lundi 5 mai 2008 - par Voltaire

Réforme de l’enseignement primaire : attention danger

 

Le ministre de l’Education nationale a présenté la version finale des nouveaux programmes qu’il entend instituer à l’école primaire. S’il n’est pas question ici de remettre en question la nécessité de lutter contre l’illettrisme ou le renforcement de certains acquis fondamentaux, cette réforme présente néanmoins un risque apparemment passé inaperçu, celui de renforcer le désintérêt des jeunes pour les études scientifiques.

La France présente depuis une quinzaine d’années une évolution inquiétante de l’enrôlement de ses étudiants dans les filières scientifiques. La proportion de bacheliers scientifiques a ainsi largement stagné, tandis que celle des étudiants dans les filières scientifiques déclinait. Plus grave encore, certaines disciplines comme la physique voyaient leur nombre total d’étudiants diminuer de plus de 30%. Malgré un léger rebond ces deux dernières années, trop récent pour être statistiquement significatif, la tendance sur le long terme est donc préoccupante, surtout si l’on envisage le passage de l’économie française vers une économie de la connaissance.

 

Or, comme le soulignent aussi bien un récent rapport du Forum mondial de la science de l’OCDE que le rapport remis l’an passé par Michel Rocard à la Commission européenne, l’attraction en faveur des filières scientifiques passe de façon critique par un enseignement des sciences volontariste dès le plus jeune âge. De nombreuses études ont en effet démontré qu’une pédagogie basée sur le questionnement et l’expérimentation scientifique dès l’école primaire avait une action durable sur la perception des jeunes vis-à-vis des sciences. C’est d’ailleurs cela qui a présidé à l’élaboration de la « Main à la pâte » en France, créé notamment par Georges Charpak, et que la Commission européenne préconise maintenant de généraliser à toute l’Europe et à poursuivre dans l’enseignement secondaire.

La version révisée du projet du ministère de l’Education insiste maintenant effectivement sur l’importance de la méthode expérimentale, grâce à l’action précieuse de l’Académie des Sciences. Mais le problème demeure car ce type d’enseignement dynamique, fondé sur l’échange et l’expérience, demande du temps… La diminution programmée du nombre d’heures consacrées aux sciences expérimentales dans le primaire, passant de 2h30-3h hebdomadaires actuellement à 2h en CE2-CM2, risque de limiter considérablement les possibilités des enseignants à mettre en place un tel enseignement. Il a pourtant été démontré que ce type de pédagogie avait un effet non seulement sur le goût des élèves pour la science, mais aussi sur leur capacité à s’exprimer et à raisonner. Si l’on ajoute que les performances des élèves français âgés de 15 ans en matière scientifique atteignent à peine la moyenne de celles des autres pays de l’OCDE (résultats de l’étude PISA 2006 de l’OCDE), on peut légitimement s’inquiéter des conséquences à long terme de cette réforme de l’enseignement dans le primaire…

 



51 réactions


  • LE CHAT LE CHAT 5 mai 2008 12:42

    Il est plus que temps que l’on redonne au français la place qu’il mérite à l’école primaire ! il n’est pas normal que 15 % des élèves soient analphabètes à l’entrée en sixième . Nos enfants ne doivent pas être les cobayes des expériences pédagogiques gauchistes inculquées dans les IUFM par des illuminés n’ayant jamais eu de contact avec les gosses en " live " ! lire , écrirte , compter , voilà ce qui doit être la PRIORITE de l’enseignement en primaire ! ils sont encore à l’âge où il faut apprendre par coeur les bases élémentaires et sûrement pas à celui du raisonnement scientifique !


    • pseudo pseudo 5 mai 2008 13:08

      Qui pourrait me dire d’où vient ce chiffre de 15 % d’analphabètes qui me semble vraiment exhorbitant ?

      Je suis parent d’élèves et j’ai assisté à de nombreux conseils de classe. J’ai souvent entendu des professeurs se plaindre de certains élèves (pas assez de travail, pas assez de participation en classe, trop de bavardages...). Mais je n’ai jamais entendu parler d’un seul élève ne sachant ni lire, ni écrire.

      S’il y a vraiment 15 % d’analphabètes, où sont ils ?


    • DidShrek DidShrek 5 mai 2008 14:05

      Pour ma part, il m’est arrivé en 6e de corriger des fautes d’orthographe dans... leurs prénoms que m’écrivaient les élèves ! Il me semble que ce fameux 15% est le chiffre officiel du ministère. Je ne peux pas avancer de chiffre précis mais là où je travaille (Paris XIXe), d’une part je serai bien content que ce pourcentage soit vrai en fin de 3e parce qu’à l’entrée en 6e chez nous c’est beaucoup plus, et d’autre part il faut s’entendre sur les termes :

      ne sait pas écrire : bien évidemment que tous savent gribouiller des lettres sur une feuille en respectant à peu près les lignes mais de là à recopier une phrase sans faute c’est déjà bien. Quant à en produire quelques unes à la suite, tout seul sans aide, avec du sens, en respectant syntaxe, grammaire, conjugaison... on frôle l’exploit pour à peine 15%... des meilleurs.

      ne sait pas lire : là encore tout le monde déchiffre des syllabes et des mots avec plus ou moins de vitesse et de facilité. Mais quand il s’agit de comprendre ce que l’on vient de lire, c’est une compétence supplémentaire que seuls quelques uns ont acquis. L’étape ultime de la restitution du texte lu par ses propres termes, intelligibles et sensés, relève presque du miracle, au moins chez nous.

      [Notre évaluation nationale de 6e donne environ 55% de réussite en Français et 50% en maths ; moyenne de Paris autour de 70%]


    • Achéron 5 mai 2008 15:34

      En ce qui concerne 15% d’analphabètes au sortir du primaire, je ne connait pas de sources, mais il semble que ce chiffre en lui-même soit issu des synthèses qui ressortent des bilans des premières années de la mise en place par la Défense de la JAPD (Journée d’Appel et de Préparation à la Défense, qui remplace les fameux "3 jours", pour les filles et les garçons de plus de 17 ans et 4 mois)... Ces JAPD font l’objet de petits tests écrits (quoique je n’en connaisse pas le contenu) qui font ressortir que 17% des jeunes français ne maîtrisent pas correctement leur langue et que 5 à 6% d’entre-eux ne savent absolument ni lire ni écrire. Ce sont de ces rapports, qui datent déjà de quelques années maintenant, que sont issus les premiers signaux d’alarme tirés par le ministère de l’E.N après leur communication officielle par le Mindèf, et, du moins par ce que je peux en juger, c’est depuis cette date que le débat sur la réforme de la méthode d’enseignement de la lecture fait de nouveau rage (méthode globale ou pas méthode globale...).


    • frdricb59 frdricb59 5 mai 2008 20:09

      Pour ma part, j’ai d’autres chiffres (INSEE).

      Dans la tranche d’âge 11-15 ans, 11% des jeunes ont des difficultés avec la lecture.

      Dans la tranche 35-39 ans, 15%

      Dans la tranche 65-69 ans, 19%

      Finalement, j’ai le sentiment que les enseignants font plutôt mieux leur travail ces dernières années qu’il y a 30 ou 60 ans.


    • Gilles Gilles 10 mai 2008 10:48

      Tient, bizarre ! ça ne colle pas avec ces réactionnaires manichéens qui disent que c’était mieux avant, avant que les gauchistes n’impriment leur marque

      Normal qu’on ne le clame pas sur les toits.....

       Faudrait aussi se pencher sur l’influence de la télé et de l’Internet, sms et autre au détriment des écrits papiers d’antant (correctement écrits) sur ce déficit . Mais là aussi, c’est au delà des esprit bornés tel le Chat


  • el bourrico 5 mai 2008 13:03

    gauchistes inculquées dans les IUFM par des illuminés n’ayant jamais eu de contact avec les gosses en " live "

     

    Tu est du milieu avant d’écrire des ânneries d’extrémiste pareilles ? Ou c’est juste pour étaler tes clichés ?


