jeudi 2 septembre 2010 - par Gaumond

« Scotty, téléporte-moi »

Le domaine technologique est en véritable essor. Il ne se passe pas une année sans que l’on découvre de plus en plus de choses qui pourraient très facilement améliorer nos existences. En 2009, par exemple, le prix Nobel de la médecine fut accordé à divers scientifiques pour leurs travaux sur la télomérase, qu’on appelle parfois « l’enzyme de l’immortalité ». Mais qu’en est-il de cette idée abondamment utilisée par la science-fiction depuis un siècle ? Qu’en est-il de la téléportation ?

« Scotty, téléporte-moi ! » Ces mots, pour certains d’entre nous, sont très évocateurs. Ils nous rappellent le capitaine Kirk et ses aventures dans la légendaire série télévisée « Star Trek ». Je ne sais pas pour vous, mais personnellement, lorsque j’étais jeune, je rêvais de pouvoir me téléporter. En fait, je vous mentirais si je vous disais que j’espère toujours que la technologie connaîtra, de mon vivant, une avancée suffisamment grande pour pouvoir faire de cet espoir une réalité. Voilà pourquoi, tout récemment, je recherchais innocemment le mot « téléportation » sur ce cher Google. Vous imaginez peut-être (ou peut-être pas, aussi) ma surprise en voyant des recherches scientifiques poussées et récentes sur le sujet, notamment celle, très instructive, de M. Eric W. Davis, un astrophysicien qui publia, en 2003, une étude de 88 pages portant sur ce sujet très intéressant.
 
Le scientifique a divisé les différents genres de téléportation en cinq catégories :
  1. La téléportation-sf, c’est-à-dire la téléportation de matière causée par une technologie futuriste. Or, il ne fait que mentionner cette catégorie sans en parler davantage, pour des raisons logiques et simples : ces technologies sont inexistantes.
  2. La téléportation-p, ou psychique, indique que la cause du déplacement « instantané » est obtenu par des moyens parapsychologiques ou paranormaux.
  3. La téléportation-vm, ces lettres représentant « vaccum or spactime metric », qui pourrait être traduit comme étant une téléportation en modifiant la métrique du vide.
  4. La téléportation-e, pour « téléportation exotique », qui repose sur le fait que le procédé serait basé sur l’utilisation d’univers parallèles pour accélérer un déplacement.
  5. Finalement, la téléportation-q, pour « téléportation quantique », est celle qui ressemble le plus au moyen employé dans Star Trek : analyse de la matière, dématérialisation, transmission des informations et reconstruction de l’être analysé au départ.
 
Les quatre derniers types de téléportation sont, selon le rapport de Davis, des avenues qu’il est important d’explorer. Or, les recherches sur ceux-ci n’en sont encore qu’à leurs premiers balbutiements. Notre technologie actuelle n’est pas suffisamment avancée encore pour pouvoir nous permettre de modifier la géométrie de l’univers (notamment en utilisant le principe des « trous de ver » ; je n’expliquerai pas ce concept dans cet article, de peur de confondre les lecteurs, puisqu’il s’agit d’une théorie très complexe) ou pour atteindre des soi-disant « univers parallèles », qui ne sont encore que des théories vagues.
 
Par contre, le concept de « téléportation quantique » est réelle et a été testée. Cependant, ne vous emballez pas trop rapidement, il ne s’agit pas de téléportation à proprement parler. En fait, pour faire court, c’est comme si je faisais le plan d’une maison déjà existante, que je la démontais et que j’allais la reconstruire plus loin en utilisant des matériaux de même nature. Une espèce de drôle de « couper-coller », somme toute. Les expériences tentées jusqu’à ce jour ont été couronnées de succès. Des scientifiques américains ont réussi à procéder à ce genre de transfert : ils ont pris l’état quantique d’UN atome d’ytterbium pour le déplacer… À un mètre de là. Bon, hormis le fait que l’être humain est formé de milliards de milliards d’atomes et qu’une téléportation d’un mètre est peu avantageuse, c’est un bon début, surtout si on pense que l’expérience antérieure n’était que de quelques millimètres.
 
