jeudi 4 octobre 2007 - par Voltaire

Fraude scientifique : la lutte s’organise

Les 16-19 septembre derniers se déroulait à Lisbonne la première conférence internationale sur l’intégrité scientifique. Au moment où le progrès scientifique est considéré comme essentiel dans des domaines comme la compétitivité économique, la santé, la sécurité nationale ou la protection de l’environnement, gouvernements et communauté scientifique semblent s’accorder pour rehausser leurs exigences en matière d’intégrité scientifique.

Plusieurs cas récents de fraude scientifique ont connu une médiatisation sans précédent. Leur importance, les dommages causés et les mesures préventives potentielles ont fait l’objet de débats au sein de la presse, des communautés scientifiques et des gouvernements concernés.

La « fraude scientifique » (comme par exemple la fabrication ou la falsification de données, le plagiat) endommage la recherche scientifique. Elle constitue aussi une utilisation abusive de fonds publics, et affaiblit la confiance des citoyens en la science. La fraude scientifique, et plus généralement ce qu’on peut appeler l’intégrité scientifique, constituent un sujet d’inquiétude croissant pour les gouvernements, les administrations de recherche et les organes de régulation.

De nombreux pays sont ainsi actuellement engagés dans des processus de création, de modification ou d’évaluation de leur politique et mécanismes de traitement de la fraude scientifique. C’est dans ce contexte que s’est tenu, au mois de février 2007 à Tokyo, un atelier, organisé par le Forum mondial de la science de l’OCDE, sur les bonnes pratiques pour assurer l’intégrité scientifique, puis la conférence de Lisbonne, sous l’égide de la Fondation européenne de la science, de l’Office américain pour l’intégrité scientifique (ORI) et de la présidence portugaise de l’Union européenne.

Les divers cas de « fraude scientifique » et leurs conséquences

Un certain nombre de comportements de scientifiques peut être catalogué comme « fraude scientifique ». Afin d’établir ou d’évaluer un système administratif destiné à traiter des allégations de fraude scientifique, de même que pour en comprendre les causes éventuelles et proposer des remèdes efficaces, il est indispensable que ce système soit à la fois transparent et pérenne. Divers mécanismes ou modalités administratives (comprenant des éléments de prévention, d’investigation et d’application des règles) peuvent être nécessaires pour traiter correctement la diversité des fraudes possibles. En particulier, il est indispensable d’identifier les cas de fraude scientifique qui méritent une investigation approfondie, de même que des procédures pour déterminer l’innocence ou la culpabilité du ou des accusés.

Différentes définitions de ce que constitue la fraude scientifique existent, mais elles regroupent toujours certaines pratiques comme la fabrication ou la falsification de données scientifiques ou le plagiat.

Il existe un consensus général sur la nécessité d’enquêter sur des allégations crédibles de fraudes scientifique, et le fait que des mesures correctives doivent être entreprises au cas où cette enquête conclut positivement à un cas de fraude scientifique. À l’autre bout du spectre se situent des situations comme un mauvais encadrement d’étudiants ou de l’incompétence scientifique. Dans ces cas, les mécanismes internes à la communauté scientifique doivent, dans la plupart des cas, permettre d’apporter des remèdes efficaces, sans qu’il soit nécessaire d’entreprendre des procédures d’investigation formelles. Mais il existe aussi des catégories intermédiaires de comportements ou d’actions dans lesquels les administrations scientifiques peuvent avoir à intervenir. La mise en place d’une grille optimale reliant l’offense et la méthode ou le lieu adéquat pour son traitement est un problème délicat. Cela est d’autant plus complexe qu’il est important de déterminer si une action inappropriée est délibérée ou pas (action intentionnelle). Ceci est notoirement difficile à réaliser dans toute investigation.

Il faut aussi considérer que si la fraude scientifique est dommageable pour la science, ses conséquences s’étendent de façon plus large à toute la société, dans la mesure où elle peut éroder la confiance du citoyen dans la recherche scientifique et parfois aussi avoir des conséquences directes sur la mise en place de règlementations ou procédures (notamment dans le domaine biomédical).

Quelles options pour traiter des allégations de fraude scientifique ?

Il apparaît que le traitement des suspicions de fraude scientifique dans la recherche est une responsabilité souvent partagée entre responsables et institutions scientifiques et administratives. Le partage des rôles varie d’un pays à l’autre mais, en général, on trouve trois systèmes génériques pour traiter des cas identifiés :

Comités ad hoc établis pour traiter chaque cas précis

Ces comités sont souvent composés de personnalités de renom, parfois sous la responsabilité d’un comité d’éthique préexistant dans l’institution concernée. L’avantage est que ces comités d’éthiques existent déjà dans nombre d’institutions, bien qu’ils soient souvent associés principalement aux sciences de la vie/médecine et s’occupent essentiellement de problèmes liés aux expériences impliquant des personnes ou des patients. En revanche, ces procédés ad hoc souffrent, à un certain niveau, d’un déficit de cohérence sur le long terme, puisque le fonctionnement de chaque comité individuel dépend de façon critique de sa composition et des préférences, opinions ou expérience de ses membres.

Comités permanents au sein des institutions de recherche

Certains pays utilisent une série d’entités permanentes (bureaux, agents, comités) et de procédures adaptées, au niveau des institutions (université, grand laboratoire de recherche...) où la fraude peut avoir lieu. Ces entités peuvent être chargées de recevoir des accusations, les traiter (y compris mener des investigations) et recommander les mesures à prendre. En général, ces entités ne sont pas complètement autonomes, c’est-à-dire qu’il existe une certaine interaction avec une autorité mandatée par le gouvernement, comme par exemple une agence de financement. Un tel système bénéficie en général d’une bonne acceptation par les scientifiques, qui préfèrent placer leur confiance dans un système local qui opère suivant des termes et conditions qui peuvent être observées et comprises. L’acceptation par la communauté scientifique est un élément vital pour tout système de traitement des fraudes scientifiques, notamment parce qu’un des principaux attributs de toute carrière de chercheur (réputation auprès des pairs, perspectives d’emplois et de promotion, capacité d’attirer des financements et des collaborateurs) peut être sérieusement endommagé par des allégations de fraude scientifique.

