vendredi 24 août 2018 - par Jean-Paul Foscarvel

La chute du pont Morandi à Gênes : tentative d’explication

Il s'agira ici d'établir une hypothèse pour l'effondrement du pont Morandi à Gênes. Afin que ce drame ne puisse se reproduire.

Des hypothèses ont déjà été envisagées, voir ici.

La pile du pont avait à l'origine cet aspect là :

Les images de la pile du pont sont représentées ici :

Pile détruite

Les liaisons entre la pile et les structures sont cassées nettes, indiquant probablement l'origine de la rupture de type structurelle.

Entre les haubans et les piliers de soutènement, une action contradictoire en fonction de la température a dû créer un phénomène de fatigue au niveau de la liaison entre les piles centrales et les piliers de soutènement :

Phénomène de fatigue

En été, la dilatation provoque une surcharge et une ouverture au point d'intersection des piliers, tandis qu'en hiver, on a au contraire une refermeture au même point, d'où un phénomène de fatigue.

Par ailleurs, l'angle entre les piliers et la pile centrale peut également avoir favorisé le développement progressif de fissures à cet endroit, fragilisant dramatiquement la structure.

Les conditions météorologiques, avec l'effet de masse et les vibrations ont probablement accéléré la fissuration et provoqué la rupture finale.

C'est dont bien dans cette hypothèse un problème de conception, que le remplacement de câble aurait peut-être atténué, mais pas évité à terme.

Ce type de pont en atmosphère tempéré serait alors à proscrire définitivement.



37 réactions


  • Clark Kent Dr Faustroll 24 août 2018 10:03

    Le principe du thermostat perverti sans le savoir...


  • ZenZoe ZenZoe 24 août 2018 11:22

    Vous passez un peu à côté l’auteur avec vos calculs structurels d’ingéniérie. Le pont devait être remplacé, tout le monde le savait, des études le montraient, mais le BTP italien est gangrené par la corruption, la politique aussi, voilà la réponse. La corruption tue.

    Selon un rapport de 2017, les câbles de la portion du pont qui s’est effondrée réagissaient alors aux vibrations « d’une manière qui ne correspond pas totalement aux résultats attendus et [requerrait] des investigations approfondies  ».
    Investigations qui n’ont mené à rien ou pas grand chose.

    Je suis bouleversée quand je pense aux victimes, écoeurée quand je pense que les pourris ne seront sans doute jamais punis.


  • cathy cathy 24 août 2018 12:02

    Quoi qu’il en soit, le béton n’est pas du tout adapté de ce genre d’ouvrage, il n’est pas assez flexible.


    • spearit 24 août 2018 13:11

      @cathy
      Ca c’est une réponse d’expert, bientôt journaliste sur les médias mainstream ???


    • Dom66 Dom66 24 août 2018 17:35

      @spearit

      Non «  cathy  » a raison, un pont suspendu a besoin de souplesse et encaisser les vibrations.


    • baldis30 24 août 2018 17:54

      @Dom66
      bonsoir,

      ben non les problèmes de vibrations sont les premiers à éliminer pas par la souplesse mais par d’autres dispositions ... ! Et dans ce cas on n’est pas dans les cas habituels de destruction par vibrations comme Tacoma, Angers, ou d’un pont russe à Stalingrad sur la Volga ( donné comme exemple sur le site de La Repubblica) mais bien dans un cas où

      - des dangers avaient été détectés, voir par exemple l’état du béton sur l’une des informations fournies par La Repubblica

      - l’Inspection (organisme d’Etat) avait donné son aval aux travaux mais .....

      - l’entreprise a contesté l’analyse faite par l’Inspection et a cherché à gagner du temps et de l’argent en s’adressant à un autre organisme ...


    • Dom66 Dom66 24 août 2018 18:15

      @baldis30

      Je ne vois pas ou je me trompe. Un pont a besoin encaisser les vibrations les dilatations, une certaine flexibilité. Je ne parle pas de la qualité du béton , de la conception, tout ceci est une évidence.

