samedi 24 décembre 2011 - par Kookaburra

La religion au Proche et Moyen-Orient

Au VI° siècle, avant l’apparition de l’islam, le Moyen-Orient était majoritairement chrétien. Plusieurs peuples habitaient dans cette vaste région, chacun avec sa langue, sa culture et ses coutumes, mais tous chrétiens. En Egypte la langue parlée était le copte, en Palestine, au Liban et en Syrie, l’araméen, en Mésopotamie le chaldéen, et en Perse le persan. En Asie Mineure c’était le grec et l’arménien.

Deux empires se partageaient alors ces pays chrétiens : l’empire byzantin régnait sur l’Asie Mineure, la Syrie, le Liban, la Palestine et l’Egypte. L’empire perse s’étendait sur l’Iran et la Mésopotamie. Ces deux grandes civilisations dominaient le monde méditerranéen et jouissaient d’une économie florissante. Les arts et l’artisanat connaissaient un grand essor. Les savants byzantins et perses avaient intégré la pensée grecque et les valeurs du christianisme. En Mésopotamie de grandes écoles furent créées pour enseigner les mathématiques, chimie, médecine, astronomie, ainsi que la littérature et la philosophie grecque. Alexandrie, en Egypte, avait la plus importante bibliothèque du bassin méditerranéen.

Ce qu’on appelle la civilisation musulmane ou arabe est essentiellement l’œuvre de savants perses, qu’ensuite les musulmans ont assimilée et transmise au monde latin. Elle s’est développée non pas dans la péninsule Arabique où l’islam est né, mais en Mésopotamie. Les savants chaldéens ont largement contribué à l’essor de la civilisation abbasside entre 750 et 1258, notamment dans la philosophie et des sciences. Après que la langue arabe fut imposée par les nouveaux occupants du pays, ils traduisirent en cette langue Platon, Aristote, Euclide etc..

Entre 633 et 646, les armées arabes conquièrent très rapidement, sous la bannière de l’islam, la Mésopotamie, la Syrie, la Liban, la Palestine et l’Egypte, victoires facilitées par la faiblesse des empires byzantins et perses suite à leurs guerres interminables pour le contrôle du Moyen-Orient. La division de la chrétienté orientale en Eglises hérétiques et antagonistes a ensuite favorisé l’expansion de l’islam.

Les conquêtes musulmanes aboutirent à un empire et un pouvoir musulman de plus en plus contraignant, imposant aux peuples chrétiens un statut oppressif et discriminatoire appelé statut des dhimmi et appliqué aussi aux juifs. Les dhimmi étaient soumis aux impôts particuliers, le mariage avec une musulmane était interdit sauf si le chrétien se convertissait. Devant la justice un chrétien ne pouvait pas témoigner contre un musulman. Les dhimmi devaient porter un signe distinctif sur le vêtement. La plupart des chrétiens se sentirent ainsi contraint à se convertir.

Dans un premier temps, après l’invasion musulmane, les courants de civilisation existants avant la conquête assurent une période de progrès, mais la théocratie islamique finit par freiner le développement et la pensée rationnelle, de sorte que, à partir du IX° siècle et jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale, le Moyen Orient entra dans une période de décadence générale dans tous les domaines.

Aujourd’hui encore, l’islam, devenu la religion de la grande majorité de la population, garde ses traits essentiels, conditionne en profondeur les sociétés du Moyen Orient et imprime sa marque dans tous les domaines. Les relations entre les chrétiens et les musulmans dans la plupart de ces pays sont instables et souvent conflictuelles, en particulier là où il y a des mouvements islamistes intégristes. On estime qu’environ 18 millions de chrétiens vivent encore au Moyen Orient, dont la moitié en Egypte et l’autre moitié principalement au Liban, en Syrie, en Irak et en Jordanie. Dans la péninsule Arabique il n’y a plus de chrétiens. Il est probable qu’à long terme la chrétienté disparaisse complètement du Moyen Orient.

L’histoire des chrétiens d’Orient montre comment une religion, majoritaire dans une région aussi vaste que le Proche et Moyen Orient, peut disparaître, remplacée par une autre religion avec des valeurs radicalement opposées. En prêchant un esprit de tolérance et de liberté, le christianisme s’est laissé supplanter par une doctrine plus dogmatique et restrictive. Force est de constater que, dans l’histoire de l’humanité, les groupes agressifs et expansionnistes l’ont toujours emporté sur les groupes pacifistes. A cet égard, l’histoire du Moyen Orient depuis la conquête musulmane le prouve bien. La tolérance et le respect d’autrui ne peuvent pas exister s’ils ne sont pas mutuels. L’islam est opposé au principe de l’égalité. Il ne l’admet ni entre les hommes et les femmes, ni entre les musulmans et les non-musulmans. De même il n’admet pas la liberté de pensée et de croyance. C’est pourquoi l’islam est difficilement compatible avec la démocratie.

