samedi 18 août 2012 - par Jacques-Michel Lacroix

Les friches sanitaires

Cherche médecin désespérément

Cet été la caisse primaire d’assurance maladie de la Dordogne effectue la tournée des marchés des villes touristiques du département, pour y rencontrer les professionnels de santé en vacances, et les inciter à venir s’installer en Périgord. Cette information parue dans le journal Sud-Ouest du 09 août illustre bien l’inquiétude des instances sanitaires confrontées à la prochaine pénurie de médecins dans beaucoup de nos campagnes.

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Au marché, Nelly Perraud-Dausse aborde les touristes susceptibles de connaître des professionnels de santé prêts à s’installer en Dordogne. (photo Frédéric Thierry)
http://www.sudouest.fr/2012/08/09/recherche-medecins-desesperement-790191-1970.php

 Le terme de friche médicale paraît plus adapté à la situation que celui de désert médical. Le terme de désert invite à penser à une étendue morte, vide et sans âme qui vive. La réalité est tout autre, dans une zone normalement peuplée, on déplore depuis peu l’absence de médecins, liée au non remplacement de ceux qui partent à la retraite, laissant ainsi le terrain en friche.

A la diminution globale de leur nombre, s’ajoute une baisse de la motivation chez les jeunes diplômés pour exercer la médecine générale, et on assiste maintenant à l'apparition sur la carte de zones où la présence médicale disparaît sans que pour autant change l’environnement.

Le nombre de jeunes médecins arrivant sur le marché est, depuis 2009, très inférieur à celui de ceux partant à la retraite.

 Au problème de la répartition territoriale s’ajoute celui de la pénurie.

Ce phénomène a commencé à être sensible dans les hôpitaux il y a quelques années, et se manifeste maintenant dans certaines zones rurales et même urbaines.

Sachant qu'il faut environ 10 ans pour former un médecin et que les départs à la retraite sont faciles à anticiper, il n’était pas difficile de prévoir la situation actuelle. Mais comme d'habitude, on ne fait mine de découvrir le problème que lorsque les effets s'en font sentir, alors que les causes sont connues depuis des années. Est-ce de l’incompétence ou une volonté délibérée qui nous ont conduit dans cette situation ? Je ne suis pas qualifié pour répondre, mais si l’on se réfère à la brillantissime gestion de l’épidémie de gripette H1N1 il y a 3 ans, on peut se poser des questions.

Une récente étude menée par le conseil national de l'Ordre des médecins montre que la médecine générale est une des dernières spécialités choisie par les jeunes médecins, qui préfèrent exercer dans des spécialités plus rémunératrices, telles que la radiologie ou la chirurgie esthétique, ajoutant à cela qu’ils préfèrent un exercice salarié à un exercice libéral, et qu’enfin parmi ceux qui choisissent le statut libéral, la plupart d'entre eux préfèrent le statut de remplaçant à celui de médecin installé. Pas étonnant alors que certaines zones géographiques deviennent de véritables friches médicales. Non seulement on manque globalement de médecins, mais la plupart d'entre eux ne désirent pas être médecin généraliste, et en tout cas pas dans les conditions difficiles d'un exercice isolé.

 À cela plusieurs raisons : La société a changé, les malades sont devenus plus exigeants, les contraintes économiques sont incontournables, et les critères de vie de nos jeunes diplômés ne sont pas ceux de leurs pères. La féminisation de la profession (60 % des étudiants en médecine sont des femmes) a largement contribué à modifier l'exercice médical. La vie familiale n’est plus négligée chez les jeunes confrères comme elle l’était (voire totalement mise de côté) par les médecins plus âgés.

 Alors que la plupart de nos concitoyens bénéficient des 35 heures et des RTT, il est bien compréhensible que les jeunes médecins souhaitent eux aussi avoir des loisirs, une vie de famille normale et des périodes de vacances été comme hiver. Le sacerdoce, cher aux générations précédentes, a souvent disparu de leur motivation, au profit de pratiques plus techniques pour la prise en charge de la pathologie et du malade.

Rien de très étonnant, par facilité on a choisi de sélectionner nos jeunes confrères sur des critères scientifiques, certes faciles à interpréter et donc à noter, plutôt que sur des critères qui permettraient d'évaluer l'aptitude à soigner ses semblables. Plutôt que ce stupide concours de première année des études médicales, qui n’augure en rien des aptitudes du candidat à assumer sa tâche de soignant, il serait plus logique d’obliger les futurs carabins à effectuer un stage infirmier d’une année, à l’issue de laquelle seuls les plus compétents et les plus motivés seraient retenus.

