jeudi 9 février 2012 - par Raymond SAMUEL

La maltraitance des jeunes enfants : composante principale de la bombe à retardement qui explose si souvent à l’adolescence ou à l’âge adulte

Comment ouvrir réellement un débat honnête sur ce sujet ?

Article 19 de la convention internationale des droits de l'enfant. (ONU 20.11.1989) ratifiée par la France :

- » Les Etats partie prennent toutes les mesures législatives, administratives, sociales et éducatives appropriées pour protéger l'enfant contre toutes les formes de violence, d'atteintes ou de brutalité physiques ou mentales, d'abandon, ou de négligence, de mauvais traitements ou d'exploitation, y compris la violence sexuelle, pendant qu'il est sous la garde de ses parents ou de l'un d'eux, de son ou ses représentants légaux ou de toute autre personne à qui il est confié. »

Cet article a été traduit, sur un site destiné aux enfants, par le texte simple suivant :

  • « L'Etat doit te protéger contre toutes les formes de violence et de brutalités physiques et mentales ; »

La loi dit aussi que, pour un même acte délictueux ou criminel, un mineur est moins lourdement puni qu'un majeur.

Je vous donne maintenant ci-après le témoignage d'un enseignant (Bernard DEFRANCE) qui compare la loi à la pratique courante : !

  • « L'apprentissage de la loi suppose sa mise en pratique .

- Que se passe-t-il DANS LES FAITS, quand je perds mon sang-froid et que je flanque une claque à un élève (ça n'arrive jamais, bien sûr... : - le bon maître saura, par une autorité juste mais ferme, etc... etc..., vous connaissez le discours).

Qu'arrive t-il dans ce cas ?

Eh bien, une fois sur dix les parents qui surprotègent le précieux chéri vont protester et, éventuellement, ME TRAÏNER EN JUSTICE.

En Justice, neuf fois sur dix ILS SERONT DEBOUTES..

Une fois sur dix ils viennent me trouver en me demandant de TAPER PLUS FORT parce qu'eux-mêmes ne savent plus quoi faire de leur voyou.

Huit fois sur dix, IL NE SE PASSE RIEN.

- Que se passe-t-il, en revanche, DANS LES FAITS, si un élève, perdant lui aussi son sang-froid, me frappe ?

Eh bien, dans l'heure qui suit :

  • grève des collègues, titres dans les journaux, les sociologues de la « violence à l'école » s'abattent sur les plateaux de télévision, signalement au parquet des mineurs, déclarations ministérielles, délégations et, bien sûr, pour le gamin, conseil de discipline et expulsion. »

Ainsi, pour la sanction de cette infraction, l'école fonctionne à l'envers de la loi, le mineur est beaucoup plus fortement sanctionné que le majeur.

  • « Ne vous étonnez pas des résultats « ajoute Bernard DEFRANCE. Car en effet, l'enfant a une forte conscience de l'injustice.

Quant à l'APPLICATION de l'article 19, il n'en est pas question à l'école (ailleurs non plus).

En février 1922 l'historien Gustave DUPONT écrivait :

  • « La discipline de la maison (l'école) ne triomphait que par la force et n'agissait pas sur les consciences »

Cinquante ans plus tard historiens et philosophes dénonceront encore le caractère contraignant et coercitif du fonctionnement des établissements scolaires : silence dans les classes, élèves en rang dans la cour, dialogue inexistant avec les adultes, toute puissance des enseignants, travail ramené à la restitution passive des matières apprises.

En 68 on dénonçait le lycée caserne ainsi que les punitions corporelles.

Quarante ans après, quels changements ? Malgré l'existence de délégués, pas grand-chose. Le collège et le lycée caserne sont maintenant entourés de hauts grillages assortis, d'un gardien bardé de clés. La caserne dénoncée en 68 évolue vers la prison et les élèves font irrésistiblement penser aux détenus, ils sont enfermés (par trente du même âge) dans un lieu clos dont ils ne peuvent sortir qu'après en avoir obtenu l'autorisation, concentrés à heures fixes dans une cour bétonnée, ils doivent obéir au coup de sifflet, avoir toujours tort face à l'adulte, être jugés, etc...

Quant à l'école maternelle/primaire ses rythmes et ses exigences sont en parfaite contradiction avec les besoins des jeunes enfants .

Besoins :

  • Ne jamais être réveillé,

  • s'endormir et se réveiller près des parents,

  • se savoir aimé sans conditions,

  • pouvoir aimer sans démenti de la part de ceux qu'il aime,

  • se savoir protégé nuit et jour,

  • être entendu au moment précis où il appelle à l'aide,

  • évoluer dans un milieu stable,

  • pouvoir expérimenter librement,

  • vivre hors du bruit, de l'agitation, des ruptures de toutes sortes,

  • etc..

De la mauvaise foi à la trahison effective des enfants.

L'Etat est maltraitant à travers l'école. Les conséquences de la scolarisation sur la santé des enfants n'est jamais évaluée. De plus, la connaissance des besoins des enfants n'a jamais été une préoccupation pour les Pouvoirs publics (en dehors d'une surveillance sommaire de la santé physique).

Des conditions pathogènes sont infligées aux enfants. Personne ne cherche à les mettre en évidence. Elles ne seront jamais corrigées.

Le gouvernement et les enseignants ont pour mission de défendre le système et pas du tout celle de le changer contre un autre. Les parents pensent qu'ils n'ont pas le choix.

Réflexion d'une institutrice de petite section de maternelle :

  • « Non, ça ne m'inquiète pas. C'est comme ça. Ils viennent de la crèche ou d'un autre mode de garde, après ils iront à la grande école. Oui, c'est fatigant pour eux et pour moi, mais ils savent très bien quand ils doivent s'arrêter, ils deviennent malades, comme ça ils se reposent. C'est comme ça et personne ne veut que ça change, les femmes ne retourneront pas à la maison. »

Réflexion d'un parent :

  • « Il y en a qui pleurent pendant quinze jours ou plus. Ils finissent par s'y faire. »

Et en effet, ils « s'y font » !