Un ou plusieurs comité(s) spécifique au niveau national

Cette alternative peut être préférée par des pays dont les communautés scientifiques sont relativement restreintes, et où il peut être difficile d’établir des comités impartiaux de scientifiques, libres de tout conflit d’intérêts. Les membres de comités permanents nationaux peuvent être choisis afin de représenter un large spectre d’expertises (par exemple, une expérience juridique approfondie). Un comité national peut établir une certaine cohérence dans le traitement des cas sur le long terme, et peut bénéficier de personnel de soutien stable, de relations établies avec les agences de financement, et, s’ils sont proprement configurés, avoir une certaine indépendance par rapport aux fluctuations du pouvoir politique.

De façon générale, on constate que les pays qui s’appuient sur des comités ad hoc rapportent généralement très peu de cas de fraude, tandis que ceux qui ont mis en place des structures pérennes voient ce nombre augmenter. Une telle transition peut ainsi se révéler politiquement difficile, car le public peut avoir la fausse impression d’une diminution de l’intégrité scientifique.

Quels que soient les détails des systèmes adoptés, un certain nombre d’éléments nécessaires ont été identifiés, notamment le fait que tout système doit être (et être perçu comme) scrupuleusement juste.

Répondre aux allégations de fraude scientifique

Les accusations de fraude scientifique arrivent généralement de façon spontanée. Par exemple quand un étudiant (ou un autre collaborateur du chercheur accusé) soupçonne que des données ont été fabriquées. Un chercheur dans le même domaine peut devenir soupçonneux quand il lui est impossible de reproduire certaines expériences, des éléments peuvent apparaître par recherche informatique pour détecter des plagiats, ou encore quand un employeur cherche à vérifier des revendications sur un curriculum vitae. Bien souvent, l’accusateur potentiel n’a aucune idée de l’endroit vers lequel se tourner en cas de soupçon, et ce type d’incertitude peut être fortement dissuasif pour entreprendre une action concrète. Ainsi, ceux qui cherchent à créer, examiner ou modifier un système traitant des fraudes scientifiques doivent prendre en compte un certain nombre d’aspects importants concernant le premier maillon de la chaîne d’investigation.

Enquêter sur la fraude scientifique

Les règles et procédures pour conduire une enquête sur un cas de fraude scientifique doivent répondre à un certain nombre d’exigences qui doivent permettre à la fois à l’enquête d’être menée en toute indépendance, de préserver le droit des accusés et la protection des accusateurs, de protéger les personnes innocentes qui pourraient être affectées par ricochet (étudiants, etc.), mais aussi à ce système d’être dissuasif et donc de permettre des sanctions adaptées. Cela implique des personnes et institutions en charge des compétences aussi bien scientifiques que légales ou juridiques, les problèmes d’équité étant particulièrement importants dans le traitement de la fraude scientifique.

Considérations internationales

Les responsables locaux ou nationaux peuvent promouvoir activement l’intégrité scientifique dans leur recherche, mais le travail est particulièrement difficile quand des accusations de fraude scientifique concernent des projets qui impliquent des collaborateurs dans deux ou plusieurs pays. Les principes, définitions, règles et procédures peuvent varier profondément ou même être absents dans certains de ces pays. Des questions d’autorité et de juridiction peuvent aussi apparaître lorsque plus d’une entité enquête sur un même cas. De plus, il peut y avoir des problèmes purement pratiques liés à l’obtention des données et témoignages nécessaires à l’enquête.

Causes et prévention

L’identification des facteurs susceptibles de mener des chercheurs à commettre une fraude scientifique peut être utile pour mettre en place des remèdes et mesures préventives. Il faut cependant bien être d’accord sur le fait que la présence de facteurs externes ne signifie en rien que ce type de comportement puisse être toléré ou excusé.

Lors de la préparation puis du déroulement de l’atelier de l’OCDE sur ce sujet, un certain nombre de causes ou de facteurs déclenchant ont été identifiés (sans être ici exhaustif) :

Facteurs principalement liés au chercheur lui-même et à sa carrière

Pression d’une sévère compétition pour obtenir des financements de recherche

Nécessité d’obtenir toujours plus de résultats positifs (et de publier tous azimuts) afin d’obtenir et de garantir un poste stable au sein d’un organisme de recherche

Manque de connaissance ou de préparation au sujet des réalités (et du stress) de la carrière de scientifique

Pressions afin d’obtenir les résultats souhaités dans le cas de recherches sponsorisées

Manquements personnels (désir de gloire, d’atteindre certains collègues, manque général de droiture morale)

Facteurs liés principalement à l’évolution de la science et de la recherche

Certains aspects négatifs de la fragmentation, de l’isolement ou de la spécialisation de la recherche.

La disponibilité de logiciels complexes, souvent opaques, destinés à l’analyse statistique ou à d’autres fonctions (notamment la manipulation d’images) rend plus aisés la falsification ou fabrication de données et leur dissimulation.

L’absence de connaissance des règles et standards de la pratique scientifique normale, des procédés d’investigation existants, et des sanctions qui peuvent frapper ceux reconnus coupables de fraude scientifique.

La mauvaise interprétation de ce que doit être la recherche appliquée (où des résultats concrets et utilisables sont souvent attendus à court terme) par rapport à la recherche fondamentale traditionnelle.

Des demandes ou pressions de la part de responsables hiérarchiques, sponsors ou journaux scientifiques pour l’obtention de résultats positifs, significatifs et sans ambiguïté.

En relation avec des causes possibles, un certain nombre de remèdes ont aussi été identifiés comme susceptibles de diminuer la fréquence de cas de fraude. On peut les regrouper dans plusieurs catégories, qui se répartissent suivant deux approches, de façon assez similaire à la lutte contre la criminalité de façon générale : (1) prévention ; et (2) dissuasion/punition. La première approche se focalise sur les facteurs systémiques qui peuvent pousser un individu à franchir la ligne jaune et les principes normaux de la recherche scientifique. La seconde vise à exclure les coupables de la communauté scientifique, et, de cette façon, à dissuader ceux qui pourraient être tentés en leur montrant les risques encourus.