      13 ans d’étude pour le viaduc de Millau. ci dessous quelques remarques

      « Les piles non pas massives mais creuses, ont été dimensionnées pour résister, en exploitation comme en construction, aux charges verticales apportées par le tablier, aux déplacements de leur tête sous les effets de dilatation thermique du tablier et aux effets du vent. Dans le sens transversal »


      Selon le cahier des charges, cette structure (feuille d’étanchéité + enrobé) devait satisfaire à des essais très exigeants portant sur les liants, les granulats et le complexe proprement dit. Un essai particulier, l’essai de flexion sous moment négatif ou essai de flexion cinq points, permettait de mesurer la performance de la couche de roulement et du collage de l’étanchéité sous trafic. Dans le cadre de cet essai, le complexe d’étanchéité pour une plaque d’acier de 14 mm devait satisfaire les critères suivants : aucune fissure à deux millions de cycles pour une température de +10 °C, aucune fissure à un million de cycles pour une température de -10 °C et aucun décollement aux interfaces acier-étanchéité et étanchéité enrobé27.


    • [email protected] 24 août 2018 20:14

      @cathy
      bonne réponse bravo


    • baldis30 24 août 2018 23:20

      @Dom66
      bonsoir,

      n’importe quel produit industriel ne doit pas entrer en vibration parce que les vibrations constituent une fatigue alternée entrainant un EDS ( every day stress) créant des désordres dans n’importe quel matériau ...L’une des recettes pour des ouvrages fixes consiste dans la masse ! et surtout dans la masse totale... et dans l’organisation de la masse .

      Alors dites-moi, au vu des adresses que j’ai données, quel est l’état du béton, .. sans oublier celui de la liaison sol/fondation et de la liaison de la traverse supérieure avec les piliers latéraux des pylônes ... j’ai des doutes ! Or on connait le spectre engendré par le transport routier ... et de l’aitre côté il y a le calcul du mode propre - et des modes secondaires - par la méthode de lord Raleigh. A l’époque de la construction cela se faisait à la main , aujourd’hui les codes sont sur ordinateur c’est nettement moins fastidieux !


  • jef88 jef88 24 août 2018 12:35
    Autre hypothèse :
    Pour que le pont casse d’une façon aussi nette il y a une explication toute simple : Les fers à bétons, de chaque côté du point de rupture, ne se croisaient pas. Donc, cela créait un point faible que les autres paramètres, par exemple charge, vibrations, température, ont fait céder ......

    • Jean-Paul Foscarvel Jean-Paul Foscarvel 24 août 2018 15:06

      @jef88


      Je me suis aussi posé la question.

      Mais là, ce serait la preuve d’une incompétence grave, voire criminelle.

      Je me souviens, à Paris, d’un immeuble où tous les balcons étaient interdits et étayés, sauf une rangée qui manquait.

      Ils avaient tout simplement « oublié » les fers. Un des balcons avait chuté, ayant entrainé les autres.

      Dans ce cas, on est au-delà de l’impéritie !

    • baldis30 24 août 2018 17:56

      @Jean-Paul Foscarvel
      bonsoir,

      sur l’une des vidéos données par le site de La Repubblica l’état du béton ( enfin ce qu’il en reste entre les armatures rouillées ) est éloquent ....


    • Dom66 Dom66 24 août 2018 18:16

      @jef88

      - Au paradis : les policiers sont anglais, la mécanique est allemande, les cuisiniers sont français, les amants sont italiens et tout est organisé par les Suisses.

      - En enfer : les policiers sont allemands, la mécanique est Italienne, les amants sont anglais, les cuisiniers sont Suisses, organisé par les Français


    • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 24 août 2018 18:36

      @Dom66

      La mécanique italienne , j’aime l’enfer en matière de motos .


    • mmbbb 25 août 2018 08:25

      @Jean-Paul Foscarvel Nous en France nous avons eu en 2004, le terminal de Roissy s etant effondre . Cette construction etait neuve et venait d etre ouverte au public. Le proces n a pas encire eu lieu . Le proces du pont de Genes dans 15 ans ! Nous avons eu le cas du tunnel du Mont Blanc Les administrateurs dont un certain Ballaadur n ont rien fait Aucune condamnation En revanche un memorial, la on est expert


    • kirios 25 août 2018 16:26

      @mmbbb

      tout est dit
      bravo !