    • el bourrico 5 mai 2008 13:08

      Je vois qu’on parle de la physique ? Moi j’aime ça, j’ai étudié ça un moment, mais faut pas rêver, ça rapporte rien en France ce genre d’étude, à part finir prof par dépit, ou chômeur, il n’y a aucune promotion de la recherche à ce niveau en Gaule... Puis à un moment, il a bien fallu manger, alors j’ai arrêté.

      Pour les études scientifiques, le blocage est psychologique (ce n’est pas plus dur qu’autre chose). Faudrait aussi arrêter de promouvoir ces filière bidons dites "sociales", ce sont les nouvelles voies de garages, mais elles sont présentées comme étant l’avenir.


    • LE CHAT LE CHAT 5 mai 2008 13:17

      @el bourrico

      théoriser sur le collages des papiers gomette et parler de référenciel bondissant , quel progrès !!!

      j’ai un pote qui a fait l’IUFM et il m’en a dit de belles ......

       


    • Varsass 5 mai 2008 14:46

      Et parler d’un chat mort vivant dans une boite magique, c’est peu être totalement crétin, pourtant on a rien trouvé de mieux pour expliquer le principe de superposition d’état quantique. Le chat, si ton copain ne comprend rien à ses cours, il pourra peut-être faire une belle carrière dans le social ?


  • Tristan Valmour 5 mai 2008 13:16

     

    Bonjour mon très Voltaire

     

    L’enseignement est un secteur qui n’a jamais connu d’âge d’or, aussi faut-il en effet constamment le réformer.

     

    Je crois que le manque d’étudiants dans les filières scientifiques est dû à l’état de notre société. L’argent demeure le seul étalon qui permette de mesurer ce que l’on vaut. Or, les carrières scientifiques ne sont pas aussi rémunératrices que les carrières commerciales. Le leitmotiv est de produire et de vendre, pas de chercher ni d’enseigner. Les bons scientifiques font donc des écoles de commerce ou de finance. Le fait d’augmenter ou de diminuer le nombre d’heures de sciences au primaire n’y changera rien. On compare la feuille de paie d’un chercheur et d’un avocat fiscaliste ?

     

    Je prends un autre exemple de l’état lamentable de notre société : les étudiants en médecine s’orientent vers des spécialités rémunératrices au détriment de la médecine générale. Les chirurgiens dans les cliniques privées abandonnent les opérations qui ne rapportent pas assez, etc.

     

    Il n’y a pas de problème de vocation mais un problème de valeur.

     

    Bien à vous mon ami.


  • Medicis 5 mai 2008 13:41

    Il suffit de savoir que les éditeurs connaissaient déjà les programmes puisque les specimens des ouvrages à utiliser à la rentrée sont arrivés en avril dans les écoles, pour relativiser les modifications du ministère...et en déduire la "qualité" du travail fourni en haut lieu !!!


  • Rabelais Rabelais 5 mai 2008 15:15

    Très bon article. Bien documenté.

    On insistera jamais assez sur l’influence des études en primaires dans le goût/éveil des futurs adultes.


  • Voltaire Voltaire 5 mai 2008 15:25

    Vu les commentaires, il me semble utile d’apporter ici quelques éléments de précision.

    - le sujet, comme indiqué en introduction, n’est pas de critiquer la nécessité d’apprentissage des bases du français et des mathématiques en primaire. Il existe effectivement un déficit à ce sujet, dont les causes sont complexes (évitons les idées reçues...), mais ce n’est pas l’objet de cet article.

    - En revanche, la modification des horraires proposée (diminution des heures de sciences et technologies) fait peser un risque réel sur l’apprentissage du goût des sciences aux élèves. Or, la France présente un déficit dans l’attractivité de ses filières scientifiques, là aussi pour des raisons multiples, et le rôle extrêmement positif et de longue durée d’un enseignement interractif et expérimental des sciences en primaire a été largement démontré. Le problème est que ce type d’enseignement prend du temps, et qu’il sera très difficile à mettre en place en deux fois 1 heure par semaine. Observer, raisonner, questionner, déduire, demande une attention et la mise en place de dispositifs expérimentaux simples par l’enseignant, ainsi qu’un échange réel avec les élèves. Les résultats sont souvent spectaculaire, non seulement en matière scientifique, mais dans l’expression écrite et orale des élèves qui ont suivis un cursus contenant le type d’enseignement suggéré par la main à la pâte, mais cela exige un peu de temps... En diminuant encore le temps consacré à ce type d’enseignement, on risque de dégoûter dès le primaire les élèves qui, à cet âge, on encore leur curiosité naturelle, en transformant les ’leçons de choses" en simple cours théoriques.

     


    • Bulgroz 5 mai 2008 16:28

      A celui qui feint de ne pas savoir que l’école primaire produit 15% d’illétrés.

       Aux termes des dispositions de la loi du 23 avril 2005, le Haut Conseil de l’Éducation “établit chaque année un bilan des résultats obtenus par le système éducatif ”.

      Extrait du rapport : Bilan des résultats de l’Ecole - 2007 - L’école primaire

      http://www.hce.education.fr/gallery_files/site/21/40.pdf

      Sur les entrants à l’issue du primaire :

      -60 % ont des résultats acceptables ou satisfaisants

      - 25 % ont des acquis fragiles

      Pour ces élèves, les acquis ne sont pas stabilisés en fin de CM2 et de nombreuses capacités sont encore en cours d’acquisition : tous les élèves n’arrivent pas à la fin de l’école primaire pourvus des capacités de lecture et de calcul qui leur permettront d’accéder à l’autonomie.

      Ils ne sont pas encore des lecteurs assez entraînés pour assimiler le contenu de livres scolaires, ou même pour les utiliser. Les professeurs de sixième constatent qu’ils lisent trop lentement parce qu’ils déchiffrent mal, ou bien qu’ils déchiffrent correctement mais ne comprennent que très partiellement ce qu’ils lisent, faute des connaissances linguistiques (lexique, grammaire) et culturelles suffisantes. En calcul, ils ne maîtrisent pas les opérations de base. Ces élèves aux acquis fragiles sont condamnés à une scolarité difficile au collège et à une poursuite d’études incertaine au-delà.

      - 15 % connaissent des difficultés sévères ou très sévères

      Une étude réalisée par la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance du ministère de l’Éducation nationale (DEPP) à la demande de l’Observatoire national de la lecture a analysé les comportements de lecteur des 15 % d’élèves les plus en difficulté à l’évaluation nationale de sixième, en 1997 :

      - 3 % ont acquis la reconnaissance des mots, mais ils éprouvent des difficultés à comprendre le sens complet de ce qu’ils lisent et en particulier les énoncés ;

      - 8 % sont handicapés par une extrême lenteur dans toutes les tâches et notamment dans la reconnaissance des mots ;

      - 4 % ont de très grandes difficultés de lecture (ils font nettement plus d’erreurs dans la reconnaissance des mots que la moyenne des élèves en difficulté, même si la moitié d’entre eux a développé par ailleurs des techniques de compréhension minimale).

       

      Ca fait quand même au total 40% d’enfants mal instruits. Une usine qui produirait des défauts dans 40% de ses bagnoles se poserait vite des questions.

       


    • Voltaire Voltaire 5 mai 2008 17:02

      @Bulgroz

      Votre commentaire n’est pas sans intérêt, mais encore une fois, ce n’est pas le sujet de mon article...


    • Bulgroz 5 mai 2008 17:36

      Voltaire,

      Je sais, désolé, je répondais à Pseudo qui nie des données désormais partagées par tous.

      par pseudo (IP:xxx.x98.26.156) le 5 mai 2008 à 13H08

      Qui pourrait me dire d’où vient ce chiffre de 15 % d’analphabètes qui me semble vraiment exhorbitant ?

       

      Le 2ième commentaire (hors sujet aussi) répondait à Anny Paule qui est l’exemple même du fonctionnaire enseignant qui préfère faire des procès d’intention au lieu de faire son introspection et de se mettre au boulot.

