lundi 12 mai - par Laurent Herblay

Aide à mourir : le Munich moral et humaniste de la gauche (des macronistes, il n’y avait rien à attendre)

 Sur le principe, je suis favorable au fait de créer un droit pour une aide à mourir. Il me semble que les règles actuelles sont trop restrictives pour des personnes qui ont clairement exprimé la volonté de mettre fin à leur jour, du fait d’une maladie très douloureuse et incapacitante. Malheureusement, l’évolution du projet qui revient à l’Assemblée aujourd’hui semble refuser tout garde-fou et pose de graves problèmes.

 

Aider à mourir, ce n’est pas un laisser faire imprudent 

 Bien sûr, les défenseurs du projet, et les médias qui les relaient, pointent une définition très précise, et soit-disant assez restrictive, des conditions permettant de solliciter cette aide à mourir. Il faut avoir au moins 18 ans, être français ou résidant en France, être atteint d’une « affection grave et incurable, quelle qu’en soit la cause, qui engage le pronostic vital, en phase avancée ou terminale (provoquant) une souffrance psychique ou psychologique réfractaire aux traitements ou insupportable, (et) être apte à manifester sa volonté de façon libre et éclairée ». Malheureusement, le passage du projet de loi en commission soulève de nombreuses questions bien développées par un groupe de députés emmenés par le médecin Philippe Juvin, ou par Claire Fourcade, médecin en soins palliatifs, sur les réseaux sociaux.

 Le groupe de députés pointe un problème de garde-fou, au regard des expériences d’autres pays. Le premier point qu’ils critiquent est le fait que la procédure prévue n’impose d’avoir vu physiquement qu’un seul médecin, qui pourra statuer seul. Ils pointent que d’autres procédures importantes imposent une procédure collégiale. Ici, l’avis du second médecin est purement consultatif, et il n’a pas obligation de rencontrer la personneL’obligation de consulter un psychiatre pour les cas de détresse psychologique ou de dépression a également été rejetée, tout comme l’avis d’un juge  ! Pourtant, c’est une procédure en vigueur pour les dons d’organe entre parents vivants, pour éviter les abus de faiblesse et les pressions… La commission a également refusé la signature d’un document écrit, acceptant les demandes orales, le tout dans des délais extrêmement courts. D’autres pays choisissent des délais de réflexion bien plus longs.

 Pire, les auteurs de la tribune pointent que les critères d’accès tendent à être étendus dans un second temps, au point que plus de 5% des décès aux Pays-Bas sont des euthanasies, près de 10 000 personnes par an. Ils pointent également que les plus pauvres y ont deux fois plus recours au Canada, dénonçant l’inhumanité de cette évolution. En Belgique, les mineurs y ont accès, et aux Pays-Bas, les dépressifs également, dont on peut se demander si aujourd’hui déjà, le cadre actuel de la loi ne permettrait pas l’accès en France… Claire Fourcade a fait un travail remarquable, mais également assez effrayant, de recensement de tous les amendements rejetés et adoptés en commission des lois sur le projet. La liste des amendements refusés montre à quel point les promoteurs du projet ont refusé bien des garde-fous permettant de s’assurer que l’aide à mourir ne résultait d’un abus de faiblesse ou d’une dépression très forte à traiter d’une autre manière qu’en donnant accès à un suicide assisté à la personne dépressive.

 L’examen des amendements acceptés n’est pas plus rassurant, entre suppressions de nombreuses barrières, et dérive langagière orwellienne glaçante prétendant nommer la mort assistée « mort naturelle »  ! Et pour qui prend un peu de recul sur les soutiens politiques du projet, difficile de ne pas échapper à une forme de vertige. C’est bien la gauche qui, dans une alliance avec la macronie, a permis l’écriture du projet tel qu’il arrive dans l’hémicyle. Comment des personnes qui se disent de gauche peuvent accepter avec autant de légèreté des procédures aussi limitées pour autoriser la mort assistée d’une personne humaine ? Ne devraient-ils pas être les premiers à vouloir s’assurer que les abus de faiblesse sont impossibles et qu’une telle décision ne peut pas être prise à la légère ? Quelle dégénérescence de la pensée a pu accoucher d’un tel projet qui confine au caprice d’un libertarisme évacué du moindre humanisme ? 

