lundi 26 novembre 2007 - par reaper95

Le rapport Olivennes ne fera pas avancer les choses...

Presque deux ans jour pour jour après la controversée loi DADVSI (Droits d’Auteurs, Droits Voisins dans la Société de l’Information) qui aura brouillé définitivement les rapports entre internautes et industries culturelles, Denis Olivennes, PDG de la Fnac, a rendu son rapport sur le téléchargement illégal au Président Sarkozy. Passons outre le conflit évident d’intérêt (comment le patron d’un groupe de distribution de produits culturels peut-il être objectif sur le téléchargement illégal de ces mêmes produits ?) et concentrons-nous sur ce rapport et ce qu’il propose dans les faits. Que peut apporter cedit rapport ?

Je vais commencer cet article est précisant clairement ma position (histoire qu’il n’y ait pas d’ambiguité de propos) : je suis partisan d’une rémunération juste et équitable de la création artistique et des acteurs de l’industrie du divertissement. Je suis aussi farouchement opposé à une politique entièrement répressive, car je considère qu’on ne peut pas accuser vingt millions d’internautes de voleurs, et qu’il vaudrait mieux consacrer les policiers de la cyber-criminalité à des choses bien plus graves (haine raciale, pédophilie, terrorisme, propagande extrêmiste,etc.) et se concentrer principalement sur les pirates qui font du business illégal avec le téléchargement, plutôt que sur des gamins de 15 ans qui veulent juste avoir le dernier tube à la mode. Je suis un assez gros consommateur de musique, et j’achète principalement mes morceaux en téléchargement (sur iTunes, sans faire de publicité), et je n’achète quasiment plus de disques. Il m’arrive de télécharger de temps en temps de façon "illégale", et j’ai découvert de nombreux artistes grâce à ce système, et il m’est arrivé plusieurs fois d’acheter un disque que j’avais aimé après l’avoir téléchargé. D’ailleurs, si j’ai acheté les quatre albums du chanteur Tété,c’est parce que je l’ai découvert un de ses disques par ce biais-ci. Voilà pour ma petite vision personnelle, et passons au vif du sujet.

Donc hier, vendredi 23 novembre 2007, les acteurs de l’industrie du divertissement (musique, cinéma, etc.), le gouvernement et les fournisseurs d’accès à internet se sont retrouvés à l’Elysée pour signer un accord permettant de lutter plus efficacement contre la piraterie informatique. Déjà, on peut constater qu’un absent de taille n’a même pas été convié à la "fête" : les consommateurs, et donc par extension les associations qui les représentent. Il faut être clair que pour Denis Olivennes et ses partenaires, l’UFC Que Choisir n’est pas qu’un trublion, c’est carrément un pousse-au-crime, et l’inviter est déjà reconnaître qu’elle a en partie raison. Car la vision de l’industrie du divertissement est pour le moins manichéenne : grâce au haut débit, on peut télécharger illégalement, donc les internautes sont par définition des voleurs et des pilleurs. Outre le fait que ça revient à aller contre la présomption d’innocence, le problème est bien plus complexe que cela. Il faut prendre en compte le coût des produits culturels, qui paradoxalement a baissé en valeur (grâce à toutes les opérations de "bradage des oeuvres"), mais les nouveautés coûtent de plus en plus cher (notamment les CD). On doit aussi considérer l’évolution des nouvelles technologies et de leur utilisation, mais aussi l’évolution des goûts des consommateurs. Et puis, cela ne prend pas en compte non plus le fait que les gens sont un peu lassés de voir des dizaines de produits sortir chaque semaine (des centaines aux périodes de fêtes), alors qu’ils n’ont plus eux-mêmes assez de pouvoir d’achat pour se divertir (il faut payer l’alimentation et le loyer avant tout). Les différents coffrets de version sorties six mois auparavant, au détriment des premiers fans qui achètent le jour de leur sortie, ont aussi miné le moral des plus gros acheteurs. Avez-vous par exemple remarqué que tous les ans, à Noël, sort un "nouveau" produit estampillé Beatles, alors que le groupe est séparé depuis le début des années 70 ?