L'opinion générale qui imprègne notre culture c'est que les enfants sont naturellement destinés à devenir des voyous fauteurs de désordre. Dans cette optique, la bienveillance et les égards n'auraient d'autres effets que les encourager dans ces mauvais penchants et seule la coercition est en mesure d'en venir à bout.

Cette terrible erreur est quasi officielle. Elle est bien représentée par notre Président de la République, chantre de la répression et ennemi juré de la prévention.

Ainsi les particuliers, comme l'Etat, consciemment mais aussi inconsciemment, agissent à l'inverse de la loi en trouvant légitime de réserver les mauvais traitements aux enfants alors qu'ils ont, avec les adultes, des échanges empreints de respect et d'urbanité.

Leur culture est à première vue incompréhensible, car en effet, aucune espèce vivante autre que l'espèce humaine ne malmène ou maltraite ses petits. La sollicitude pour ses petits est forcément un réflexe naturel compte tenu des impératifs de la perpétuation de l'espèce.

Cette idéologie haineuse à l'égard des enfants (bien pratiquée par notre (encore) Président de la république) ne peut être que d'origine culturelle ou transmise par epigénétique.

Parfois le souvenir inconscient de son propre statut d'enfant alors affiché comme mauvais, ressurgit chez l'adulte devenu parent. Il transfère ce sentiment cuisant sur ses propres enfants, les considérant comme il a été considéré lui-même. Ce réflexe se double parfois chez ce parent, de la confusion entre le rôle de son propre parent maltraitant et le sien. Il endosse la personnalité de son parent maltraitant et attribue son ancien état d'enfant maltraité à son propre enfant.

J'ai assisté à ce dernier phénomène, qui s'est hélas terminé tragiquement.

Certains adultes, humiliés, bafoués, rejetés dans leur petite enfance, trouvent un moyen de restaurer leur image d'eux-mêmes grâce au statut de Plus Fort qui leur échoit face à ces enfants Plus Faibles sur lesquels ils peuvent exercer sans risque une domination salvatrice.

Un autre problème étant que plus le temps passe, plus les dégâts psychiques et affectifs s'étendent, car maintenant il y a uniformité des modes éducatifs et la maltraitance éducative atteint tous les enfants à quelques exceptions près.

Le stress intense et continu subi par les jeunes enfants pendant la période cruciale où l'essentiel de leur système nerveux se forme (entre la date de la conception et l'âge de six ans) influe largement sur la construction du cerveau laquelle construction est, on le sait, conditionnée par les informations qui lui sont fournies par l'environnement.

Dans les conditions de maternage et d'élevage telles qu'elles existent quasi universellement aujourd'hui, cet environnement est ressenti dès le berceau comme hostile, dangereux, non secourable, de sorte qu'il en résulte des atteintes et malformations qui n'auraient pas existé dans un milieu favorable.

C'est ainsi que l'empathie est dans l'impossibilité de se développer, que l'estime de soi est détruite, que la confiance dans les autres ne peut pas naître, que se développe une culture de l'antagonisme, l'Autre étant perçu définitivement comme ennemi.

C'est entre les mains des adultes éducateurs, parents et professionnels, que se trouve l'avenir de la société, comme c'est dans la conception de l'éducation telle qu'elle existe depuis quelques décennies qu'il faut rechercher la cause de « ce monde de brutes » et, j'ajoute sans hésiter : « ce monde de souffrances » qui est maintenant le nôtre.

D'autres causes encore de notre culture anti-enfants.

On peut accuser la tradition. Il y a une continuité depuis le 19 ème siècle, époque où la cardinal de Bérulle déclarait que l'enfance était la période de la vie la plus abjecte, et où les parents (surtout parisiens) envoyaient leurs bébés en nourrice à la campagne où ils mourraient assez souvent. Un arrêté (ou un autre document de cet ordre) avait d'ailleurs été pris pour réduire le nombre de bébés qui tombaient des charrettes en cours de route !

Notre président de la république est un digne successeur du cardinal de Bérulle, notamment lorsque, ministre de l'intérieur, il établissait en 2003 un projet de loi à l'encontre des délinquants juvéniles. Il énonçait à cette occasion, « qu'il ne faut pas donner une excuse sociale ou sociologique à la délinquance », et aussi, « qu'il faut rompre avec une approche de type social, renoncer à étudier les causes de la délinquance ».

En clair : continuons à fabriquer des délinquants, il suffit de les éliminer au fur et à mesure lorsqu'ils se manifestent.

On peut constater d'autre part que le féminisme ultra est arrivé à point nommé pour libérer la femme de l'enfant au moment où le développement de la connaissance aurait démontré la nécessité pour les parents, d'être, au contraire, plus présent auprès de leurs enfants.

Ces connaissances, en effet, auraient été rédhibitoires aux yeux des féministes puisque les femmes étaient à cette époque, plus encore qu'aujourd'hui, très majoritairement impliquées dans le maternage et l'éducation et souhaitaient s'en libérer (paradoxalement, ces féministes ont, en même temps, largement contesté aux hommes leur rôle de parent).

Lisons Caroline ELIACHEFF : « les femmes ne veulent plus, ne peuvent plus, sacrifier leur vie sociale à l'éducation de leurs enfants ».

