Vers une dévalorisation des IUT
L'article 18 du projet de loi Fioraso sur l'enseignement supérieur, adopté dans la nuit du 23 au 24 mai 2013, prévoit l'instauration de quotas de bacheliers technologiques dans les instituts universitaires de technologie. Ce pourcentage minimal devra être fixé par le recteur d'académie, en fonction de la spécialité du diplôme et des demandes enregistrées dans la procédure de demande de préinscription.
Si cette loi a pour but d'augmenter le taux de diplômés français, en améliorant la réussite en études supérieures, instaurer un quota pour une filière particulière est contraire à cet objectif. Deux choses risquent de se produire :
- La baisse du niveau des étudiants diplômés de ces IUT ; les IUT ont la possibilité de sélectionner leurs étudiants. Ce faisant, ils sélectionnent les étudiants qu'ils estiment avoir la capacité à réussir la formation proposée. Imposer un quota revient à imposer un certain nombre d'étudiants, dont certains - pas tous bien entendu - n'auront pas le niveau. Soit les IUT reverront leurs exigences globales à la baisse afin que les étudiants obtiennent le diplôme et, dans ce cas là, l'impact sera négatif pour les étudiants avec un meilleur niveau, puisque les professionnels ne verront plus le diplôme d'un aussi bon oeil. Soit les IUT continueront à être aussi exigentes - afin de maintenir un niveau en adéquation avec les attentes des entreprises - et à ce moment là, les moins bons étudiants - qui risquent d'être ceux qui auront été "imposés" par les quotas, mais pas nécessairement - échoueront et l'objectif du gouvernement ne sera pas atteint.
- Deuxième effet non négligeable : l'inégalité entre les étudiants. Le site du Monde affirme que "les IUT ont été créés en 1966 précisément pour offrir aux élèves issus des bacs technologiques des filières courtes et professionnalisantes débouchant, en deux ans, sur un Diplôme universitaire de technologie (DUT), et en trois ans, sur une licence professionnelle." Pourtant, le baccalauréat technologique a été créé en 1968, le baccalauréat professionnel en 1985. Le décret de création des IUT fait référence aux bacheliers du secondaire et aux titulaires d'un baccalauréat de technicien (l'ancêtre du baccalauréat technologique). Dès l'origine, il n'y avait donc aucune exclusivité prévue au profit des titulaires d'un baccalauréat de technicien. L'instauration de quota ne permettra que de défavoriser les étudiants titulaires d'un baccalauréat général, qui ne réussiront pas nécessairement mieux à l'université, dans une prépa ou dans un école privée.
La mise en place de quota n'arrangera pas la réussite des étudiants dans l'enseignement supérieur et risque de créer, une fois n'est pas coutume quand il s'agit de favoriser une partie de la population, des inégalités. On fait de la place dans les IUT, au détriment des bacheliers généraux, qui peuvent se retrouver sans solution adaptée.
Espérons simplement que les recteurs d'académie seront plus réalistes et n'imposeront pas des quotas largement supérieurs à ce qui est pratiqué par les IUT. Espérons le, au nom de l'égalité de traitement.