Bref, on ne prend qu’une seule chose en considération : internaute= voleur. Pour lutter contre ce fléau qui a, selon les acteurs de la musique, fait chuter le chiffre d’affaires de la musique et de la vidéo de près de 50 % depuis 2002, le rapport Olivennes prescrit une solution qui, soi-disant, arrangerait tout le monde : la "réponse graduée". Qu’est-ce donc que ceci ? Pour faire simple, en gros, les contrevenants se verraient envoyer par leur fournisseur d’accès un mail d’avertissement et, au bout de quatre, on vous suspend votre abonnement internet, mais cela peut aller jusqu’à l’annulation pure et simple de votre connexion. Outre le fait que cela ressemble un peu à l’histoire des "blâmes et des avertissements" de Coluche, on pourrait répondre que c’est toujours mieux que 3 ans de prison et 150 000 euros d’amende, la punition infligée pour "contrefaçon" aux pirates informatiques.

Cependant, l’UFC Que Choisir rétorque que, de toute façon, cette réponse graduée n’empêchera pas un procès au pénal. Donc la sanction peut être double. Mais il y a plus grave encore : proposer une telle solution va être durement applicable, à moins d’aller à l’encontre de nombreuses lois. En effet, fermer un abonnement internet pourrait être considéré comme rupture abusive de contrat, dans la mesure où il n’aurait pas de procès équitable, ce qui est la base de la loi française. On vous fermera votre compte sans enquête préalable, sans vérification, sans possibilité de justification. Car comme il sera interdit d’appliquer des filtrages et qu’il sera impossible de surveiller l’activité des internautes (la Cnil veille au grain), il risque d’y avoir de nombreux litiges. Comment compte-t-on effectuer la surveillance des téléchargements illégaux des internautes ? Va-t-on observer les flux d’uploading et de downloading (en gros, les téléchargements entrants et sortants d’un ordinateur) ? Si c’est le cas, il risque d’y avoir des problèmes avec les personnes qui utilisent leur ordinateur comme serveur pour le transfert de leurs fichiers, et dont l’activité peut rapidement être importante si ce sont des vidéos (légales, dans le cas présent).
Va-t-on surveiller la fréquence d’utilisation du P2P ? Sachez que ces logiciels de téléchargement n’ont rien d’illégal, reconnus légaux par jugement et considérés comme des "magnétoscopes", puisqu’ils ne servent pas forcément à la transmission de données "piratées", mais peuvent aussi servir à transférer ses propres documents. Le site Jamendo.fr, dont l’activité est de proposer en téléchargement libre et gratuit des artistes qui mettent à disposition leurs oeuvres, utilise comme moyen de transfert les logiciels BitTorrent et eMule (deux des logiciels les plus utilisés actuellement). Pourtant, dans le principe, le téléchargement des oeuvres publiées sur le site sont légales, puisque ce sont les artistes, en accord avec la plate-forme, qui proposent leurs créations. On pourrait aussi évoquer le cas d’un artiste qui voudrait utiliser un logiciel de P2P pour faire connaître son travail.
Si les flux des logiciels de P2P est surveillé, comment prouver que le téléchargement est effectif ? Pour qu’il y ait perquisition du matériel, il doit y avoir enquête, donc saisie d’un procureur, donc la justice entrera en compte. Ce n’est donc plus un simple avertissement, c’est à la limite de la mise en examen ! Et puis, même avec la meilleure foi du monde, n’importe qui a dans son ordinateur des documents dont il ne détient pas les droits. On considère que télécharger une photo dont on n’a pas les droits sur un site web pour la mettre sur son blog (par exemple) est considéré comme un acte de piraterie. Il faut absolument l’autorisation des auteurs pour l’exploiter. Imaginez cinq minutes le mic-mac administratif que cela représenterait. Or, qui n’a pas téléchargé une photo dans son ordinateur ? Le "clic-droit, enregistrer l’image sous..." n’est vérouillé sur quasiment aucun site proposant des photos ou des images.

