mercredi 3 juin 2020 - par Orélien Péréol

La technique est tissée de nature

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Il nous faudrait trouver un versant positif au fait que la nature se rappelle à nous par toutes ces transformations d’elle-même qui nous gênent si fortement dans la poursuite de nos activités et même nous menacent dans notre survie collective. Nous nous étions habitués à une nature silencieuse qui endure ce qu’on fait d’elle, ce qu’on lui fait faire, comme un animal docile de ferme ou de cirque et qui soudain ne « répond » plus et même se « dégrade », se dégrade par rapport à l’usage qu’on en a.

La technique nous semblait prométhéenne : elle corrigeait un monde trop difficile, trop périlleux, trop froid, trop dur, trop inconfortable, et le conduisait, guidée fermement par l’intelligence humaine, à une douceur et une durée infinies. A l’orée d’une grande révolution technique, scientifique, industrielle et finalement sociétale, Descartes, explicitement, enjoignait aux hommes de se faire « comme maitres et possesseurs de la nature ». Descartes parle, alors, des artisans. Il n’avait peut-être pas envisagé, sans doute trop peu de gens avait envisagé l’extension des méthodes artisanales aux dimensions de l’industrie… jusqu'à atteindre la taille de la planète. Nous savons faire voler des avions, mais nous n’avons pas calculé ce que ferait au ciel des milliers d’avions allant en tous sens. Nous connaissions et connaissons encore le travail des tanneurs, mais au bout d’un certain nombre de tanneries, l’eau de la rivière est impropre à tout usage et à toute vie.

Nous voyions au niveau local, la « maitrise », les animaux serviables, les moulins à vent, à eau, nous avons cru que cette maitrise était puissance et que cette puissance était valable à toutes les échelles. Nous n’avons pas vu la fragilité de notre condition humaine : tout ce que nous avons créé comme objet technique, a été co-créé avec la nature. Pas de maitrise sur elle, un accommodement partagé. Toutes nos « créations » techniques sont modélisées sur le jardin : nous intervenons pour aider la nature à accomplir sa tâche, et sa générosité, son surplus, nous appartient. Le jardin se régénère. Il n’en est pas de même de tous les éléments naturels qui nous sont utiles. Nous ne créons pas, jamais, nous cocréons… en synergie.

Si nous avons domestiqué le cheval, nous n’avons rien fait pour que le cheval soit domesticable. D’autres animaux semblables, comme les zèbres, ne le sont pas. Nous n’avons pas de « raisons » pour expliquer cette différence de comportement. Tant pis pour les hommes qui n’ont comme animal près d’eux que le lama, indiscipliné et qui porte peu de poids, ne tire pas la charrette… ou le chameau, excellent pour le désert mais malcommode (les Romains n’avaient pas fait venir de chameaux à Rome, ils préféraient les chevaux).

Toute notre technique, notre façon de faire, depuis les petits objets anciens, comme les pots, les haches, le feu, la cuisson, la forge… tout est coproduction des éléments trouvés, qui ne dépendent pas de nous et de l’ingéniosité humaine. Notre astuce, notre intelligence nous fait bâtir des chemins, des stocks, des protocoles, des mécaniques, des systèmes qui rendent efficace et agréable ce donné de la nature. Nous avons franchi la prétention des Babyloniens : Ils eurent l'idée de construire une tour qui atteindrait les cieux par sa hauteur, et leur permettrait ainsi d'accéder directement au Paradis. Nous en sommes là : l’homme augmenté, l’homme bionique, le transhumanisme… nous avons cru que nous aurions l’éternité.

Ce rêve est profondément humain : « Pauvrette ! de se voir si haut perchée, elle se croyait au moins aussi grande que le monde… » nous dit Alphonse Daudet à propos de la chèvre de Monsieur Seguin. Nous connaissons ce sentiment, il nous est cher, il est irrésistible.

