vendredi 31 octobre 2008 - par François-Xavier Ajavon

Se battre contre des moulins à paroles...

Comment résister au pathos des Don Quichotte ? Mercredi dernier est sorti en salle le film documentaire Enfants de Don Quichotte (Acte 1), retraçant l’épopée d’Augustin Legrand. Militant associatif et acteur de cinéma, saint Augustin a la foi humaniste chevillée au corps. Ça se voit sur son visage d’apôtre. Chacune de ses interventions médiatiques respire la juste indignation citoyenne, et le généreux « coup de gueule » humaniste. La cause de ce miséricordieux comédien ? La dénonciation de la situation des sans abris. Juste cause ? Faut voir… 

Que celui qui a donné se taise ; que celui qui a reçu parle.

  Miguel de Cervantès


On se souvient de l’action des Enfants de Don Quichotte© lors de l’hiver 2006-2007 : l’installation sur les bords du canal Saint-Martin, à Paris, de centaines de tentes Quechua© rouges, à destination des sans-domicile fixe. La fameuse tente 2 seconds©, rendue célèbre pour sa légendaire rapidité d’installation, et son faible encombrement une fois repliée. Il s’agit, en somme, de la tente du campeur moderne. On se souvient donc de ces surréalistes images de camp romain, au carré, avec les tentes alignées au taquet, à perte de vue. On se souvient du canal Saint-Martin, l’un des épicentres du néo-Paris bobo, à la perspective transfigurée par ce happening esthético-caritatif...

La sortie du long métrage Enfants de Don Quichotte (Acte 1), vient confirmer la dimension artistique de l’opération. Certes, l’action d’Augustin Legrand a abouti à un certain nombre de promesses politiques en faveur des sans-abris, ainsi qu’au vote - en 2007 - de la loi Dalo (Droit au logement opposable). Certes, ce long métrage documentaire vient évidemment supporter et prolonger l’action associative des Enfants de Don Quichotte©. Mais il nous est permis de nous interroger sur cette relation nouvelle du combattant associatif à sa propre image. Si les grandes figures de l’humanitaire ont toujours été très visibles dans les médias (on se souviendra de l’omniprésence télévisuelle de l’abbé Pierre, de sœur Emmanuelle, des french doctors de tous poils, de Léon Schwarzenberg, etc. ), cela doit être la première fois qu’une action de telle ampleur s’est presque confondue avec le projet de sa mise en images. Dès le début du mois d’octobre 2006, c’est-à-dire plusieurs semaines avant le début du mouvement des Enfants de Don Quichotte©, un article de La République du Centre[1] évoque la volonté d’Augustin Legrand de tourner un documentaire sur l’exclusion. L’article de Charlotte Robinet rend compte de la visite du comédien à Orléans, à l’occasion de la présentation du film L’Héritage dans lequel il est à l’affiche ; et s’achève sur cette confidence : « Et déjà dans l’esprit d’Augustin, l’idée de réaliser son propre long métrage : un documentaire militant, "façon Michael Moore", sur le thème de l’exclusion... » Inutile de relancer ici la querelle sur la génération spontanée, et la prééminence de l’œuf sur la poule ou et de la poule sur l’œuf... mais il est évident que le projet de mise en images de l’action des Enfants de Don Quichotte© semble s’être imposée dès le début. De fait, seize jours après la publication de cet article Augustin Legrand amorçait le mouvement en s’installant volontairement dans la rue, auprès des plus démunis. Nul doute que ce mouvement associatif aurait vu le jour sans ce désir de documentaire « à la Michael Moore », mais il convient de se poser plusieurs questions : quel est ce nouveau militantisme humanitaire de la « transparence » et de la « mise en scène », qui ne laisse dans l’ombre aucune de ses actions, et livre le moindre de ses gestes à l’œil d’une caméra amie, de témoignage et de « propagande » ? Si l’ancien militantisme humanitaire à la papa s’exposait bien volontiers aux caméras des médias, il n’était pas encore producteur de ses propres images. Voilà que l’action du néo-humanitaire se confond désormais avec l’activité de filmer sa propre démarche. L’action humanitaire est donc devenue une extraordinaire fabrique d’icônes.