L'idéologie féministe a imprégné très fortement toute la société faute d'une quelconque opposition. Pendant longtemps la direction des organismes officiels traitant de la famille et de l'enfant ont été confiés à des féministes qui raisonnaient hors de la famille et dont le seul but était de chasser l'homme et l'enfant du plus grand territoire possible. Le planning Familial notamment, a été (et est sans doute encore) un bastion de la lutte contre le couple et l'enfant (et la famille). Les femmes enceintes ne sont en général pas écoutées mais poussées d'office à l'IVG (accessoirement à l'infidélité féminine selon déclaration de Danielle GAUDRY – Le Monde 2 n°103 – sans égard pour les conséquences sur les enfants).

Caroline ELIACHEFF exagère quelque peu, si elle avait entièrement raison tous les enfants seraient totalement orphelins. Cependant, la tendance est forte et beaucoup sont en grande souffrance.

Ainsi, globalement, les enfants sont bel et bien partiellement abandonnés par tout le corps social, par l'Etat, par les professionnels et par les parents. Ils sont à peu près sans recours contre la maltraitance généralisée, ils sont largement l'objet d'une haine diffuse qui ne dit pas son nom.

Les mauvais traitements assez graves pour être officiellement qualifiés de tels, c'est à dire ceux qui peuvent manifestement conduire l'enfant à la mort sont disjoints des mauvais traitements de moindre ampleur, ce qui permet d'innocenter presque tout le monde.

J'ai tendance à penser que nous sommes dans cette situation parce qu'il est encore possible de dire n'importe quoi et le contraire en matière d'éducation, faute de connaissances sur le sujet.

La seule issue, à mon avis, serait que les connaissances avancent suffisamment, mais surtout, soient étayées par des études scientifiques indiscutables de façon qu'il ne soit plus possible pour personne, d'échapper à la réalité des faits.

En attendant, portée par la maltraitance ordinaire les mentalités anti-enfants et la complicité participative de l'Etat, la maltraitance grave continuera de tuer officiellement deux enfants PAR JOUR et se développera encore si nous ne nous mobilisons pas pour que change le regard que les adultes portent sur l'enfant.

Nombreux sont certainement ceux qui ne veulent pas être complices de ces crimes affreux. Je m'adresse à eux :

  • Ne laissez pas le champ libre à ceux qui ont été abusés et qui veulent plus de brutalité encore. Manifestez-vous et contribuez à faire connaître la réalité. Exprimez-vous ici mais aussi et surtout ailleurs et de toutes les manières possibles. Et aussi, rassemblez-vous.

Raymond SAMUEL



19 réactions


  • Annie 9 février 2012 19:05

    Je suis d’accord avec tellement de choses dans cet article. La discipline imposée aux jeunes enfants à l’école me semble totalement barbare. Elle doit convenir à la majorité mais elle ne m’a pas convenu et elle n’a pas convenu à mon fils qui heureusement n’a été scolarisé que quelques semaines dans un établissement français. Certains enfants ne peuvent pas rester assis pendant de longues heures, et cela n’en fait aucunement des asociaux. La maltraitance n’est pas toujours de frapper un enfant, mais d’exiger qu’il soit « propre » à deux ans, ou encore qu’il puisse se servir d’un couteau et d’une fourchette avant l’heure. Dans mon esprit, la discipline c’est d’être cohérent, sans avoir à recourir aux punitions corporelles et en enseignant par l’exemple.
    Je dois dire qu’après avoir été une enfant très « disciplinée » par ma mère (mais sans punitions corporelles) j’ai fait le contraire avec mes enfants, par réaction mais aussi par manque de repères. Je repense toujours à ce film d’Hitchcock, pas de printemps pour Marnie, lorsque l’héroïne essaye de voler de l’argent dans un coffre mais ne peut pas. C’est exactement ce que j’ai ressenti à chaque fois que je me suis dit que mes enfants mériteraient une punition (privation de télé, rien de radical). Comme la main de Marnie qui commence à trembler dès qu’elle s’approche du coffre, tout en moi s’est mobilisé pour m’empêcher de le faire.


    • ottomatic 10 février 2012 03:51

       «  La discipline imposée aux jeunes enfants »

      LOL, ca existe encore quelque part ?????????????????

  • lsga lsga 9 février 2012 20:04
    EXCELLENT ARTICLE !

    Je suis toujours effaré par la maltraitance des enfants organisée au niveau étatique :

    On force les gamins à se lever tous les jours à 7h du mat, puis à rester assis toutes la journée sur une chaise sans avoir le droit de bouger et en étant obliger d’avaler des quantités d’informations fondamentalement inintéressantes, et cela quotidiennement. Pas étonnant que tous les adultes deviennent des malades mentaux après avoir été ainsi mal traités (et souvent humiliés) pendant toute leur petite enfance. 

    Alors que les associations de protection de l’Enfance luttent (avec raison) contre les maltraitances spectaculaires qui ont lieu dans le milieu familiale, elle passe à côté du problème terrible de l’Ecole. Pourtant, l’enfant ne passe que très peu de temps en famille. L’enfant passe l’essentiel de son temps éveillé à l’Ecole, dans ces grands abattoirs de la connaissance. 

    Aujourd’hui, quand on regarde le 19ème, on est choqué du travail des enfants.
    Demain, quand les générations futures regarderons notre époque, elles seront choqués par le fait que nous ayons ainsi laissé le système maltraiter nos enfants avec une telle violence. 


    • amipb amipb 9 février 2012 22:48

      Je pense que cela fait longtemps que vous n’êtes pas allé à l’école.

      Personnellement, je suis effaré de voir la désorganisation totale dans les écoles maternelles, les élèves qui rentrent et sortent comme bon leur semble et ne dise quasiment jamais bonjour à leur maîtresse ou maître.

      S’il y a des abus, c’est bien côté horaires, visionnage précoce de la télé et le peu d’activités extérieures, même en hiver.

      On est loin du très bon exemple popularisé par le film « Être et avoir ».