Dès le début de la technique, nous avons cru rapidement devoir notre confort, l’amélioration de notre quotidien, la diminution de la pénibilité du travail, l’augmentation de sa capacité… qu’à nous-mêmes… nous avons cru et nous croyons toujours tout devoir à notre intelligence, à notre ingéniosité.

Pourtant, pour faire rouler une voiture, il faut bien que des métaux soient arrivés des étoiles lointaines (notre soleil ne produit pas de métaux)… que les métaux aient solidité, légèreté, qu’ils se laissent manœuvrer par la chaleur pour prendre et garder des formes qu’on leur donne, qu’ils se laissent emboutir ; il faut bien que l’huile lubrifie le métal pour diminuer les forces de frottement et permettre que les surfaces des pièces du moteur glissent l’une sur l’autre, que l’eau passe et capte la trop grande chaleur du métal pour l’évacuer dans l’air, il faut bien que des débris végétaux se soient entassés et aient créé une chimie lente qui prend des millions d’années pour devenir du pétrole etc. Il faut que tous ces atomes et molécules de ces matières dont je viens de parler soient présentes et fonctionnent dans les moteurs selon des capacités diverses que les hommes ne leur ont pas données, qu’il a trouvées toutes faites… Tout ce don de la nature, l’homme l’oublie et ne considère que l’intelligence qu’il a mis à combiner ces éléments ô combien disparates pour rouler en voiture. Il croit maitriser.

Pour l’après confinement, il faudrait porter cette idée que la technique est tissée de nature, qu’elle ne maitrise pas, qu’elle se love dans les possibilités naturelles des animaux, des matériaux, des atomes et des molécules, qu’elle est un arrangement par les humains de ce qui ne dépend pas d’eux.

Avec cette idée de maitrise de la nature, l’homme a tout pris et ne s’est jamais enquis de la restauration que la nature devait faire de ce qu’il lui prenait. Les chevaux se sont renouvelés aisément, le jardin aussi, mais les stocks enterrés ? L’homme n’y a pas songé. Il s’est comporté comme un parasite et comme les parasites le font parfois, il est à deux doigts de tuer sa planète ; les virus le font, qui éventuellement tuent le corps qui leur donne, bien malgré lui, les cellules pour se développer et vivre. On peut voir maintenant ce parallèle.

La technique n’est maitrise que dans un regard local étroit. Réellement, elle est tissage avec la nature de possibilités que cette nature contient. Il nous faut quitter la posture du maitre qui n’est qu’apparence, et tirer les conséquences dans tous les détails de tous les domaines de cette idée du tissage technique, du mélange dans lequel la part de chacun est inséparable de la part de l’autre et que l’une, la technique, sans l’autre, la nature ne saurait exister.

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Jardins ouvriers


31 réactions


  • Lonzine 3 juin 2020 17:03

    Bonjour, d’où sortez vous cela : « il faut bien que des métaux soient arrivés des étoiles lointaines » ?


    • Orélien Péréol Orélien Péréol 3 juin 2020 18:03

      @Lonzine Il y a trois modes de nucléosynthèse (c’est le nom scientifique de la création des atomes) : dans les cinq premières minutes de l’univers après le Big Bang, à l’intérieur des étoiles, et dans l’espace interstellaire par le bombardement des rayons cosmiques.
      Faites « nucléosynthèse » dans un moteur de recherche et vous aurez beaucoup de textes, du CNRS ou d’autres, je veux dire de sites sérieux.

      Il y a le livre d’Hubert Reeves : poussières d’étoiles, qui traite de cela : nous sommes constitués d’atomes venus d’étoiles mortes (il faut bien qu’elles meurent pour exploser et expédier ainsi les atomes qu’elles ont fabriqués partout dans l’espace interstellaire).


