mardi 3 juillet 2007 - par nicolaskuhn

Le surhomme est-il l’avenir de l’homme ?

La robotique, les nouvelles prothèses « intelligentes », et enfin l’interface cérébrale, qui permet de commander directement les machines par la pensée sont autant de technologies de plus en plus performantes qui pourraient bien changer profondément l’homme de demain. On devrait pouvoir s’en réjouir, mais...

Le Japonais Hitachi a présenté le 20 juin dernier une technologie d’interface cérébrale non invasive destinée à commander le mouvement d’un train électrique par la seule action de la pensée. C’est la première fois qu’une technologie de ce type est développée pour des applications civiles (ni militaires ni médicales). Hitachi espère en effet commercialiser dans quelques années cette télécommande d’un nouveau genre pour contrôler des téléviseurs, des consoles de jeu ou des jouets.

Aux États-Unis, un laboratoire financé par l’Agence nationale de la recherche pour l’armement (la Darpa : Defense Advanced Research Projects Agency), a présenté un prototype de bras robotisé destiné à remplacer un bras amputé et pouvant être piloté par la seule volonté de son porteur. Les chercheurs américains estiment pouvoir proposer à l’horizon 2009 une prothèse, dont la main artificielle, dotée du sens du toucher, pourrait saisir finement les objets de la vie courante, porter des charges moyennes, et effectuer des gestes complexes.
La connexion intime du corps humain et du cerveau à la machine n’est plus seulement une invention d’auteurs de science-fiction. Plusieurs centaines de laboratoires dans le monde travaillent aujourd’hui sur des projets visant à remplacer des fonctions biologiques comme la vue, l’ouïe, la fonction cardiaque, les membres supérieurs ou inférieurs et, même, peut-être certaines capacités cérébrales comme la mémorisation. Or d’ici quelques dizaines d’années, les performances de ces prothèses « intelligentes » pourront dépasser celles des parties vivantes des corps humains qu’elles remplaceront.
Est-ce donc l’avènement du surhomme qui se prépare ? Doit-on s’attendre à vivre un jour dans une sorte de « Meilleur des mondes », un univers où les puissants ne sont plus seulement ceux qui possèdent plus, mais également ceux qui sont dotés de membres physiques infatigables, ceux qui sont capables de voir plus loin, d’entendre les moindres chuchotements, de relier leur pensée aux bases de données du réseau des réseaux, de disposer d’une mémoire infaillible, gravée dans la silice de leur cerveau hybride, mi-homme, mi-machine ?


En avril dernier, le laboratoire Applied Physics
Laboratory (APL) de l’université Johns Hopkins aux
Etats-Unis a présenté le premier prototype d’une
prothèse de bras robotisée (le bras gauche de Jesse
Sullivan, amputé des deux bras), développé dans le
cadre du programme Revolutionizing Prosthetics 2009.

