Commentaire de Emile Mourey
sur Les druides attendaient-ils un messie ?


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Emile Mourey Emile Mourey 17 juillet 2009 10:41

@ Le péripate

Très bon commentaire. Vous avez raison. Mon explication « paysage de neige » ne tient pas la route.

Voici la phrase de Raoul Glaber : « Erat enim instar ac si mundus ipse, excutiendo semet, rejecta vetustate, passim candidam ecclesiarum vestem indueret »

Voici la traduction de Guizot : « On eût dit que le monde entier, d’un même accord, avait secoué les haillons de son antiquité, pour revêtir la robe blanche des églises »

 Voici la traduction de Duby : « C’était comme si le monde lui-même se fut secoué et, dépouillant sa vétusté, ait revêtu de toutes parts une blanche robe d’église »

Que veut dire Glaber ? certainement pas que les églises aient été peintes en blanc, ce qui aurait laissé des traces qui n’ont jamais été retrouvées. Qu’elles aient été passées au lait de chaux ? Peut-être ; j’ai constaté ce phénomène lors de l’indépendance de l’Algérie, dans le bled, lors des inspections de village passées par le FLN. Mais ce n’est pas dans nos coutumes.

Il faudrait commencer par bien traduire les mots « rejecta vetustate ». Pour cela, il faut raisonner dans l’esprit de l’auteur. Glaber voit dans les malheurs de son époque l’arrivée des mille ans annoncés par l’apocalypse de saint Jean. Dieu punit l’humanité qui s’est écartée de la pratique religieuse, notamment en laissant les murs des vieux monuments du culte se noircir sous l’injure du temps. Le « rejecta vetustate » ne peut se comprendre, à mon sens, que comme une opération de ravalement lancée à grande échelle par les prédicateurs paroissiaux pour racheter le péché du peuple de Dieu et préparer le retour du Christ dans des églises remises à neuf.

Et voilà, ô miracle, qu’apparaît, sous la crasse antique, la blancheur ou tout au moins la pureté (candidam) de la pierre d’origine.


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