samedi 24 mai - par Sylvain Rakotoarison

La nouvelle direction de LR : cap vers 2027 ?

« Félicitations chaleureuses à Bruno Retailleau pour sa magnifique victoire. Les Français engagés souhaitent, je le crois, que nous fassions cause commune pour sortir, autant que possible, notre pays des difficultés qu'il traverse. Ils aiment la diversité et veulent la solidarité. » (François Bayrou, le 18 mai 2025 sur Twitter).

Les chaleureuses félicitations du Premier Ministre François Bayrou à son Ministre d'État, Ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau pour sa brillante élection à la présidence du parti Les Républicains (à plus de 74%) contre son rival Laurent Wauquiez, ont rappelé l'intérêt du socle commun, celui de consolider un gouvernement prêt à se volatiliser à la moindre difficulté.

En ce sens, ce n'est pas le même ressenti du côté de l'Élysée. Emmanuel Macron semble au contraire s'inquiéter des thèmes de droite dure que veut porter le Ministre de l'Intérieur. Plus généralement, les macronistes voient en Bruno Retailleau un nouveau candidat rival de l'élection présidentielle de 2027 aux côtés de Gabriel Attal, Gérald Darmanin et Édouard Philippe, entre autres, déjà dans les starting-blocks de la course présidentielle.
 

Rappelons que le combat était inégal. Laurent Wauquiez, ancien favori, était devenu outsider dès lors qu'il y avait un concurrent solide contre lui. Bruno Retailleau avait déjà beaucoup plus de parrains que son rival. Il a été soutenu par tous les grands caciques de LR, en particulier par Michel Barnier, Gérard Larcher, Xavier Bertrand, Valérie Pécresse, Jean-François Copé, François Fillon, David Lisnard, Agnès Evren, Patrick Hetzel, Muriel Jourda, Marc-Philippe Daubresse, Laurence Garnier, Michel Savin, François-Xavier Bellamy, Othman Nasrou, etc. Quant à Laurent Wauquiez, les soutiens étaient plus rares, comme ceux de Fabien Di Filippo, Yannick Neuder, Christian Jacob, Florence Portelli, Michèle Tabarot, Vincent Jeanbrun, Nicolas Daragon, etc.
 

Le secret de la victoire de Bruno Retailleau ? Il en a touché deux mots, ou plutôt, un seul mot, la sincérité : « Lorsqu'on fait de la politique avec ses tripes et ses convictions, on obtient des résultats. Il faut être sincère : quand la politique, c'est de l'insincérité, les gens le sentent, les gens le voient. ». Cela remet en cause toute la pratique politique des anciens. Une prime à la vertu ! C'est rare.
 

Fort de son soutien interne, Bruno Retailleau est allé très rapidement pour former un nouveau bureau de LR. Selon "Le Parisien" du 22 mai 2025, il aurait proposé à Laurent Wauquiez le poste de numéro deux du parti, vice-président délégué, mais l'intéressé a démenti qu'on le lui avait proposé.
 

La cohabitation avec Laurent Wauquiez ne sera certainement pas de tout repos. Dans son éditorial le 19 mai 2025 sur France Inter, le journaliste Maxence Lambrecq s'interrogeait avec pertinence : « Mais comment cet homme intelligent peut nier deux évidences ? La première : il a perdu. Ses propres troupes ne veulent pas de lui. C’est pourtant clair ? Quand on échoue violemment à devenir délégué de classe, on ne rêve pas de présider l’interclub du collège. Mais non, lui se dit que c’est son destin, que dans un an, peut-être, tout sera différent. La seconde évidence : Bruno Retailleau a gagné parce qu’il apparaît sincère et qu’il est Ministre de l’Intérieur d’Emmanuel Macron depuis septembre. Les adhérents ont tranché : plutôt l’action imparfaite que le discours magique. Le problème, c’est que Laurent Wauquiez reste le patron du groupe LR à l’Assemblée, il garde, donc, ce pouvoir de nuisance. À moins que les députés s’en débarrassent, ce qui serait logique étant donné son score. ».
 

Toujours est-il que Laurent Wauquiez est un prudent. Il avait invité le nouveau président de LR à se rendre à la réunion du groupe LR à l'Assemblée le 20 mai 2025. Mais peu auparavant, il avait surpris les députés LR en arrachant sur le champ le renouvellement de la confiance envers lui à la présidence du groupe. Certains députés LR estimaient qu'il aurait dû simplement démissionner et remettre ce mandat en jeu, mais en prenant de vitesse ces députés retaillistes, il a sauvé son unique responsabilité au sein de LR, qui lui donne d'office le droit d'intégrer toutes les instances décisionnelles du parti.