Le projet Revolutionizing Prosthetics coordonné par la Darpa, doté d’un budget de plus de 55 millions de dollars (en deux volets : Revolutionizing Prosthetics 2007 et Revolutionizing Prosthetics 2009) est une conséquence directe des guerres menées par les États-Unis en Irak et en Afghanistan. Les militaires de retour du front amputés des bras se comptent en effet aujourd’hui par centaines. L’objectif avoué du programme de recherche Revolutionizing Prosthetics dont un premier prototype très impressionnant a été récemment présenté par le laboratoire Applied Physics Laboratory (APL) de l’université Johns Hopkins (voir photo), est de permettre aux soldats de récupérer leurs bras perdus, et, à terme, de retrouver leur potentiel destructeur afin de retourner sur le front. En poussant la logique un tout petit peu plus loin, il paraît naturel de penser à équiper les bras artificiels de ces soldats mi-homme mi-robot de fonctionnalités guerrières : une force supérieure, une fonction lanceur de projectiles, et d’autres capacités que je n’ose imaginer...
Bien sûr, on peut rétorquer que cette technologie finira bien par trouver son application dans le domaine médical. Que les amputés du bras en bénéficieront pour retrouver leur membre perdu et que c’est un progrès bien louable pour l’humanité. Reste à voir qui pourra s’offrir ces appareils extrêmement coûteux dans une société de plus en plus inégalitaire.
Mais, si ces prothèses robotisées représentent bien une révolution technique importante dans cette élaboration du surhomme mi-homme mi-machine de demain, l’essentiel n’est peut-être pas là. Après tout, ce sont les capacités musculaires de l’homme qui ont depuis toujours été secondées, puis très largement dépassées par la technique depuis l’invention de la roue jusqu’à la propulsion nucléaire, en passant par la machine à vapeur. Certes, pour en profiter, l’homme doit contrôler une machine extérieure à lui, une voiture, un train, un avion, une pelleteuse, un ascenseur, une grue ; alors que la prothèse (ou l’exosquelette motorisé - dont la recherche est elle aussi financée par des budgets militaires) vient lui apporter sa force directement à même le corps. Mais il ne s’agit "que" de force physique, une propriété partagée par l’homme et l’animal.
Peut-être ne pourra-t-on parler de surhomme que lorsqu’une capacité typiquement humaine comme le raisonnement aura pu être améliorée. Or, les recherches portant sur l’interface cérébrale, c’est-à-dire la possibilité de dialoguer directement, par la pensée, avec la machine sans l’aide d’un clavier ou d’une souris, en sont désormais au stade de l’expérimentation, voire de la pré-industrialisation. La démonstration récente d’Hitachi le prouve, même s’il ne s’agit-là que d’un début.
Dans le cas des prothèses développées par APL, la commande du bras robotisée ne passe pas par une connexion directe au cerveau. Ce sont les nerfs sectionnés du bras, qui sont réutilisés, et, par une technique appelée TMR (Targeted Muscle Reinnervation - ou réinnervation musculaire ciblée), connectés sur certains muscles du patient (en l’occurrence, des muscles de la région pectorale). Le patient apprend petit à petit à exciter correctement les nerfs détournés de leur fonction première pour commander les mouvements qu’il souhaite effectuer. Le bras robotisé détecte alors les commandes envoyées par les nerfs réinnervés grâce à des capteurs de l’activité musculaire positionnés précisément sur les muscles cibles de la région pectorale.
Un cerveau dopé au silicium
Dans le cas de l’interface cérébrale, l’objectif est de contrôler directement la machine sans passer par une activité musculaire. Ainsi, équipé du dispositif d’Hitachi (une sorte de bandeau truffé de capteurs), l’utilisateur effectue une activité de calcul mental pour faire avancer un train électrique. Ici, c’est directement l’activité cérébrale qui est mesurée grâce à une détection des flux sanguins du cerveau, par topographie optique aux infrarouges. A plus long terme, plusieurs laboratoires travaillent déjà sur la connexion directe entre les neurones et le silicium, pour faciliter la communication entre les deux mondes, le vivant et l’artificiel.