 

Sources : http://alain.chouet.free.fr/documents/chretiens.htm

Chrétiens d'Orient : et s'ils disparaissaient ?

Collectif coordonné par Leïla et Bernard GODARD sous la direction d'Antoine SFEIR Bayard Avril 2009

Le rêve brisé des Asssyro-Chaldéens – l’introuvable autonomie.

de Claire Weibel Yacoub Ed. du Cerf



10 réactions


  • le journal de personne le journal de personne 24 décembre 2011 13:48

    Les 4 printemps

    Vous voulez vraiment m’interroger sur le printemps arabe, savoir s’il s’agit d’une énorme machination ou d’une révolution selon la norme si je puis dire ?
    C’est difficile... parce que je ne voudrai pas rajouter de la bêtise à la bêtise. Certains auteurs s’accordent à dire qu’il s’agit d’une conspiration, d’une révolution programmée pour ne pas dire annoncée, et à vrai dire je ne suis pas loin de leur emboiter le pas mais je dis attention tout de même ! La paranoïa n’est pas bien loin !
    Et je préfère pour ma part, parler d’opportunisme plutôt que de conspiration, de récupération plutôt que de complot, de calculs plutôt que de scénario... parce qu’il y a pas plus complexe que les choses simples. Le printemps arabe comporte les 4 saisons !

    http://www.lejournaldepersonne.com/2011/12/les-4-printemps/


  • gaijin gaijin 24 décembre 2011 13:52

    « En prêchant un esprit de tolérance et de liberté ......... »
    ça a du échapper aux victimes de l’inquisition et aux civilisations détruites au nom du salut des âmes


  • flesh flesh 24 décembre 2011 15:42
    Les chrétiens de l’époque feraient passer les talibans pour des aimables progressistes... La mise à sac des bibliothèques du monde antique par les nouveaux prêtres chrétiens ivres de leur nouvelle puissance nous ont fait perdre au moins mille ans de connaissance et de progrès. Que cette superstition retourne au diable, tout comme l’islam.

  • xray 24 décembre 2011 15:59


    Il sera toujours plus facile de croire que de penser.
     

    Sur un sujet précis, la pensée nécessite les moyens de la réflexion du sujet.  Inversement, croire évite de réfléchir sur tout sujet. (Y a qu’à répéter.) 

    DEPUIS 5 000 ANS ! QUOI DE NEUF ? 
    http://echo-agnostiques.over-blog.com/article-depuis-5-000-ans-quoi-de-neuf-55838469.html 



    • popov 27 décembre 2011 15:21
      @ xray
      « Il sera toujours plus facile de croire que de penser.  »

      Comme disait Jaques Brel :

      Faut vous dire monsieur, que chez ces gens là,
      on ne pense pas monsieur,
      on ne pense pas,
      on prie

  • Richard Schneider Richard Schneider 24 décembre 2011 18:01

    à l’auteur :

    Article riche d’informations. 
    Il pourrait servir à d’utiles réflexions sur la fin d’une civilisation, (Byzance) et la montée d’une nouvelle civilisation (arabo-musulmane).Il me semble que vous ayez raison de mettre en lumière les apports de la Perse dans cette nouvelle civilisation.
    Plus que jamais la formule de Valéry se vérifie dans ce cas précis : « Toute civilisation est mortelle ».

  • Richard Schneider Richard Schneider 24 décembre 2011 18:01

    à l’auteur :

    Article riche d’informations. 
    Il pourrait servir à d’utiles réflexions sur la fin d’une civilisation, (Byzance) et la montée d’une nouvelle civilisation (arabo-musulmane).Il me semble que vous ayez raison de mettre en lumière les apports de la Perse dans cette nouvelle civilisation.
    Plus que jamais la formule de Valéry se vérifie dans ce cas précis : « Toute civilisation est mortelle ».

    • Kookaburra Kookaburra 24 décembre 2011 19:12

      Oui, on peut aller plus loin :

      La prétendue dette de l’Occident au monde arabe.

      Nous vivons, en Europe, en ce qui concerne l’Islam et les peuples musulmans, sur une vieille erreur qui, depuis les temps les plus lointains, a faussé le jugement des historiens et qui a souvent inspiré aux hommes d’Etat des attitudes et des décisions nullement conformes aux réalités.

