mardi 15 janvier 2013 - par Jean-Paul Foscarvel

Extension du domaine de la crainte

Ça y est ! C’est signé !

Désormais le droit de licencier, de changer les termes du contrat de travail à la bonne volonté du patronat, sous prétexte de la crise et de la compétitivité, est inscrit dans la loi, avec l’aval de syndicats censés défendre les travailleurs, les employés, ou les cadres.

Il s’agit de la capitulation du monde du travail devant les forces financières internationales, soutenues par un PS félon.

Le Munich des travailleurs. La guerre sociale peut se poursuivre sans fin.

Il n’y a effectivement plus de lutte de classe. Une seule classe lutte, celle des financiers internationaux. Un ordre établi, celui de Goldmann Sachs.

Les autres classes ? Éteintes. Finies. Mortes.

Nous pouvons dater les derniers soubresauts de la lutte aux manifestations contre de CPE. La dernière reculade d’un gouvernement. Mais déjà c’était une fin de partie.

Depuis, il y a eu la retraite et ses pseudo-manifestations qui ont débouché sur un fiasco total. Il était question d’unité syndicale à préserver à tout prix. On voit où ça nous mène.

Honte à eux !

Mais honte à eux tous. Signataires ou non, ils sont complices. Par l’absence totale de mobilisation, je dirais même d’information.

Chut ! Le peuple ne doit pas savoir ! Chut ! Ils auront tout perdu, le droit du travail ne sera plus que le droit de se taire ! Chut ! Licenciements à tous les étages de la société. Chut ! Préservons notre sacro-sainte compétitivité.

Voilà ! taisez-vous ! le mot est lâché. Silence dans les rangs. Il s’agit d’une guerre sans merci qui demande des sacrifices, le Verdun des financiers.

Oui ? Mais une guerre de qui contre qui ?

La situation désastreuse que nous connaissons n’est que le résultat du calcul des oligarques pour poursuivre la quête sans fin de leurs privilèges. Ils ont le monde à leurs pieds. Ils délocalisent là où le travail est gratuit. Point barre. Les états limites de la société capitaliste sont la tyrannie et l’esclavage. Nous y serons bientôt.

Ils ruinent les salariés, ils ruinent peuples, ils ruinent les États, ils ruinent la planète entière, pour pouvoir toujours accumuler davantage en créant autour d’eux une dette infinie.

La compétitivité est leur arme de destruction massive, la bombe atomique de l’ère financière libérale, ce par quoi l’humain sera anéanti. Plus elle sera mise en avant, dans la lutte féroce et inutile des territorialités entre elles, plus la crise s’aggravera partout dans le monde, plus la misère engendrera le désarroi, la haine d’autrui, la peur du futur.

La victoire du patronat est totale, sans condition, sans bataille. C’est une capitulation sans même qu’un cri n’ait été poussé. La capitulation du salariat devant le capital, celle aussi du politique devant la puissance financière.

Historique ? Oui. Car c’est au fond la fin de la démocratie, de ce qu’il en restait. Caligula a triomphé, mais un Caligula sans incarnation, un Caligula qui a dans ses mains tous les pouvoirs, tous les médias, toutes les polices de la pensée.

Désormais, dans les couloirs des entreprises de France, les regards seront tendus, les échines courbées, les agendas débordés, et les employés stressés, jusqu’à la maladie que l’on taira pour ne pas être viré, jusqu’à l’acceptation de mutations invivables, jusqu’à supporter l’inacceptable. Car rien, dans les faits, ne pourra s’opposer à l’inacceptable.

C’est la crainte, et non la lutte, si bien décriée par M. Cahuzac, qui sera le fleuron du régime de Hollande.

Honte à eux !



14 réactions


  • jako jako 15 janvier 2013 09:38

    Merci Mr, je suis étonné de l’elasticité de l’opinion, il n’y aura donc jamais de rupture ???


  • Robert GIL ROBERT GIL 15 janvier 2013 10:16

    La mise en œuvre de ce projet bénéficie d’un consensus politique de longue date, de droite comme de gauche.

    voir : VOUS AVEZ DIT “BAISSER LES CHARGES” ?


    • jako jako 15 janvier 2013 10:49

      Robert, il est vrai que pour tous les sujets vraiment ESSENTIELS ( MES traité santé retraites etc) il y a non seulement consensus mais même pas de débat, par contre pour les caprices d’un acteur ou quelques broutilles qui ne vont rien changer à notre vie personelle , alors là c’est l’orchestre symphonique.


    • Robert GIL ROBERT GIL 15 janvier 2013 11:20

      oui, on dirait que la plupart des gens ont baissé les bras ou attendent le sauveur supprme !