Mais, quelle que soit la nature de cette interface entre le cerveau et la machine, les applications entrevues sont bien de l’ordre de la réparation ou du remplacement de fonctions bien humaines comme la capacité de mémorisation pour les patients atteints de la maladie l’Alzheimer par exemple. Cette seule possibilité d’accéder à une mémoire "mécanisée" ouvre déjà cette perspective du surhomme cognitif. Grâce à un disque dur logé sous sa boîte crânienne et connecté directement à son cortex, cet homme de demain aura la possibilité de mémoriser, sans risque de perte ou de transformation des informations, des textes, des images, des sons, autant d’informations auxquelles il aura accès par l’intermédiaire de moteurs de recherches, en naviguant dans des dossiers et sous-dossiers qu’il organisera comme il le souhaite. Les êtres humains dotés de cette seconde mémoire quasi infaillible seront-ils avantagés par rapport aux humains "naturels" ? Je le pense. Mais dans quelle mesure cet avantage est-il supérieur à celui dont jouissent aujourd’hui les hommes qui disposent des technologies médicales modernes, du téléphone mobile, de l’internet, de la lecture même, peut-être la première technique d’amélioration de notre mémoire défaillante par une mémoire mécanique ? De fait, aujourd’hui, certains hommes, parce qu’ils sont nés dans des pays plus riches que d’autres, connaissent une espérance de vie plus de deux fois plus élevées que les autres hommes. Certains hommes, parce qu’ils ont appris à lire et à écrire, peuvent avoir accès à plus de deux mille ans d’histoire du savoir. Une mémoire inestimable pour se projeter dans l’avenir. Certains hommes peuvent se déplacer d’un bout à l’autre de la planète en quelques heures, ils peuvent prendre un bain chaud quand ils le souhaitent... Est-ce que ces hommes-là ne sont pas déjà des surhommes grâce à leur capacité à accéder à la technique moderne ?...
Depuis que l’homme est l’homme, sa pensée technique lui a permis d’augmenter sa force physique grâce aux innombrables outils qu’il a inventé. Le levier pour soulever des charges lourdes, la roue pour se déplacer plus rapidement et plus longtemps, la lame et l’acier pour découper des aliments, des tissus, voire des matériaux plus durs comme le bois. Très tôt, il a su s’aider d’une canne quand ses deux jambes ne suffisaient plus à le porter. Quand il a su écrire les lois de l’optique, il a pu pallier à la défaillance d’un sens comme la vue en inventant les lunettes.
L’histoire le montre, la technique - dont le développement est devenu quasiment exponentiel depuis qu’il s’est appuyé sur les résultats et la démarche de la science - a continué à accroître la puissance de l’homme, jusqu’à le rendre « comme maître et possesseur de la nature  » ainsi que Descartes l’avait imaginé et souhaité. En signant littéralement par cette formule l’acte de naissance de la pensée techno-scientifique, sa vision allait plus loin, puisqu’il ajoutait « Ce qui n’est pas seulement à désirer pour l’invention d’une infinité d’artifices, qui feraient qu’on jouirait, sans aucune peine, des fruits de la terre et de toutes les commodités qui s’y trouvent, mais principalement aussi pour la conservation de la santé, laquelle est sans doute le premier bien et le fondement de tous les autres biens de cette vie. »
Ce que Descartes n’avait sans doute pas imaginé, c’était que ce duo science-technique était voué à se transformer en trio industrie-science-technique, puis très vite en quartet économie-industrie-science-technique... Aujourd’hui, l’activité de recherche techno-scientifique est financée en grande partie par des budgets militaires et a pour but d’assurer la force de frappe de nations en quête perpétuelle de croissance économique. Secondairement, les recherches dites appliquées sont prises en charge par les grandes entreprises multinationales dont l’objectif principal est, de plus en plus, de satisfaire des financiers dont l’objectif est de maximiser leur retour sur investissement.
Dans ce contexte, le progrès techno-scientifique n’a malheureusement pas pour moteur fondamental le bien de l’humanité, mais l’accroissement de la puissance militaire des nations les plus riches et l’assouvissement des besoins des populations économiquement solvables... Conséquence de cette logique, les technologies médicales de pointe ne profitent qu’aux plus riches et, bien entendu, les technologies du « surhomme » seront probablement réservées aux militaires, et aux plus riches des plus riches.