       


    • papiper 5 mai 2008 17:55

      merci voltaire, je ne serais pas étonné outre mesure que vous ayiez une solide expérience pratique (et conceptuelle du sujet) .
      Bien entendu l’on fait du français (lecture, écriture , orthographe, grammaire en rédigeant le compte rendu d’une expérience ,si l’on veut bien être rigoureux ) et en plus on éveille la curiosité et l’on installe chez l’enfant une démarche valable pour tous les évènements de la vie ( sans vouloir cultiver un positivisme un peu ringuard, quoique ? ).

      Il se pourrait qu’à l’époque de la SCIENTOLOGIE et du renouveau du CREATIONISME, les jeunes aient grand besoin de solides bases scientifiques.

      Il faudrait peut-être dépasser le culte du fameux "BLED " et de la méthode BOSCHER que l’on voit garnir les étals de la grande distribution.

       

       


    • 5A3N5D 5 mai 2008 19:01

      @ papiper,

      Bien entendu l’on fait du français (lecture, écriture , orthographe, grammaire en rédigeant le compte rendu d’une expérience ,si l’on veut bien être rigoureux )

      Cette vision des choses (le décloisonnement) m’a toujours laissé perplexe : pendant les deux heures consacrées à l’étude des sciences, il y a des chances qu’on fasse une heure ou plus de ... français, ce qui n’est pas le but de la manoeuvre.

      Bien sûr qu’une trace du travail effectué doit être couchée par écrit, mais ceci ne doit pas être l’essentiel du cours. D’ailleurs, dans ce cas, la connaissance de la langue française serait acquise depuis longtemps par nos chères têtes blondes, puisque bénéficiant d’un horaire plus important. On constate malheureusement exactement le contraire depuis que ce fameux décloisonnement est à la mode : la maîtrise de la langue écrite et orale est de plus en plus incertaine.


    • xavier 5 mai 2008 19:57

      @ Bulgroz

      vous vous opposez " A celui qui feint de ne pas savoir que l’école primaire produit 15% d’illétrés."

      En fait, on écrit illettrés.

       


    • papiper 5 mai 2008 20:37

      Cher ami, il ne s’agit pas de décloisonnement mais d’interdisciplinarité que l’on peut envisager également pour d’autres disciplines comme l’histoire, la géographie, etc... On peut même proposer la mémorisation d’un résumé.

      Rien n’interdit également la reconstitution de textes d’auteurs bien choisis pour améliorer l’expression écrite . La sainte dictée n’arrivant qu’en contrôle d’acquisitions précises.

      J’ai pu constater de redoutables dégats dans des classes dites traditionnelles de même que dans d’autres pratiquant des méthodes soit disant "modernes".

      Fichons la paix aux enseignants , fixons leur des buts clairs et précis et arrêtons cette réformite permanente:telle réforme étant écartée avant toute application sérieuse et évaluation pour une autre à la mode ou en cour au MEDEF.Les médecins ne sont pas les responsables du délabrement de la santé des plus pauvres... Les enseignants ne sont pas les responsables du délabrement du système scolaire et de la paupérisation des familles les plus fragiles.


    • Medicis 6 mai 2008 08:40

      Avec la réforme que nous propose le Ministre, on revient à l’âge de pierre.

      En 1960, environ 5% d’une classe d’âge devenaient bacheliers, on dépasse aujourd’hui 60% même si certains dénigrent sa valeur.On oublie de dire que si 15% sont en difficulté, c’est parce que pour beaucoup, le français n’est pas la langue maternelle et qu’il faudrait une formation mieux adaptée pour les enseignants qui les ont en charge.


    • 5A3N5D 6 mai 2008 10:02

      @ papiver,

      Cher ami, il ne s’agit pas de décloisonnement mais d’interdisciplinarité que l’on peut envisager également pour d’autres disciplines comme l’histoire, la géographie, etc... On peut même proposer la mémorisation d’un résumé.

      En effet, "rien n’interdit" de rédiger un résumé et de le donner à mémoriser. Personnellement, j’ai toujours préféré une démarche dans laquelle les enfants étaient libres de formuler des hypothèse, de proposer des expériences pour vérifier ces hypothèses et d’en tirer les conséquences. De cette façon, pas de temps perdu à faire du français pendant une séance de sciences physiques ou naturelles.

      Car je prétends que c’est du temps perdu : faire de la conjugaison alors qu’on est en train de résoudre un problème d’électricité, c’est créer une dispersion de l’attention des enfants, qui n’en a vraiment pas besoin.

      "Rien n’interdit également la reconstitution de textes d’auteurs bien choisis pour améliorer l’expression écrite . La sainte dictée n’arrivant qu’en contrôle d’acquisitions précises."

      Ouahhh ! La reconstitution de textes, voilà une chose qu’elle est bonne ! Je l’ai pratiquée, mais j’attends encore qu’on m’explique à quoi ça sert. Pourquoi pas la copie des années 60 ? Et que pensez-vous des dictées d’auteurs (préparées, bien évidemment ?) Le "contrôle d’acquisitions précises" peut très bien se faire sous forme d’exercices.

       

       J’ai pu constater de redoutables dégats dans des classes dites traditionnelles de même que dans d’autres pratiquant des méthodes soit disant "modernes".

      Moi également. Mais je reste intimement convaincu que, dans l’ordre des priorités, l’acquisition des "fondamentaux" arrive en tête, dans le temps. Donc, plus tôt les enfants maîtriseront la langue orale et écrite, plus tôt ils disposeront d’un outil parfaitement indispensable à la formulation et à l’expression de leur pensée.

      Fichons la paix aux enseignants , fixons leur des buts clairs et précis et arrêtons cette réformite permanente:telle réforme étant écartée avant toute application sérieuse et évaluation pour une autre à la mode ou en cour au MEDEF.Les médecins ne sont pas les responsables du délabrement de la santé des plus pauvres... Les enseignants ne sont pas les responsables du délabrement du système scolaire et de la paupérisation des familles les plus fragiles.

      C’est malheureusement ce que je pensais : vous portez l’affaire sur le plan politique et attribuez la responsabilité de l’échec de l’école primaire aux réformes. Dans un sens, vous n’avez pas tort : depuis 1975, j’en ai vu passer des ces réformes ! Mais savez-vous qu’un maître est libre de ses méthodes dans sa classe, et que certains vieux instits ont continué, de façon plus ou moins clandestine, à faire ce qu’ils jugeaient bon pour leurs élèves au lieu de suivre bêtement la mode du moment ? Je possède plusieurs rapports d’inspection dans lesquels on me reproche vaguement mes méthodes un peu traditionnelles, tout en louant aussi bien la qualité de la préparation du travail que la quantité du travail abattu par les élèves "sans qu’aucune discipline soit négligée." Seulement, pour ça, il faut avoir l’assentiment et le soutien des parents d’élèves. Dès lors que le travail est effectué, que le niveau est bon, un inspecteur ne peut rien dire, rien faire contre l’enseignant.

      Votre comparaison de l’enseignement avec la médecine semble vouloir exonérer de toute critique les enseignants. Vous oubliez cependant de préciser que l’enseignement est gratuit. Si, les enseignants sont responsables, au moins pour moitié du "délabrement du système scolaire !" En revanche, je vois mal comment ils pourraient l’être de la "paupérisation des familles les plus fragiles." Vous cherchez de fausses excuses.

      Voilà, "cher ami." 

       

       

       


    • 5A3N5D 6 mai 2008 10:56

      @ Médicis,

      "Avec la réforme que nous propose le Ministre, on revient à l’âge de pierre."

      Si vous pouviez vous procurer des copies de classes de premières ou terminales, peut-être vous poseriez-vous des questions sur le bien- fondé de ce retour à l’âge de pierre ! (Voir le commentaire, très réaliste, de DidShreck ci-dessus.)

      "En 1960, environ 5% d’une classe d’âge devenaient bacheliers, on dépasse aujourd’hui 60% même si certains dénigrent sa valeur.On oublie de dire que si 15% sont en difficulté, c’est parce que pour beaucoup, le français n’est pas la langue maternelle et qu’il faudrait une formation mieux adaptée pour les enseignants qui les ont en charge. "

      Oui, à cette époque existait même un examen d’entrée en 6° (du moins pour ceux qui voulaient obtenir une bourse d’études.) Non, on n’oublie pas de dire que 15% sont en difficulté. On peut même aller jusqu’à dire qu’ils sont en situation d’échec scolaire.

