vendredi 6 septembre 2013 - par gruni

L’omelette psychédélique ne serait pas néfaste pour la santé

Une fourgonnette de la gendarmerie planquée derrière des buissons à proximité d'un pré dans les Vosges, ce n'est pas si fréquent. Les gendarmes feraient-ils une pause ? Mais non pas du tout, nos braves fonctionnaires veillent et préparent avec minutie une délicate intervention. Au petit matin brumeux de dangereux trafiquants ont été repérés par nos militaires mycologues. Les truands avancent doucement et aléatoirement dans la prairie encore humide, un couteau dans une main et un panier d'osier dans l'autre. On dirait d'innocents cueilleurs de champignons et pourtant ces visiteurs champêtres ne recherchent pas le délicat rosé des prés mais un redoutable champignon hallucinogène, une drogue interdite par la loi.

Cette petite histoire dans le chapeau de l'article n'est en fait qu'une fiction écrite je vous l'assure sans l'aide d'aucune substance hallucinogène. Pourtant cette parodie n'est sans doute pas très loin de la réalité car en automne des connaisseurs n'hésitent pas à braver les interdits pour se procurer certains spécimens de champignons aux effets psychédéliques proches du LSD. Si certaines espèces comme le psilocybe lancéole (psilocybus semilancéata) plus familièrement nommé bonnet de lutin qui est représenté sur la photo qui illustre l'article, pousse dans les prairies, d'autres comme l'amanite tue-mouches poussent dans les bois.

Sur un article publié par 20 Minutes vous pourrez trouver un lien vers une étude sortie le 22 août dans la revue scientifique Plos One qui tend à démontrer que sur le long terme, l'usage de drogues psychédéliques n'est pas néfaste pour la santé psychologique ni physique des consommateurs, mais qu'au contraire elle pourrait soulager et diminuer les problèmes mentaux.

Or comme une hirondelle ne fait pas le printemps, une recherche scientifique même très sérieuse n'est pas forcément la vérité absolue. Dans le cas présent, un esprit tortueux à l'image du stipe du psilocybe pourrait même prétendre que ce genre de parution est une incitation à la drogue. De plus, vous aurez sans aucun doute remarqué que la science se trompe souvent et que l'affirmation d'un jour est souvent blâmée plus tard, quelquefois d'ailleurs par les mêmes savants chercheurs. 

J'ai justement retrouvé dans mes archives un article du Républicain Lorrain qui date au moins de quinze ans. Le papier un peu froissé et jaunit par le temps ressemblerait presque à un vieux parchemin oublié dans un très ancien grimoire d'un sorcier inquiétant et coiffé d'un chapeau pointu comme celui du psilocybe lancéole. 

L'article du journal était d'ailleurs assez surprenant, car il donnait une description du champignon magique qui n'était pas tout à fait exact par rapport à la taille réelle du sujet, d'où un léger doute sur la compétence mycologique du journaliste. Par contre l'auteur donnait des détails précis sur la zone de recherche d'un carpophore dont la cueillette, le transport et bien sûr la vente sous le manteau sont interdites par la loi. Certes les bonnes places sont un secret de polichinelle, mais les précisions données par le journal le plus lu en Lorraine avait peut-être suscité à l'époque des vocations mycologiques.

Pour l'anecdote, en 1992 une saisie a concerné 2 300 spécimens qui prenait la direction du sud pour être vendus 10 francs pièce.

On peut lire également qu'un homme pris de démence après avoir dégusté une omelette particulièrement psychédélique avait détruit six voitures dans le centre de Besançon à coups de manches de pioches.

Depuis l'opinion de la science sur ces végétaux particuliers a connu une évolution et l'étude citée plus haut prétend maintenant que les effets : "Psychédéliques peuvent souvent causer une période de confusion et de trouble émotionnel pendant les effets immédiats de la drogue" mais que les effets indésirables ne provoquent pas de comportements dangereux ou violents

Ce qui est en contradiction avec les observations pas si lointaines du centre antipoison de Nancy qui avait remarqué chez les patients consommateurs d'hallucinogènes un "Etat délirant aigu, hallucination visuelles effrayantes, agitation anxieuse, conduite agressive, ect... Et figurez-vous que des araignées à qui des chercheurs américains ont inoculé des molécules de champignons hallucinogènes, il fallait y penser, ont perdu la faculté de tisser leurs toiles, pauvres bêtes ! N'oublions pas également que pour votre bien un docteur peut devenir un sacré menteur et volontairement exagérer les effets indésirables d'un produit pour vous dissuader d'en user.

