mardi 3 mai 2011 - par CHALOT

La conférence gesticulée !

Au tout début des années 70, des militants refusant les manifestations "traîne savates" et tristes ont inventé les choeurs parlés....Aujourd'hui même ceux qui raillaient ces formes d'expression les ont reprises.

Pour que la citoyenneté ne soit pas un vain mot et pour que les organisateurs et le public deviennent des acteurs et pour rendre les "réunions" un peu plus ludiques, des amoureux du théâtre et des jeux de rôles ont "inventé" la conférence gesticulée !

Comment faire pour rendre une conférence attractive, ludique tout en apportant du contenu ?

La quadrature du cercle ?

Comment faire pour ne pas multiplier le nombre d'orateurs tout en donnant la parole à un maximum d'organisateurs ?

Encore une « tâche » impossible !

Rien n'est impossible à qui veut atteindre les objectifs qu'il s'est donnés ?

Des militants d'éducation populaire et des bénévoles amoureux de l'expression gestuelle et de l'improvisation ont inventé : L a conférence gesticulée !

Ce n'est ni une conférence proprement dite, ni un spectacle..

A moins que ce soit les deux à la fois !

Une conférence gesticulée ; ce sont des citoyens ordinaires qui montent sur scène pour parler de choses ordinaires, de leur travail, de l'école, des relations sociales, de leur vie.

. « A partir de ce qu’ils ont appris de par leur vécu, de ce qu’ils ont lu ou étudier, ils ont fabriqué une « objet politique non identifié »…

Un nouvel outil d’expression, d’analyse et de débat.

Un outil pour comprendre le système, un outil pour les luttes sociales. »

Avec une bonne préparation en amont et un peu de punch de la part des animateurs, les spectateurs peuvent devenir eux aussi des acteurs.

Ainsi se met en place des échanges et une communication .

Parfois la conférence s'arrête là et parfois elle se termine par un échange classique avec l'ensemble des participants.

Plusieurs associations du mouvement social ont décidé de se lancer dans l'expérience avec l'aide d'un groupe militant sur l'agglomération de Melun.

Elles ont choisi de traiter de la question des « nouvelles » relations dans l'entreprise ?

« Du management et de sa finalité réelle : organiser le travail dans l’entreprise pour rendre celle-ci plus performante afin de dégager plus de profits.

Elle nous explique quelles sont les théories qui se cachent derrière les méthodes employées. Comment celles-ci ont évolué pour rendre les salariés toujours plus efficaces, pour annihiler toute capacité d’action collective, et d’esprit critique sur le sens de notre travail… pour faire de nous des machines obéissantes qui jamais ne remettront en cause le système qui nous exploitent.

Jusqu’alors réservées aux entreprises privées, ces méthodes sont arrivées dans le secteur public sous le nom de « démarche qualité »… rationalisation, évaluation permanente, course aux objectifs etc. la culture managériale a petit à petit gangrené les services publics pour en faire des entreprises rentables. Répondre aux besoins essentiels des populations n’est désormais plus la priorité. Il faut maintenant faire du chiffre et pour cela convertir les salariés à de nouvelles méthodes… par tous les moyens ! »

Jean-François CHALOT



6 réactions


  • french_car 3 mai 2011 15:43

    Bonjour Mr Chalot, ne confondons pas les pratiques managériales du privé et du public. Les unes tendent à enrichir l’actionnaire, les autres, vertueuses, tendent à assurer un service maximal à iso-ressources. Il ne s’agit pas de faire du chiffre mais de faire du « gagnant-gagnant » comme on dit : des personnels motivés et des clients satisfaits.
    Je suis chaque fois choqué de l’immobilisme que certains affichent quant à la fonction publique. Celle-ci doit aussi chercher ses leviers de performance, avec une finalité qui n’est pas celle du secteur dit « concurrentiel ».


  • CHALOT CHALOT 3 mai 2011 15:51

    Je trouve votre remarque intéressante car elle lance le débat.
    Le problème c’est que les deux « systèmes » n’ont pas la même logique et quand dans les hôpitaux on parle de clients mais de patients, il y a là une inflexion plus que dangereuse.


    • Fergus Fergus 4 mai 2011 11:00

      Bonjour, Chalot.

      Si je suis depuis quelques années en retraite, j’ai bien connu l’évolution des méthodes managériales, et cela d’autant plus que j’ai travaillé, de manière atypique car non-aligné et plutôt franc-tireur, durant plusieurs années dans les Ressources humaines (quel vilain terme !).