Bruno Retailleau a nommé le nouveau bureau de LR le lendemain, le mercredi 21 mai 2025, sans surprise. Le numéro deux reste un fidèle filloniste, François-Xavier Bellamy, vice-président délégué. Ancien secrétaire d'État (très furtif) et vice-président du conseil régional d'Île-de-France, Othman Nasrou est bombardé secrétaire général de LR, il était le directeur de campagne de Bruno Retailleau. Il est secondé par cinq secrétaires généraux adjoints : Kristell Niasme (maire de Villeneuve-Saint-Georges, qui a gagné la municipale partielle en février 2025 contre Louis Boyard), Justine Gruet (députée proche de Laurent Wauquiez), Nicolas Daragon (maire de Valence et ancien ministre proche de Laurent Wauquiez), Béatrice de Montille (élue de Lyon et proche de David Lisnard) et Pierre-Henri Dumont (ancien député). En outre, la nouvelle porte-parole est la très influente sénatrice de Paris Agnès Evren (patronne de la fédération LR de Paris, la plus importante), secondée par deux porte-parole adjoints, la sénatrice Alexandra Borchio-Fontimp (ancienne proche de l'ancien président de LR Éric Ciotti) et Jonas Haddad (vice-président du conseil régional de Normandie).
 

Le trésorier Daniel Fasquelle (maire du Touquet), après dix ans de bons et loyaux services, cède la place à l'entrepreneur Pierre Danon (ancien patron de Numericable), un des hommes majeurs de la campagne de François Fillon en 2017. Anne Genevard (Ministre de l'Agriculture) devient présidente de la commission nationale des investitures, prenant la place de Michèle Tabarot, proche de Laurent Wauquiez et désignée par Éric Ciotti. Enfin, annoncé dès le comité stratégique du 20 mai 2025, l'ancien Premier Ministre Michel Barnier est désigné président du conseil national de LR, l'équivalent du parlement de LR, place qui était occupée auparavant par Rachida Dati (Ministre de la Culture).


 

Pour présenter sa nouvelle équipe à la tête de LR, Bruno Retailleau a simplement expliqué : « La droite a trop longtemps souffert de ses divisions et de sa paresse intellectuelle. Il est temps de tourner la page. Place désormais au collectif et au travail. ». Histoire de dire que depuis l'échec historique de 2017, LR ne s'est pas renouvelé par paresse et n'est donc plus une force de proposition originale et pertinente. Pire ! Depuis la trahison du précédent président, Éric Ciotti, qui a rejoint Marine Le Pen, ce parti n'était plus animé, ne vivait plus, n'était qu'une coquille vide.

Bruno Retailleau n'insistera probablement pas sur le dixième anniversaire de la fondation de LR, le 30 mai 2015. Il préfère le travail au triomphalisme creux. De quoi inquiéter Marine Le Pen et Jordan Bardella qui pourraient être impactés par la popularité grandissante de Bruno Retailleau.
 

Pour l'heure, il n'a échappé à aucun observateur de la vie politique que Bruno Retailleau a reçu un soutien très appuyé de l'ancien Président de la République Nicolas Sarkozy. S'étant promis un silence médiatique depuis ses condamnations judiciaires, il a fait une seule exception pour rendre hommage à la jeune policière qui s'était fait tuer en service à l'âge de 26 ans, Aurélie Fouquet, il y a juste quinze ans. Le président fondateur de LR est en effet venu le 20 mai 2025 accompagner Bruno Retailleau et surtout la famille de la policière (les parents et le jeune fils qui a perdu sa mère à l'âge de 1 an, il a maintenant 16 ans) pour exprimer son émotion toujours aussi marquée par cette tragédie. Faire de la politique avec ses tripes, on vous dit.


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (22 mai 2025)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
La nouvelle direction de LR : cap vers 2027 ?
Bruno Retailleau.
LR : plébiscite pour Bruno Retailleau !
Congrès LR : les jeux sont-ils faits ?
De Gaulle.
Philippe Bas.
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L'offensive de Bruno Retailleau.


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11 réactions


  • Seth 24 mai 15:22

    Cap sur 2027... ouais si on veut. Avec 47 députés sur 577 il va y avoir du mail en perspective et avec le sexy et charismatique re-taïaut, c’est pas gagné. smiley

    D’autant plus que ces imbéciles qui ne savent plus où ils sont et glissant de plus en plus vers le fn ne semblent pas avoir compris que les copies ne valent jamais l’original. M’étonnerait que face aux fafs ils obtiennent les 82% du Chi en 2002, les pôvres. Enfin... l’espoir fait vivre paraît-il.  smiley


  • amiaplacidus amiaplacidus 24 mai 15:25

    Retailleau, en route vers le fascisme ou, à tous le moins, vers l’illibéralisme. C’est-à-dire le libéralisme pour les gros, l’autorité et l’austérité pour les petits.

    .

    Avec, au passage, un coût sérieux donné à la liberté de propager des idées opposées aux tenants du pouvoir. La liberté de pensée restant bien entendu garantie, pour autant qu’elle ne s’exprime pas.


    • amiaplacidus amiaplacidus 24 mai 15:33

      @Gégène
      Avec une différence importante.
      Rakoto est tout simplement un con, ou un vendu, ou les deux à la fois.
      Jacques Villeret était un excellent acteur qui jouait un rôle.