Augustin Legrand est l’une de ses icônes du Bien. Partout, dans la presse, il frôle la canonisation. Mathieu Kasovitz, qui est le producteur du film documentaire Enfants de Don Quichotte (Acte 1), résume bien - dans Le Journal du dimanche - le sentiment général qui entoure le sympathique saint Augustin : « (il) marche dans les pas de l’abbé Pierre et de Coluche. Ce qui est beau dans cette histoire, c’est que tout le monde est capable de faire ce qu’il a fait. Mais comme tout le monde se taisait, il a été obligé de se bouger pour nous réveiller. » A mi-chemin entre le religieux et le showman, entre l’abbé Pierre et Coluche, Augustin Legrand fait comme le Christ : il souffre pour nous. Et sa souffrance est partout visible : il souffre de voir souffrir les sans-domicile fixe, il souffre de son impuissance à leur venir en aide rapidement, il souffre de l’ampleur du mouvement, il souffre de l’indifférence de certains décideurs politiques, il souffre même d’être une icône. Il pleure même parfois. Les médias sont conquis par sa belle gueule de mater dolorosa  ; Le JDD le décrivant ainsi : « Bloc d’énergie chaleureuse culminant à plus de deux mètres ». Sa souffrance est photogénique. Saint Augustin, entre fragilité et prestance physique d’acteur, est non seulement une icône du Bien, mais aussi une incarnation des plus démunis. Incarnation plutôt improbable de ces sans-domicile fixe brisés par la vie, qui ont dû longtemps se demander ce que cet homme du show-business recherchait en devenant leur porte-parole. Le Journal du dimanche, en mission promotionnelle, répond à la question... Saint Augustin est désintéressé, il ne recherche ni la gloire médiatique ni l’aura d’un activiste du Bien... il a simplement cela dans le sang : « Legrand a tellement bataillé pour les SDF, de réunions ministérielles en tables rondes associatives, qu’il en a oublié son métier de comédien. Faute d’avoir assez travaillé, il a perdu le statut d’intermittent du spectacle. Il n’a plus un sou en poche. » Pauvre parmi les pauvres, il n’est plus possible de s’interroger à haute voix sur la pureté de l’action augustinienne. Augustin rejoint là les plus hautes figures spirituelles du dénuement et du don de soi.

Cette pureté en viendrait presque à nous faire oublier que son action s’inscrit aussi dans une accablante habitude du show-business français de se piquer d’humanitaire. Là où les grandes stars hollywoodiennes se contentent souvent de faire de fracassants dons en millions de dollars à des fondations caritatives chic, les stars françaises ont souvent le désir de montrer leur générosité à l’œuvre. Ces figures de l’indignation et du « coup de gueule », du « C’est pas normal ! », du « Ça peut plus durer comme ça ! », du « J’accuse ! », sont connues, elles viennent souvent du monde du cinéma et de la chanson. On citera pêle-mêle Jacques Higelin, Emmanuelle Béart, Josianne Balasko, etc. Le mouvement des Enfants de Don Quichotte© n’a pas échappé à cette recherche du piment people : on se souvient de ces baroques images de Jean Rochefort sortant d’une Quechua© rouge 2 seconds©, en dénonçant le sort des sans-abris avec tout le pathos dont son génie est capable. Le tout à côté de saint Augustin, au visage transfiguré par l’humanisme, souffrant pour lui. Et souffrant aussi pour la caméra qui le filme. Déformation professionnelle ? Mélange des genres ? 

A force de se rêver en Don Quichotte, sympathique chevalier idéaliste à la barbe de trois jours, ne risque-t-on pas de se transformer un jour en moulins à vent ? Ces géants qui brassent de l’air et que l’on voit à des kilomètres...