Pour pallier à ce manque de médecins dans certaines régions, des élus locaux ou des groupements professionnels, ont envisagé de créer des maisons médicales, le plus souvent subventionnées, pour stimuler l'installation dans ces zones déshéritées. L'idée est séduisante mais il semble qu'elle fasse long feu. Pour toutes les raisons énoncées plus haut, (le peu de motivation pour ce type d’exercice, le désir de ne pas s'enfermer « à vie » dans une pratique que l'on peut être susceptible de vouloir faire évoluer, les contraintes de ce type d’exercice), le simple fait de diminuer les charges de fonctionnement d'un cabinet ou l’attribution d’une prime, pour inciter un médecin à venir s'installer, n'ont pas suffi à résoudre ce problème.

Alors que faire ? En mai 2012 le conseil national de l’Ordre des médecins a émis une proposition qui envisage d’obliger les jeunes médecins à s’installer en priorité dans les zones déshéritées, et n’autoriser l'installation que si elle correspond à une nécessité géographique, (c'est ce qui se pratique déjà pour l'installation des pharmaciens).

C'est une piste à suivre, autoritaire certes, mais peut-être nécessaire.

Cependant, plutôt que d'envisager des mesures de replâtrage ou un dispositif autoritaire, ne vaudrait-il pas mieux établir un état des lieux, et accepter l'idée que dans certaines zones, l'exercice libéral de la médecine n’est plus adapté aux besoins du terrain.

Si l'on accepte ce postulat, on peut envisager la création de centres de santé, dont le financement serait assuré par la collectivité (territoriale ou l’état), afin que les populations locales puissent avoir recours à des prestations de soins identiques à celles dont elles pourraient bénéficier dans d'autres endroits du territoire, où la médecine libérale assure ce service de santé publique.

Il serait plus facile de recruter des jeunes médecins en leur proposant un contrat de deux ou trois ans renouvelable, et en leur assurant un salaire attractif, (ce qui correspondrait à leurs attentes : salariat et crainte de s’engager à vie), plutôt que de tenter de les appâter par des primes à l’installation ou de les contraindre par des mesures autoritaires. On peut envisager également que ces centres médicaux isolés soient équipés d’un matériel de base permettant de pratiquer les premiers soins d’urgence, et d'un matériel de radiologie simple qui grâce aux progrès de la télémédecine, permettrait de transmettre les images radiologiques à interpréter, ainsi que les électrocardiogrammes, à des correspondants spécialisés. On pourrait aussi doter ces centres d'appareils de biologie, simples à utiliser, comme ceux que possèdent les vétérinaires, afin de permettre si nécessaire d'établir un diagnostic urgent.

Cela ne résoudra cependant pas le problème de la permanence des soins, particulièrement la nuit, car il est évident que l’on ne peut pas demander au médecin, après une journée de travail, d’être encore disponible pour se déplacer en pleine nuit auprès d'un malade forcément loin situé. Mais ce problème ne se pose pas uniquement dans les zones sous médicalisées. La difficulté pour joindre un médecin la nuit existe même dans les zones à forte densité médicale, où les responsables de la permanence des soins ont du mal à remplir un planning d’astreinte fiable.

 Il est probable qu'il faudra à terme, que ce soient des médecins urgentistes du secteur public ou libéraux, qui prennent le relais des médecins installés, pour assurer, en dehors des heures d'ouverture habituelles des cabinets, une permanence de soins efficace.

Les solutions existent, elles sont immédiatement réalisables. Ce n’est qu’une question de moyens et de volonté politique.

 

 Dr. J-M Lacroix 



20 réactions


  • Txotxock Txotxock 18 août 2012 12:20

    Mais non, la main invisible du marché va tout régler, comme d’habitude. Non ?...


  • brieli67 18 août 2012 16:25

    ce qui peut changer très très vite :

    La distribution par le biais du net des produits para et pharmaceutiques. En Allemagne, presque plus de pharmacies à 200 km de la frontière avec la Hollande. Ces prestataires ne livrent / ne vendent pas que des médocs.

    En Suisse, on ne jure que par les médecins - propharmaciens. L’auteur se fera violence de nous l’expliquer. 

    Autoriser les sage-femmes et les infirmières de renouveller les ordonnances établies par l ’ « hopital » ou le « spécialiste ».

    Il ’est anti-diluvien notre officier de la Santé français avec son stétho, son marteau à réflexe, son stylo et son paquets d’imprimès


  • Plus robert que Redford 18 août 2012 17:21

    J’ai lu avec intérêt ce billet et n’ai pas manqué de sursauter au mot qui me concerne au premier chef : celui de « vétérinaire »

    Nos « amis » médecins, et le public en général, ne manquent pas souvent l’occasion de comparer nos deux professions...

    Pourtant, si les fondements de la médecine humaine et ceux de la médecine (et chirurgie) vétérinaire sont comparables, l’exercice au quotidien des deux métiers est affecté de profondes différences !