A l’image de l’âne qui a besoin à la fois de la carotte et du bâton pour avancer, il faudrait proposer une meilleure alternative légale aux consommateurs. Or, pour l’instant, aucune véritable plus-value par rapport aux médias "piratés" n’existe véritablement. Même si les plate-formes de téléchargement légal ont fait des efforts, rien n’est réellement parfait. Bien qu’il soit mis à disposition plusieurs millions de titres, tous les artistes ne sont pas disponibles, et non pas des moindres, puisque les Beatles, Radiohead ou Prince refusent d’être distribués de cette façon. Et les umbroglios administratifs que représentent un accord de distribution ne facilitent pas la tâche. Car pour mettre légalement en téléchargement un morceau, il faut l’autorisation du producteur, de l’éditeur, de l’auteur et du compositeur. Quand il y a plusieurs auteurs et/ou compositeurs, voire plusieurs éditeurs, les choses se compliquent et le refus d’un seul précipite l’accord dans les abîmes.

Néanmoins, pour défendre un tant soit peu les artistes, l’expérience Radiohead, qui avait mis en ligne son dernier album avec un prix libre (l’internaute paye ce qu’il veut, voire ne paye pas du tout) est flagrante que les gens ne sont plus prêts à payer pour de la musique, puisque le coût moyen de téléchargement de cet album est de 3 €, et un tiers ne l’a pas payé. Encore plus étrange, on estime à 1 million le nombre de téléchargement "illégal" passant par le P2P de cet album, pourtant disponible gratuitement en offre légale. Radiohead a quand même vendu près de 2 millions de téléchargements dans le monde, ce qui a été bien rentabilisé, mais on a l’impression que cette tentative de changer la donne est mitigée...

Contrairement aux professionnels du jeu vidéo, qui ont très bien su gérer l’utilisation légale d’internet, avec présentation de vidéos, de démos, etc. Les acteurs de l’industrie de la musique n’apportent rien, ni extraits, ni vidéos exclusives, ni morceaux inédits, ni morceaux offerts pour l’achat d’un certain nombre d’autres, etc. Le iTunes Store, leader du téléchargement légal dans le monde, propose néanmoins un titre gratuit d’un artiste méconnu ou dans le cadre d’une promotion chaque mardi. Il n’y a rien d’autre de folichon sur le site, mais c’est déjà énorme par rapport à ce qu’il se fait ailleurs. Et je ne parle même pas de la VOD (Vidéo à la demande), puisque les efforts fournis pour diffuser des films ou des séries de façon légale est bancale, dans la mesure où le choix est souvent ultra-limités et les prix parfois plus cher que l’achat du DVD (l’expérience Heroes, saison 2, sur le site VOD de TF1 en est la preuve : acheter tous les épisodes coûte plus cher que l’achat d’un coffret DVD, alors que les coûts de production d’un tel produit sont bien plus importants).

Décidément, les propositions faites par les acteurs de l’industrie du divertissement ressemblent parfois plus à des chants du cygne qu’à de véritables alternatives permettant aux internautes de payer pour une offre légale de qualité, et pour des produits qui ne sont pas verrouillés, de sorte qu’on ne puisse les lire que sur un seul appareil. Vous imaginez, vous, ne pouvoir lire un livre que dans UNE pièce, et nulle part ailleurs ? Eh bien pourtant, c’est bien ce que proposent souvent les offres légales et les CD protégés, qui font qu’on ne peut pas écouter son disque à la fois dans sa chaîne, son ordinateur, son lecteur MP3 ou dans sa voiture... Des efforts sont faits la-dessus, qui permettent d’enlever les DRM (verrous numériques en question), mais les acteurs de la musique notamment, restent en majorité réticents, même s’ils sourient en façade.

Voilà un tour d’horizon que j’espère assez détaillé, bien qu’il y ait des tonnes de choses à dire. Je n’ai pas évoqué tous les aspects de ce problème qui est certainement bien plus complexe que veulent bien le faire croire les producteurs.Je pourrais écrire un essai sur ce sujet qui me passionne, mais je ne veux pas soûler mes lecteurs.