[1] République du Centre, mercredi 10 octobre 2006.

 



23 réactions


  • Anto 31 octobre 2008 11:10

    et ?

    son action s’inscrit aussi dans une accablante habitude du show-bisness français

    Une autre habitude accablante bien francaise est de critiquer la forme d’une action derriere le clavier de son PC. Les freres Lengrand ne sont pas ceux qui ont denature l’action humanitaire. La societe actuelle est une socitet de consommation et de communication.

    C’est absurde de leur reprocher d’utiliser les outils les plus frequents (tv internet cine) pour appuyer leur action. Au dela du simple fait d’aider les gens, l’objectif de toute assoc’ humanitaire est d’eveiller les conscience de faire passer un message. Or, le francais lambda croule sous les infos, les messages publicitaires et autres sollicitations en tout genre, bref, il est blase. Utiliser les vecteurs d’information les plus puissants assortis du message le plus choquant est le moyen le plus sur et le plus rapide d’attirer l’attention. On a les humanitaires qu’on merite.


  • Redj Redj 31 octobre 2008 11:21

    Je vous trouve bien critique à l’égard des don Quichotte. On peut soutenir leur combat ou non, mais votre question sous-entend qu’Augustin Legrand fait ça pour faire sa pub.
    Je ne suis pas d’accord du tout. C’est normal qu’il se fasse médiatiser sinon aujourd’hui rien n’aurait bougé, et qu’il prenne comme support celui qu’il connait le mieux. Je ne vois pas où est le pb.


  • jakback jakback 31 octobre 2008 11:26

    Les freres Legrand, ou comment utiliser la marginalité pour culpabiliser la sociéte, a son profit, s’associer a Kasowitz, réputé appre au gain, n’est pas innocent (demander donc aux frèrs Cassel, vincent & mathieu ).
    Les Legrand sont des nuisibles, enquêter auprès des riverains et commerçants du canal de l’ourq, selon les réponses, posez vous la question : suis je prêt a accepter autant d’inconvenients, pour un résultat quasi nul pour les marginaux, si la réponse est OUI , les moulins vous attendent.


    • foufouille foufouille 31 octobre 2008 12:02

      sous les ponts, ils seraient moins visible
      en plus personne ne verait la flicaille les virer et foutre leurs affaires a la poubelle


    • Nobody knows me Nobody knows me 31 octobre 2008 14:28

      suis je prêt a accepter autant d’inconvenients, pour un résultat quasi nul pour les marginaux, si la réponse est OUI , les moulins vous attendent.

      Donc si ça ne s’arrange pas pour les marginaux malgré leur action médiatique, c’est la faute des Legrand ?? Ah les salauds !! Vous avez raison, les nuisibles, il faut s’en débarasser... Malodor pour tout le monde donc. Et interdit d’être pauvre compris ?

      Je pense que tout a été à peu près dit sur cet article. Je rajouterai que l’abbé Pierre, Soeur Emmanuelle, Coluche ont dû se heurter eux aussi à des gens comme vous ou par ex. la fouine de Zemmour qui sont encore foutus de faire du cynique sur des situations pareilles.
      Les SDF ont enfin une voix, j’espère qu’elle perdurera très longtemps, ne serait-ce que pour vous faire chier vous et Mme Boutin et toute la clique derrière.
      Vous dîtes qu’Augustin a délaissé son travail, n’a plus d’argent pour rester aux côtés des SDF. Que peut-on faire de plus pour avoir votre considération ??
      Une crucifixion serait-elle suffisante ou faudrait-il encore souffrir l’éternité en enfer pour avoir votre empathie ?


    • nephilim 31 octobre 2008 14:52

      le nuisible c’est vous


  • TSS 31 octobre 2008 13:43

    François Xav... ça fait XVI ème !! ANP(auteuil,neuilly, passy)


  • Surya Surya 31 octobre 2008 14:08

    Je ne comprends pas non plus la raison de votre article.