16 réactions


  • L'enfoiré L’enfoiré 3 juillet 2007 12:07

    @l’Auteur,

    « l’activité de recherche techno-scientifique est financée en grande partie par des budgets militaires et a pour but d’assurer la force de frappe de nations en quête perpétuelle de croissance économique. »

    >>> D’accord et pas d’accord. Je dirais que si, malheureusement, les budgets sont du côté militaire, le civil en profite aussi, heureusement. Mais je râle que ce soit comme cela.

    « prises en charge par les grandes entreprises »

    >>> Il faut bien trouver et des bailleurs de fonds et des centralisateurs d’idées. Que proposes-tu comme autre solution ? Je préfère de l’artificiel que du naturel qui se retrouverait dans des marchés d’organes sur internet. La technologie à la Steve Austin, l’« Homme qui valait trois milliards » nous a fait rêver (URL). On y arrive progressivement. Passer à la vitesse supérieur est un risque. Le sport (tennis par ex) créé des surhommes, des surfemmes, mais casse pour moins de diz ans, les décades qui suivent.

    « l’assouvissement des besoins des populations économiquement solvables... »

    >>> Il faudra t’y faire, on est là pour ouvrir son portemonnaie.

    « probablement réservées aux militaires, et aux plus riches des plus riches. »

    >>> Ca c’est pas sûr. Heureusement. smiley


    • nicolaskuhn nicolaskuhn 3 juillet 2007 20:24

      L’histoire montre que toutes sortes d’organisations sociales et politiques sont possibles, depuis la démocratie grecque antique au féodalisme, en passant par les dictatures nationalistes, l’impérialisme, le libéralisme, etc. Il suffit d’avoir les idées et de mettre en place les structures qui rendent ces organisations possibles. Il est clair que d’autres façons de vivre en société sont possibles et que d’autres se mettront en place dans le futur. Je crois qu’on finira par comprendre un jour que nous sommes une seule espèce humaine, et que ça ne rime à rien de placer l’essentiel de notre potentiel scientifique et technique dans les mains des militaires, même si les résultats de la recherche militaire finissent par bénéficier au domaine civil.

      >>> Il faut bien trouver et des bailleurs de fonds et des centralisateurs d’idées. Que proposes-tu comme autre solution ? Je préfère de l’artificiel que du naturel qui se retrouverait dans des marchés d’organes sur internet. La technologie à la Steve Austin, l’« Homme qui valait trois milliards » nous a fait rêver (URL). On y arrive progressivement. Passer à la vitesse supérieur est un risque. Le sport (tennis par ex) créé des surhommes, des surfemmes, mais casse pour moins de diz ans, les décades qui suivent.

      Ce n’est ni la notion d’artificiel, ni la notion de grande entreprise qui me gène. Il faut effectivement des « centralisateurs d’idées » comme tu dis, et des structures de taille suffisante pour rendre possibles certaines expérimentations, certains échanges matériels autant que conceptuels entre des équipes suffisament grandes et multidisciplinaires. Ce qui me dérange dans l’organisation actuelle, c’est la finalité de nos grandes entreprises. Avec la financiarisation du système économique, et même, de plus en plus, du pouvoir politique (il suffit de voir les liens de plus en plus étroits entre les grandes fortunes et les chefs d’Etats ou de gouvernements dans les économies de marché), le peuple n’a plus son mot à dire sur l’évolution du tissu industriel, sur les orientations des grandes entreprises. A l’époque d’un De Gaulle par exemple, c’est bien le politique qui décidait de l’orientation des plus grandes entreprises nationales. Aujourd’hui, ce sont les financiers qui le font, et le citoyen n’intervient plus dans la boucle, à moins d’être actionnaire, mais dans ce cas, il est avant tout intéressé par les dividendes qu’il pourra percevoir à court ou moyen terme.

      >>> Il faudra t’y faire, on est là pour ouvrir son portemonnaie.

      Là, je ne suis pas du tout d’accord !... Je pense que la politique n’est pas qu’un vain mot. Je crois que les communautés humaines peuvent prendre leur destin en main, qu’une économie solidaire est possible, et qu’il n’y a pas de fatalité au cynisme et à la loi du plus fort...


  • ZEN ZEN 3 juillet 2007 12:15

    Les délires tanshumanistes m’inquiètent.... Reviens Descartes ! (relire son Traité des passions) :

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Transhumanisme


    • nicolaskuhn nicolaskuhn 4 juillet 2007 11:59

      Merci pour le lien. Les notions de transhumanisme, de post-humain ou de sur-humain me semblent exagérées. Après tout, rien ne remet en cause la nature profonde de l’homme dans ce mariage vivant-artificiel. Pour moi, des techniques comme l’écriture, puis l’imprimerie, on fait beaucoup plus pour transformer le destin de l’homme que les membres artificiels, ou la connexion directe du cerveau au réseau internet (puisque l’imprimerie et la diffusion des livres et des revues ont déjà été, en leur temps une forme de connexion du cerveau à un réseau). Mais il est clair qu’on ne peut faire l’économie d’une réflexion profonde sur ces modifications de l’homme par la techno-science. Ainsi, remplacer les membres des amputés par des membres artificiels est une bonne chose, à condition que cela se fasse selon une réelle justice sociale, et pour le bien être de tous, ou du moins, de la majorité, et pas seulement des plus riches... Dans le cas contraire, cela devient intolérable et immoral...