      Le français n’est pas ma langue maternelle et mes parents n’ont jamais pu m’aider à la maison. Je n’ai jamais été en difficulté scolaire. Prétendre que les 15% qui sont en difficulté scolaire sont des élèves dont le français n’est pas la langue maternelle, est une imposture, une excuse, et même, d’une certaine façon, une discrimination : cela revient à dire que les enfants d’immigrés seraient "moins intelligents" que les autres, ce que je trouve choquant. 

      La réforme de Darcos, à supposer que vous l’ayez lue, ne va pas changer grand chose dans les pratiques pédagogiques actuelles. Elle me fait penser à la réforme Chevènement de 1985, qui voulait 80% d’une classe d’âge au niveau du baccalauréat. Depuis cette époque, le budjet de l’Education nationale n’a jamais cessé d’augmenter, et les résultats de stagner.


    • 5A3N5D 6 mai 2008 10:57

      @ Médicis,

      "Avec la réforme que nous propose le Ministre, on revient à l’âge de pierre."

      Si vous pouviez vous procurer des copies de classes de premières ou terminales, peut-être vous poseriez-vous des questions sur le bien- fondé de ce retour à l’âge de pierre ! (Voir le commentaire, très réaliste, de DidShreck ci-dessus.)

      "En 1960, environ 5% d’une classe d’âge devenaient bacheliers, on dépasse aujourd’hui 60% même si certains dénigrent sa valeur.On oublie de dire que si 15% sont en difficulté, c’est parce que pour beaucoup, le français n’est pas la langue maternelle et qu’il faudrait une formation mieux adaptée pour les enseignants qui les ont en charge. "

      Oui, à cette époque existait même un examen d’entrée en 6° (du moins pour ceux qui voulaient obtenir une bourse d’études.) Non, on n’oublie pas de dire que 15% sont en difficulté. On peut même aller jusqu’à dire qu’ils sont en situation d’échec scolaire.

      Le français n’est pas ma langue maternelle et mes parents n’ont jamais pu m’aider à la maison. Je n’ai jamais été en difficulté scolaire. Prétendre que les 15% qui sont en difficulté scolaire sont des élèves dont le français n’est pas la langue maternelle, est une imposture, une excuse, et même, d’une certaine façon, une discrimination : cela revient à dire que les enfants d’immigrés seraient "moins intelligents" que les autres, ce que je trouve choquant. 

      La réforme de Darcos, à supposer que vous l’ayez lue, ne va pas changer grand chose dans les pratiques pédagogiques actuelles. Elle me fait penser à la réforme Chevènement de 1985, qui voulait 80% d’une classe d’âge au niveau du baccalauréat. Depuis cette époque, le budget de l’Education nationale n’a jamais cessé d’augmenter, et les résultats de stagner.


    • papiper 6 mai 2008 17:40

      Désolé de vous avoir excédé cher collègue. Je fais cependant partie de la catégorie que vous évoquez dans votre réponse. Mes inspections et mes notes reflètent exactement ce vécu .

       Peut être pouvons nous convenir ensemble qu’il est possible de pratiquer la classe de différentes façons : susciter la ciuriosité, le bonheur d’apprendre . N’est-ce pas l’essentiel ? Ce fut mon cas et j’en suis extrèmement fier.

      Instituteur rural et secrétaire de mairie pendant près de 40 années, je crois avoir bien servi.

      Bon courage si vous ètes encore en activité ,

       


    • Gilles Gilles 10 mai 2008 11:00

      5A3N5D

      "Si vous pouviez vous procurer des copies de classes de premières ou terminales, peut-être vous poseriez-vous des questions sur le bien- fondé de ce retour à l’âge de pierre"

      Et des copies d’étudiant de L1 ou L2 qui prétendent faire des sciences socilaes ? Celles de ma copine sont édifiantes (qu’est ce qu’on se marre en en lisant certaines) ! Un bon quart sont à peine lisibles, du fait ou de l’orthographe/syntaxe mais surtout à cause des références culturelles de base complétement ineptes (historiques ou que la Terre est plate...) et d’une floraison de préjugés du type de ceux qu’on entend dans la bouche de certains politiques contre arabes/noirs/juifs/immigrés (quant ils font la distinction c’est déjà pas mal)

      Pourtant ils ont eu leur bac.... Il y a donc un grave problème quelque part ! Mais à mon humble avis c’est surtout un problème de connaissances de bases qui ne sont pas à réduire à la simple orthographe


  • anny paule 5 mai 2008 16:37

    Monsieur "Voltaire", vous devriez retourner sur les bancs de l’école primaire, non pas pour y apprendre la manière de former un véritable esprit scientifique, mais pour y puiser quelques rudiments d’orthographe ! Ce dernier commentaire est un tissu de fautes... C’est un peu dérangeant pour un "donneur de leçons" !

    Quant à la réforme de M. Darcos, sa seule ambition est d’en finir avec le service public d’éducation. Pourquoi former des esprits quand des publications de l’OCDE annonçaient, dès 1996 qu’une "vaste réforme du secteur public d’éducation est en cours, orientée vers et par le marché", que "les pouvoir publics n’auront plus à assurer l’accès à l’apprentissage de ceux qui ne constitueront jamais un marché rentable, et dont l’exclusion de la société en général s’accentueront à mesure que d’autres vont continuer à progresser" ? Quand la Banque mondiale exige que les pays soient capables "de réformer les systèmes éducatifs dirigés par des administrations centrales ou d’Etat (...) lesquelles laissent peu de marges de manoeuvre", quand la Conférence du Lobby Gate de septembre 1998 précise que "l’éducation est l’un des marchés à la croissance la plus rapide" et que "l’éducation publique devient un concurrent qu’il convient de ramener à la portion congrue" ?... 

    Se questionner sur l’horaire et la manière d’enseigner les sciences expérimentales devient, dans ce cas, hélas, un faux problème !

    Ce qui est à la clef et que bien de nos concitoyens refusent de voir, c’est la mort annoncée de notre système d’éducation ! Et nous pouvons faire confiance à ce gouvernement pour arriver à ses fins... à moins que nous ne soyons capables de nous réveiller à temps et de considérer le problème dans sa globalité ! De considérer que depuis des années on a tapé sur le dos des enseignants pour mieux abattre le système !

     


    • Bulgroz 5 mai 2008 16:55

      Conclusion de Bruno Suchaut, intervenant dans l’étude du Haut Conseil à l’Education :

      http://www.hce.education.fr/gallery_files/site/21/42.pdf

      Les données internationales et nationales analysées et commentées dans ce travail plaident
      pour une stagnation du niveau des élèves français.

      La position de la France dans le contexte international s’est même plutôt dégradée au cours de ces dix dernières années dans le domaine de la langue écrite. Quand on met en relation ce niveau d’acquisition avec le ressources allouées, on observe là encore une situation peu favorable de la France dans le contexte international. Cela se traduit par une faible efficience, à la fois qualitative (relation entre les coûts et le niveau d’acquisition des élèves), et quantitative (relation entre les coûts ela durée moyenne de scolarisation).


      Pourtant, l’augmentation des coûts unitaires a plutôt avantagé l’école primaire eu égard aux accroissements des effectifs d’élèves aux différents niveaux d’enseignement. Les conditions d’enseignement se sont donc progressivement améliorées au cours de ces trente dernières années (meilleurs taux d’encadrement, augmentation des moyens, revalorisation des salaires…) sans que le niveau d’acquisition des élèves connaisse une progression notable.

      L’élément central qui découle des analyses et réflexions contenues dans notre rapport est sans aucun doute l’incapacité de notre école primaire à transformer efficacement les ressources en résultats.