 Les dérives prévisibles d’un système manquant de garde-fous sont déjà si évidentes que les amendements encadrant ce droit, auquel je suis favorable, dans un cadre rigoureux, auraient pu être assez consensuels. La question qui se pose aujourd’hui, c’est quelle dérive stupéfiante de la pensée les a fait refuser, et sur quelle pente (eugéniste ?) cela pourrait nous engager. Pour cela, il faut s’opposer au texte actuel.



51 réactions


  • Seth 12 mai 13:37

    On annonce des « rassemblement » de ces anti « aide à mourir », un truc comme mariage pour tous et ça devrait d’ailleurs être à peu près les mêmes. Et bien sûr Frigide Barjot (https://www.youtube.com/watch?v=xphfUfydyaE&list=RDxphfUfydyaE&start_radio=1) avec un peu de chance.  smiley

    Et il reste à espérer que ces gens qui sont opposés à cette aide auront à cœur de souffrir une mort terrible sans le moindre soin palliatif hormis l’extrême onction, c’est bien le moins qu’ils puissent faire pour aller au bout de leurs sacro-saints principes.  smiley


    • Julien30 Julien30 12 mai 14:12

      @Seth
       A la place de commentaires ricanants et lourdingues sur la Manif pour tous, c’est plutôt ça qui devrait vous préoccuper, non ?  :
      « 
      Ils pointent également que les plus pauvres y ont deux fois plus recours au Canada, dénonçant l’inhumanité de cette évolutionEn Belgique, les mineurs y ont accès, et aux Pays-Bas, les dépressifs également, dont on peut se demander si aujourd’hui déjà, le cadre actuel de la loi ne permettrait pas l’accès en France… Claire Fourcade a fait un travail remarquable, mais également assez effrayant, de recensement de tous les amendements rejetés et adoptés en commission des lois sur le projetLa liste des amendements refusés montre à quel point les promoteurs du projet ont refusé bien des garde-fous permettant de s’assurer que l’aide à mourir ne résultait d’un abus de faiblesse ou d’une dépression très forte à traiter d’une autre manière qu’en donnant accès à un suicide assisté à la personne dépressive. »

      La protestation devrait aller bien au-delà de la Manif pour tous pour s’opposer aux irresponsables et cinglés qui conduisent ce projet de loi, mais on compte sur vous pour venir vous foutre de leur gueule.


    • Seth 12 mai 14:25

      @Julien30

       smileysmiley  smiley

      Avec vous et votre tout petit esprit étriqué, on ne s’ennuie jamais. 

      Tiens, un frelon dans la pièce... un signe sans doute de votre nature réelle.  smiley


    • Julien30 Julien30 12 mai 14:40

      @Seth
      Et allez encore plus de lourdingue ricanant et de smileys, le niveau bac à sable et fier de lui en plus. Donc vous n’en avez rien à foutre de tout ça, c’est juste une occasion de ricaner comme une buse en vous plaçant au passage aux côtés de criminels ayant le culot de se présenter en humaniste plein de compassion, ça vole pas haut décidément...


    • mmbbb 12 mai 15:37

      @Julien30 ,  un smileys , reflexe d un adolescent  ! 


    • Seth 12 mai 16:48

      @ mmbbb

      Il vaut mieux des smiley que des longues explications. Car avec vous, on rigole bien. Ou plutôt on rigolerait si vos positions n’étaient pas malheureusement réelles, mais on est ici limités en émoticônes et la pitié n’en fait pas partie.  smiley


    • mmbbb 12 mai 19:12

      @Seth tu aurais dû mettre plusieurs smiley à la suite , Ducon 

      Quant à tes commentaires si argumentes dont celui ci , il est vrai que Seth mérite toute ma déférence .

      et faire un parallèle entre le mariage pour tous et l aide à mourir dénote une haute tenue intellectuelle .

      Julien 30 met en exergue les éventuelles dérives et d autres personnalités se sont prononcées .

      On sait que par le passé , eugénisme a été pratiqué et la frontière est ténue .

      et rappel : au Pays Bas 

      «  Est-il utile ou non de soigner lourdement les plus de 70 ans  ? En posant la question, Corinne Ellemeet, 43 ans, députée du parti écologiste Groenlinks, a jeté un pavé dans la mare, en février 2019. Cette ancienne employée du ministère de la santé a demandé un débat au Parlement sur ce sujet sensible. Son argument  : « Les gériatres doivent donner leur avis et être écoutés sur la nécessité de certains traitements lourds, opérations cardiaques, nouvelle hanche ou chimiothérapies… » »

      Ces gentils écolos si prompt à vouloir protéger un coléoptère et être si diligent à faire trépasser son prochain 

      et ce sujet mérite un débat ouvert ou non pas une argumentation débile d un crétin .