Cette technologie semble très très éloignée, mais je crois bien que d’ici vingt ans, nous pourrons voir des gens se déplacer instantanément sur de plus ou moins grandes distances… Si la société accepte ce concept, cela dit. En effet, puisqu’il s’agit en fait de « copier » quelque chose, qu’arrive-t-il à l’original ? En téléportation quantique, il est détruit. Qu’arriverait-il pour un humain ? S’agit-il d’un suicide ? La personne après la téléportation serait-elle la même ? Tant de questions que nous devrons nous poser en admettant que cette technologie devienne applicable aux humains. Les avantages en vaudraient-ils la peine ? Nous verrons bien.
 
 
(Pour le rapport Davis complet : http://www.fas.org/sgp/eprint/teleport.pdf)
 
(Une explication du phénomène de téléportation quantique : http://www.crm.umontreal.ca/ durand/teleport.html)


21 réactions


  • pingveno 2 septembre 2010 16:04
    1. La téléportation-sf, c’est-à-dire la téléportation de matière causée par une technologie futuriste.
    2. Finalement, la téléportation-q, pour « téléportation quantique », est celle qui ressemble le plus au moyen employé dans Star Trek : analyse de la matière, dématérialisation, transmission des informations et reconstruction de l’être analysé au départ.
    Pourquoi dis-tu que ce que propose Star Trek ressemble à la téléportation-q ? Pour moi ce type de téléportation ressemble plus à du clônage : si tu analyses la matière pour reconstruire à l’identique, pourquoi ne pourrait-on reproduire qu’en un unique exemplaire ? ça ressemble plus à du clonage, non ?
    Pour moi ce que propose Star Trek ressemble d’avantage à de la téléportation SF. D’ailleurs c’est de la SF...

    • Gaumond 2 septembre 2010 16:23

      Elle lui ressemble dans les « étapes » de la téléportation, comme dans Star Trek. En effet, puisque Star Trek est de la science fiction, il s’agit de téléportation SF, mais j’ai tenté de faire comme si la technologie employé dans cette série était réelle. Dans les 2 cas, il y a analyse, dématérialisation, transmission et reconstruction ; voilà pourquoi j’ai affirmé que la téléportation-q était semblable à celle employée dans Star Trek. J’admets que le choix de mots était peut-être inapproprié, par contre.

      En fait, il s’agit bel et bien d’une sorte de « clônage », mais le fait est que pour que cette téléportation se produise, il y a destruction de l’original. Il paraît impossible (selon ce que j’ai trouvé au moment de ma recherche) pour l’instant de pouvoir dupliquer les coordonnées quantiques d’un élément à plus d’un endroit. C’est comme l’exemple du plan que j’ai donné dans l’article, mais il faut prendre en considération que le plan, après le phénomène, est détruit et ne peut être réutilisé. Ainsi, tu n’as pas tort de dire que ça ressemble à du clônage, car il s’agit d’une certaine forme de reproduction d’un atome, c’est vrai.


    • pingveno 2 septembre 2010 17:36

      Ce n’était pas exactement comme ça que je comprenais la téléportation SF. J’avais plutôt l’impression que le processus consistait en un transfert de matière, c’est à dire que l’analyse consiste uniquement à déterminer le contour de la matière à transférer - au risque de se tromper en calculant le contour, comme dans la Mouche - ensuite le système transfère tout à l’identique, tous les atomes étant transférés (déplacés) en même temps. Pas de destruction, juste un déplacement.

      Ce qui me trouble par contre dans l’explication de la téléportation quantique, c’est comme tu dis, que ça implique la destruction de l’original alors que par ailleurs tu la présentes comme une « transmission d’informations ».
      Dans la physique moderne on a tendance à tout vouloir décrire par des particules, par exemple pour la gravité on parle d’une particule appelée graviton qui n’a jamais été observée formellement. Donc de deux choses l’une :
      - soit tu transformes la matière en d’autres particules qui se déplacent plus vite (tachyons ?) puis tu fais la transformation inverse à l’arrivée (et là je ne vois plus bien la différence avec la SF)
      - soit tu crées des particules indépendantes qui contiennent une partie de l’information des particules de matière, ces particules se déplacent et à l’arrivée on transmet l’information à des particules de matière récupérées sur place. Alors pourquoi doit-on détruire l’original ?


