Négationnisme (s) et fatalisme (s) (ou l’inverse)
L'impasse électoraliste
Je suis convaincu que le monde ne pourra éviter la barbarie que s'il avance partout vers le socialisme. Je n'ai donc eu aucune difficulté à voter, au premier tour des Cantonales, pour l'élue du PS qui se représentait dans ma circonscription, et pour laquelle j'ai une personnelle estime.
Mais j'ai été particulièrement agacé, entre les deux tours, par l'écoeurante campagne des partis "de gauche" sur le prétendu "front républicain" nécessaire pour faire barrage au Front National. Bien des membres des partis de droite et du centre se sont engagés dans la même tricherie.
Ça n'en était pas une quand le père de Marine Le Pen appuyait ouvertement son parti sur son propre racisme, son antisémitisme, sa haineuse xénophobie. L'observation des propos et des actes de la fille n'est pas mon occupation principale mais, aussi surprenant que cela me soit apparu, je n'ai pas enregistré chez elle, ces dernières années, les mêmes sentiments lamentables. Et j'ai bien été obligé de constater que, dans des circonstances récentes très précises, elle a exprimé des positions qui m'ont semblé constituer une défense de la République et de sa laïcité là où, au contraire, le gouvernement et son parti mais aussi - et parfois plus activement encore - la plupart des dirigeants de la "Gauche" s'exprimaient franchement en ANTI-républicains.
Il en fut ainsi, entre autre, chaque fois qu'il s'agissait de s'exprimer sur l'immigration clandestine ou incontrôlée, sur l'occupation de rues par des islamistes à l'heure de la prière, sur l'exigence, par eux, de menus conformes aux règles islamiques dans les cantines des écoles, sur le mépris, pour produire la viande halal ou cacher, des lois obligeant à réduire le plus possible la souffrance des animaux au moment de leur abattage, sur la construction de mosquées impliquant, directement ou non, la participation de fonds publics et d'élus corrompus. Ceux-ci étaient bien souvent "de gauche".
Je n'aurais donc eu aucun scrupule, au second tour, à m'abstenir si l'on m'avait donné à choisir entre un candidat du FN et un candidat du prétendu "front républicain", de droite ou "de gauche". Heureusement j'avais à choisir entre un PS et un UMP, et je m'apprêtais donc à voter pour ma préférée du premier tour.
Mais juste avant que je me rende au bureau de vote, ce dimanche matin, j'écoutai les infos de France Inter. Et ce fut trop. Une fois de plus, alors qu'officiellement la campagne était close on me répéta, comme cela avait été le cas toute la semaine dans la plupart des grands medias, que l'intérêt du second tour serait de voir si les électeurs auraient ou non rejoint le "front républicain" pour faire barrage au FN.
Je restai chez moi, sachant que je serais classé parmi les "mauvais citoyens" négligeant le précieux acquis démocratique que constituent le droit et le devoir de voter. Cela, en fait, m'importait peu. Depuis plusieurs élections déjà je sais que l'abstention, dans de nombreux cas, est le fait de citoyens PLUS attachés que la moyenne aux valeurs de la République, et non pas moins. Cela ne fait nullement de l'abstention elle-même une valeur. Simplement une ambiguïté provisoirement moins grave, dans certains cas, que la tricherie politique et "médiatiquement correcte" à laquelle se soumettent désormais, consciemment ou pas, la majorité des journalistes, des animateurs d'instituts de sondage, et bon nombre d'intellectuels de toutes sortes tels que philosophes ou sociologues.
Une ambiguïté qu'il va bien falloir étudier un jour très sérieusement. Car c'est surtout une générale perte de sens, dont celle du sens des mots n'est que le signe le plus voyant, qui conduit le monde à une moderne barbarie.
Seuls l'électoralisme et le goût personnel du pouvoir déterminent aujourd'hui, comme ce fut toujours le cas, les positions et propositions sarkoziennes. Je crois donc que les divergences entre François Baroin et le Président concernant le maintien ou non du débat sur l'islam - devenu déjà, pour mécontenter moins d'électeurs, "débat sur la laïcité" - ne sont qu'apparentes et secondaires. On peut craindre dès maintenant que ce débat, s'il a lieu, ne vise pas plus à sauvegarder des vraies valeurs que ne l'avait visé le débat avorté "sur l'identité nationale" (1)
Il s'agira probablement, pour Sarkozy, de passer à la seconde phase de l'affaiblissement de la loi de 1905 sur la séparation des églises et de l'Etat. Ce qui est insupportable au Président - et à ses complices de "l'opposition" en la matière - c'est que, chaque fois que la laïcité est violée pour amener l'islam au même niveau de présence et de pouvoir en France que les religions plus anciennement implantées, ÇA SE VOIT. On proposera donc, probablement, de modifier la loi de 1905 afin qu'elle permette très légalement le viol de la laïcité républicaine, qui alors n'en sera plus un. Le rapport Machelon a, depuis longtemps déjà, préparé cet important recul démocratique (2)
Face à ce projet de sabotage la plupart des authentiques défenseurs de la laïcité refusent qu'on modifie, si peu que ce soit, la loi de 1905. Je crois au contraire qu'il faut, en 2011, LA RENFORCER dans un sens beaucoup plus contraignant, en incluant (ou en ajoutant dans une annexe) la liste des ENGAGEMENTS PREALABLES auxquels TOUTES les religions devront désormais se soumettre pour bénéficier de la liberté de pratiquer leurs cultes, liberté qui pourra être alors, et alors seulement, sainement garantie par la République laïque.