La situation française

Bien que la France ait connu quelques cas assez médiatisés, la fraude scientifique n’a pas constitué jusqu’ici un problème sérieusement pris en compte par les institutions de recherche ou le gouvernement. De ce fait, les cas de fraude ont toujours été traités de façon ad hoc, avec les risques liés à une absence de cohérence dans le traitement des différents cas.

Certains organismes de recherche comme le CNRS ou l’Inserm ont confié à leur comité d’éthique le soin d’élaborer un plan d’action et une politique internes à l’institution, sans que ce comité soit effectivement responsable de la gestion des cas.

À l’issue de l’atelier organisé par l’OCDE au mois de février dernier, le ministère français de la Recherche a confié à un responsable du CNRS une mission d’évaluation du problème, qui devrait proposer une série de recommandations et d’actions à mettre en place afin d’harmoniser et de rendre plus performante la lutte contre la fraude scientifique au sein de la recherche française. Il est cependant possible que les mesures pratiques, notamment au sein des universités, ne se fassent encore attendre un certain temps.

En conclusion, s’il n’existe pas de recette universelle ou de modèle unique pour traiter les cas de fraude scientifique, il est cependant indispensable que les autorités en charge mettent en place de façon transparente des systèmes cohérents.

Si les diverses études menées à ce jour indiquent que les cas de fraudes sévères demeurent rares (et sont le plus souvent découverts assez rapidement par la communauté scientifique), on constate néanmoins une proportion plus importante de pratiques ambiguës, notamment chez les jeunes chercheurs qui doivent faire face à une pression très importante pour obtenir des résultats.

 

En raison de la sensibilité du problème, il est nécessaire que toute réponse à une accusation ou suspicion de fraude soit traitée de façon confidentielle, objective et juste. Cela exige de la part des personnes en charge un minimum de formation et de connaissances, un mandat clair, ainsi qu’une totale indépendance.

Les enquêtes elles-mêmes doivent satisfaire à un degré maximum d’intégrité. Justice et crédibilité sont des éléments essentiels, car la réputation des scientifiques en cause peut être fortement endommagée. Il est aussi important que les éventuelles sanctions soient corrélées avec la gravité des faits constatés. Cela suppose la mise en place de définitions et standards cohérents.

En raison de l’importance croissante des collaborations internationales dans le domaine scientifique, une certaine harmonisation des systèmes et définition est aussi largement souhaitable.

Enfin, la prévention et la lutte contre la fraude scientifique ne pourra pas être efficace sans une compréhension des mécanismes incitatifs. A côté des nécessaires efforts à réaliser au sein des programmes de formation des futurs scientifiques, on ne peut éviter de considérer de façon critique certains aspects du fonctionnement de la recherche actuelle qui, sans devoir être remis totalement en question, devraient du moins être révisés, afin de limiter les pressions auxquelles sont soumis certains chercheurs.



23 réactions


  • yoda yoda 4 octobre 2007 11:21

    Bonjour,

    «  »Plusieurs cas récents de fraude scientifique ont connu une médiatisation sans précédent«  »

    Lesquels ? Votre article aurait gagné a nous donner quelques exemples concrets.

    Mon opinion est que la fraude scientifique (dont le sens de falsification de donnees) est un épiphenomene en science puisqu’un fraudeur est susceptible d’etre facilement demasqué par le flux de contre-expertises d’autres scientifiques et de perdre ainsi toute credibilité.

    Ce qui mine la science n’est pas ce genre de fraude mais la competition malhonnete (la renommée ou des brevets en jeu) ou il arrive souvent que des mauvaises recherches ont des millions de dollars et pignons sur rue alors que de bonnes recherches ont du mal a etre publiées et financées uniquement pour des raisons « politiques » de pouvoir, de reseaux, de bras long.

    Cordialement,


    • BlueTemplar BlueTemplar 4 octobre 2007 14:37

      « Mon opinion est que la fraude scientifique (dont le sens de falsification de donnees) est un épiphenomene en science puisqu’un fraudeur est susceptible d’etre facilement demasqué par le flux de contre-expertises d’autres scientifiques et de perdre ainsi toute credibilité. »

      Le problème c’est que de temps en temps des groupes de pression viennent y mettre leur grain de sel, par exemple ceux soutenant le créationnisme et l’homeopathie. Ils cherchent à obtenir une forme de respectabilité en essayant de « faire entrer » leurs disciplines dans le domaine de la science. Et les moyens qu’ils emploient pour atteindre ce but sont souvent de la fraude scientifique.

      Par exemple, récemment le journal Homeopathy ( http://www.sciencedirect.com/homp ) a fait une édition sur la mémoire de l’eau. L’analyse des articles de cette édition ( http://www.badscience.net/?p=480 & http://www.badscience.net/?p=490 ) montre que la plupart des articles n’auraient pas du être acceptés par une révue se disant scientifique.

      Ici la falsification est « intellectuelle » (en plus peut-être d’une fabrication des preuves) ce qui est encore plus grave.


    • Svenn 5 octobre 2007 10:23

      Sur les cinq dernieres annees, il y a eu au moins deux cas majeurs, pour des travaux qui auraient merite des prix Nobel si les resultats avaient ete reels :

      - le premier concernait JH Schon, un jeune physicien des materiaux qui avaient sorti une serie de papiers retentissants dans le domaine de la supraconductivite, de la semi-conducivite,etc... En a peine deux ans, il avait publie la bagatelle de 17 articles en position clef rien que dans Science et Nature, les connaisseurs apprecieront. Pour les non connaisseurs, le scientifique francais le plus performant de ces dernieres annees doit etre a 6 ou 7 articles dans ces meme revues en cinq ans, soit legerement au-dessus de 1 par an (ce qui est bien sur exceptionnel). Mais la belle histoire de JH Schon a tourne court, il s’est avere que tous ses « resultats » avaient ete fabriques de toute piece et qu’il avait fraude de A a Z.

