Qui a eu l’idée géniale d’inventer le dialogue social ?
Une idée géniale, le dialogue social ? C'est à voir, en tout cas pas pour tout le monde. C'est ce que je vais essayer d'établir ici en en révélant, de plus, son origine.
Pour la vérité, pour la démocratie, dévoilons l'histoire de cette mystification.
N.B. : texte proposé à titre personnel.
Rappel : Il ne peut y avoir anticléricalisme s'il n'y a pas eu menace ou action cléricale auparavant.
Les relations entre le patronat et les salariés sont, par nature conflictionnelles, puisque les intérêts des uns et des autres sont antagonistes. Le conflit Air-France en est un exemple intéressant.
Le gouvernement actuel veut imposer la négociation entre les syndicats du personnel dits représentatifs et ceux du patronat (les actionnaires). Tous réunis autour d'une table dans une salle du MEDEF, les partenaires sociaux devraient parvenir à un accord satisfaisant pour tous. Il est évident que le dialogue est inégal, les patrons menaçant de délocalisation, de licenciements, baisse de salaires et d'avantages sociaux, alors que les salariés n'ont guère de moyens à opposer. Lors de la Révolution, il avait été décidé que le contrat de travail se négocierait entre personnes égales. Hélas, nous n'avons plus la même culture à part quelques contestataires. Par ailleurs, la politique gouvernementale génère une situation défavorable aux salariés.
C'est donc le pot de terre contre le pot de fer, accentué par le choix du niveau des négociations suivant le principe de subsidiarité. Cependant, ce beau déséquilibre s'est effondré au prix de deux chemises déchirées dans l'entreprise Air-France. Les revendications se sont révélées alors moins pacifiques.
MEDEF ET SALARIES, MEME COMBAT POUR LE BIEN COMMUN ?
"Les rapports entre patrons et ouvriers se sont modifiés. La richesse a afflué entre les mains d'un petit nombre et la multitude a été laissée dans l'indigence." "Tous ces faits, sans parler de la corruption des moeurs, ont eu pour résultat un redoutable conflit." Il faut "une solution conforme à la vérité et à l'équité.""Il est difficile...de préciser avec justesse les droits et les devoirs qui règlent les relations des riches et des prolétaires, des capitalistes et des travailleurs.""L'erreur capitale, dans la question présente, c'est de croire que les deux classes sont ennemies nées l'une de l'autre, comme si la nature avait armé les riches et les pauvres pour qu'ils se combattentmutuellement dans un duel obstiné"..."Les deux classes...ont un impérieux besoin l'une de l'autre." "Il importe au salut public et privé que l'ordre et la paix règnent partout". Quelle est la solution ? "Que le patron et l'ouvrier fassent donc tant et de telles conventions qu'il leur plaira, qu'ils tombent d'accrd notamment sur le chiffre du salaire." "Il sera préférable d'en réserver la solution aux corporations ou syndicats..""Nous voulons exposer ici leur opportunité..et indiquer comment elles doivent s'organiser et quel doit être leur programme."
A votre avis, qui est l'auteur de cet appel au dialogue pour régler les conflits sociaux en douceur ? S'il n'y avait pas ce petit parfum d'antan dans certaines expressions, ce pourrait être Combrexelle, Valls ou Macron, mais ce n'est pas la bonne réponse. Cette "trouvaille" pour éviter les grèves et autres troubles a germé dans le cerveau du Pape Léon XIII et les extraits cités sont tirés de la doctrine sociale de l'Eglise qu'il présenta le 15 mai 1891 et qui porte le nom de "Rerum Novarum".
RERUM NOVARUM, LA PREMIERE ENCYCLIQUE SOCIALE DE L'EGLISE.
Il serait injuste de dire que Léon XIII n'a pas voulu améliorer le sort des ouvriers souvent plongés dans la misère la plus noire. Certains prétendent qu'il était en avance sur son temps et qu'on pourrait l'appeler aussi "le Pape des pauvres" tant sa bonté apparaissait à travers son texte.
Sa bonté ? Je me pose la question ...Il avait avant tout un gros problème à régler : un fort sentiment de révolte se répandait autour des fabriques et cette exploitation si insupportable provoquait de graves désordres envers les patrons, mais aussi contre la religion dont les serviteurs s'affichaient avec les bourgeois. L'athéisme se propageait au même rythme que les idées socialistes et marxistes. Le Pape devait remédier à cette situation.