Je pense personnellement que la seule solution qui pourrait contenter tout le monde, à savoir artistes, consommateurs et producteurs, serait de réviser les lois sur les droits d’auteurs, qui datent du milieu du XIXe siècle et n’ont quasiment jamais été revues depuis (ainsi, les partitions, quasiment plus vendues à l’heure actuelle, sont encore largement protégées dans le code sur les droits d’auteurs français !), ainsi que les méthodes de financement, quitte à changer le mode de fonctionnement du mammouth Sacem. Mais curieusement, du côté des politiques comme des acteurs principaux, on refuse d’entendre parler de "rupture" et de "réforme", alors que le mot est tellement à la mode dans leur bouche. Le conservatisme fait la part belle au blocage de la création, à la limitation de la diffusion et aux complications administratives et juridiques. L’offre proposée aux consommateurs est déjà réduite et les lois proposées n’aident pas à la diversité et à la création, et en plus, on les traite de voleurs et on les envoie au tribunal. Pourtant, messieurs les producteurs, quand la qualité est là, les gens sont prêts à acheter. L’exemple de Mika, qui a vendu 600 000 albums vendus en 3 mois, alors qu’aujourd’hui c’est à peine si un artiste phare arrive à vendre plus de 300 000 (et c’est un excellent chiffre de ventes), est édifiant. Et en plus, l’exploitation d’internet a été essentielle au développement de sa carrière. Donc, ne dites pas que les gens ne veulent plus dépenser d’argent pour la musique, mais peut-être simplement qu’ils ne veulent pas acheter indéfiniment la même daube à prix coûtant...



14 réactions


  • Forest Ent Forest Ent 26 novembre 2007 12:45

    Totalement en accord avec cet article. Nous avons donc été jusque ici 4 sur AV à réagir dans le même sens. Si la FNAC n’a pas un sentiment de déréliction, on doit pouvoir arranger ça. smiley


  • cobra 26 novembre 2007 13:00

    Tout à fait ! Dans un sens, avec les offres triple play dégroupées, en résiliant unilatéralement l’abonnement internet, cela revient à priver les foyers de téléphone !!
    Le P2P traditionnel déclinera, au profit des professionnels du « côté sombre » crakers et autres groupes de warez, qui pour le prix d’un album musical proposent des milliers de Go de logiciels, musiques, vidéos, en toute impunité. L’utilisation massive de proxy anonymes, de vpn, rendra les internautes intraçables.

    A lire ce rapport, les signataires utilisent encore le minitel !!
    connexion/fin


  • bouboul 26 novembre 2007 14:48

    « l’expérience Radiohead, qui avait mis en ligne son dernier album avec un prix libre (l’internaute paye ce qu’il veut, voire ne paye pas du tout) est flagrante que les gens ne sont plus prêts à payer pour de la musique, puisque le coût moyen de téléchargement de cet album est de 3 €, et un tiers ne l’a pas payé. Encore plus étrange, on estime à 1 million le nombre de téléchargement »illégal« passant par le P2P de cet album, pourtant disponible gratuitement en offre légale. Radiohead a quand même vendu près de 2 millions de téléchargements dans le monde, ce qui a été bien rentabilisé, mais on a l’impression que cette tentative de changer la donne est mitigée... »

    Alors déjà mefiez vous des « impressions » c’est trompeur , je crois qu’on cherche plus ou moins à décrédibiliser l’experience radiohead ,donc faites attention à vos sources d’information qui fabriquent vos « impressions ».

    Ensuite , je ne suis pas à jour sur cette affaire , mais il me semble que les chiffres que vous citez pour la vente online de leur album (1/3 des telechargeurs qui ont payé et 3euro en moyenne le prix de vente de l’album) sont issus des statistiques d’une boite appelée comcast ,qui est exterieure au groupe, qui a fait un sondage sur un panel de 1000 personnes il me semble , donc déjà leur methode me semble bancale ; mais en plus ces chiffres ont officiellement été dementi par le groupe radiohead.

    De plus , leur systeme etait le suivant : Vous alliez sur le site , on vous proposait de donner ce que vous vouliez et ENSUITE vous aviez accès aux fichiers. Donc il est fort probable qu’une bonne partie des gens qui ont payé leur album , l’ont d abord telechargé un premiere fois sans rien payer pour l’ecouter, histoire de voir si il valait le coup ; puis on ensuite relancé le telechargement en payant .