      PS les soins palliatifs , cela existe , tu sembles l oublier : 

      Ducon 


  • ricoxy ricoxy 12 mai 14:32

     

    Tiens, c’est une façon de rétablir la peine de mort qui a été abolie.

     


  • Eric F Eric F 12 mai 14:51

    D’accord avec vous que le problème est celui de l’extension progressive des cas de recours au suicide assisté au delà des stades de maladie non irréversible, aux mineurs, aux dépressifs, etc. Le fait que les garde fous tombent l’un après l’autre s’observent dans quasiment toutes les législation médico-sociétales.

    Donc oui au principe, mais bétonnage des sécurités (double avis médical, etc.) et du cadre d’application (âge, degré de maladie, consentement éclairé etc.).

    Souvent il y a des recours de cas ’’juste hors des limites’’ qui conduisent à des évolutions qui, cumulées, dénaturent l’esprit de ’’situation ultime’’.


    • Fergus Fergus 12 mai 19:12

      Bonjour, Eric F

      100 % d’accord avec vous !
      En l’occurrence, les Cassandre préjugent de ce que seront les effets pervers de la loi alors qu’aucun amendement n’a encore été débattu. C’est intellectuellement malhonnête !
      Cela étant, il est évident que le cadre devra être très rigoureusement borné pour éviter tout risque de dérapage.


  • Parrhesia Parrhesia 12 mai 15:41

    Le problème majeur à résoudre est celui d’une certaine fraction de la société que nous avons laissée se développer et qui considère maintenant que chaque centime alloué à la protection sociale populaire, quelle qu’elle soit, est un centime qu’elle ne pourra plus accaparer.

    Ce qui, évidemment, est très frustrant pour cette fraction de la société et ne l’incite pas à mettre en place le progrès médical et social propre à prolonger la vie en soulageant ses misères finales au lieu de la raccourcir pour faire des économies.


    • Eric F Eric F 12 mai 15:53

      @Parrhesia
      On ne peut pas prétendre que les budgets alloués à la santé n’aient pas été renforcés au fil des ans, ainsi l’hôpital public dont le budget était de 85 milliards en 2020 en est à 110 milliards. Mais les couts augmentent et le vieillissement multiplie les pathologies.

      En parallèle avec l’aide à mourir, une loi sur l’extension des soins palliatifs est discutée au parlement.

      L’aide à mourir est un dispositif de ’’situation ultime’’, il faut que cela reste tel, le chiffre indiqué dans l’article que 5% des décès aux Pays Bas le sont par suicide assisté ou équivalent, montre qu’il y a eu dérapage.


    • Parrhesia Parrhesia 12 mai 18:31

      @Eric F,
      Bonsoir, Eric F,
      Quels que soient les chiffrages qui nous sont prodigués, le fait est que nous avons moins de lits d’hôpitaux et des insuffisances de plus en plus criantes, à la fois numériques et qualitatives, de médecins. A priori , nous n’avons aucune raison d’accorder la moindre confiance à ceux qui concoctent la loi sur les soins palliatifs, non plus qu’à ceux qui seront chargés de l’appliquer, surtout s’il s’agit des mêmes gugusses que ceux qui jour après jour ont forgé cette situation.
      De plus, nous devons faire face à de problèmes sociaux insurmontables alors que la justice est à la ramasse et que le paiement des retraites est de plus en plus problématique.
      Dans le même temps, il s’avère de plus en plus impossible de stopper, voire même de ralentir, les flux migratoires imposés par la « contre-europe » de von der Leyen et consorts, et cerise sur le gâteau, si rien ne se passe, nous allons devoir supporter via l’Ukraine une guerre contre la Russie de Poutine qui n’est plus l’URSS de Staline.
      Enfin, pour acter le décès des restes de la France, « notre » président va se débrouiller de telle façon que notre force de dissuasion nucléaire soit être utilisable contre notre grès dans des conflits qui ne nous concernent pas.
      Tout ceci sur diligence d’une nébuleuse mondialiste qui admet partout tous les protectionnismes inimaginables, visibles et invisibles, à condition que la France reste, elle, sans protection négociée, voire sans compétence pour les négocier.
      Tout ceci pour justifier, si besoin était, mon attaque frontale contre la minorité mondialiste que nous avons laissée sévir sur la France post- gaulliste et qui est à la base de cette situation.
      Ceci étant, bonne soirée à vous, en admettant que ce soit encore possible.


