dehors de l’Église, qui s’est contenté d’en faire un sacrement. Le mariage entre un (ou plusieurs) hommes et une (ou plusieurs) femmes existaient et existe dans toutes les cultures. La seule exception étant, je crois, les Na (minorité chinoise), qui n’ont toutefois pas non plus, à ce que je sais, l’idée d’une filiation homosexuelle. 

     

    L’Église a donc encore moins inventé la filiation hétérosexuée – laquelle est une évidence pour toute l’humanité qui nous a précédés et pour l’immense majorité des humains qui peuplent aujourd’hui notre terre. Évidence, nourrie de l’expérience partagée par tous (à l’exception de quelques libérâtres occidentaux) de l’incarnation de l’humain dans son corps – et donc dans son sexe. Cela a des conséquences sur la façon dont les êtres humains pensent leur origine. La vôtre, comme la mienne, ne se trouve pas dans le désir d’enfant (peut-être absent), mais dans la rencontre de deux semences, principes, archétypes, aux natures complémentaires. Petite remarque au passage, ce rattachement à la nature, paradoxalement, garantit notre liberté : nous sommes beaucoup moins enfants de nos parents que du cosmos. Nous n’avons donc pas de comptes à rendre à papa et maman, qui n’ont été dans cette histoire que des instruments plus ou moins consentants. Dieu merci, leur éventuel désir d’enfant ne leur donne aucun droit sur nous. 

     


  • Joseph GUYON Joseph GUYON 23 février 2013 10:09

    Mmarvinbear, 


    Pour finir...

    La filiation : c’est bien le seul enjeu du mariage pour tous. D’abord parce que le l’union matrimoniale est un cadre légal de la filiation, et ensuite parce que la loi précise : mariage et adoption pour tous. Adoption et bientôt PMA, puis un peu plus tard, sans doute, GPA.

    La filiation et non le sentiment. Le maire qui prononce des mariages n’interroge jamais les fiancés sur la qualité de leurs sentiments, il se borne à leur lire les passages du Code civil relatifs aux droits et devoirs des époux et à l’autorité parentale. En réservant le mariage aux couples hétérosexuels, la loi encore en vigueur n’interdit, évidemment, et encore moins ne nie l’existence d’autres formes d’amour.  

    D’ailleurs, pourquoi voulez-vous donc faire reconnaître le « sentiment » par la loi ?  Seuls les êtres puérils, dont vous n’êtes sûrement pas, ont besoin d’être approuvés et autorisés dans leurs ressentis, pas les hommes libres. La loi ne s’occupe pas de nos émois, de nos amours, et de nos embrassements, bien heureusement d’ailleurs : elle nous laisse les vivre et les assumer en paix !

    Sur ces sujets de méditation, je vous quitte et vous souhaite bonne route dans la vie !

       


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