vendredi 9 mai - par Fergus

Tirs de kalachnikov : tout le monde peut en être victime

Une nouvelle fusillade a éclaté le samedi 3 mai dans le quartier de Villejean à Rennes. Outre les victimes humaines, des dégâts ont été constatés. Parmi eux, le pare-brise de mon propre véhicule, traversé par une balle de kalachnikov...

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Le pare-brise de mon propre véhicule

Nous sommes tous accoutumés à être nourris – quasiment de manière quotidienne – par les médias nationaux ou régionaux aux exactions commises dans le cadre de leurs luttes de territoire par les narcotrafiquants. Des individus de plus en plus désinhibés relativement au danger et à l’action judiciaire, ou des adolescents inconscients des risques qu’ils prennent ou font prendre aux populations exposées. Plus aucune métropole régionale ni aucune agglomération d’importance n’échappe désormais à cette guerre de pouvoir.

Comme chacun le sait, il s’agit, pour les caïds qui gèrent les trafics de produits stupéfiants, de s’assurer le contrôle des meilleurs emplacements de vente à une clientèle accro aux drogues, de bannir toute concurrence des lieux qui génèrent les plus juteux profits. Les appétits de ces caïds sont d’autant plus aiguisés que les plus gros points de deal peuvent, selon les policiers spécialisés de l’OFAST (Office antistupéfiants), générer des dizaines de milliers d’euros quotidiens de bénéfice. On blesse et l’on tue pour moins que cela !

En constante aggravation, cette guerre de pouvoir a, au fil des ans, pris une ampleur inédite du fait de l’ambition des narcotrafiquants les plus déterminés. Notamment ceux qui dirigent la très voyante DZ Mafia marseillaise ou les gangs franciliens les plus puissants. Ceux-là entendent, depuis quelques années, prendre le contrôle de lucratives zones de deal situées hors de leur territoire habituel, parfois à des centaines de kilomètres. Tel est le cas à Rennes où des délinquants venus d’ailleurs ont entrepris de « nettoyer » la place à leur profit.

Il résulte de ces ambitions des règlements de compte particulièrement violents dont le nombre des victimes ne cesse de grandir. Notamment dans les rangs d’adolescents envoyés en première ligne pour éradiquer la concurrence au moyen de fusils automatiques de type kalachnikov. Bien qu’elles soient censées être ciblées, ces actions violentes, souvent exécutées sans discernement, mettent en danger non seulement les protagonistes mais également des passants de tous âges, exposés à être victimes de « balles perdues ».

Depuis décembre 2024, à la grande frayeur des habitants, sept épisodes de tirs à l’arme de guerre ont été dénombrés dans le quartier Villejean de Rennes, au cœur d’un lieu populaire situé à deux pas d’un campus universitaire. Par chance, il n’y a pas eu de mort à déplorer, mais cinq personnes – dont quatre mineurs - ont été plus ou moins gravement blessés par balle : trois le jeudi 17 avril lors de l’attaque d’un restaurant Subway, et deux le samedi 3 mai lors de la dernière fusillade, survenue tout près du lieu de la précédente. 

Lénaïc Briero, maire-adjointe à la sécurité de la ville de Rennes, a qualifié ce nouvel épisode de « particulièrement glaçant et révoltant ». Un constat lucide car ce fléau, en effet « glaçant », débouchera tôt ou tard sur des drames dont pourraient être victimes des habitants du quartier, y compris des enfants, nombreux dans les immeubles alentour ; « révoltant » également du fait du sous-effectif chronique dont souffrent localement les forces de la police nationale malgré l’aggravation constante de la situation.

Contrairement à d’autres villes françaises, confrontées depuis des décennies à la violence liée aux guerres de territoire des narcotrafiquants, Rennes a longtemps été considérée comme moins exposée en regard de cette forme de criminalité. Ce temps, là comme ailleurs, est révolu. D’où les propos de la maire de Rennes, Nathalie Appéré : « Il nous faut changer d’échelle (...) dans un pays qui subit le narcotrafic comme une menace réelle », avant d’en appeler à l’État pour « se donner les moyens de lutter à tous les niveaux. »

Il est grand temps, effectivement, que le ministère de l’Intérieur et celui de la Justice ne soient plus ceux de la Parole évanescente, mais des Actes concrets. Il en va de la vie de gens innocents, possiblement celle de parents, d’amis, de collègues ou de voisins, voire de notre propre existence. Puissent MM. Darmanin et Retailleau faire un peu moins de politique sur fond d’ambitions personnelles et un peu plus de travail de terrain afin de protéger les populations des violences qu’engendre le narcotrafic !

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Constats de la police le 3 mai (à droite, mon véhicule), photo Le Télégramme


207 réactions


  • toto toto 10 mai 18:11

    Qui a initié le débat ? il ne fallait pas titrer sur la kalachnikov,c’est tendancieux....


  • Nicolas36 11 mai 18:28

    @l’auteur. 

    Lorsqu’on soutient un parti politique quelqu’il soit on n’évite pas de prendre les concepts de ce mouvement dans son ensemble . Le « cherry picking » ne fonctionne jamais. 