    • Gaumond 2 septembre 2010 20:21

      Je ne m’aventurerai pas dans des explications très précises et détaillées sur le sujet, de peur de me fourvoyer et/ou de fournir de fausses informations. Le principe de « téléportation quantique » est extrêmement complexe et nécessite une grande maîtrise du domaine de la physique quantique, chose que je n’ai pas. (À part quelques cours de base sur la quantique, je ne possède pas de connaissances approfondies sur le sujet)

      Si tu souhaites avoir une meileure compréhension du phénomène, je t’invite à mener une recherche plus détaillée que celle que j’ai faite. ^^


  • Gaumond 2 septembre 2010 16:28

    ATTENTION AUX LECTEURS DE L’ARTICLE :

    Le 6 juin 2010, un groupe de chercheurs chinois ont pulvérisé le record de distance dans une téléportation quantique. Ils ont transmis les propriétés quantiques d’un atome d’ytterbium à un autre situé à 16 km de là, ce qui correspond à un très important développement.

    Je vous prie de m’excuser d’avoir manqué cette information vitale avant la publication de cet article.


    • Kalki Kalki 2 septembre 2010 16:35

      Il s’agit d’intrication quantique, avec une communication a la vitesse de la lumière, en fibre optique ici : pour valider l’intrication ( et pour l’instant limité par cette vitesse de la lumière ).

      Ce n’est donc pas de la téléportation, mais de l’intrication d’état.

      Vous pouvez plutôt parler de la téléportation d’énergie ( et non d’état ou information quantique ) car la ca peut être très intéressant : n’est ce pas ?

      http://www.popsci.com/science/article/2010-02/physicists-prove-teleportation-energy-theoretically-possible

      « Vivez longtemps, et prospérez » pour le bien commun


    • Cogno2 2 septembre 2010 20:10

      Ce n’est donc pas de la téléportation, mais de l’intrication d’état.

      Oui, c’est de l’« information » qui est transmise, en l’occurence l’« état » de la particule, et non la particule elle même.

      L’auteur le dit lui même après : Ils ont transmis les propriétés quantiques d’un atome d’ytterbium à un autre situé à 16 km de là

      Mais le texte dans l’article ne dit pas ça du tout, et c’est dommage.


    • apami 3 septembre 2010 13:14

      @Cogno2

      « c’est de l’ »information« qui est transmise, en l’occurence l’ »état« de la particule, et non la particule elle même. »

      D’un point de vue quantique c’est exactement la même chose. Grosso modo Les deux particules ne sont que deux maximums d’un seul champ quantique d’atome d’ytterbium qui s’étend dans l’univers. On peut dire qu’il n’y a pas d’atomes d’ytterbium, il y a « de l’atome d’ytterbium ». En tout endroit de l’univers il existe une certaine quantité d’atome d’ytterbium potentiel. Ce qu’on appelle « un tel atome » est simplement un endroit ou la quantité potentielle est proche de la certitude, et « le vide » un endroit ou la quantité potentielle est proche de l’absence..

      Pour l’exprimer la même question autrement deux « particules » quantiques (simples ou composées) dans le même état sont indiscernables, et pour le cas des bosons (une particule est soit un boson soit un fermion, et un atome est un boson), deux bosons ne peuvent être dans le même état. Autrement dit recopier l’état d’un boson est strictement équivalent à le téléporter. D’autre part

      Notez qu’un être humain est un très gros boson.

      En réalité on touche ici à un intéressant point qui est le fait que le concept « d’identité » est vide de sens. Je ferai un article là dessus un de ces jours...


    • Kalki Kalki 3 septembre 2010 14:02

      Vous parlez d’identité logique, alors que l’identité ( au sens humain ou culturelle) pourrait être tout un monde et donc complexe

      N’oubliez pas qu’il y a pourtant toujours des choix à faire, comme être laique face à une société ou culture non laique (la religion, une idéologie , etc ) : petit mot en passant.


    • slipenfer 3 septembre 2010 14:24

      « Vivez longtemps, et prospérez » pour le bien commun

      Merci c’est sympa smiley


    • samir 3 septembre 2010 14:38

      il s’agit la d’une violation de la relativité car cela veut dire que l’information est plus rapide que la Lumiere...


    • BlackMatter 3 septembre 2010 15:56

      « deux bosons ne peuvent être dans le même état »

      Je croyais que le principe d’exclusion de Pauli s’appliquait aux fermions.