    • Lonzine 3 juin 2020 18:33

      @Orélien Péréol
      Re Orélien, je pensais que cette « poussière d’étoiles » évoquée par Hubert Reeves traitait des bactéries qui auraient créé les premières formes de vie sur notre terre, les métaux eux sont contenus dans la géologie et jamais à l’état natif.
      De plus tout ceci est subjectif, il n’y a aucune étude qui puisse démontrer cela.
      Et pour vous étonner j’y crois


    • Orélien Péréol Orélien Péréol 3 juin 2020 18:44

      @Lonzine En ce qui concerne Hubert Reeves, voici un extrait de poussières d’étoiles, pris sur le site babelio car je suis en voyage et je n’ai pas mes livres près de moi. « Tous les noyaux des atomes qui nous constituent ont été engendrés au centre d’étoiles mortes il y a plusieurs milliards d’années, bien avant la naissance du Soleil. Nous sommes en quelque sorte les enfants de ces étoiles. »
      Nous avons des métaux dans le corps... ils ne sont pas que dans la terre.
      J’ai fait « carence en fer » dans gogole et j’ai trouvé : « La carence en fer, ou carence martiale, est la carence nutritionnelle la plus courante dans le monde. Elle touche particulièrement la population féminine. Le fer est un des sels minéraux indispensables pour le corps humain. En effet, on le retrouve dans tous les types de cellules. »


    • Wildebeest 5 juin 2020 13:36

      @Orélien Péréol

      dans l’espace interstellaire par le bombardement des rayons cosmiques

      Merci pour l’info, j’ignorais (et le sujet m’intéresse).

       ;)

       

      (Je suis une espèce rare d’internaute : j’avoue mes lacunes :D )


  • Orélien Péréol Orélien Péréol 3 juin 2020 23:29

    C’est une idée que j’ai depuis longtemps et que j’ai écrit déjà dans des articles. Je ne me souvenais pas avoir écrit un article avec ce titre (le 9 sept 2017)

    https://www.agoravox.fr/actualites/environnement/article/la-technique-est-tissee-de-nature-196605


  • Orélien Péréol Orélien Péréol 3 juin 2020 23:44

    J’avais écrit un article avec ce titre sur le journal Le Monde. Malheureusement, Le Monde a changé sa politique éditoriale et a jeté tout ce qui relevait de l’ancienne politique éditoriale ! Merci à eux. Quelle intelligence ! Voici l’adresse détruite par le journal Le Monde : 

    http://www.lemonde.fr/idees/chronique/2011/03/16/la-technique-est-tissee-de-nature_1493546_3232.html

    Voici l’article :

    La technique par laquelle nous, les humains, croyons dominer la nature est tissée de nature.

    Il en a toujours été ainsi, depuis la pierre taillée, puisque, c’est par là, en gros, que ça a commencé. Dany Cohn-Bendit (http://elysee.blog.lemonde.fr/2011/03/13/cohn-bendit-demande-un-referendum-sur-la-sortie-du-nucleaire/) nous dit que ce qui se passe au Japon montre qu’il n’est pas possible que l’homme maîtrise complètement la nature. Il n’y avait pas attendre cet « accident » pour savoir que la technique est tissée de nature, qu’elle ne réduit pas la nature au silence. Nous avons sans arrêt des catastrophes, que nous appelons « naturelles » et que nous interprétons toujours comme des exceptions, des raretés, qui ne mettent pas en cause cette idée insensée que nous dominerions la nature. Comme en grammaire, c’est « l’exception qui confirme la règle ». Pensée magique.

    Selon Cohn-Bendit, « l’accident » en cours ne serait pas un équivalent de Tchernobyl ; Tchernobyl serait peut-être un problème interne à la technique, dont la solution est dans la technique, considérée comme isolée de la nature, dépendant de la pensée, et seulement de la pensée humaine, indépendant de toute autre contrainte, et du coup, ne pouvant par conséquent trouver de solutions qua dans la pensée. Là, selon Dany Cohn-Bendit, c’est la nature qui sans le faire exprès, attaque, de l’extérieur, des centrales nucléaires. Par des mouvements terrestres et des vagues.