    • Parrhesia Parrhesia 12 mai 18:39

      @Parrhesia
      Merci de lire : « que notre force de dissuasion nucléaire soit utilisable... »


    • Eric F Eric F 12 mai 19:24

      @Parrhesia
      En effet, je ne comprends pas que le budget de l’hôpital public augmente en permanence alors qu’ils diminuent le nombre de lit. Certes ils augmentent l’hospitalisation ambulatoire et à domicile, mais ça ne compense pas.
      En outre, il y a une pénurie de personnel au point où même des postes budgétés ne sont pas pourvus, pourtant le nombre total de médecins en France ne diminue pas, mais beaucoup vont ailleurs que dans la médecine de ville ou l’hôpital, genre centre de remise en forme ou emplois administratifs.

      Dans peu d’années, ce sera mur pour la téléconsultation par IA, des expérimentations sont faites avec parfois une meilleure efficacité que des vrais médecins !


  • JPCiron JPCiron 12 mai 16:12

    Les Belges fonctionnent depuis longtemps avec un système dont on peut s’inspirer, au lieu de vouloir à toute force inventer un truc nouveau que l’on est de toutes manières infoutus de concevoir clairement.

    J’avais fait un article là-dessus il y a 5 ans.

    Il y avait un rapport Citoyen en 2013 (cela permet de bouger sans rien faire avancer !) D’ailleurs Macron va étendre la méthode à plein de sujets !

    https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/le-droit-de-vivre-et-de-mourir-226925

    Et notre Parlement est resté sur la même ligne de départ....


    • Eric F Eric F 12 mai 19:30

      @JPCiron
      justement avec le temps des extensions ont été apportées au système belge, posant la question du risque de dérive.
      Il se peut qu’il y ait au sein d’une population l’accoutumance progressive à l’utilisation une nouvelle pratique, conduisant par un mouvement naturel à élargir le domaine de cette pratique. Et cela peut conduire du reste à un retour de balancier.


  • placide21 12 mai 16:29

    Une argumentation bien étayée contre ce projet et ses implications : https://youtu.be/yyjNzzoc12Y


  • babelouest babelouest 12 mai 17:06

    Tout simplement, des tas de critères ont été posés, des garde-fous institués....

    .

    M A I S . C E . N E . S O N T . P A S . L E S . B O N S . . . !

    Repartons à zéro.

    La profession de médecin s’est développée selon le principe de Hippocrate : d’abord ne pas nuire !

    Cela implique de façon catégorique que les soignants NE DOIVENT JAMAIS être présents dans le processus de décision et d’exécution.

    — La décision ne peut provenir, exclusivement, que de la personne concernée, seule directement et définitivement impliquée.

    — Le geste nécessaire sera confié soit au malade s’il le peut encore, soit à un bénévole (on peut penser là à un membre de l’ADMD, qui de toute façon ne prend pas la décision, ce n’est que le bras en altendant que quelqu’un d’autre lui accorde le geste qui soulage)

    — Ce geste DOIT être public, afin qu’il n’y ait aucune ambiguǐté sur la volonté de la personne concernée

    — Une suggestion d’ailleurs pourrait être la présence d’un huissier qui établira un rapport officiel

    — Le médecin n’intervient qu’après, pour le certificat mortuaire

    .

    Nous sommes bien loin de ce projet de loi ignoble.

    Cas de jeunes mineurs qu’on espère très rares, bien entendu ce seront les parents conjointement qui devront prendre la décision

    Cas de personnes qui ne peuvent plus parler : si elles ont exprimé par avance leur souhait, et par un geste convenu confirment ce choix, cela peut être fait, sinon rien.

    Vous avez entendu, les blouses blanches, au fond ?


    • Parrhesia Parrhesia 12 mai 18:56

      @babelouest
      >>> Le médecin n’intervient qu’après, pour le certificat mortuaire...<<<
      Si vous le permettez, nous ajouterons : « ... pour le certificat mortuaire... et seulement aux heures d’ouverture de la boutique ! »
      Bonne soirée à vous.


    • Fergus Fergus 12 mai 19:16

      Bonjour, babelouest

      « Cela implique de façon catégorique que les soignants NE DOIVENT JAMAIS être présents dans le processus de décision et d’exécution »
      A ce détail près que dans les unités de soins palliatifs ils pratiquent d’ores et déjà une forme d’euthanasie lente en mettant en oeuvre la « sédation profonde et continue » !