    Heureusement que les frères Legrand étaient là l’hiver dernier pour organiser ce campement, et j’espère bien qu’ils recommenceront cet hiver, ou même dès maintenant vu qu’un SDF est mort de froid la nuit dernière. Le jour où ils pourront arrêter sera le jour où plus aucun SDF ne crèvera de froid dans les rues d’un pays riche qui a les moyens mais pas la volonté de leur venir en aide. Et après, on s’en prend à des personnes de bonne volonté comme les frères Legrand qui battaillent pour alerter l’opinion publique (et comment alerte-t-on l’opinion publique dans notre société où le pouvoir passe par les média, sinon en utilisant les média ?) et faire vraiment changer les choses.

    Que les commerçants aient râlé parce que la présence des SDF faisait baisser leur chiffre d’affaire, (ce qui signifie que les gens ne venaient plus dans le quartier), est symptômatique de la mentalité ambiante. Je suis souvent passée sur le canal l’hiver dernier, et je n’ai jamais senti aucune agressivité de la part de celles et ceux qui vivaient dans les tentes déployées devant les logements de celles et ceux qui vivent dans les apartements.

    A l’époque où E. Béart s’est enchaînée avec les mal logés et les sans papiers, j’ai pensé que c’était quelqu’un de sincère, notamment dans ses actions de porte parole de l’UNICEF, et je la sentais vraiment révoltée, mais je me suis dit, moi aussi, que c’était une star qui ne risquait pas grand chose à faire ce qu’elle faisait, et qu’elle ne s’est pas rendue compte que venir s’enchaîner pendant quelques heures, menottes aux poignets, aux mal logés et rentrer ensuite tranquillement chez elle, risquait d’être perçu de travers. Je me suis demandée à l’époque pourquoi elle n’accueillait pas quelques jours une de ces familles chez elle, puisqu’il y avait même des enfants dans la rue. Mais c’était complètement stupide de penser ça, parce que vu que je ne la connais pas personnellement, je risquais donc de la juger de façon injuste. C’est toujours plus facile de voir le côté négatif des choses, et quelle que soit sa motivation, même si, comme beaucoup l’ont dit, elle cherchait aussi à se faire de la publicité, de toute façon c’est toujours mieux de faire ce qu’elle a fait que ne rien faire du tout.

    L’hiver dernier, je n’ai pas eu le courage de descendre dormir dans la rue avec les SDF comme certains l’ont fait. Comme quoi, quand on a la trouille de grelotter, c’est là qu’on se rend vraiment compte l’effet que ça doit faire de dormir dehors. Alors non seulement je dis un grand bravo à ceux qui ont été jusqu’au bout et l’ont fait, mais je dis également un grand merci aux frères Legrand d’avoir bien contribué à me faire prendre pleinement conscience (même si je le savais, mais de façon moins "intense") que j’avais la trouille de grelotter, que c’est le quotidien de beaucoup de gens, parfois même des gamins, et qu’en effet, ça ne peut plus continuer comme ça. Il est temps que l’état prenne ses responsabilités.

    La seule chose qui compte, c’est que des gens dynamiques comme les frères Legrand ou d’autres viennent en aide à ceux qui en ont besoin par le combat qu’ils ont choisi de mener, qu’ils fassent bouger les choses et modifient les mentalités. Le reste, si vraiment reste il y a, on s’en contrefiche.

    Je vais très rarement au cinéma, mais là, c’est sûr, j’irai voir leur film.


  • nephilim 31 octobre 2008 14:58

    C’est drole j’ai l’impression que les articles sont de plus en plus orienté reac serais ce parce que les facho ont annexé la partie moderation ??
    j’ai remis mon commentaire qui a été suprimé a l’attention de jakbak je disais juste : qu’il etait un nuisible cela merite t-il d’etre suprimé ? quand je lis certains intervenants je ne comprends pas sur qu’elle base la censure s’exerce.