De plus, le comportement d'un individu qui a consommé un toxique hallucinogène est différent selon la quantité de psilocybine et mescaline absorbée. Il faut également tenir compte de consommation simultanée avec d'autres produits comme de l'alcool par exemple. Toujours est-il que l'usage de substances psychédéliques ne produit pas d'accoutumance comme la prise de cocaïne ou simplement de tabac, et que ce phénomène est connu depuis longtemps.

D'ailleurs la consommation de drogues existe depuis que l'homme et les végétaux partagent la même planète. Dans le passé déjà, des sorciers et des gourous de sectes religieuses utilisaient des champignons hallucinogènes pour entrer en transe et avoir des visions. Ces personnages redoutés pour leurs pouvoirs surnaturels prétendaient lire l'avenir et trouver dans leurs délires parfois spirituels des remèdes pour guérir leurs fidèles adeptes.

En conclusion, si l'omelette psychédélique n'est probablement pas néfaste pour la santé, n'en abusez pas, car vous pourriez après un bon repas apercevoir un homme marcher sur l'eau.



16 réactions


  • Jeff Parrot Jeff Parrot 6 septembre 2013 10:52

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    Par l’ingestion de mescaline, Aldous Huxley rejoint à son tour le paradis artificiel de Nerval et Baudelaire. Mais l’originalité de cette expérience tient à la volonté scientifique qui l’anime : en 1954, c’est sous contrôle médical que le romancier absorbe la drogue dans le but d’ouvrir, selon l’expression de William Blake, " les portes de la perception « et de » connaître, par l’intérieur, ce dont parlaient le visionnaire, le médium, et même le mystique, le miracle [...] de l’existence dans sa nudité, la réalité manifestée ". Outre ce récit initiatique, éponyme de l’ouvrage, sont rassemblés ici des essais qui témoignent d’une recherche spirituelle constante depuis La Philosophie éternelle (1945). A travers une culture syncrétique qui traite avec une même ferveur la pensée bouddhiste zen et le dogme catholique, se dessine le souci de mettre chacun sur la voie de l’illumination par la contemplation et le recueillement. Cette orientation donne aux réflexions de Huxley, sur le temps, l’art, le progrès et surtout la violence et la paix une dimension intemporelle

    http://www.amazon.fr/Les-portes-perception-Aldous-Huxley/dp/2264034076

    2 -------
    Robert-Gordon Wasson - Le Champignon divin de l’immortalité, suivi de Qu’était le soma des Aryens ?
    Esprit frappeur | ISBN : 2844051030 | 2000-06 | PDF/DJVU | 61 pages | 1.2/0.7 MB

    Pour la plupart d’entre nous, l’amanite tue-mouches n’est qu’un gros champignon vénéneux rouge à points blancs qu’il vaut mieux éviter. L’auteur, mycologue de renommée mondiale, nous fait au contraire la démonstration de ses vertus hallucinogènes et du culte que lui rendent encore certains peuples sibériens. En deux petits textes brillants, il enfonce bon nombre d’idées reçues et nous invite à repenser l’histoire de l’humanité à la lumière de ses pratiques psychédéliques, des mystères d’Eleusis au fameux soma de l’Inde ancienne.



  • Bernard Pinon Bernard Pinon 6 septembre 2013 11:45

    « Mangez-moi, mangez-moi... » chantait Billy the Kick. Mais pas en omelette, les psylos perdent leurs effets à la cuisson.

    Quand aux effets secondaires, ils se situent surtout au niveau des intestins, surtout si il y a consommation d’alcool avec. Ecoutez les anciens et ne vous éloignez pas trop des toilettes...

  • brieli67 6 septembre 2013 12:43

    retour aux vieilles valeurs Gruni !


    Jaja et Gris !

    3e couplet souvent oublié

    Tu n’fumes pas ! Oh ben t’en a de la chance
    C’est que la vie , pour toi, c’est du velours
    Le tabac, c’est le baume de la souffrance
    Quand on fume, le fardeau est moins lourd.
    Y a l’alcool , me parle pas de cette bavarde
    Qui vous met la tête à l’envers
    La rouquine, qu’était une pocharde
    À donné son homme à Deibler.
    C’est ma morphine, c’est ma coco.
    Quoi ? C’est mon vice à moi l’perlot.


    Du gris que l’on prend dans ses doigts
    Et qu’on roule
    C’est fort, c’est âcre, comme du bois
    Ça vous saoule
    C’est bon et ça vous laisse un goût
    Presque louche
    De sang, d’amour et de dégoût
    Dans la bouche]


    Quant à l’approvisionnement :
    plus de litron même en Tetrapack à moins de 1 euro cinquante, il a pris ces 20 cents / an ces dernières année 
    plus de buralistes pour le tabac : on va en Belgique, Luxembourg, Allemagne, Espagne,moins de taxes. 
    20 % de contrebande (alcool fort et tabac) estimée au Bade-Wurtemberg
    et chez vous en Lorraine ?