      - Plus recemment, c’est le (ex-)professeur Hwang de Coree du Sud qui a defraye la chronique en publiant « le plus important article scientifique de ces dix dernieres annees » qui decrivait une percee fulgurante dans le domaine des cellules souches. Pas de chance, il s’est avere egalement que les resultats avaient ete bidonnes. Dans ce cas, il y a egalement des problemes ethiques graves qui se sont rajoutes, a savoir que les ovules utilises pour les experiences avaient ete preleves sur ses etudiantes qui parait-il n’avaient pas eu reellement le choix.

      Il y a quelques autres cas beaucoup moins retentissants mais le probleme est qu’ils peuvent ralentir beaucoup d’autres chercheurs. Un article est cense etre construit sur des fondations solides pour que les collegues puisssent s’appuyer dessus. Si un article s’effondre, ca peut etre le travail de dizaines de collegues honnetes qui s’ecroule aussi. Dans les deux cas que je decris, les consequences en temps et en argent ont du etre tres lourdes...


  • Yves Rosenbaum Yves Rosenbaum 4 octobre 2007 11:25

    Merci pour cet article complet et inscructif.

    je rejoins toutefois l’avis de Yoda. Le point essentiel qui finalement pose question est ce qu’on entend par « fraude scientifique ». La définition qui « regroupe toujours certaines pratiques comme la fabrication ou la falsification de données scientifiques ou le plagiat » me paraît un peu trop vague. Cela inclut-il par exemple la contrefaçon ? L’usurpation de brevets déposés ?

    Il est à craindre qu’une définition aux contours trop flous n’affaiblisse le mécanisme d’évaluation et de sanctions que vous avez décrit.

    Cordialement


    • Universitaire 1995 8 octobre 2007 10:40

      Penser que l’OCDE et les nomenklaturas scientifiques peuvent résoudre le problème de la fraude scientifique, c’est rêver. Précisément, la politique de privatisation du secteur public que préconisent des organismes comme l’OCDE y est pour beaucoup dans la prolifération des fraudes scientifiques et technologiques.

      Quant aux « comités prestigieux », c’est une vielle rengaine.

      Lorsque l’affaire de l’ARC a pris des proportions sans précédent, le CNRS a créé le COMETS en 1994. Une opération de « prestige » pour rassurer l’opinion. Mais il suffit de lire « La gang du cancer » de Jean Montaldo et quelques autres ouvrages de l’époque pour comprendre que les lobbies scientifiques soutenaient à fond la direction de l’ARC.

      Même après la parution du rapport accablant de la Cour des Comptes, Crozemarie a été en mesure de diffuser un pamphlet intitulé « La recherche scientifique en danger », auquel ont prête leurs noms, déclarations, photographies... d’importantes « personnalités » de la recherche française.

      Le slogan « recherche en danger » sera ensuite repris par les coordinations de directeurs de laboratoire pour manifester contre les rapports peu favorables de l’Inspection Générale des Finances sur le CNRS. Il deviendra plus tard « Sauvons la Recherche », mouvement lancé par des « directeurs en colère ».

      Pourquoi ce protagonisme des directeurs de laboratoire ? Rien ne le justifie, car les « directeurs » ne sont pas ceux qui font la recherche, ni même ceux qui en conçoivent les idées originales. Mais les syndicats de la recherche et de l’enseignement supérieur, qui ont toujours compté dans leurs organes dirigeants un certain nombre de directeurs de laboratoire, ont accepté cette exclusion de la « base » (ceux qui font vraiment tourner la recherche) et ont soutenu ce type de mouvements de hiérarques.

      Et, pour ce qui est de l’ARC, n’oublions pas que des représentants des organismes de recherche et de leurs ministères de tutelle siègent depuis toujours à son Conseil d’Administration. Mais ils n’avaient rien vu...


  • chiktaba 4 octobre 2007 15:27

    Très bon article qui souleve un probleme important. J ai ete agreablement surpris de voir que des raisons possible ont ete evoques. Je ne suis pas certains que des commissions telles qu existantes maintenant soit la panacee. Il y a tellement d exemples de copinage entre membres de la communaute scientifique a divers niveaux, que je serais partisant d avoir des comites internationaux.


  • Voltaire Voltaire 4 octobre 2007 15:57

    Quelques commentaires :

    Tout d’abord en ce qui concerne les cas les plus connus : La cas Hwang est celui qui a le plus défrayé la chronique récemment (chercheur sud-coréen ayant manipulé des données pour faire croire à la réussite de la création de lignées de cellules souches embryonnaire). mais ce nombreux cas ont eu des échox au niveau national, au japon, en Chine, en Allemagne, en Norvège etc... En France, on se souvient du cas sur la mémoire de l’eau, en Grande Bretagne, sur la fusion froide par exemple.

    En ce qui concerne les définitions, je n’ai pas voulu rallonger trop le texte. Ce que l’on appelle fraude scientifique se rapporte à des actions spécifique à la recherche. Les problèmes de la contrefaçon ou du non respect de brevet n’en font pas parti, dans la mesure où ces litiges sont réglés par les lois existantes.

    La prévalence de la fraude s’avère beaucoup plus importnte que souvent estimée, si l’on considère des problèmes comme ceux liés aux auteurs de publications, à l’absence de références de travaux contredisant une étude, ou pre-écistant, au retouchage d’images etc... Si les cas de fabrication de données demeurent rares, il n’en va pas de même pour des pratiques « limites », qui ne remettent pas en question les fondements de nos connaissances, mais prennent des libertés avec la vérité objective.

    La neutralité des instances en charge de ce problmème est bien sûr un élément clé de la lutte contre la fraude scientifique. iL existe un certain nombre de mesures possibles pour s’assurer de cette neutralité, comme l’indépendance des médiateurs, la création de structures indépendantes etc...

    Enfin, si la mise en place de mécanismes d’enquête et de sanction sont nécessaires, il est aussi indispensable de regarder à la source les causes possibles, afin de limiter les risques.


    • Universitaire 1995 8 octobre 2007 10:57

      La Parlement français vient d’approuver une loi qui aggravera le danger de prolifération de la fraude scientifique, en poussant les universités à se mettre à la traîne d’intérêts privés. Quant aux institutions, force est de constater le manque de vigilance que met en évidence cet article de la Cité des Sciences de 2005 sur le clônage humain :

      http://www.citesciences.fr/francais/ala_cite/science_actualites/sitesactu/m agazine/article.php?id_mag=2&id_article=4183&lang=fr

      " CLONAGE THÉRAPEUTIQUE : après le succès coréen, vers une levée de l’interdiction ?

