samedi 31 mai 2008 - par pas perdus

La loi contre les parachutes dorés part en vrille

"Si je suis élu président de la République, je ferai voter dès l’été 2007 une loi qui interdira la pratique détestable des golden parachutes, parce que c’est contraire aux valeurs qui sont les miennes" (Réunion publique Marseille le 19/04/07).

Cette promesse s’est traduite dans la loi n° 2007-1223 du 21 août 2007 en faveur du travail, de l’emploi et du pouvoir d’achat dispose en son article 17 :

sont interdits les éléments de rémunération, indemnités et avantages (autrement dit les parachutes dorés) dont le bénéfice n’est pas subordonné au respect des conditions liées aux performances du bénéficiaire, appréciées au regard de celles de la société dont il préside le conseil d’administration ou exerce la direction générale ou la direction générale déléguée... Aucun versement, de quelque nature que ce soit, ne peut intervenir avant que le conseil d’administration ne constate, lors ou après la cessation ou le changement effectif des fonctions, le respect des conditions prévues.

Légiférer ne coûte pas grand chose... Il y a suffisamment de personnels parlementaires.

On peut même ajouter que ces derniers temps, légiférer ne coûte pas grand chose au patronat ! Au contraire, ça peut lui rapporter gros !

On devrait bientôt attendre parler du parachute doré de la directrice générale d’Alcatel Lucent.

La fusion entre Alcatel et Lucent a donné naissance a un géant aux pieds d’argile... Le groupe a perdu 3,5 milliards d’euros en 2007 malgré une politique de licenciements massifs depuis la fusion. Les résultats du premier semestre 2008 n’annoncent pas un redressement puisque la société prévoit une perte de 181 millions d’euros, malgré un plan d’économie qui devrait licencier plus 16000 salariés.

A la lecture de ces résultats, on comprend que les rumeurs circulent sur l’éventuel départ de Patricia Russo, la directrice générale. Les résultats ne sont pas à la hauteur. Elle dirige le groupe. A priori, très mal. Il est donc normal qu’elle paie, n’est-ce-pas ?

Une résolution prévoit de lui accorder l’équivalent de deux ans de salaires et de primes en cas de départ. Une indemnité qui dépend de l’ancienneté et des performances de l’intéressée... Jusque-là tout va bien, c’est même très en phase avec la morale, même si les salariés licenciés par ses soins ne bénéficient de mesures aussi sociales... Que voulez-vous, il faut bien attribuer quelques menus avantages pour susciter les vocations patronales.

Patricia Russo devrait empocher 6 millions d’euros. Etonnant, non ? Des pertes colossales, des licenciements à gogo, et elle va sans doute quitter cette société avec un parachute doré.

Pour bénéficier d’un tel parachute, la bénéficiaire doit tout de même remplir un certain nombre d’objectifs prédéfinis par le conseil d’administration.

La loi reste très vague comme on peut le constater. Ainsi, le conseil d’administration d’Alcatel Lucent n’a pas inclus l’interdiction des pertes et de licencier du personnel, parmi les objectifs assignés à sa directrice générale ...

L’intéressée devra réaliser 90% de ses objectifs de chiffre d’affaires ou 75% de ses objectifs de profit opérationnel. Le conseil d’administration aurait pu ajouter comme conditions supplémentaires d’attribution de ce parachute doré qu’elle porte le pin’s du groupe sur sa veste ou fasse trois interviews par mois dans les journaux"...

Ce futur parachute doré prouve que la loi précitée est inutile.

Cette loi a permis à notre omniprésident d’occuper le terrain médiatique et à l’UMP de claironner que Sarkozy a moralisé le capitalisme...

Mais la réalité est bien différente. Affaire à suivre.

Crédit image : Langue sauce piquante



7 réactions


  • sisyphe sisyphe 31 mai 2008 15:33

    De toutes façons, qui a pu croire un seul instant à cette annonce du président bling-bling, vis à vis de ses amis du Medef, et des plus grosses fortunes de France ?