    L’Administration en premier, nous considère comme une profession de SEVICES, assujettie à la TVA (chers clients, lorsque vous comparez les montants de nos honoraires, n’oubliez pas de rajouter 19,6% pour mesurer l’équivalence avec les honoraires d’un médecin !)

    Les mêmes services de l’état, au terme d’une règlementation plutôt contraignante, nous imposent d’assurer la « Continuité des soins », celle là même dont les médecins se sont vus libérer sous E. Balladur ! la permanence ayant été bottée en touche aux services d’urgence hospitaliers,lesquels se trouvent souvent encombrés de demandes ressortissant plus de la bobologie que de la compétence d’un SAMU ! « Cela ne résoudra cependant pas le problème de la permanence des soins, particulièrement la nuit, car il est évident que l’on ne peut pas demander au médecin, après une journée de travail, d’être encore disponible pour se déplacer en pleine nuit auprès d’un malade forcément loin situé » !!!! Ah bon ?! Ben, en ce qui me concerne, ça fait 34 ans que je travaille ainsi, et à bientôt 60 balais, je n’envisage pas encore( dans l’immédiat) de procéder autrement, parceque je n’en ai tout simplement pas la possibilité !!!

    C’est ainsi que la facétieuse Françoise Tenenbaum a suscité l’ire des médecins (de même que les railleries condescendantes des chirurgiens à notre encontre) en suggérant que les vétérinaires ruraux (les gros bouseux dans mon genre) remplacent au petit pied les médecins absents des campagnes, afin de prodiguer par défaut une sous-médecine à de pauvres ploucs qui devraient d’ailleurs s’en estimer bienheureux !!!

    La seule réplique valable que j’eusse aimé entendre de la bouche de tous ces beaux messieurs, c’est bien que, si Mme Tenenbaum s’était permis cette sortie (plutôt incongrue à mon goût), c’est bien parceque, les vétérinaires campagnards, eux, ILS ASSURENT LEURS GARDES !!!

    Venez donc dans nos cabinets, même ruraux !

    Vous y trouverez la plupart du temps :

    -Un personnel accueillant et compréhensif

    -Des locaux de moins en moins rustiques et de plus en plus fonctionnels

    -Des professionnels disponibles et à l’écoute du « client » 24 h sur 24 et 7 j sur 7 !!!

    -Des équipements de plus en plus High-Tech et des gens formés pour en tirer parti : en vrac, Radiographie numérique, échographes, analyseurs biochimiques ou d’hématologie, et quelques autres babioles bien pratiques encore que pas forcément indispensables...

    Le tout sans une once de subvention de l’état ni des collectivités locales !

    Même notre ex-président du conseil général promu depuis ministre censé redresser la productivité, avait admis il y a quelques années qu’un éleveur était mieux servi pour son bétail qu’un patient malade pour lui-même !!!

    Bien avant que je reprenne une place au sein d’une association de quatre vétérinaires solidement installés (à l’orée des années 80) nos Anciens avaient intégré la nécessité de travailler à plusieurs au sein d’une même clientèle, pour toutes les raisons liées au fonctionnement et évoquées dans l’article.

    Alors, les médecins réfractaires à l’exercice en groupe ?? Erreur de gestion, isolationnisme forcené ou hypertrophie de l’égo ???

    Plus que ces particularités des toubibs, c’est maintenant l’état d’esprit des jeunes générations qui va poser problème !

    Si je raille un peu ces comportements, c’est bien sur avec inquiétude car ce qui arrive aux médecins aujourd’hui nous est promis pour demain.

    Concours d’entrée aux Ecoles Nationales Vétérinaires 2012 : 80% de filles admises !!!

     

    Au secours !!!


    • Spip Spip 19 août 2012 17:46

      @ Plus robert que Redford

      « une profession de SEVICES... ». Faute de frappe ou acte manqué ?


  • reprendrelamain reprendrelamain 18 août 2012 20:37

    Alors que faire ?

    Excellent article qui explique et pose bien le problème mais il y a quand même un aspect dont vous oubliez de parler c’est que les années d’études de ces étudiants sont financées par la collectivité et que ce serait à la collectivité et non pas à l’ordre des médecins à édicter les règles. Il serait quand même logique et normal que les étudiants rendent à l’état entre 3 et 5 ans de travail dans le public ou dans les zones prioritaires plutôt que de s’installer immédiatement en libéral et devenir de fait des faux salariés de la sécu sans les contraintes, non ?


    • Spip Spip 19 août 2012 17:51

      @ reprendrelamain.

      Les infirmières doivent 5 ans au service public avant de pouvoir s’installer en libérales. La différence ? Elles doivent avoir beaucoup moins de représentantes à l’Assemblée Nationale que les médecins...