    C’est à prendre en compte quand on veut comptabiliser la proportion de gens qui ont payé. Ensuite les auteurs touchent en general 1-2euros par CD classique vendu dans le commerce,ce qui est quand meme deux fois moins qu’ici (en se basant sur le chiffre de 3euros/album mais je crois que ce chiffre est faux,j’attend les resultats officiels donnés par le groupe).

    De plus le chiffre de 1 millions de telechargements estimés sur le p2p me semble hasardeux(quelle methode est utilisée pour obtenir ce chiffre ? et de qui provient ce chiffre ?).

    On peut aussi penser qu’une partie(indeterminée) de ces telechargements via le p2p sont des personnes qui voulaient ecouter l’album avant de l acheter . Et j’ajoute aussi , parmis les telechargements non payés sur le site officiel, il y avait les curieux et tout ceux qui ont été mis au courant via le net du petit phenomene radiohead.

    Tout ca pour vous dire , que cette operation semble etre un succès, mais on a une « impression » bizarre d’echec. Pourquoi ? Je le dis pas sinon je vais me faire traiter de gros parano smiley Mais globalement c’est quand meme assez difficile de dire qui a fait quoi, pourquoi , combien de personne ,combien d’argent etc.... En tout cas , les chiffres des institut de sondage et relayés par des sites pas toujours indépendants des majors , j’ai tendance à m’en mefier.


    • Bahal 26 novembre 2007 17:22

    • reaper95 reaper95 26 novembre 2007 20:32

      L’article de Ratiatum proposé par Bouboul est très intéressant et prouve que le modèle économique mis en place par Radiohead est très intéressant, rapportant beaucoup aux artistes sans un maximum d’investissement.

      Juste pour info : Thom Yorke, chanteur et leader du groupe Radiohead, a avoué dans une interview que s’ils ont lancé cette façon de vendre l’album, c’est parce que lemanager du groupe pensait que c’était un risque de faire un album sans contrat de distribution (qu’ils ont obtenu après coup, avec la société XL Recordings). Il reconnaît aussi avoir téléchargé gratuitement son propre album, ce qui pourrait n’avoir aucun intérêt (pourquoi achèterait-il son propre album après tout ?), mais cela signifie qu’il assume le fait qu’en procédant ainsi, des gens le téléchargeraient sans le payer.

      Cependant, il faudrait voir si Barbara Hendrickx, qui a choisi de mettre à la disposition du public son dernier album de la même façon que Radiohead, aura le même succès et gagnera autant d’argent. De toutes façons, pour l’instant, il faut quand même avoir un nom pour espérer du public qu’ils choisissent un prix à mettre sur sa musique.


  • tacite-reconduction 26 novembre 2007 16:26

    Et même au delà, ça ne fait pas avancer les choses... En effet Linuxien de longue date je mets a la disposition des autres internautes 480kb de bande passante pour leur permettre de télécharger la dernière distrib de Knoppix, de Kaella ou d’Ubuntu... et dans ce nouveau système je risque fort de me faire ennuyer ; j’ai déja la joie de payer une taxe SACEM sur mes disques durs, clé USB et autres galettes... pour engraisser des gens que je n’écoute même pas en gratuit. A un moment il faut dire STOP. Et lançons un grand mouvement de boycott de la FNAC (pour le rapport Olivennes) d’Universal (pour les prises de position de Pascal de couleur) et aussi du Président (pour le fait qu’il serait supposé voir à long terme et que la réalité qui est qu’Internet n’est jamais qu’un vaste réseau de P2P... et que les droits d’auteurs sont nés avec l’imprimerie et morts avec Internet lui échappe un peu...) Aux prochaines élections je vote MoDem...


    • bouboul 26 novembre 2007 16:49

      « Aux prochaines élections je vote MoDem... »

      Le modem c’est des liberaux je te signale ^^


  • Bahal 26 novembre 2007 17:20

    Pour ma part, c’est la première fois, mais vraiment la première que je vois les mêmes réactions d’internautes sur le site de Libé et celui du Figaro. Et ça c’est quand même un signe fort, si de tout bord politique les gens sont contre ces mesures, c’est quand même qu’il y a un sacré problème de fond.