    • Francis, agnotologue Francis, agnotologue 12 mai 19:22

      @Fergus
       
       ’’Cela implique de façon catégorique que les soignants NE DOIVENT JAMAIS être présents dans le processus de décision et d’exécution »
      A ce détail près que dans les unités de soins palliatifs ils pratiquent d’ores et déjà une forme d’euthanasie lente en mettant en oeuvre la « sédation profonde et continue » ! ’’
      >
      J’ai eu une amie admise en soins palliatifs. Quand la fin a été proche, elle a été transférée à l’hôpital. La sédation profonde n’a pas été administrée en unité de soins palliatifs.
      Est-ce que vous seriez en train d’affirmer sans savoir ?


    • Fergus Fergus 13 mai 09:03

      Bonjour, Francis, agnotologue

      La sédation profonde et continue peut être mise en oeuvre soit en Unité de soins palliatifs, soit dans un service hospitalier de gériatrie, et même (dans certaines conditions) dans un Ehpad !


  • cleroterion cleroterion 12 mai 17:14

    @auteur

    Avez-vous eu accès aux recommandations de la convention citoyenne ? À t elle émis un avis sur la question que vous soulevez, et si oui, dans quel sens ? 


  • raymond 12 mai 18:08

    Ne pas oublier le droit de retrait des médecins....


  • Léon 12 mai 19:05

    Avant de se préoccuper du droit à mourir, il faudrait mieux se préoccuper du droit à être soigner jusqu’au bout de sa vie en étant accompagné par un système de santé en bon état de fonctionnement et qui proposerait des unités de soins intensifs en quantité suffisante pour que cette nouvelles angoisse du mourir seul et dans la souffrance se poserait moins. Cette loi quelque sera sa nature signe la fin de notre système de santé.


  • lecoindubonsens lecoindubonsens 12 mai 19:25

    Suicide assisté, geste confié au malade, geste public, présence d’un huissier, ...

    Que de violence, que de tortures dans toutes ses propositions.

    Ceux qui ont connu des fins difficiles de proches, ceux qui ont senti venir pour eux une fin difficile (une survie plus qu’une vie) ont une solution bien plus humaine.

    C’est le souhait exprimé par les intéressés eux-mêmes : 

    « sans rien me dire, faire en sorte qu’un soir je m’endorme paisiblement, sans me réveiller le lendemain »

    Leur demander « d’appuyer sur le bouton », ou le demander à un proche, quel supplice, quelle torture mentale. Et si en plus, il faut transformer cela en spectacle public certifié par huissier ! Lamentable.

    Alors que quand tout le monde constate que c’est la fin, qu’il n’y a aucun espoir d’amélioration, que l’intéressé s’est déjà exprimé dans le passé pour dire « ça suffit, je ne souhaite plus vivre ainsi », un geste discret d’un médecin est la solution la plus humaine.

    J’ai eu l’occasion de vivre 3 fins de vie « pénibles » de très proches.

    • 2 fois, les médecins n’ont rien fait = des semaines au chevet de mourants, pas ou peu conscients, amorphe et « sans vie », drogués pour moins souffrir. Très dur pour l’entourage. Et pour eux, mystère ...
    • 1 fois, en ne l’avouant plus tard qu’à demi mot, le médecin a sans doute agi. Evitant ainsi une agonie longue et dure pour tous. Une excellente chose.

    L’humain et le bon sens ne devraient-ils pas conduire nos actes quand on voit que la situation est claire.


    • Eric F Eric F 12 mai 19:44

      @lecoindubonsens
      Le protocole évoqué dans l’article est le suicide assisté et concerne le cas de malades non encore parvenus au stade terminal, mais irréversiblement condamnés à terme, et endurant une forte souffrance.

      Dans le cas de stade de fin de vie tout à fait imminente, on entre dans le cas de l’euthanasie , tenant compte des consignes préalables du patient (pas d’acharnement), de l’avis des proches, en cas de souffrance insurmontable l’injection d’une dose létale. Mais actuellement pas d’anticipation du fait d’un état amorphe et antidouleurs maîtrisés.


    • babelouest babelouest 12 mai 20:17

      @lecoindubonsens
      Ma femme est tombée gravement malade (souffrances, paralysie, fin inéluctable). Jamais elle ne m’a dit : je veux en finir. A la fin elle s’est endormie seule, paisiblement.... au bout de 15 ans.


