Vive Galilei et Galileo
Le projet Galileo vient de montrer qu’il pouvait réussir. Le GPS américain se verra bientôt relégué dans les articles gratuits mais moins performants. Enfin, un peu de fierté pour notre Europe.
Galilée serait fier d’avoir donné son nom à ce projet Galileo.
Galilei Galileo, astronome italien du XVIe siècle, s’est très vite passionné pour les mathématiques, et a quitté malgré tout l’université sans diplôme. Sa lunette de visée, il ne la braque pas vers la Terre, mais vers le ciel. Enseignant la théorie de Ptolémée, toujours admise, il remarque rapidement qu’elle ne tient pas, et imagine la Terre ainsi que les autres planètes comme satellites du soleil. L’Inquisition menace, et sa prudence ne peut rester la plus forte bien longtemps. L’hérésie est l’accusation lancée par les théologiens contre tous ceux qui adoptent la vision de Copernic. En 1632, l’abjuration de ses idées lui permettra de garder la vie. Voilà donc une belle revanche de l’histoire.
Le projet a vu son premier succès ce 28 décembre, lors du lancement du premier satellite sur son orbite, à 23 kilomètres d’altitude, ce qui va nous donner une autonomie dans le système de navigation, et renvoyer le GPS dans les mains de l’armée américaine.
Ce domaine stratégique va passer ainsi du militaire au commercial civil. La gestion du trafic aérien, des transports maritimes et de notre belle voiture va pouvoir se distinguer par la précision de ses résultats. L’investissement de 3,8 milliards d’euros et les deux ans de retard sur le projet initial ne vont pas longtemps peser dans les mémoires si le système répond aux objectifs de localiser un objet en temps réel au mètre près, et sur n’importe quel point du globe, et cela, avec la fiabilité et la continuité des services, qui n’étaient pas assurées par le système GPS, avec à son actif, la gratuité jusqu’ici.
Vingt ans de sagas, de tergiversations hostiles et de marchandages politico-industriels ont été les débuts de ce projet ambitieux, les Etats-Unis, en premier, se réservant le droit d’être les seuls pourvoyeurs d’un marché qui devait s’annoncer lucratif à la longue. Trouver l’argent et garder de fervents défenseurs ont été les points d’achoppement des Européens, très peu décidés à mettre la main à la poche.
Sur les 37 satellites prévus, ce premier satellite "démonstrateur", baptisé Glove-A (Galileo in orbit validation element), va pouvoir tester le futur système de positionnement européen. Cette phase de validation va être suivie par le déploiement de 4 satellites, pour garantir l’exactitude de la localisation, les stations au sol consolidant les résultats. En 2010, l’exploitation commerciale pourra commencer, et le grand public pourra jouir d’un service hautement précis pour se localiser. Deux milliards de clients, et plus de quatre fois la mise en retour sur investissement, sont au bout de ce tunnel du succès annoncé.
Quel projet enthousiasmant pour les jeunes d’aujourd’hui, en mal de vocation ! Quelle motivation pour eux de pouvoir trouver un secteur de pointe, en pleine expansion, et qui apportera des preuves tangibles que l’espace n’a pas été un gouffre à milliards, sans retombées visibles, et parfaitement utiles à tous les citoyens du monde.
Véritable révolution technologique, Galileo n’a pas dit son dernier mot au sujet des applications pratiques possibles. A côté des secteurs bien connus du transport, des télécommunications, de la navigation sur terre, sur mer et dans les airs, tout reste à inventer ; les appels de détresse permettront à qui aura payé sa "petite" compensation d’être secouru, plus question de se perdre ou de vouloir se fondre dans l’anonymat. La vie privée est un point sur lequel il faudra réfléchir et discuter. Mais il reste un peu de temps.
Si la coupe de la motivation des jeunes n’est pas pleine, que faut-il de plus ?
"Encouragez l’innovation. Le changement est notre force vitale, la stagnation notre glas." David Ogilvy
(Sources : "L’Echo")