      Alors que deux réussites majeures dans le domaine du clonage thérapeutique viennent d’être annoncées, le débat autour de cette technique est plus que jamais d’actualité. En France, une proposition de loi vient d’être déposée afin d’abroger l’article de la loi interdisant le clonage d’embryons humains à des fins thérapeutiques."

      (fin de citation)

      Marc Peschanski avait, apparemment, visité le laboratoire de Hwang Woo-Suk et, de retour en France, il préconisait une grande opération dans ce domaine. Quelle évaluation avait été faite des annonces coréennes ? En novembre 2005, les Victoires de la Médécine se proposaient déjà d’investir Hwang avec le titre d’Homme de l’année au Folies-Bergère, lire par exemple :

      http://forum.lixium.fr/d-8162041.htm

      ainsi que l’article d’Isabelle Debergue :

      http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=9933


  • -GF- -GF- 4 octobre 2007 17:28

    bonjour,

    on pourrait très bien lancer un vaste débat sur la différence entre « fraude », « falsification », « imposture », « arnaque » et « erreur » scientifique. Il m’a semblé que ces notions sont parfois confondues.

    sinon, un bouquin instructif et léger sur le sujet : « l’imposture scientifique en dix leçon » (Michel De Pracontal). je conseille.

    salut.


  • Rabelais Rabelais 4 octobre 2007 18:50

    La clé à tout cela est dans la célèbre maxime de...Rabelais « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme », qui peut s’entendre à plusieurs niveaux, et en tout premier lieu, à celui du chercheur à l’origine des données et de sa pratique.

    Par expérience (inverse) il me semble qu’au delà d’un ego démesuré, ce sont surtout les pressions « vitales » (financement, grants pluri-annuel dont dépend...le salaire à la fin du mois) qui amènent à la fraude. C’est sans doute l’un des très grands avantages de notre système français, si souvent décrié, que de mettre à l’abri de telles tentations ses chercheurs, en leur garantissant un revenu mensuel tout au long des années nécessaires à l’acquisition de l’expertise dans leur sujet. Condition sine qua none de la production de science de qualité.

    Quant à l’autre débat sur l’intérêt du sujet de recherche, soyons très prudents. Par exemple, notre capacité à détecter les formes prioniques de maladies, est issue de travaux jugès totalement sans intérêt pendant longtemps, notamment parceque l’on ne comprenait pas les résultats obtenus...L’histoire des sciences regorge d’exemple de ce type.

    Ce qui amène au troisième point de mon commentaire : il est fondamental de distinguer la fraude (manipulation volontaire de données dans un cadre défini pour tordre la réalité à sa volonté - cas coréen et londonien), et l’obtention de résultats qui remettent violemment en cause les grands paradigmes.

    L’un des cas les plus célèbres est celui de l’interprétation de l’effet photovoltaïque au début du XXe siècle...qui mènera Einstein à élaborer sa théorie quantique. Deux cas plus récents sont, la capacité du système nerveux central (hors épithelium olfactif) des mammifères adultes à générer des neurones (j’étais encore au labo à l’époque, bonsoir le b...el !!), et les résultats concernant...la « mémoire » de l’eau. On ne va pas refaire l’histoire, mais un résumé possible est : la communauté scientifique n’était pas prête (n’est) à accueillir des résultats aussi dérangeants.

    Je suis prêt à parier que...nous en entendrons reparler. il semble que d’autres scientifiques, peu soupçonnables, sont tombés, par de toutes autres méthodes, sur des résultats similaires à ceux de feu Benveniste. Mais il y a du boulot !!

    En tout état de cause, le métier du chercheur est d’explorer « en son âme et conscience », et perdre cette conscience peut emmener le reste de la communauté dans le mur. D’où la nécéssité d’une tolérance zéro sur le sujet, et de la formation des jeuens générations de chercheurs qui risquent malheureusement d’être soumis à de plus en plus de pressions « vitales ».

    PS pour Blue Templar : mettre créationisme et homéopathie au même niveau relève d’une bêtise...crasse (désolé !). Et pour l’homéopathie il y a plus efficace comme lobby au vu des déremboursement vs efficacité constatée...par nombre d’utilisateurs.


    • BlueTemplar BlueTemplar 4 octobre 2007 22:10

      Je les ai mis au même niveau parce qu’ils utilisent les mêmes techniques d’imposture intellectuelle.

      Par contre vous, vous mettez au même niveau l’effet photoélectrique et la « mémoire de l’eau » alors qu’ils ne sont pas vraiment comparables. L’effet photoélectrique était déjà connu avant que Einstein n’en donne une explication. Pour ce qui concerne la mémoire de l’eau, il n’y a tout simplement pas d’observations de cet effet, malgré toute l’energie que deploient certaines personnes pour en trouver un (et utiliser une mauvaise démarche scientifique quand ils n’en trouvent pas).

      De même, c’est quand même étonnant qu’au vu de l’« efficacité constatée...par nombre d’utilisateurs », on n’ait toujours pas d’études prouvant l’efficacité des remèdes soi-disant homeopathiques au-déla du simple effet placebo.


    • Vilain petit canard Vilain petit canard 5 octobre 2007 09:52

      Bravo Rabelais, je ne l’aurais pas mieux dit.