L'impasse économico-politique
En France et en Europe le refus de voir objectivement les problèmes posés par l'immigration non-contrôlée constitue, selon moi, un véritable NEGATIONNISME. Le refus de voir la dangerosité islamique en est un autre, beaucoup plus grave. Mais l'un et l'autre sont, en fait, le fruit d'illusions conduisant à des dénis plus importants encore. Le pire de tous peut, je crois, s'énoncer ainsi : refus de voir que l'économisme conduit l'humanité à l'horreur absolue.
Les partisans de l'économisme - moins bien nommé, je crois, "capitalisme" ou "libéralisme économique" - veulent croire que la croissance de la production et de la consommation matérielles est la solution à la pauvreté des individus et des peuples. Ils prônent alors un "développement durable" matériel (mais sans le préciser) quand il faudrait plutôt un durable développement "spirituel" : ouverture, partout, au libre examen des problèmes réels dans l'indépendance d'esprit, la serénité et la franchise, la solidarité envers les plus démunis (peuples et individus). Cela devrait conduire à un investissement DESINTERESSE des pays développés dans les pays pauvres, à la programmation de la diminution de la population mondiale par la limitation des naissances.
Il a été suffisamment démontré, je crois, que la croissance économique n'est nullement la solution à la misère des peuples. L'égoïsme des possédants (ceux qui possèdent les biens matériels, l'argent ET le pouvoir) augmente en même temps et la répartition des richesses naturelles ou acquises reste toujours aussi scandaleuse. Et même plus. Il a par ailleurs été démontré aussi, selon moi, que la DECROISSANCE de la production et de la consommation matérielle est indispensable à la survie de la planète.
Ce dernier objectif me paraît être le plus nécessaire. Il est aussi le moins dicible. Pour n'avoir pas à le voir et le dire on soutient alors qu'il est possible d'augmenter toujours la production d'énergie pour répondre aux prétendus "besoins" grandissants, en réalité créés de toutes pièces (ou très mal situés). On en vient même à refuser de "sortir du nucléaire" quand ses pires effets sont sous nos yeux. Dans ce cas très actuel et très précis on va même jusqu'à modifier la limite de l'irradiation "supportable par l'homme" pour n'avoir pas à s'en effrayer. On l'a plus que doublée durant les premières semaines de la catastrophe nucléaire japonaise (qu'on refuse d'appeler par son nom). Il paraît que c'est effectivement rassurant et, sur France Inter au moins, le journaliste auquel on donnait en direct cette information ne croyait pas utile de s'y arrêter une seconde !
La plupart des prétendus "socialistes" et "communistes" ont partout renoncé à l'objectif de socialisation du monde, qui devrait plus que jamais être le leur. Ceux qui ne l'ont pas fait s'entêtent à le confondre, chez eux, avec les fascismes stalinien et maoïste, ou à soutenir ailleurs les pires dictateurs opprimant leurs propres peuples. C'est toute la société qui accepte le renoncement. Nous en avons, en France, une illustration flagrante : les sondages disent que c'est un des principaux acteurs, à l'échelon mondial, de l'économisme qui est actuellement ressenti comme le candidat "de gauche" ayant le plus de chances de devenir le prochain Président de la République !
Pour moi, le plus étonnant et le plus désolant est ici : ceux qui résistent à l'islamisation de la France et de l'Europe ainsi qu'à l'immigration non-contrôlée ne sont pas souvent les mêmes que ceux qui refusent le nucléaire, prônent la décroissance de la consommation matérielle et un partage des richesses radicalement différent. C'est comme si nous avions FATALEMENT à choisir entre deux maux également destructeurs de l'humanité. Entre deux NEGATIONNISMES.
Ce nouveau problème "de l'œuf et de la poule" (lequel des deux maux est à l'origine de l'autre) conduit à la désespérance. Je suis de ceux qui refusent de désespérer et de céder aux négationnismes comme aux fatalismes.
(1) http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/vouloir-identitaire-aboulie-64509
(2) http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/le-rapport-machelon-une-offensive-13855