    Il serait temps de voir comment les choses se passent vraiment, de quoi elles sont faites, d’où elles viennent… et de décloisonner le regard, de pratiquer des discours analytiques et synthétiques, l’un complétant et contredisant l’autre. Le travail de la pensée et de l’action politique doit se bâtir sur une pensée complexe et non pas sur les divisions instituées des discours. Ces divisions portent en elles l’autonomie théorique des parties divisées. Ainsi, un « accident » dans la production de l’énergie nucléaire serait interne ou externe, et pas un peu les deux. Interne il serait soluble en interne et externe il y a un secteur, un système « clos » dans lequel ce qui est arrivé serait arrangeable, prévisible, évitable, diminuable…

    L’analyse qui tient compte de la complexité du monde est (nécessairement) dialectique. Il n’y a pas si longtemps, la dialectique était associée au marxisme. Pour dire ce qu’il se passe vraiment, il faut pouvoir intégrer à son discours tous les éléments qu’on voit en action. Tous, vraiment tous. Si on en écarte un, il faudrait fournir l’analyse (antérieure) qui autorise de façon certaine à s’en séparer. C’est-à-dire, cela revient à pré-analyser, sans le dire, en général, et même souvent en le dissimulant discrètement.

    L’analyse qui tient compte de la complexité du monde est (peut-être) systémique. On peut analyser un système comme étant fermé (vision Tchernobyl, dans le cas qui nous occupe) et l’analyser ensuite dans ses interactions avec d’autres systèmes (plaques tectoniques, dynamique des fluides…). Le système a une clôture, mais cette clôture n’est pas étanche : le système vit, il respire, se nourrit, rejette des déchets… Dans cette idée systémique du monde, les systèmes ne sont que notre manière de voir, de diviser le réel pour le simplifier, en attraper de petits morceaux à la fois, que nous pouvons appréhender… ce sont comme les petits bouts du steak que nous coupons pour pouvoir avaler la viande et la digérer… Il ne faut pas oublier que le steak est lui-même un petit bout de la bête, et qu’à un moment donné, il n’était pas séparé de l’ensemble de la bête et que la bête, malgré cela, n’est pas un assemblage de steaks. Dans l’idée systémique du monde, les interactions entre les systèmes ne sont pas toujours prévisibles. Certaines interactions sont courantes, ordinaires, d’autres plus rares… mais il y a toujours la possibilité de voir arriver des interférences dans un système de systèmes qui n’avaient jamais interféré jusque là.

    Dans notre affaire, il semble que les tremblements de terre étaient bien prévus et anticipés convenablement mais pas le tsunami...

    Plutôt que de réclamer un référendum, dans lequel Dany Cohn-Bendit semble être sûr de donner la caution populaire à ses idées, (comment est-il aussi sûr et que fera-t-il si le peuple valide le nucléaire pour produire son électricité), il serait mieux, selon moi, d’œuvrer à promouvoir cette idée que la technique, de tout temps, est tissée de nature, que la technique n’est pas destruction de la nature et remplacement de la nature détruite par la technique, que les hommes n’ont pas le pouvoir de faire cela, qu’ils ont l’orgueil de se faire croire à eux-mêmes que c’est ce qu’ils font… et que la catastrophe actuelle qui se déroule au Japon n’en est qu’un exemple parmi des millions depuis les siècles des siècles.


  • Orélien Péréol Orélien Péréol 3 juin 2020 23:50

    Je l’avais écrit dans un article sur le volcan Eyjafjöll en 2010. Je donnais cette idée dans le corps de l’article. Article détruit par le journal Le Monde ! On rêve ! 

    http://www.lemonde.fr/opinions/chronique/2010/04/20/nous-avions-des-avions_1340362_3232.html

    Nous avions des avions



    Nous en avons toujours, mais ils ne peuvent plus voler partout dans tous les sens comme avant. Ça va revenir. Nous entendons parler des difficultés économiques qui sont plus graves que celles qui ont suivi l’attentat du 11 septembre. Nous entendons l’incroyable courage de tous ces voyageurs qui risquent de payer une nuit d’hôtel que l’on ne leur remboursera peut-être jamais. Nous entendons aussi ceux qui s’amusent d’être coincés.

