mercredi 18 mai 2016 - par
Cette Eurovision 2016 qui confirme les intentions de l’OTAN
Le résultat du concours Eurovision de la chanson 2016 a causé plus de sourires que de surprise, et pas seulement du fait que les deux premières places aient été attribuées à des Asiatiques, reléguant le premier Européen, plébiscité par les peuples d'Europe, à la troisième place.
Il ne faut pas croire que les cinq pays membres de l'OTAN et de l'Union Européenne dont la contribution financière à l'Union Européenne de Radio-télévision assure (statutairement) la présence de leurs candidats à la finale, par-delà les nombreuses révisions des règles du concours, aient la possibilité de choisir directement le lauréat. En théorie cela reste en partie un concours de popularité, même si cette union de régies d'Etat a parfois banni des participations en raison de la situation politique ou institutionnelle dans certains pays. Certes ce concours, dont les règles sont modifiées sans cesse, surprend parfois les mêmes peuples qui, sur un autre registre, votent des lois en parlement par l'intermédiaire de leurs élus et les voient modifiées ou annulées par des sénats ou des commissions dont le mode de désignation leur échappe. L'édition 2016 aura au moins piqué la curiosité de chercheurs en arithmétique intrigués par l'énigmatique algorythme ou affectation de coefficients qui, en combinant les millions de voix du vote populaire (gagné par le candidat russe, y compris en ex-Ukraine) et les quelques dizaines de voix du choix des experts (porté sur la candidate australo-coréenne), a permis le couronnement de la candidate antirusse, l'ex-soviétique ex-kirghize actuellement sous les couleurs de l'ex-Ukraine, sous pseudonyme arabe (certes inspiré de son patronyme) et sous patronage turc, dont les parents russes sont aujourd'hui embarrassés.
Prétendument neutre quant aux résultats, bien qu'active dans la modification permanente de ses règles de calculs, l'Union Européenne de Radio-télévision a néanmoins des services permanents chargés de faire respecter par le pays organisateur le règlement du concours, comme par exemple l'alinea G de l'article 1-2-2 prohibant les "paroles, discours ou gestes de nature politique ou similaire". C'est d'ailleurs sur cette base que la Russie, organisatrice du concours 2009, ôta à la demande de l'Azerbaïdjan une image, dans la présentation visuelle de la candidate arménienne, montrant mine de rien un monument arménien au Haut-Karabagh, cette région chrétienne qui avait fait sécession de l'Azerbaïdjan vingt ans plus tôt après les pogroms anti-arméniens massifs commis à Soumgaït et Bakou par les autorités azéries musulmanes. C'est sur la même base que l'Union Européenne de Radio-télévision aurait dû refuser la chanson dite tatare qui présentait avec insistance plusieurs cartes d'Ukraine annexant des territoires russes et polonais, et dont toute la presse, à l'annonce de sa victoire, a unanimement reconnu le caractère politique. Certes c'est sur d'autres bases, naguère réputées françaises (savoir-vivre et diplomatie), que l'Union Européenne de Radio-télévision aurait aussi dû modérer la virulente et grossière verve antirusse que la présentatrice gouvernementale française Marianne James a proférée pendant toute la durée de la compétition ; mais il est vrai que la France fait, justement, partie des cinq membres qui se sont arrogés un statut spécial en échange de leur contribution financière, ce qui autorise peut-être son gouvernement à voir dans l'Eurovision une tribune pour sa stratégie peu diplomatique.
Sur un plan historique récent pourtant, il est vrai que le peuple tatar a souffert comme tous les peuples soumis au communisme, et plus particulièrement les peuples de toutes les Russies soviétisées qui y ont été soumis pendant trois générations. En effet, en 1944 le Géorgien Staline entendit punir collectivement les Tatars, dont les chefs avaient collaboré (comme pratiquement toutes les autorités musulmanes du monde) avec l'Allemagne national-socialiste, en déportant ce peuple de 200000 personnes vers ses territoires d'origine en Ouzbékistan, chiffre certes aussi relatif pour les années quarante que pour l'Ukraine, qui expulsa il y a deux ans un million et demi d'habitants du sud-est et annonce régulièrement son intention de vider la Crimée de ses deux millions et demi d'habitants. Cinq siècles après que les envahisseurs Tatars de la Crimée aient fait allégeance à la Turquie, cet exil d'un demi-siècle (deux générations) a certainement laissé des souvenirs plus frais que les trois siècles et demi (quatorze générations) d'exactions tatares ont laissé sur tout le pourtour nord de la Mer Noire en raison de l'activité principale du khanat, consistant à capturer des Chrétiens en Russie et en Pologne pour les vendre comme esclaves en Turquie, un trafic estimé à plusieurs millions de victimes et comparable à celui des Africains de l'est par les Arabes ou à celui des Européens du sud par les Barbaresques.