    • lecoindubonsens lecoindubonsens 13 mai 07:19

      @Eric F « actuellement pas d’anticipation »
      c’est effectivement ce refus qui rend certaines fins très longues et pénibles.
      Ceux qui ont eu l’occasion de le vivre sont sans doute convaincus que l’on peut faire mieux et plus humain.


    • lecoindubonsens lecoindubonsens 13 mai 07:21

      @babelouest
      si « Jamais elle ne m’a dit : je veux en finir », alors, c’est un autre sujet, et il faut effectivement respecter en premier son souhait de vivre, même si gravement malade (souffrances, paralysie, fin inéluctable).


    • Eric F Eric F 13 mai 09:25

      @lecoindubonsens
      La question de l’anticipation en phase de toute fin de vie lorsque le malade n’est plus en mesure de s’exprimer est un autre sujet que la procédure formelle que vous aviez critiquée qui concerne le suicide assisté.

      Il s’agit d’euthanasie active lorsque la mort naturelle tarde à se produire, éventuellement demandée antérieurement par le patient dans ses directives de fin de vie (cas non prévu actuellement), ce serait une extension de la loi Leonetti Claeys, mais les témoignages montrent que cela se fait parfois sans que ce soit explicitement évoqué, ’’par compassion’’. Je ne sais pas si la nouvelle loi en cours de discussion envisage cela.


    • babelouest babelouest 13 mai 09:58

      @lecoindubonsens
      Justement, si ce sont les médecins qui décident, on peut nager dans le n’importe quoi !


    • lecoindubonsens lecoindubonsens 13 mai 19:58

      @babelouest
      « Justement, si ce sont les médecins qui décident, on peut nager dans le n’importe quoi »

      effectivement, le médecin doit bien apprécier la situation, et comme dans tous métiers, toutes décisions, des erreurs restent possibles.
      Si le risque d’erreur est un motif pour ne pas faire, alors supprimons les chirurgiens et plus globalement ... tous les métiers.
      Soyons positifs, si cette solution rend service, un réel PLUS, dans 99% des cas, espérons simplement ne pas être le 1% qui reste ...


  • lorans1 12 mai 21:39

    il faut se debarrasser des vieux:j ai 78 ans et on m a quitte ma petite retraite sans autre forme de proces.L alternative socialiste a la democratie evolue vers la limitation de la duree de vie(pour les serfs)


    • Fergus Fergus 13 mai 09:12

      Bonjour, lorans1

      Il faut arrêter ces fantasmes.
      Jamais en effet les personnes âgées n’ont été autant protégées des effets de la grippe et jamais elles n’ont n’ont bénéficié d’autant de soins médicaux, parfois lourds et coûteux, qui auraient été jugés superflus il y a 20 ans !

      C’est d’ailleurs le constat que je fais dans l’Ehpad de région parisienne où vit ma belle-soeur de... 99 ans, en forte perte de capacités cognitives ; en trois ans, elle a été hospitalisée 2 fois pour des opérations chirurgicales et vient de bénéficier d’un dentier neuf alors qu’elle est manifestement subclaquante !


    • Eric F Eric F 13 mai 09:32

      @Fergus et @ lorans1

      Ce qui fait l’objet de craintes, c’est que les personnes très âgées et souffrant de handicaps ressentent une forme de pression de la société pour qu’ils demandent d’abréger leur vie, se sentant perçus comme des fardeaux (l’expression malencontreuse ’’droit de mourir dans la dignité’’ alimente cette crainte, mais elle n’est pas reprise dans la loi).


    • Fergus Fergus 13 mai 10:13

      Bonjour, Eric F

      Ce sentiment existe déjà et engendre une réelle souffrance psychologique chez certaines personnes âgées diminuées. Je ne suis pas certain que leur pourcentage augmente de manière significative du fait de la nouvelle loi qui pourrait être votée.
      Et la plupart d’entres elles ne seraient pas forcément éligibles au processus de suicide assisté !


    • Eric F Eric F 13 mai 11:40

      @Fergus
      Nous voyons à certaines réactions de ce fil de discussion que cette crainte spécifique d’être perçu par la société et les institutions comme des parias surnuméraires lorsqu’on est diminué par le grand âge, est bel et bien accentuée par ces débats sur l’aide à mourir.
      D’où la nécessité que les garde-fous soient vraiment garantis dans la durée


    • Fergus Fergus 13 mai 11:52

      @ Eric F

      « D’où la nécessité que les garde-fous soient vraiment garantis dans la durée »
      Nous sommes d’accord sur ce point.