    • Svenn 5 octobre 2007 10:45

      « et les résultats concernant...la »mémoire« de l’eau. On ne va pas refaire l’histoire, mais un résumé possible est : la communauté scientifique n’était pas prête (n’est) à accueillir des résultats aussi dérangeants. »

      J’imagine que vous faites reference a Benveniste. Cette affaire a ete traitee exactement comme il se devait a mon sens :

      - Nature (un des deux plus grands journaux scientifiques mondiaux) recoit un article presentant une decouverte majeure (la memoire de l’eau) mais qui remet en cause quasiment deux siecles de physique et de chimie

      - Le processus normal est d’envoyer l’article a deux ou trois specialistes du domaine qui vont decortiquer l’article et l’ausculter dans ses moindres details. Ils envoient alors un rapport a Nature disant ce qu’ils pensent de l’article (interessant/pas interessant, donnees solides/pas solides, informations supplementaires necessaires ou pas ...). Nature recoit les differents rapports et decide alors de publier ou non l’arrticle. En pratique, moins de 10% des articles soumis a Nature sont in fine publies

      - Dans le cas Benveniste, Nature recoit donc les commentaires des referees qui disent en substance que si les resultats sont justes, c’est une decouverte revolutionnaire. Ils disent par ailleurs que les resultats les laissent perplexes mais qu’ils ne voient pas de faille dans le raisonnement.

      - Etant donne qu’aucune faille n’a ete trouve, Nature decide finalement de publier l’article mais ils ajoutent un encart precisant qu’ils ne sont pas convaincus par l’article et qu’ils n’engagent pas la credibilite du journal sur cet article (a ma connaissance, c’est la seul fois qu’un journal a fait ca et ca montre bien le malaise qu’il y a du avoir dans le comite eidtorial).

      - L’article est publie mais en parallele une enquete est conduite au sujet de ces donnees. Il s’avere que les resultats sont irreproductibles (Aie !) et des specialistes des techniques employees dans l’article detectent une mauvaise utilisation de cette technique (re-Aie). Au minimum, les resultats sont faux pour des raisons purement techniques

      - Une enquete plus approfondie permet alors de montrer que les donnees ont ete fabriquees et qu’elles n’ont donc bien entendu aucune valeur.

      En conclusion, heureusement que la science n’accepte pas des resultats majeurs sans les examiner sous toutes les coutures ... Deja que certains fraudeurs arrivent a passer entre les mailles du filet malgre un examen sans concession, je ne prefere meme pas imaginer ce que ca serait si on relachait les conditions ...


    • Arthur 5 octobre 2007 11:32

      Puisqu’on parle de la fameuse mémoire de l’eau, il faut lire d’urgence ce bouquin récent qui à mon avis va devenir LA référence sur la question : L’âme des molécules - Une histoire de la « mémoire de l’eau » par Francis Beauvais qui est un ancien du labo de Benveniste. A le lire on comprend que la polémique avec Nature n’est qu’un épiphénomène d’une histoire bien plus complexe. C’est tout simplement passionnant. A noter enfin que l’auteur propose son bouquin en lecture gratuite (format pdf) sur le site www.mille-mondes.fr . En fait si j’ai bien compris il y a un nouveau chapitre qui est ajouté chaque semaine (plus de 600 pages toute de même).


  • Rabelais Rabelais 5 octobre 2007 21:51

    Je trouve que l’article de Voltaire pose bien les problèmes.

    @blue Templar : l’effet photoelectrique était connu mais totalement inexplicable, incompréhensible. Il est à ’origine du pugilat entre scientifiques (les gravures de l’époque sont éloquentes !) qui s’étaient réunis (Paris, 1909 ?) pour « clore » la théorie de la physque, puisque l’on connaissait tout, expliquait tout...sauf quelques expériences insignifiantes aux yeux des scientiifques réunis. Ceux-ci de fait refusaient de voir la réalité en face : on n’expliquait pas tout. et il fallait faire un saut conceptuel gigantesque pour avancer (théorie quantique). Cela pourrait être exactement la même chose pour la mémoire de l’eau.

    « au-delà du simple effet placebo » : toute la question est là justement ! Avez-vous une idée de l’effet placebo, mesuré scientifiquement ?

    @sven : il faut avoir fait de la recherche pour mesurer toute la relativité du processus de reviewing ! C’en est à un tel point de nos jours que lorsque vous envoyez votre article, et même à Nature, vous suggérez des noms de scientifiques pour le relire et vous indiquez les noms des scientifiques à qui vous interdisez de le relire. Et celà à la demande des revues scientifiques ! Alors imaginez l’objectivité de reviewers d’un article qui remet tous leurs travaux à zéro. Et la pratique n’était pas en vigueur à l’époque de Benveniste.

    Le vrai problème est que personne n’a été capable de démontrer que Benveniste avait tord : Nature est venu auditer les résultats à Paris accompagné d’un...illusioniste et c’est celà qui a mis le feu aux poudres médiatiques. Ensuite, ne pas arriver à reproduire les expériences d’autres scientifiques est un phénomène fréquent en sciences. Surtout dans des domaines très pointus. Cela ne veut pas dire que l’autre à tort.

    Je fais le pari à tous que nous en entendrons de nouveau parler.


    • Svenn 6 octobre 2007 13:03

      « @sven : il faut avoir fait de la recherche pour mesurer toute la relativité du processus de reviewing ! »

      Ca tombe bien, justement... smiley

      " C’en est à un tel point de nos jours que lorsque vous envoyez votre article, et même à Nature, vous suggérez des noms de scientifiques pour le relire et vous indiquez les noms des scientifiques à qui vous interdisez de le relire. Et celà à la demande des revues scientifiques ! Alors imaginez l’objectivité de reviewers d’un article qui remet tous leurs travaux à zéro. Et la pratique n’était pas en vigueur à l’époque de Benveniste."

      Le processus de reviewing est très certainement améliorable, sinon il n’y aurait pas de problème de reviewing.

      Justement, si le processus de reviewing était parfait, l’article de Benveniste n’aurait pas été publié, même avec un encart. Si en 1985 les techniques utilisées dans l’article n’étaient pas encore très connues, ce type d’expériences fait aujourd’hui partie des outils de base de la biologie. N’importe quel biologiste de 2007 hurlerait en voyant comment cette technique a été (mal) utilisée.

      J’ai lu personnellement l’article dans Nature et notamment la fameuse expérience dans laquelle il observe un effet à une concentration, puis plus d’effet en diluant, puis à nouveau un effet en diluant plus etc... Cette expérience est la clef de voute de l’article et c’est justement dans celle-là qu’il y a une énorme erreur expérimentale, on ne peut rien conclure à partir de ce résultat (si ce n’est que Benveniste et ses collaborateurs ne savent pas faire un Elisa).