    • Nobody knows me Nobody knows me 31 octobre 2008 15:01

      Ca charcle, ça charcle gaiement...
      Aura-t-on droit à une réponse de l’auteur de cette daube ??


    • Redj Redj 31 octobre 2008 15:11

      idem, mon commentaire sur Pallas, ainsi que son post ont disparu. Peut-être parce que j’ai mis le mot "connerie" dedans ? Oulala quel gros mot !!!


    • Nobody knows me Nobody knows me 31 octobre 2008 15:19

      Je dirais plutôt que ses commentaires se suffisent à eux-même en regardant d’un point de vue de censeur.
      Je suis contre cette censure. Je trouve que ça a une valeur historique de garder les âneries de certains...
       smiley

      D’ailleurs, je vais bien rigoler quand ce type - qui doit, j’imagine, supporter toutes les mesures liberticides - chialera contre la censure frénétique alors que c’est directement une conséquence des lois répressives comme la LCEN. Encore une fois, tout le monde dans la chaîne est responsable du contenu des sites.
      Le fournisseur doit bloquer l’accès, le responsable du site doit supprimer le contenu incriminé, ...
      Alors avant de se faire désosser, on charcle logiquement à tous les niveaux.


  • pallas 31 octobre 2008 15:19

    Je n’est fait que tester la redaction, oui mon commentaire a ete supprimé, vaste plaisanterie de ^parler de liberter d’expression quand ont la retire a autrui, donc ce site est hypocrite.


    • Nobody knows me Nobody knows me 31 octobre 2008 15:34

      Je vous vois sans cesse en train de promouvoir toutes les lois liberticides possibles et vous vous plaignez ?
      Allons ! Un peu d’intégrité que diable !
      xD


  • Gzorg 31 octobre 2008 16:30

    @l’auteur moi aussi ca me gave la médiatisation/culpabilisation

    Cependant je me permettrais de critiquer les don quichotte le jour ou il n’y aura plus 20.000 personne a la rue a Paris qui sont en CDI ou en CDD...

    En attendant tout les moyens me semblent bon pour faire bouger les politiques sur ce sujet, et pour rappel il me semble bien que l’abbée pierre avait aussi utilisé les medias pour obliger le gouvernement a prendre le problème a bras le corps.

    Par ailleurs vous etes apparement journalistes, et pas dans n’importe quels journaux non plus, or a qui vous attaquez vous ?
    A des faibles faciles à attaquer , avec lequel votre carriere de leche boule ne risque rien, vous seriez néanmoins mieux inspiré d’attaquer de front les 2% de pourries qui se partagent 50% des richesse de notre pays et qui creusent chaque jour un peu plus cette misere qui s’installe dans les couches les plus pauvres de la population.

    Vous vous presentez comme un polemiste , moi je ressent surtout le type lache qui s’attaque mechament a ceux qui ne lui font aucun mal....


  • daniel 31 octobre 2008 19:02

    1- La question de la sincérité des Legrand est accessoire. Le fait qu’ils en profitent en termes de notoriété n’a aprés tout rien de scandaleux. Faut bien manger...