    • m3uch4 m3uch4 4 juillet 2007 12:47

      Descartes ne reviendra pas, c’est déjà un fossile !!!

      Si il avait vécu à l’ère du transistor, il aurait sûrement écrit autre chose.


    • sacados 5 août 2007 16:34

      ... et il aurait eu des antidépresseurs à disposition ! smiley


  • m3uch4 m3uch4 4 juillet 2007 11:07

    William Gibson était vraiment un visionnaire !!!

    L’interface homme/machine et les implants cybernétiques ne sont plus un rève de romancier, c’est désormais un futur incontournable, qu’on le veuille ou non.


  • perditadeblanc perditadeblanc 6 juillet 2007 14:09

    Article visionnaire et intéressant.....Mais en somme c’est la fin de l’humanité qu’on nous propose, rien de plus. puisque le progrés (s’il y’a) n’est qu’une course à la puissance économique , à la déshumanisation et à l’asservissement de la nature. La finalité créera un désequilibre tel, que les humains et tous les être vivant sur terre ne pourront pas le supporter. L’humanité s’est faite sur le principe de la dualité des choses et des principes contraires ,à savoir le bien et le mal,la nuit et le jour,le froid et le chaud,l’humide et le sec,le principe mâle femelle,flux et refux, materiel &spirituel tout être humain pour vivre ne serait ce que s’épanouir à besoin de croire et..... douter. Ce principe s’applique pour la marche de l’humanité .C’est à dire qu’on à besoin de 2 jambes ;l’une representant le côté spirituel l’autre évidemment le matériel. le remplacement d’un organe,ou d’un membre (d’une jambe) ;ou l’encastrement dans nos boites craniennes de disques durs ne va que dans le sens de la dépendance et l’asservissement à la puissance matériel qui inlassablement (puisque sans principe contraire) nous conduira seule à l’apocalypse. Je vous laisse le soin d’imaginer les armées hybrides chair,électronique,acier,des « GOLEMS » combattant dans des situations inimaginables, qu’ils ont crée en vidant la terre de son oxygéne, l’air serait évidemment irrespirable pour un humain...nous sommes en train de nous enfoncer trés vite dans la nuit de l’humanité ; bonjour les répliquants moi je détale trés vite me cacher dans une grotte en attendant un autre déluge..qui ne vas pas tarder à arriver, au train ou vont les choses. http://agoravox.fr/smileys/diable.png


    • m3uch4 m3uch4 7 juillet 2007 13:33

      N’exagérons pas... Remplacer un bras amputé par un membre cybernétique n’a rien de comparable avec remplacer un cerveau par un disque dur...

      Si il doit rester quelque chose d’humain dans les futurs cyborgs, ca sera le cerveau (et la liberté de pensée).


    • sacados 5 août 2007 16:42

       smiley ... il y aura toujours quelque chose d’humain même si on greffe un cerveau à flotter dans un bocal à roulettes !...


  • rod 11 juillet 2007 15:56

    @ l’auteur, êtes vous sur de ne pas vous emporter un peu vite quant a cette découverte ? (et surtout de mal l’interêter). J’ai vu un nombre certain de conférences sur le sujet et les prothèses directes cerveaux-membres reposent encore sur des techniques invasives, implantation d’électrodes dans le cerveau (cela est actuellement en test chez le singe et cela marche plutôt bien), cependant concernant les techniques non-invasives, seuls quelques ordres 3-4 max peuvent être donnés par le cerveau (le bras possède 3 articulations + les doigts) et dans ce dernier cas, on ne parle pas de retour sensoriel... Par contre il me semble qu’un groupe tente de connecter des nerfs toujours présents apres la perte du membre a des « enregistreurs » qui commandent la prothèse (mais dans ce cas ce n’est pas une prothèse cerveau-machine mais nerf-machine et cela n’a absolument rien a voir). Quant aux prothèses internes au cerveau, on ne sait tjs pas comment il fonctionne alors y incérer des prothèses, cela reste de la science fiction...