    Nous n’entendons guère de raisonnement un peu haut et large sur les causes. Les causes présentées sont conjoncturelles. Avec des réponses conjoncturelles. On veut savoir quel avion part et quel avion reste, s’il y a des cars, des trains… Le pompon de ce que j’ai entendu dans le genre a été dit par Eva Joly : « il faut croiser les doigts et espérer que des vents puissants qui poussent les nuages loin des itinéraires des avions ! » Prions que les vents puissants épargnent nos avions ! Et elle se présente comme écologiste ! (Ceci dit, apparemment, cela a réussi puisque le volcan crache d’autres choses et que les avions redécollent sans risque de crash.)

    On produit des richesses avec des « facteurs de production », communs à tout effort humain. Ces facteurs de production se classent en trois grandes catégories : le travail, le capital (qui est du travail « chosifié ») et la nature. On apprend ça dans les premières leçons d’économie. C’est quasiment de l’initiation. C’est comme l’espace et le temps. Anthropologique. A la source des sources.

    Pourtant, on ne met pas toujours la nature dans ces facteurs de production. On fait comme si la technique était autonome, pur fruit de l’intelligence humaine, de son travail, de son effort et de ses qualités, pur fruit du travail et du capital.

    Il y a, au moins, deux conséquences à cet oubli :

    1/ nous ne payons pas à la terre les services qu’elle nous rend, on ne paie jamais la nature. Ainsi, quand on consomme du pétrole, on ne paie pas le pétrole à la nature. On paie le travail et le capital d’extraction à ceux qui travaillent et qui possèdent le capital d’extraction, on paie le transport à ceux qui transportent ... on paie des taxes à l’Etat qui gère nos affaires communes (admettons que l’Etat gère nos affaires communes). Quel que soit le prix que l’on paie le baril de pétrole, il n’y a jamais, dans ce prix, de dollars pour la nature. Nous sommes, de ce point de vue-là, comme les chasseurs-cueilleurs de la Préhistoire : on prend et c’est tout. Il faudrait ouvrir un compte en banque à la nature, et y verser un prix, son salaire, pour qu’elle puisse renouveler ses propres ressources. Evidemment, elle est comme une enfant, il faut tout faire pour elle. On n’en est pas encore là...

    2/ nous ne pouvons faire fonctionner notre technique et l’économie qui va avec que dans le « silence » de la nature, dans son fonctionnement banal.

    Toute notre vie, toute notre richesse, notre travail est tissé de nature. La technique aussi. Ce tissage est fin et serré et on ne peut pas défaire les millions d’interactions entre un objet technique et la nature dans laquelle il fonctionne et sans laquelle il ne peut exister.

    On voit toujours la voiture qui roule et on a l’impression que l’automobile roule toute seule, de part la seule volonté du conducteur de la faire rouler. Pourtant, il lui faut de l’essence, du bitume, un réseau de routes, de ponts, de tunnels, un réseau de point de vente de son essence, un code de la route pour ne pas se cogner aux autres, des assurances… du métal, des plastiques... mille choses auxquelles on ne pense pas… il lui faut de l’air, que la voiture rejette sali… Quand elle roule, elle noue un nombre très grand de fils ; on ne pourrait décrire tous ces fils (on en oublierait forcément) et on les range dans des « boîtes » séparées que l’on croit étanches. Pascale Clark, journaliste de France Inter, disait hier : « un nuage est plus fort que la puissance économique ? ». Nous oublions sans cesse que la nature est incorporée à la puissance économique. On n’avait jamais pensé que, pour que les avions volent, il fallait que les volcans ferment leur gueule.