    2- La question qui se pose vraiment c’est la pertinence et la légitimité du probléme soulevé : le logement pour les SDF. Et là j’ai de forts doutes....La façon dont s’est "réglé" le probléme et ses conséquences en termes d’action publique sont claires : il y a toujours autant sinon plus de SDF, et on nous a pondu une loi qui de toute façon ne concernera pas 99 % des SDF . Le droit opposable au logement s’il devient effectif, ne concernera qu’une fraction minime des familles en difficulté de logement aujourd’hui , et de toute façon n’améliorera à priori quasiment rien....Au mieux cette loi risque de causer plus de dégâts que d’améliorations en bloquant un marché du logement déja exangue.
    Ca reviendra à réquisitionner un logement dont le loyer sera payé par la collectivité (nos impôts) et à faire grimper les prix du bâti (tout simplement parce que les investisseurs seront morts de trouille et investiront ailleurs). Et on bâtira moins de HLM (le fric qu’on aurait pu y passer servant à payer les loyers des logements réquisitionnés).Voir la situation à Paris : pour y habiter faut être soit plein de fric, soit pris en charge par la collectivité...Résultat : le prix du logement y est inabordable pour la classe moyenne qui émigre en banlieue. Les bobos y agitent les pancartes de RESF pour éviter que leurs domestiques sans-papiers (payés au lance-pierre ) soient expulsés (un drame : nos bobos seraient obligés de payer le tarif syndical...).
    Avec l’application de la loi , la classe moyenne et les ouvriers seront bons pour aller se loger dans une cabane au fond de la province et 3 h de transport par jour.
    La solution elle a pas besoin des fréres Legrand ou de Soeur Béart ou de St Depardieu : faut construire des logements,des tours, des HLM , construire à outrance ....Tout le reste c’est pipeau.
    Cela dit le probléme des SDF ne sera toujours pas résolu.
    La plupart ne veulent pas de logements, ne veulent ni payer ni travailler.
    C’est leur droit le plus strict.
    Par beau temps il n’y a d’ailleurs pas de soucis...
    Ce qu’il faudrait ce sont des foyers gratuits pour l’hiver(il n’y en a pas assez aujourd’hui).
    Et aussi la possibilité d’y emmener et loger "de force" les SDF qui ne veulent pas y aller, et sont en danger de mort certains soirs d’hiver.

    3- La médiatisation à outrance de tout probléme "bien-pensant" existe depuis fort longtemps.
    L’Abbé Pierre ou Lino Ventura y ont fait appel avec raison en certaines occasions.
    Mais toutes les causes ne se valent pas. Et toutes ne sont pas légitimes. Toutes ne sont pas exemptes d’arriéres pensées nauséabondes (voir les palinodies autour des immigrés irréguliers) .
    Alors la belle gueule de Legrand ou le décolleté de Béart ne doivent pas nous faire oublier que les outils réels pour améliorer nos vies sont le bulletin de vote et un poil ou plus d’engagement militant "sérieux " (les pavanes du cul de nos ’stars" ne feront jamais rien améliorer en profondeur, sauf peut être leur notoriété).


    • Surya Surya 1er novembre 2008 11:48

      "La plupart ne veulent pas de logements, ne veulent ni payer ni travailler.
      C’est leur droit le plus strict.
      "


      Je ne pense pas que ce soit le cas. Je crois plutôt que beaucoup sont au fond du gouffre et ont atteint un tel stade de détresse qu’ils n’ont plus du tout la force de se réinsérer, même si on leur propose, même si on fait les démarches pour eux.
      Je me souviens d’un SDF à côté de chez moi, au tout début, quand il s’est retrouvé à la rue, il voulait vraiment s’en sortir, on sentait qu’il y avait encore en lui une certaine énergie, qui se traduisait par de la révolte, notamment quand il disait que les restos du coeur fermaient trop tôt, mais que la faim, elle, était toujours là. Il a disparu un jour, et je l’ai revu quelques mois après, complètement ravagé, le visage bouffi par l’alcool. Il titubait. Je crois que s’il avait été pris en charge dès le début, il aurait pu s’en sortir, mais qu’après sa descente aux enfers, et l’alcool qui réchauffe par grand froid et fait oublier la misère, il était trop tard pour lui pour remonter la pente.
      Je pense qu’il faut considérer leur situation comme une dégradation progressive, qui les amène peut être un jour, effectivement, à ne plus accepter qu’on leur vienne en aide, qu’on leur propose de travailler et de se loger, mais je crois que c’est parce qu’ils n’y arrivent plus. 
      Certaines personnes ont été choquées de voir que certains SDF du canal, à qui on avait proposé des logements après l’épisode hivernal des Don Quichotte, les avait refusés, préférant rester avec les autres dans les tentes. Beaucoup de SDF interrogés par les média ont dit avoir trouvé de la chaleur humaine sur le canal, et c’était cette "ambiance" qu’ils ont refusé de quitter, par peur de se retrouver tout seuls.