      « et un atome est un boson »

      Fermion = spin demi-entier
      Boson = Spin entier

      L’atome d’helium 4 est un boson même si les particules qui le compose sont des fermions (2 protons, 2 neutrons, 2 electrons = 4 nucleons composé chacun de 3 quarks de spin 1/2 + 2 electrons de spin 1/2 = 12*1/2 + 2*1/2 = 7 donc spin entier donc boson).
      L’atome d’hélium 3 est un fermion (2 protons + 1 neutron + 2 electrons= 3*3*1/2 + 2*1/2=4.5 donc spin demi entier donc fermion.
      Ca dépend donc des isotopes. L’ajout d’un nombre impair de neutrons peut faire perdre le « caractère bosonique ou fermionique » d’un atome.


  • Vincent 2 septembre 2010 17:32

    Ha la téléportation, super idée, peut-être réalisable un jour, je doute toutefois que nous le voyions de notre vivant.
    Ceci dit, les avantages, si celle-ci était maîtrisée, miniaturisée et non énergievore, seraient immenses.
    Que ce soient pour des objets ou pour de humains.
    Imaginez : plus de transport, plus d’autoroute ni de route, plus d’avion, plus de voiture, plus de porte container. plus d’ascenseur qui tombe en panne. Une bonne partie de la population serait donc au chômage et nous n’aurions rien d’autre à faire de que nous téléporter à gauche ou à droite pour visiter le monde.


    • pingveno 2 septembre 2010 17:40

      Ceci dit, les avantages, si celle-ci était maîtrisée, miniaturisée et non énergievore, seraient immenses.

      ça fait pas mal de conditions : à mon avis c’est « non énergivore » qui me paraît le plus compliqué sur le long terme.

      Une bonne partie de la population serait donc au chômage et nous n’aurions rien d’autre à faire de que nous téléporter à gauche ou à droite pour visiter le monde.

      Pas certain que ça implique du chômage, plutôt la possibilité de travailler enfin où bon nous semble même à des milliers de kilomètres de là où on habite. Fini l’immobilier qui flambe près des capitales !
      Par contre j’imagine bien le lobby pétrolier capable de bloquer de telles recherches...


    • Kalki Kalki 2 septembre 2010 17:44

      Le travail est mort, et enterré

      Réalisez le, et n’ayez crainte : cela vaut pour tout travail


    • Kalki Kalki 2 septembre 2010 18:52
      « Rien n’est plus puissant qu’une idée dont l’heure est venue »
      Cette citation de Victor Hugo s’applique selon Götz Werner au « Revenu de Base » qui a le vent en poupe en Allemagne. C’est Olivier Auber, créateur du concept (génial) de « perspective numérique », et germanophile enthousiaste qui nous a twitté ce matin un lien vers une traduction d’une interview , publiée sur Médiapart de cet entrepreneur Allemand à succès fondateur de la chaîne de magasins « DM ».

  • Surya Surya 2 septembre 2010 20:07

    Les seules limites de la sciences sont peut être celles de l’imagination ? A partir du moment où le cerveau humain est capable d’imaginer une technologie, même de façon sommaire, ça signifie peut être qu’inconsciemment il sait d’avance que ce sera réalisable un jour ?
    Pour ma part, je suis partante pour tester la téléportation, mais je crois qu’il va falloir que je me fasse congeler d’abord. Réveillez moi quand la technique sera au point, je fêterai le passage à l’an 3001 de très nombreuses fois en me téléportant d’un fuseau horaire à un autre en même pas un quart de seconde. smiley


    • Kalki Kalki 2 septembre 2010 21:56

      Le progrès évolue de manière exponentiel, et non de manière linéaire.

      C’est à dire que vous pouvez être sur qu’en moins de 100 ans, on aura fait le tour de tout ce qui est possible et imaginable

      Autre point : vous avez raison, parfois les prédictions sont autoréalisatrice, ou en d’autre terme :le simulacre précède la réalité, ou encore reformulé : il faut d’abord en rêver pour le vouloir : la science fiction, est une fiction basée sur la science : c’est à dire du plausible.

      Pour finir un peu de lecture :


      Arthur C. Clarke predicted the rise of telecommuting, telemedicine, and mobile phones decades before they existed.

      Vous savez l’auteur de la triologie de l’espace ... 2001 l’odyssé de l’espace , (etc ).


    • Surya Surya 3 septembre 2010 14:16

      Merci pour le lien, les vidéos sont passionnantes. Il ne nous reste plus qu’à domestiquer les grands singes (se serait-il trompé sur ce point qu’il développe, ou est-ce que ça reste à faire ? on le saura peut être à l’avenir...)


  • slipenfer 3 septembre 2010 14:30

    bon article
    et commentaires top
    Absolument génial
    j’adore ça


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