      Les causes de ce dysfonctionnement sont probablement à rechercher du côté des mécanismes associés à la gestion pédagogique, au pilotage et à l’évaluation de notre système éducatif. La politique des cycles à l’école primaire est sans aucun doute un exemple illustratif d’une certaine faiblesse de notre institution scolaire dans ce domaine.

      Cette réforme, associée à la loi d’orientation de 1989 constituait pourtant un cadre législatif pertinent et adapté à la prise en compte de la diversité des élèves et une solution à la gestio de l’hétérogénéité des parcours scolaires. Les causes de l’échec partiel de la mise en place effective des cycles sont vraisemblablement le fait de l’insuffisance de mesures d’accompagnement et d’un manque de continuité dans la réalisation de cette réforme au fil des années. Dans un même temps, certaines pratiques restent persistantes alors que l’on connaît leur inefficacité ; le recours au redoublement en est une illustration caractéristique.


      De nombreuses mesures ou dispositifs ont été initiés à différents échelons (national ou local) pour lutter contre l’échec scolaire sans que ces actions ne produisent de réels effets sur les élèves. Les recherches ont clairement mis en évidence le désavantage associé à des dispositifs qui écartent, même temporairement, les élèves en difficulté du contexte habituel de la classe.

      Les pratiques pédagogiques des enseignants sont par nature très variées, mais cette variété se doit d’être régulée pour ne pas donner lieu à des dérives. Le centrage sur les apprentissages fondamentaux, dès le début de l’école élémentaire, apparaît comme une vraie priorité par le recours à des activités systématiques et structurantes.

      En conclusion, l’ensemble de ces remarques conduit à s’interroger sur le fonctionnement actuel de l’école primaire française, la gestion des structures et l’encadrement des personnels ; en filigrane, se posent aussi les questions relatives au statut des établissements du premier degré et à celui du directeur d’école.

       

       


  • AubeMort 5 mai 2008 20:43

    "La France présente depuis une quinzaine d’années une évolution inquiétante de l’enrôlement de ses étudiants dans les filières scientifiques"

    pas vraiment ; les écoles d’ingénieur, les facs de médecine continuent à faire le plein. Ce sont les formations purement universitaires qui voient leurs effectifs décliner.

    Lisez le très intéressant ouvrage de Bernard Convert, "les impasses de la démocratisation scolaire - Sur une prétendue crise des vocations scientifiques".

     

    "l’attraction en faveur des filières scientifiques passe de façon critique par un enseignement des sciences volontariste dès le plus jeune âge"

    ce n’est pas si simple ; le choix des études supérieures par de jeunes adultes se fait aussi - et surtout - en fonction des débouchés escomptés.

    "Il a pourtant été démontré que ce type de pédagogie avait un effet non seulement sur le goût des élèves pour la science, mais aussi sur leur capacité à s’exprimer et à raisonner. "

    Des références ?

    Les US où ce type de pédagogie a été initialement développé ont des résultats pas très encourageants en fin de compte : niveau moyen des lycéens plutôt bas, et les laboratoires sont surtout peuplés par des jeunes chercheurs d’origine asiatique.

     

    Perso, à voir le contenu des leçons de "science" au primaire (simplifications abusives, erreurs multiples, ..) je pense qu’il serait de loin préférable de passer plus de temps sur les matières de base (français, numération...) et d’attendre le collège et des professeurs convenablement formés pour aborder les sciences.


    • Voltaire Voltaire 5 mai 2008 22:04

      « pas vraiment ; les écoles d’ingénieur, les facs de médecine continuent à faire le plein. Ce sont les formations purement universitaires qui voient leurs effectifs décliner. »

      En fait, pas uniquement. Il faut se méfier de l’impression donnée par le chiffre absolu : dans les filières sélectives, qui ont un nombre donné de places, il faut regarder le nombre de candidats, et leur provenance. On a ainsi pu noter une baisse du nombre de candidats en médecine (sauf remontée ces 2 dernières années) et une stagnation pour les écoles d’ingénieurs. D’autre part, les meilleurs étudiants ne se dirigent plus nécessairement vers les études scienifiques comme auparavant ; on manque encore de données pour la France mais c’est visible par exemple en Corée.

      « Lisez le très intéressant ouvrage de Bernard Convert, »les impasses de la démocratisation scolaire - Sur une prétendue crise des vocations scientifiques« . » Je connais bien sûr les travaux de B. Convert, mais je ne partage pas son analyse, car l n’a pas regardé les tendances sur le long terme en prenant en compte le très fort accroissement du nombre d’étudiants dans le supérieur.

      « ce n’est pas si simple ; le choix des études supérieures par de jeunes adultes se fait aussi - et surtout - en fonction des débouchés escomptés. » Bien évidemment, ce n’est pas si simple... la sensibilisation aux sciences en primaire donne le goût des sciences. Ce goût persiste jusqu’à l’adolescence si la pédagogie a été bonne, alors qu’on constate sinon une chute dramatique de l’intérêt des jeunes de 14-16 ans poue les sciences autrement. Or, la premiere orientaton des élèves arrive vers 15 ans, à la fin de la 3ème-seconde. Ensuite, les deux facteurs déterminant pour le choix des études supérieures sont : 1/ le goût, la passion, l’intéret, 2/ les débouchés, les salaires, les carrières. Donc, même au niveau supérieur, l’intérêt d’une discipline conserve son caractère déterminant.

      « Il a pourtant été démontré que ce type de pédagogie avait un effet non seulement sur le goût des élèves pour la science, mais aussi sur leur capacité à s’exprimer et à raisonner. » Des références ?"

      Je vous retrouve cela dès demain...

      « Les US où ce type de pédagogie a été initialement développé ont des résultats pas très encourageants en fin de compte : niveau moyen des lycéens plutôt bas, et les laboratoires sont surtout peuplés par des jeunes chercheurs d’origine asiatique. »

      C’est une analyse incomplète : en réalité, l’enseignement secondaire aux US est géré au niveau local et non fédéral. Mais là où effectivement ce type de pédagogie a été mise en place (ce qui est loin d’être généralisé), les résultats sont probants.

      « Perso, à voir le contenu des leçons de »science« au primaire (simplifications abusives, erreurs multiples, ..) je pense qu’il serait de loin préférable de passer plus de temps sur les matières de base (français, numération...) et d’attendre le collège et des professeurs convenablement formés pour aborder les sciences. »

      La formation des instituteurs est effectivement un élément important, mais l’expérience démontre que votre analyse est inexacte : faute d’une sensibilisation précoce aux sciences, et à l’entretien de la curiosité des élèves en primaires, les adolescents ne développent plus cet intérêt sauf eseignant exceptionnel. Les contenus des enseignements en science du secondaire y sont bien sûr en partie responsable, mais pas uniquement. Il s’agit bien là d’un effet lié à l’âge, tout comme un élève se mettra beaucoup plus difficilement à la musique après 10-12 ans (l’intérêt revient à l’âge adulte, comme pour les sciences, mais c’est alors trop tard...).


    • Voltaire Voltaire 6 mai 2008 11:30

      Comme convenu, pour revenir à l’impact positif de pédagogies type "la main à la pête" sur l’expression écrite et orale des élèves, voir le rapport de JP Sarmant : http://eduscol.education.fr/D0027/EXSREF03.htm#23

       

       

       

       


    • 5A3N5D 6 mai 2008 13:03
      2.3 Effets sur les capacités d’expression

      Tous les stades d’une séquence contribuent à l’amélioration des capacités d’expression, tant orale qu’écrite. La discussion interne à un petit groupe contraint les enfants à s’exprimer de façon mutuellement compréhensible, résultat qu’il ne faut pas trop vite considérer comme négligeable. La formulation orale d’une hypothèse par chaque représentant d’un groupe, l’écriture de celle-ci au tableau, sa discussion générale par la classe, la formulation et la rédaction de conclusions, individuelles puis collectives, sont autant d’occasion de mettre en œuvre les capacités d’expression et de les améliorer.

      C’est bien ce que je dénonçais dans un de mes commentaires ci-dessus : on fait du français alors qu’on devrait développer l’observation, la logique, etc...