    • lecoindubonsens lecoindubonsens 14 mai 06:25

      @Fergus @ Eric F

      « crainte spécifique d’être perçu par la société et les institutions comme des parias surnuméraire »

      cette situation est effectivement possible, mais via mon expérience perso de proches, il s’agit plutôt d’un sentiment que le reste à vivre n’a plus d’intérêt, dans des conditions difficiles et dégradantes, et qu’il serait bien que cela s’arrête. Mais sans avoir à subir l’épreuve d’appuyer sur le bouton pour soi ou ses proches.

      Et pour cette situation qui me semble la plus courante, la collectivité ne propose apparemment pas de solution. Dommage


  • Julian Dalrimple-sikes Julian Dalrimple-sikes 13 mai 06:09

    Toutes les armées étatiques et mercenaires du monde pratiquent déjà cela...Aider à mourir...

    ce monde mental humain que nous avons voulu, je n’explique plus, que aucun assemblage de mots ne peut plus définir est juste ce que nous sommes devenus et voulons..

    je sais c’est laid, très laid

    sauf moi multiplié par tous

    Car il ne s’agit que de ça, moi qui a bâti un mur autour de moi

    car seul moi compte, normal la dégénérescence de notre psyché faite par nous mêmes, a comme référence le même moi..

    et pour en saisir plus il faut que la vie ai montré le programme de la pensée qui éclaire tout le reste.

    Sans cette vision nous sommes aveugles, sourds mais certes pas muets

    Dommage, vivre était le miracle mais nous refusons la vie car naître = mourir..


  • LeMerou 13 mai 06:29

    En fait se pose en partie la question du droit de disposer de sa vie, de sa fin de vie plus exactement.

    Quelle société se disant « évoluée » pourrait refuser cela ?

    L’humain meurt un jour ou l’autre c’est inéluctable, sa mort peut prendre diverses formes, l’espérance de vie à augmenté dit-on, c’est vrai, mais ont meurt de moins en moins souvent dans son lit à l’issu de sa dernière nuit de sommeil, le rêve de beaucoup.

    Pour d’autres c’est une fin possible dans les souffrances, et pour ces dernières nous ne sommes pas égaux sur ce plan là. C’est là que se pose la fin de vie assistée ou volontaire, dont il faut à mon sens bien en définir les limites techniques, cela devrait être aisé, sachant désormais quelles affections à un stade connu, ont un aboutissement inéluctable. Les autres cas d’ordre psychologique n’ayant pas à entrer en ligne de compte, reste à étudier le cas des « légumes ».

    Mais voilà, nous faisons face au triptyque diabolique qui est et dans l’ordre, la religion, Hippocrate et le politique ou législateur selon.

    Le premier interdit, le second se l’interdit et le troisième est indécis ! Nous ne sommes pas sortis de l’auberge.....

    Notons que le fameux serment derrière lequel se réfugie le corps médical est un peu hypocrite, les soins aux indigents, l’absence de soif du gain et la gloire, sont quant même oubliés.

    Le deuxième quant à lui, se réfugie derrière des textes aux origines non formellement prouvées mais millénaires, inscrit insidieusement dans les gènes générations après générations, quoi que l’on en dise. Ainsi l’athée pur et dur, brebis égarée est contrainte de soumettre à ces dogmes, à la loi « divine »....

    Le troisième, est coincé entre un désir d’évolution sociétal, sa propre conscience, sa « peur » de contrarier les premiers et n’en doutons pas sont désir de subsister.

    Arrive les dérives comme il a été fait remarqué, notons que ces dernières ne sont que du fait des troisièmes et le danger vient d’eux et de leur institution associées, prenons l’exemple de la réflexion de la HAS à propos de mastectomie chez les adolescents en mal de genre......Bon le second, l’hypocrite Hippocrate n’est pas en reste non plus, il refuse de « tuer » mais accepte de mutiler...

    Les droits de l’homme, en fait ne concerne que sa vie, sa fin décidée par lui est le seul droit qu’on lui refuse et pourquoi ?


    • ZenZoe ZenZoe 13 mai 08:39

      @LeMerou
      Commentaire impeccable. Particulièrement cette phrase : ’’Mais voilà, nous faisons face au triptyque diabolique qui est et dans l’ordre, la religion, Hippocrate et le politique’’. Dans un pays qui se dit laïque, égalitaire et démocratique, ça fait un peu tiquer !
      Comme vous le dites aussi très bien dans la dernière phrase, ce droit suprême de pouvoir disposer de son corps et de sa vie devrait seul être pris en compte, oui mais voilà, on fait face au triptyque diabolique ...