      Sinon, juste un mot à partir du fait qu’on peut « choisir » ses referees : autant je suis contre le fait qu’on puisse proposer des referees potentiels, autant il est indispensable qu’on puisse exclure un ou deux noms (tant que ça reste raisonnable bien sur). Si on sait qu’un referee possible est un concurrent travaillant exactement sur le même problème, on n’a bien entendu pas envie qu’il est accès à des données confidentielles non encore publiées (forcément !) qu’il puisse réutiliser à son compte. Il y a eu un certain nombre de cas d’auteurs voyant leur article rejeté dans un journal sans vraies raisons et voyant six mois plus tard quasiment le même article publié par le concurrent... Donc ça me semble un garde-fou essentiel, même si le nombre de scientifiques malhonnetes est heureusement faible.

      « Le vrai problème est que personne n’a été capable de démontrer que Benveniste avait tord »

      Ca m’a pris cinq minutes pour voir la faille dans l’article sans avoir été prévenu avant. J’ai du le lire en 2002 ou 2003, donc j’avais bien entendu l’avantage par rapport aux referees de 1985 de bien mieux connaitre ce type d’expériences.

      « Ensuite, ne pas arriver à reproduire les expériences d’autres scientifiques est un phénomène fréquent en sciences. Surtout dans des domaines très pointus. Cela ne veut pas dire que l’autre à tort. »

      Dans ce cas précis, les expériences n’avaient rien d’extrêmement complexe dans leur réalisation. En 2007, une bonne partie des labos français de bio ont l’équipement nécessaire pour refaire l’expérience moyennant 500 à 1000 euros d’achat de matériel. L’expérience en elle-même est ensuite très rapide et très simple à réaliser.

      « Je fais le pari à tous que nous en entendrons de nouveau parler. »

      Moi pas...


    • BlueTemplar BlueTemplar 6 octobre 2007 13:11

      - Sauf que pour la mémoire de l’eau, contrairement à l’effet photoéléctrique, il n’y a pas d’effet observé, les experiences n’étant pas valides !

      - Oui, durant le processus de validation d’un médicament, on vérifie grâce à un test en double aveugle si l’effet du médicament ne se limite pas à un simple effet placebo. A ma conaissance, aucun des remèdes homeopathiques n’a encore passé ce test avec succés (et ne pourra jamais suivant la manière dont on définit l’homeopathie).

      - C’est sur que le système de publication des revues scientifiques n’est pas idéal... Internet pourrait peut-être améliorer la situation !

      - Illusioniste ? Avez-vous plus d’informations à ce sujet ? Et pourquoi Benveniste n’a-t-il pas rénouvellé l’expérience pour montrer sans aucun doute qu’il avait raison ?

      - « Ensuite, ne pas arriver à reproduire les expériences d’autres scientifiques est un phénomène fréquent en sciences. » Vous avez des exemples ? L’affaire a fait suffisament de bruit pour que de nombreux autres scientifiques s’y interessent... Pas de résultats valides pour l’instant. Et tant que l’exprience n’a pas été réproduite, on ne peut pas vraiment parler de découverte !


    • Svenn 6 octobre 2007 13:29

      "C’est sur que le système de publication des revues s’embarasser de vérifications et revérifications avant de soumettre leurs données. Sur un sujet un peu chaud, celui qui ne revérifiera rien publiera très certainement avant celui qui a fait le boulot proprement. Donc on risque d’aller de plus en plus faire des articles incomplets, douteux et donc pas réllement exploitables.

      Dans les solutions possibles, certains journaux et non des moindres exigent désormais que chaque auteur précise sa contribution dans un article. Outre le fait que ça permet d’éliminer les signatures « de complaisance » (je fournis un anticorps et en échange je veux mon nom sur le papier), cela permettra surtout de trouver rapidement le responsable en cas de fraude sur un papier : souvent, seuls 1 ou 2 auteur d’un papier sont réellement fraudeurs, les autres étant parfaitement honnêtes. On parle également de lever partiellement l’anonymat des referees mais ce n’est pas forcement une bonne idee...


  • Voltaire Voltaire 7 octobre 2007 20:44

    Plusieurs commentateurs ont attiré à juste titre l’attention sur le rôle des journaux scientifiques dans ce problème. Cela a fait l’objet de nombreuses discussions lors de la conférence de Lisbonne. pour résumer, les éditeurs considèrent qu’ils ont un rôle à jouer dans la détection des cas de fraude, et dans la pédagodie pour lutter contre la fraude. En revanche, ils considèrent à juste titre qu’ils ne peuvent jouer aux gendarmes et prendre des dispositions contre les auteurs en cause, cela relève des institutions. Ils otn d’ailleures réclamé la mise en place d’instances visibles au sein des institutions de recherche, vers qui ils pourraient se tourner en cas de détection de fraude. Dans un cetyain nombre de cas, ils ont en effet le plus grand mal à avertir les organismes concernés, soit par manque de conact identifié, soit par mauvaise volonté de l’institution qui ne veut pas avoir son nom mélé à une affaire de fraude.

    Il est probable que de plus en plus d’entre eux utiliseront des logiciels de détection du plaiat et du retouchage d’images pour limiter la fraude, mais bien des cas ne peuvent être découverts que par les lecteurs eux-mêmes : il est illusoir de penser que les éditeurs et reviewers puissent détecter tous les cas de fraude. En revanche, les journaux doivent faire des efforts pour s’assurer que les auteurs méritent de figurer sur une publication, et limiter les cas de conflits d’intérêt.

    Je ne commenterai pas ici le cas Benveniste si ce n’est pour dire que tout indique qu’il y a eu au moins de grossières erreurs méthodologiques qui invalident ses résultats. Comme d’autres, je ne connais pas d’articles scientifique sérieux qui valident l’hypothèse d’une « mémoire » de l’eau de façon durable (c’est à dire compatible avec les théorie de l’homéopathie), ni qui suggèrent que l’homéopathie fonctionne de façon supérieure à un placébo, mais c’est un autre sujet, et comme l’homéopathie est sans danger, je n’y vois aucun problème de santé qui mérite une controverse majeure.