    • reprendrelamain reprendrelamain 20 août 2012 00:27

      @spip

      bon exemple de ce qui devrait se faire et pourquoi çà ne se fait pas, merci a+


    • Hippo 20 août 2012 03:04

      @ spip

      « Les infirmières doivent 5 ans au service public avant de pouvoir s’installer en libérales. La différence ? Elles doivent avoir beaucoup moins de représentantes à l’Assemblée Nationale que les médecins... »


      C’est faux. Elles doivent avoir 3 ans d’expériences acquises « dans un établissement de soins ou une structure de soins généralisés, installée dans l’un des Etats membres de la Communauté européenne ou en Suisse. » (source : http://www.infirmiers.com/votre-carriere/ide-liberale/conditions-dinstallation-en-exercice-liberal-sous-convention.html)

      Il n’est pas précisé que l’établissement doit être public, ou même situé en France.


    • Spip Spip 20 août 2012 13:15

      @ Hippo.

      Au temps pour moi. Je n’étais plus à jour. Merci de l’info.


  • lebreton 18 août 2012 21:43

    les medecins pour les bobos oui pour la bobologie ils soignent en voyant sur leurs ecrans d’ordi le traitement associe a leur patients point et si tout va bien repasser me voir c’est quoi ça tout sauf de la medecine digne de ce nom ,sans compter le nombre de ceux qui sont arrosés par les labos ,la culture là est saine non ? Heureusement pour nous ce n’est pas une généralité ,mais les dérives sont nombreuses , c’est vrai que la politique pour certain c’est encore plus lucratif ,pour des gens comme About député dans l’Hérault qui n’a pas pu soigner ses patients mais qui a voulu soigner ses électeurs mal sans doute une fois de plus ,il s’est planté ! Allons donc demander au gens qui ont besoin de soins ,leur avis ! Avec les revenus qu’ils ont les toubibs sont malheureux ,non là c’est ce foutre de g............... du monde et de ceux qui travaillent et qui cotisent a la secu et qui les engraissent 


  • cassios 19 août 2012 11:37
    Etant moi même marié à une femme médecin de la nouvelle génération et notamment une gynécologue (on en manque cruellement), je me permets de vous donner une avis un peu plus nuancé et vu de l’intérieur.

    Il faut savoir que les études de médecine comportent dès la 3ème année beaucoup d’apprentissage sur le terrain et aussi beaucoup de main d’oeuvre gratuite. Ma femme était quasiment à plein temps à l’hopital très vite pour 1000 francs (non ce n’est pas des euros) par mois.
    DOnc la plupart des étudiants en médecine considèrent déjà qu’ils travaillent plusieurs années pour l’état (et ce n’est pas faux, je peux vous l’assurer, enlevez les étudiants en médecine des hopitaux et vous allez sentir la différence).

    Ensuite, le problème d’installation des médecins en zone rurale vient souvent d’un point méconnu, à savoir le conjoint/conjointe. En effet, le conjoint/conjointe du médecin a souvent un haut niveau d’étude. Et souvent, si le médecin a du travail en campagne sans problème, ce n’est pas le cas du conjoint/conjointe s’il n’est pas du métier !!!

    Dans notre cas, ma femme voulait bien s’installer dans une petite ville de campagne mais cela signifiait pour moi abandonner mon travail et partir dans l’inconnu. J’ai accepté de réduire mon salaire (passer de 2000 euros par mois à 1300 euros) et que la mairie ou l’hopital me trouve un poste de fonctionnaire territorial (j’aime la campagne).
    Et là rien du tout, les collectivités pouvaient trouver des postes de fonctionnaires territoriaux à des membres de familles influentes de la région (hé oui, mon entreprise travaille avec les collectivités et je sais qu’elles peuvent facilement pondre des postes quand elles le veulent). Mais rien pour qu’un conjoint de médecin ait un job.

    Donc en gros, aller à la campagne pour un médecin consiste à demander à son conjoint de devenir chomeur....
    On a fait toutes les villes de notre région car ma femme ne voulait pas devenir libérale mais au bout d’un an de jolis sourires et de belles paroles pour qu’elle vienne à la campagne, c’était toujours le chomage pour moi à l’arrivée.

    Donc finalement, elle est devenue libérale dans une grosse ville, elle ne voit plus ses enfants, j’ai gardé mon job et toutes les petites villes de la région ont perdu une gynéco (alors que pas mal de ceux qu’elles ont vont bientôt partir à la retraite...

    Une petite précision concernant une autre idée qui consistait à interdir la création de nouveaux cabinets dans les zones « sur dotées » en médecins (Seulement 6 mois d’attente en gros), il faut savoir que les seuls avantagés seraient les médecins qui vont partir à la retraite. En effet, face au manque de médecins, les jeunes médecins, au lieu de racheter à prix d’or le cabinet de celui qui part à la retraite, se contentent d’ouvrir un nouveau cabinet. Une loi pour interdire la création de nouveaux cabinets aurait pour seul effet de forcer les jeunes médecins à racheter à prix d’or les cabinets actuels. Mais vu qu’il y a moins de jeunes qui arrivent que de vieux qui partent à la retraite, les campagnes seraient encore les perdants de l’histoire ainsi que les jeunes médecins qui s’endetteront pour 20 ans (toujours pour que le conjoint ne finisse pas au chomage).