"DIALOGUE SOCIAL" contre "LUTTE DES CLASSES
Dans son Encyclique, Léon XIII conseillait aux patrons et à l'Etat d'être moins gourmands et de pratiquer la charité chrétienne afin que la misère des familles ouvrières reste supportable. Il fallait empêcher que soit justifiée l'idée de lutte de classes. Il disait aux ouvriers qu'ils devaient se méfier des mauvais conseilleurs qui les mèneraient à leur perte, qu'ils devaient comprendre que Dieu avait fait la société avec des riches et des pauvres, mais que ces derniers auraient une vie éternelle d'autant plus douce qu'ils auraient souffert dans leur vie terrestre et mortelle. Patrons et ouvriers devaient s'entendre puisqu'ils concouraient tous au bien commun, aussi pourquoi se laisser aller à la grève, la violence, le tumulte qui nuisaient aux intérêts de la société ? Il leur fallait ensemble signer des conventions en avançant chacun du juste chemin afin de trouver l'accord le plus juste. Léon XIII, très attaché aux corporations et aux syndicats, jugeait qu'il leur appartenait de négocier l'accord social, dans un esprit de charité chrétienne... Quel charmant tableau !
"LA RELIGION AINSI CONSTITUEE SERA LE FONDEMENT DE TOUTE LOI SOCIALE" (LEON XIII).
Plus tard, une autre encyclique, Quadresino anno, a complété cette pratique par le principe de subsidiarité, issu directement du Droit Canon (Thomas d'Aquin). Il devait permettre de décider du niveau le plus apte à régler les problèmes, en général le plus proche des intéressés. Ne peut-on pas imaginer que soit choisi en réalité liveau le plus sûr pour orienter la décision dans le sens désiré ? Par exemple, celui de l'entreprise.
C'est ainsi, le rapport Combrexelle, les lois Macron, Valls ou autres, tous destinés à supprimer nos acquis sociaux sont l'application directe des principes édictés par l'Eglise Catholique dans sa Doctrine Sociale, la même Eglise qui a participé à la construction de l'UE, qui a été confortée dans son empreinte par le choix du drapeau bleu marial orné d'une couronne de 13 étoiles, ainsi que par les paroles de l'Ode à la Joie devenue l'hymne européen. Personne n'aurait accepté, avec juste raison, que la Charia ou un autre projet de société issu d'un culte devienne notre Droit, mais on nous cachait que la religion catholique inspirait en silence la Commission européenne et la finance internationale. En France même, le rapport du MEDEF "Besoin d'Air" proposait que le dialogue social soit inscrit dans la Constitution. Le MEDEF l'a souhaité, Hollande l'a écrit dans son programme de campagne.
Jean-Paul II, pape politique s'il en fut, a célébré le 1er mai 1991 le Centenaire de l'encyclique Rerum Novarum et, à cette occasion, a enrichi lui-même la Doctrine Sociale de l'Eglise d'un nouveau texte, Centisimus annus. Il y a écrit qu'il n'existe pas de véritable solution à la question sociale hors de l'Evangile.
Cela suffit ! Si certains Etats de l'UE ou d'ailleurs souhaitent que leur politique soit influencée par l'Eglise catholique ou une autre religion, cela les regarde, mais la France est une République laïque. Qu'ils soient rabbins, imams, évêques et même papes, ces religieux n'ont jamais été élus par les citoyens et nos gouvernants, nos parlementaires n'ont pas à prendre des avis auprès d'eux. Le pouvoir de l'Eglise catholique réside d'abord dans son organisation toujours impressionnante. Que ce soit auprès des institutions de l'UE grâce à la COMECE, auprès du gouvernement par des ministres ou leurs conseillers proches du Vatican, auprès de nos parlementaires par la présence active du Service d'Etudes Politiques de la basilique Sainte Clotilde, si proche de l'Assemblée Nationale qu'un employé m'en a parlé comme d'une annexe, par sa messe annuelle des femmes et hommes politiques où ces derniers peuvent aller prendre les instructions papales et par tout son réseau d'influences envahissant, les représentants de l'Eglise ne doivent pas oublier que la France n'est plus un pays concordataire. Les citoyens, eux, ne l'oublient pas.
L'EGLISE CHEZ ELLE, L'ETAT CHEZ LUI !
(Victor Hugo)