    • lsga lsga 10 février 2012 10:59

      ’Je pense que cela fait longtemps que vous n’êtes pas allé à l’école.’


      Les cours ne commencent plus à 8h30 ?

  • Raymond SAMUEL paconform 9 février 2012 21:58

    Bonsoir SABINE, ANNIE et ISGA,

    Merci de participer.
    Récemment, M.Rosenczweig, le juge des enfants de Bobigny disait sur France 5 que dans vingt ou trente ans sur ce sujet on regardera notre époque comme aujourd’hui nous regardons le néolithique !
    Espérons que l’avenir lui donnera raison. Nous avançons, au moins en apparence, mais si lentement que vingt ou trente ans ne semblent pas du tout suffisants

    Oui Sabine, mon article ne fait que présenter, effleurer même, le sujet. Celui-ci se subdivise en diverses branches qu’il faudrait développer suffisamment séparément. C’est indipensable. On n’avancera pas si on ne traite pas le sujet avec assez de vigueur et de constance. C’est le but de mon appel en fin d’article.
    Personnellement, je pense que le problème de la santé psychique des adultes se posera aussi longtemps qu’une génération (aujourd’hui en partie malade) n’aura pas réussi à élever une génération d’enfants en bonne santé psychique (et physique par répercution).
     Dans l’état actuel des choses, c’est impossible.
    Ainsi, la première chose à faire c’est de faire reculer l’ignorance. Informer donc.

    Pour que les mentalités évoluent il faut d’abord que la connaissance progresse et ne puisse pas être contestée. Nous avons donc besoin d’études scientifiques en provenance de chercheurs INDEPENDANTS, non inféodés au Pouvoir ni influencés par des idéologies. Ces chercheurs existent.
     Des études (peu difusées) prouvent par exemple, que les jeunes délinquants ont perdu (ou n’ont pas acquis) la faculté à avoir de l’empathie. Cette étude permet d’expliquer notamment le comportement des enfants harcelleurs dans les cours d’école (ils sont indifférents aux souffrances qu’ils infligent). A partir de là on peut remonter aux causes, et, espérons-le, agir sur ces causes.


  • crazycaze 10 février 2012 00:07

    Les questions soulevées par votre article sont nombreuses et complexes, et il serait difficile d’y répondre en quelques lignes.

    Pour ce qui est des études scientifiques sur ces questions il en existe, et un domaine précis de la psychologie s’y intéresse, la psychologie du développement. Malheureusement, quand il s’agit de faire appel à des supposés spécialistes de ces questions, on convoque bien souvent des pédopsychiatres surmédiatisés (Ruffo, Clerget, Naouri) qui assènent leurs croyances en lieu et place des connaissances reposant sur des études tangibles, ou carrément des psychanalystes ou des psychologues cliniciens d’obédience psychanalytique.

    De part leurs formations, les pédopsychiatres sont avant-tout des médecins-pédiatres, spécialisés en psychiatrie infantile et ayant suivi quelques cours de psychologie dans une seule perspective, l’approche psychanalytique (freudienne, néo-freudienne, jungienne, lacanienne...). Aussi, les entend-on proférer comme avis d’expert des âneries et des idées complètement contraires à ce que montre la grande majorité des études sur tel ou tel sujet relevant du développement de l’enfant.

    Car des études scientifiques, il y en a, des bonnes comme des moins bonnes, publiées dans des revues scientifiques telles que Social Development, Child Development, Psychological Review, Enfance, Psychologie Française... Mais elles s’adressent principalement aux professionnels... Il est souvent difficile d’en rendre compte, car la vulgarisation n’est pas valorisée et il faut avoir un minimum d’outils d’analyse pour en apprécier la portée, la solidité, etc. Un peu comme toute revue technique... pour le professionnel ou l’amateur éclairé quel qu’en soit le domaine.

    Le problème en France est que nous sommes un des derniers pays, avec le Portuagl ou l’Argentine, à accorder une prépondérance au seul discours d’une perspective en psychologie de l’enfant, le courant psychanaytique, l’érigeant en cantique des cantiques, en savoir sacré dont on ne peut attaquer ni les dogmes ni les prophètes sans craindre l’anathème.

    Or, les connaissances sur la compréhension de la contruction de la personne ont bien évolué depuis, et reposant sur des bases un tant soit plus rigoureuses que « l’ensemble articifiel de nos hypothèses.. » ( Freud, 1920, qui était loin d’être stupide... à défaut d’être honnête).

    L’effet de certaines pratiques éducatives sur le développement de l’enfant, des valeurs familiales, des interactions sociales avec son entourage, parents, fratrie, grands-parents, amis, etc., quelles informations sont accessibles, dans quel contexte, etc, ont fait l’objet de nombreuses publications et de controverses entre différentes perspectives théoriques. Enormément a été étudié, confirmé par différentes études, réalisées sur des devis internationaux pour comparer les effets culturels, etc. Or, mis à part Boris Cyrulnik, ce qu’on entend sur ces sujets de la part des « experts autorisés » trahie leur ignorance totale de ces études.

    Par rapport à ces questions, il faut se demander « quel enfant, dans quel environnement ? ». La loi peut être écrite en mots intelligibles, mais les mots ne parviendront jamais à restituer l’ensemble des informations permettant d’appréhender une situation. Qu’est ce que la violence ? On peut s’accorder assez facilement sur ce que recouvre une telle notion, pensez-vous, pourtant selon les périodes et les cultures (micro comme macro), ce qui peut être considéré comme « violence » peut différer (relativisme culturel). Mais pire encore, est-ce qu’une violence physique est plus grave qu’une violence mentale ? Quand pouvons-nous estimer que telle parole ou action constitue une violence morale ? Pour quel enfant ?