      Et cette loi sera votée, mais, comme toujours en France, avec tellement de restrictions que rien ou presque ne sera résolu une bonne fois pour toutes et que les malades seront toujours obligés d’aller en Belgique ou en Suisse.. Que c’est triste ...


    • Fergus Fergus 13 mai 09:23

      Bonjour, ZenZoe

      J’espère que « cette loi sera votée » car elle est nécessaire pour faire face à des situations de détresse engendrées par le caractère incurable de certaines pathologies et des souffrances réfractaires qui en résultent.
      Des situations qui ne sont pas concernées par la loi Claeys-Léonetti sur l’accès aux soins palliatifs et à la « sédation profonde et continue ».

      J’espère en outre qu’elle définira un cadre très rigoureux qui interdira les dérives de mise en oeuvre du suicide assisté ou, pour des cas rares, de l’euthanasie, comme l’on peut le constater aux Pays-Bas. Des « restrictions » sont indispensables, mais elles ne doivent être élaborées avec discernement pour éviter l’écueil de la coquille vide.


    • Eric F Eric F 13 mai 11:58

      @LeMerou
      Concernant la religion, les églises n’ont plus d’influence directe sur la politique, mais une partie significative de la population -et des élus- en conservent les convictions. D’où la prudence des politiques pour éviter les fractures dans la société.

      Mais cette prudence est aussi une tactique, celle de l’escalade progressive en commençant de manière restrictive, et introduisant avec l’accoutumance des évolutions pas à pas au fil du temps, comme on l’a vu pour l’IVG et les couples homosexuels. Dans ce dernier cas on a d’abord dit ’’PACS mais jamais le mariage’’, puis ’’mariage mais jamais procréation assistée’’, puis ’’procréation assistée mais jamais gestation pour autrui’’, puis ’’reconnaissance de gestation pour autrui effectué à l’étranger’’, on devine la prochaine étape.

      Dans le cadre de l’aide à mourir, il y a donc crainte que les dérives observées en Belgique et Pays Bas notamment ne finissent par se produire. Il faut voir le cas de la Suisse si c’est mieux maîtrisé, mais je pense que le recours à des associations plutôt qu’au corps médical pour fournir le cadre du suicide assisté est une option préférable.


    • robert 13 mai 12:02

      @Eric F

      « Concernant la religion, les églises n’ont plus d’influence directe sur la politique, »
       Vous êtes sur ? pourquoi certaines lois ne peuvent aboutir ?


    • Eric F Eric F 13 mai 13:38

      @robert
      J’ai donné la réponse : des lois ne peuvent aboutir parce qu’une partie significative de la population et d’élus (de partis conservateur) ont conservé leurs convictions religieuses. Mais avez-vous vu un ministre se rendre au repas annuel de la conférence épiscopale des évêques de France, ou des clercs avoir leur bureau dans les locaux de l’assemblée ?


    • babelouest babelouest 13 mai 13:41

      @Fergus
      J’espère TRÈS FORT que cette loi ne soit pas votée en l’état, tant certaines clauses sont vraiment aberrantes.


    • Fergus Fergus 13 mai 13:59

      @ babelouest

      La proposition de loi est appelée à être très amendée lorsqu’elle va venir en débat. La ministre elle-même déposera des amendements gouvernementaux destinés à introduire des bornes rigoureuses au processus dans le texte final. Je le crois d’autant plus sincère sur ce plan qu’elle n’a pas toujours été favorable à une loi sur l’aide active à mourir.


  • chantecler chantecler 13 mai 20:14

    C’est incroyable ce que le marché de la vieillesse dope les convoitise .

    Après le parkage des vieux, très vieux,et déments profonds , dans les Ehpad qui coûte les yeux de la dette aux familles , au héritiers qui doivent vendre les maisons familiales pour financer la fin de vie pour in fine maltraiter les ailleux au sein même de ces lieux idylliques , je doute que ces initiatives soient purement philanthropiques .

    Un marché juteux va donc encore se mettre en place pour le suicide assisté pour les beaux quartiers .

    Et je doute que cela concerne le prolétaire .

    Celui-ci se contentera de mourir ,très malade ou non , comme les autres , traditionnellement à petit feu et dans la souffrance .


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