Commentaire de Emile Mourey
sur Bienvenue au parc archéologique d'Alésia
Voir l'intégralité des commentaires de cet article
Dans son ouvrage "Alésia ; l’Archéologie face à l’imaginaire", Michel Reddé propose une interprétation du retranchement de César. L’image de la page 154 montre une palissade de pieux sur lesquels s’entrelacent tout en se superposant de longues branches flexibles (loricam ?). Contre cette palissade et accrochés à elle à intervalles réguliers, des panneaux de protection également en branches tressées (pinnas ?). L’ensemble pouvant en effet, donner l’impression d’un rempart palissadé avec crénaux . Est-ce le vallum dont parle César ? Probablement.
En revanche, je serais plus sceptique sur la reconstitution de la face avant de l’agger sous forme d’un mur en mottes de gazon empilées. La méthode me semble compliquée à réaliser et peu fiable. Imaginons une armée romaine montant son camp retranché chaque soir en fin d’étape. Première opération : les officiers géomètres placent les jalons. Deuxième opération : les légionnaires plantent (logiquement et probablement) des pieux à intervalles de quelques mètres en les alignant sur les jalons (je ne pense pas qu’une plantation aussi sommaire laisse des traces archéologiques). Troisième opération : les légionnaires commencent à creuser le fossé en rejetant la terre au-delà de la ligne de pieux. Quatrième opération : pour éviter que la terre ne retombe dans le fossé, d’autres légionnaires amènent des fagots qu’ils placent derrière cette ligne de pieux, en long. Cinquième opération : on amène encore des branches en fagots ou non que l’on croise avec ceux qui ont été précédemment posés. Puis on tasse et on nivelle, cette fois peut-être avec des mottes de gazon.
Cela pour dire que l’agger était certainement constitué par beaucoup plus de branchages tout venant que de terre. C’est ce qui explique que ces terrassements romains ont pu être incendiés, et par les Juifs lors de la guerre de Jérusalem, et par les Gaulois lors du siège de Bourges.
Si des commentateurs ont d’autres solutions, qu’ils les proposent. A la page 48 du livre précité, on y voit une image de la colonne trajane montrant un agger idéalisé de couches alternativement croisées de rondins.
Enfin, que signifie le mot vallum ? Si on remonte à son sens premier, ce serait un vallonnement par opposition à la vallée (vallis, mot féminin). Et ensuite, rempart en bois, probablement.