    Il est évident trop réducteur de parler de l’Ecole, ou de l’Enseignement, quel que soit le programme ou les directives, sans considérer les acteurs essentiels, les enseignants, les conditions de scolarité, le contexte socio-économico-culturel. Nous avons eu pour la plupart d’entre nousdes maîtres, maîtresses, des profs, mais aussi des matières que nous avons appréciés, moins détestés, ou détestés. Et même des matières que nous avons détestés sauf avec tel prof...

    Pour faire très court, l’enfant grandit dans un système (la famille, avec les différents sens plus ou moins larges que revêt la notion de famille), dans lequel il construit des modes d’interaction plus ou moins efficients, dans lequel il affine sa capacité de discrimination d’informations lui servant à anticiper les réponses qu’il devra donner aux variations environnementales. Lorsqu’il change de contexte, les règles d’interaction avec les individus, les informations accessibles, sont plus ou moins différentes de celles du contexte familial. L’enfant doit donc s’adapter à de nouveaux contextes. Or, effectivement, ces contextes peuvent être plus ou moins respectueux du rythme de l’enfant.

    Malheureusement, nos arbitraires culturels, idéologiques, politiques, se moquent bien de nos connaissances sur la chronobiologie et les incidences d’une telle méconnaissance sur le développement « optimal » de l’enfant, sur les bienfaits d’une pratique éducative « démocratique » vs. « autoritaire », sur l’importance de l’estime de soi, de l’existence d’une relation collaborative parents-enseignants, etc. 

    Il faut égélement éviter aussi les généralisations stupides du style « si votre enfant regarde la télé plus de 1h par jour, alors... ». Non pas que je veuille les encourager à regarder la télé, mais ce genre de raccourci est tout le contraire d’une attitude scientifique. Quel enfant, dans quelle famille, qui regarde quoi, et qui fait quoi à côté, etc. Autant de variables qui peuvent peu ou prou contredire ce genre d’affirmation. Il y a un réel danger à exposer le très jeune enfant devant la télé - ça le neutralise !! smiley ! - au point de vue neurobiologique, mais plus âgé d’autres variables doivent être considérées. Mon gamin de 10 ans ne regarde pas la télé tous les soirs de 18h à 21h... il est dehors avec ses copains... ils jouent au foot... avec les animateurs de quartier... après avoir fait leurs devoirs... A chaque précision votre représentation de la situation a changé. 

    Une étude peut-être rigoureuse au point de vue méthodologique et statistique, ses résultats tangibles, mais répondre à des questions connes. De même, toute réponse du style « en moyenne les français » est à rejeter sans même attendre la suite. La moyenne des français a vu son revenu annuel progresser de 3 % l’année dernière, peut résulter d’un accroissement monumental des revenus de 10% de l’échantillon étudié et d’un appauvrissement plus ou moins important des 90% restant. 

    Le développement individuel est complexe, il faut faire avec le complexe. Toute généralisation, toute idée simpliste, est vouée à l’échec car elle se heurte à la multiplicité de nos expériences, de nos cadres de référence. Tout comme il est idiot de vouloir prédire la délinquance à 3 ans, ou de chercher en vain dans les gènes les raisons supposées de nos comportements ultérieurs, il nous faut admettre que nos dispositions biologiques ne sont pas en grande majorité des données immuables, tout comme notre psychologie ne se joue pas à l’âge playskool, avec pour seuls partenaires interactifs déterminants une sacro-sainte mère et un père fouettard !!


    • easy easy 10 février 2012 10:33

      De l’intelligence, enfin !


    • crazycaze 11 février 2012 16:33

      De l’intelligence, à voir... mais une solide formation dans ce domaine ça c’est sûr !! smiley !!!

      Par contre, à tous ceux qui distribuent des mauvais points, il serait sans doute plus constructif de prendre la plume - hum, le clavier - et de développer votre point de vue, vos critiques, vos points de désaccord. Je n’ai pas la science infuse et mes considérations, même si je peux les étayer sur des bases solides, ne sont jamais que les miennes, et donc sujettes à controverses.

      Pour ma part, je trouve que la controverse est le moteur du progrès scientifique. Par contre, ce conduire comme une Agence de Notation, ça n’apporte pas grand chose !! smiley !!!


  • velosolex velosolex 10 février 2012 08:53

    Bravo pour cet article.

    Même si des gamins parviennent à s’en sortir grâce à la chance de quelques rencontres opportunes, résilientes, on sait bien que les traumas de l’enfance donnent naissance à des névrosés, des gens violents, pulsionnels, incapables de se dominer, et en proie ensuite à une souffrance authentique. C’est une évidence. Les choses ont bien changé par rapport à hier. Les souffrances ne sont plus les mêmes. Hier tournant autour de la violence physique, celles d’aujourd’hui ont plus à voir avec les difficultés sociales, le déchirement, le divorce des parents, la solitude dans de nouvelles familles, voir le sentiment d’abandon, de ne rien valoir.
     
    Autre chose, les gamins sont de véritables buvards des situations qu’ils traversent, autant que de leur époque. C’est en les voyant évoluer, parler qu’on peut se faire une idée de la société dans laquelle on vit. A moins de les mettre sous cloche, et il y en a qui y arrive....Jusqu’à dix, douze ans, pas trop difficile, et encore tout dépend du quartier, de l’entourage, de la liberté laissé de force ou par nécessite à l’enfant.
    Leurs mots, leurs façons de se comporter vous échapperont en partie, influencés par l’air du temps, les copains, tout ce qui se traine dans l’air. Il ne sert à rien, dans beaucoup de cas, de s’en prendre aux parents, responsables de l’éducation par la loi, mais qui sont bien débordés par des techniques et des échanges qu’ils ne maitrisent pas, ou peu, et qui sont confrontés eux même à des problèmes de compétitivité, de chômage, qui les rendent absents, ou peu disponibles.