Sur un plan historique plus ancien les peuples antérieurs de Crimée ont, eux, un demi-millénaire après la fondation de la Russie par le baptême de Saint Vladimir à Chersonèse ou Sébastopol en 988 (équivalent de la fondation de la France par le baptême de Clovis à Reims en 498), commencé à souffrir du joug mongol à partir de l'annexion par la Horde d'Or et encore plus après la mise en esclavage des peuples non musulmans, la destruction de Théodoros puis Constantinople et enfin l'inféodation de la Tauride à la Turquie... jusqu'à leur libération, et l'abolition de l'esclavage, en 1792.
Après la dissolution de l'URSS la Russie permit le départ des petits-enfants des Tatars déportés, imitée en cela par les républiques ex-soviétiques d'Asie centrale. Cependant en 1992 l'Ukraine avait annexé la Crimée, qui avait proclamé son indépendance en même temps qu'elle et que la Russie, et Sébastopol, qui était jusque-là un sujet fédéral soviétique comme ces dernières. Sans s'y opposer officiellement, l'Ukraine entrava l'arrivée des Tatars descendants des déportés de cinquante ans plus tôt. Les 265000 qui arrivèrent furent écartés des procédures de privatisation de terres (certes peu étaient agriculteurs puisque selon le mot de Mahomet "la charrue amène la honte") et d'entreprises, réservées aux anciens employés des sovkhozes locaux, et durent se regrouper dans les banlieues des villes où leur taux de chômage s'éleva à 60%, ce qui leur permit certes de fréquenter les nombreuses mosquées construites en hâte par la Turquie, pays qui investit aussi passionnément dans la tatarisation linguistique de ces russophones qui, comme la nouvelle lauréate de l'Eurovision née au Kirghistan, n'avaient retenu que quelques mots du dialecte de leurs aïeux. Année après année, et hors périodes de promesses électorales, le gouvernement ukrainien a refusé d'accorder à cette langue (locale ou importée selon les points de vue) le statut de langue officielle nationale (comme le russe et l'ukrainien) ou locale... et omis même d'accorder aux Tatares la nationalité ukrainienne, les considérant comme immigrés Russes ou Ouzbèques.
Dix ans après le début du retour, en 2004, le représentant du Programme de l'ONU pour le Développement Manoj Basnyat annonçait un risque de radicalisation islamiste, tandis que Moustafa Djemilev (ou Moustafa Abdülcemil Cemiloğlu), chef du conseil ou Mejlis tatar autoproclamé et farouche négateur du génocide des Arméniens, disait que cette radicalisation était déjà un fait chez les jeunes, ce qu'il imputait alors aux missionnaires étrangers et au Hizbi Tahrir. Encore dix ans plus tard (en 2014) le même Djemilev, après avoir déployé sur la place Maïdan de jeunes Tatars rapatriés rapidement (par la Turquie) du djihad en Syrie, soutenu le coup d'Etat du 22 février en Ukraine, puis été reçu le 14 mars au siège de l'OTAN, a commencé à travailler au projet d'une brigade islamiste, dont il annoncerait officiellement la création le 1er août 2015, lors du "congrès mondial des Tatars" exilés convoqué à Ankara par le président turc Recep Tayyip Erdoğan, brigade ouverte aux islamistes russophones de tous pays, armée par la Turquie (membre de l'OTAN) et ouvertement vouée à la conquête de la Crimée.