    Une autre idée consistait à limiter à 3 ans les remplacements que feraient les jeunes médecins. Il faut savoir qu’actuellement, une jeune médecin qui fait des remplacements n’a pas le droit de s’installer dans la zone où il a fait des remplacements pendant plusieurs années (normal, pour éviter le vol de patientèle). Là aussi cela ne règlerait pas le problème du grand nombre de médecins qui partent à la retraite et du faible nombre des jeunes qui arrivent.
    Néanmoins couplée à une loi pour bloquer les création de cabinets, il est clair que cela constituerait une jolie rente de situation pour les médecins partant à la retraite (ils sont très actifs politiquement...). Néanmoins toujours rien pour les campagnes, les jeunes médecins préfèreront passer à la caisse et rester en ville (du boulot pour le conjoint, pas besoin de se déplacer pour la patientèle, les universités et écoles pour les enfants, etc....)

    Donc en gros, pas beaucoup de solutions pour la campagne.
    Si on force les médecins à aller à la campagne dans un lieu désigné pendant 5 ans, on aura une baisse considérable du nombre de postulants pour la médecine (c’est une métier extrêmement dur pour la plupart d’entre eux). Donc on retrouve le problème en pire dans 10 ans.
    Si on interdit la création de cabinets dans les zones sur dotées, on aura soi des médecins qui s’endettent pour reprendre les cabinets, soi des médecins qui partent officier à l’étranger une fois leurs études finies.
    Et limiter les remplacements ne donnera rien non plus.

    En gros reste une seule solution, étudier réellement pourquoi les médecins ne viennent pas à la campagne et notamment régler le problème du conjoint, voire peut-être faire en sorte que le conjoint ait une certaine souplesse dans les métiers qu’on lui propose pour qu’il prenne en charge les enfants et que le médecin puisse se consacrer à fond à son métier, avoir des places d’office dans les crèches ou des nounous.

    Bref, il faut considérer le médecin comme une famille complète qu’il faut intégrer dans la région. On peut proposer au médecin une bonne qualité de vie pour lui et sa famille (et pas forcément un gros salaire) et donc les faire venir.

    Les régions n’ont pas forcément d’argent pour faire des ponts d’or mais elles peuvent avoir des idées, elles ont plein de maisons vides qu’elles peuvent réserver et retaper pour loger les médecins et leurs familles, elles peuvent mutualiser les moyens pour acheter du matériel et mettre une maison médicale à un endroit charnière pour plusieurs villes/villages, etc...
    Mais il ne faut surtout pas perdre de vue que les médecins de type pompe à fric iront toujours en ville mais qu’il y a beaucoup de jeunes médecins qui ont la vocation (bien qu’ils visent les 35 heures).
    Mais le médecin de campagne qui consacre sa vie à ses patients dans toutes la régions, de tous temps, c’est fini. Il faut en prendre acte et s’adapter.

    • cassios 19 août 2012 11:50

      Les médecins actuels aspirent à la vie de famille, à participer à l’éducation de leurs enfants (ce qui n’était pas le cas des anciennes générations). Il ne faut pas oublier que les nouvelle générations de médecins sont surtout constituées de femmes et comme toutes femmes, elles veulent avoir des enfants et s’en occuper un minimum.

      Ce sont des mères, il ne faut pas l’oublier, et cela ne les empêche pas de faire de très bons médecins.

    • Plus robert que Redford 20 août 2012 16:43

      « En gros reste une seule solution, étudier réellement pourquoi les médecins ne viennent pas à la campagne »

      Ben voilà le fond du problème ! 

      La désaffection, c’est dans la tête que ça se passe !

      Là où j’exerce, c’est pas le fin-fond le la Creuse ! (Magnat l’Etrange par exemple, un bled très très étrange...)

      Juste une petite ville de 10.000 hab avec école, collège, lycée, une demi douzaine de pharmacies, poste, bistrots restaurants pharmacie, supermarchés (3) notaire... Bref, tout ce que demande Monsieur Cassios...

      Pourtant, des médecins, il n’en reste que trois plus agés que moi (59balais) avec aucune perspective de remplaçants, plus un « jeune », mais assez porté sur le flacon en général...

      La désertification est bien en marche ici !

      Pourquoi ils veulent pas venir les jeunes ??

      C’est trop plouc, ici ! Pleins de prolos bas du plafond, de paysans crottés.. ? Pas de théââtre, pas de soîîrées mondaîînes en perspective... ?