  • Abstention 2007 7 octobre 2007 23:35

    Désolé, mais cet article ressemble trop à la propagande institutionnelle que véhiculent les services de propagande des établissements scientifiques.

    La réalité est que la fraude scientifique résulte d’une évolution qui ne s’est pas arrêtée : hiérarchisation, bureaucratisation, nomenklaturisation... Par conséquent, le problème ne fera que s’aggraver.


    • Universitaire 1995 8 octobre 2007 10:16

      En effet, la bureaucratisation et le renforcement des pouvoirs discrétionnaires y sont pour beaucoup. Mais il fait ajouter le lobbying, comme le souligne cet article d’Isabelle Debergue :

      http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=9933

      « Le scandale chronique des résultats scientifiques falsifiés : crise du lobbying et des pouvoirs discrétionnaires »

      Autrement dit, c’est une crise du schéma : « pouvoir fort et tous les chefs ensemble, tous ensemble, oui... »

      Qui avait « vu » les fraudes de l’équipe de Séoul ? Personne de « sérieux », parce que le « chef » de cette équipe était devenu influent. Seuls quelques jeunes jugés « marginaux » se posaient des questions.

      Qu’il s’agisse de science, de technologie, d’expertise... la fraude devient très facile lorsque dans un groupe un « chef » est imposé et les autres doivent la fermer. C’est la mise en cause de l’autonomie d’ingénieurs, chercheurs, experts... qui genère les dangers croissants de fraude de la part de « chefs » ou de « candidats à chefs » bien vus.

      Quant au lobbying, c’est le pilier de la solidarité des « chefs » et ce qui permet de faire passer les fraudes comme des lettres à la Poste.

      Mais un autre aspect du problème est celui du rapprochement entre ces hiérarques de la recherche et les intérêts privés. Les intérêts de groupes industriels et financiers, les enjeux de l’annonce d’un résultat en présence de ces intérêts, peuvent pousser à toutes sortes de pratiques contestables. Et si la presse US a résolument dénoncé les fraudes de l’équipe de Hwang Woo-Suk, c’est sans doute à cause des enjeux industriels.

      D’ailleurs, l’excuse du « publish or perish » n’est pas crédible. Les fraudeurs ne sont pas, en général, des « petits chercheurs » qui luttent pour leur survie, mais des gens très confortablement installés et qui courent après l’argent et les honneurs. C’est donc, surtout, le fait d’une « élite ».


    • Svenn 8 octobre 2007 19:00

      @Universitaire1995

      Je me disais aussi, ca faisait longtemps que je n’avais pas entendu parler du complot...

      Malgre votre pseudo, je doute que vous connaissiez reellement le monde de la recherche. Loin de l’organisation ultra-hirarchique que vous decrivez, ce monde est en realite anarchique et extremement dur, ou le mot de « concurrence » prend tout son sens. Pour exister, il faut publier. Et pour publier, il faut etre le premier car il n’y a pas de deuxieme. Et donc si le premier est un tricheur, ne t’inquiete pas, il y aura du monde pour le faire tomber de son piedestal.

      Vous partez du principe qu’un chef est intouchable dans la recherche, rien n’est plus faux. Au moins 3 nobelisables en puissance ont ete deboulonnees sur ces 20 dernieres annees (Benveniste, Schon, Hwang) pour ce qui est une des fautes les plus graves dans la recherche : la falsification de resultats. Etre pris en train de frauder, c’est l’humiliation supreme pour un chercheur (et accessoirement, c’est direction l’ANPE). Ces trois cas ont ete decouverts de la meme facon : des resultats pas reproductibles amenent les collegues a scruter de facon plus attentives les resultats, la fraude est detectee par des doctorants dans le cas Hwang, par des chercheurs confirmes dans les deux autres cas. Puis les responsables des universites et journaux sont contactes et le scandale eclate.

      Dans le cas Hwang, ce n’est pas une surprise que la fraude est ete decouverte par de jeunes chercheurs : ce papier contenait des dizaines d’images et deux d’entre elles etaient « similaires ». Quelqu’un qui sait qu’il y a une fraude met au moins une heure a trouver le probleme et c’est certain que quelqu’un de non mefiant ne trouvera rien. C’est donc asssez logiquement que la fraude a ete decouverte par des chercheurs ayant encore un peu de temps disponible...

      Sinon, votre passage sur la recherche publique qui copinerait avec le prive m’a bien fait rire quand on connait le fosse entre les deux en France, c’est limite si on se parle (et c’est un gros probleme !)

      « Et si la presse US a résolument dénoncé les fraudes de l’équipe de Hwang Woo-Suk, c’est sans doute à cause des enjeux industriels. »

      ET tu voulais quoi ? C’est peut etre la fraude la plus grave de ces vingt dernieres annees et tu voulais que la presse se taise ? C’est une plaisanterie ?

      « D’ailleurs, l’excuse du »publish or perish« n’est pas crédible. Les fraudeurs ne sont pas, en général, des »petits chercheurs« qui luttent pour leur survie, mais des gens très confortablement installés et qui courent après l’argent et les honneurs. C’est donc, surtout, le fait d’une »élite« . »

      Encore une fois, c’est vraiment n’importe quoi. Les cas les plus retentissants concernent des chercheurs confirmes (forcement, plus on a de poids plus ca fait mal quand on tombe...) mais la majorite des cas concerne bien des jeunes. Quiconque a deja encadre des TP scientifiques sait bien que la majorite des etudiants a deja « arrange » au moins une fois ses resultats pour obtenir les bonnes valeurs. La meme chose dans la recherche, c’est de la fraude et ca peut aller loin.


  • stephanemot stephanemot 4 janvier 2008 03:28

    Le cas du coréen Hwang a certainement défrayé la chronique, mais un autre type de fraude se développe, qui relève du révisionnisme.

    Les mouvements néocréationnistes style Dessin Intelligent financent des fausses recherches et des publications anti-scientifiques, soutiennent des « chercheurs » prêts à tout pour sortir du trou, parviennent à s’inviter dans des media grand public. Le facteur lobby politique / fondamentaliste n’est plus à négliger, y compris en France (cf doc 100% Intelligent Design sur Arte).


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