    Le stress s’accroit sur les parents, comme sur les enfants, à qui l’on demande d’être performants, intelligents, plus que les autres, pour se faire une place, dans une société qui ne leur fera pas de cadeau. Tant mieux pour les gamins les mieux lotis, pour qui les cours particuliers et les relations, autant que l’empilage permanent des années d’études permettront de s’en sortir, et de se jouer au mieux de la compétitions faussée, tant pis pour les autres, que l’on aura leurré dans cette école républicaine qui l’est de moins en moins, les diplômes étant dégradés.

    Il serait intéressant de proposer une aide éducative aux enfants dés qu’ils décrochent, au lieu de les stigmatiser par une redoublement qui ne sert à rien. Aide éducative, mais aussi relationnelle, et affective, pourquoi pas, ( les enseignants ayant leur limite de disponibilité) par le biais d’adultes bénévoles qui pourraient être résilients, les réconciliant avec l’idée de culture gratuite, sans enjeu, si ce n’est que personnel.
    Une idée qui serait peut être à développer, pour le grand bien de tous, des enfants, mais aussi de personnes disponibles qui se valoriseraient ainsi. Pour le plus grand bien de tous.


    • easy easy 10 février 2012 10:40

       Avis partagé


    • velosolex velosolex 10 février 2012 18:44

      Alchimie

      Tout semble aller pour le mieux dans votre petit meilleur des mondes possibles

      . Néanmoins, malgré vos belles convictions, et l’assurance que les enfants sont aidés efficacement, quand ils ont un problème, la France reste à peu prés ou s’en faut, le seul pays d’europe à pratiquer le redoublement.

      Oserais-je parler de l’exemple des pays nordiques, où l’on tache de faire avancer les enfants ensemble, au lieu de privilégier les gamins qui s’en sortent le mieux.

      Sans doute vais-je encore me faire reprocher de ne pas connaitre le sujet. Ca sera la suite logique après m’être fait envoyé au coin, avec mon petit solex.

      « Quant à dénoncer les évidences : nous souffrons tous à la naissance , donc nous sommes tous des névrosés. »

      Pour ça, je n’ai rien à dire. Je vous envie cette formule sidérante

      Actuellement infimier DE exerçant en psychiatrie, je garde néanmoins cette belle phrase d’or en mémoire, afin de consoler mes patients ?


    • crazycaze 11 février 2012 16:25

      Pour ce qui est du redoublement... le problème est celui d’une conception de l’apprentissage à la mode piagétienne mal comprise (pauvre Piaget). Tel âge, telles compétences !!!

      Or, beaucoup d’études montrent des différences profondes entre enfants dans leur vitesse d’apprentissage. Dans certains systèmes éducatifs « nordiques » il n’y a pas de redoublement tout simplement parce que ça n’a pas de sens dans un système où l’on respecte le rythme du développement cognitif de l’enfant. Bac à 16 ans ou à 20 ans ? Quelle importance ??? L’important est d’asseoir ces connaissances sur de bonnes bases, le reste n’est qu’idéologie et arbitraires culturels. Erikson montrait ainsi l’incidence des contextes sociétaux et culturels sur la pression parentale concernant l’acquisition de la marche chez l’enfant. Dans une tribu amérindienne nomade, l’enfant était encouragé, stimulé, pour qu’il acquiert le plus vite possible la marche, alors que dans une tribu sédentaire l’enfant apprenait à marcher à son rythme.

      On rencontre souvent à la sortie des écoles certains de ces parents qui confondent précocité d’acquisition (marche, langage, etc.) et compétence parentale... les mêmes qui quelques années plus tard s’enorgueilleront des performances scolaires de leurs enfants comme étant pour une très large part le fruit de leur éducation et qui par contre au moindre échec en attribueront l’entière responsabilité à l’enfant.


  • Raymond SAMUEL paconform 10 février 2012 11:22

    Bonjour,

    Merci de votre intérêt et de vos contributions.


  • brad 10 février 2012 12:23

    Votre article est intéressant mais vous ignorez la cause principale des problèmes des enfants d’aujourd’hui.
    Vous devez absolument lire l’article suivant :
    http://knol.google.com/k/la-cause-de-l-homosexualit%C3%A9#