      Ici il n’y a que des petits pavillons avec jardins, quelques HLM pas trop dégradés pourtant...

      Alors ???

      On sent le pâté, ou quoi ??


  • alinea Alinea 19 août 2012 13:14

    La campagne, et encore pas toutes ( la Dordogne, oui), n’est plus un lieu de vie mais un terrain de loisirs pour vacanciers !
    L’appât du gain !! Vous ne dites pas dans l’article que, sur la côte d’azur, toutes les cinq portes, il y a un médecin. Pour « attraper » la clientèle, certains font quelques stages d’homéopathes ; et quand ils ont un vieux qui vient les voir pour une broutille, les rendez-vous hebdomadaires se prolongent jusqu’à ce que les enfants s’aperçoivent de la supercherie.
    S’il n’y a plus le goût chez les médecins de l’être, que pouvons-nous faire ?
    Qu’espérer d’un médecin « obligé » de faire quelques années dans un bled qu’il juge pourri ?
    Quant à racheter un cabinet, pourquoi est-ce plus cher qu’en ouvrir un autre ? Les pouvoirs publics ne pourraient-ils pas, là, faire quelque chose ?
    Le problème ne se pose pas dans le sud de la France, tiens, c’est curieux non ?
    Que les médecins veuillent avoir une vie à côté, cela me paraît normal ; mais pour ce faire, il faudrait plus de médecins ! Et c’est le contraire qui se passe... c’est vraiment la fin du lien social !
    Je propose qu’on organise des mariages médecin/ vétérinaire ; car les vétérinaires, les animaux, la campagne, c’est leur tasse de thé !
    Donc, qu’au moins dans les villes où il y a des écoles vétérinaires ( Lyon, Toulouse, Maison-Alfort...) qu’on invite aux fêtes des carabins , les vétos !!!! Et inversement !


  • docdory docdory 20 août 2012 11:47

    @ Jean Michel Lacroix

    Essayons de chercher quelles sont les conditions minimales requises pour exercer la médecine libérale dans des conditions normales.
    - Un médecin libéral a besoin de déposer au moins une fois par semaine le montant de ses honoraires dans une banque. Il faut donc qu’il y ait une agence bancaire si possible dans la localité où il exerce, ou du moins pas à plus de cinq ou dix kilomètres.
    - Un médecin libéral doit poster un courrier abondant au moins une ou deux fois par semaine, s’il veut que ce courrier n’ait pas de retard excessif . Il faut donc qu’il ait un bureau de poste à proximité immédiate ( il faut donc, pour attirer les médecins, cesser de fermer les bureaux de postes ! )
    - Un médecin libéral, s’il a des enfants, doit pouvoir les conduire le matin à l’école et les rechercher le soir ( ou bien demander à sa femme ou à une employée de maison de le faire ) .
    Il a donc besoin que le patelin où il va s’installer comporte une école primaire. Evidemment, ce n’est pas en fermant les petites écoles primaires qu’on va y arriver ! Pareil pour le collège, il y a intérêt à ce qu’il ne soit pas à plus de quelques kilomètres.
    - Un médecin libéral a besoin de manger le midi. 
    Il doit donc y avoir, dans le village ou il s’installe, une brasserie ou un bistrot qui serve à manger le midi, ou une épicerie avec un rayon surgelés et conserves, ou un boucher-charcutier qui fournisse des plats cuisinés à réchauffer. Si les petits commercent ferment et sont remplacés par un hypermarché à 15 kilomètres, le médecin ne va pas s’installer dans cet endroit.
    - Un médecin libéral a besoin d’acheter des produits pharmaceutiques de temps en temps ( alcoool, médicaments d’urgence etc ...). Il ne faut donc pas que la pharmacie la plus proche soit trop loin...
    Or, bien des endroits que l’on qualifie de « déserts médicaux » étaient déjà des déserts de services publics ou privés en tout genre avant de devenir des déserts médicaux. 
    Ajoutons à cela le fait que, dans les campagnes reculées, le médecin se retrouve de garde de nuit un jour sur deux ce qui est intenable à moyen terme, voilà l’explication des déserts médicaux.
    Il faut aussi noter que , à la campagne, la patientèle est souvent très âgée, ce qui multiplie les visites à domicile, qui sont le cauchemar des médecins : normalement, c’est au malade de se déplacer sauf impossibilité absolue. Une visite à domicile, c’est au moins une heure en dehors du cabinet, c’est à dire que , pour voir un malade, on prend le temps nécessaire pour en voir trois, et ce pour une rémunération équivalente à 1,43 patient. 
    Il est donc clair que le médecin de campagne, qui fait énormément de visites à domicile, a besoin d’un temps de travail beaucoup plus long pour avoir le même chiffre d’affaire que son collègue de ville, ce qui n’est pas très motivant ( déjà que la consultation est à un prix dérisoirement bas ! ) .