Pour mémoire, ce congrès fut boudé par les Tatars de Crimée, qui en dépit de ses consignes d'abstention avaient massivement voté en mars 2014 en faveur de la réunification de la Crimée avec la Russie, laquelle accorda immédiatement le statut de langue officielle locale au tatare et donc les droits civiques collectifs reconnus par la Charte Européenne des Langues (Conseil de l'Europe) aux pratiquants d'une langue minoritaire. La Russie accorda la nationalité russe à tous les habitants de Crimée, fussent-ils nés Ukrainiens, Ouzbèques ou apatrides, ainsi que les aides sociales nécessaires, subventionna le développement de la culture tatare, et d'une manière générale consacra de gros moyens humains et économiques (en dépit de l'agression économique occidentale) au développement de la Crimée, qui est ainsi en train de rattraper le niveau de vie du reste de la Russie alors qu'elle était la région la plus pauvre de l'Ukraine (dont le revenu moyen est la moitié du revenu moyen russe), les pensions publiques ayant été immédiatement doublées et les salaires ayant rapidement suivi. Avant même que le pont de Kertch ait vu le jour, et alors que la Crimée a été soumise à un féroce blocus de la part de l'Ukraine (sur les plans logistique et économique mais aussi humanitaire avec la coupure de l'eau et de l'électricité pourtant payées), dès 2014 la population de la péninsule, en déclin année après année depuis la fin de l'URSS et l'indépendance de l'Ukraine, a commencé à augmenter et affiche deux ans plus tard un sain redressement démographique, comme d'ailleurs toute la Russie. Les instituts de sondage étrangers qui viennent de temps en temps interroger les Criméens en général ou les Tatars en particulier confirment, parfois contre leur gré, que personne ne regrette la réunification.
Les parents Djamalinov, même si leur fille déplore la fermeture de leur gargotte de plage au noir et hors normes sanitaires qui arrondissait l'été leurs revenus maraîchers et musicaux, ont adopté avec soulagement et plaisir la nationalité russe et jouissent pleinement de l'aide économique et sociale massive à l'intégration des Tatars en Crimée, qu'on pourrait percevoir comme une discrimination négative envers les natifs, et qui contraste fortement avec la ghettoïsation pratiquée pendant vingt ans de joug ukrainien. Prospères et enfin heureux près d'Alouchta (entre Simféropol et Yalta), ils ont fermement résisté aux invitations insistantes de leur fille à quitter la Crimée russe et à la rejoindre en ex-Ukraine, tout en lui faisant parvenir à contre-blocus de quoi alléger les privations qu'elle a choisi d'endurer à Kiev en soutenant les perpétrateurs du pogrom de Korsun du 20 février 2014 (qui incita les Criméens à sécuriser l'isthme de Porokop), du coup d'Etat du 22 (qui allait interdire l'usage du russe aux Tatars qui ne connaissent évidemment pas l'ukrainien), et des deux ans d'annonce de la dépopulation de la péninsule par la force. Certainement pas plus nostalgiques des vingt ans d'oppression culturelle et sociale de l'Ukraine corrompue et faillie que des villes des steppes d'Asie centrale de leur enfance, les Tatars revenus en Crimée découvrent ou redécouvrent leur culture grâce aux subventions russes, tout en entretenant de forts liens de solidarité non exclusifs d'une bonne intégration parmi les Criméens natifs. Sans cacher leur déception par l'enfant prodigue qui participe à sa manière aux hostilités ukrano-turco-otano-uniopéennes contre leur province la Crimée et contre leur pays la Russie, les voisins et amis tatars abasourdis viennent maintenant exprimer leur compassion aux parents Djamalinov en leur demandant "pourquoi donc votre fille est-elle allée chanter ça ?"
La réponse est vraisemblablement la forte influence sur elle de Moustafa Djemilev (ou Cemiloğlu), fondateur pour l'OTAN d'une brigade islamiste de Tatars hors Crimée, et peut-être porteur d'une commande des "big five" de l'OTAN qui contrôlent le concours Eurovision. En effet le pouvoir issu du coup d'Etat en ex-Ukraine, la Turquie et l'OTAN ne cessent de proclamer leur intention de reprendre la Crimée aux Criméens et à la Russie, comme pour maintenir une tension permanente afin de masquer leurs préparatifs du dernier jour.
C'est apparemment dans ce cadre que se placent l'inscription, la sélection puis les commentaires de la chanson "1944" écrite et interprétée par Suzanne dite "Djamila".