      Qu’en conclure ? Que l’enseignement du français grignote celui des sciences, que l’enseignement des sciences n’est plus assuré, ce qui est l’exact objet de votre article. 

      Si le but de l’éveil aux sciences est d’améliorer l’expression orale ou écrite, c’est un échec total : cela ne prouve qu’une chose, que l’enseignement du français est négligé.

      De plus, tout enseignant sait que faire travailler les élèves en groupes, c’est bien souvent en laisser un travailler pendant que les 3 ou 4 autres font le bazar (rappelé dans votre rapport par la jolie formule : "Les maîtres n’ont pas de problèmes d’autorité, si ce n’est celui d’avoir parfois à organiser un enthousiasme parfois excessif.")

      Enfin, cet aveu : "Dans une proportion significative des classes, on constate que l’acquisition de connaissances est un objectif mineur, voire inexistant."

      Voilà : on papote, on fait des phrases et au bout, rien ! La méthode expérimentale, est évidemment à conserver (sans perdre de vue qu’elle demande beaucoup de temps.) Obliger les enfants à faire de l’expression orale ou écrite sur ce créneau horaire (2 heures) est très discutable.


    • Voltaire Voltaire 6 mai 2008 15:12

      Vous me semblez un peu de mauvaise foi... Ce qui est indiqué est qu’en plus de participer à l’éveil scientifique, à l’acquisition d’une méthode, de la rigueur, et d’un savoir, cet enseignement expérimental a aussi, comme bonus, un effet positif sur l’expression, orale et écrite. C’est apparemment d’autant plus remarquable dans les classes à forte population d’origine étrangère... L’article n’a pas pour objectif de discuter du contenu des enseignements de français, mais simplement de mettre en avant le rôle très positif de l’enseignement des sciences expérimentales dans le primaire, et le risque de sa disparition si l’on réduit trop les horaires.


    • 5A3N5D 6 mai 2008 17:56

      @ Voltaire,

      Dans un rapport, il y a toujours à boire et à manger, et chacun y trouve ce qu’il veut.

      Ce qui est indiqué est qu’en plus de participer à l’éveil scientifique, à l’acquisition d’une méthode, de la rigueur, et d’un savoir, cet enseignement expérimental a aussi, comme bonus, un effet positif sur l’expression, orale et écrite. C’est apparemment d’autant plus remarquable dans les classes à forte population d’origine étrangère... L’article n’a pas pour objectif de discuter du contenu des enseignements de français, mais simplement de mettre en avant le rôle très positif de l’enseignement des sciences expérimentales dans le primaire, et le risque de sa disparition si l’on réduit trop les horaires.

      Et c’est justement là qu’à mon avis, on se trompe : pour qu’une pensée se formule, s’exprime, il est nécessaire de maîtriser la langue le plus tôt possible. Essayez de penser dans une langue que vous ne maîtrisez pas et je veux bien qu’on en discute à nouveau.

      Utiliser les activités scientifiques pour développer la langue, la logique ou tout ce que vous voudrez, c’est les détourner de leur but premier, celui de s’approprier une méthodologie et des connaissances basées sur l’observation ou l’expérimentation. Sans compter que la logique existe dans l’apprentissage de la langue, ce qu’on se garde bien de faire actuellement. A ce titre, je pose même une autre question : comment un enfant du primaire peut-il prétendre apprendre correctement une langue étrangère en 6° sans la moindre notion de grammaire ?

      Je ne suis donc pas surpris que de nombreux gamins ne soient plus intéressés par les activités scientifiques : si cela devient un pensum ou des activités de français supplémentaires, je comprends alors mieux le désintérêt des enfants. Cela me fait penser à un de mes enfants, qui aimait bien dessiner et peindre. Un jour, il est rentré à la maison avec une mauvaise note d’interrogation écrite de... dessin. Il n’a jamais plus dessiné ni peint par la suite. On l’a dégoûté de la même façon de l’Histoire-Géo.

      Mon opinion : l’ "appropriation" de la langue doit se faire avant et en dehors de toutes les autres activités ; ce n’est pas incompatible avec le développement de la logique, de l’analyse, qui peuvent très bien s’acquérir par l’étude de la grammaire.

      Dans le cas contraire, c’est mettre la charrue avant les boeufs : comment peut-on demander à un enfant de formuler sa pensée à l’aide d’un outil quasi-inexistant ?

      Le risque de disparition des disciplines scientifiques à l’école primaire c’est de vouloir y mêler d’autres disciplines, comme le risque de voir le goût artistique s’étioler est d’en faire une discipline "intellectuelle". On ne fait pas une interrogation écrite de dessin-peinture sans risquer de décourager les enfants : le dessin et la peinture s’apprennent à l’école et loin de tout verbiage technique. Un simple triangle des couleurs en début d’année permet à l’enfant de savoir à vie comment on fabrique les couleurs "qui manquent" à partir des trois couleurs primaires. Ça ne s’apprend même pas, ça se constate, ça se comprend et c’est acquis sans qu’il soit besoin d’en passer par l’apprentissage du français. Tout au plus le champ lexical de l’enfant s’enrichira de deux notions : harmonie et contraste. 

      Pour les classes à forte concentration d’étrangers, j’ai eu l’occasion de m’en expliquer et je passe sur le sujet. En tout état de cause, il n’est pas normal qu’à l’entrée en 6°, 40% des élèves soient effectivement en difficulté. Ce pourcentage, cité par Bulgroz, correspond assez bien au ressenti que j’ai sur la question.


  • Bernard Dugué Bernard Dugué 5 mai 2008 21:49

    La science est une magie avec les yeux d’enfants, puis un outil pour passer les épreuves du BEPC et du bac, puis une épreuve pour supporter le vide sidéral et l’atmosphères mortifère suitant des laboratoires, comme s la science était destructrice de l’âme. Pire que si elle était ruine comme disait cher Rabelais

    Quand j’avais 9 ans, je faisais une encycopédie en collant des images et en copiant le dico, j’étais innocent, je ne me souviens pas pourquoi j’avais de goût. J’étais quand même émerveillés. Maintenant, le monde est devenu une merde faite de médias, de jeux vidéo, de célébrités, de carriérisme, un monde de puanteur où les âmes passionnées ne peuvent plus germer. Darcos ne fera rien de positif. S’il était conscient de son rôle, il se suiciderait en constatant qu’il n’est qu’un parasite du système


    • Bernard Dugué Bernard Dugué 5 mai 2008 21:51

      Sorry pour les fôtes, je n’ai pas relu mon commentaire mais le message est clair


    • Voltaire Voltaire 5 mai 2008 22:06

      Cher Bernard, vous êtes trop pessimiste. Le terreau est toujours là, il suffit de planter et d’arroser régulièrement !


    • masuyer masuyer 5 mai 2008 22:20

      Bonsoir Bernard et Voltaire,

      juste une petite digression que m’inspire le commentaire de Bernard.

      Il n’y a pas longtemps un article posait la question c’est quoi être de gauche ?

      En te lisant je me suis dit qu’être de gauche c’est regretter son enfance (ou sa jeunesse) quand être de droite c’était regretter celle de ses parents.


  • Alba 5 mai 2008 22:10

    Pardon à Voltaire de continuer un peu hors sujet mais cet article, au delà du point précis des sciences, touche à la question de l’efficience du système éducatif français surtout en primaire, base de toute la suite des acquisitions.

    Quarante pourcent d’enfants ayant des lacunes en maths-français à l’entrée en sixième ce n’est pas rien ! Pour autant, les réactions émotives du genre “les instits ne sont que des nuls gauchistes” ou au contraire “on ne laissera pas détruire notre ‹‹système›› !” n’apportent aucun élément pour solutionner le problème.

    Il semble qu’il serait plus que profitable de s’interroger sur les raisons qui font qu’un si grand nombre de gamins ne parviennent pas [suffisemment] à maitriser ces fameuses compétences de base. Ces raisons sont de deux ordres :

    1)NEUROLOGIQUE : alimentation de plus en plus artificielle présentant des taux inquiétants de pesticides & autres produits chimiques, trop longues heures passées sous éclairage néon au spectre déséquilibré par rapport à celui du soleil ainsi que grave manque d’exercise physique (hors école) couplé à l’excessive virtualisation de la sphère de vie (télé & jeux vidéos) ne peuvent pas ne pas avoir d’influence sur leurs cerveaux.