    Bon perso j’aimais bien la Fnac, là ils peuvent se brosser pour me voir et je pense que je ne serai pas le seul.


  • zorba legraque 26 novembre 2007 19:26

    toute cette histoire me fait penser à la prohibition de l’alcool dans les années 30 aux USA. à tort ou à raison, un pays démocratique peut-il considérer plusieurs millions d’habitants comme délinquants et les traiter comme tels ?


  • Deneb Deneb 26 novembre 2007 21:15

    Discours de Sarko vendredi

    « On dit parfois que quand personne ne respecte la loi, c’est qu’il faut changer la loi. Sauf que si tout le monde tue son prochain, on ne va pas pour autant légaliser l’assassinat. »

    On dirait que pour Sarko, écouter la musique téléchargée = assassinat. Bravo !

    Encore une perle :

    « Si tout le monde vole la musique et le cinéma, on ne va pas légaliser le vol. Et en même temps, nous savons tous qu’on ne va pas non plus mettre tous les jeunes en prison. »

    Raccourci un peu rapide - il semble évident que pour Sarko, c’est la faute aux jeunes. En plus, ils ont voté Segolène, les petits salauds.

    Avec le Sarko-me, les metastases ne sont pas loin.


  • Mjolnir Mjolnir 27 novembre 2007 11:08

    Bon article qui soulève des questions pertinentes, à lire en complément avec l’article de Forest Ent sur le nauvrage de la DADVSI.

    « je suis partisan d’une rémunération juste et équitable de la création artistique et des acteurs de l’industrie du divertissement. »

    Etrange, tout le monde (distributeurs, auteurs, éditeurs, consommateurs) dit la même chose, serait on tous d’accord ? smiley

    Une question, peut être fondamentale, est « pourquoi payer ce qu’on peut avoir gratuitement ? »

    Je connais des gens qui me disent que même à 1FF (à l’époque, c’était des francs), ce serait encore trop chère. Le problème est que tout le monde n’a pas la même conception de la justice et de l’équité. Même si certains estiment que tout travail mérite salaire, il y a une part non négligeable de la population qui ne payeront pas ce qu’ils peuvent avoir gratuitement, par manque de moyen, par paresse ou par absence de respect vis à vis du travail des autres.

    Il faut donc vendre autre chose en plus de la musique : des livres avec des photos de l’artiste, des réductions pour des places de concerts, des posters, des vidéos des concerts (plus lourd à télécharger), etc

    Sans vouloir faire l’avocat du diable, je comprends la panique de certains acteurs de ce marché, internet bouleverse complètement les possibilités d’échange et remet en question un système économique qui est en place depuis des décennies. Tout changement brutal dans un sytème provoque des déséquilibres et peut même détruire le système si celui ci ne s’adapte pas mais s’adapter, changer, c’est déjà ne plus être.


    • reaper95 reaper95 28 novembre 2007 11:21

      Dans le fond, je suis tout à fait d’accord avec votre analyse. La question cruciale de ce débat n’est cependant pas « Pourquoi payer pour quelque chose qu’on peut avoir gratuitement ? », mais plutôt « La musique est-elle gratuite ? ».

      Je pense pour ma part que la radio, les chaînes musicales et les clips à longueur de temps ont fini par convaincre les gens qu’ils pouvaient disposer de la musique gratuitement. Pourquoi devrais-je payer mon téléchargement, alors que je ne paye pas pour regarder en boucle le clip de Madonna sur MTV ou pour écouter le dernier tube de Rihanna qui tourne en rotation lourde sur NRJ ? En fait, ce n’est pas gratuit, c’est indolore, puisque c’est la publicité qui finance les morceaux en question.