  • Ben Schott 24 août 2018 13:08
     
    Faut demander à Jérôme Quirant, il est bon lui.
     


  • zygzornifle zygzornifle 24 août 2018 13:50

    On va supprimer le pont du 1er Mai pour le plus grand plaisir du Medef et de Macron .....


    • aimable 24 août 2018 14:20

      @zygzornifle
      ils sont surement anti ponts , il est probable qu’ils examineront les autres de très très près , ils les fermeront probablement s’ils les jugent inadaptés .


    • déjeté 27 août 2018 08:55

      @yvesduc
      bonjour. merci pour ces sources.

      cela rappelle douloureusement le cas de ATMB, ... qui a donné le même résultat dramatique.
      Sous estimation systématique du risque, pour des investissements toujours moindres.

  • Xenozoid 24 août 2018 19:24

    j’ai vu une video avec un éclaire avant qu’il ne pête,je ne savais pas qu’une décharge électrique pouvait faire cela,sauf que je ne sais pas


    • baldis30 24 août 2018 23:27

      @Xenozoid
      bonsoir,

      Dans une analyse d’incident dû à la foudre frappant un sol granitique fortement diaclasé et bien imbibé lors d’un orage, j’ai constaté une explosion ayant projeté des morceaux de granit à plusieurs mètres. le cheminement de la foudre dans des fissures du béton bien imbibées ne m’étonnerait pas ! Et la force développée par la vaporisation non plus :

      de même la destruction des armatures dont on sait visiblement qu’elles étaient bien corrodées !


  • razoumikhine razoumikhine 24 août 2018 20:20

    La chute de ce pont c’est un peu une métaphore de la chute prochaine de l« Europe avec la sortie du Royaume Uni, les provocations des pays de l’est, les attaques de l’Italie ..

    C’est aussi un reflet de nos économies qui s »écroulent et qui laissent les ponts s’écrouler
    C’est notre propre chute que reflète ce pont...

  • Croa Croa 25 août 2018 01:07

    Sur AgoraVox tout le monde parle du pont de Gêne en ce moment ! Sur les causes voir sur ce forum les hypothèses rapportés par Baldis30. Ça me parait crédible (voir aussi ma réponse à Baldis30)


    • Croa Croa 25 août 2018 08:31

      J’ajoute ici un extrait de ma réponse à Baldis30 :

      « 2) État du béton / Foudre. Des armatures devenues visibles C’EST TRÈS GRAVE ! Ça veut dire que de l’eau est entrée dans le béton d’où décalcification du béton et rouille des armatures, ce qui a fort logiquement fait sauter le béton de surface par endroit. Ce n’était là que le début car si ce constat est vrai le pont était appelé à s’écrouler un jour et pas besoin de coup de foudre pour cela ! »
      Ça rejoint les hypothèse en lien « ici » de l’auteur (mais sur lequel il n’insiste pas assez à mon avis.) Il faut dire en effet que longtemps et au début de la mode des bétons précontraints la protection de ceux-ci a été négligée (même pas de peinture !!!! ) Le problème n’est pas tellement l’air mais l’eau surtout et à priori le béton peut tout de même respirer par le dessous mais les parties horizontales sont à protéger avec du goudron et/ou des feuilles métalliques. Les parties verticales doivent être au moins peintes (des enduits spéciaux c’est encore mieux.) 

  • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 25 août 2018 09:12

    Article et commentaires intéressants ...merci.


  • KIM KIM 25 août 2018 14:45
    Article tout simplement ridicule qui s’apparente à une discussion de bistrot.

    En effet, il n’y a aucune matière dans cet article, seulement quelques généralités d’un vernis sans consistance. Comme si les phénomènes de fatigue et les effets de température n’étaient pas connus.

    Quand on ne sait pas, on ne dit rien !

    • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 25 août 2018 14:53

      @KIM KIM

      L’article ne dit pas qu’ils soient méconnus ...