    2)SOCIO-FAMILIAL : parents absents physiquement et/ou au niveau de leur implication dans les progrés de leurs enfants, maltraitances diverses, existence de ghettos défavorisés où les jeunes générations ne peuvent pas croire que de bons résultats scolaires peuvent les aider à s’en sortir, matraquage publicitaire qui conduit les enfants à déconsidérer la conscience de l’effort au profit de celle du désir etc etc.

    Il serait donc injuste de vouloir faire porter au corps enseignant l’intégralité du “chapeau”. Cependant un peu moins de dogmatisme & un peu plus de réalisme ne feraient pas de mal... Une suggestion : plutot que de solliciter les parents pour faire des gateaux devant être vendus lors des kermesses afin de financer des voyages pourquoi ne pas être ouverts aux diverses contributions que ceux-ci pourraient apporter au sein même de la classe : expériences scientifiques, récits de voyages, cours d’anglais etc. ? Renoncer à leur tour d’ivoire permettrait aux instits d’enrichir grandement leurs classes et en même temps d’être mieux acceptés au lieu d’être perçus commes d’horribles fonctionnaires budgétivores.

    En conclusion : d’accord pour NE PAS REMPLACER UN FONCTIONNAIRE D’ETAT SUR DEUX ! Oui à une école cogérée avec les parents pour, en même temps, faire des économies et remonter le niveau.


  • Blé 6 mai 2008 07:04

    L’école n’est jamais que le reflet de notre société. Je doute que les enfants des classes socioprofessionnelles favorisées soient confrontés au même problème que pose les enfants qui ont eu pour nounou la télé depuis le berceau. Les parents pauvres ne peuvent pas "travailler plus pour gagner plus" et transmettre à leurs enfants le goût des sciences, une journée ne compte que 24 heures pour tout le monde. 

    L’individu ne peut pas faire autrement qu’apprendre dès sa naissance, son cerveau est programmé pour cela. Il faut donc s’interroger sur les raisons qui font que cette faculté spontanée inhérente à l’être humain diminue avec les apprentissages scolaires.

    Avec la mondialisation forcenée que l’on connait actuellement, pourquoi la France investirait-elle dans l’éducation de ses enfants si d’autres pays(Indes, Chine, etc...) apportent des têtes bien faites sans que cela lui ait coûté un centime ?

     

     


  • Medicis 6 mai 2008 09:01

    On vante régulièrement le système finlandais. Or dans ce pays , à l’école primaire, il y a deux enseignants par classe, l’un étant chargé spécifiquement des élèves en difficulté.

    En Fance on peut avoir 30 élèves avec un double niveau et on voudrait que tous réussissent !

    Il paraît que le budget de l’Education est trop élevé chez nous, mais alors comment font-ils pour si bien payer leurs enseignants et les faire travailler dans des locaux particulièrement équipés et confortables ?

    Sachant que nos statisticiens manipulent (et c’est facile) les données en moyennes d’élèves par classe et en coût par élève, on peut se poser des questions.

    Les données de l’INSEE indiquent le nombre d’enseignants pour une année scolaire donnée, mais il n’y a pas d’information sur le nombre de postes à temps partiels, de postes d’enseignants spécialisés ou de l’enseignement professionnel où le nombre d’élèves est limité par le nombre de machines par exemple.

    Alors les réformes servent à cacher la misère de notre enseignement comme celle de la recherche et on nous parle de MODERNITE !


    • Voltaire Voltaire 6 mai 2008 09:38

      Le système finlandais se caractérise effectivement par une prise en charge spécifique et très précoce des élèves en difficultés. Celui lui permet d’arriver en tête des classements non seulement par le niveau général mais surtout en étant le système le plus "égalitaire", qui donne une chance égale aux élèves quelque soit leur catégorie socio-professionnelle. Il faut aussi noter que les écoles finalndaise sont totalement autonome, dans leur fonctionnement et leur recrutement (et leurs salaires...), système difficilement transposable en France pour le moment.


    • masuyer masuyer 6 mai 2008 10:23

      Il me semble qu’en Finlande, les élèves ne sont pas notés avant 12 ans. Je trouve cela très pertinent.

      Mais là aussi, ça rique d’être difficilement transposable en France.

      Cordialement

       


    • 5A3N5D 6 mai 2008 11:12

      @ Masuyer ;

      En Finlande, l’école "obligatoire" commence à 7 ans et se termine à 16 ans. Il n’y a aucun examen à la fin de cette scolarité obligatoire, simplement une "attestation" de présence à l’école.

      La grande différence avec le système français est que l’enseignement et la formation se font tout au long de la vie (cours du soir ou pendant les vacances pour les adultes.)

      A 16 ans, les ados peuvent se diriger vers l’enseignement professionnel ou vers la faculté.

      L’enseignement est également "à la carte" : des matières obligatoires pour tous et d’autres au choix de l’élève. En France, les programmes sont trop lourds, peu approfondis, exigent trop de temps.


    • 5A3N5D 6 mai 2008 11:23

      @ édicis,

      On vante régulièrement le système finlandais. Or dans ce pays , à l’école primaire, il y a deux enseignants par classe, l’un étant chargé spécifiquement des élèves en difficulté.

      Ceci est faux : il existe des enseignants spécialisés dans toutes les écoles, mais pas deux enseignants par classe.

      mais alors comment font-ils pour si bien payer leurs enseignants et les faire travailler dans des locaux particulièrement équipés et confortables ?

      Encore faux : les enseignants sont si bien payés que le pays commence à en manquer. Il n’y a aucune certitude pour les enseignants de trouver un poste fixe avant les 30-35 ans. Ils sont recrutés par les chefs d’établissements et toujours en contrats à durée déterminée.

       


    • masuyer masuyer 6 mai 2008 12:37

      Merci 5A3N5D pour ces précisions, et me conforte dans l’idée que ce modèle éducatif mérite d’être examiné de plus près.

      D’accord avec vous sur la lourdeur des programmes français qui laissent peu de temps au développement de l’esprit critique et de la curiosité


  • Tristan Valmour 6 mai 2008 12:17

     

    Rebonsoir Voltaire

     

    Permettez-moi d’intervenir de nouveau au sujet de votre article sur trois points liés à votre article, puis un autre qui est connexe :

     

    Le rapport PISA. Je crois que ce rapport n’évalue strictement rien et ne peut refléter l’état d’un système éducatif. Pire, il va inciter les systèmes éducatifs à se réformer pour obtenir les meilleurs notes à cette évaluation ultime. C’est avant tout un instrument de propagande politique, pas un instrument de mesure. La France est certes mal classée dans ce rapport, mais une étude menée par des établissements financiers anglais et américains sur notre système éducatif ont montré que la France restera pour les investisseurs parmi les 10 premiers pays, en raison de son système éducatif. D’autre part, d’autres rapports affirment encore que le système français est le meilleur au monde pour la moitié des élèves, inadapté pour l’autre. Méfions-nous de tous les rapports.

     

    Les évaluations en général. Il existe trois types d’évaluation : les évaluations sommatives, formatives et normatives. Notre système privilégie les évaluations sommatives (noter un devoir, avec pour référence la moyenne) quand les meilleures évaluations sont formatives, puisqu’elles permettent de déterminer le degré d’acquisition des compétences, notamment selon la taxonomie de Bloom. Les évaluations formatives sont également utilisées par Howard Gardner et les écoles qui se sont inspirées de ses travaux (key schools, projet spectrum, etc.). Ces écoles qui utilisent les Intelligences Multiples obtiennent d’ailleurs des résultats supérieurs de 20% aux autres écoles (y compris lorsque des évaluations sommatives sont pratiquées), avec très peu d’absentéisme et de violence, tout en cultivant une motivation très importante.