    Une solution serait de faire ce qu’avait fait à une époque la Grèce : les étudiants en médecine, arrivés en fin d’étude, devaient exercer pendant deux ou trois ans dans des dispensaires de campagne avant de s’installer. Un certain nombre d’entre eux prenaient goût à la vie campagnarde et s’y installaient, ce qui réglait le problème.
    Ceci serait nettement plus formateur, pour les étudiants français, que le « stage chez le praticien », qui est semble t-il assez difficile à dénicher, d’autant que fort peu de généralistes ont envie d’être « maîtres de stage ».


    • cassios 20 août 2012 13:12

      Reste toujours le même problème. Les études de médecine sont très longues donc en fin d’études, l’étudiant en médecine aura près de 30 ans. Donc il a de fortes chances d’être en couple (voire même avec un enfant), donc quid du conjoint/conjointe au fin fond de la campagne ? Des places de crèche ?


      Quand à la vie à la campagne, vous l’avez décrite, c’est beaucoup plus fatiguant et moins rentable d’être à la campagne qu’à la ville. A l’époque où la femme restait au foyer, cela pouvait aller mais ce n’est plus le cas (De quand date cette époque où les étudiants en médecine grecs allaient 2 ou 3 ans à la campagne ?).

      Actuellement, le deal avec les médecins est le suivant : Vous gagnez très bien votre vie (5000 à 12000 euros par mois) mais vous travaillez comme des dingues (70-80 heures par semaine).

      Au niveau de la quantité de travail, on est pas loin du max pour pas mal de médecins, rien à gratter de ce coté.
      Si pour baisser le trou de la sécu, on baisse ou bloque les rémunérations ou dépassements, l’équilibre sera rompu.

      Un exemple concret, un projet de loi visant à limiter la liberté d’installation des médecins a failli voir le jour, il y a quelques années. Ma femme attendait de voir si cela allait passer ou pas avant de conseiller à sa jeune cousine de faire médecine ou pas après son bac....
      Car il ne faut pas oublier qu’il y a pas mal d’études bien moins dures et avec un rapport qualité de vie/salaire bien meilleures que la médecine.

      Donc aller trop loin va vider les amphithéatres. Moi ma femme a fait médecine après avoir discuté de son éventuel désir de devenir médecin après son bac avec sa généraliste. Celle-ci lui a dit que c’était un très beau métier, très dur mais très beau.

      Imaginez ce qu’il se serait passé si sa généraliste lui avait dit « Houla, laisse tomber, la médecine était sympa il y a bien longtemps, maintenant on bosse bien plus pour bien moins cher, on ne voit plus nos enfants, on est insultés par les patients, on a des procès sans arrêt, etc...... »

    • docdory docdory 22 août 2012 13:22

      @ Cassios 


      5000 à 12000 euros par mois ????
      Vous vous faites des illusions !
      Moi, par exemple, je n’ai jamais réussi à dépasser 4000 euros par mois de bénéfice, en travaillant 50 heures par semaine. 
      12000 euros par mois, personne ne gagne ça dans la médecine, sauf quelques radiologues et anatomo-pathologistes, et les chirurgiens « esthétiques » hors convention.

  • Marcel Chapoutier Marcel Chapoutier 20 août 2012 13:50

    Le but de l’ancien mini-guide suprême de la nation (et ses copains) était de privatiser tout les services de santé, sécu, hôpital, il y ait presque arrivé mais a laissé la santé publique dans un état lamentable. Il est toujours très difficile d’être admis dans un hôpital public, on vous dis qu’il n’y a pas de place alors que c’est faux, on vous suggère sans le dire d’aller dans une clinique privée. Sans oublier que presque tout les petites structures hospitalières, maternités et autres, ont été démantelées...

    Le fait que les médecins ne veulent plus s’installer dans les campagnes est un problème différent, ils veulent bien gagner leur vie et en faire le moins possible, et avoir tout leur petit confort. Ils estiment presque tous que comme ils ont fait de longues études ils ont droit à une vie de nabab, de faire parti de gratin...Fini la vocation du médecin soucieux du bien être de ses semblables, à part quelques exceptions magnifiques.

     Ils souffrent du même syndrome que les architectes, les ingénieurs, et d’autres professions libérales(vous avez dit bizarre ?), qui comme on ne vous demande pas dans ces études d’être intelligent, mais de savoir bachoter, attirent donc des esprits médiocres et limités manquant quasiment totalement d’imagination. Et bien sûr humainement pour les médecins, ça a pour résultat des gens sans la moindre empathie pour leurs patients, l’amour de fric et du pouvoir, (les professions médicales sont presque les pus représentées dans le personnel politique)...C’est comme ça !...