      Cette erreur consiste à reconnaître aux Arabes une influence civilisatrice qu’ils n’ont jamais exercée. Les écrivains du Moyen-Age qui, par une absence de documentation précise, désignaient sous le nom d’Arabes tous les peuples de religion musulmane et qui voyaient l’Orient à travers le fabuleux mirage des légendes dont l’ignorance entourait alors les contrées lointaines, ont travaillé inconsciemment à répandre cette erreur.

      Ils y furent aidés par les Croisés, gens rudes et grossiers pour la plupart, plus soldats que lettrés, qui avaient été éblouis par le faste superficiel des cours orientales et qui rapportèrent de leur séjour en Palestine, en Syrie ou en Egypte des jugements dénués de tout esprit critique. D’autres circonstances contribuèrent également à créer cette légende de la civilisation arabe.

      L’établissement du gouvernement des Califes dans le Nord de l’Afrique, en Sicile, puis en Espagne, provoqua des relations entre l’occident et les pays d’Orient. A la faveur de ces relations, des ouvrages de philosophie et de science rédigé en langue arabe ou traduits de l’arabe en latin parvinrent en Europe et les lettrés du Moyen-Age, dont le bagage scientifique était fort léger, admirent ingénument ces écrits qui leur révélaient des connaissances et des méthodes de raisonnement, nouvelles pour eux.

      Ils s’enthousiasmèrent pour cette littérature et ils en conclurent de très bonne foi que les Arabes avaient atteint un haut degré de culture scientifique. Or, ces écrits étaient, non pas des productions originales du génie arabe, mais des traductions d’ouvrages grecs des Ecoles d’Alexandrie et de Damas, rédigées d’abord en syriaque, puis en arabe, à la demande des Califes Abbassides, par des scribes syriens devenus musulmans.

      Ces traductions n’étaient même pas des reproductions fidèles des ouvrages originaux, mais plutôt des compilations d’extraits et de gloses, tirés des commentateurs d’Aristote, de Galien et d’Hippocrate, appartenant aux Ecoles d’Alexandrie et de Damas, notamment d’Ammonius Saccas, de Plotin, de Porphyre, de Jamblique, de Longin, de Proclus, etc.

      Et ces extraits déjà déformés par deux traductions successives, du grec en syriaque et du syriaque en arabe, étaient encore défigurés et tronqués par l’esprit d’intolérance des scribes musulmans. La pensées des auteurs grecs était noyée dans les formules religieuses imposées par le dogme islamique ; le nom des auteurs traduits n’était pas mentionné, de telles sortes que les lettrés européens ne purent soupçonner qu’il y avait traduction, imitation ou adaptation et qu’ils attribuèrent aux Arabes ce qui appartenait aux Grecs.

      La plupart de clercs du Moyen-Age ne connurent même pas ces travaux, mais seulement les adaptations qui en furent faites par Abulcasis, Avicenne, Maimonide et Averrhoës. Ceux-ci puisèrent notamment dans les Pandectes de Médecine, d’Aaron, prêtre chrétien d’Alexandrie, qui avait lui-même compilé et traduit en syriaque des fragments de Galien. Les ouvrages d’Averrhoës, Avicenne, et Maimonide furent traduits en latin et c’est par cette dernière version que les lettrés du Moyen-Age connurent la science arabe.

      Il convient de rappeler qu’à cette époque la plupart des ouvrages de l’Antiquité étaient ignorés en Europe. Les Arabes passèrent donc pour des inventeurs et des initiateurs, alors qu’ils n’étaient que des copistes. Ce n’est que plus tard, à l’époque de la Renaissance, lorsque les manuscrits des auteurs originaux furent découverts, qu’ont s’aperçut de l’erreur, mais la légende de la civilisation arabe était implantée dans les esprits ; elle y est demeurée et les plus graves historiens en parlent encore aujourd’hui comme d’un fait indiscutable.

      Montesquieu en a fait la remarque : « Il y des choses que tout le monde dit, parce qu’elles ont été dites une fois. »


  • volpa volpa 24 décembre 2011 19:55

    Ces érudits vont bientôt bruler les voitures pour fêter le nouvel an.


  • popov 26 décembre 2011 18:16
    @ volpa

    On ne peut pas mieux résumer la situation en si peu de mots.

    Quand une caricature représente mahomet avec une grenade dans le turban, pour nous rappeler que ce trou du q était un assassin, violeur et tortionnaire, les mahométans essayent de nous prouver le contraire en brûlant des voitures, en incendiant des églises et en poignardant des innocents.

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