      Du coup, l’internaute moyen qui ne connaît pas forcément le fonctionnement de la rémunération des artistes se dit « pourquoi on me harcèle ? Ne me faites pas croire qu’ils sont ruinés ! » ; en effet, alors que l’industrie du disque semble être richissimes, ce n’est pas vraiment le cas ! Sur quelques artistes qui gagnent des millions d’euros par an, combien vivent de piècettes dans les bars ou de cachets minables dans des petites salles ? Il faut savoir que les radios et les télés ont complètement bradé le prix de la musique, puisque seulement 8% des revenus publicitaires de ces diffuseurs de musique sont reversés aux producteurs et organismes de droits, alors que sans musique, NRJ ou Europe 2 ne vivraient pas ! Ce n’est pas tellement les internautes qui ont asséché l’industrie, ce sont les diffuseurs !

      En outre, les maisons de disque n’ont jamais anticipé le phénomène des MP3, car ils n’y ont pas cru. Voici d’ailleurs un témoignage publié le mardi 27 novembre 2007 sur le blog Music Crash (http://musiccrash.blogspot.com/). Le « mal » était déjà fait lorsque l’industrie du disque a intenté des procès contre Napsters. La Boîte de Pandore avait été ouverte, de nombreux logiciels et de nouvelles technologies d’échange avaient fait leur apparition, des milliards de fichiers avaient été échangés et la culture de la « musique en masse gratuite » était entrée dans les moeurs. Comment convaincre 3 milliards d’internautes qui se servent copieusement sur le P2P que « voler, c’est mal », surtout quand l’offre est si peu différente en « légal » qu’en « pirate » (en gros, pour 0,99€, vous payez un fichier qui est protégé, que vous ne pouvez pas copier indéfiniment, même sur vos PROPRES disques durs, et à une qualité à peine supérieure, sans plus-value numérique).

      Je comprend la position des maisons de disque, maintenant, la situation dans laquelle ils sont, ils l’ont cherché et voulu. Ils vivent encore à l’époque du Minitel (Cf une note de la SCPP datée de septembre 2007, qui s’indignait de l’existence des serveurs ftp de Free, alors qu’ils existent depuis 2004...). Si les maisons de disque peuvent être d’excellents tremplins pour les artistes, ils ne sont pas indispensables à leur carrière. Les artistes se suffisent à eux-mêmes, et la réussite de sites comme MySpace en est la preuve (même s’il reste à voir si la pérennité sera présente). Les exemples Radiohead, Prince ou David Bowie, même si ce sont des artistes qui n’ont pas besoin de se faire connaître et ne connaissent pas de problèmes financiers, montrent qu’on peut proposer une façon alternative de vendre de la musique.


  • Bigre Bigre 27 novembre 2007 22:09

    Sur http://www.quechoisir.org/, en date du 27/08/02, l’article « Copie privée -Le flou artistique » commence par :

    La redevance sur les magnétoscopes ou les lecteurs de DVD, incluse dans le prix de vente, est gérées par les sociétés privées. Résultat, les fonds perçus se perdent dans de curieux méandres. Un contrôle urgent s’impose.

    Le reste est réservé aux abonnés. Dommage, je crois me souvenir que les fonds récoltés ne sont ni versés budget de l’Etat ni reversés aux artistes. Et que la Cours des Comptes n’a pas de mandat pour mettre son nez dans les affaires.

    Peut-on ouvrir une enquête citoyenne sur le sujet ?


    • reaper95 reaper95 28 novembre 2007 11:03

      La redevance pour copie privée est prélevée par deux organismes : la SORECOP et COPIE FRANCE.

      Théoriquement, cette taxe est reversée à la Sacem, mais aussi aux sociétés de perception que sont la SPPF et la SCPP (sociétés de perceptions des producteurs), ainsi qu’à l’ADAMI et la SPEDIDAM (celles des artistes interprètes), et ceci à des taux différents selon les organismes.

      Une part de ces prélèvements va dans une caisse de soutien à la création et au développement de jeunes artistes, l’autre part est reversée en fonction d’un prorata des ayant-droits. En gros, plus vous touchez de droits, plus vous percevrez de copie privée. L’argent va donc toujours aux riches...

      Je vous invite à consulter le site de la SPPF (www.sppf.fr) et de consulter leur brochure explicative sur les différents modes de perception.


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