    Le narco trafic que vous évoquez n’est qu’une partie immergée de l’iceberg de la violence qui s’étend dans ce pays. 

    Le plus amusant de votre position reste que LFI et toute l’extrême gauche Trotskiste n’hésite jamais à qualifier les policiers de « tueurs » et de « racistes » à chaque occasions. 

    Dans ce contexte idéologique, demander une augmentation des effectifs des FDO c’est assez comique. 

    C’est une idéologie de gauche permissive et individualiste qui a créé une dégradation généralisée de toutes formes d’autorité et de répression des déviances et de la délinquance . 

    La permissivité générale drapée dans un humanisme qui tourne à l’hypocrisie est en train de transformer la France en champs de bataille et le narco trafic n’en est qu’un symptôme. 

    On ne pourra jamais étendre les effectifs de police , de justice et des prisons à l’infini afin de contrer la déviation sociologique que l’on vit actuellement. 

    Il faut des réponses essentiellement sociales et sociologiques sous peine de voir la France devenir une sorte de non droit Sud Américain ou la vie humaine n’a plus de valeur à l’instar de certaines région du Brésil ou du Mexique. 

    La montée de la délinquance c’est en premier lieu un outil juridique dévoyé à tout les niveaux. 

    L’autre origine est le signal de notre glissement vers un pays en sous développement. Tout les indicateurs le montrent. 

    On adopte dans tout les domaines des méthodes et des comportements courants dans les pays pauvres. 

    La population s’y adapte sans même s’en rendre compte et pour certaines choses on en fait un must ou une mode. 

    Le temps ou régnera une situation d’auto défense n’est plus très loin car si les déviants et délinquants se moquent de la loi , il arrivera obligatoirement que les moutons obéissants deviennent enragés. 

    C’est peut être pour cette raison que certains souhaitent le renforcement des forces de police. 

    On a bien constaté que les « gilets jaunes » ont été violemment réprimés et bien plus rapidement que d’autres « milieux séditieux » pour lesquels on trouve toutes sortes d’excuses . 

    Il n’y a de tyrannie que celle de l’ETAT . 

    Ce qui fait peur aux groupes dirigeants c’est la population, jamais la délinquance. 

    Ceci explique pourquoi le trafic de stupéfiant ne risque pas de s’éteindre car in fine il ne gêne pas la classe dirigeante. 

    C’est aussi la principale raison de l’insécurité. Ceux qui dominent sont en parfaite sécurité et le sort de la masse les indifférent. 

    Comme disait l’avocat, ministre, acteur : ils ont un sentiment d’insécurité. 


    • Fergus Fergus 11 mai 18:56

      Bonsoir, Nicolas36

      « LFI et toute l’extrême gauche Trotskiste n’hésite jamais à qualifier les policiers de « tueurs » et de « racistes » à chaque occasions »
      J’ai toujours condamné fermement le caractère général de ce genre d’affirmation. Ce qui n’empêche pas de constater qu’à titre individuel il existe effectivement des policiers « tueurs » ou « racistes ». Mais cibler l’ensemble de la profession est aussi injuste qu’absurde.

      « C’est une idéologie de gauche permissive et individualiste qui a créé une dégradation généralisée de toutes formes d’autorité et de répression des déviances et de la délinquance »
      Il est excessif d’affirmer cela : la droite porte également, tant au niveau national qu’au niveau local, une forte responsabilité dans la situation existante. N’est-ce pas d’ailleurs Sarkozy qui avait sabré dans les effectifs de police ?

      « Il faut des réponses essentiellement sociales et sociologiques »
      D’accord avec vous sur ce point. Mais c’est un travail de fond qui est malheureusement peu compatible avec les plans de carrière des décideurs politiques, prompts à annoncer des mesures, lents à les mettre en oeuvre et jamais là pour en évaluer les effets !

      « Le temps ou régnera une situation d’auto défense n’est plus très loin »
      Espérons que l’on n’en arrivera pas là car cela risquerait d’engendrer des situations de chaos et des phénomènes de ratonnade d’autant plus dangereux qu’ils sont le plus souvent incontrôlés et frappent de manière aveugle. 

      « le trafic de stupéfiant ne risque pas de s’éteindre car in fine il ne gêne pas la classe dirigeante »
      Je crains, hélas, que vous n’ayez raison.


  • Corcovado 11 mai 20:34

    Fergus est très représentatif des braves français. Quand on insiste lourdement en lui mettant les vérités sous le nez, au bout de 20 ans il finit par reconnaitre son erreur du bout des lèvres...pour redémarrer pareil par la suite comme s’il n’avait rien compris. La grenouille dans la marmite sent vaguement que l’eau se réchauffe mais ne nous ayant pas crus elle finira cuite.


    • Fergus Fergus 12 mai 09:01

      Bonjour, Corcovado

      De quelles « vérités » parlez-vous ? S’il s’agit de la dégradation des conditions de vie dans les quartiers populaires, cela fait des décennies que je dénonce cette réalité !!!
      Une réalité imputable à tous les pouvoirs qui se sont succédé à la tête de notre pays depuis un demi-siècle.


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