  • mick_038 mick_038 10 février 2012 15:43

    Je suis le papa d’une petite fille de cinq ans, L, que j’élève seul et que j’assume seul depuis trois ans.
    Je suis séparé de sa maman, A, depuis trois ans, cela étant dû en grosse partie à l’attitude envahissante de ses parents adoptifs, et du fait qu’elle les ait laisser faire.
    Pour illustrer un peu la situation, la dernière année il était devenu impossible de sortir le week-end avec les petites sans leur demander leur avis et leur autorisation.
    Je ne plaisante pas. Il fallait passer tous les week-end avec eux et faire toutes les sorties qu’ils nous soumettaient avec eux.
    Bref, j’ai finalement pété un plomb et je suis parti, avec ma fille L, considérant cette environnement des plus malsains et nuisible.
    Sa demi-soeur de six ans et demi à l’époque (neuf ans aujourd’hui), que j’appellerai R, n’est pas restée chez sa mère. A ce moment là, elle a décidé de la confier temporairement à ses parents adoptifs.
    Je dois préciser que l’ainée ne voit plus son père depuis l’âge de deux ans, pour quasiment les mêmes raisons, et qu’il a préféré abandonner.
    Il faut savoir que mon ex est bipolaire, donc énormément de troubles du comportement, de l’humeur, etc.
    C’est une situation extrêmement pénible à vivre, pour elle, pour moi, pour les filles.
    Nous sommes donc passer devant un juge, et j’ai donc eu la garde de ma fille L.
    En ce qui concerne l’ainée, R, le juge a délégué une partie de l’autorité parental aux grands parents, définissant par là même des jours et horaires aménagés afin de préserver la relation de soeur entre les deux soeurs R & L.
    Ainsi, elles doivent passer tous les mercredi (mardi 19h->mercredi 19h) ensemble, chez leur mère, ainsi qu’un week-end sur deux (vendredi 19h->dimanche 19h), ainsi que toutes les vacances d’été.
    En 3 ans, cela n’a jamais été respecté. J’ai pourtant tout fait pour que cela se passe bien, à savoir amener moi-même la petite chez sa mère, vu qu’elle n’a pas le permis, ni d’autres ressources que le RSA, et c’est moi qui allait aussi la chercher, la plupart du temps j’ai sauté mon week-end solo pour justement sortir les filles et qu’elles ne restent pas renfermées dans l’appartement.
    Clairement, la première année, ma fille n’a pas vu sa soeur R pendant six mois. Pas une fois.
    Depuis, la grande moyenne c’est une fois par mois, et encore le samedi 19h jusqu’au dimanche 17h. Elles ne se voient pas pendant les vacances, vu que les grands parents partent sans cesse pendant les vacances.
    Ainsi, à la fin de l’école, ma fille ne peut revoir sa soeur qu’à partir du 20 août. Et encore, que le week-end. Le week-end durant l’année scolaire, ils ont inscrit l’ainée R à plusieurs activités, ce qui fait qu’elle n’est pas disponible le mercredi, le samedi matin, et un dimanche sur les deux où elles doivent se voir. Peu importe si ma fille en souffre.

    C’est une situation que j’ai eu beaucoup de mal à accepter, et je peux vous assurer que j’ai dû plusieurs fois « secouer oralement » leur mère A, afin qu’elle fasse en sorte que les visites des filles soient au moins respectées. On s’est plusieurs fois bien pris la tête sur ce sujet. Des dizaines de fois. Mais elle n’a jamais rien fait.
    Elle ne s’est jamais alarmé, alors que moi au contraire j’étais ulcéré par cela, leur lien fraternel étant de plus en plus fragilisé. A. avait, et a toujours peur de ses parents, et ne veut donc pas s’occuper de ceux-ci.
    Et cette dernière année, R a demandé à trois reprises à sa mère de revenir vivre à la maison, ce à quoi elle a toujours répondu par la négative, prétextant diverses raisons financières, sentimentales, dépressions, boulots, etc... Elle a même réussi l’ exploit de lui dire non parce qu’elle était enceinte de son copain de l’époque et que cela pourrait la fatiguer. Sans commentaire...
    Et ce que je redoutais est malheureusement arrivé. Mon ex a quelque peu stabilisé sa situation, elle a trouvé du boulot, et sa situation financière s’améliore. Et elle est aussi sortie de sa dépression.
    Elle a fait part à ses parents de son intention de récupérer R, ce qu’ils ont accueilli plutôt froidement, et lui ont fait part de leur réticence (elle va nous manquer, on s’est habitué à elle, on n’est pas certain qu’elle veuille revenir avec toi, etc,etc...)
    Et ce week-end, lors d’une ballade, la grande R m’a effectivement confié qu’elle nous voulait pas retourner chez sa mère. J’ai demandé à celle-ci de lui parler seule à seule, en allant promener le chien.
    Même verdict, elle ne veut pas, elle lui a dit ne plus avoir confiance en celle-ci, avoir peur, et ne pas vouloir décevoir ses grands parents. Personnellement, j’ai mal, vraiment très mal, mais malheureusement je ne peux rien y faire.
    Mais étant donné la position de la petite, je suis inquiet quant à sa relation avec sa soeur.
    Je suis convaincu que les grands parents ne vont pas tarder à demander l’adoption plénière de la petite R, vu que celle-ci refuse à présent de retourner chez sa mère. Je pense qu’ils feront ça à la fin de l’année.
    Et je crains que ceux-ci ne maintiennent pas la relation entre les deux soeurs, ou réclament des conditions abusives et me posent problèmes à chaque fois en demandant de la prendre quasiment tous les week-end et les mercredis, ce qui m’effraie au plus haut point. Je ne veux absolument pas qu’ils formatent l’esprit de ma fille comme ils l’ont fait pour sa soeur R et pour leur deux filles A & D.
    Je vais vous expliquer mes craintes.
    Mon ex A est bipolaire suite aux divers traumatismes qu’elle a subi dans son enfance.
    Elle a été adoptée à l’age de 4 ans en France, et les seuls échanges qu’elle a eu avec sa mère adoptive étaient les coups, physiques et moraux.
    Elle fut régulièrement abusée de 11 ans jusqu’à 14 ans par le fils des meilleurs amis de ses parents. Elle leur a plusieurs fois demandé de l’aide, mais ceux-ci lui répondait qu’elle faisait pour se faire remarquer, pour attirer l’attention et qu’elle faisait tout pour l’allumer. Finalement à l’âge de 14 ans elle a fugué, et au moment où elle a porté plainte, le violeur s’est pendu.
    Ses parents n’ont rien trouvé de mieux que de lui en faire porter la responsabilité.
    C’est suite à cela que plus tard elle est devenue bipolaire.
    Sa soeur adoptive D, fût adoptée à l’âge de 7 ans, et a aujourd’hui 15 ans. Elle vit quasiment la même situation. Elle s’est faite agresser et abuser à 12 ans sur le chemin de l’école, et par crainte de se faire punir par ses parents adoptifs, ne leur en a parlé que plus tard. Et là, même topo, elle invente soi-disant ces histoires pour se faire remarquer, pour se faire plaindre, pour qu’on s’occupe d’elle, c’est une menteuse, etc...
    A tel point qu’elle a déjà fait deux tentatives de suicide, et qu’à chaque fois c’est un voisin qu’il l’a sauvé au dernier moment (se jeter sous une voiture ou s’ouvrir les veines), et plusieurs séjours en psychiatrie. Elle en est à plusieurs fugues.
    Et ces derniers temps, quand je discutais avec R, elle me tenait des propos assez effrayant pour une petite fille de 9 ans. Du genre qu’il ne fallait pas faire pareil que leur fille D, qu’ils (elle et les grands parents) ne seraient tranquilles que lorsque D disparaîtra, que D finira sur le trottoir, comme sa mère, que sa mamie(la grand mère) l’avait convaincu qu’il ne fallait pas sortir dehors quand elle serait grande, parce qu’il n’y a que des voleurs, des violeurs et des assassins dans la rue, que tous les gens qui sortent sont des délinquants, que si plus tard elle sortait à l’adolescence , elle subirait le même sort que leur fille D & A et se ferait violer par tous les garçons qu’elle rencontrerait, etc....
    Bref, un lavage de cerveau de tout premier ordre, quelque chose d’inimaginable,
    d’effrayant, qui m’a glacé le sang, surtout que la petite R n’a que 9 ans.
    Tout cela pour expliquer que je ne souhaite absolument que ces personnes, ces pervers, aient la moindre influence ou autorité en quoi que ce soit sur ma fille.
    Mais ils vont sûrement le tenter, j’en suis convaincu. Ils vont sans doute demander à prendre la petite pendant les vacances, pendant un mois durant l’été, etc...
    Et à 5 ans on a vite fait d’influencer et d’acheter un enfant.