    • Croa Croa 25 août 2018 18:06
      À KIM KIM,
      Sur AgoraVox les articles servent à 50% à apporter une information et à 50% à introduire un débat. Que l’auteur ne sache pas est sans importance car il reste le débat et justement le forum est intéressant je trouve. (Par ailleurs l’article n’est pas nul je trouve. Un rappel des bases c’est toujours utile.)

  • Impat Impat 25 août 2018 19:28

    Avez-vous remarqué :

    Qu’au moment de l’effondrement ; la visibilité était très très réduite, quasi nulle, à cause d’une pluie torrentielle.

    Que cette autoroute A 10 est couramment utilisée par des camions de fort tonnage, dépassant 100 tonnes selon la presse italienne.

    Que la chaussée était sans doute momentanément recouverte d’une bonne épaisseur d’eau.

    Qu’un déport à droite de camion lourd, au droit des ferrures d’attache de câble-hauban, et en pleine vitesse, peut vraisemblablement arracher ou casser ces ferrures.

    Que dans ces conditions le hauban ne tient plus, le pilier est déséquilibré et s’écroule.

    Que, enfin, parmi les ruines du pilier central, on distingue les débris d’un poids-lourd multi-essieux.

     ?


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 26 août 2018 16:48

    La faute à Sirius ou CANIS MAJOR. CANICULE. L’avenir est au DE CROIX" ROSES, ou SANS. 


  • déjeté 27 août 2018 08:13

    la carbonatation des bétons armés progresse approximativement de 2mm par an. je ne connais pas l’enrobage des tirants de ce pont. De plus il est exposé depuis 50 ans aux chlorures (la mer est à un km) et aux sulfures (gaz échappements). Des analyses (PH, ...) ont elles été faites ? sur le tablier près des points d’ancrages ? sur les tirants ? Le tablier ? Des anodes galvaniques ont elles été posées ? Outre la surveillance topographique (j’espère...), et vérification de l’aspect des surfaces, quelles autres vérifications ont été réalisées. Scanner un câble se fait couramment quand il est à nu. Comment se faisait la vérification de ceux des tirants, enrobés dans leur gangue de béton précontraint ? Tout le monde à noté les renforts des « haubans » de la première volée (câbles externes). Dans ces conditions pourquoi les deux autres n’ont elles pas été renforcées aussi ? Baldis 30, tu affirme que les autorités (organisme d’état) avaient donné leur approbation aux travaux mais que l’entreprise avait demandé une autre expertise. peux tu préciser ta source stp ?


  • pelevos 28 août 2018 21:52

    Bonjour

    Pour rebondir sur l’explication avec schéma donnée par JP Foscarvel, j’ai tenté de mon côté une petite simulation à partir des éléments dont on dispose dans le compte-rendu de R.Morandi de 1968 sur la construction du pont. Notamment les sections des éléments et les dimensions.

    J’ai supposé une différence de température maxi de 20°C entre d’une part les haubans et le chevalet, et d’autre part le tablier et le portique en A. Cela correspondrait par exemple au cas de variation rapide de température climatique, et c’est une approximation par excès.

    Dans ce cas, la dilatation est de 1 mm/ m (50µ x 20 ° / m), pour les haubans comme pour les chevalets, le reste ne variant pas.

    Alors je trouve que le bout du tablier descend de 17 cm, et le milieu entre les deux chevalets monte de 5 cm. La contrainte de flexion correspondante induite dans le béton du tablier est de l’ordre de 25 daN/cm². Attention, c’est à la grosse, je ne peux pas faire un calcul exact.

    Ceci en prenant pour bonne l’affirmation de Morandi que, avec la précontrainte et (ou) les charges en compression, les sections de béton sont toujours comprimées donc à considérer pour le calcul des contraintes, comme homogènes.

    Ces 25 bar sont peu devant les 480 de résistance (sur éprouvettes) annoncés par l’auteur.

    Mais ça existe, et s’ajoute au reste.

    Il y a un autre aspect : celui du gradient de température entre le dessus du tablier, noir et exposé au soleil, et le dessous, à l’ombre. Là, je n’ai pas calculé ; c’est plus délicat. Mais on sait que ce n’est pas négligeable en terme de contrainte de flexion supplémentaire imposée.


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