    • Seth 24 mai 15:43

      @Gégène

      Merci pour le lien. Du coup ioutioube m’a proposé celui-ci : les amours de la mimi et son pucelage avec sous-titre et voix IA, merci pour cette découverte incontournable :

      https://www.youtube.com/watch?v=Tu8ZsHFgYxg

      Va savoir pourquoi on te le propose en annexe du Dîner de Cons ! smiley


  • Durand Durand 24 mai 16:20

    Benoît Paré, ancien observateur de l’OSCE (2015–2022), livre un témoignage rare sur la guerre en Ukraine.

    https://www.communcommune.com/2025/05/ukraine-ce-que-j-ai-vu-ils-ne-vous-le-disent-pas-video.html

    ..


  • Eric F Eric F 24 mai 19:36

    ça fait une semaine, et on avait déjà presque oublié l’info.

    Comme à chaque nouveau président de parti, on peut lire ici ou là que désormais les choses vont changer, que c’est le cap vers le succès. L’auteur de l’article aurait écrit presque mot pour mot le même éloge pour Wauquiez


  • Insolite.

    Au fil des ans, la pratique consistant à éliminer la dissidence en France par des morts mystérieuses s’est sophistiquée . Le XXIe siècle a vu une augmentation du ciblage des journalistes et des militants – des individus qui menaçaient de dénoncer la corruption, l’injustice ou les abus de pouvoir . Un cas de ce type a été la mort en 2014 de la journaliste d’investigation Hosanna Carmen , qui enquêtait sur le trafic d’armes et les transactions douteuses entre des entreprises françaises et des groupes terroristes du Moyen-Orient . Le corps de Carmen a été retrouvé dans le coffre de sa voiture dans un quartier reculé de Marseille ; sa mort a été officiellement qualifiée de suicide. Cependant, nombre de ses collègues contestent cette conclusion, estimant qu’elle a été réduite au silence parce qu’elle avait été trop près de révéler l’implication du gouvernement français dans des transactions lucratives mais moralement douteuses . Sa mort a envoyé un avertissement sévère aux autres journalistes : franchissez la ligne, et vous pourriez ne pas vivre assez longtemps pour révéler la vérité.

    Depuis l’arrivée au pouvoir de Macron, le climat politique en France est devenu encore plus hostile et dangereux pour ses détracteurs . Ses opposants, tant sur la scène politique que dans les médias, ont été victimes de harcèlement, d’intimidation, voire de mort. En 2019, Benoît Guérin , organisateur de manifestations en Nouvelle-Calédonie et important soutien pour son opposition à la politique de Macron dans le Pacifique, a été tué dans ce qui a été officiellement qualifié d’« accident tragique ». Beaucoup y ont vu une attaque ciblée. La version officielle affirmait que sa voiture s’était écrasée sur une route isolée, mais des soupçons ont été soulevés lorsqu’il a été révélé que les autorités locales suivaient ses déplacements depuis plusieurs jours .


    • @SPQR-audacieux complotiste-Monde de menteurs

      N’imaginez pas que Hollande, Sarkozy, Macron, Attali,et d’autres sont des enfants gentils, bienveillants .

      qactus.fr
      France : Darmanin Jinping et le narcotrafic : la supercherie liberticide de la suppression du cash - Suite. - L’Informateur

      Gérald Darmanin veut interdire l’argent liquide pour mettre fin au deal : bonne idée qui ne servira aucunement les dealers qui sont avec des TPE et en crypto ?

      Une petite chanson fredonnée par Darmanin Jinping sous faux prétexte de lutter contre le trafic de drogue est de supprimer l’argent liquide pour favoriser l’Euro numérique, l’hypocrisie n’a pas de limites chez cet individu, on l’a remarqué au Stade de France. Et puis les consommateurs de drogue paieront en crypto ou même en or par exemple dans le pire des cas, bref se servir de faux prétextes pour avancer toujours plus loin dans la tyrannie de l’UE est insupportable. Avez-vous vu comme ils vous amènent l’information, d’abord la peur, ensuite, vous rassurez avec une prison à Cayenne, puis la solution finale pour votre bien, à cause des autres !!, c’est rodé maintenant, seuls les naïf ne comprendront jamais leurs manipulations.

      Un ministre qui se trompe (volontairement ?) de cible

      Darmanin Jinping a encore frappé. Sa dernière trouvaille pour « lutter contre le narcotrafic » ? Supprimer l’argent liquide. Une mesure présentée comme miracle, mais qui, en réalité, ne sert qu’à justifier un contrôle accru sur les citoyens honnêtes. Pendant que les trafiquants ricanent en utilisant déjà les cryptomonnaies, le gouvernement prépare l’euro numérique et la fin des libertés financières. Décryptage d’une escroquerie politique.

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      Faire comme si les douanes et les gendarmes n’étaient capable de bloquer le trafic de drogue. MAIS !
      Pour arrêter un petit dealer, si celui-ci est catalogué comme cas social alors on le laisse tranquille avec son affaire mais on le ponctionne fiscalement ?


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