Arnaud Montebourg dans la lignées de Bernie Sanders et Jérémy Corbyn ?...
Alors que le PS français, après les travaillistes anglais et ses collègues d'outre Pyrénnées est au prises avec les retombées du "blairisme", voilà que sort du bois un Jérémy Corbyn à la française (Le Journal du Dimanche + Europe1). Arnaud Montebourg, qui n'écarte pas une collaboration avec le PCF, se propose, contre le "hollandisme sous toutes ses variantes" de conserver la "vieille maison", qui trantole dangereusement, dans l'orbite du socialisme traditionnel.
"Il y a un défaitisme à gauche. Mais je ne partage pas cette neurasthénie. Je vois bien dans ma campagne de terrain que, pour peu qu’on ait des propositions, cela rencontre un réel écho populaire. La gauche peut l’emporter. J’y crois dur comme fer". Dans une longue interview donnée au Journal du dimanche, Arnaud Montebourg l'assure : tout n'est pas perdu pour la gauche. A condition qu'elle fasse le choix de l'élire à la primaire.
"Plus personne ne veut donner sa confiance à cette gauche de gouvernement-là. Elle a échoué sur le terrain des valeurs – qu’elle a abandonnées – et sur le terrain de l’efficacité. Pourtant les Français qui se reconnaissent dans les aspirations de gauche ne se sont pas évaporés, ils sont en colère et se sentent bernés. Ils veulent une alternative ancrée dans nos convictions, réaliste et raisonnable, mais aussi sincèrement audacieuse. Elle existe, c’est la démarche que je propose", martèle l'ancien ministre de François Hollande.
Mélenchon, "radicalité et isolement". Selon Arnaud Montebourg, le président de la République semble avoir perdu d'avance. "Il a coupé en morceaux ses propres soutiens et son Premier ministre a fait la théorie des gauches irréconciliables", tacle-il, mettant en avant sa "cohérence rectiligne". "Mes idées n’ont pas été mises au pouvoir. C’est là mon échec. Alors qu’il aurait fallu inventer une politique alternative à l’austérité ou nationaliser les hauts fourneaux de Florange, c’est, à chaque fois, le choix du conformisme ou, pire, du conservatisme qu’il l’a emporté", assène-t-il encore. Déchéance de nationalité, loi Travail… Arnaud Montebourg dénonce des "réformes qui ont laissé des fracture encore ouverte dans ce qui reste de majorité". Quant à Jean-Luc Mélenchon, il ne représente pas non plus une alternative crédible. "Ce qui sépare Mélenchon du reste de la gauche, c’est sa radicalité et son isolement", assène Arnaud Montebourg.
"Mon programme est socialiste mais pas seulement". Arnaud Montebourg avance pour gagner. "Je ne suis pas dans la candidature de témoignage. J’ai déjà fait cela et j’en ai épuisé les charmes", assure-t-il. Que propose-t-il pour cela ? Un "patriotisme économique", qui commencera par l'abrogation de la loi El Khomri. "Je propose une stratégie de redécollage économique en mettant fin à l’austérité, par un investissement de 20 milliards dans les infrastructures. Et de 100 milliards en cinq ans pour la rénovation thermique, avec de l’argent public et privé. Je défends également un patriotisme économique du made in France qui consiste à protéger nos entreprises, nos emplois et nos savoir-faire de la concurrence déloyale. Réservons 80 % de la commande publique pour les PME. En outre, je souhaite que 10 % de l’assurance-vie – l’épargne des Français – financent les PME. Et je propose un Code du travail différent pour les PME, négocié branche par branche", énumère le surnommé "chantre du Made in France", qui défend également "des baisses de la CSG", cet "impôt injuste".
"La situation du pays est extrêmement grave. Je construis un projet de rassemblement des Français. Je préfère bannir tout ce qui peut empêcher l’accès des Français au sérieux et au caractère innovant de mes propositions", rétorque également Arnaud Montebourg, à ceux qui l'accuse de faire une campagne trop discrète. Et de conclure : "Mon programme est socialiste mais pas seulement : il est aussi républicain, écologiste, et même gaulliste social".