    • Papat 15 janvier 2013 13:50

      Le sauveur, c’est Francois Asselineau et l’UPR.
      Il y a longtemps que les debats sur les sujets vraiment importants ont disparus.
      Nos hommes politiques ne sont plus que des VRP des banques et des multinationales.


  • alinea Alinea 15 janvier 2013 11:01

    Et bien le moment est peut-être venu du courage et de la vraie solidarité d’en bas ! Quand il n’y a plus rien d’autre à faire, il faut dire « non ».
    Jako : il n’y a pas de débat parce qu’il y a de l’ignorance, des textes... tandis que c’est à la portée de tout le monde de cracher sur les homos ou les défendre, sur Depardieu ou le défendre : ici combien d’articles ? Combien de commentaires ?
    Et ce n’est pas la connerie des gens, rappelez-vous en 2005, ce magnifique mouvement d’éducation populaire, tout le monde savait de quoi il retournait ; il n’y a pas assez de gens qui s’y collent...


  • iris 15 janvier 2013 11:02

    ça bougera peut etre si ils s’attaquent aux retraités qui si ils voient leurs retraite amputées se révolteront-car les jeunes ont peur pour l’avenir et courbent l’échine-
    dans mon entreprise ils ont pour garder un certain nombre d’emploi et malgré des licenciement accepter de diminuer leur salaire-
    et pourtant la peur n’enlève pas le danger-et peutre + tard seront ils licenciés avec un salaire moindre-
    et pourtant dans une entreprise ce devrait etre le facteur humain prépondérant...
    c’est peut etre pour cela qu’en france on a tant de chomage-despetits patrons qui ne pensent qu’à leur cagnotte..


  • Gabriel Gabriel 15 janvier 2013 11:22

    Tout cela est l’aboutissement de nombreuses années de casse sociale par les gouvernements successifs avec la complicité des médias afin de faire accepter au peuple l’inacceptable par la peur. Cela est incontournable, ils ont tout les pouvoirs et tout les moyens et en plus, un tas d’idiots qu’ils vont bientôt réduire à l’esclavage les suivent bêtement. Les trépanés télévisuels, les adhérents aux partis politiques et les individualistes font bientôt comprendre leur douleur car ceux qu’ils soutiennent aveuglément vont, sans trop tarder, les piétiner. Il ne reste plus qu’une révolution pour renverser tout cela et elle arrive à grand pas car ventre creux n’a plus d’oreille.


  • easy easy 15 janvier 2013 14:12

    Avant le taylorisme l’employé était dans une des pires positions de l’Histoire. Sa condition était pire que celle de bien des esclaves antiques qui au moins bénéficiaient d’un lien les obligeant autant que leur maître.
    Il fallait donc que ces employés résistent par le seul biais possible, la solidarité entre eux. Il en est surgi mille avatars de cette solidarité des gueux.

    Mais à partir de Ford, la bourgeoisie ne suffisant plus à consommer les productions industrielles, l’employé est devenu consommateur à son tour.

    Puis la télé s’est rajoutée à l’automobile

    En 1970 n’importe quel employé pouvait vivre des conditions de petite bourgeoisie sans comparaison avec le XIXème siècle

    De nos jour, de consommateur, l’employé est devenu coacteur de la production et de la conception. N’importe qui peut participer à sa manière au développement de pôles capitalistes sur le Net. Et n’importe qui, parfois sans s’en douter, participe aux coagulations de capital au travers de ses cotisations ou mutualisations des risques 
    Il reste de grands malin qui profitent fort du nouveau système (Tels les Kim Dotcom) parce qu’ils sont aux commandes des mouvements de capitaux mais ces apports en capitaux c’est l’ensemble des salariés qui les nourrissent

    La lutte se situe essentiellement au niveau du contrôle des flux financiers 

    Sur ce site, nous sommes tous co producteurs du contenu mais les dividendes nous échappent totalement (N’en tirent profit que ceux d’entre nous qui se font de la pub pour quelque bouquin) 
    Mais arrive le moment où nous allons monter des sites mutualistes ou coopératifs vrais afin de nous partager les dividendes et décider des investissements.

    Dans ce contexte, il devenait de plus en plus évident que la solidarité passive allait devenir obsolète. 
    L’individualisme ne peut que prévaloir dans un monde où chacun n’est plus loin de pouvoir co-contrôler toute la chaîne du système. 

    Le fait que dans une entreprise en dur, les contrats puissent être modifiés tue la solidarité passive et augmente l’individualisme, la contractualisation au cas par cas des individus. 