     

    L’enseignement des sciences et l’influence sur les autres disciplines. Vous l’avez fait remarquer à juste titre : introduire les sciences dans l’enseignement augmente les compétences dans d’autres domaines. Rien d’étonnant à cela. Si les sciences expérimentales développent en premier lieu l’intelligence logico-mathématique, elles sollicitent aussi l’intelligence corporelle/kinesthésique et visuelle/spatiale, voire interpersonnelle (en binôme) et intrapersonnelle. Einstein avait d’ailleurs une intelligence visuelle/spatiale aussi développée que la logique/mathématique, et c’est ce qui lui a permis de découvrir la loi de la relativité.

     

    L’introduction des nouvelles pédagogies et la métacognition. En France, nous sommes très en retard sur ces domaines par rapport au Canada, à la Belgique (pour citer les pays francophones), mais surtout à des pays d’Asie, comme Singapour. Pour conduire les apprenants (de l’enfant à l’adulte) à réussir, il faut d’abord définir son profil (parce que deux personnes apprennent de différentes façons), l’inviter à pratiquer la métacognition (introspection sur sa façon d’apprendre), puis utiliser les travaux sur la pédagogie, très efficaces : la gestion mentale (La Garanderie), la médiation cognitive (Feuerstein), les Intelligences Multiples (Gardner), et évidemment la pensée latérale (de Bonno). Je ne vais pas citer les autres car cela prendrait plusieurs pages, je le ferai sans doute dans des articles. A Singapour, par exemple, des cours de réflexion. Ca n’existe pas en France, ni en Angleterre, or c’est très efficace. Pour ma part, j’ai toujours employé ces pédagogies avec mes étudiants comme avec les adultes (cadres sup et dirigeants) que j’ai formé. La réussite a toujours été au rendez-vous, cela a décuplé les performances de chaque individu.

     

    Au plaisir de vous lire.


    • Voltaire Voltaire 6 mai 2008 15:20

      Merci pour ces remarques constructives.

      Je partage largement ces points de vues, sauf sur PISA, que je connais très bien, et qui me semble l’un des meilleurs outils d’évaluation actuels si on se penche sur les détails des informations et non uniquement sur le niveau.

      Le fait que nos résultats soient moyen à l’âge de 15 ans n’est nullement contradictoire avec celui que nous produisions aussi des personnes hautement qualifiées dans le supérieur... De plus, il faut signaler que les pays comme l’Allemagne, l’Italie, la Grande-Bretagne ou les Etats-Unis ne sont guères plus performants. Les meilleurs résultats sont obtenus dans les pays nordiques et asiatiques. Les décisions des investisseurs se font en comparant les différents pays équivalents.


    • Tristan Valmour 7 mai 2008 11:02

       

      @ mon très cher Voltaire

       

      J’ai été laconique sur le rapport PISA, aussi permettez-moi d’expliciter ma pensée.

       

      Je reconnais volontiers que cette évaluation soit la meilleure disponible, qu’elle ait été établie selon des critères sérieux par des gens compétents et honnêtes. De même, je reconnais la nécessité de posséder des indicateurs pour mener une politique efficace. Toute organisation a besoin d’indicateurs pour les piloter. Mais tout indicateur, dont l’évaluation PISA génère des inconvénients.

       

      L’obsolescence. Plus ces indicateurs sont complexes, moins ils sont susceptibles de se réformer et d’épouser la nouvelle réalité. La force d’inertie de l’habitude l’emporte sur l’ouverture à la nouveauté.

       

      La dictature du quantifiable. Les indicateurs mesurent davantage la quantité que la qualité, et même lorsqu’ils s’appliquent à la dernière, c’est par le biais de la première. Par sa formulation exacte, le nombre donne l’illusion de l’exactitude, de l’objectivité, et devient le référent ultime dans la prise de décision. Là réside un très grand danger. Un danger de raisonnement d’abord. En effet, une perception erronée de la réalité conduite par un raisonnement logique donnera un résultat logique mais faux, quand une perception juste de la réalité conduite par un raisonnement logique donnera un résultat juste. Les nombreuses erreurs ne sont pas dues à une erreur de logique, mais de perception. Or, une confiance aveugle dans les chiffres biaise la perception. C’est l’un des objectifs du programme Cort d’Edward de Bonno que d’enseigner à percevoir correctement la réalité avant d’appliquer la logique. Second danger : les données quantifiables sont employées pour justifier une politique alors qu’elles ne sont pas expliquées au public. Celui-ci retiendra par exemple, que la France est à la place X alors qu’elle a un budget par habitant parmi les meilleurs. Mais quand on dit cela, on n’a rien dit ! Et on ne peut pas faire confiance à nos médias pour qu’ils comprennent ce dont ils parlent !

       

      L’arbitraire d’une évaluation sommative. L’évaluation PISA, aussi perfectionnée soit-elle demeure une évaluation sommative. On mesure un système éducatif à l’instant T ou entre T et T1, en prenant comme échantillon des élèves de 15 ans. Cette évaluation ne mesure que très imparfaitement le degré d’acquisition des élèves. On peut très bien avoir acquis le contenu d’une séquence ou d’un programme, et être sanctionné par une mauvaise note. Mais on ne retiendra que la note.

       

      Enfin, les élèves français sont initiés à la dialectique à partir de la seconde, en cours de français, surtout en Terminale avec la philosophie, matière qui, dans d’autres pays, est réservée au supérieur. Ou aux cours de réflexion, comme à Singapour. Cette donnée pourtant essentielle n’est pas mesurée par PISA, sauf erreur de ma part.

       

      Sans transition, quand on évalue un savoir, une connaissance, on évalue surtout la partie informative, peu le raisonnement. « Beaucoup savoir n’est pas penser » disait Alain. Et les champions en la matière sont les anglo-saxons avec leurs QCM. Qu’est-ce que la partie informative ? Une suite de 1 et de 0 qu’il faut digérer ! Et les barèmes sont standards quand les apprenants sont si différents !

       

      Bon, l’heure tourne, et je ne peux développer davantage. J’espère néanmoins avoir explicité ma pensée. Soyez assuré en tout cas de mon profond respect pour votre personne. Vous avez mon courriel et pouvez me contacter si vous le souhaitez.

       

      Avec mes amitiés.


  • AubeMort 9 mai 2008 21:23

    "Comme convenu, pour revenir à l’impact positif de pédagogies type "la main à la pête" sur l’expression écrite et orale des élèves, voir le rapport de JP Sarmant"

    Ce rapport est totalement subjectif et n’apporte aucun élément quantitatif ni évaluation des effets à plus long terme. En lisant des phrases du style "Dans une proportion significative des classes, on constate que l’acquisition de connaissances est un objectif mineur, voire inexistant. Cette observation vaut même dans des départements fortement impliqués." mon opinion sur l’intérêt de la méthode ne s’améliore pas vraiment. On a vraiment l’impression de séances de "patouillage" (dont les enfants sont ravis, je n’en doute pas...) Patouiller ça peut être certes très enrichissant, mais ce n’est pas une initiation aux sciences.

    "La formation des instituteurs est effectivement un élément important, mais l’expérience démontre que votre analyse est inexacte : faute d’une sensibilisation précoce aux sciences, et à l’entretien de la curiosité des élèves en primaires, les adolescents ne développent plus cet intérêt sauf eseignant exceptionnel."

    A t il été démontré que les sciences nécessitent une "sensibilisation précoce" ?

    " tout comme un élève se mettra beaucoup plus difficilement à la musique après 10-12 ans (l’intérêt revient à l’âge adulte, comme pour les sciences, mais c’est alors trop tard...). "

    cela n’a rien à voir, la musique requiert des compétences psychomotrices qui nécessitent effectivement un entrainement précoce pour être un "très bon musicien".

    Au contraire l’enseignement scientifique demande des capacités d’abstraction qui sont elles complètement négligées dans le primaire ; on aboutit ainsi par exemple à dégoûter les enfants maladroits ou pas très soigneux de la géométrie, qui consiste pendant des années à dessiner, coller, découper, colorier. Arrivés en 4e on s’étonne ensuite que le passage à la démonstration soit si laborieux.

     

     

     


Réagir