    Nous ne sommes pas prêts à le penser. Nous continuons à voir la technique comme un pouvoir autonome de l’homme, qui doit nous obéir et n’obéir qu’à nous. Nous continuons à penser que la technologie est un isolat, ne dépendant que de l’activité humaine et en autonomie de tout autre chose. Nous voyons l’interruption du trafic aérien lié à un volcan comme un accident, illégitime, exceptionnel. Nous continuons à croire que la nature n’intervient dans la technologie que lorsqu’elle se manifeste par des irrégularités.

    Cette perception, exprimée aussi par une leader écologique, est exprimée par tous les voyageurs impatients qui trouvent que l’on en fait trop du côté du principe de précaution. Ils sont prêts à prendre plus de risques. Au fond, ils ne croient pas à l’interdépendance de la nature et de la technique. Ils ne croient pas que la technique est tissée de nature et que l’on ne peut pas vraiment en démêler les fils. Ils sont tellement dans l’idée que la richesse des hommes est le fruit de leur travail, et du capital, qu’ils pensent tout résoudre avec du travail et du capital. Ils pensent que le pouvoir de l’argent est absolu. On pourrait appeler cela le syndrome du Titanic.

    Ces voyageurs impatients voudraient dire : « je vole quand je veux. » Eh non. Même si le volcan veut d’une manière générale, je volcan le volcan veut.


    • Jean Keim Jean Keim 4 juin 2020 07:57

      @Orélien Péréol

      Le capital ne produit rien, il exploite, si nous croyons qu’effectivement le capital, que ce soit l’argent ou la classe sociale, produit qq. chose alors le Père Noël existe bel et bien.


    • Orélien Péréol Orélien Péréol 4 juin 2020 10:24

      @Jean Keim Le travail est constitué d’actions appliqués à un capital technique (vous ne mentionnez pas le capital technique). Toute production sort de travail, de capital et de nature. La nature étant omise sitôt citée. C’est de cela que je parle.


  • Jean Keim Jean Keim 4 juin 2020 08:02

    Si nous avons un olivier fertile, chaque jour cueillons une olive à leur apparition et écrasons la, de l’eau en sortira, et un jour de l’huile oindra nos doigts, la nature est coutumière de ce genre de merveille.


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 4 juin 2020 11:52

    La Silicon vallée tire sont nom de la cilice. Cilice qui en grande quantité est cancérigène. En Belgique, des politiciens demandant que les pollens allergisants entrent dans la liste des polluants. Sujet complexe.


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 4 juin 2020 12:06

    L’opposition se situe plutôt entre le mort et le vivant. Un robot est-il vivant ? Qu’entend-on par vie ? 


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 4 juin 2020 12:11

    La différence entre la technique et la nature, c’est son caractère original. La technique est reproductible à l’infini par contre la nature est unique. Comme un objet artisanal unique a une vie, une âme. Ce qui n’est pas le cas d’un smartphone.


    • JC_Lavau JC_Lavau 4 juin 2020 12:56

      @Mélusine ou la Robe de Saphir. Ah ? Les êtres vivants n’ont pas de métabolisme ?
      Exception : les virus, dont toutes les fonctions métaboliques sont assurées par la cellule parasitée.
      La vie a commencé par du métabolisme, de l’osmose et des membranes hémi-perméables, bien avant qu’il y ait génétique.


    • Orélien Péréol Orélien Péréol 4 juin 2020 15:21

      @Mélusine ou la Robe de Saphir. Vous écrivez : « La technique est reproductible à l’infini ». C’est l’illusion fondamentale que mon article tâche de définir et de remplacer. Le métal, les terres rares sont des stocks, ils ne sont pas infinis. Même le sable pour la construction commence à manquer.
      Mathieu Vidard dans la terre au carré en avait fait une émission en 2013 : "

      A la fin du XXIème siècle, toutes les plages auront disparu. Tel est le constat alarmant que posent de nombreux scientifiques et ONG.