    • gruni gruni 6 septembre 2013 14:17

      Très difficile d’évaluer le trafic ici en Lorraine, mais la station où je vais m’approvisionner fait de très bonne affaires.

      Merci pour les paroles de cette très belle chanson.

  • soi même 6 septembre 2013 13:18

    Merci pour c’est article qui peut être prit pour un trait humour aux vues de l’actualité dévastatrice pour l’humanité en général !


  • lulupipistrelle 6 septembre 2013 15:18

    Bof, maintenant les jeunes gens de bonne famille , organisés, cultivent le psylo sous leur armoire... 


  • brieli67 6 septembre 2013 15:35

    on ne voit pas le régional vôôôôôôôôôôôôôôôôôôôôgiens de l’étape


    je parle de Marcel ZENini
    nous parler 
    et défendre son médecin de Remiremont - département 88 Vosges Région Lorraine


    « Perils of mushroom hunting in Germany », John Vinocur, 7 octobre 1981, The New York Times.
    voilà autre chose : Vosges & Lorraine chez les Boches.

  • reprendrelamain reprendrelamain 6 septembre 2013 16:51

    Les gens qui mangent et fument ce qui pousse naturellement sont poursuivis par la police et les gens qui ont des actions Monsanto dans leurs portefeuilles boursiers sont protégés par la même police…


  • reprendrelamain reprendrelamain 6 septembre 2013 19:06

    @frugeky
    pourquoi devrais-je courir vite ?


  • Le printemps arrive Le printemps arrive 6 septembre 2013 21:09

    Avec le peu de girolles qui sont sorties pour l’instant, va falloir se recycler !


  • chmoll chmoll 7 septembre 2013 08:45

    l’om’lette fini dans l’calbute sans prév’nir

    d’où le qualif de chiasse psychédélique


  • Pillippe Stephan Uraniumk 7 septembre 2013 09:42

    Article franchement superficiel
    pour ceux qui s’intéresse au sujet
    je conseille la lecture de Stanislav Grof vous verrez que cette affaire un bien plus
    sérieuse que l’aspect récréatif souligné dans l’article et n’est pas anodin,loin de là.

    @L’auteur

    vous manquez de responsabilité,

    PS.et pour votre information
    l’amanite tue mouche contient aussi comme principe actif la muscarine

    La muscarine conduit, par son action sur le système nerveux périphérique parasympathique, à des convulsions puis, dans les cas les plus sévères,à la mort.
    La dose mortelle calculée correspond à la consommation d’environ 15 chapeaux.


  • Rincevent Rincevent 7 septembre 2013 20:46

    @ l’auteur.

    Je ne sais pas si les médecins mentent mais moi j’ai pu voir les résultats d’ingestion de ce genre de substances. Outre ce que vous décrivez (confusion, crises clastiques,etc.) et qui passe chez la plupart des gens, il peut y avoir d’autres dégâts et irréversibles ceux-là.

    Je veux parler de bouffées délirantes chez des personnes qui ne présentaient pas, avant, de troubles psychiatriques. Ensuite beaucoup ont glissé dans une psychose installée et n’en sont pas sortis. On pourra dire qu’ils étaient déjà peut-être un peu « justes » dans leur équilibre mental mais s’ils n’avaient pas croisé ce genre de molécules ça ne leur serait pas arrivé.

    Personnellement, je préfère m’en tenir aux girolles (jaunottes pour les lorrains).


    • gruni gruni 7 septembre 2013 21:49

      Bonjour


      Comme je l’écris dans l’article, il ne faut pas prendre les études scientifiques pour argent comptant. Nous n’avons pas tous la même sensibilité ni la même santé, cela dépend aussi de la dose ingurgitée et d’autres facteurs comme l’alcool par exemple. 
      Vous avez raison, rien de meilleur qu’une omelette aux girolles, mais n’oublions pas les ceps ou la morille. 
      On dit aussi girolle en Lorraine, mais ça dépend où. On fête la jaunotte tous les ans à Jaulny.

  • Rincevent Rincevent 7 septembre 2013 22:00

    Côté champignons j’ai le double privilège de vivre dans le Sud-Ouest, c’est pas les cèpes qui manquent (les ceps non plus !) et d’être né en Lorraine pour les girolles (ici on les foule au pieds, pas bon !).


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