    • cassios 20 août 2012 15:38

      C’est amusant comment ceux qui sont les patients veulent un médecin, dévoué à ses patients, qui n’a fait médecine que pour la gloire de sauver des vies et est prêt à travailler pour la gloire.

      Réveillez vous, les études de médecine sont parmi les plus dures de France. Vous faites l’éloge d’une époque révolue où le patient avait du respect pour la praticien alors que de nos jours les médecins se voient menacés d’un procès pour un oui ou un non.

      Combien de gynécologues se voient gratifier d’un procès alors qu’ils préviennent les patients qu’une trisomie a 10% de chances de passer au travers des échographies ? Et quand on demande aux gens pourquoi ils ont attaqué quand même quand le médecin est blanchi, ils vous répondent qu’un enfant handicapé coûte très cher et que le médecin peut bien payer, il a du pognon....

      Quand à la maladie des « professions libérales », c’est une blague concernant les médecins car la plupart des jeunes générations de médecins cherchent un poste en hôpital public ou font des remplacements. Très peu d’entre eux posent leur plaque en libéral.

      Le reste du pays a droit aux 35H et pas les médecins ?
      Vous considérez les médecins comme des enfants gâtés alors que leurs heures de travail sont souvent le double de celui du reste de la population. Divisez d’abord leur salaire par 2 pour le comparer à celui de gens qui font 40H par semaine.
      Un plombier ne se déplace pas à moins de 50 euros (même pour un joint à changer) et on reproche aux médecins d’avoir des consultations à 23 euros ?

      Cessez de considérer les médecins comme des gens ayant fait le sacrifice de leur vie sur l’autel des patients, ça n’a jamais été le cas.
      Ce sont des personnes qui ont fait de lourdes étudescar, outre la vocation, ils pensaient en retirer un certain niveau de vie. Si ce niveau de vie n’est plus maintenu un minimum, les jeunes ne perdront pas leur temps à faire des hautes études de médecine, on ne devient pas médecin pour éviter le chomage.

      il y a des abus intolérables venant de certains médecins mais c’est comme les chomeurs, les abus ne concernent qu’une minorité de gens mais c’est bien pratique pour taper sur tout le monde.Il suffit de mettre en place des règles pour ces abus minoritaires et surtout de mettre du personnel pour controler les gens, point final.

      Le monde médical est comme le reste, c’est un monde complexe avec une grosse partie de gens dévoués et sincères et une minorité qui abuse et sur laquelle il faut taper sec.
      Mais montrer la minorité du doigt et taper sur toute la profession est bien pratique pour soutirer de l’argent, que ce soit sur des chômeurs ou des médecins.

      Un médecin est souvent quelqu’un qui a un confortable niveau de vie de part son travail, il fait des choses concrètes en soignant des gens, c’est n’est pas un obscur patron dans une tour qui décide du jour au lendemain de délocaliser en Chine pour gagne plus en mettant des milliers de personnes sur la paille, ce n’est pas un trader qui va faire monter le prix du blé ou de l’essence en quelques clics de souris.
      bref, un médecin c’est quelqu’un qui bosse et vous pouvez être sûrs que si les médecins gagnent moins, vous payerez toujours aussi chez vos soins, c’est juste qu’une partie des revenus des médecins sera tombé dans la poche d’un actionnaire/état.

      je pense de plus en plus que les médecins sont des travailleurs qui doivent trop gagner correctement leur vie au goût du Medef/Etat/Jaloux.... Bref il y a encore des gens à tondre, on dirait.

    • Marcel Chapoutier Marcel Chapoutier 20 août 2012 16:27

      En parlant d’arnaques à la sécu, sachez que les 9,5 fois sur 10 elles sont le fait des professions médicales, médecins, dentistes, pharmaciens, kinés, infirmières libérales ect...
      J’ai moi même assisté à une arnaque, un kiné et un médecin clinique privé facturent 100 séances de kiné remboursées pour un genoux, alors qu’il n’y en eut que 10, il y a eut une enquête de la sécu mais ça n’a rien donné. Ce sont ces même ripoux médecins qui refusent de prendre dans leur cabinet des titulaires de la CMU ou qui demandent des dépassements d’honoraires systématiques...

      http://www.martinique.franceantilles.fr/actualite/faitsdivers/toute-la-profession-medicale-est-outree-15-01-2011-98812.php
      http://www.linternaute.com/nantes/magazine/politique/interview/claudefremon t/claudefremont.shtml
      http://www.liberation.fr/portrait/0101245802-claude-fremont-55-ans-directeur-de-la-secu-a-nantes-guerroie-en-saint-just-contre-les-escrocs-a-l-assurance-maladie-le-dur-de-la-feuille
      http://www.paris-normandie.fr/article/deville-les-rouen/linfirmiere-de-deville-les-rouen-menait-grand-train


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