      Aujourd’hui, le sable est devenu une ressource vitale : alimentation, cosmétiques, détergents mais aussi ordinateurs, mobiles et cartes bancaires ne pourraient exister sans lui. C’est la ressource naturelle la plus consommée sur la planète après l’eau.

      Mais c’est la fabrication du béton, composé de deux tiers de sable, qui accroît toujours plus la demande. Avec l’urbanisation galopante et l’explosion démographique des pays émergents, cette denrée est devenue la source d’enjeux faramineux."

      Non, la technique n’est pas reproductible à l’infini.


    • Orélien Péréol Orélien Péréol 4 juin 2020 16:25

      @Tibère
      Je vous remercie de ce commentaire, car c’est le coeur du problème.
      1/ Ailleurs, c’est où ? Où irez-vous chercher les composants nécessaires, quand ils manqueront sur Terre, pour continuer de faire du béton à loisir ?
      2/ Même si la méthode de création du béton est aussi fiable que les lois qui régissent l’Univers, elle ne sert à rien sans la matière première. Dans le béton qui fait les maisons qu’on habite, il n’y a pas que la méthode de création.


    • foufouille foufouille 4 juin 2020 17:47

      @Orélien Péréol

      le béton se recycle assez bien sinon il existe d’autres matériaux.


    • foufouille foufouille 4 juin 2020 17:49

      @Orélien Péréol

      y a plein de sable dans les déserts .........


    • Orélien Péréol Orélien Péréol 4 juin 2020 18:16

      @Tibère Bien sûr, on boira de l’eau embarquée, on respirera de l’air embarqué, on mangera de la nourriture embarquée... et on fera du béton à foison, à consommer sur place, si j’ai bien compris. On ne sait même pas aller sur Mars, me semble-t-il.


    • foufouille foufouille 4 juin 2020 18:21

      @Orélien Péréol

      il suffit d’envoyer des robots.

      l’eau, c’est H2O et pas un truc magique.

      si on sait aller sur mars mais c’est un peu loin pour le minerai.

      lune et astéroïdes sont plus proche.


    • Orélien Péréol Orélien Péréol 4 juin 2020 18:31

      @foufouille
      C’est ce que j’appelle l’illusion de Dédale : on a un problème, (qui vient de nos précédentes inventions), vite, un nouvelle invention pour le résoudre... etc. Nous sommes au moment où nous atteignons les limites.
      Le recyclage du béton se fait un peu, et non sans mal.
      D’autre part et surtout, ce n’est pas un article sur le sable et le béton. J’ai mis cet exemple dans un commentaire. Il vous parait contestable et donc vous le visez comme si c’était le fond de l’affaire. Ce n’est pas le sujet.


    • Orélien Péréol Orélien Péréol 4 juin 2020 18:36

      @foufouille Monsieur Ilsuffitde, on est déjà allés dans la lune, mais c’est une galère quand même. (Beaucoup de temps, beaucoup d’énergie, beaucoup d’argent).
      Monsieur Ilsuffitde, je vais en rester là avec vous.


    • foufouille foufouille 4 juin 2020 18:40

      @Orélien Péréol

      c’est tellement ridicule que tu fais pitié : le pétrole est un gros problème.

      pour le reste on sait et on peut mais ce sera cher en dernière minute.

      on a aussi uranium, thorium, déchèts ou en encore un puits géothermique.

      la flotte produit de l’hydrogène, etc.


    • foufouille foufouille 4 juin 2020 18:42

      @Orélien Péréol

      on est allé sur la lune pour la recherche et sans autres but.

      on a des robots, imprimantes 3d, etc.


  • Jean Keim Jean Keim 7 juin 2020 07:51

    Nous en sommes arrivés à un point où, si nous avons une once de lucidité, tout nous incite à revenir à une frugale simplicité.


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