    Rappelons que le nabot s’est fait élire essentiellement par les vieux (et l’électorat du front national), sur les arguments de "l’insécurité", de l’immigration, et des mensonges sur les retraites.

    Le reste, c’était, au su de tous, strass, paillettes, et promesses qui n’engagent que ceux qui y croient.

    On était fixés dès le soir de l’élection, après la "party" au Fouquet’s.

    Tant mieux : que ça fasse monter la colère, et qu’elle finisse par renvoyer tous ces fossoyeurs à leur lieu de travail.


  • melanie 1er juin 2008 14:47

    Bien sûr que beaucoup y ont cru...Comme pour le reste, le talent de hableur , de tribun populiste a fonctionné,sinon parmi les 53 % qui ont choisit Sarkozy , il n’y aurait pas autant de "décus"...

    Toutes les grandes envolées lyriques de Sarkozy écrites par Guaino, n’avaient qu’un but :

    Avant éléction : Fédérer les travailleurs, les précaires, les retraités, les non cadres, les petits employés, en leur servant une soupe démagogique basée sur la promesse de revalorisation de leur travail et de sanction des gros patrons "voyous"...ça ne coûte rien et ça peut rapporter une élection.

    Après les élections : Coudées franches enfin, on fait le jeu du MEDEF ouvertement et des intérêts financiers qu’on vénère - Ah..."Gagner du pognon ,après" grand fantasme de Sarkozy...- .

    "Les promesses n’engagent que ...", Sarkozy l’a compris dès qu’il est entré en politique : On promet à tous ce qu’ils veulent entendre et une fois au pouvoir...

    Je ne sais pas si les français "sont des veaux" comme le prétendait De Gaulle, mais ce sont des cocus, destinés à le rester : Ils aiment trop les belles histoires..


  • Napoleon Napoleon 1er juin 2008 16:17

    Pour moi, cet article manque d’objectivité et fait un peu propagande.

    Si je ne me trompe pas :

    1/le contrat de Patricia Russo est antérieur à la loi...

    2/ grace à la loi que vous citez :

    "au respect des conditions liées aux performances du bénéficiaire, appréciées au regard de celles de la société dont il préside le conseil d’administration ou exerce la direction générale ou la direction générale déléguée..."

    les actionnaires pourront intenter une action en justice si le "parachute doré" n’est pas en proportion avec "les performances du bénificiaire appréciées au regard de la société".

    Mais bon la propagande est comme ça n’est ce pas (pas forcément basée sur un point de vue objectif).

     

     

     


    • PUCK 1er juin 2008 23:13

      Vous avez raison ,Napoléon ,le contrat de P.Russo est antérieur à cette loi . J’espère bien que celle ci sera efficace au moment de son départ effectif car Alcatel n’a fait que plonger depuis son arrivée .

      Ces parachutes dorés sont haïssables ,mais ,malgré cette loi ,je me demande si cette pratique cessera car les conseils d’administrations se foutent du gouvernement comme de leur 1ère assemblée et leurs participants sont liés comme queue et chemise à coups de renvois d’ascenseur en veux tu en voilà .


    • pas perdus pas perdus 2 juin 2008 23:54

      J’expose mon point de vue. Je n’appartiens à aucune organisation.

      Oui, la loi "évoque" en effet les performances de la société. Mais vous oubliez de préciser que c’est le CA qui décide des critères de performance... Il suffit donc que ces derniers soient softs en excluant les licenciements ou les déficits...

      De plus, en France,beaucoup de membres des CA se mangent dans la main comme dit le proverbe... Il y a une certaine solidarité entre ces personnes qui touchent des jetons de présence dans de nombreux CA.

      Un jour, Paul siège au CA de la société de Pierre, et le lendemain c’est Pierre qui siège au CA de Paul...


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