    Ma situation illustre malheureusement assez bien votre article, et les conséquences de la maltraitance des enfants.


  • Raymond SAMUEL paconform 10 février 2012 18:02

    Mick038,

    Vous illustrez en effet mon propos, hélas !
    Comment éviter ces drames ? A l’origine il y a toujours la maltraitance d’enfants, maltraitance étant définie comme étant le fait de faire vivre un enfant dans des conditions inadéquates.
    Si votre ex était née dans un milieu favorable elle aurait été (sauf malformation congénitale) en bonne santé mentale et vous n’auriez pas été obligé de vous en séparer.
    Votre cas tend, hélas, à devenir très courant, sous différentes formes et gravité.

    Il n’y a qu’une issue à cette dérive mortifère, c’est d’élever une génération d’enfants dont les membres seraient très majoritairement sains psychiquement ;
    Or, on voit bien que c’est impossible compte tenu du délabrement du psychisme de trop de parents malmenés eux-mêmes dans leur prime enfance. Il y a un autre volet qui est la surconsommation et l’évolution des mœurs, autres problèmes graves.

    Votre priorité est évidemment de protéger votre fille.


  • Raymond SAMUEL paconform 10 février 2012 19:03

    Je comprends que les galères quotidiennes, les situations conflictuelles, les brisures familiales les souffrances psychiques etc...,que l’on a rencontré depuis son enfance, peuvent paraître normales, ce qui explique qu’on les subisse généralement comme une fatalité (en essayant toutefois de tirer son épingle du jeu, même au détriment des autres, fussent-ils ses proches).

    Le propos essentiel de cet article c’est d’essayer de montrer que toutes ces souffrances ne sont pas une fatalité mais ont été favorisées sinon provoquées par des dérives sociologiques : Mai 68, le féminisme radical, la surconsommation, un certain fascisme latent, le Pouvoir...

    Ces dérives ont secrété les auteurs des mensonges et de la désinformation à l’adresse des parents. Ces auteurs ont délibérément trahit les enfants pendant des décennies.

    C’est ainsi que les émissions de télé relatifs à l’éducation ont montré (France 6 dans une première émission sur la famille), des enfants appelés « enfants rois » qui étaient tous en grande souffrance et pour certains au bord du suicide. Présentés comme enfants rois et comme coupables !
    Les « spécialises » invités à ces émissions étaient choisis parmi les militantes féministes radicales dont le but unique était de « libérer » les femmes. Ces pratiques ont envahit tout le corps social. Par exemple, dans toute la France (et ailleurs) des stages, conférences etc..., la presse et le livre, ont répandu l’idée que la séparation précoce des jeunes enfants d’avec leur famille n’était difficile que parce que la « mère » (pas le père) se culpabilisait. Tout le reste de la désinformation était (et est encore) à l’avenant, présentant toujours les adultes comme irréprochables et les enfants comme voués à la barbarie sans l’intervention vigoureuse des adultes !


    • velosolex velosolex 10 février 2012 19:56

      Paconform, et les autres

      J’ai lu un excellent roman de Joyce Carol Oates : « Petite sœur, mon amour ! »
      Que je ne peux que recommander.
       Il illustre, à travers une histoire vrai, romancée
      C’est à dire, le meurtre d’une petite « mini-miss du patinage artistique américaine », survenue il y a quelques années seulement
      la souffrance des enfants martyres.

       Histoire atypique dans le sens que cette enfant, et son
      frère, qui raconte en partie cette histoire à plusieurs voix, et sur plusieurs temps, sont les enfants de la bonne bourgeoisie.
      Père arriviste, imbue de sa puissance, portant le credo de la réussite ’à tout prix" à des sommets autistiques, et n’accordant de l’importance à ses enfants, que s’ils réussissent.

      Mère ogresse, hystérique, manipulatrice, se servant de sa fille comme d’une poupée barbie valorisante, et qu’elle vampirise, se servant des médias pour son propre compte.

      Ce livre vaut bien des rapports et des statistiques trop secs, et nous montre que la violence et la maltraitance peuvent prendre des formes inhabituelles,
       mais que malgré tout, le destin d’un enfant n’est jamais tracé, et qu’avec quelques personnes résilientes, il peut s’en sortir.


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