    Les entreprises sachant que chaque employé ne se repose plus sur quelque principe de solidarité passive savent aussi qu’elles doivent séduire leurs employés les plus productifs en leur consentant des contrats spéciaux. En fait, ils seront des associés (comme les acteurs de cinéma qui ont un pourcentage sur les recettes).

    Cet hyper libéralisme est bien entendu surprenant de la part d’un gouvernement de gauche mais il est pragmatique de la situation mondiale de plus en plus contractualiste (au cas par cas) où les entreprises ne veulent plus d’employés moutons mais requins. 



    Reste l’autre aspect de la question de la solidarité, celui de l’aide aux échoués, autant dire aux plus de 45 ans un peu ballots pour faire vite.

    Car autrefois, il pouvait sembler intéressant pour l’industrie de maintenir sous le coude, donc en vie, des chômeurs même âgés pas seulement pour créer une pression sur les salaires mais pour les employer vraiment à quelque manoeuvre.

    De nos jours, le réemploi des plus de 45 ans semble peu évident. Alors pourquoi entretenir sous le coude une masse de chômeurs qui ne seront jamais employés ?
     
    C’est donc à chacun de prévoir ses arrières 

    Or ce sont précisément les plus ballots qui se sont fait éjecter très tôt du business qui sont les plus ballots pour constituer leurs arrières 


    Il va y avoir des années difficiles à vivre pour ceux qui ont eu tendance à vivre de la solidarité passive mais la génération qui arrive va piger la nouvelle donne et sera plus douée pour gérer l’individualisme absolu

    C’est une ère de cynisme ou de personnalisation toutes classes confondues qui s’annonce
    Il en surgira probablement des contrats formels passés entre enfants et parents avec abaissement de l’âge de la majorité.
    Car pour l’instant la dernière solidarité passive qui existe est celle que les parents doivent à leurs enfants. Privés de la solidarité sociale géante, les parents devront passer des contrats avec leurs enfants mais aussi entre amis.

    Fin de la solidarité sectorielle passive, début de la solidarité multisectorielle choisie et active.

    Par le biais du contrat, chacun reconstituera autour de lui un village au moins virtuel avec une charte propre.
    Ce ne sera pas forcément plus mal.


  • ZenZoe ZenZoe 15 janvier 2013 15:05

    On regarde par le mauvais bout de la lorgnette.
    Ce ne sont pas les licenciements qui posent problème, c’est la destruction des emplois, nuance !
    Depuis les années 70, alors qu’il y a de plus en plus d’arrivants sur le marché du travail, on continue à remplacer les hommes par des machines, on continue à laisser partir les entreprises, on continue à se laisser envahir par des produits fabriqués ailleurs. Et aussi, on continue à asphyxier les créateurs d’entreprise avec des taxes, des monceaux de paperasses, des législations qui changent tous les 6 mois. Et aussi, on continue à pousser les jeunes dans des filières bouchées, pendant que les rares patrons qui veulent embaucher des soudeurs et des chaudronniers refusent des commandes parce qu’ils ne trouvent personne.

    Tant qu’on ne mettra pas le turbo sur la réindustrialisation du pays et la formation (la vraie, pas les stages farfelus de 3 jours qu’on propose aux chômeurs), tant qu’on n’incitera pas les Français à consommer local, on n’arrivera à rien.


  • lulupipistrelle 15 janvier 2013 15:29

    Une question sincère, j’avoue mon ignorance : en cas de refus du changement des termes du contrat de travail, le salarié est licencié, soit. Mais ce refus légitime est-il pénalisant ? En d’autres termes, est-ce qu’il perd ses droits à une indemnité de licenciement et surtout à sa prise en charge par l’Assurance chômage ? 


  • alain_àààé 15 janvier 2013 15:36

    excellent article et bien détaillé je suis d accord que les robots vont remplacé les ouvriers nous avons déja des usines qui fontionnent tout seul.

    concernant le syndicat C F D T il est embourgoiser avec la cotat qui se faisait sauter par des ministres et puis on lui a offer un bon job puis on a mis ce CHEREQUE dont le pére était un mouchard auprés des patrons lorsque les autres syndicats voulaient faire gréve concernant le fils chereque qui n as pas connu les emplois d ouvriers car se monsieur était fonctionnaire qui touchait plus de 6000e par mois maintenant il va toucher plus de 7000 e pour sa bravoure envers les politiques mais surtout le patronat


    • lulupipistrelle 15 janvier 2013 17:11

      Qu’est-ce que le libéralisme humaniste ? 



      Au point où j’en suis, pas de scrupule à avouer mon ignorance. 

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