    PS : voici un lien vers le fameux projet ou ils précisent bien que l’exemple dont vous parlez repose sur une interface nerf-machine et non pas cerveau-machine, encore une fois le dernier cas (cerveau-machine) fonctionne, j’ai vu des films impressionnant chez le singe mais avec des électrodes implantées dans le cerveau (pour l’instant ils refusent de le faire chez l’homme). http://www.jhuapl.edu/newscenter/pressreleases/2007/070426.asp


    • rod 11 juillet 2007 16:07

      Euh désolé j’ai vu que mon post etait un peu sec, mais cela n’était pas mon intention (fatigué)... Sinon bravo pour nous intéresser à ce sujet, mais encore une fois l’interprétation exacte est interface nerf-machine (cela reste tout de même a mon avis une découverte formidable pour les patients). Je tiens seulement a préciser aux patients paraplégiques que ce genre de technologie sera difficile a transposer aux jambes (car il faut intégrer le contrôle de l’équilibre,...mais cela reste envisageable avec un exosquelette...espérons que cette équipe s’y intéresse).

      Voila un bout du texte du lien donné précédemment...

      Making Use of Residual Nerves

      The advanced degree of natural control and integrated sensory feedback demonstrated with Proto 1 are enabled by Targeted Muscle Reinnervation (TMR), a technique pioneered by Dr. Todd Kuiken at RIC that involves the transfer of residual nerves from an amputated limb to unused muscle regions in appropriate proximity to the injury. In this case, the nerves were transferred to the pectoral area of the patient’s chest. This procedure provides for a more intuitive use of a prosthetic arm and allows for the natural sensation of grip strength and touch.

      En gros on déplace un nerf laissé intact vers une nouvelle zone (donc demande une chirurgie, je ne suis pas compétent pour juger de la difficulté), ici le nerf est transféré vers le buste (pectoral area). Ensuite ils enregistrent l’activité d’un muscle nouvellement inervé par ce nerf (en fait ce muscle va se contracter comme celui du bras (donc je suppose qu’il faut le faire pour tous les muscles du bras + les doigts)...Pas certain pour ce dernier point mais si quelqu’un a du temps pour se renseigner sur le site...


    • rod 11 juillet 2007 16:14

      PS : autant pour moi avait mal lu votre texte...

      Dans le cas des prothèses développées par APL, la commande du bras robotisée ne passe pas par une connexion directe au cerveau. Ce sont les nerfs sectionnés du bras, qui sont réutilisés, et, par une technique appelée TMR (Targeted Muscle Reinnervation - ou réinnervation musculaire ciblée), connectés sur certains muscles du patient (en l’occurrence, des muscles de la région pectorale). Le patient apprend petit à petit à exciter correctement les nerfs détournés de leur fonction première pour commander les mouvements qu’il souhaite effectuer. Le bras robotisé détecte alors les commandes envoyées par les nerfs réinnervés grâce à des capteurs de l’activité musculaire positionnés précisément sur les muscles cibles de la région pectorale.

      v reprendre du café... smiley

      Toujours est-il que l’on ne peut pas vraiment parler de surhomme...il arrive a bouger le bras, faire des mouvements fins, mais la force n’est pas tout et je doute que l’on ai plus de précision avec ce type d’interface...

      Cependant si vous voulez parler de...commander directement les machines par la pensée...je pense que vous vous référez aux mauvais travaux.