      Mon credo concernant le vocabulaire évoqué : mieux vaut un « usager » bien traité qu’un « client » maltraité. Trop souvent, le client du privé n’est qu’un « cochon de payant » à qui l’on cherche à soutirer le plus de fric par tous les moyens, et notamment en usant et abusant des ficelles marketing.

      Public et privé, les démarches sont désormais à peu près les mêmes, avec leurs modes plus ou moins débiles (exemple : esprit « corporate ») visant à faire prendre au personnel mais également aux usagers ou clients les vessies pour des lanternes. Or que demande l’employé ? Une juste rémunération pour le travail fourni et le respect de sa personne. Et que demande le client ? Un bon rapport qualité-prix et un accueil correct. Toutes choses qui existaient bien avant que ne débarquent, il y a 30 ans, les outils managériaux pondus par les têtes d’œuf américains pour leurrer employés et clients.

      Qualité, voilà d’ailleurs un mot intéressant. Certes, il existe des « démarches qualité » utiles et efficaces, notamment pour contrôler la production d’une usine. Mais la plupart du temps le mot « qualité » n’est utilisé que comme leurre, lui aussi, pour masquer la réalité : plus une entreprise est médiocre, et plus elle mettra en avant une prétendue « démarche qualité » et surtout une « charte de qualité » censée répondre à toutes les exigences et qui n’est qu’un piège à cons et à naïfs.

      Par ailleurs, les « démarches qualité » s’appuient de plus en plus souvent sur des processus de certification ISO. Et là aussi, on pénètre parfois dans le domaine de l’absurde car le processus est terriblement consommateur de temps, d’énergie et de personnel. A tel point qu’il n’est pas rare de devoir y affecter des gens devenus de facto non opérationnels. J’ai connu des boîtes de formation qui ont dû se priver de formateurs qualifiés pour affecter leur part de masse salariale à des administratifs dont le boulot consistait à faire tourner la démarche ISO. Totalement imbécile mais la boîte pouvait afficher sa certification dans sa communication alors qu’elle avait diminué son potentiel pédagogique !

      J’arrête là mais il y en aurait encore des masses à raconter...

      Cordiales salutations


  • Unghmar Gunnarson Unghmar Gunnarson 4 mai 2011 11:48

    Bonjour,

    Ces spectacles sont à voir absolument, et sinon, sont disponibles après tournée sur le site de la « SCOP le pavé » rubrique « Contes politiques »


  • kiouty 4 mai 2011 12:04

    Or que demande l’employé ? Une juste rémunération pour le travail fourni et le respect de sa personne. Et que demande le client ? Un bon rapport qualité-prix et un accueil correct.

    Oui mais pour les salaires, la question est réglée à coup de chômage de masse et de pression actionnariale, le niveau du salaire sera toujours inférieur à ce qu’attend le salarié et toujours supérieur à ce que le boss voudrait payer. Il faut donc trouver des leviers pour presser le salarié comme un citron à des couts toujours plus faibles, et c’est à ça que servent (devraient servir) ces fameuses (fumeuses) méthodes managériales dont les USA sont les créateurs, mais dont ils en reviennent par ailleurs ces dernières années.
    Evidemment, la France ayant toujours 15 ans de retard sur les USA, on est en plein dedans. Et d’autre part, personne n’a dit que ces méthodes fonctionnent, mais bon, le fonctionnement d’une entreprise fait qu’il n’y a pas à se soucier de l’humain, tant que ça n’impacte pas significativement les finances.

    Pour le client, on l’appâte avec un prix d’appel pour, au final, lui proposer plus cher et au-dessus de son budget pour avoir quelque chose de pas pourri, en mettant « un peu plus » que la limite haute du budget fixé. C’est quasi imparable. Et l’amabilité est très présente quand on compte escroquer au maximum le client, c’est à double tranchant, un « bon » accueil", ça demande un effort donc ce n’est pas forcément désintéressé.
    Quant à l’accueil, combien de clients acceptent de se faire maltraiter par un service qui n’est pas à la hauteur, mais vu qu’on s’est déplacés et qu’on a deja attendu 10 minutes, autant aller jusqu’au bout ?


  • kiouty 4 mai 2011 12:05

    Ah oui, et même avec un bon accueil et un bon rapport qualité prix, combien de clients trouvent toujours et encore le moyen de se plaindre et d’en exiger toujours davantage ? Des fois, ça ne vaut pas le coup de trop en faire, ce n’est pas forcément récompensé.


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