      Je suis tout à fait d’accord avec vous quand vous dites qu’il n’y a pas suffisamment de foyers d’accueil, et qu’il faut construire des logements supplémentaires. Mais il ne faut pas attendre que les SDF aient atteint le dernier stade de la descente aux enfers pour prendre leur problème en main. Tout ça, c’est évidemment facile à dire, et sans doute, comme vous le faites remarquer, moins facile à faire.

      Je crois tout de même que le gouvernement a fait de nombreuses promesses vite oubliées une fois les caméras parties...


  • Battement d’elle 31 octobre 2008 20:39

    @ l’auteur

    Merci pour votre article ... qui comme à votre habitude n’attend qu’à ce qu’on le contredise.....

    ce lundi un Homme sans logis est mort de froid et d’épuisement dans le bois de Vincennes !

    Vive l’action des Don Quichotte.... Vive Augustin LEGRAND !


  • Booz Booz 31 octobre 2008 21:27

     


    Merci pour cet article bien écrit.

    Moi aussi j’ai un sentiment de malaise quand je vois le cirque Legrand (les frère) . Les mecs "révoltés" qui donnent des leçons à tous cela me gonfle.

    Les Don Quichiottes sont a l’origine d’une loi sur le logement "opposable", loi inappliquée car inapplicable.

    Cependant je comprend les réactions agressives de certains lecteurs, quand on a subie un lavage de cerveaux et qu’on est persuadé que l’action d’une personne est juste, on insulte celui qui vous ouvre les yeux (En psycho cela s’appelle un dénie et les américains en ont été récemment victimes avec la guerre en Irak et les soi-disant armes de destruction massives de Saddam Hussein)


  • W.Best fonzibrain 31 octobre 2008 22:16

    certain commentaire sont puants


  • Francis Francis 2 novembre 2008 22:03

    N’ayant pas vu le documentaire en question, je me garderai bien de porter un jugement sur sa qualité. Pour en revenir sur la problématique choisit par l’auteur, il me semble occulter un élément déterminant motivant la réalisation de tels films : les médias en France sont aux ordres du pouvoir, ça n’est pas une découverte pour quiconque s’intéresse à leur fonctionnement.

    Les acteurs d’idées politiques non dominantes (comprendre ceux qui ne font pas parti de la clique représentée au Parlement) n’avaient pas d’autres alternatives auparavant pour diffuser leur message, que de passer par les "médias". Et encore, ça passe bien quand il s’agit d’aller "aider" les africains, en portant des sacs de riz, mais dès qu’il s’agit d’admettre l’effectivité de problèmes sociaux récurents en France , tout de suite les "médias" et les politiques sont un peu moins critiques.

    Avec la création de nouveaux médias, indépendants d’orientations politiques, je trouve au contraire trés sain que de tels films apparaissent, et la motivation strictement égocentrique est un peu courte !


  • Nobody knows me Nobody knows me 4 novembre 2008 16:02

    Pas UNE réponse de l’auteur... No comment.


  • sOri 10 mai 2009 12:21

    Le film était nécessaire pour donner sa version des evenements, pour sensibiliser plus les gens aux problèmes des sans abris.

    Ce vendredi 15 mai, la mobilisation nationale des Enfants des Don Quichotte aura lieu dans de nombreuses villes de France. Pour ne pas que les pouvoirs publiques continuent à fermer les yeux sur ce vrai problème du mal logement, renseignez vous sur le site internet www.lesenfantsdedonquichotte.com et rejoignez la mobilisation !


Réagir