    • nicolaskuhn nicolaskuhn 11 juillet 2007 16:53

      Il ne s’agit effectivement pas d’une connexion directe entre le cerveau et le membre articulé. Voici ce que j’écris dans l’article à ce propos :

      « Dans le cas des prothèses développées par APL, la commande du bras robotisée ne passe pas par une connexion directe au cerveau. Ce sont les nerfs sectionnés du bras, qui sont réutilisés, et, par une technique appelée TMR (Targeted Muscle Reinnervation - ou réinnervation musculaire ciblée), connectés sur certains muscles du patient (en l’occurrence, des muscles de la région pectorale). Le patient apprend petit à petit à exciter correctement les nerfs détournés de leur fonction première pour commander les mouvements qu’il souhaite effectuer. Le bras robotisé détecte alors les commandes envoyées par les nerfs réinnervés grâce à des capteurs de l’activité musculaire positionnés précisément sur les muscles cibles de la région pectorale. »

      Ce type d’interface non invasive (le patient peut « débrancher » sa prothèse quand il le souhaite) permettra pourtant à terme un contrôle fin des articulations du bras et des doigts, y compris avec un retour sensoriel. Il est en effet possible de réinnerver par cette technique plusieurs dizaines de fibres musculaires, et d’exciter en retour des zones de la peau dédiées au contrôle de la prothèse.

      A plus long terme, je ne pense pas que les implants cérébraux seront nécessaires pour améliorer encore les prothèses robotisées, mais plutôt une meilleure connaissance des fibres nerveuses et de la technique de réinnervation. Après tout, cette « connectique » naturelle du nerf au cerveau est bien plus efficace pour le contrôle de la motricité qu’une connexion au cerveau par des implants (ce qui nécessite une cartographie de la région motrice du cortex d’une précision que nous n’avons pas). Je précise que j’ai également enquêté sur des travaux sur les implants cérébraux chez le chimpanzé (travaux de Miguel Nicolelis notamment).

      Je rappellerais également les succès de l’implant cochléaire, qui est une prothèse auditive connectée directement au nerf auditif. Les informations sonores captées par un microphone sont transformées en excitations nerveuses du nerf auditif. Ces excitations sont ensuite traitées au niveau du cerveau comme si elles provenaient de la cochlée (le capteur naturel qui transforme les sons en excitations nerveuses dans le corps humain).

      Pour conclure, je pense que, pour toutes les fonctions musculaires ou sensorielles, le plus judicieux, et le plus efficace restera la connexion aux nerfs, qui sont après tout les meilleures voies pour accéder aux zones du cerveau qui pilotent aux fonctions à remplacer.

      En revanche, l’interface cerveau-machine, qui peut être invasive (électrodes implantées dans le cerveau) ou non invasive (capteurs de l’activité cérébrale, à la surface du crâne), est surtout prometteuse pour inaugurer un nouveau mode de contrôle des machines, et notamment des machines dites « intelligentes » comme les ordinateurs. Il ne s’agira donc plus de remplacer des fonctions existantes du corps humain (un membre ou un sens perdu), mais de gérer des fonctions nouvelles, des extensions artificielles du corps.

      Ces interfaces qui n’existaient jusqu’à aujourd’hui que sous des formes indirectes (le clavier, le joystick,la souris, l’écran tactile, le volant, le « eyetracker » qui suit le mouvement des yeux) connaît aujourd’hui ces premières formes directes, comme l’interface d’Hitachi (mais d’autres ont déjà été présentées depuis plusieurs années).

      Ce type d’interface, conjugué aux interfaces que nous connaissons déjà (l’écran notamment) permettra par exemple de naviguer plus rapidement sur internet ou d’accéder à des données sur un disque dur à la vitesse de la pensée. C’est en cela que j’évoquais la capacité future d’une extension de certaines capacités cérébrales. Et cela ne nécessite pas une compréhension exhaustive du fonctionnement du cerveau. L’essentiel des connaissances techniques pour le faire est presque déjà à notre disposition...


    • rod 11 juillet 2007 19:54

      D’accord avec vous...


    • rod 11 juillet 2007 19:55

      En ce qui concerne les cartes corticales, un des conférenciers nous précisait qu’une recalibration quotidienne était nécessaire pour les tests effectués chez le singe....


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